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Dick pic

Dick pic

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La dick pic est une pratique exhibitionniste numérique qui consiste à envoyer une photo de ses attributs sexuels à une personne, sans son consentement.

Ce comportement sexuel déviant touche majoritairement les hommes hétérosexuels et les pousse à envoyer dans la majorité des cas une image de leurs organes génitaux en érection, à des adolescentes ou des femmes adultes.

Le désir repose sur le fait de surprendre la victime en provoquant chez elle une vive réaction de surprise, de peur, de dégoût, etc., en lui exposant une partie de son anatomie non ordinairement visible.

Dans la plupart des cas, il n’éprouve pas le besoin de contact plus étroit avec elle. Il se tient généralement à distance et peu d’atteintes ou de violations s’en suivent.

Seule la dimension transgressive du passage à l’acte provoque chez l’agresseur une jouissance et le dérangement provoqué à autrui accroît son excitation sexuelle.

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  • Cyber flashing
  • Photos-phallus non sollicitées
  • Phallophotos non sollicitées
  • Harcèlement sexuel 2.0

Pour moi, c’est la version moderne du gars qui ouvre son imperméable dans la rue. C’est juste que ça se passe sur Internet…
– une victime

Un travail de recherche empirique mené par l’université polytechnique de Kwantlen en Colombie-Britannique s’est attaché à analyser les motivations poussant les hommes à envoyer des photos de leur pénis (panel de 1087 hommes ; moyenne d’âge de 24 ans) :

  • 51,2 % gardent l’espoir de recevoir des photos sexy en retour ;
  • 48,6 % considèrent manifester ainsi leur intérêt sexuel à la destinataire ;
  • 35,9 % espèrent une relation sexuelle en échange ;
  • 27,0 % se disent excités par l’envoi d’une telle photo ;
  • 23,7 % sont fiers de l’apparence de leur pénis et veulent le partager avec d’autres ;
  • 21,6 % trouvent que c’est une façon normale de flirter ;
  • 12,4 % considèrent amusant d’envoyer une photo sexuellement explicite à quelqu’un qui n’en a pas manifesté le souhait ;
  • 10,1 % éprouvent un sentiment de contrôle sur la personne à qui ils l’ont envoyée.

Parmi les réactions attendues, les expéditeurs de dick pic s’attendent pour 82,4 % des répondants à ce que les destinataires soient sexuellement excitées, 22 % à ce qu’elles se sentent flattées, 16,8 % à ce qu’elles soient choquées, 14,5 % à ce qu’elles aient peur, 10,9 % à ce qu’elles soient dégoutées, 8,6 % à ce qu’elles soient en colère.

Dick pic est un néologisme anglais formé à partir des mots « dick » (bite) et « picture » (image).

Si la pratique des dick pic s’est d’abord observée avec l’arrivée d’Internet et des webcams au milieu des années 1990, dans la culture homosexuelle masculine, les premières occurrences de ce phénomène remontent pourtant à 2009.

Elles sont directement associées aux prémisses des sites web de messagerie instantanée et de visiophonie par webcam qui mettent en relation de manière aléatoire des internautes (par exemple sur Chatroulette) et qui ont très rapidement exposé les utilisateurs à des pratiques déviantes telles que l’exhibitionnisme.

Aujourd’hui, la fonctionnalité AirDrop d’Apple permet d’envoyer par Bluetooth et Wi-Fi toutes sortes de documents (dont les photos) entre utilisateurs de la marque qui se situent à moins de neuf mètres de distance, sans passer par une adresse courriel ou par un numéro de téléphone.

Si les réglages de réception AirDrop ne sont pas bien paramétrés, la victime peut être facilement détectable par un agresseur à proximité et recevoir des photos de pénis sans qu’elle y ait consenti. Même en refusant l’image, elle aura pourtant un aperçu clair et net du cliché.

Discussion Instagram avec l'envoi d'une dick pic. Photographie censurée.
Discussion Instagram suivant l'envoi d'une dick pic.
Captures d’écran de victimes.

