Merci à Mesdames Katy Bernard et Marie-Anne Châteaureynaud, d’avoir organisé cet hommage à Bernard Lesfargues et de m’avoir permis ainsi de témoigner sur un aspect de sa vie peu connu en Périgord et en Occitanie. C’est en effet à Paris, puis à Lyon, qu’il s’est dépensé sans compter, pour la création d’une Europe fédérale dans une perspective tout à la fois occitaniste et mondiale.
Dans le cadre de cette action politique extrêmement chronophage, de la fin des années 1940 au milieu des années 1980, il a en particulier été appelé à traduire, relire et corriger, de nombreux textes de l’italien, langue qu’il n’avait pas apprise et ne parlait pas, sur des sujets très éloignés de son œuvre littéraire.
Introduction : enfance et adolescence de Bernard en Périgord
Bernard naît à Bergerac en 1924 dans une famille catholique traditionnelle. Sa mère s’intéressera, encore plus grâce à lui, au patrimoine culturel régional et dirigera longtemps l’école félibréenne des Abeilles bergeracoises ; son père, homme de droite et de caractère, fait partie, comme beaucoup d’anciens combattants de la Grande Guerre, des Croix-de-feu puis est l’un des responsables locaux du Parti social français du colonel de La Roque avant de le quitter. Bernard, très proche de ses grands-parents maternels d’Église-Neuve-d’Issac, à quelques kilomètres au nord, suit une scolarité secondaire classique, « à l’ancienne » (latin-grec) à Bergerac puis chez les Jésuites à Sarlat. Il hésite avant de poursuivre des études supérieures et de se tourner vers l’espagnol ; licence, CAPES, agrégation en 1954 (second) ainsi que diplôme de « sociologie de l’ancien Mexique » à l’École pratique des Hautes Études, section des sciences économiques et sociales (certificat en date du 29 septembre 1954) où il a été l’élève et disciple préféré de Jacques Soustelle avec lequel il rompra plus tard à cause de leur opposition frontale sur l’Algérie française.
Un document qu’il a établi pour sa retraite, « États de service », permet de préciser les principales dates de sa formation universitaire et de sa carrière :
Adjoint d’enseignement […] au Lycée Jeanson de Sailly (Paris), 01.10.47 – 30.09.50
Stagiaire du CAPES au Collège de Dourdan (Seine-et-Oise), 01.10.50 – 30.09.52
Professeur titulaire du CAPES, au Lycée Montaigne (Paris), 01.10.52 – 30.09.54
Professeur agrégé au Lycée du Parc (Lyon), 01.10.54 – 30.09.58
Assistant à la Faculté de Lettres et de Sciences humaines de Lyon, 01.10.58 – 05.04.59
Professeur agrégé au Collèges des Minimes (Lyon, Saint-Just), 06.04.59 – 13.09.60
Professeur agrégé au Lycée Ampère, 16.09.60 (non précisé)
Professeur agrégé, chaire supérieure, au Lycée de la Martinière, 24.06.79 (non précisé)1
Bernard à Paris
Bernard conserve un temps à Paris ses convictions royalistes, veut créer une revue et rêve déjà d’édition ; en parallèle, comme nombre d’amis de son âge, il se cherche politiquement à l’issue de la guerre comme il me l’a expliqué dans un entretien réalisé dans son bureau d’Église-Neuve-d’Issac en 2000 sur « les fédéralistes et les évènements de mai 1968 ».
Je suis arrivé à Paris en khâgne fin 1944. En 1945, j’ai adhéré à l’Institut d’Études Occitanes, qui venait d’être créé après la Libération. C’est après ma rencontre avec Jean-Pierre (Gouzy, NdA), que j’ai adhéré au fédéralisme européen ; après la fondation de la brève revue poétique Les Cahiers du Triton bleu dont il a été l’un des rédacteurs. C’est dans ce cadre également que j’ai publié, avec Robert Lafont, une Anthologie de la jeune poésie occitane. Mais nous ne nous intéressions pas qu’à la poésie. Nous cherchions également comment, en tant qu’intellectuels, intervenir dans le débat politique, sans céder par facilité au mouvement qui portait nombre d’entre eux vers le Parti communiste ou à se cantonner dans le milieu directement issu de la Résistance. On rêvait de paix, on voulait œuvrer à la reconstruction d’une Europe différente, débarrassée du nationalisme, en quelque sorte non alignée et capable de compter dans le monde. Avec Jean-Pierre, nous avions fondé un Comité d’action fédéraliste (et sociale, CAFS2, NdA), un tout petit groupe qui publiait son propre bulletin, avant de rejoindre, en 1946 ou 1947 (en fait fin 1948, NdA), l’Union française des fédéralistes (UFF), la section française de l’Union européenne des fédéralistes (UEF).3
Les Cahiers du Triton bleu vont publier cinq numéros, d’avril 1946 à avril 1947, ainsi que quelques brochures. La revue, parfois qualifiée « de sensibilité royaliste »4, annonce Bernard A. Lesfargues comme directeur avec à la rédaction Michelle Guyot secrétaire, Philippe A. Boiry, Gérard Landriot, Jean-Marc Varenne (pseudonyme de Jean-Pierre Gouzy) et parmi les contributeurs René A. Fallet (écrivain et futur journaliste du Canard enchaîné), Claude Pinoteau (futur metteur en scène), Roger Nimier (écrivain monarchiste), Roger Nathan (futur éditeur), Gabrielle Marquet (auteure), Alain Sergent (écrivain libertaire) et quelques personnes du milieu félibréen et/ou occitaniste : Robert Lafont, Max Allier, Marcel Carrières, Delphin Dario (pseudonyme d’Ismaël Girard), Pierre Lagarde, Jean Lesaffre…
Certains ont effectivement été liés aux milieux monarchistes, plus particulièrement à l’éphémère Mouvement socialiste monarchique (MSM) ; Bernard Lesfargues, Jean-Marc Varenne, un temps membre du comité de rédaction de Le Lys rouge, qui co-signe avec le secrétaire général du MSM, l’un de ses deux textes théoriques, Leur socialisme et le nôtre. Bernard adhère le 6 février 19455. Il milite, assiste à une « conférence socialiste monarchique [qui] s’est déroulée dans l’atmosphère que je souhaitais »6 et arpente en campagne électorale (élections constituantes et législatives du 21 octobre 1945), les Champs-Élysées avec un âne coiffé d’un bonnet phrygien et affublé d’une pancarte « je vote républicain parce que je suis un âne ».
Le MSM, vite en perte de vitesse vu le redéploiement de l’Action Française, cesse pratiquement d’exister comme force militante à la fin de l’été 1946, peu avant de premiers signes d’ouverture au fédéralisme dans les deux derniers Cahiers du Triton bleu : une chronique de Jean-Marc Varenne sur deux ouvrages du personnaliste chrétien et fédéraliste, Alexandre Marc, et l’insertion, en quatrième de couverture, de publicités pour les revues La République Moderne (La RM), dirigée par le socialiste et fédéraliste Claude Marcel Hytte7, et la publication occitaniste L’Ase negre, dirigée entre autres par Robert Lafont8. Mais, qui est Jean-Pierre Gouzy ? Il se présentera plus tard comme un jeune intellectuel tenté par le journalisme et faisant des piges dans diverses publications.
Le journal de Bernard est muet d’avril 1947 à janvier 1948 et ne renseigne pas sur la fondation du CAFS, fin 1946 ou début 1947. Font partie de ses dirigeants divers membres du Triton bleu (ou du MSM) : Bernard Lesfargues, Jean-Pierre Gouzy, Michèle Guyot… Le CAFS se définit comme « organisme autonome d’étude, de propagande et d’action » et s’affilie à l’UFF lors du congrès fondateur de juin 1948 (après son propre congrès la veille). L’UFF devient plus tard la section française de l’UEF9, une organisation trans-partisane et supranationale animée en particulier par trois antifascistes. Altiero Spinelli, jeune communiste condamné à 20 ans de prison par le régime fasciste qui, relégué en 1941 sur l’île de Ventotene (mer Tyrrhénienne), écrit avec deux compagnons, le libéral (au sens politique) Ernesto Rossi et le socialiste Eugenio Colorni, le Manifeste de Ventotene. Pour une Europe libre et unie10 ; Eugen Kogon, démocrate-chrétien allemand déporté de 1939 à 1945 à Büchenwald ; rejoints un peu plus tard par Henri Frenay, fondateur de Combat, plus important mouvement de la Résistance intérieure française non communiste11 ; d’autres personnalités, comme le résistant socialiste hollandais Henri Brugmans, l’écrivain personnaliste suisse Denis de Rougemont, le fédéraliste intégral Alexandre Marc ou André Voisin, fidèle de Vichy et secrétaire avant-guerre du Comte de Paris, sont également parmi ses fondateurs.
