Dans « Simplette », Pardo Bazán aborde la question de la maternité sous un angle plutôt inattendu. L’écrivaine ne considérait pas que la femme devait être mère pour être accomplie selon une mystique très en vogue au XIXe siècle, mais plutôt que c’était une expérience qui pouvait s’avérer très heureuse. C’est ce que l’on voit à travers le personnage de Simplette, ré-humanisée par la maternité bien que sa grossesse résulte probablement d’un viol. Fanny, en revanche, semble vivre la maternité comme une injonction, en écho à ses préjugés de classe.
Les expressions/les culturèmes
Ocho manzanas por lo frescos : l’expression espagnole est fresco/sano como una manzana ; par souci d’adaptation, pour garder son esprit (la fraîcheur) et filer en même temps la métaphore piscicole, la traduction proposée est « frais/sain comme un gardon » (même si le gardon est un poisson d’eau douce).
Les expressions/les culturèmes
Voir le commentaire sur les dialogues dans la nouvelle suivante, « La mise en garde ».
Les noms propres/les surnoms
Le titre de la nouvelle renvoie au prénom du personnage principal. Comme indiqué dans l’introduction, l’anthroponyme Leliña fait l’objet d’une traduction car il renferme un double sens. Leliña est un surnom, fabriqué à partir de l’adjectif lelo qui signifie « idiot », « attardé », et le suffixe diminutif -iña, typiquement galicien. Il a ici une valeur hypocoristique, car Leliña bénéficie d’une certaine bienveillance de la part du voisinage. L’adaptation avec la traduction par Simplette dit à la fois le handicap mental et cette relative bienveillance.
De la même façon, le surnom la Camarona a été traduit par la Crevette. Camarón,-a, ne désigne pas une grosse crevette mais bien, selon le Diccionario de la Lengua española, une gamba diminuta.
Les noms propres/les surnoms
Le titre de la nouvelle renvoie au prénom du personnage principal. Comme indiqué dans l’introduction, l’anthroponyme Leliña fait l’objet d’une traduction car il renferme un double sens. Leliña est un surnom, fabriqué à partir de l’adjectif lelo qui signifie « idiot », « attardé », et le suffixe diminutif -iña, typiquement galicien. Il a ici une valeur hypocoristique, car Leliña bénéficie d’une certaine bienveillance de la part du voisinage. L’adaptation avec la traduction par Simplette dit à la fois le handicap mental et cette relative bienveillance.
De la même façon, le surnom la Camarona a été traduit par la Crevette. Camarón,-a, ne désigne pas une grosse crevette mais bien, selon le Diccionario de la Lengua española, une gamba diminuta.
La syntaxe
Dans cette nouvelle, comme dans la précédente, Emilia Pardo Bazán a recours à des phrases très longues, pleines d’incises, difficiles à traduire.
Dans la première phrase, on a allégé le syntagme « largas tardes de primavera en el campo » en déplaçant « de primavera » et « en el campo » en début de phrase.
Dans la phrase Y al volver de paseo…, on a joué sur la ponctuation en introduisant un point-virgule après « sureau » et sur la syntaxe en privilégiant la parataxe. Cela permet d’alléger la phrase tout en marquant le contraste entre le foisonnement de la nature, ressenti par le couple, et l’incapacité de Simplette à le percevoir puisqu’elle en fait partie : « Comme la nature ! » disent Manolo et Fanny, presque en chœur.
La syntaxe
Dans cette nouvelle, comme dans la précédente, Emilia Pardo Bazán a recours à des phrases très longues, pleines d’incises, difficiles à traduire.
Dans la première phrase, on a allégé le syntagme « largas tardes de primavera en el campo » en déplaçant « de primavera » et « en el campo » en début de phrase.
Dans la phrase Y al volver de paseo…, on a joué sur la ponctuation en introduisant un point-virgule après « sureau » et sur la syntaxe en privilégiant la parataxe. Cela permet d’alléger la phrase tout en marquant le contraste entre le foisonnement de la nature, ressenti par le couple, et l’incapacité de Simplette à le percevoir puisqu’elle en fait partie : « Comme la nature ! » disent Manolo et Fanny, presque en chœur.
