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Le patrimoine universitaire dans son territoire :
l’exemple de la Bourgogne – Franche-Comté

Les universités de Bourgogne et de Franche-Comté1 disposent d’un riche patrimoine très diversifié, immobilier, artistique, archéologique, incluant des collections pédagogiques et des ouvrages anciens, qui font l’objet d’actions de valorisation et de préservation. Nous avons entrepris, en étroite collaboration avec plusieurs partenaires locaux (Dijon et Besançon) et régionaux, un travail de recensement et de recherche visant à renforcer la visibilité de ce patrimoine, à sensibiliser les institutions et les particuliers à l’importance de sa sauvegarde et également, pour une partie, à lui restituer sa valeur primordiale d’outil pédagogique, grâce notamment aux travaux des étudiants de nos deux universités. Dans le cadre de cet article, nous souhaiterions proposer un bilan sur l’étude et la réappropriation de ce patrimoine, l’enjeu étant d’en montrer à la fois la variété, l’intérêt et les pratiques d’inventaire, de préservation et de valorisation adoptées. Par ailleurs, si la plupart de ces collections ne sont aujourd’hui plus utilisées au quotidien dans les formations, elles permettent de comprendre l’histoire des disciplines et des institutions qui les ont constituées ; leur étude s’inscrit dans une historiographie relativement récente. Dans cet article, nous proposons un état des lieux des connaissances sur les deux universités de la Région Bourgogne – Franche-Comté et nous montrons quels liens se tissent entre le territoire et le patrimoine universitaire à travers quelques exemples précis. Notre volonté est de révéler la diversité des collections et des actions entreprises pour les conserver et les valoriser.

Actions en faveur du patrimoine à l’université de Franche-Comté

L’université de Franche-Comté est propriétaire d’un site archéologique, de bâtiments, d’instruments scientifiques et d’œuvres d’art inscrites ou classés à l’inventaire des monuments historiques (dont 1 % artistique). Elle accueille des collections patrimoniales très diverses : matériel pédagogique, instruments scientifiques, animaux naturalisés, livres anciens, utilisés dans les cours et les pratiques de disciplines variées (anatomie, archéologie, botanique, géologie, entomologie, etc.). Comment les étudier, les conserver et les faire connaître au public ?

L’université de Franche-Comté ne dispose pas d’un poste de conservateur attaché à ses collections mais, depuis une dizaine d’années, sous l’impulsion d’enseignants-chercheurs qui s’intéressent à ces collections pédagogiques, le service Sciences, arts et culture, dirigé par Jérémy Querenet, accompagne les démarches d’inventaire et de valorisation. Il s’appuie également sur l’expérience menée à l’université de Bourgogne, à Dijon, avec Marie-Laure Baudement, conservatrice du patrimoine, directrice du Pôle Culture. En mars 2019, une première réunion du comité d’orientation stratégique – politique du patrimoine de l’université de Franche-Comté – a permis de recenser les collections connues, de lister les locaux qui les abritent, d’identifier les personnes référentes et les problèmes liés à leur conservation, enfin d’envisager le travail pour les années à venir. Les membres du comité se réunissent tous les six mois afin de dresser le bilan des actions menées et de programmer celles à venir, en accord avec les politiques patrimoniales des tutelles et des partenaires de l’établissement. Ce comité comprend des enseignants-chercheurs, responsables de collection des différentes composantes de l’établissement, et des acteurs du monde culturel régional.

Des collections et des actions variées

Un long processus patrimonial a abouti, le 15 septembre 2023, lors d’une journée de médiation et d’étude consacrée au portrait du roi Louis XIV à cheval (fig. 1), tableau attribué à René-Antoine Houasse, exposé depuis le milieu du XVIIIe siècle dans l’antichambre de l’appartement de Monsieur, dans l’hôtel particulier du 18 rue Chifflet ayant intégré en 1958 le patrimoine immobilier de l’université de Franche-Comté.

Fig. 1. Journée d’étude autour du Portrait de Louis XIV à cheval par René-Antoine Houasse, huile sur toile, 244 x 330 cm, vers 1688 (?), Hôtel de Courbouzon-Villefrancon (dès 1755), université de Franche-Comté (cliché : Sophie Montel).
Fig. 1. Journée d’étude autour du Portrait de Louis XIV à cheval par René-Antoine Houasse, huile sur toile, 244 x 330 cm, vers 1688 (?), Hôtel de Courbouzon-Villefrancon (dès 1755), université de Franche-Comté (cliché : Sophie Montel).

À l’occasion de l’exposition Le Beau Siècle, le musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Besançon avait demandé d’emprunter ce tableau ; entre septembre 2021 et novembre 2022 – date d’ouverture de l’exposition –, différents services de l’université se sont mobilisés pour accompagner ce projet. La restauration du tableau a été financée à 50 % par la DRAC Bourgogne – Franche-Comté et à 50 % grâce à une campagne de dons coordonnée par la Fondation du Patrimoine.

Au moment du décrochage, une épure est apparue sur le mur (fig. 2) ; il s’agit d’un dessin préparatoire au fusain pour une boiserie (cadre ou miroir), semblable à celles encore en place dans le salon. Françoise Le Corre, restauratrice établie à Dijon, a remporté et accepté le marché qui imposait de travailler dans des délais très contraints, sans possibilité de transporter l’œuvre dans son atelier : le tableau, haut de 3,30 m, a été restauré dans les réserves du musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Besançon, qui a mis une pièce à disposition.

Le travail collectif a également permis de rédiger et de faire fabriquer un cartel en bonne et due forme, mais aussi des fiches de salle : pour la première fois depuis des centaines d’années, l’œuvre devient identifiable !

Fig. 2. Épure sous le tableau, apparue au moment du décrochage (relevé par Camille Kubiak, doctorante, uFC).
Fig. 2. Épure sous le tableau, apparue au moment du décrochage (relevé par Camille Kubiak, doctorante, uFC).

Notre deuxième exemple s’inscrit dans un temps plus long. La maison romaine située sous la faculté de Lettres de Besançon2 a fait l’objet, en 2011-2012, de travaux destinés à mieux accueillir le public. Une passerelle a été installée afin d’éviter que les visiteurs marchent sur les vestiges, descendent dans l’hypocauste et endommagent les mosaïques (fig. 3).

