C’est sans doute la nouvelle la plus sinistre du recueil, et la plus longue aussi, qui raconte la vengeance d’un homme qui prend les femmes de tout un village pour cible. On peut être surpris par l’audace de l’écrivaine qui aborde ici un thème encore tabou aujourd’hui, le viol post-mortem, plus encore que la nécrophilie. Elle l’aborde pourtant sans détour et semble s’être inspirée pour l’occasion d’un fait divers lu dans la presse, comme le suggèrent le titre et la partie judiciaire du texte.
Les expressions/les culturèmes
Arrastrar en una espuerta : littéralement, « traîner dans un panier » ; cela ne fait pas référence à un châtiment connu et aucune équivalence convaincante n’a été trouvée en français. On a opté pour une généralisation avec le verbe « châtier ».
Le titre
No lo invento : l’usage de la première personne dans un titre (invento) est le signe de l’autobiographie ou de la pseudo-autobiographie, c’est-à-dire d’un texte où l’auteur/l’autrice se confond avec le personnage. Ici, le « je » n’est pas autobiographique mais il renvoie sans aucune ambiguïté à l’autrice Emilia Pardo Bazán qui prétend rapporter une histoire qu’elle n’aurait pas inventée, donc qui est vraie. L’écrivaine brise ici les conventions littéraires en imposant un pacte de lecture quasiment non fictionnel, car cette histoire brise elle aussi toutes les règles morales.
Les noms propres/les surnoms
Puri la Casta/La Casta : « Blanche la pure »/« Blanche ». Le prénom espagnol Pureza, couramment abrégé en Pura ou Puri, n’a pas d’équivalent en français. On a opté pour une adaptation, en traduisant Puri par le prénom « Blanche », car le blanc symbolise la pureté, puis pour une transposition, en reportant sur l’adjectif casta cette même idée de pureté, qui renferme en elle, celle de chasteté. Par ailleurs, comme la désignation d’une personne par un adjectif substantivé ou par un substantif précédé d’un article défini (la Casta) n’est pas aussi commune en français qu’en espagnol, le personnage n’est jamais appelé « la Pure ». La jeune fille est appelée « Blanche » ou « Blanche la pure », sans italique (sauf la première occurrence, en italique dans le texte source) et sans majuscule pour « pure ».
Tío Carmelo : « le vieux Carmelo » (adaptation) ; tío signifie littéralement oncle dans la parentèle mais il est utilisé comme appellatif familier et peut être traduit par « père » ; néanmoins, comme Carmelo n’est ni père, ni époux, on a privilégié une traduction par l’adjectif « vieux ».
Les noms propres/les surnoms
Puri la Casta/La Casta : « Blanche la pure »/« Blanche ». Le prénom espagnol Pureza, couramment abrégé en Pura ou Puri, n’a pas d’équivalent en français. On a opté pour une adaptation, en traduisant Puri par le prénom « Blanche », car le blanc symbolise la pureté, puis pour une transposition, en reportant sur l’adjectif casta cette même idée de pureté, qui renferme en elle, celle de chasteté. Par ailleurs, comme la désignation d’une personne par un adjectif substantivé ou par un substantif précédé d’un article défini (la Casta) n’est pas aussi commune en français qu’en espagnol, le personnage n’est jamais appelé « la Pure ». La jeune fille est appelée « Blanche » ou « Blanche la pure », sans italique (sauf la première occurrence, en italique dans le texte source) et sans majuscule pour « pure ».
Tío Carmelo : « le vieux Carmelo » (adaptation) ; tío signifie littéralement oncle dans la parentèle mais il est utilisé comme appellatif familier et peut être traduit par « père » ; néanmoins, comme Carmelo n’est ni père, ni époux, on a privilégié une traduction par l’adjectif « vieux ».
L’intertextualité
Dans cette nouvelle, une fois n’est pas coutume, les références intertextuelles sont nombreuses, sans doute pour donner une dimension tragique, au sens littéraire et noble du terme, et atténuer le sentiment d’horreur provoqué par cette histoire.
Los viejos de Troya para Helena de Menelao : référence mythologique à la guerre de Troie, un épisode de l’épopée sanglante des Atrides, qui a inspiré bien des tragédies, notamment à William Shakespeare (Troïlus and Cressida, publiée peu de temps après Hamlet).
Il y a justement des références à Hamlet : l’une pour décrire la défunte héroïne et la comparer à Ophélie (Ofelia), l’autre pour décrire son fiancé et le comparer à Hamlet (Hamlet el dinamarqués et el enamorado de Verona).
Para aquel Tarquino de cementerio no existieron Lucrecias : référence à l’épisode du viol et du suicide de Lucrèce, qui a également inspiré un long poème à Shakespeare (The Rape of Lucrece).