Leliña
Siempre que
salían los esposos en su cesta, tirada por jacas del país, a entretener un poco las largas tardes de primavera en el campo, encontraban, junto al mismo matorral formado por una maraña de saúcos en flor, a la misma mujer de ridículo aspecto. Era un accidente del camino, cepo o piedra, el hito que señala una demarcación, o el crucero cubierto de líquenes y menudas parasitarias. Manolo sonreía y pegaba suave codazo a Fanny.
Simplette
Au printemps, chaque fois qu’ils sortaient parcourir la campagne dans leur calèche, tirée par des chevaux du pays, pour occuper les longues après-midi, les époux croisaient, à côté du même fourré de sureaux en fleur, la même femme ridicule. C’était comme un accident du parcours, une racine ou un caillou, une borne sur le chemin ou une croix recouverte de lichen et autres parasites. Manolo souriait et donnait un léger coup de coude à Fanny.
–Ya pareció tu Leliña… ¡Qué fea, qué avechucho! En este momento, el sol la hiere de frente… Fíjate.
– Voilà ta chère Simplette… Qu’elle est laide ! On dirait une guenon ! Regarde, le soleil la frappe de plein fouet.
La mayordoma les había referido la historia de aquella mujer. ¿La historia? En realidad, no cabe tener menos historia que Leliña. Sin familia, como los hongos, dormía en cobertizos y pajares –¡a veces en los cubiles y cuadras del ganado!– y comía…, si le daban «un bien de caridad».
La gouvernante leur avait raconté l’histoire de cette pauvre femme mais, en réalité, personne n’avait moins d’histoire que Simplette. Sans famille, seule au monde, elle dormait dans les remises et les granges – parfois même dans les boxes avec le bétail ! – et mangeait… ce qu’on lui donnait par charité.
Sin embargo, no mendigaba. Para mendigar se requiere conciencia de la necesidad, nociones de previsión, maña o arte en pedir…, y Leliña ni sospechaba todo eso. ¿Cómo había de sospecharlo, si era idiota desde el nacer, tonta, boba, lela, «leliña»? ¡Ella pedir!
Pourtant elle ne mendiait pas. Pour mendier, il faut avoir conscience de la nécessité, savoir anticiper, connaître l’art et la manière de quémander…, et Simplette n’en avait pas la moindre idée. Pouvait-il en être autrement ? Elle était idiote de naissance, sotte, niaise, simple, « simplette ». Mendier ? Pensez-vous !
Un can pide meneando la cola; un pájaro ronda las migajas a saltitos… Leliña ni aun eso; como no le pusiesen delante la escudilla de bazofia, allí se moriría de hambre.
Un chien quémande en remuant la queue, un oiseau en sautillant autour des miettes… Simplette en était incapable. Si on ne lui mettait pas la pitance sous le nez, elle mourrait de faim.
Inútil socorrerla con dinero; a la manera que su abierta boca de imbécil dejaba fluir la saliva por los dos cantos, de sus manazas gordas, color de ocre, se escapaban las monedas, yendo a rodar al polvo, a perderse entre la espesa hierba trigal. Manolo y Fanny lo sabían, porque, al principio, acostumbraban lanzar al regazo de la tonta pesetas relucientes… Ahora preferían atenderla de otro modo: con ropa y alimento. El pañuelo de percal amarillo, el pañolón anaranjado de lana, el zagalejo azul de Leliña, se lo habían regalado los esposos. ¡Cosa curiosa! Leliña, indiferente a la comida, gruñó de satisfacción viéndose trajeada de nuevo. Una sonrisa iluminó su faz inexpresiva, al ponerse, en vez de sus andrajos, las prendas de esos matices vivos, chillones, por los cuales se pirran las aldeanas de las Mariñas de Betanzos, el más pintoresco rincón del mundo…
Inutile de l’aider avec de l’argent. Les pièces s’échappaient de ses grosses mains terreuses, comme la bave des coins de sa bouche ouverte d’attardée, et allaient rouler dans la poussière pour disparaître dans les hautes herbes. Manolo et Fanny le savaient bien ; au début, ils lançaient dans son giron des sous tout neufs… Maintenant ils préféraient l’aider autrement : en lui donnant des habits et de la nourriture. Les époux lui avaient fait cadeau d’un foulard de percale jaune, d’un châle de laine orangé, d’un jupon bleu. Et, chose étrange ! Simplette, indifférente aux vivres, poussa un grognement de satisfaction en se voyant dans ses nouveaux habits. Un sourire illumina son visage inexpressif quand elle remplaça ses haillons par les vêtements aux couleurs vives, criardes, dont raffolent les habitantes de Las Mariñas de Betanzos, le village le plus pittoresque du monde…
–¡Hembra al fin!… –fue el comentario de Manolo.
