Le titre de cette nouvelle suggère qu’elle rapporte un fait divers banal, une rixe qui s’est déroulée lors d’une fête de village, comme il y en a tant. Elle témoigne en réalité de l’intolérance dont peut faire preuve toute une communauté à l’égard d’une femme dès lors qu’elle est différente. Liboria vient d’ailleurs et se coiffe différemment des femmes du village : cela lui sera presque fatal.
Les expressions/les culturèmes
El señor maestrescuela de la catedral de Toledo : la traduction littérale du terme en français serait « écolâtre » (clerc dirigeant l’école du chapitre d’une abbaye ou d’une cathédrale) ou « capiscol » (membre d’un chapitre chargé de la direction d’une école cathédrale). On a opté pour « chanoine », plus courant, bien que correspondant à une réalité différente (dignitaire ecclésiastique faisant partie du chapitre d’une cathédrale, d’une collégiale ou d’une basilique). Il s’agit donc, en toute rigueur, d’une généralisation.
Posada/Mesón : ces deux termes recouvrent une même réalité (des lieux qui offrent le gîte et le couvert), aussi ont-ils été traduits tous deux par le seul et unique « auberge ».
Les expressions/les culturèmes
El señor maestrescuela de la catedral de Toledo : la traduction littérale du terme en français serait « écolâtre » (clerc dirigeant l’école du chapitre d’une abbaye ou d’une cathédrale) ou « capiscol » (membre d’un chapitre chargé de la direction d’une école cathédrale). On a opté pour « chanoine », plus courant, bien que correspondant à une réalité différente (dignitaire ecclésiastique faisant partie du chapitre d’une cathédrale, d’une collégiale ou d’une basilique). Il s’agit donc, en toute rigueur, d’une généralisation.
Posada/Mesón : ces deux termes recouvrent une même réalité (des lieux qui offrent le gîte et le couvert), aussi ont-ils été traduits tous deux par le seul et unique « auberge ».
Les dialogues
Les dialogues mettent en évidence l’origine sociale très modeste des principaux personnages (Liboria et Tomás Cachopa, son agresseur), à travers des vulgarismes lexicaux et syntaxiques comme en témoigne cette réplique de Liboria :
– Con quién quieren ustés que me junte, amos a ver, si tos me huyen como si tuviese «la cólera». [Con quién quieren ustedes que me junte, vamos a ver, si todos me huyen como si tuviese el cólera.]
Dans ce passage, on observe des abrègements (ustés, amos, tos), un marqueur discursif (amos a ver) et un vulgarisme lexical (la cólera). Dans le texte cible, on a utilisé également des abrègements (« j’peux », « l’monde », etc.), des vulgarismes lexicaux et syntaxiques (« ben », « qui que »), des marqueurs discursifs (« Et alors ») et on propose de traduire la cólera par un barbarisme : « le cholérate », basé sur le suffixe -ate qui renvoie à une série de composés chimiques, dont le très commun bicarbonate : – Et alors, qui que j’peux ben fréquenter ici ? Dites-le-moi parc’que tout l’monde y me fuit comme si j’avais « le cholérate » !
Pour l’ensemble des dialogues, différentes stratégies de variation et de compensation ont été utilisées en français :
– l’abrègement ou l’omission de certains phonèmes, marquée par l’emploi d’une apostrophe, dans de nombreux mots (« j’voulais », « pauv’ », etc.) ;
– la suppression systématique du « ne » dans la négation ;
– la suppression du sujet verbal (« peut plus plaisanter »).
Ces choix permettent de refléter l’oralité et l’origine sociale des personnages (variations diastratiques), plus que leur origine géographique (variations diatopiques).
Par ailleurs, on constate que l’usage de l’italique et des guillemets est problématique dans cette nouvelle car ils entrent en concurrence pour signaler des vulgarismes ou du discours rapporté (« chicas », « forastera », « Marisapo »). Malgré un certain manque de clarté, ces différents usages ont été reproduits.