Les archives (fédéralistes, et de la collection « Textes fédéralistes » de fédérop) que Bernard m’a léguées (arch. ABL12), donnent quelques indications sur ses activités à Paris dont certaines en rapport avec l’occitanisme. Le fédéraliste occitan et résistant Charles Camproux, s’adresse à lui en occitan :
De Montpelhier, lo 10/10/48.
Car amic Lesfargues,
Vos felicite de vos entrevar de formar un grop federalista occitan. Avetz mon adesion. Joan Bareth (en occitan, NdA) de la Federation m’escriu. I dise de s’adressar a vos per tot çò que pertòca lo federalisme occitanista. Sariá bon que los occitans formesson si grops autonoms adents i grands moviments federalistas francés e europencs. Me semblatz tot desinhat per diregir tot aquò estent vostra pausicion a Paris.
De tot còr.
Camproux Carlos13
Occitan et occitaniste, Bernard ne peut qu’être intéressé et sentimentalement attaché à « l’idée latine » développée à partir de la deuxième partie du XIXe siècle en particulier par les félibres provençaux et catalans. Il publie cependant, en avril 1951, une fiche de lecture critique sur le premier tome de l’ouvrage de Roger Barthe, L’idée latine14,et propose plutôt l’union de l’Europe occidentale15.
Le très riche fonds d’archives de Jean-Pierre Gouzy versé mi 2018 à Florence aux Archives Historiques de l’Union Européenne (AHUE), non encore exploitable, devrait donner de précieuses informations sur leurs activités, en particulier sur Paris, au début de leurs relations.
L’installation de Bernard Lesfargues à Lyon ; les années 1950 et 60
Bernard arrive à Lyon en 1954. Je ne sais, aujourd’hui, quasiment rien de son activité politique entre son installation et 1957, année où il est élu au Congrès du Peuple Européen (CPE) à l’occasion des « élections primaires » tenues en novembre16.
Le premier document en ma possession est un courrier de juin 1958 à en-tête de l’IEO17. Bernard va dorénavant, durant trois décennies, être impliqué dans toutes les campagnes fédéralistes et, en particulier, dans deux des premières. Celle, mythique, pour le CPE et celle pour le Recensement volontaire du peuple fédéral européen ; toutes deux dirigées par des italiens auxquels il va être très lié : Altiero Spinelli puis Mario Albertini.
Altiero Spinelli, Bernard Lesfargues et le Congrès du Peuple Européen (CPE)
La Campagne du CPE (1956-1962), conçue suite au rejet par l’Assemblée nationale de la Communauté Européenne de Défense (CED) vise à être « le fer de lance d’une révolution européenne démocratique ». Son épicentre français est à Lyon18. Le CPE, directement élu par le peuple européen, serait chargé d’élaborer un projet de traité convoquant une Assemblée constituante. Bernard joue un rôle de coordination, fait partie des premiers délégués au CPE élus à Lyon fin 1957 et s’investit dans le journal de la campagne, Peuple européen. Le CPE appelle les français à voter non au referendum de septembre 1958 pour refuser la constitution « nationaliste et autoritaire » proposée par de Gaulle19 avant que les fédéralistes lyonnais du CPE présentent cinq candidatures aux législatives de novembre 1958. Bernard Lesfargues est candidat dans la 4e circonscription de Lyon, anime la campagne et croise le fer à Villeurbanne contre Jacques Soustelle20.
Une réunion au Palais de la Bourse a lieu avec quatre orateurs : Michel Mouskhely, professeur de droit à Strasbourg et Président du CPE, Altiero Spinelli, Jean-Pierre Gouzy, secrétaire général du Mouvement Fédéraliste Européen – France (MFE, issu d’une scission de l’UEF Europe) et Bernard Lesfargues. En juillet 1959 à la 5e Assemblée des militants du CPE, en Belgique, il revient en détail sur cette campagne électorale de témoignage puis dans le journal Peuple européen21.
Le projet de Traité établi par des juristes proches du CPE, adopté à sa session de Lyon en janvier 1959, est présenté à Robert Schuman, Président de l’Assemblée de Strasbourg puis le 10 novembre aux six parlements des pays membres de la Communauté européenne du charbon et de l’acier22.
En janvier 1960, Bernard Lesfargues écrit à Alexandre Marc en charge des Cahiers de revendication du CPE, sur le modèle des Cahiers de doléance de la Révolution française, pour signaler son intérêt à collaborer à leur rédaction et est nommé à la Commission des Cahiers après une réunion du CPE à Darmstadt23. Il organise un stage international de formation à Lyon en novembre 195924.
Il écrit également des articles sur des thèmes divers : de Gaulle et le Premier ministre britannique25, réactions à l’évasion de membres du Mouvement national algérien en Dordogne26, congrès fédéralistes27 et sur l’Espagne28. Il participe aux cinq sessions du CPE et à d’autres réunions dont la « Première rencontre de la résistance européenne » à Cuneo en mars 1960, où il intervient sur « L’État national cause du phénomène fasciste », thème introduit par une confession sur son passé :
[…] [J]’ai l’impression que je devrais commencer par une confession qui vous expliquerait comment, nationaliste, j’ai échappé au fascisme. L’expérience n’est pas tellement vieille que je ne puisse m’en souvenir. […] Cependant je précise, pour ceux qui aimeraient en savoir davantage et que le thème intéresse, qu’ils trouveraient sous la plume de François Fontaine dans le numéro 80 de Preuves, dans la série « Pourquoi je suis européen », une confession qui s’appliquerait à mon cas et dont je fais mienne tous les termes29.
En juillet 1960, Bernard participe, à Heidelberg, au Comité permanent du CPE30 avant de dernières élections primaires à Lyon et Annecy auxquelles participent 20 000 électeurs avec le soutien des maires, malgré des tentatives auprès des élus de cadres du MFF — La Fédération, opposé au CPE et ayant quitté l’UEF dès avant une scission internationale au milieu des années 50. Ces élections au CPE se déroulent à Annecy, dans de nombreuses communes de la région lyonnaise et à Lyon, avec quinze bureaux de vote dont la mairie centrale31.
Au total, ce sont 500 000 à 650 000 électeurs, selon les dates retenues, qui participent au CPE lorsque, au printemps 1961, le parlement italien adopte une motion présentée par quelques députés fédéralistes demandant une assemblée constituante élue par le peuple européen. Ce sera le point d’orgue du CPE qui a tenu des sessions à Turin (1957), Lyon (1959), Darmstadt (fin 1959), Ostende (1960) et Lyon (1962) avant que la campagne n’y soit discrètement absorbée, puis progressivement enterrée, au congrès parallèle du MFEs, « s » pour supranational.
À l’automne 1960, Bernard est responsable d’un nouveau séminaire international à Lyon, où il intervient sur « Le nationalisme, cause de désintégration »32, puis en 1963, il est responsable du Cercle d’études fédéralistes lyonnais33. C’est de la fin des années 50 et du début des années 60 que datent les premiers contacts positifs entre les organisations fédéralistes rivales de la région34. C’est ainsi que Bernard est le premier trésorier de la Maison de l’Europe fondée en 1958 sur leur initiative et membre du Comité directeur de la section Rhône du Mouvement Européen (ME) lorsque y surgit une crise. Le président du ME, Pierre-Bernard Cousté, député gaulliste, se voit reprocher d’être favorable à la force de frappe française à Paris et d’avoir prétendu lui être opposé à une conférence internationale à Rome23. Bernard est élu, grâce à l’unité des fédéralistes, à la présidence du ME local et reste membre de son Comité directeur jusqu’en 197024.
Bernard dépose au Congrès de Lyon du MFEs, une contribution illustrant son intérêt pour les luttes régionalistes insistant sur le fait que :
[S]i nous voulons […] entraîner les Européens, nous devons les prendre sur le terrain sur lequel ils sont. […] Nous devons prendre les hommes tels qu’ils sont pour les amener à ce que nous voudrions qu’ils soient. Nous n’avons rien à abandonner de notre vision synthétique de l’avenir du continent ; mais nous devons encore apprendre que les hommes vivent en Bretagne ou en Wallonie, qu’ils soient mineurs ou planteurs de tabac35.