Les étudiants ont été formés à la visite par les enseignants-chercheurs en art et archéologie des mondes anciens3 : rédaction d’une fiche de médiation et encadrement des étudiants de l’association Sucellus (étudiants d’histoire de l’art et d’archéologie), qui accueillent les visiteurs lors des Journées européennes du Patrimoine4 (près de 800 visiteurs les samedis), mais aussi lors des Journées portes ouvertes de l’Université, ou des Journées des arts et de la culture dans l’enseignement supérieur ; à cette occasion, la domus a accueilli une série d’expositions, intitulée Confrontation, qui donne pour cadre à des œuvres d’art contemporain prêtées par des galeristes et collectionneurs locaux les vestiges patrimoniaux5.

Fig. 3. Vue de la domus romaine de la faculté de Lettres et de la passerelle destinée à accueillir le public (cliché : Ludovic Godard pour l’uFC).
Fig. 3. Vue de la domus romaine de la faculté de Lettres et de la passerelle destinée à accueillir le public (cliché : Ludovic Godard pour l’uFC).

En dehors des patrimoines bâtis, l’université de Franche-Comté conserve des collections scientifiques et pédagogiques de nature et de statuts hétérogènes ; l’état de connaissance et de traitement est très variable, selon les disciplines et les porteurs de projet dont elles dépendent très (trop) largement : pour certaines, des inventaires sont réalisés ou en cours ; les états de conservation sont tout aussi différents, et l’établissement ne dispose pas de lieu de conservation pérenne ; enfin, les statuts des collections sont également très variés (certaines n’ont pas de statut du tout).

Ces dernières années, par exemple, la collection d’instruments scientifiques et des archives conservées par le département Optique du laboratoire FEMTO-ST a fait l’objet d’un récolement, d’un inventaire et d’une présentation régulièrement renouvelée ; les objets ont été intégrés à la base PATSTEC 6.

Les >collections de moulages de l’université de Franche-Comté, pour lesquelles le travail est également bien avancé, constituent un troisième exemple. Les tirages en plâtre reproduisant reliefs et statues, principalement antiques, ont accompagné le développement de l’histoire de l’art et de l’archéologie. Stefan Neuwirth (laboratoire de mathématiques de l’université de Franche-Comté) a de son côté étudié, publié et exposé les modèles mathématiques de Besançon (fig. 4), qu’il a pu identifier grâce à l’ouvrage de Martin Schilling7.

Modèles mathématiques de Besançon, exposés au musée du Temps (cliché : Stefan Neuwirth, uFC).

Les locaux de la faculté de Lettres de Besançon conservent encore de nombreux témoignages des objets qui accompagnaient les cours d’histoire de l’art et d’archéologie à la fin du XIXe et au début du XXe siècle8 : les tirages en plâtre de monuments et reliefs antiques sont aujourd’hui inventoriés9, identifiés, restaurés et présentés au public en permanence à la Bibliothèque universitaire Lettres et Sciences humaines ; près de 3 000 plaques à projection ont été inventoriées entre 2017 et 2022, et partiellement présentées au public en 2018 ; sont également conservées 168 photographies argentiques contrecollées sur carton (plus de 1 100 à l’origine), qui circulaient parmi les étudiants et auditeurs – elles ont été non seulement inventoriées –, mais aussi numérisées10 et présentées au public en 2018 ; mentionnons enfin les ouvrages de littérature spécialisée présents dans le catalogue du Service Commun de Documentation11.

Les tirages en plâtre de l’université de Franche-Comté

L’enquête sur les moulages a été entreprise en 2014 lorsqu’un membre du département d’Histoire de l’art et archéologie de l’université a signalé la présence, dans les placards du grenier du Pavillon d’archéologie12 ( ), de cinq tirages en plâtre couverts de poussière ; un sixième était toujours accroché au-dessus du radiateur. Nous avons retrouvé, dans les comptes des facultés conservés aux archives départementales du Doubs, les témoignages (commandes, livraison, difficultés d’acheminement) de l’acquisition des plâtres auprès des ateliers du Louvre et de l’École des beaux-arts (de Paris), en 1889 et 1892. Les documents d’archives ont fait l’objet d’un projet tuteuré des étudiants du CMI ENPAJ13 en 2022, qui ont pu mettre en évidence l’implication des différents personnels de la faculté dans ce projet de musée, les enseignants bien sûr, mais aussi le doyen Edmond Colsenet et les personnels. Les documents d’archive et les articles sur l’histoire de l’université ont permis d’identifier le professeur qui avait été à l’initiative de cette collection, Eugène Nageotte. Grâce aux APA14, les six tirages encore présents aujourd’hui sur le site ont pu être restaurés par le CRRCOA15 et accrochés au mur de la BU Lettres et Sciences humaines, afin qu’ils soient visibles par tous.

« Patrimoine artistique : les moulages de reliefs antiques du Pavillon d'archéologie », Université Marie et Louis Pasteur, 6.05.2015.
« Patrimoine artistique : les moulages de reliefs antiques du Pavillon d’archéologie », Université Marie et Louis Pasteur, 6.05.2015.
La découverte16 d’une photographie de la salle de cours, dans sa configuration de 1923, sur laquelle on distingue les tirages en plâtre des reliefs de la porte du baptistère de Ghiberti (Florence) montre que l’enquête n’est pas tout à fait achevée (fig. 5).

Fig. 5. Salle de cours, album des 500 ans de l’université (AD25 68J1). Les tirages en plâtre de la porte du baptistère de Florence par Ghiberti, acquis par l’université en 1892, sont accrochés sur le mur de droite (cliché : AD25).
Fig. 5. Salle de cours, album des 500 ans de l’université (AD25 68J1). Les tirages en plâtre de la porte du baptistère de Florence par Ghiberti, acquis par l’université en 1892, sont accrochés sur le mur de droite (cliché : AD25).

