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Catégorie : Philosophie éthique et politique

« Quelque chose s’impose aujourd’hui à la pensée » : c’est sur cette phrase (de J.-L. Nancy), qui résonne comme un nouvel impératif catégorique.
Comment développer, dans une optique matérialiste, une politique de la différence à vocation antagoniste ? Telle est, à n’en pas douter, la grande question à laquelle le présent ouvrage entend apporter une réponse.
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Les pages qui précèdent constituent une tentative de penser la politique autrement : non dans le cadre étroit que délimitent les questions organisationnelles ou d’analyse conjoncturelle – si nécessaires par ailleurs – mais à partir de cet a priori qui constitue la matière même de la politique : la subjectivité, la personne, l’individu. Et, qui plus est, en partant des conditions qui contribuent à la constitution de cet a priori subjectif. Il nous a donc semblé que la rigueur d’une politique matérialiste exigeait une approche combinant ensemble des questions anthropologiques, épistémologiques, sociologiques et proprement politiques.
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Repenser la politique : telle est donc la maxime qui a présidé à la rédaction du présent ouvrage. Repenser la politique comme une exigence de notre époque. La crise que nous avons traversée a permis de mettre en lumière des traits et des problèmes structurels dont nous avions depuis longtemps l’intuition : si nos manières d’envisager la politique manquaient à ce point d’efficacité, cela tenait bien sûr à une lecture erronée du réel, mais aussi et surtout aux carences inhérentes à un appareil conceptuel hérité de la tradition idéaliste que nous prétendions pourtant combattre.
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La politique consiste fondamentalement en une stratégie visant la construction de subjectivité. Du succès de cette opération dépend aussi bien l’efficace de la maîtrise exercée par le pouvoir constitué, que celle des processus de construction d’antagonisme conduits par le pouvoir constituant. Depuis les stratégies homériques – dont nous avons brossé le tableau plus haut – jusqu’aux procédés sophistiqués mis en œuvre par les moyens de communication-formation de masse, il apparaît clairement que le jeu de la politique est indissociable des processus de subjectivation.
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L’une des conséquences découlant nécessairement de l’indéniable hégémonie de l’idéalisme, est qu’une partie non négligeable des outils théoriques dont nous disposons ont été forgés dans ses “ateliers”. Deleuze nous rappelle ainsi que l’acte de penser ne renvoie pas à “l’exercice naturel d’une faculté”[, contrairement à ce que l’image dogmatique de la pensée s’emploie à nous faire croire, mais que tout exercice intellectuel est déterminé, par des conditions qui demeurent cachées.
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Pour qui s’efforce de relire la réalité selon une optique matérialiste, la question du sujet doit faire l’objet d’une attention prioritaire, car la Modernité hégémonique, depuis Descartes, a développé avec succès une opération de naturalisation et d’universalisation de la subjectivité qui s’est avérée centrale dans le développement de la politique moderne. En effet, la fiction du contrat social, qui en est la pierre angulaire, et qui se prolonge jusqu’aux propositions actuelles de Rawls, n’a pu se construire que sur la base d’une conception essentialiste du sujet. Déconstruire cet essentialisme, allié incontournable du concept d’identité, et développer une anthropologie matérialiste, nous apparaissent ainsi comme les préalables indispensables au développement d’une politique antagoniste.
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L’histoire de la philosophie occidentale, celle que l’on raconte dans les manuels scolaires, et qui fait l’objet d’exposés dans divers milieux académiques, porte en son cœur la marque profonde d’un héritage platonicien qui a fait de l’identité une vieille rengaine que l’on répète à satiété. On comprend mieux alors le dégoût justifié de Nietzsche face à l’extraordinaire pesanteur de siècles chargés de nihilisme et de transcendance ; ou la proposition de Deleuze visant à renverser le platonisme. De Platon à Hegel, ou, si l’on souhaite en prolonger le geste jusqu’à Habermas ou Rorty, Badiou ou Rawls, la philosophie dominante n’a eu de cesse de célébrer, de manière diverse, discrète et silencieuse, son triomphe originaire sur la différence.
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Repenser la politique : telle est donc la maxime qui a présidé à la rédaction du présent ouvrage. Repenser la politique comme une exigence de notre époque. La crise que nous avons traversée a permis de mettre en lumière des traits et des problèmes structurels dont nous avions depuis longtemps l’intuition : si nos manières d’envisager la politique manquaient à ce point d’efficacité, cela tenait bien sûr à une lecture erronée du réel, mais aussi et surtout aux carences inhérentes à un appareil conceptuel hérité de la tradition idéaliste que nous prétendions pourtant combattre.
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Comment développer, dans une optique matérialiste, une politique de la différence à vocation antagoniste ? Telle est, à n’en pas douter, la grande question à laquelle le présent ouvrage entend apporter une réponse.
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