Mario Albertini, Autonomie fédéraliste (Af) et la rédaction lyonnaise de la revue italienne Le Fédéraliste
Après le Congrès MFEs de Lyon, Bernard reste à l’écart de certaines initiatives : Front social européen, Comité d’initiative pour un parti fédéraliste européen ou Front démocratique pour une Europe fédérale. Par contre, de 1962 à 1965, il s’engage fortement dans le Recensement volontaire du peuple fédéral européen pour la reconnaissance de son pouvoir constituant avec Mario Albertini, professeur à l’Université de Pavie, qui fonde dans le MFEs une tendance supranationale, Autonomie fédéraliste (Af), et propose une conception du fédéralisme militant basée sur une solide formation culturelle, une action politique autonome et l’autofinancement de l’action politique. La première réunion internationale d’Af se tient à Bâle, en avril 1962 ; bulletin ronéotypé, les Informations d’Autonomie fédéraliste rendent compte des réunions et de la vie d’Af et Le Journal du recensement de sa campagne pour le Recensement. Mario Albertini est le théoricien et Bernard Lesfargues anime le groupe de Lyon et tient un rôle central au niveau européen36. Début 1963, est validé un projet de déclaration sur la campagne avec l’ambition de démarrer le recueil des signatures en avril, avant des tensions avec certains participants allemands. Le n° 9 d’Autonomie fédéraliste informations donne de premières indications sur le Recensement et des directives pour le Congrès de Monteux du MFEs dans lequel Af diffuse deux textes : une « Profession de foi » et un autre intitulé « Que pouvons-nous attendre du Congrès de Montreux ? »37. Mario Albertini, dont la minorité se renforce, appelle à s’abstenir lors du vote d’une Charte théorique considérée trop centrée sur les idées fédéralistes « intégrales »38.
Une crise survient dans le MFE lyonnais où Bernard a l’un des premiers rôles début 1965, avant que la situation ne soit clarifiée à Paris en juin, à la suite d’une initiative d’Etienne Hirsch, ancien Président d’Euratom, congédié par de Gaulle pour ses convictions fédéralistes et président du Comité central du MFEs. Devant le blocage et les risques d’éclatement, les responsables français et européens se saisissent de la question après que Mario Albertini eut manifesté sa volonté de conciliation, sous conditions, et proposé de dissoudre Af39. Une note est publiée sur la résolution de la crise : annulation de certaines sanctions, nécessité de conjuguer l’action du Recensement et celle du Front démocratique européen, dissolution d’Af40. Af se fond, en 1966, au Congrès de Trieste, dans une majorité rénovée du MFEs41.
Pas davantage que le CPE, le Recensement n’a obtenu les résultats espérés, malgré 100 000 signatures, mais il a permis à Mario Albertini, président du MFE italien, de peser d’un poids nouveau42 et, après la réunification de l’UEF Europe en 1973, de présider après Étienne Hirsch l’organisation durant une dizaine d’années.
Bernard assure pendant douze ans, de 1962 à 1974, la rédaction lyonnaise de la revue de Mario Albertini lorsqu’il est décidé d’éditer Le Fédéraliste (LF) uniquement en français. Il est secondé, pour les traductions, par des amis occitanistes et parfois son ami et ancien élève, Jean-Paul Cortada43 ; Elio Cannillo et Massimo Malcovatti, pavesans du premier cercle gravitant autour de Mario Albertini, ont également un rôle important44. Il Federalista redevient publié exclusivement en italien en 1974 faute d’un nombre suffisant d’abonnés francophones. Autonomie fédéraliste informations et Le Journal du recensement sont, le premier, traduit en Italie et, le second aussi, par le jeune économiste lyonnais Bernard Barthalay45.
Bernard Lesfargues écrit divers textes pour la revue théorique, en particulier, début 1967, une importante analyse sur « Les Rencontres socialistes et la décolonisation de la France », dans laquelle il analyse une initiative de la « Nouvelle gauche », en particulier, du Parti Socialiste Unifié (PSU) dont il se sent proche. Il constate que « si le dogme sacrosaint de la république une et indivisible n’a pas été remis en cause, il n’en a pas moins reçu, depuis la Seconde Guerre mondiale, une série de bons vieux coups qui l’ont tout de même considérablement vidé de substance ». Il se réjouit que la mise en place d’un marché commun habitue l’opinion publique à l’idée de supranationalité et que le concept de « colonialisme intérieur » popularisé dès le début des années 60 par « des groupes minoritaires comme le Comité Occitan d’Études et d’Action46 (COEA) ou le Club breton des Bonnets rouges » soit « assimilé, affirmé et remarquablement développé dans la brochure de la Rencontre socialiste de Grenoble, au titre hautement suggestif : Décoloniser la province »47. Il regrette par contre « l’étrange absence » de la dimension européenne : « la plupart des membres de la Nouvelle gauche ont de la peine à concevoir un autre cadre […] que le national […]. Ils n’ont pas admis […] que la construction de la démocratie et du socialisme va de pair avec l’édification de l’Europe, […] nous parlons bien entendu d’une Europe fédérale ». En conclusion, il assène que les fédéralistes « seraient stupides de ne pas se lancer à corps perdu dans cette bataille pour laquelle ils sont mieux préparés que quiconque »48, le caractère timoré du MFE, et en particulier de ses amis italiens, sur le fédéralisme interne aux États le laissant parfois sur sa faim.
Bernard publie cinq autres articles dans LF, sur les langues régionales ou l’ethnisme49 et son amitié avec Robert Lafont permet la publication de son texte sur l’aliénation occitane50, de même que sa préface à l’ouvrage de Mario Albertini, L’État national51.
La (re)création de l’UEF Rhône-Alpes, mai 1968 et le Comité de liaison et d’action fédéraliste
Les contacts cordiaux entre dirigeants régionaux de La Fédération (Mouvement Fédéraliste Français, MFF) et du MFE aboutissent à leur réunification. Bernard Lesfargues et Albert M. Gordiani sont aux manœuvres52 et un congrès a lieu en octobre 1969 à Lyon53. Les structures communes se mettent en place, les équipes se marient et un bureau commun des Jeunes fédéralistes européens est désigné. Les niveaux nationaux des deux mouvements restent circonspects et la direction parisienne de La Fédération refusera plus tard l’accord européen validé en 1973 à Bruxelles sur l’initiative de l’Europa Union allemande (EU) et du Movimento Federalista Europeo (MFE) italien.
Après les événements de mai 1968, diverses personnalités publient dans Combat (07.06.1968) et Le Monde (08.06.1968) un « Appel en faveur d’une action fédéraliste » : André Jeanson (président de la Confédération Française Démocratique du Travail, CFDT), Henri Cartan (professeur à la Faculté des sciences de Paris), Jacques Monod (professeur au Collège de France), Laurent Schwartz (professeur à la Faculté des sciences de Paris)… Bernard Lesfargues est parmi les premiers signataires de même qu’une vingtaine d’autres membres du MFE ou du Centre international de formation européenne fondé par Alexandre Marc54, sans compter des régionalistes55. Le CLAF, « né pendant les événements de mai 1968 » se donne pour tâche « d’établir des rapports entre les différents groupes de travailleurs, d’universitaires, de militants régionalistes dont les revendications d’autonomie et d’autogestion convergent vers les idées fédéralistes » et publie, en 1969, un Manifeste56. En janvier 1969, le CLAF tient un colloque à Saint-Fons, dans la banlieue lyonnaise, « Pour une France fédérale », autour de trois rapports de : Robert Lafont (« découpage régional et pouvoirs régionaux »), Pierre Mandel de la CFDT (« organisations syndicales et pouvoirs régionaux ») et Franck Sérusclat, alors maire socialiste de Saint-Fons et futur sénateur, du MFE (« les régions et l’Europe »)57.
Durant les années 1960, est lancée la campagne supranationale des fédéralistes et du Mouvement européen international (MEI) pour l’élection de l’Assemblée européenne de Strasbourg (qui prend le nom de Parlement européen en 1972) au suffrage universel direct qui culmine avec la présentation au Sénat italien par le MFE italien d’un projet de loi « d’initiative populaire » signé par 65 000 citoyens. La campagne pour l’élection directe se poursuit jusqu’à la première élection européenne en 1979 et Bernard Lesfargues y prend toute sa part.
Avec les jeunes fédéralistes, principalement lyonnais, il organise une campagne pour le non au référendum du 23 avril 1972, décidé par Georges Pompidou, sur l’élargissement des communautés européennes, afin d’affirmer l’opposition des fédéralistes à toute perspective d’Europe confédérale ; il réalise au marqueur de grandes affiches type paperboard, « Il Pond Pidou », représentant un coq gaulois aux plumes tricolores et à tête pompidolienne annonçant que « à gauche, seuls les fédéralistes et les communistes votent Non ! » ; les relations avec certains fédéralistes lyonnais se tendent quelque peu. Questionné en marge du congrès de Nancy du MFEs, Mario Albertini avait préalablement donné son accord au principe de cette action.
Aux élections présidentielles des 5 et 19 mai 1974, à la suite du décès de Georges Pompidou, Bernard Lesfargues, comme une grande partie de l’UEF Rhône-Alpes, refuse le principe de toute candidature fédéraliste, celle de Guy Héraud au nom du Parti fédéraliste européen (PFE) et de quelques régionalistes, « parfois » de droite extrême, mais aussi celle pour le MFE France de son secrétaire général, avocat à Aix-en-Provence, Jean-Claude Sebag. Pour certains, l’opposition à l’entrée dans l’arène électorale s’explique par des raisons partisanes mais pour Bernard et les albertiniens la question est différente :
[…] L’histoire nous enseigne, et avec elle celle de l’Europe de l’après-guerre, que le destin historique des États-nations européens est d’être de plus en plus réactionnaires.