Le travail de recherche a été restitué auprès du public à plusieurs reprises, et c’est ce qui intéresse plus particulièrement le propos de cet ouvrage, puisqu’il s’agit, de manière effective et parfois efficace, de faire comprendre au public que les universités ont une histoire à partager, qu’elles conservent des objets anciens comme les musées. Les objets mathématiques avaient d’ailleurs été présentés en 2014 au musée du Temps à Besançon (fig. 4), où le directeur de l’époque, Emmanuel Guigon, historien de l’art contemporain, avait fait le lien entre ces modèles et les œuvres des surréalistes, Man Ray en particulier. En 2018, nous avions choisi de présenter les premiers résultats du projet moulages au Gymnase – espace culturel de l’université de Franche-Comté. L’exposition Cas d’écoles. Moulages et enseignement des arts et de l’archéologie faisait appel à des tirages en plâtre des collections universitaires et d’autres établissements de la Région, mais aussi à des documents d’archives et des tableaux de maître montrant la place des moulages dans les ateliers et les écoles. Le commissariat de l’exposition était assuré par deux enseignantes-chercheures, Pauline Chevalier et Sophie Montel, tandis que le service Sciences, arts et culture accompagnait la régie.

Comme pour le tableau de Louis XIV, les enseignants-chercheurs ont tour à tour été commissaire, convoyeur, scénographe et médiateur, le tout avec et pour les étudiants, impliqués dans toutes les étapes dans le cadre de projets tuteurés. La participation des étudiants à la présentation des résultats peut se faire de bien des manières différentes, comme le montre le travail inédit mené par un étudiant du CMI ENPAJ sur les réseaux d’Eugène Nageotte (fig. 6), présenté en regard de Louis Pasteur et d’autres savants du XIXe siècle lors de l’événement de culture scientifique On ne vous parlera pas de Pasteur, organisé par le service Sciences, arts et culture. Plus récemment17, la recherche sur ces objets a été présentée de manière très concrète aux visiteurs à partir du tirage en plâtre du célèbre buste du Jupiter Granvelle (fig. 7).

La recherche menée sur les collections de plâtres de Besançon est par ailleurs au cœur d’un projet en réseau avec l’université de Bourgogne et a permis de mettre en œuvre un projet collectif entre les deux universités, selon des rythmes et des résultats différents18.

Fig. 6. Reconstitution des réseaux d’Eugène Nageotte par Lorenzo Cugini (étudiant du CMI ENPAJ, uFC). Cette infographie a été réalisée à l’occasion de la participation de l’ISTA à l’événement de culture scientifique On ne vous parlera pas de Pasteur, organisé par le service Sciences, arts et culture de l’Université de Franche-Comté (avec prêt de tirages en plâtre et de photographies, synthèse sur la figure d’Eugène Nageotte) : 6 classes, 500 visiteurs, 12 chercheurs impliqués.
Fig. 6. Reconstitution des réseaux d’Eugène Nageotte par Lorenzo Cugini (étudiant du CMI ENPAJ, uFC). Cette infographie a été réalisée à l’occasion de la participation de l’ISTA à l’événement de culture scientifique On ne vous parlera pas de Pasteur, organisé par le service Sciences, arts et culture de l’Université de Franche-Comté (avec prêt de tirages en plâtre et de photographies, synthèse sur la figure d’Eugène Nageotte) : 6 classes, 500 visiteurs, 12 chercheurs impliqués.
Fig. 7. Présentation du Jupiter Granvelle et des collections pédagogiques d'histoire de l'art, à l’occasion de L’histoire de l’université… au musée du Temps (Besançon), événement labellisé 600 ans de l'université de Franche-Comté, JEP, 16/9/2023 (cliché : Jeanne-Antide Léqué, uFC).
Fig. 7. Présentation du Jupiter Granvelle et des collections pédagogiques d’histoire de l’art, à l’occasion de L’histoire de l’université… au musée du Temps (Besançon), événement labellisé 600 ans de l’université de Franche-Comté, JEP, 16/9/2023 (cliché : Jeanne-Antide Léqué, uFC).

Actions en faveur du patrimoine à l’université de Bourgogne

À Dijon, à l’université de Bourgogne (uB), la Mission Culture Scientifique19, composante du Pôle Culture de l’université, travaille sur la question du patrimoine ancien et contemporain ainsi que sur la vulgarisation et la médiation scientifique. Créée par Daniel Raichvarg, Professeur en Sciences de l’Information et de la Communication à l’uB, chargé de la culture scientifique dans les années 2000 avec le soutien du Président de l’université, elle œuvre depuis 2007 pour la mise en place d’un inventaire du patrimoine scientifique et technique contemporain en Bourgogne. Il s’agit d’une opération d’envergure, menée actuellement par Marie-Laure Baudement, directrice du Pôle Culture, et Baptiste Cottard, ancien étudiant en histoire de l’art à Dijon, désormais chargé des collections scientifiques et techniques à l’uB, en concertation avec les établissements d’enseignement supérieur et de recherche et les entreprises. Nous les remercions chaleureusement pour avoir partagé avec nous les rapports d’activité de leur service. Leur action s’inscrit dans le cadre du réseau national PATSTEC20, coordonné par le musée des Arts et Métiers, et a été étendue à la région Franche-Comté en janvier 2016.

Des projets variés, du sauvetage à l’exposition

Depuis la mise en œuvre de ce dispositif, plusieurs laboratoires et institutions de l’université de Bourgogne participent à cette initiative, avec bien entendu des corpus et des résultats spécifiques. Des étudiants sont régulièrement sensibilisés à ces actions via des stages, notamment dans le cadre des missions doctorales, afin de contribuer à l’inventaire21, de prospecter leurs laboratoires pour repérer les instruments les plus pertinents pour la politique du réseau ou pour participer aux différentes actions du service (conditionnement des réserves, numérisation des collections, médiation scientifique…). Depuis 2018, des projets tuteurés proposés aux étudiants de troisième année de licence de biologie ont permis d’inclure également des étudiants de premier cycle ; à ce titre, en mars 2023, une exposition a été conçue et présentée dans le cadre de la Semaine du cerveau.

Il est évidemment impossible, dans le cadre de cet article, de revenir sur l’ensemble de l’historique des actions. Quelques projets particulièrement instructifs pour cet ouvrage, menés dans les cinq dernières années, sont présentés. Ils soulignent par ailleurs la diversité et la persévérance de la MCS.