– Elle ressemble enfin à une femme… ! fit Manolo pour tout commentaire.
–¡Pobrecilla! –exclamó Fanny–. ¡Me alegro de que le gusten sus galas!…
– La pauvrette ! s’exclama Fanny. Je suis ravie que sa nouvelle tenue lui plaise… !
Fanny ansiaba hacer algo bueno; tenía el alma impregnada de una compasión morbosa, originada por la íntima tristeza de su esterilidad. Diez años de matrimonio sin sucesión, el dictamen pesimista de los ginecólogos más afamados de Madrid y París, pesaban sobre sus tenaces ilusiones maternales. «Ensayen ustedes una vida muy higiénica, aire libre, comida sana…», les ordenó, por ordenarles algo, el último doctor a quien acudieron en consulta. Y se agarraron al clavo ardiendo de la rusticación, método que si no les traía el heredero suspirado, al menos debía proporcionarles calma y paz. Pero en medio de la naturaleza remozada, germinadora, florida, despierta ya bajo las caricias solares, la nostalgia de los esposos revistió caracteres agudos; se convirtió en honda pena. Fanny no contenía las lágrimas cuando encontraba a una criatura. ¡Y en la aldea mariñana cuidado si pululaban los chiquillos! A la puerta de las casucas, remangada la camisa sobre el barrigón, revolcándose entre el estiércol del curro, llevando a pastar la vaca, tirando peladillas a los cerezos o agarrándose al juego trasero del coche y voceando: «¡Tralla atrás…!»; en el atrio de la iglesia, a la salida de misa, con un dedo en la boca, en la romería comiendo galletas duras, en la playa del vecino pueblecito de Areal escarabajeando al través de las redes tendidas a manera de cangrejillos vivaces… no se hallaba otra cosa: cabezas rubias, ensortijadas, que serían ideales si conociesen el peine; cabezas pelinegras, carnes sucias y rosadas, chiquillería, chiquillería.
Fanny désirait faire une bonne action. Elle ressentait pour Simplette une compassion malsaine, liée à sa triste condition de femme stérile. Dix ans de mariage sans descendance et le verdict pessimiste des meilleurs gynécologues de Madrid et de Paris pesaient lourd sur son désir tenace d’être mère. « Une vie saine, à l’air libre et une alimentation équilibrée », avait recommandé, pour la forme, le dernier médecin qu’ils avaient consulté. Ils s’accrochèrent à cet espoir et partirent vivre à la campagne. S’il n’en sortait pas l’héritier tant attendu, ils en tireraient au moins paix et tranquillité. Mais au milieu d’une nature renaissante, verdoyante, florissante, qui s’éveille sous les caresses du soleil, la nostalgie des époux s’accentua pour se muer en un profond chagrin. Fanny ne contenait pas ses larmes à la vue d’un bambin. Et au village, ils pullulaient ! À la porte des masures, la chemise relevée sur leur petit bidon, se roulant dans le fumier, menant les vaches au pré, jetant des cailloux sur les cerisiers ou s’accrochant à l’arrière des voitures pour crier « Fouette-cocher ! » ; sur le parvis des églises, après la messe, suçant leur pouce ; aux processions, grignotant des biscuits rassis ; sur la plage d’Areal, tout à côté, se déplaçant comme de petits crabes sur les filets tendus… Ils étaient partout : des têtes blondes, bouclées, qui auraient été parfaites avec un coup de peigne, des têtes brunes, des corps roses tout sales, de la marmaille, plein de marmaille.