[…] Les fédéralistes doivent être le catalyseur de l’ensemble des forces politiques et sociales démocratiques, pour la création du rempart fédéral de la démocratie.
[…] C’est seulement en refusant de se laisser enferrer dans la lutte politique nationale que les fédéralistes pourront l’accomplir.
Ce n’est qu’en pratiquant la double opposition, de régime à la droite conservatrice et nationaliste, de communauté à l’État national bureaucratique et centralisé, qu’ils pourront maintenir leur autonomie et assurer leur rôle historique […].
Il est possible que dans l’isoloir, au premier tour, Bernard ait glissé dans l’urne un bulletin en faveur de l’écologiste René Dumon, la candidature de Robert Lafont (« candidat des minorités nationales ») ayant été écartée par le Conseil constitutionnel. Toujours est-il qu’il fait partie, avec Bernard Barthalay et de nombreux jeunes, de ceux qui estiment que le MFE, ayant été présent au 1er tour, doit s’engager pour le second tour et en faveur de François Mitterrand. Un comité de soutien des fédéralistes est créé et une lettre ouverte à François Mitterrand remise à Pierre Mauroy au meeting unitaire de la gauche à Lyon, le 15 mai 197458.
Bernard et ses contacts avec Guy Héraud, chantre de l’Europe des ethnies
Des courriers de Guy Héraud, professeur à l’université de Strasbourg et juriste engagé fortement dans la campagne du CPE, confirment l’intérêt de Bernard pour les langues régionales et le fédéralisme interne. Le premier réagit à une lettre aux Conseillers généraux concernant l’enseignement des langues régionales59 ; le second le remercie pour l’envoi d’un numéro de la revue littéraire Òc et d’une étude sur « la jeune poésie occitane »60 ; le troisième concerne principalement le pays basque mais aussi les réticences du MFE sur l’ethnisme :
Je reçois à l’instant votre lettre et vous remercie du service rendu à ENBATA. C’est un journal très bien fait, tout à fait dans nos vues ; et l’organe d’un parti créé l’été dernier. […]
On me demande instamment un article sur les Catalans politico-économico-culturel. Vous-même ou M. Bec ne voudraient pas l’écrire ? Enbata en prépare un sur Euskadi.
Marc, comme vous et moi, préconise une fédération des ethnies. Mais que d’oppositions parmi nos autres amis ! […] Tant et si bien que j’ai quelque scrupule à attirer Enbata au MFE. Si nous nous groupons, nous pourrons peut-être améliorer ce climat61.
Un autre courrier s’ouvre sur des articles demandées à Bernard Lesfargues sur la Catalogne et l’Occitanie, pour une revue dont Guy Héraud se présente comme l’un des « co-éditeurs »62, et la prochaine réunion du Comité central du MFE à Paris, où il compte sur le soutien de Bernard Lesfargues car « Vous savez que nous avons un projet de Charte où j’ai veillé à ce qu’on insère le droit des ethnies. […] Il faut trancher le nœud gordien et marquer au sein du MFE notre ligne propre que je résume en ces mots : Fédéralisme + ethnisme »63. Deux autres courriers, de 1965 et 1966, concernent l’intention d’un journaliste du Progrès (de Lyon) d’effectuer un reportage « sur les Basques en Espagne » et donnent les coordonnées du fédéraliste et journaliste Jacques Abeberry à Bayonne64. Le dernier courrier, de 1967, rappelle que :
Le Comité central du MFE, réuni à Paris les 1er et 2 juillet 1967 nous a désignés vous et moi, ainsi que cinq autres amis, pour composer une commission « chargée d’étudier le problème des minorités nationales en Europe et sa solution dans le cadre de la Fédération européenne, ainsi que de l’action que le MFE devra entreprendre en leur faveur ».
La Commission devant présenter un rapport à la prochaine réunion du Comité central, permettez-moi, qu’en tant que membre de celle-ci, de vous demander dans quelles conditions vous entendez la voir travailler […]65.
Dans le sixième numéro de Fdc.,début 1974, Bernard Lesfargues, animateur de l’UEF Rhône-Alpes et l’un des responsables du groupe lyonnais de Lutte Occitane (LOc), publie un long article en réponse à un dossier publié par ce groupe, « Le fédéralisme européen : pour quoi faire ? ». Il y critique de manière véhémente et argumentée l’ethnisme et le fédéralisme intégral, affirme son désintérêt pour le PFE de Héraud et argumente sa vision du fédéralisme constitutionnaliste, occitan, européen et mondial.
Je relis cette étude publiée dans le n° 12 de Lutte Occitane : « Le fédéralisme européen : pour quoi faire ? » et je consigne, à la diable, quelques-unes des réflexions qu’elle m’inspire.
En tant que membre du MFE, je ne discerne pas bien d’emblée en quoi cette charge contre le Parti fédéraliste européen et Poble d’Oc pourrait m’indisposer. […]
Par contre, ce que le rédacteur de Lutte Occitane ne dit pas, et d’ailleurs ne doit pas savoir, c’est que fédéraliste est une étiquette qui peut recouvrir des marchandises assez différentes. Il me semble qu’il en va de même pour marxiste, socialiste, etc. […]
Cela est évident dès le départ de l’article en question ; dans ce qu’on appelle les « antécédents » du fédéralisme, est mis en relief le manifeste de Maurras et Amouretti de 1892. C’est aller vite en besogne. Hamilton et Kant sont ainsi, avec d’autres, renvoyés au néant. Et plus avant, on ne trouvera pas un mot sur l’histoire contemporaine du fédéralisme (Manifeste de Ventotene, par exemple) […].
Ceci dit, je ne vois vraiment pas pourquoi je ne souscrirais pas à la plus grande partie des critiques formulées dans Lutte Occitane contre certain fédéralisme et un parti fantôme. J’ajouterai même du fédéralisme intégral qu’il ne m’intéresse pas, dans la mesure où je n’ai jamais bien compris ce que c’était.
[…] Mais je ne crois pas que le PFE ni le fédéralisme intégral doivent conduire à refuser de discuter sérieusement du fédéralisme et avec des fédéralistes. Que nous le voulions ou pas, nous Occitans, nous nous trouverons un jour en présence, concrètement, des problèmes que pose la malheureuse et risible unification (donc caricature d’unification) de l’Europe […].
Il faudrait bien aussi que nous nous demandions pourquoi l’État français, donc la bourgeoisie française, à la fois veut et ne veut pas d’unification européenne. […]
On pourrait également s’interroger sur ce qu’un commencement de démantèlement « par le haut » de l’État français libérerait de forces explosives. Pourquoi ne pas aider à plumer le coq français de quelques-unes de ses prérogatives ? Et si s’ensuivait une fissure dans le carcan napoléonien qui nous enserre ? […] Et j’ajoute [que c’est une] bataille à mon avis parallèle à celle qui vise à obtenir des Assemblées régionales élues au suffrage universel direct et un exécutif régional renvoyant le préfet aux orties.
Je ne dis pas – et pas un fédéraliste sérieux ne dira, si institutionnaliste soit-il – que lorsque les Assemblées régionales seront élues au suffrage universel, lorsque l’Assemblée européenne sera élue de même, on n’aura plus qu’à se tourner les pouces. Et je ne dis pas non plus que cela remplace les luttes sur le terrain. Je suis simplement (comme un simple que je suis) persuadé que l’État français est, pour des raisons contradictoires mais en pleine cohérence tout de même, aussi peu enclin à laisser gambader les minorités nationales qu’à se faire harakiri sur l’autel de l’Europe66.
Ces positions sont dans la logique des réunions de débat qui, sous l’égide de Bernard Lesfargues, ont réuni à Lyon des jeunes de Lutte occitane, en particulier Rotland Pecot et Joan-Luis Raccouchot, parfois Joan-Maria Auzias, avec des jeunes fédéralistes de Rhône-Alpes en 1969-7067. Bernard Lesfargues participe également plus tard à une table ronde organisée par la Jeunesse Européenne Fédéraliste (JEF) à Paris, « Les minorités nationales face à la construction d’une Europe fédérale (fédérale et autogestionnaire) »68.