Depuis le printemps 2018, la nouvelle installation permanente dans le hall de la maison de l’université de cinq vitrines professionnelles permet désormais de faire connaître nombre d’instruments provenant des collections du bâtiment Mirande – UFR Sciences et Techniques et UFR Sciences, Vie, Terre et Environnement – les collections étant régulièrement renouvelées.

De décembre 2018 à juin 2019, les réserves de la MCS ont été complètement repensées avec la mise en place, d’un côté, de la réserve des objets « patrimoniaux » anciens, principalement constitués de bois et de laiton et, de l’autre, des objets contemporains. Le portrait récemment identifié d’un ancien professeur de mathématique, doyen de la faculté des sciences de Dijon, a été volontairement associé au « gardien des réserves » avant d’être installé dans le centre de documentation de l’Institut de Mathématiques de Bourgogne (IMB), après sa restauration.

Cependant, malgré cette réorganisation, la contrainte de place demeure un obstacle à la sauvegarde physique de certains instruments de grande taille, car les réserves nouvellement rénovées ne peuvent pas accueillir de matériel de grandes dimensions et les UFR respectifs n’offrent que très rarement des solutions de stockage.

Ce problème s’est par ailleurs davantage développé ces dernières années, d’une part, à la suite de la crise sanitaire, avec les restrictions de jauges ; d’autre part car, à Dijon, l’université fait face à une augmentation sensible du nombre d’inscriptions : ainsi les réserves d’instruments ont régulièrement changé de locaux, les salles étant progressivement réinvesties pour les cours.

Bien entendu, dans cette configuration, les possibilités d’obtenir d’autres espaces de stockage se réduisent. Cette problématique sera au cœur du Projet Culturel et Scientifique du service, au même titre que la sensibilisation des enseignants-chercheurs et des techniciens de laboratoire pour la collecte et la sauvegarde, compte tenu des spécificités de ces items, soumis à plusieurs contraintes : utilisation en recherche et en enseignement, dangerosité des composants ou multiplicité des exemplaires d’un même modèle. À cet égard, une idée qui se dégage au sein de la MCS est de monter des projets pour réaliser des supports de valorisation en collaboration avec des étudiants.

Par ailleurs, afin de sensibiliser le public à la dimension patrimoniale de la recherche, à sa conservation et sa valorisation, lors de la Nuit Européenne des Chercheurs en 2022, un stand « 300 ans » montrait au public que l’université peut également préserver des objets anciens comme les musées.

La rénovation et le chantier de collection, menés courant 2019, ont entraîné un récolement progressif des instruments localisés présents dans les réserves et de ceux encore présents dans les laboratoires. Le travail d’inventaire dans les sous-sols a permis quant à lui de retrouver, stockés dans un meuble, des dossiers d’archives de l’ancienne faculté datant du XIXe siècle, avec en particulier des dossiers sur la création des laboratoires et l’achat d’équipements scientifiques. Leur exploitation contribuera sans nul doute à écrire l’histoire de l’université et la biographie de certains instruments. Ces archives sont fondamentales pour comprendre les politiques d’acquisition des laboratoires en fonction de leurs besoins.

Concernant la diffusion et la valorisation, la communication régulière via les réseaux sociaux, particulièrement importante pour la programmation culturelle pendant la pandémie, s’est vue enrichie en 2023 de la création de « Le Dessous des collections », une série de carrousels offrant des anecdotes sur des objets issus des collections de l’université. En parallèle, les JEP offrent une vitrine à ces collections universitaires, avec des conférences et des ateliers ; en 2020, pour la première fois, un atelier appelé « Les petits collectionneurs », destiné aux enfants, a été proposé avec pour objectif de leur faire comprendre le métier de chargé de collections.

Des actions de prêt d’objets issus des collections sont elles aussi régulièrement mises en œuvre : par exemple, une soufflerie pour tuyaux sonores et un diapason entretenu, signés Koenig, ainsi qu’un microscope à charbons Charles Verdier ont fait l’objet de deux prêts en 2019 pour le Printemps de Bourges et pour une journée de médiation sur les sons et la musique à La Vapeur, salle de concert dijonnaise ; dix-sept modèles Auzoux et Brendel (fig. 8), deux planches anciennes issues des collections de botanique, un stéréoscope, un volume d’atlas stéréoscopique issu des collections de médecine, ainsi qu’une triode provenant de sciences et techniques ont été présentés lors de l’exposition Fiction-naire, du 17 avril au 16 octobre 2022, dans le cadre d’une collaboration entre la DRAC Bourgogne – Franche-Comté, le Pôle Culture et l’association Arcade Design à la campagne. L’université a également autorisé l’emprunt de pièces de zoologie et de botanique pour l’exposition Penser la nature, reconnue d’intérêt national, au musée Buffon de Montbard. En 2022, à l’occasion de la célébration du bicentenaire de Louis Pasteur, grâce à un financement de la Région Bourgogne – Franche-Comté, une programmation riche et variée, labellisée Pasteur, s’est déroulée pendant trois mois, jusqu’en janvier 2023, avec des spectacles, des rencontres, des ciné-clubs et des ateliers évoquant le domaine de la recherche et ses collaborations avec les arts et la culture. Une exposition sur la figure du chercheur du XIXe siècle à nos jours a permis de réfléchir à la perception du scientifique dans les arts et la culture populaire afin de dépasser l’image stéréotypée du chercheur. Deux artistes, Plonk et Replonk, ainsi que Pellichi, artiste mangaka, ont contribué à l’exposition.

Fig. 8. Présentation des modèles Auzoux et Brendel, exposition Fiction-naire, du 17 avril au 16 octobre 2022 (cliché : Mission Culture Scientifique, uB).
Fig. 8. Présentation des modèles Auzoux et Brendel, exposition Fiction-naire, du 17 avril au 16 octobre 2022 (cliché : Mission Culture Scientifique, uB).