Les noms propres/les surnoms
Marisapo : c’est le surnom que les habitants du village ont donné à l’amie de Liboria ; il est traduit littéralement, « Marie-crapaude », sans majuscule pour « crapaude », pour souligner le mépris dont elle fait l’objet comme en témoigne son surnom.
En el pueblo
Desde que habían tomado aquella criada, los esposos no podían evitar cierta inquietud, que se comunicaban en frases embozadas y agoreras, en alusiones intencionales y hasta, sin necesidad de palabreo, con un enarcar de cejas o un leve guiño.
Dans nos campagnes
Depuis qu’elle était entrée à leur service, les époux ressentaient une certaine inquiétude, qui s’exprimait tantôt par des phrases énigmatiques et sinistres, tantôt par des allusions intentionnelles et, parfois même, sans le moindre mot : un simple haussement de sourcil ou un léger clin d’œil suffisait.
¿Qué tenía de particular la Liboria para que se justificase tal impresión? Ahí está lo raro: mirándolo bien, nada. Era una zagalona de veintidós a veintitrés años, de buenas carnes y ojinegra, que había venido recomendada por el señor maestrescuela
de la catedral de Toledo; porque en el pueblo casi no se encontraba servicio, y además las «chicas» parecían hechas de corteza de alcornoque, y ni tenían idea de cómo se enhebra la aguja. Los amos de Liboria debían, eso sí, confesarlo: era modosa, en el coser revelaba la enseñanza de las monjitas. Cogía de un modo invisible los puntos de las medias, y hacía con el ganchillo tapetes, colchas y respaldos de sillón, que daban gozo. Guisaba medianamente platos de cocina pobre, sin malicia, pero sartenes y cazos relucían de limpieza, lo cual, dígase lo que se diga, no deja de contribuir a despertar el apetito. De manera que, en suma, la sirviente cumplía su obligación como ninguna de sus predecesoras la había cumplido jamás. Don Lucas, el amo, farmacéutico con pujos de ilustración, no acertaba a negarlo; pero doña Flora, su mujer, mantenía en él la escama, la desconfianza indefinible. No pudiendo dar otras razones, sostenía los principios de esa endogamia que de pueblo a pueblo se mantiene viva, como en los tiempos de las tribus.
Qu’avait donc de si particulier cette Liboria pour susciter une telle réaction ? C’est là tout le mystère car, à bien y regarder, rien ne clochait. C’était une grande fille aux yeux noirs de vingt-deux ou vingt-trois ans, bien en chair, qui s’était présentée sur recommandation d’un chanoine de la cathédrale de Tolède. Il est vrai qu’il n’y avait pratiquement personne au village pour effectuer ce genre de tâches, sans compter que les « filles » étaient de vraies chiffes molles, incapables d’enfiler le moindre fil à une aiguille. Les maîtres de Liboria devaient bien se l’avouer : elle était soigneuse et douée pour la couture, grâce à l’enseignement des sœurs. Elle reprisait comme si de rien n’était les mailles des bas et réalisait au crochet des napperons, des couvertures et des appuie-têtes qui faisaient plaisir à voir. C’était une cuisinière ordinaire, qui préparait des plats simples, sans prétention, mais poêles et casseroles brillaient comme des sous neufs, ce qui, quoi qu’on en dise, met l’eau à la bouche. En un mot, cette domestique accomplissait son travail comme personne d’autre avant elle. Son maître, don Lucas, pharmacien éclairé, ne pouvait le nier. Mais son épouse, doña Flora, le poussait insidieusement à la méfiance et à la suspicion. Sans motif réel, elle perpétuait les principes de l’endogamie bien ancrée dans chaque village, comme au temps des cavernes.
–No es deaquí. ¡Eso hay que mirarlo, hijo! Debimos pensarlo.
–Elle n’est pas de chez nous ! Il ne faut pas l’oublier, mon ami ! On aurait dû y penser !