Quelques années plus tard, lors d’une conversation à Église-Neuve-d’Issac, Bernard Lesfargues m’a dit qu’il aurait été, avant la mort de Franco, disposé à accueillir une cache d’armes de l’ETA, concluant que cela ne s’était pas fait pour une seule raison : personne ne le lui avait demandé. À côté de ce qui peut être considéré comme une preuve de radicalité, par contre, son militantisme occitan, au sein des Comités Vòlem Viure al País (VVAP) ou de Lutte Occitane, à Lyon, puis au Partit occitan, en Périgord, a toujours refusé une conception ethnique de l’Occitanie, et du fédéralisme, comme en atteste la trentaine d’articles qu’il a publié dans Fdc, de sa fondation (1973) au début des années 201069.
Mais son militantisme autonomiste n’a pas toujours été compris ni accepté au sein du MFE :
La plupart des fédéralistes voyaient assez mal d’être tout à la fois fédéraliste européen et autonomiste. Ce double positionnement était largement incompris à Lyon, mais peut-être encore plus en Italie. Nos amis Altiero Spinelli, et plus tard Mario Albertini, voyaient difficilement la liaison entre fédération européenne et fédéralisme interne. […]
À la marge des deux mouvements, fédéraliste et autonomiste, il avait pourtant existé, dans l’entre-deux guerres, un courant fédéraliste au sein du mouvement occitan, autour de Charles Camproux qui avait publié en 1935, Per lo camp occitan70, recueil d’articles parus dans diverses revues des années 1930. Camproux s’était par la suite engagé dans la Résistance. Mais ce courant était dans l’après-guerre de plus en plus marginalisé.
Parmi les fédéralistes européens, certains, comme Guy Héraud, ont progressivement évolué vers une conception ethnique du fédéralisme ; Héraud est, entre autres, devenu très proche de François Fontan, fondateur du très nationaliste Parti Nationaliste Occitan71.
LF paraît à nouveau en français (mais aussi en italien et en anglais) de 1984 à 1988, sur décision de Mario Albertini, vu la fin de la Guerre froide et le besoin de raviver les liens entre fédéralistes « européens » et « mondiaux ». Bernard Lesfargues et divers militants lyonnais participent à une réunion à Turin pour étudier les conditions de la relance et comment diffuser la revue hors d’Europe72. Mais Bernard, surtout après son retour en Dordogne, est toujours plus épaulé, puis remplacé par Jean-Luc Prevel (aussi secrétaire des Éditions fédérop), qui ne parle pas un traître mot d’italien mais a été formé à son école pour en devenir un excellent traducteur. Quand une nouvelle revue trimestrielle, The Federalist Debate / Le débat fédéraliste, alternant articles en français et en anglais est lancée à Pavie par Mario Albertini en 1988, Bernard Lesfargues ne va pas y jouer de rôle significatif73.
Bernard Lesfargues, la librairie puis les éditions fédérop
C’est à l’automne 1969 que je fais la connaissance de Bernard Lesfargues, par Danièle Menand (sa deuxième épouse) et Jean-Paul Cortada, mes professeurs d’Espagnol :
Tu m’es apparu en haut d’un escabeau, échevelé et couvert de plâtre, en train de repeindre le plafond du local qui allait quelques semaines plus tard devenir la Librairie Fédérop. Tu étais président du MFE régional mais aussi le responsable du groupe lyonnais de Lutte Occitane et ton double engagement [fédéraliste et occitaniste] nous a marqués pour la vie, en particulier Jean-Luc [Prevel] et moi74.
Du début des années 1970 au milieu des années 80, en plus de tes trop rares leçons de lecture en occitan, nous avons mené ensemble les campagnes du MFE puis de l’UEF, en particulier, celle victorieuse pour l’élection directe du Parlement Européen (PE), celle soutenant l’action d’Altiero Spinelli au sein de sa Commission constitutionnelle, dont il était rapporteur, et du Club du Crocodile fondé avec quelques députés fédéralistes75, celle pour la monnaie européenne, etc.76
Je ne m’attarde pas car plus le temps passait et plus Bernard Lesfargues était tenté par l’édition et de se consacrer à ses « travaux personnels », libéré de « cette lourde chaîne qu’est le MFE », comme il en avait émis le souhait vingt ans avant ; c’est-à-dire de se consacrer à son œuvre littéraire, de poète, de traducteur littéraire de l’Espagnol et toujours plus du Catalan, d’éditeur avant même, pour raisons personnelles et financières, à la suite des difficultés des éditions, de prendre une retraite anticipée en Périgord.
De fait, après la librairie (1969), où opérait son beau-frère Pierre-Gilles Flacsu ayant récemment quitté le MFE77, sont nées les éditions (1975) dont j’ai été avec eux deux le troisième co-fondateur78. Je m’étendrai peu ne voulant pas faire de doublon avec l’essai de Guy Latry79. Cependant, à ma demande, Bernard est revenu sur ce point :
La fondation des éditions, par Pierre-Gilles, toi et moi, n’a que partiellement été une aventure collective, car elle était avant tout une aventure personnelle, la reprise et la poursuite de ce que j’avais rêvé de faire en 1945 et 1946 avec Les Cahiers du triton bleu. Elle est pourtant aussi une aventure collective puisqu’elle n’a été envisageable qu’à partir du moment où nous avions construit avec la librairie une base solide et financièrement autonome. Nous avons aussi été rapidement rejoints par d’autres, les directeurs des différentes collections, Jean-Paul Cortada, Georges Valéro, Bruno Guichard, Bernard Barthalay (du MFE), puis Alain Kaiser et, un peu plus tard, Jean-Luc Prevel (lui aussi fédéraliste). Paradoxalement, la fondation des éditions a rapidement amené un certain désintérêt pour la librairie qui a malheureusement périclité jusqu’à sa cessation d’activité à la fin des années 8080.
Les textes de présentation des « éditions » et des collections dans lesquelles il s’est personnellement investi, « Textes fédéralistes », « Minorités nationales », « Paul Froment » et « Prose », ont été publiés dans Fdc., de même que celles des autres collections initiales ; ce qui montre à quel point la revue et ses animateurs se sentaient concernés par cette nouvelle aventure.
Bernard a aussi effectué de nombreuses traductions de l’italien. En premier lieu, Barthalay et moi pensons qu’il a traduit en 1962 les introductions d’Albertini dans l’anthologie Qu’est-ce que le fédéralisme ?81, voire l’essai « L’idée de nation » publié dans les Annales de philosophie politique, n° 8, Presses universitaires de France, 1969, p. 5-14. Certains écrits de Monnaie européenne et État fédéral, premier titre de « Textes fédéralistes »82, ont été son œuvre. Dans l’ouvrage de Rossolillo, Histoire et conscience révolutionnaire, il a traduit en urgence « Considérations sur l’essai sur Lénine de Lukács », la traduction de Barthalay lui ayant été volée avec sa serviette en gare de Milan83 ; dans Guido Montani, Le tiers-monde et l’unité européenne, il a traduit (avec Cortada) « L’expansion coloniale européenne et le processus de décolonisation », et, « Problèmes et perspectives du tiers-monde », et, seul, les introductions « Fédéralisme africain » et « L’Europe et le nouvel ordre économique et politique mondial », ainsi que « Détente et multipolarisme » (de Mario Albertini) et « Nouveau modèle de développement » (d’Altiero Spinelli)84.
Bernard Lesfargues a enfin relu les traductions de deux ouvrages de Lucio Levi, Crise de l’État national, firmes multinationales et mouvement ouvrier, ma première traduction ayant été aussi revue par Barthalay, et L’Internationalisme ne suffit pas. Internationalisme marxiste et fédéralisme traduit près de dix ans plus tard par Jean-Luc Prevel et moi85.
Bernard Lesfargues n’a jamais non plus rechigné, dans les années 1990 et au début des années 2000, à relire d’autres écrits fédéralistes, en particulier divers de mes essais, mon livreco-publié en 1997 par fédérop et l’Institut Altiero Spinelli d’études fédéralistes86 et d’autres textes.
La retraite, le retour en Périgord et l’engagement pour la défense du patrimoine linguistique comme architectural (1985-2018)
Bernard Lesfargues, en Périgord, est très éloigné de Lyon pour ne pas parler des amis italiens ; nos visites sont peu fréquentes. Jean-Luc Prevel et moi nous consacrons à Fdc et sommes impliqués dans la gestion de l’UEF et le rapprochement avec les fédéralistes mondiaux. Nous avons, pour nous « faire la main », créé, en partenariat avec l’Institut Spinelli, deux collections de brochures puis, au début des années 2010, avons décidé, après en avoir parlé avec Bernard, de proposer à fédérop (qu’il avait cédé en 1999 à Bernadette Paringaux et Jean-Paul Blot, deux amis) un partenariat qui nous a permis de publier ensemble trois ouvrages de 2012 à 2016 avant de reprendre deux collections (« Textes fédéralistes » et « Minorités nationales ») et de les intégrer à Presse fédéraliste. Bernard Lesfargues nous envoie de derniers articles, fait quelques traductions et nous republions certains de ses écrits plus anciens. Il reste un abonné et un ami fidèle mais se consacre désormais à d’autres priorités.