Ce lien avec les artistes n’est pas inédit sur le campus dijonnais, qui accueille des œuvres d’art des plasticiens G. Honegger, Y. Agam, Arman, A. Kirili, K. Appel ou encore A. Espinasseau en plein air, tandis que d’autres comme celles de S. Antonakos, B. Lavier, J. Knifer, sont intégrées dans l’architecture des bâtiments, offrant ainsi un aperçu de l’art contemporain des XXe et XXIe siècles. Ce patrimoine s’est constitué principalement dans les années 1970 (la sculpture Liquid Knowledge, de l’artiste coréenne Haegue Yang, suspendue au centre de l’atrium de la MSH a rejoint le patrimoine artistique de l’uB en 2011, tandis que Les Trois nappes, d’Antoine Espinasseau, date de 2016) grâce au dispositif du « 1 % artistique »22 et à l’engagement de Serge Lemoine, assistant d’enseignement à l’université de Bourgogne et conseiller artistique, délégué à la création pour la Région Bourgogne (1969-1981). Aujourd’hui ces œuvres, avec leur ancrage en plein air dans le paysage du campus Montmuzard, participent à sa scénographie, contribuant à l’articulation entre arts et savoirs, au dialogue entre les façades néoclassiques et l’art contemporain, mais également à l’identité de la communauté universitaire, via l’appropriation de ce patrimoine de proximité23. C’est précisément à travers ces relations que l’on peut comprendre la richesse de ce patrimoine exceptionnel.

Les collections en art et archéologie, de l’université et du territoire : vases, plâtres, photographies

Au cours de l’année 1960, l’université de Dijon a reçu en dépôt par le musée du Louvre trente-deux céramiques grecques et étrusques destinées à la pratique de l’enseignement en archéologie et histoire de l’art, enseignement alors dispensé par Roland Martin, éminent archéologue de son temps et distingué au CNRS. Un tiers de ces céramiques faisait partie de la collection du marquis Campana, achetée en partie en 1863 par la France sous le règne de Napoléon III ; le reste se répartissait entre la collection d’Auguste Salzmann24 et celle de Edme-Antoine Durand25. Bien que ces céramiques étaient censées enrichir les connaissances archéologiques de générations d’étudiants passant par l’université de Dijon, elles n’ont hélas que peu servi et ont été reléguées au placard. Dans les années 2000, trente années après la dernière inspection du Louvre en 1970, et après plusieurs déménagements, seules vingt-trois céramiques ont été retrouvées, dans un piètre état de conservation malheureusement – certaines totalement brisées ; neuf ont disparu et n’ont pas été retrouvées à l’heure actuelle. Il ne reste pas de traces écrites témoignant des processus de transports de ces céramiques, ni de factures des restaurations subies. Un premier mémoire de recherche a été rédigé sur cette collection, mais il mérite sans doute une étude plus approfondie, peut-être en concertation avec le nouveau chargé des collections archéologiques et d’art antique du musée Archéologique de Dijon, Franck Abert, et dans la perspective d’une révision globale de la muséographie des antiques.

À Dijon, ont survécu quelques tirages en plâtre d’une collection qui semble avoir été numériquement plus importante qu’à Besançon, même si nous ne disposons pas d’une liste des achats et que nous ignorons combien de moulages avaient été acquis. Nous connaissons cependant les noms des enseignants qui ont assuré les premiers cours d’histoire de l’art et archéologie. De fait, en plus des modèles d’art antique, la collection de Dijon avait la particularité de proposer des modèles en plâtre de sculpture régionale, dans ce qui s’appelait alors le musée d’art bourguignon, constitué par des médiévistes dans les premières années du XXe siècle26.

Fig. 9. Tirages en plâtre déplacés sur le campus Montmuzard, bâtiment Droit-Lettres, bureau 335 B (université de Bourgogne) (cliché : Arianna Esposito, uB).
Fig. 9. Tirages en plâtre déplacés sur le campus Montmuzard, bâtiment Droit-Lettres, bureau 335 B (université de Bourgogne) (cliché : Arianna Esposito, uB).

Neuf pièces de la collection de l’université de Bourgogne demeurent dans les couloirs et les caves de l’ancienne faculté des Lettres, dans le bâtiment de la rue Chabot-Charny. Seule une plaque des Panathénées, entreposée dans une cave et légèrement brisée, n’est pas exposée ; huit autres plâtres sont toujours visibles, dans les couloirs et dans la cage d’escalier, tout en haut ; un dernier est quant à lui accroché dans la salle de cours 205 du même bâtiment de la rue Chabot-Charny. Deux tirages étaient accrochés aux murs du bureau des enseignants d’archéologie classique de l’université de Bourgogne, dans le bâtiment Droit-Lettres du campus Montmuzard (fig. 9 – bureau 335 B), où ils ont été déménagés lors de travaux en 2022 : un d’entre eux a été malencontreusement abîmé et nous avons entamé le montage d’un projet associant pédagogie et recherche pour en prévoir la restauration, avec le soutien du Département. Pierre Bodineau, professeur émérite en droit à l’université de Bourgogne, rapporte que les tirages en plâtre, autrefois exposés dans les couloirs du site Chabot-Charny, auraient été transférés à l’École nationale des beaux-arts de Dijon, aujourd’hui École nationale supérieure d’art. Si la date de ce transfert demeure inconnue, faute de documentation, ses souvenirs plaçant ces moulages dans les couloirs de l’ancienne faculté des Lettres permettent néanmoins d’inférer un terminus post quem : les années 1970. Or, en 1994, l’École des beaux-arts a déposé ses plâtres (au nombre de 340) au musée Buffon, à Montbard.