–Los pobres, señorita, cargamos de hijos… Es como la sardina, que cuanta más apañamos, más cría el mar de Nuestro Señor… –decía a Fanny una pescadora de Areal, la Camarona
, madre de ocho rapaces, ocho manzanas por lo frescos
…
– À nous, les pauvres, le bon Dieu nous a donné trop d’enfants, ma p’tite dame… c’est comme les sardines, plus on en attrape, plus il y en a… disait à Fanny une pêcheuse d’Areal, appelée la Crevette, mère de huit marmots, frais comme des gardons.
La dama torcía el rostro para ocultar al esposo la humedad que vidriaba sus pupilas, y allá dentro, dentro del corazón, elevaba al cielo una oferta. Quería realizar algo que fuese agradable al poder que reparte niños, que fertiliza o seca las entrañas de las mujeres. No permitiría ella aquel invierno que la idiota, la mísera Leliña, tiritase en la cuneta encharcada y helada; apenas soplase una ráfaga de cierzo, recogería a la inocente, dándole sustento y abrigo, y la Providencia, en premio, cuajaría en carne y sangre su honesto amor conyugal… Por eso –al divisar a Leliña cuando cruzaban al pie del enredijo de saúcos en flor–, Manolo, confidencialmente, empujaba el codo de Fanny, y una esperanza loca, mística, ensoñadora, animaba un instante a los dos esposos. La idiota no les hacía caso. Ellos, en cambio, la contemplaban, se volvían para mirarla otra vez desde la revuelta. Les pertenecía; por aquel hilo tirarían de la misericordia de Dios.
Fanny détournait le regard pour cacher à son époux ses pupilles humides, et du plus profond de son cœur, elle faisait une promesse au ciel. Elle souhaitait faire quelque chose qui plût à cette force divine qui distribue les enfants, qui rend fertiles ou stériles les entrailles des femmes. Cet hiver, elle ne permettrait pas que l’idiote du village, la pauvre Simplette, grelotte dans un fossé détrempé et gelé ; à peine la bise se lèverait-elle qu’elle recueillerait l’innocente pour la nourrir et la vêtir, et la Providence, en récompense de l’honnêteté de son amour conjugal, lui donnerait un enfant de chair et de sang… Aussi, en croisant Simplette devant le fourré de sureaux en fleur, Manolo poussait discrètement Fanny du coude, et un espoir fou, mystique, magique, animait un instant les époux. L’idiote les ignorait. Eux, en revanche, la dévisageaient, se retournaient pour la regarder encore jusqu’au détour du chemin. Elle leur appartenait ; grâce à elle, ils attireraient la miséricorde divine.
Fue Manolo el primero que advirtió que los cocheros se reían y se hacían un guiño al pasar ante la idiota, y les reprendió, con enojo:
Manolo remarqua le premier que les cochers se gaussaient et échangeaient des clins d’œil quand ils passaient devant l’idiote ; il les réprimanda durement :
–¿Qué es eso? ¡Bonita diversión, mofarse de una pobre! ¡Cuidadito! ¡No lo toleraré!
– Comment osez-vous ? En voilà une belle occupation ! Se moquer d’une pauvresse. Gare à vous ! Je ne le tolèrerai pas !
–Señorito… –barbotó el cochero, que era antiguo en la casa y tenía fueros de confianza–. Si es que… ¿No sabe el señorito?… –y puso las jacas al paso, casi las paró.
– Monsieur… bredouilla le cocher, ancien dans la maison et digne de confiance. C’est que… Vous n’êtes pas au courant, Monsieur ? Et il mit les montures au pas, les arrêtant presque.
–¿Qué tengo de saber? Porque sea lela esa desdichada, no debéis vosotros…
– Et qu’est-ce que je devrais savoir ? Ce n’est pas parce que la malheureuse est innocente que vous devez…
–Pero, señorito…. ¡si es que ya corre por toda la aldea!…
– Mais, Monsieur… Au village tout le monde est au courant…
–¿Qué diantres es lo que corre?
– Au courant de quoi, diantre ?