Bernard s’engage dans diverses associations locales, culturelles ou politiques ; lo Bornat, section périgourdine du Félibrige ; il participe épisodiquement à la rédaction de sa publication trimestrielle, Lo Bornat87. Il est aussi membre de Novelum, section périgourdine de l’IEO. Il est membre du Partit Occitan (POc). Avec quelques amis, dont Jean-Paul Blot (de fédérop) et surtout François Pontalier, il crée le Comitat de Bergerac du POc, dont les membres sont souvent issus de VVAP, fin 1988. Ce comité semble tombé en sommeil depuis, après avoir soutenu plusieurs candidatures de Pontalier aux municipales de Bergerac et aux législatives dans le cadre d’un accord avec les écologistes88.
Bernard se consacre aussi à la défense du patrimoine avec la création de deux associations : Wlgrin de Taillefer (pour la défense du patrimoine du pays de Villamblard), qu’il préside avant d’offrir à Catherine Paoletti de reprendre le flambeau, et Les Amis de la chapelle prieuriale de Tresseroux, aux Lèches, afin de sauver un joyau de l’art roman du XIIe siècle.
L’édito du numéro 1 de la revue Taillefer, daté de mai 1997, témoigne pourtant encore de ses convictions politiques.
Il me semble difficilement contestable qu’on abuse de certains mots : […] racines, identité, patrimoine […].
Le monde dans lequel nous vivons avance, parfois recule, reprend sa marche en avant, toujours cahotant, en direction d’une unité aussi désirée que crainte, aussi souhaitable que contestable. […] Qu’on la tienne pour utopique ou au contraire qu’on l’estime réalisable, l’unité du monde, même seulement envisagée, fait peur et l’angoisse nous étreint devant la plongée dans l’inconnu. […]
C’est pourquoi nous avons tous tendance à nous rétracter, à nous recroqueviller, à camper sur notre « pré carré », en rêvant d’un passé qui, en règle générale, nous semble avoir été meilleur que le présent dans lequel nous sommes forcés de vivre.
Non, nous ne nous enfermons pas ! Ne nous imposons pas des limites artificielles ! […] Loin de là ! Villamblard et son canton sont, Dieu merci ! Ouverts aux quatre vents qui soufflent des quatre coins du Périgord, de l’Occitanie, de la France, du monde entier.
Si nous aspirons à mieux connaître la terre où nous vivons – que nous y soyons nés ou pas, du moment que nous y habitons –, si nous tenons à préserver ses beautés et ses richesses et à les faire connaître, c’est parce que l’homme a impérativement besoin de se situer dans l’espace et dans le temps […]89.
Il est possible de reconnaître dans ce texte des valeurs du fédéralisme, l’harmonie et la complémentarité entre le local et l’universel, l’affirmation du « droit du sol ».
Et, au-delà de ce texte, j’en veux pour preuves les témoignages de ses amis périgourdins sur sa détresse après la victoire du Non au référendum sur le projet constitutionnel européen de 2005. Il a pris à ce moment conscience qu’il ne verrait pas de son vivant la Fédération européenne pour laquelle il avait combattu durant tant d’années.
C’est, du reste, ce qui ressort de son hommage à Albert M. Gordiani disparu avant lui.
En guise de conclusion, je veux citer le dernier texte que m’a remis Bernard Lesfargues, quelques mois avant sa disparition, près de vingt ans après l’avoir écrit, car il l’avait égaré puis oublié. Il s’agit de son hommage à Albert M. Gordiani, dont je trouve qu’il résume bien sa propre vie militante. Ce texte a été publié, par hasard, dans le même numéro de Fdc que mon hommage à Bernard après sa disparition et que celui de son ami l’écrivain catalan Alex Susanna90.
Un coup de fil de Jean-Francis ce matin (12 janvier 2001) m’apprend le décès de Gordiani. Albert Gordiani. Depuis de longues années nous ne nous voyions plus ; il était malade (diabète, Parkinson, etc…) et vivait reclus dans une maison médicalisée de Caluire, où il ne se plaisait pas du tout. Lui qui était infatigable au travail ne pouvait supporter l’enfermement, cette mort lente planifiée.
Lorsque nous avons fait connaissance, c’est peu de temps après ma nomination au lycée du Parc. Gordiani était fédéraliste, moi de même, mais il m’agaçait parce qu’il ne jurait que par (André) Voisin, fédéraliste certes, mais incorrigible homme de droite. Je ne dirais point qu’à cette époque j’étais vraiment un homme de gauche – je me cherchais encore – mais beaucoup des idées de Gordiani m’étaient insupportables. Et vice versa. Bref, Voisin pour l’un, Albertini ou Spinelli pour l’autre, on mesure la distance qu’il y avait entre lui et moi. Au cours des dernières années que j’ai passées à Lyon, Gordiani s’était en quelque sorte « dévoisiné » et on pouvait faire beaucoup de chemin ensemble en toute confiance. Moi aussi, j’évoluais, j’avais perdu de ma superbe ; finalement, j’ai été en mesure de composer avec Gordiani. Je dois cependant reconnaître que, lorsque nous nous sommes entendus, je me sentais de plus en plus attiré vers l’aventure, et l’aventure s’appelait Fédérop.
Gordiani est mort sans avoir vu sa profonde conviction fédéraliste et européenne l’emporter sur les tenants de l’État-nation, triste engeance qui, un temps vraiment trop bref, sembla être en pleine déconfiture. Moi aussi, je disparaitrai sans avoir vu le fédéralisme triompher et l’Europe s’ossifier. Soldats de causes perdues, voilà ce que nous sommes. Et sur notre tombe personne ne viendra jamais porter des fleurs91.
Bibliographie
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- Susanna Alex, « Mort Bernat Lesfargas, catalanòfil i europeista » (« Décès de Bernard Lesfargues, catalanophile et européiste »), Fdc., 48e année, n° 178, avril 2018, p. 65.
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- Vigier Philippe, Le Lys rouge et les royalistes à la Libération, Paris, Éditions du Camelot & de la Joyeuse Garde, 1994, 183 p.
Notes
* Le texte qui suit est une ébauche d’un travail centré sur Bernard et le fédéralisme, destiné à la collection « Textes fédéralistes », créée aux Éditions fédérop (Lyon, 1975) et reprise par Presse fédéraliste à fédérop (2016).
- Bernard Lesfargues, document conservé dans les archives familiales par son fils Bruno, désormais « Arch. FBL ». Certaines des mentions entre parenthèses sont de moi.
- Voir, à la fin de cet article, la table des sigles fournie par l’auteur.
- « Entretien avec Abel Bernard Lesfargues » par Jean-Francis Billion, Fédéchoses-pour le fédéralisme (Fdc.), n° 140, 35e année, juin 2008, p. 13-14.
- Voir Philippe Vigier, Le Lys rouge et les royalistes à la Libération, Paris, Éditions du Camelot & de la Joyeuse Garde, 1994.
- Bernard Lesfargues, Journal, « Six février 1945 », p. 69. Ce Journal, de 1943 à 1953, m’a été prêté par son épouse Michèle et son fils Bruno que je remercie de leur confiance. Sur le « socialisme monarchiste », voirPhilippe Vigier, op. cit., et Patrick Louis, Histoire des royalistes de la Libération à nos jours, Paris, éd. Jacques Grancher, 1994.
- Bernard Lesfargues, Journal…, op. cit., « Sept février 1945 », p. 69.
- Maurice Braud, « Socialisme et fédéralisme. L’expérience de La République Moderne (44-48) », Revue de la Bibliothèque nationale, n° 41, automne 1991, p. 30-43.
- Philippe Gardy, « L’Ase Negre avant L’Ase Negre (mars-juin 1946) : un chaînant manquant », Lengas, n° 81, 2017, [en ligne], https://doi.org/10.4000/lengas.1192 [consulté le 22 décembre 2022] ; et, Philippe Canales, « L’Ase Negre (1946-1949), première revue d’occitanisme politique d’après-guerre », Lengas, n° 74, 2014, [en ligne] https://doi.org/10.4000/lengas.600 [consulté le 22 décembre 2022].
- Voir UFF, Congrès national 1948 – Mouvements adhérents. Résolutions. Règlement intérieur, 1948 (arch. ABL).
- Altiero Spinelli et Ernesto Rossi, Le Manifeste de Ventotene et autres textes, Lyon, Presse fédéraliste (PF), coll. « Textes fédéralistes », 2016.
- Voir Robert Belot, Résistance et conscience européenne. Henri Frenay, de Gaulle et les communistes (1940-1947), Lyon, PF, coll. « Textes fédéralistes », 2021.