La prevención contra «la forastera» no aparecía manifiesta solamente en sus amos: La Liboria trataba inútilmente de congraciarse con la juventud pueblerina, buscando amigas, sin hallarlas. Reuníase solamente los días de salida con una sirvienta de la única y fementida posada
que existía en el pueblo, forastera también; hasta se sospechaba, con terror, que de Madrid pudiese haber procedido, aunque ella lo negaba, prefiriendo conservar el misterio de su pasado… ¡cualquiera sabe! Los amos de Liboria le prohibieron juntarse con la equívoca moza de mesón
; ella respondió algo muy natural:
Les soupçons vis-à-vis de « l’étrangère » ne se limitaient pas à ses maîtres : Liboria cherchait à s’attirer la sympathie des jeunes filles du village et à se lier d’amitié avec elles, sans jamais y parvenir. Les jours de repos, elle retrouvait une autre servante, elle aussi étrangère, qui travaillait dans l’unique auberge du village, plutôt malfamée. Tous tremblaient à l’idée qu’elle vienne de Madrid mais elle le niait et préférait garder intact le mystère de ses origines. Peu importe ! Les maîtres de Liboria lui interdirent de fréquenter cette jeune fille suspecte. Elle répondit alors sur un ton naturel :
– Et alors, qui que j’peux ben fréquenter ici ? Dites-le-moi parc’que tout l’monde y me fuit comme si j’avais « le cholérate » !
La amistad con «Marisapo»
, desagradable y hostil mote puesto a la del mesón, a causa sin duda de su estatura rebajuela y su hechura ancha, con brazos cortos, fue estrechándose, y Liboria se adaptó a la influencia de su única amiga. Poco a poco, ya con ironías y timos aprendidos de algunos huéspedes que en su rápido paso dejaban sembrado el escepticismo burdo que profesaban ya acaso con lecciones hijas de la dura experiencia, la «Marisapo» fue descubriendo a Liboria horizontes no sospechados quizás. ¡Bien tonta era en perder su juventud, que no vuelve! ¡En comenzando a picarse las muelas y a salir canas, adiós lo bueno! Para cuatro días que se vive, ¿qué mal hay en divertirse un rato, sin hacer daño a nadie? Total: era cada quince días cuando daban permiso a su criada los farmacéuticos. Aquel tiempo era suyo; bien ganado lo tenía. ¿Por qué no ir al salón de baile, a matar un rato?
Son amitié avec « Marie-crapaude », surnom désagréable et malveillant que cette dernière devait sûrement à sa petite taille, son corps massif et ses bras courts, se consolida. Et Liboria suivit les pas de sa seule et unique amie. Peu à peu, l’ironie et les subterfuges que « Maire-crapaude » avait appris du scepticisme vulgaire de certains clients de passage, sans doute endurcis par la vie, semèrent le doute dans l’esprit de Liboria qui découvrit grâce à son amie des horizons jusqu’ici inconnus. Elle était bien bête de gâcher sa jeunesse, qui filait à toute allure ! Dès les premières rages de dents et les premiers cheveux blancs, c’en est fini ! La vie est si courte, quel mal y a-t-il à se faire plaisir sans nuire à personne ? Bref. Tous les quinze jours, le couple de pharmaciens octroyait du repos à Liboria. Ce temps lui appartenait, elle le méritait bien. Alors, pourquoi ne pas aller au bal et s’amuser un peu ?