–Que, perdone la señorita, Leliña está…
– Sans vouloir offenser Madame, Simplette est…
Un ademán completó la frase; Fanny y Manolo se quedaron fríos, paralizados, igual que si hubiesen sufrido inmensa decepción. La señora, después de palidecer de sorpresa, sintió que la vergüenza de la idiota le encendía las mejillas a ella, que había proyectado redimirla y salvarla. Bajó la frente, cruzó las manos, hizo un gesto de amargura.
Un geste compléta sa phrase, qui glaça Fanny et Manolo. Ils étaient paralysés, comme s’ils venaient de vivre une immense déception. Fanny, après avoir pâli de surprise, sentit le rouge de la honte de l’idiote lui monter aux joues ; et dire qu’elle caressait le dessein de la protéger et de la sauver. Elle baissa la tête, croisa les mains, son visage exprimait une profonde amertume.
–Eso debe de ser mentira –exclamaba Manolo, furioso–. ¡Si no se comprende! ¡Si no cabe en cabeza humana!… ¡La idiota! ¡La lela! Digo que no y que no…
– Ce doit être un mensonge s’exclamait Manolo, furieux. C’est à n’y rien comprendre ! Inimaginable ! L’idiote, l’innocente du village ! Je n’en crois pas un mot.
Marido y mujer, entre el ruido de las ruedas y el tilinteo de los cascabeles de las jacas, que volvían a trotar, examinaron probabilidades, dieron vueltas al extraño caso… ¡Vamos, Leliña ni aun tenía figura humana! ¿Y su edad? ¿Qué años habían pasado sobre su testa greñosa, vacía, sin luz ni pensamiento? ¿Treinta? ¿Cincuenta? Su cara era una pella de barro; su cuerpo, un saco; sus piernas, dos troncos de pino, negruzcos, con resquebrajaduras… ¡Leliña!… ¡Qué asco! Y al volver de paseo
, envueltos ya en la dulce luz crepuscular de una tarde radiosa, viendo a derecha e izquierda cubiertos de vegetación y florecillas los linderos, respirando el olor fecundo, penetrante, que derraman los blancos ramilletes del vieiteiro
, y a Leliña ni triste ni alegre, indiferente, inmóvil en su sitio acostumbrado, Manolo murmuró, con mezcla indefinible de ironía y cólera:
Dans le bruit des roues et le tintement des grelots de l’attelage reparti au trot, mari et femme émirent des hypothèses et retournèrent cette étrange affaire dans tous les sens… Simplette n’avait même pas figure humaine ! Et quel âge avait-elle ? Combien d’années s’étaient écoulées depuis la naissance de cet être hirsute, vide, dépourvu d’intelligence ? Trente, cinquante ? Sa tête ressemblait à une boule de glaise, son buste à un cylindre et ses jambes, noircies et tout éraflées, à des troncs d’arbre… Simplette ! Quelle horreur ! Au retour, ils se sentirent baignés dans la douce lumière du crépuscule de cette splendide journée, observant de part et d’autre les bas-côtés couverts de fleurs, respirant le parfum généreux et capiteux du sureau ; voyant que
Simplette, impassible, indifférente, restait immobile dans son coin, Manolo murmura, dans un mélange indéfinissable d’ironie et de colère :
–¡Como la tierra!…
– Comme la nature !
Fanny, súbitamente deprimida, llena de melancolía, repitió:
Fanny, soudain déprimée et mélancolique, répéta :
–¡Como la tierra!…
– Comme la nature !
No hablaron más del proyecto de recoger a la idiota. Ya era distinto… ¿Quién pensaba en eso? Preguntaron a derecha e izquierda, poseídos de curiosidad malsana, sin lograr satisfacerla. ¿El culpable del desaguisado? ¡Asús, asús
! Nadie lo sabía, y Leliña de seguro era quien menos. No sería hombre de la parroquia, no sería cristiano; algún licenciado de presidio que va de paso, algún húngaro de esos que vienen remendando calderos y sartenes… ¡Qué pecado tan grande! ¡Hacer burla de la inocente! El que fuese, ¡asús!, había ganado el infierno…
Ils ne parlèrent plus du projet de recueillir l’idiote. Tout avait changé. Qui aurait pareille idée ? Ils demandèrent à droite et à gauche, possédés par une curiosité malsaine, sans résultat. Qui était le coupable de ce méfait ? Doux Jésus ! Personne ne le savait et Simplette, encore moins. Ce ne pouvait pas être un homme d’ici, un bon chrétien ; peut-être un repris de justice qui passait par là ou l’un de ces bohémiens qui viennent pour réparer les chaudrons et les poêles… Quel immense péché ! Tromper une innocente ! Mon Dieu, qui que ce fût, il irait en enfer !