- Elles sont destinées à être à terme déposées par moi aux Archives Historiques de l’Union Européenne (AHUE) de Florence. Il ne faut pas les confondre avec celles conservées par sa famille (Arch. FBL).
- Lettre de Charles Camproux à Bernard Lesfargues [ma traduction] : « Montpellier le 10/10/48. Cher ami Lesfargues, je vous félicite de vous occuper de former un groupe fédéraliste occitan. Vous avez mon adhésion. Jean Bareth de la Fédération m’a écrit. Il dit de s’adresser à vous pour tout ce qui touche au fédéralisme occitaniste. Il serait bon que les occitans forment leurs groupes autonomes à l’intérieur des grands mouvements fédéralistes français et européens. Vous me semblez tout désigné pour diriger tout cela étant donnée votre position à Paris. De tout cœur. »
- Roger Barthe, L’idée latine, Toulouse, Institut d’Études Occitanes (IEO), 1962 [2e édition].
- Voir Bernard Lesfargues, « L’idée latine », in Occident, n° 4, avril 1951, [s. p.], dans le fonds Bernard Lesfargues du Centre Internacional de Recèrca e Documentacion Occitanas – Institut occitan de cultura (CIRDOC) de Béziers.
- Archives André Darteil, Archives Historiques de l’Union Européenne (AHUE), AD CPE 14, « Note concernant l’Action des fédéralistes dans la Région lyonnaise ».
- AHUE, AD CPE 8.
- Altiero Spinelli, Manifeste des fédéralistes européens – 1957, Gardonne, fédérop, coll. « Textes fédéralistes », 2012 ; en annexe : Jean-Pierre Gouzy, « Altiero Spinelli, les rapports entre le CPE et les mouvements fédéralistes en France », p. 123-133, Catherine Previti Allaire, « Le défi européen et fédéraliste d’Altiero Spinelli en France, Lyon, pilier du CPE », p. 135-150 et Jean-Francis Billion, « Le CPE, aperçu historique et actualité », p. 151-186.
- AHUE, AD CPE 9, « Appel aux Français du Comité provisoire du CPE pour l’action en France ».
- AHUE, AD CPE 9 ; arch. ABL. À noter une entrée, « Soustelle », dans Bernard Lesfargues, Pour de vrai, Coux-et-Bigaroque, Les Éditions du Perce-Oreille, 2022 ; ouvrage composé de textes en prose relativement récents, publié à l’initiative de son fils Bruno.
- Bernard Lesfargues, « Propos sur une bataille nécessairement perdue. », Peuple européen, éd. fr., 3e année, n° 1, février 1959 (Arch. ABL), [s. p.].
- AHUE, Fonds Altiero Spinelli, AS 0194, « Rapport sur l’action menée par les Fédéralistes européens depuis janvier 1956 ».
- Arch. ABL.
- Ibid.
- Bernard Lesfargues, « De Gaulle + Macmillan = ? », Peuple européen, éd. fr., 4e année, n° 9, septembre 1961, [s. p.].
- Bernard Lesfargues, « Les affaires des autres », Peuple européen, éd. fr., 4e année, n° 10, décembre 1961, [s. p.].
- Bernard Lesfargues, « De Darmstadt à Strasbourg. L’évolution de l’action des Fédéralistes européens en 1960 », et « Les travaux du Congrès de Strasbourg », Peuple européen, éd. fr. 4e année, n° 20, mars 1960, [s. p.].
- Bernard Lesfargues, « Lo sviluppo delle agitazioni sindicali spagnole ; più que una prova generale », Popolo europeo, éd. it., 5e année, n° 5, mars 1962, [s. p.] ; et « L’association éventuelle de l’Espagne à la CEE », Peuple européen, éd. fr., 5e année, n° 2, février-mars 1962, [s. p.].
- « Concluso con un impegno federalista il Convegno dei resistenti Europei a Cuneo. L’ampia partecipazione dei ‘maquis’ – Relazioni di Repaci, Lesfargues e Cabella », Popolo europeo, 3e année, n° 3, mars 1960, [s. p.] ; intervention de Bernard en français, rééditée in Fdc., 38e année, n° 153, septembre 2011, « De l’État-nation au fascisme. Séparer à tout jamais démocratie et nationalisme », p. 22-27 ; François Fontaine « … qu’on me montre que le progrès passe par ailleurs et j’abandonne l’Europe pour cette autre recherche, comme j’ai abandonné pour elle la passion nationaliste», dans Preuves. Cahiers pour la liberté de la culture, n° 80, octobre 1957, p. 13-19.
- Arch. AD, AHUE, AD CPE 14.
- Idem, AD 16.
- Arch. AS, AHUE, AS 108.
- Arch. ABL, programme de novembre 1963 à février 1964, dont Bernard Lesfargues, « L’unité culturelle de l’Europe ».
- Voir Catherine Previti Allaire, « Le défi européen… », op. cit.
- Bernard Lesfargues, « Il Congreso de Lione. Da una Francia invertebrata a un’Europa con la spina dorsale », Popolo europeo, éd. it., 5e année, n° 1, janvier 1962, [s. p.].
- Elio Cannillo, « hommage à Abel Bernard Lesfargues », in Fdc., 46e année, n° 179, août 2018, p. 63.
- Arch. Fondation Valeria et Mario Albertini (VMA), Pavie.
- « Fédéralisme intégral », école de pensée plus particulièrement représentée en France, héritière de la pensée de Proudhon et des écrits des personnalistes chrétiens et non conformistes des années 1930. Ils se sont souvent opposés aux fédéralistes dits « hamiltoniens » qu’ils estimaient « réducteurs » pour la priorité donnée aux aspects constitutionnels du fédéralisme plutôt qu’à des réformes de la société.
- Arch. ABL, lettre de Mario Albertini, Pavie, 20 avril1965.
- Arch. ABL, Paris, 4 mai 1965, Résumé de la réunion du 1er mai 1965.
- « Accord sur la complémentarité entre le Front et le Recensement. – Dissolution d’Autonomie fédéraliste », Autonomie fédéraliste informations, Arch. VMA.
- Voir Maurice Braud, « Mario Albertini, théoricien du fédéralisme », recension de Il Federalista (In riccordo di Mario Albertini), 59e année, n° 3, 2017, p. 219-291, dans L’Ours, – Mensuel socialiste de critique littéraire artistique culturelle, n° 488, mai 2019, p. 4.
- Entretiens avec Claire Auzias sur Jean-Marie Auzias et avec Roland Pécout, traducteur de l’occitan au français d’un texte de Robert Lafont (« Sur l’aliénation occcitane », paru dans Le Fédéraliste (LF), n° 2-3, novembre 1967, p. 107-138) ; et, début des années 1990, avec Jean-Paul Cortada.
- Elio Cannillo,« hommage à Abel Bernard Lesfargues », op. cit.
- Entretien avec Bernard Barthalay.
- Voir Jean-Paul Bringuier, « Le Comité occitan d’études et d’action (COEA) », dans Claire Toreilles (sous la dir. de), Robert Lafont. La haute conscience d’une histoire [actes du colloque organisé par Gardarem la Terra (Nîmes 2009)], Canet, Trabucaire, 2013, p. 63-78 ; avec six pages d’annexes, dont le Manifeste des écrivains occitans de 1962. L’auteur cite, le Bulletin de Lutte Occitane, n° 3, 1972, informant que le 17 janvier 1971, Bernard Lesfargues est élu à la présidence ; le secrétariat comprenant par ailleurs Jean-Marie Auzias. L’auteur indique que le COEA, fondé en 1962, ne disparaît pas mais se métamorphose en d’autres organisations (Lutte Occitane, plus tard Volem Viure Al País – VVAP…) et précise aussi que le « texte fondateur » de Lutte Occitane est disponible à Lyon, chez Bernard Lesfargues (p. 73) ; confirmant ainsi l’importance du rôle de Bernard dans l’occitanisme politique des décennies 1960 et 1970.
- Sur le colonialisme intérieur, voir entre autres Laurent Abrate, Occitanie 1900-1968. Des idées et des hommes. L’émergence et l’histoire de la revendication occitane, [Puylaurens], IEO Éditions ; Robert Lafont, « Le colonialisme intérieur », dans Robert Lafont, La Révolution régionaliste, Paris, Gallimard, coll. « Idées », 1967, p. 140-183 ; Gérard Tautil, Robert Lafont et l’occitanisme politique, Gardonne, fédérop, coll. « Minorités nationales », 2012.
- Les dernières citations sont extraites de LF, 9e année, n° 1, juin 1967, p. 1-7.