Quedó convenido para el domingo próximo. Desde el viernes, Liboria no sosegaba. Los preparativos de atavío y peinado adquirían proporciones de suceso capital. En una escapatoria logró comprar una tenacilla. Polvos de arroz, se los facilitó Marisapo, eran obsequio de un comisionista galante. Repasó minuciosamente su mejor vestidillo de lana negra, y con el betún del señor sacó brillo a sus zapatos. Poseía una cadena de vidrio y perlas falsas, y, llegada la hora, se la colgaría. Con la tenacilla hizo asombros. Onduló su pelo como hiciera un peluquero, no sin haberse recortado antes un flequillo, que atusó con pomada. Un perfume barato y almizclado impregnó sus manos y su cuerpo. Dos calabazas de coral, única joya de su joyero, se columpiaban en sus orejas rellenitas, pletóricas de sangre joven. Ante la rota luna que colgaba en la falleba de la ventana de la cocina, por no tener en su alcoba suficiente luz, sonrió a su imagen, barnizada de frescura, con la nota carminosa de los labios, turgentes de savia como un capullo de rosa colorá. Todo en ella quería alborotarse, quería la expansión de mocedad verde y golosa de los sabores del vivir. Y cuando una mujer, siente tal instinto, gana un relucir especial de hermosura. Parece como si la alumbrasen por dentro luminarias de alegría. Los pies le bailaban anticipadamente a la moza, cuando salió a la calle en busca de su compañera.
Le rendez-vous fut fixé au dimanche suivant. Dès le vendredi, Liboria était tout excitée. Les préparatifs de sa tenue et de sa coiffure prirent des allures d’évènement capital. Lors d’une sortie, elle parvint à acheter un fer à friser. Marie-crapaude lui fournit de la poudre de riz, présent d’un galant commissionnaire. Elle inspecta minutieusement sa plus belle robe de laine noire et fit briller ses chaussures à l’aide du cirage de son maître. Elle avait un collier de perles de verre, qu’elle porterait le moment venu. Elle fit des merveilles avec son fer à friser. Elle cranta ses cheveux comme nul autre coiffeur, après avoir coupé sa frange qu’elle lissa avec de la bandoline. Elle imprégna ses mains et son corps d’un parfum musqué bon marché. Deux morceaux de corail, seul bijou qu’elle possédait, se balançaient à ses oreilles charnues, innervées de sang frais. Face au miroir ébréché qui pendait à la poignée de la fenêtre de la cuisine, faute de lumière dans sa chambre, elle sourit à son reflet, débordant de jeunesse, les lèvres carminées, gorgées de sève, tout pareil qu’un bouton de rose écarlate. Son être n’était qu’exaltation, elle voulait goûter sans retenue aux plaisirs de la vie. Lorsqu’une femme ressent une telle ardeur, sa beauté n’en est que plus irrésistible. On aurait dit que des feux de joie l’éclairaient de l’intérieur. Ses pieds dansaient déjà lorsqu’elle sortit dans la rue à la rencontre de son amie.
–¿Voy bien? –interrogó, buscando el primer halago–. La respuesta de la de la fonda fue juntar en la boca todos los dedos de la mano derecha, y separarlos bruscamente.
– Comment tu m’trouves ? demanda-t-elle, dans l’attente d’un premier compliment. Pour seule réponse, son amie fit un geste enthousiaste de la main.
Al entrar en el salón, donde hacía un calor insoportable y flotaba un vaho de cuerpos humanos espeso y mareante, algunos hombres, entre ellos dos huéspedes de la fonda, jaraneros y corridos, acogieron a la forastera con una gran granizada de piropos, que la pusieron carmesí, mitad de orgullo y mitad de vergüenza. Marisapo, riendo, le pellizcaba, para indicar que no se aturullase, que allí estaba ella.
En entrant dans la salle de bal, surchauffée et imprégnée d’effluves corporels écoeurants, un groupe d’hommes, dont deux clients de l’auberge, réputés coureurs de jupons, accueillirent l’étrangère sous un déluge de compliments ; à la fois fière et honteuse, elle s’empourpra. Marie-crapaude riait tout en la pinçant, pour l’apaiser et la rassurer.
Un sordo rumor corría ya entre las mozas del pueblo, agrupadas en uno de los costados del salón, sobre una fila de banquetas mugrientas; adquiridas por el empresario en el saldo de muebles de deshecho de un café.
Une sourde rumeur courait déjà parmi les jeunes filles du village qui s’étaient regroupées dans un coin du salon, autour de plusieurs banquettes crasseuses, achetées par le propriétaire lors de la liquidation d’un café.