Si l’exhibition sexuelle imposée à la vue d’autrui dans un lieu accessible aux regards du public est clairement punie d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende (article 222-32 du Code pénal), la dimension de « lieu accessible aux regards du public » devient plus problématique à constater dès lors que ces dick pic sont envoyées par l’intermédiaire d’applications de messagerie instantanée.

En revanche, d’après l’article R624-2 du Code pénal, la loi sanctionne « le fait de diffuser sur la voie publique ou dans des lieux publics des messages contraires à la décence », d’une amende prévue pour les contraventions de la 4e classe (soit 750 euros maximum).

« Est puni de la même peine le fait, sans demande préalable du destinataire, d’envoyer ou de distribuer à domicile de tels messages ».

Dans certains cas la notion de harcèlement sexuel peut être retenue (article 222-33 du Code pénal) lorsque les dick pic sont imposées à une personne « de façon répétée et portent atteinte à sa dignité » en raison du caractère dégradant ou humiliant, voire créent à son encontre une situation intimidante ou offensante. Ces peines sont portées à trois ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende lorsque les faits sont commis par l’utilisation d’un service de communication au public en ligne ou par le biais d’un support numérique ou électronique.

Quelques références scientifiques :

  • Barton Bernadette, The Pornification of America, How Raunch Culture Is Ruining Our Society, New-York, New York University Press, 2021, 232 pages.
  • Cochez Florent, L’exhibitionnisme, étude du profil psychologique, in : Baccino Eric, Victime-Agresseur. Tome 2. Nîmes, Champ social, coll. « Victimologie & criminologie », 2002, p. 159‑160, [https://doi.org/10.3917/chaso.bacci.2002.01.0159].
  • Hayes Rebecca M., Dragiewicz Molly, Unsolicited dick pics: Erotica, exhibitionism or entitlement?, Women’s Studies International, vol. 71, 2018, p. 114-120, [https://doi.org/10.1016/j.wsif.2018.07.001].
  • Kaylor Leah, Jeglic Elizabeth L., Collins Carisa, Examining the Impact of Technology on Exhibitionistic Behavior, Deviant Behavior, vol. 37, n° 10, 2016, p. 1152-1162, [https://doi.org/10.1080/01639625.2016.1169828].
  • Oswald Flora, Lopes Alex, Skoda Kaylee, Hesse Cassandra L. et Pedersen Cory L., I’ll Show You Mine so You’ll Show Me Yours: Motivations and Personality Variables in Photographic Exhibitionism, The Journal of Sex Research,
  • vol. 57, n° 5, 2020, p. 597-609, [https://doi.org/10.1080/00224499.2019.1639036].
  • Paasonen Susanna, Light Ben, Jarrett Kylie, The Dick Pic: Harassment, Curation, and Desire, Social Media + Society, vol. 5, n° 2, 2019, [https://doi.org/10.1177/2056305119826126].
  • Ringrose Jessica, Lawrence Emilie, Remixing misandry, manspreading, and dick pics: networked feminist humour on Tumblr, Feminist Media Studies, 2018, vol. 18, n° 4, p. 686-704, [https://doi.org/10.1080/14680777.2018.1450351].
  • Waling Andrea, Pym Tinonee, ‘C’mon, no one wants a dick pic’: Exploring the cultural framings of the “dick pic” in contemporary online publics, Journal of Gender Studies, vol. 28, n° 1, 2019, p. 70-85, [https://doi.org/10.1080/09589236.2017.1394821].
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Pessac
EAN html : 9791030008425
ISBN html : 979-10-300-0842-5
ISBN pdf : 979-10-300-0843-2
Volume : 1
ISSN : en cours
6 p.
licence CC by SA

Comment citer

Dulaurans, Marlène, « Dick pic », in : Dulaurans, Marlène, Violences en ligne : décrypter les mécanismes du cyberharcèlement, Pessac, Presses universitaires de Bordeaux, collection V@demecum 1, 2024, 93-98 [en ligne] https://una-editions.fr/dick-pic/ [consulté le 15/07/2024].
10.46608/vademecum1.9791030008425.18
couverture de l'ouvrage Violences en ligne de la collection V@demecum
Illustration de couverture • Design Roman Vinçon et Nicolas Ruault
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