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Catégorie : Renaissance
Après avoir souffert de l’indifférence quelque peu teintée de mépris de Croce, la littérature épistolaire fait aujourd’hui l’objet d’un véritable engouement de la part de la critique contemporaine.
Le travail présenté ici est essentiellement centré sur les deux recueils épistolaires de Bernardo Tasso, respectivement publiés en 1549 chez Valgrisi (réédité en 1559 chez Giglio) et en 1560 chez Gioliti.
Les lettres qui figurent ci-après illustrent quelques-unes des problématiques abordées au cours de cette étude. Elles sont extraites du premier et du deuxième recueil épistolaire, mais aussi des Famigliari de Comino, des lettres à Marc Antonio Tasca, des inédits de Campori et de Ravelli, ainsi que des Archives royales de Parme, afin de permettre la consultation de textes parfois plus difficilement accessibles que les éditions de Rasi et Chemello.
Cette bibliographie relative aux éditions des lettres, des essais critiques qu’elles ont suscitées ainsi que des poésies de Bernardo Tasso, dérive de la nécessité, dans le cadre d’une étude monographique, de faire le point sur l’état des travaux en la matière.
La lecture des deux recueils de lettres de Bernardo Tasso met en avant des contenus parfois très différents liés à un contexte personnel et historique qui a changé pendant les onze ans qui séparent les publications.
Les préoccupations qui sous-tendent la parution d’un deuxième recueil épistolaire sont proches de celles qui avaient motivé la publication du premier onze ans plus tôt.
À côté de ce véritable laboratoire poétique de construction d’un roman chevaleresque et de l’autoportrait flatteur qui se dégage de son premier recueil épistolaire, le Tasse se sert aussi de sa nouvelle publication de 1560 pour rendre notoire sur la « scène du monde », les difficultés qui furent les siennes après les événements de Naples.
Le deuxième volume de lettres du poète-courtisan se présente de façon moins monolithique que le premier, dans la mesure où il est globalement constitué de lettres qui concernent alternativement sa propre situation et la composition de son roman chevaleresque, l’Amadis de Gaule.
Dans leur ensemble, qu’elles soient strictement professionnelles ou plus personnelles, les lettres du premier volume ne permettent guère d’éclairer leur contexte, soit parce qu’elles sont très génériques, se limitant parfois à de simples salutations ou recommandations, soit parce que, bien qu’adressées à des personnalités publiques, elles apparaissent pour la plupart dépourvues de toute référence.
Au moment d’essayer de tirer un bilan de ces quelques considérations, il apparaît déjà que cet ouvrage sert avant tout au poète-courtisan à prendre rang au sein de l’élite culturelle et politique de son époque par l’excellence de ses correspondants et par la mise en évidence d’un réseau dense de relations prestigieuses parmi les condottieri, les princes, les hommes de lettres, d’Église et les laïcs.