En effet, la réorganisation de l’École nationale supérieure des beaux-arts (ENSBA) de Dijon, au début des années 1990, et la création d’espaces dédiés à l’informatique, a conduit la direction à envisager le déplacement de sa collection de moulages, remisée dans les combles. Un transfert fut opportunément organisé dans les réserves du musée municipal des beaux-arts de Montbard, dont les collections sont gérées par le musée Buffon. La volonté était alors de recréer, dans la chapelle de l’ancien couvent des Ursulines, une galerie de modèles propices à l’enseignement, une section destinée à l’architecture et au dessin, à la manière des écoles de beaux-arts de la fin du XIXe siècle. Le projet n’ayant jamais abouti, les plâtres sont restés dans les réserves du musée27. Dans le cadre du projet « Fragments d’un discours pédagogique », en collaboration avec Lionel Markus, alors directeur du musée et parc Buffon, nous avons confié l’inventaire des collections en 2018 à trois étudiantes de l’université de Bourgogne : Maëlle Desnoux et Aurore Schneider, respectivement en master 2 « Histoire de l’art, Archéologie, Images, Patrimoine » et en licence 2 « Histoire de l’art et Archéologie », lors d’un stage en 2018-2019 ; et Aimé Sonveau, dans le cadre du master « Histoire de l’art, Archéologie, Images, Patrimoine »28. À l’issue de la recherche menée pour le mémoire de master, un inventaire de 392 objets est produit avec description, identification, relevé des marques, état de conservation et localisation (fig. 10). Un catalogue, présenté de manière chronologique, reflète toute la diversité de cette collection et permet également de retracer l’histoire de la production de ces modèles, l’histoire de l’École de dessin de François Devosge, mais aussi d’identifier les propriétaires des plâtres29. Aucun numéro, aucune référence explicite ne renvoie à la collection de l’université de Bourgogne, point de départ de cette collaboration entre l’université et le musée Buffon.

Tout au long de ce projet de recherche, des conventions de régularisation sont établies. Un dossier de demande d’inscription au titre des Monuments historiques30 est déposé à la DRAC Bourgogne – Franche-Comté et validé à l’unanimité le 3 juin 2021 pour les 375 moulages de l’ENSA Dijon en dépôt à Montbard31. Les trois plâtres demeurés in situ, dans l’école, sont intégrés à la protection. En 2020, les JEP ont permis de proposer aux visiteurs une redécouverte des plâtres dont une sélection est proposée dans la chapelle des Ursulines de Montbard, ainsi qu’un accès inédit aux réserves. Une exposition des dessins originaux de l’ENSA est proposée en parallèle, confrontant pour la première fois les travaux des élèves et les modèles ayant servi à leur réalisation.

Fig. 10. État des réserves du musée Buffon de Montbard en juillet 2020, après le travail réalisé par Aimé Sonveau et les services du musée (cliché : Aimé Sonveau, Cité internationale de la gastronomie et du vin).
Fig. 10. État des réserves du musée Buffon de Montbard en juillet 2020, après le travail réalisé par Aimé Sonveau et les services du musée (cliché : Aimé Sonveau, Cité internationale de la gastronomie et du vin).

La collaboration avec le musée de Montbard ne s’arrête pas là32. À l’occasion du bicentenaire de la naissance d’Eugène Guillaume (1822-1905) à Montbard, artiste qui joua un rôle primordial à la tête de l’École des beaux-arts de Paris et de l’Académie de France à Rome dans la diffusion d’un enseignement académique et néoclassique, un nouveau mémoire de master, rédigé par Lara Taillardas sous la double direction d’Arianna Esposito et de Lionel Markus, a permis de faire un point sur le fonds d’atelier qui a été légué à la ville en 1947 par sa fille unique, Thérèse Lefuel (qui a également réalisé des dons plus tôt au musée du Louvre). Lors des JEP de septembre 2023, une exposition avec visite guidée a été également organisée par la masterante, en collaboration avec le musée (fig. 11) ; ce projet s’est poursuivi en 2023-2024 en Master 2. Le fonds d’atelier est composé de 97 œuvres, majoritairement réalisées en plâtre. Il témoigne d’œuvres originales créées par Eugène Guillaume ainsi que des copies d’œuvre antique destinées à l’apprentissage du dessin selon sa méthode géométrique (méthode pensée dans les établissements scolaires primaires et secondaires dès les années 1870).

Fig. 11. Deux bustes de Marc Seguin (biscuit et plâtre patiné), deux bustes d'Adolphe Thiers (plâtres avec un badigeon de propreté), un buste de Ludwig van Beethoven (plâtre avec un badigeon blanc), un buste de Charles Blanc (marbre), un buste de femme non identifiée (plâtre), quatre bustes de Napoléon Bonaparte à différents âges de sa vie (Premier consul, Premier empereur, 1812, 1820), issus du fonds du sculpteur Eugène Guillaume, Chapelle des Ursulines, Montbard, dans le cadre de l’exposition pour les JEP du 16 septembre 2023 (cliché : Lara Taillardas, uB).
Fig. 11. Deux bustes de Marc Seguin (biscuit et plâtre patiné), deux bustes d’Adolphe Thiers (plâtres avec un badigeon de propreté), un buste de Ludwig van Beethoven (plâtre avec un badigeon blanc), un buste de Charles Blanc (marbre), un buste de femme non identifiée (plâtre), quatre bustes de Napoléon Bonaparte à différents âges de sa vie (Premier consul, Premier empereur, 1812, 1820), issus du fonds du sculpteur Eugène Guillaume, Chapelle des Ursulines, Montbard, dans le cadre de l’exposition pour les JEP du 16 septembre 2023 (cliché : Lara Taillardas, uB).

En parallèle, Marie Bougette a entrepris en 2023, dans le cadre de son mémoire de Master 1, une recherche au musée de Semur-en-Auxois, co-encadrée par Arianna Esposito et par la directrice du musée, Alexandra Bouillot-Chartier : ce musée présente une riche collection de plâtres, dont des plâtres originaux du fonds d’atelier d’Augustin Dumont, auteur du Génie de la Liberté, légués à la ville en 1884. Le musée Archéologique de Dijon dispose, quant à lui, d’environ deux cent cinquante moulages hétéroclites qui ont été étudiés dans le cadre du mémoire de master de Flora Lavagna (Le moulage en tant qu’objet scientifique et objet de vulgarisation : le cas du musée Archéologique de Dijon), en collaboration avec l’ancienne conservatrice, Sophie Casadebaig (2021) ; cette étude a fait l’objet d’une communication dans le cadre de notre première journée d’étude De l’école au musée : les collections de moulage et leur valorisation33.