- « Max Richard, Après la révolution de mai, l’heure du fédéralisme, La Fédération – Mouvement fédéraliste français », LF, 9e année, n° 4, décembre 1967, p. 183-184 ; « Poesia catalana de protesta, Giuseppe Tavani (a cura di), Bari, éd. Laterza, 1968 », LF, 11e année, n° 1, mai 1969, p. 33-35 ; et un article, « Sur l’ethnisme » [sur deux écrits : François Fontan, La Nation occitane, ses frontières, ses régions, Bagnols-sur-Cèze, éd. Librairie occitane, 1969 et Guy Héraud, Qu’est-ce-que l’ethnisme ?, Nalinne-lez-Charleroi, I.J.D., 1967], LF, 11e année, n° 2, octobre 1969, p. 79-82.
- Robert Lafont, « Sur l’aliénation occitane », LF, 9e année, n° 2-3, novembre 1967, p. 107-138.
- Mario Albertini, L’État national, préface de Robert Lafont, Lyon, fédérop, coll. « Textes fédéralistes », 1978.
- Il y a de très nombreux documents, non exploités ici à ce jour, dans le fonds Albert M. Gordiani aux AHUE.
- Arch. ABL, UEF Région Rhône-Alpes, 1er Congrès régional : samedi 11 octobre 1969.
- Henri Cartan, Guy Héraud, Claude Marcel Hytte, Alexandre Marc, Jean-Claude Sebag… ; sans compter trois des principaux signataires, Henri Cartan futur président du MFE, Alfred Kastler et Laurent Schwartz, membres du Comité d’honneur du MFE France.
- Robert Lafont, Ramuntxo Camblong, responsable basque du mouvement nationaliste Enbata, Grop Laic des Ensenhaires Provençaus, section de Grenoble de la Jeunesse étudiante bretonne, Morvan Lebesque du Canard Enchaîné, Yann Poilvet de La Vie bretonne et l’écrivain occitan Jòrgi Reboul.
- Archi. ABL, Appel, courriers et Manifeste du CLAF.
- Voir Fédéralisme européen, 11e année, n° 1-2, janvier-février 1969, arch. ABL.
- Voir Fdc., 2e année, n° 7, 3e trimestre 1974, éditorial « Le Mouvement fédéraliste européen pour quoi faire ? », p. 3-4 ;« Pourquoi Mitterrand ? », p. 24 ; « Lettre ouverte à François Mitterrand », Lyon, 15 mai 1974, p. 25-27.
- Arch. ABL, lettre de Guy Héraud à Bernard Lesfargues, Strasbourg, 11 décembre 1959.
- Ibid., lettre de Guy Héraud à Bernard Lesfargues, Strasbourg, 15 avril 1961.
- Ibid., lettre de Guy Héraud à Bernard Lesfargues, 05 septembre 1962.
- Probablement, Europa ethnica, aujourd’hui éditée à Vienne en Autriche, dont deux numéros sont dans les fonds du CIRDOC ; le n° 1 de 1991, citant Guy Héraud parmi les « editors » de la revue et contenant un article et une recension de livre de lui.
- Arch. ABL, lettre de Guy Héraud à Bernard Lesfargues, 05 octobre 1962.
- Ibid., lettre de Guy Héraud à Bernard Lesfargues, 22 février 1965.
- Ibid., lettre de Guy Héraud à Bernard Lesfargues, 22 septembre 1967.
- Bernard Lesfargues, « Notes d’un sectateur de la grue métaphysique », in Fdc., 2e année, n° 6, juin 1974, p. 26-27.
- Seules autres traces écrites en ma possession à ce jour des activités occitanistes de Bernard à Lyon : « “L’Occitanie” une conférence de MM. Auzias et Lesfargues » dans Le Progrès du 07 décembre 1969, [s. p.], fonds Bernard Lesfargues du CIRDOC de Béziers ; dans le domaine littéraire, son rôle moteur dans la publication d’un numéro bilingue de la revue de poésie lyonnaise Verso (1977-…), n° 8, septembre 1978, Un numéro spécial bilingue : six poètes occitans de Lyon (Joan-Maria Auzias, Raymond Busquet, Jacques Raymond Pouységur, Bernard Lesfargues, Claudia Galibert et Annie Salager) ; au plan politique, des documents non encore exploités des fonds COEA ou de Lutte occitane du CIRDOC.
- Fdc., 2e année, n° 6, op. cit.
- De« Au sujet du Larzac – Les fédéralistes et le Larzac », 1e année, n° 1, juin 1973, p. 13-15 (numéro sans n° de pages) à « Hommage à Albert Gordiani », 46e année, n° 178, mars 2018, p. 66. L’intégralité de la revue sera en ligne sur www.pressefederaliste.eu fin 2023 ; des numéros sont disponibles dans le fonds Robert Lafont du CIRDOC.
- Charles Camproux, Per lo camp occitan, Narbonne, Lombard, 1935.
- « Entretien avec Abel Bernard Lesfargues » par Jean-Francis Billion, op. cit.
- Voir l’éditorial de Le Fédéraliste, « Vers un gouvernement mondial », 26e année, n° 1, 1984, p. 3-8.
- Depuis 1999, la revue The Federalist Debate, sous la direction de Lucio Levi, est éditée en anglais à Turin et collabore largement avec Fdc.
- Jean-Francis Billion, « Hommage à Abel Bernard Lesfargues, décédé le 23 février 2018 en Périgord, auteur et poète, traducteur, éditeur et militant fédéraliste », Fdc., 48e année, n° 178, avril 2018, p. 67-68.
- Voir Virgilio Dastoli, « Spinelli et le crocodile : hier, aujourd’hui et demain », et, Hervé Moritz, « Le Club du crocodile. Une coalition pour un Parlement constituant », Fdc., 47e année, n° 186, septembre 2020, p. 37-38 et p. 35-37.
- Voir« Annexe. Soixante-dix ans de campagnes fédéralistes pour une Europe unie et fédérale », dans Jean-Francis Billion, Wilfried Loth, Jean-Pierre Gouzy, Daniela Preda, Angelica Radicchi, Fabio Zucca, Les fédéralistes en Europe des années 1930 à la fondation de l’Union européenne des fédéralistes (Paris 6 décembre 1946), Lyon, PF, coll. « Textes fédéralistes », 2018, p. 145-186.
- Jeunes du MFE, Secrétariat général, Compte-rendu du Bureau européen des jeunes à Milan, le 4 octobre 1969. Arch. ABL.
- Deux des six collections originales concernaient plus particulièrement les fédéralistes : « Textes fédéralistes », fondée par Bernard Barthalay et « Minorités nationales », fondée par Bernard Lesfargues et Jean-Paul Cortada.
- Dans ce même volume, la contribution de Guy Latry.
- « Entretien avec Bernard Lesfargues », par Jean-Francis Billion, op. cit.
- Mario Albertini, Qu’est-ce que le fédéralisme ? Recueils de textes choisis et annotés, Paris, SEDEI, 1962 ; Nouvelle édition complétée et annoncée dans la collection « Textes fédéralistes » de Presse Fédéraliste (PF) pour début 2024, sous le titre « Fédéralisme Anthologie et définition ».
- Mario Albertini, Alberto Majocchi, Guido Montani, Domenico Moro et Dario Velo, Monnaie européenne et État fédéral, Lyon, fédérop, coll. « Textes fédéralistes », 1975 ; certains des essais, repris de LF, ont dû être traduits par Bernard (entretien avec Bernard Barthalay).
- Francesco Rossolillo, Histoire et conscience révolutionnaire, Lyon, fédérop, coll. « Textes fédéralistes », 1977.
- Guido Montani, Le tiers-monde et l’unité européenne, Lyon, fédérop, coll. « Textes fédéralistes », 1982.
- Lucio Levi, Crise de l’État national, firmes multinationales et mouvement ouvrier, Lyon, fédérop, coll. « Textes fédéralistes », 1977, et L’internationalisme ne suffit pas. Internationalisme marxiste et fédéralisme, Lyon, fédérop, coll. « Textes fédéralistes », 1984.
- Jean-Francis Billion, Mondialisme, fédéralisme européen et démocratie internationale, Église-Neuve-d’Issac, fédérop et Ventotene, Institut Altiero Spinelli d’études fédéralistes, coll. « Textes fédéralistes », 1997.
- La ruche, en français. Voir Jean-Claude Dugros, majoral du Félibrige, « Hommage à Bernard Lesfargues – Conférence félibrée de Périgueux », in Lo Bornat, n° 4 de 2019, p. 9-13.
- Entretien avec François Pontalier.
- Abel Bernard Lesfargues, « Mots du président de l’Association Taillefer », Taillefer, n° 1, mai 1997, p. 1 (hors couverture).
- Jean-Francis Billion, « Hommage à Abel Bernard Lesfargues », et, Alex Susanna, « Mort Bernat Lesfargas, catalanòfil i europeista » (« Décès de Bernard Lesfargues, catalanophile et européiste »), in Fdc., n° 178, op. cit.
- Bernard Lesfargues, « Hommage à Albert Gordiani », in Fdc., 46e année, n° 178, op. cit.