El verano transcurrió lento, aburrido; comenzaron a rojear las hojas, y Fanny y Manolo, al acercarse a los saúcos, donde ahora el fruto, los granitos, verdosos, se oscurecían con la madurez, volvían el rostro por no mirar a Leliña.
L’été, plein d’ennui, traîna en longueur ; les feuilles commencèrent à roussir et quand ils s’approchaient des sureaux, dont les fruits, ces petits grains verdâtres, brunissaient en mûrissant, Fanny et Manolo tournaient la tête pour ne pas voir Simplette.
De reojo la adivinaban, quieta, en su lugar. Un día, Fanny, girando el cuerpo de repente, apretó el brazo de su marido, emocionada.
Ils la devinaient du regard, immobile, dans son coin. Un jour, Fanny se retourna et soudain, tout émue, serra le bras de son époux.
–¡Leliña no está! ¡No está, Manolo!
– Simplette n’est pas là ! Elle n’est pas là, Manolo !
Cruzaron una ojeada, entendiéndose. No añadieron palabra y permanecieron silenciosos todo el tiempo que el paseo duró. Durmieron con agitado sueño. Tampoco estaba Leliña a la tarde siguiente. Más de ocho días tardó la idiota en reaparecer. Antes aún de llegar al grupo de saúcos, Fanny se estremeció.
Ils échangèrent un regard complice. Ils n’ajoutèrent pas un mot et gardèrent le silence durant toute la promenade. Ils dormirent d’un sommeil agité. Le lendemain, Simplette n’était toujours pas là. L’idiote mit plus de huit jours à réapparaître. Avant même d’atteindre le fourré de sureaux, Fanny tressaillit.
–Tiene el niño –murmuró, oprimida por una aflicción aguda, violenta.
– Elle a son bébé, murmura-t-elle, en proie à une affliction violente.
–Sí que lo tiene… –balbució Manolo–. Y le da el pecho. ¿No es increíble?
– C’est vrai… balbutia Manolo. Et elle lui donne le sein. C’est à peine croyable…
Abierto el ya haraposo pañolón de lana, recostada sobre el ribazo, colgantes los descalzos pies deformes, la idiota amamantaba a su hijo, agasajándole con la falda del zagalejo, sin cuidarse de la humedad que le entumecía los muslos.
Adossée au talus, les pieds nus et difformes dans le vide, son châle tout miteux entrouvert, l’idiote allaitait son enfant et l’enveloppait dans son jupon, insensible à l’humidité qui engourdissait ses cuisses.
–¡Si hoy parece una mujer como las demás! –observó Manolo, admirando.
– Aujourd’hui on dirait une femme comme les autres, fit remarquer Manolo, plein d’admiration.
Fanny no contestó; de pronto sacó el pañuelo y ahogó con él sollozos histéricos, entrecortados, que acabaron en estremecedora risa.
Fanny ne répondit point. Soudain, elle sortit son mouchoir pour y étouffer des sanglots hystériques, convulsifs, qui se muèrent en un rire effrayant.
–Calla…, calla… Déjame… No me consueles… ¡No hay consuelo para mí! Ella con su niño… ¡Yo, nunca, nunca! –repetía, mordiendo el pañuelo, desgarrándolo con los dientes, a carcajadas.
– Tais-toi…, tais-toi… Laisse-moi… Ne me console pas… C’est inutile ! Elle, avec son enfant… et moi, rien, à jamais, répétait-elle, en mordant et en déchiquetant son mouchoir dans un grand éclat de rire.
El esposo se alzó en el asiento, y gritó:
Son époux se redressa dans la calèche et cria :
–Den la vuelta… A casa, a escape… ¡Se ha puesto enferma la señora!
– Demi-tour… À la maison, et vite… Madame est souffrante !