No gritaban: cuchicheaban apasionadamente, ahogaban risitas mofadoras. Secreteando, se cogían la boca como para ahogar la carcajada, que sale espurriante, y lanzaban miradillas de reojo al racimo de mozos, que, fronteros, sin haber soltado sus garrotas y cachavas, permanecían de pie, mudos y amenazadores. ¿Amenazar? ¿A quién? Sin duda a los de fuera… El viejo rito de la olvidada organización tribal, atávica, de la cual no tenían el más leve conocimiento reflexivo, remanecía, salía de las obscuridades de la subconciencia como impulso voluntario. ¿Qué venía a buscar en el baile, entre las mozas de la localidad, con sus collares de brillo? ¿Por qué las provocaba presentándose con otro adorno, con otro peinado no visto nunca? ¿Por qué echaba de sí un olor a botica o a especias, que hacía estornudar? ¿Por qué le colgaban sobre los ojos aquellas cortinas de pelo? El flequillo, sobre todo el flequillo les causaba una malsana excitación, de ira sensual. ¡Vaya con la provocativa! ¡No se había de arreglar como toas, con su rodete!
Elles ne criaient pas : au contraire, elles chuchotaient passionnément et étouffaient de petits rires moqueurs. Tout en faisant des messes basses, elles couvraient leur bouche comme pour réprimer un éclat de rire irrésistible ; elles lançaient des regards furtifs vers le groupe des hommes qui, face à elles, le bâton et la canne toujours à la main, restaient debout, muets et menaçants. Menaçants ? Envers qui ? Sans doute envers les étrangers… Le vieux rite d’une organisation tribale ancestrale et oubliée, dont ils n’avaient pas la moindre idée, refaisait surface et sortait des ténèbres du subconscient, tel un élan vital. Qu’est-ce qu’elle venait faire ici celle-là, parmi les filles du village, avec ses colliers étincelants ? Pourquoi les provoquait-elle en s’affichant avec une tenue et une coiffure qu’on n’avait jamais vues au village ? Pourquoi dégageait-elle cette odeur de pharmacie ou d’épices qui faisait éternuer ? Pourquoi cette masse de cheveux lui barrait-elle le regard ? Cette frange, oui, cette frange les excitait terriblement et les obsédait. Quelle provocation ! Elle ne pouvait pas attacher sa tignasse, comme les autres ?
El más enfurecido, Tomás Cachopa, el carretero, sugirió sombríamente:
Le garçon le plus déchaîné, Tomás Cachopa, le charretier, proposa alors sournoisement :
–Había que esquilarla como a las mulas y a los carneros. ¡Veríais si se le abajaban los humos!
– Et si on la tondait comme une mule ou un mouton ! Ça la calmerait un peu !
La idea prendió en la imaginación de los mozos. ¡Sería divertido lo de la esquiladura! Sólo que allí no tenían tijeras, ¡corcho! ¡Qué lástima!
L’idée fit mouche dans la tête des autres garçons. La tondre ? En voilà une bonne idée ! Mais ils n’avaient pas de ciseaux sur eux. Mince, quel dommage !
Tomás, a la descuidada buscaba algo en la faltriquera. Una navaja vale como las tijeras mejores; y no es menester ser pastor para saber esquilar.
Tomás chercha négligemment quelque chose dans sa poche. Un couteau vaut bien une paire de ciseaux et pas besoin d’être berger pour savoir tondre.
Las mozas alborotadas con la complicidad de los mozos, se hacían señas, esperaban preparadas, con la emoción de lo que iba a suceder. La música tocaba de un modo agrio y estridente; pero nadie se arrancaba a bailar. Uno de los huéspedes de la posada, tratante en vinos, había sacado hacía rato a Liboria; pero Marisapo, experta y ya alarmada, deslizó una observación al oído del hombre, y éste retrocedió.
Les jeunes filles surexcitées, de mèche avec les garçons, se faisaient des signes et attendaient impatientes de voir ce qui allait se passer. La musique résonnait, aigre et stridente, mais personne n’osait danser. Un client de l’auberge, négociant en vin, avait bien essayé d’inviter Liboria mais Marie-crapaude, observatrice et déjà sur ses gardes, lui avait glissé une remarque au creux de l’oreille et il avait renoncé.