In fine, une découverte récente nous a permis d’avoir accès, lors des travaux de 2022 dans les locaux du bâtiment Droit-Lettres, à une boîte contenant des photographies argentiques contrecollées sur carton. Elles n’ont pas encore été inventoriées et étudiées, mais le seront à priori prochainement, dans le cadre d’un stage de licence : il s’agit cependant d’un fonds très modeste. Ces tirages anciens viennent compléter les archives photographiques de la diapothèque du Département, conservée dans la salle 335 du bâtiment Droit-Lettres : un projet de numérisation accompagne la démarche de patrimonialisation de ces images34 – pour certaines prises par les anciens enseignants eux-mêmes à l’occasion de leurs déplacements –, dont l’étude systématique doit encore être menée.

Conclusion : étudier, collectionner, conserver et valoriser

Dans nos deux universités, bâtiments, œuvres artistiques, collections scientifiques et pédagogiques sont pris en compte par les services culturels, la direction du patrimoine comme par les enseignants-chercheurs, en particulier ceux qui s’intéressent à l’histoire de leur discipline, et par les étudiants, lorsqu’ils participent aux actions de préservation, étude et valorisation. Par ailleurs, la mise en valeur de ce patrimoine va de pair avec des actions de sensibilisation auprès du grand public et de co-construction des connaissances en partenariat avec les collectivités locales.

Par nos projets de recherche, les opérations de médiation, de restauration et de valorisation, nous tissons, en Bourgogne – Franche-Comté, des liens forts avec le territoire : celui des villes qui accueillent nos établissements mais aussi, bien au-delà, en particulier lorsque les programmes scientifiques rejoignent les préoccupations de nos collègues conservateurs en Région35. Dans le cadre du projet sur les moulages, nous collaborons par exemple avec la DRAC Bourgogne – Franche-Comté (Lionel Markus et Typhaine Le Foll), mais aussi avec les collègues des musées, de l’Inventaire (Thomas Charenton) et des écoles d’art. Sophie Montel a réalisé en 2025, avec Emy Faivre (doctorante uMLP), une exposition sur les collections de plâtres de l’Institut Supérieur des Beaux-Arts de Besançon (Bosses&Reliefs. Empreintes du passé, avril 2025). Enfin, l’appropriation de ce patrimoine tient sans doute un rôle fédérateur au sein de la communauté universitaire, même s’il n’est pas forcément conscient : il revêt de ce fait un enjeu clé dans la perception de l’espace vécu par les étudiants et par les différents personnels, notamment par l’ancrage des œuvres plastiques en plein air, sur les campus, ou par leur insertion dans les bâtiments.