–Cuidao… están de malas… Cachopa es muy bruto…
– Prenez garde… Ils sont déchaînés ! Cachopa est une vraie brute…
Los claveles de las mejillas de Liboria se convirtieron en palidez de arcilla. Comprendió que pasaba algo gordo.
Les joues enflammées de Liboria devinrent aussi pâles qu’un linceul. Elle comprit que la situation allait dégénérer.
–Vámonos, María, suplicó con angustia.
– Partons, María, implora-t-elle, toute angoissée.
El carretero venía ya hacia ella, empalmada la navaja. Agarrar el moño, un corte al sesgo y, ¡zas!, se vería lo que quedaba del peinado insolente, insultador para las otras muchachas. Se abalanzó, blandiendo la hoja reluciente. Liboria, con un chillido agudo, instintivamente se defendió con el brazo, y la sangre brotó, empapando la tela del vestido: el arma había penetrado hasta el hueso.
Le charretier s’approchait d’elle maintenant, le couteau à la main. Attraper son chignon, l’entailler et, paf ! On verrait bien ce qui resterait de cette coiffure provocante, insultante pour les autres jeunes filles. Il se jeta sur elle, en brandissant la lame luisante. Liboria émit un cri aigu et se défendit instinctivement avec son bras : le sang gicla et tacha sa robe. L’arme avait pénétré jusqu’à l’os.
Cayó al suelo desvanecida de terror y dolor. Hubo una reacción: dos o tres se arrojaron a sujetar al culpable, que, estúpidamente, sin soltar la navaja, repetía:
Elle tomba à terre, évanouie sous l’effet de la terreur et de la douleur. Parmi l’assemblée, deux ou trois personnes immobilisèrent le coupable qui, bêtement, sans lâcher le couteau, répétait :
–Si era pa esquilala, ¡corcho! ¡Pa esquilala no más!
– Mais j’voulais la tondre, bon sang ! Juste la tondre, rien de plus !
Los huéspedes de la fonda, atemorizados, habían desaparecido. Y sólo Marisapo, valerosa, furiosa, increpaba, arrodillada en el suelo al lado de la desmayada, a quien vendaba el brazo con un pañuelo, en la urgencia de atajar la hemorragia:
Les clients de l’auberge, apeurés, avaient disparu. Seule la valeureuse Marie-crapaude hurlait de colère, agenouillée par terre à côté de son amie inconsciente, à qui elle bandait le bras avec un mouchoir pour arrêter l’hémorragie.
–¡Bruto, más que tus mulos, salvaje, mala alma! ¡Qué daño te había hecho la desdichá!, ¿vamos a ver? ¡Debían ahorcarte, so perro! ¡Dame esa navaja, que te saco las tripas con estas manos, maldecío!
– Sale bête, plus bête que ses mules, barbare, sauvage ! Quel mal t’avait fait cette pauv’ malheureuse ? Tu peux m’le dire ? On devrait te pendre, espèce de chien ! Donne-moi ce couteau, démon, que je t’arrache les tripes de mes propres mains !
El carretero permanecía en pie, y al notar que le desarmaban, que le empujaban hacia fuera y gritaban «¡Un médico! ¡Socorro!», se afianzó en los pies, y refunfuñó torvamente:
Le charretier restait debout et, voyant qu’on le désarmait et qu’on le poussait vers l’extérieur en criant « Un médecin ! Au secours ! », il se redressa sur ses jambes et protesta sournoisement :
–¿Qué, no pué un hombre correr una broma? Ella misma se ha jerío. Que se fastidie y que se rasque. ¡Pa que aprenda a venirnos con moas nuevas!
– Alors quoi, peut plus plaisanter avec une femme ? S’est blessée tout’ seule. Tant pis pour elle, ça lui apprendra à faire sa belle !