Notes

  1. À partir du 1er janvier 2025, l’université de Franche-Comté devient l’université Marie et Louis Pasteur (uMLP), établissement public expérimental, tandis que l’université de Bourgogne devient l’université Bourgogne Europe (UBE), établissement public expérimental elle aussi.
  2. Elle est également connue sous le nom de domus de la Banque de France, car le terrain sur lequel elle a été découverte en 1921 appartenait alors à la Banque de France ; l’université est devenue propriétaire des vestiges et du terrain au début des années 1950.
  3. En particulier Pierre Nouvel, aujourd’hui professeur d’archéologie romaine à l’université de Bourgogne, et Sophie Montel.
  4. Désormais abrégées en JEP.
  5. Commissariat assuré par Louis Ucciani, aujourd’hui professeur émérite en esthétique et philosophie, et Sophie Montel. Certaines œuvres sont visibles sur la fig. 3.
  6. Patrimoine scientifique et technique contemporain. Sur ce programme, voir https://www.patstec.fr/. Voir également le dossier spécial coordonné par Anne-Sophie Rozay publié à l’occasion des vingt ans de la mission PATSTEC : Les 20 ans de la mission nationale de sauvegarde et de valorisation du patrimoine scientifique et technique contemporain (PATSTEC) Histoire de la recherche contemporaine, Tome XII, n° 1, 2023, https://doi.org/10.4000/hrc.8041.
  7. Catalogue de modèles mathématiques pour l’enseignement supérieur des mathématiques, Leipzig, 1911 (7e édition).
  8. Sur cette thématique, voir Marion Lagrange (dir.), Université & histoire de l’art. Objets de mémoire (1870-1970), Rennes, PUR (2017) et Morinière Soline, Laboratoires artistiques. Genèse des collections de tirages en plâtre dans les universités françaises (1876-1914), Thèse de doctorat en Histoire de l’Art, université Bordeaux 3 (dir. Dominique Jarrassé), 2018 ; le premier volume tiré de la thèse est sous presse chez Mare & Martin.
  9. La collection comptait 63 plâtres à l’origine ; il en reste six aujourd’hui.
  10. Grâce au soutien de la MSHE Claude-Nicolas Ledoux.
  11. Il reste un important travail à faire sur les fonds anciens et patrimoniaux.
  12. Sur les débuts de cette enquête voir Patrimoine artistique : les moulages de reliefs antiques du Pavillon d’archéologie.
  13. Cursus Master Ingénierie Édition numérique et patrimoine de l’antiquité à nos jours, qui s’appuie sur les diplômes de licence Histoire / Histoire de l’art et archéologie et sur le master Histoire, Civilisations, Patrimoine.
  14. Appels à Projets Artistiques, financement université et DRAC.
  15. Centre régional de restauration et de conservation des œuvres d’art, Vesoul (70). La restauration a été menée par Anne Gérard-Bendele.
  16. Pascal Brunet (historien de l’art, SCD) a fait cette découverte durant les recherches menées aux AD25 pour les 600 ans de l’université de Franche-Comté. Michel Savaric (MCF en anglais) a également partagé la découverte d’un film (https://catalog.archives.gov/id/24768) montrant les Américains suivant des cours à Besançon en 1919 ; les mêmes tirages de la porte du baptistère de Ghiberti apparaissent sur le mur de droite de la salle de cours.
  17. À l’occasion d’une présentation au musée du Temps durant les JEP, 2023.
  18. Arianna Esposito, Sophie Montel, « Fragments d’un discours pédagogique : moulages et enseignement universitaire de l’histoire de l’art et de l’archéologie en Bourgogne – Franche-Comté », dans Valérie Dupont, Alain Bonnet (dir.), Ce que l’art fait à l’école. La politique publique d’insertion d’œuvres plastiques dans les établissements scolaires et universitaires. 1880-2020, Paris, Mare & Martin, 2023, p. 191-208.
  19. Désormais abrégée en MCS.
  20. Voir supra note 6.
  21. Pour information : 1921 fiches sur la base locale en novembre 2022 ; en 2023, le lancement de plusieurs projets de valorisation des collections et de la recherche contemporaine a impacté l’avancement de l’inventaire à la fois local et national. Par ailleurs, le recours à un nouvel outil de saisie a entraîné un travail de « réparation » des bugs détectés sur certaines fiches.
  22. Cf. « Le « 1 % art plastique » sur le campus de Dijon. Regard sur une expérience », entretien avec Serge Lemoine réalisé par Philippe Poirrier, dans Philippe Poirrier (dir.), Paysages des campus : urbanisme, architecture et patrimoine, Dijon, EUD, 2009, p. 149-154. Voir également Valérie Dupont, « Les sculptures du campus de l’Université de Bourgogne », Association Dijon histoire et patrimoine, revue n° 74, 2018, p. 17-27 et Marie-Laure Baudement, À la découverte de l’art sur le campus, Dijon, Mission Culture Scientifique Bourgogne, 2015.
  23. Des œuvres du 1 % sont également présentes sur les campus de l’université de Franche-Comté ; elles ont fait l’objet d’un mémoire de master en 2015 (Marion Plathey) et ont été présentées par Lucie Vidal (service Sciences, art et culture, uFC) lors des journées d’étude Gestion, conservation et sécurisation des objets mobiliers relevant du domaine public, hors collections musées, CCE, archives et bibliothèques, organisées par la Direction du Patrimoine Historique de la Ville de Besançon (mai 2024), article à paraître.
  24. Auguste Salzmann (Ribeauvillé, 14 avril 1824 – Paris, 24 février 1872), né d’une riche famille d’industriels alsaciens, commença sa carrière comme peintre (ses œuvres furent exposées au Salon de Paris en 1847, 1849 et 1850), avant de se consacrer par la suite à l’archéologie et la photographie au Proche-Orient.
  25. Edme-Antoine Durand (Auxerre, 8 janvier 1768 – Florence, 28 mars 1835), était un collectionneur français, fils d’un négociant de vins fortuné.
  26. Arianna Esposito, Sophie Montel, « Fragments d’un discours pédagogique : moulages et enseignement universitaire de l’histoire de l’art et de l’archéologie en Bourgogne – Franche-Comté », art. cité, p. 204-206.
  27. Arianna Esposito, Lionel Markus et Sophie Montel, « Dans le goût de l’antique », In Situ, 43, 2021. [http://journals.openedition.org/insitu/28758]. Voir également le bilan dressé dans Alexandra Bouillot-Chartier, Arianna Esposito, Lionel Markus, « Les plâtres du musée Buffon de Montbard et du musée de Semur-en-Auxois : histoire et perspectives croisées d’un chantier des collections », à paraître dans un numéro de la revue Archimède : cf. note 33.
  28. Aimé Sonveau , « Une collection redécouverte. La collection de moulages de Dijon au musée Buffon de Montbard : inventaire, histoire et perspectives de valorisation », mémoire de Master 2, Histoire de l’art, Archéologie, Images, Patrimoine, université de Bourgogne, Dijon (dir. A. Esposito), 2020.
  29. Musée du Louvre, École nationale supérieure d’art (ENSA) de Dijon et musée des Beaux-Arts de Dijon.
  30. Sur cette thématique, voir par exemple Baptiste Cottard, « Inscription du patrimoine universitaire aux monuments historiques. Un outil pour l’avenir », La Lettre de l’OCIM, 191, 2020. [http://journals.openedition.org/ocim/4086].
  31. On pourra se tourner vers la base POP : [https://pop.culture.gouv.fr/]
  32. Voir le bilan dans Alexandra Bouillot-Chartier et al. à paraître, op. cit. : cf. note 33.
  33. Dijon, 16 décembre 2021. Une seconde journée a eu lieu à Besançon le 2 décembre 2022. Les articles tirés de ces rencontres vont paraître dans un numéro coédité par nos soins de la revue Archimède en 2025.
  34. À propos de cette prise de conscience de la valeur patrimoniale de cette culture visuelle vis-à-vis de l’histoire de nos disciplines, nous signalons en particulier les travaux menés à Strasbourg : Denise Borlée, Hervé Doucet (éds), La plaque photographique : un outil pour la fabrication et la diffusion des savoirs (XIXe-XXe siècle), Strasbourg, Presses universitaires de Strasbourg, « Cultures visuelles », 2019.
  35. Sophie Montel et Lucie Vidal (service Sciences, art et culture, uFC) ont participé en mai 2024 aux journées d’étude Gestion, conservation et sécurisation des objets mobiliers relevant du domaine public, hors collections musées, CCE, archives et bibliothèques, organisées par la Direction du Patrimoine Historique de la Ville de Besançon. Un article tiré de leur présentation paraîtra en 2025.
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EAN html : 9791030011395
ISBN html : 979-10-300-1139-5
ISBN pdf : 979-10-300-1140-1
Volume : 35
ISSN : 2741-1818
Posté le 18/06/2025
19 p.
Code CLIL : 3669; 3076;
licence CC by SA

Comment citer

Esposito, Arianna, Montel, Sophie, « Le patrimoine universitaire dans son territoire : l’exemple de la Bourgogne – Franche-Comté », in : Mansion-Prud’homme, Nina, Schoonbaert, Sylvain, dir., Villes et universités. Quels patrimoines pour quels avenirs partagés ?, Pessac, Presses universitaires de Bordeaux, collection PrimaLun@ 32, 2025, 333-352, [en ligne] https://una-editions.fr/le-patrimoine-universitaire-la-bourgogne-franche-comte [consulté le 20/06/2025].
Illustration de couverture • Maquette d’étude du quartier de l’Esplanade (mai 1959). C.-G. Stoskopf architecte (avec intégration du projet de R. Hummel pour le campus) (Archives d’Alsace-Site de Strasbourg, fonds Stoskopf, 60J62).
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