Il y a enfin des références à la Bible et à la religion chrétienne : la première renvoie à l’eau du Jourdain (toda el agua del Jordán), fleuve sacré, également appelé le « fleuve du jugement », qui ne suffirait pas à laver les crimes du coupable ; la seconde renvoie à « la palme du martyre » qui, dans l’iconographie chrétienne, accompagne les saints et les saintes ayant subi un martyre. Dans la nouvelle, elle est placée sur le corps des vierges dans leur cercueil (la palma de las vírgenes).
Ces références donnent lieu à des traductions littérales.
L’intertextualité
Dans cette nouvelle, une fois n’est pas coutume, les références intertextuelles sont nombreuses, sans doute pour donner une dimension tragique, au sens littéraire et noble du terme, et atténuer le sentiment d’horreur provoqué par cette histoire.
Los viejos de Troya para Helena de Menelao : référence mythologique à la guerre de Troie, un épisode de l’épopée sanglante des Atrides, qui a inspiré bien des tragédies, notamment à William Shakespeare (Troïlus and Cressida, publiée peu de temps après Hamlet).
Il y a justement des références à Hamlet : l’une pour décrire la défunte héroïne et la comparer à Ophélie (Ofelia), l’autre pour décrire son fiancé et le comparer à Hamlet (Hamlet el dinamarqués et el enamorado de Verona).
Para aquel Tarquino de cementerio no existieron Lucrecias : référence à l’épisode du viol et du suicide de Lucrèce, qui a également inspiré un long poème à Shakespeare (The Rape of Lucrece).
Il y a enfin des références à la Bible et à la religion chrétienne : la première renvoie à l’eau du Jourdain (toda el agua del Jordán), fleuve sacré, également appelé le « fleuve du jugement », qui ne suffirait pas à laver les crimes du coupable ; la seconde renvoie à « la palme du martyre » qui, dans l’iconographie chrétienne, accompagne les saints et les saintes ayant subi un martyre. Dans la nouvelle, elle est placée sur le corps des vierges dans leur cercueil (la palma de las vírgenes).
Ces références donnent lieu à des traductions littérales.
L’intertextualité
Dans cette nouvelle, une fois n’est pas coutume, les références intertextuelles sont nombreuses, sans doute pour donner une dimension tragique, au sens littéraire et noble du terme, et atténuer le sentiment d’horreur provoqué par cette histoire.
Los viejos de Troya para Helena de Menelao : référence mythologique à la guerre de Troie, un épisode de l’épopée sanglante des Atrides, qui a inspiré bien des tragédies, notamment à William Shakespeare (Troïlus and Cressida, publiée peu de temps après Hamlet).
Il y a justement des références à Hamlet : l’une pour décrire la défunte héroïne et la comparer à Ophélie (Ofelia), l’autre pour décrire son fiancé et le comparer à Hamlet (Hamlet el dinamarqués et el enamorado de Verona).
Para aquel Tarquino de cementerio no existieron Lucrecias : référence à l’épisode du viol et du suicide de Lucrèce, qui a également inspiré un long poème à Shakespeare (The Rape of Lucrece).
Il y a enfin des références à la Bible et à la religion chrétienne : la première renvoie à l’eau du Jourdain (toda el agua del Jordán), fleuve sacré, également appelé le « fleuve du jugement », qui ne suffirait pas à laver les crimes du coupable ; la seconde renvoie à « la palme du martyre » qui, dans l’iconographie chrétienne, accompagne les saints et les saintes ayant subi un martyre. Dans la nouvelle, elle est placée sur le corps des vierges dans leur cercueil (la palma de las vírgenes).
Ces références donnent lieu à des traductions littérales.
L’intertextualité
Dans cette nouvelle, une fois n’est pas coutume, les références intertextuelles sont nombreuses, sans doute pour donner une dimension tragique, au sens littéraire et noble du terme, et atténuer le sentiment d’horreur provoqué par cette histoire.
Los viejos de Troya para Helena de Menelao : référence mythologique à la guerre de Troie, un épisode de l’épopée sanglante des Atrides, qui a inspiré bien des tragédies, notamment à William Shakespeare (Troïlus and Cressida, publiée peu de temps après Hamlet).
Il y a justement des références à Hamlet : l’une pour décrire la défunte héroïne et la comparer à Ophélie (Ofelia), l’autre pour décrire son fiancé et le comparer à Hamlet (Hamlet el dinamarqués et el enamorado de Verona).
Para aquel Tarquino de cementerio no existieron Lucrecias : référence à l’épisode du viol et du suicide de Lucrèce, qui a également inspiré un long poème à Shakespeare (The Rape of Lucrece).
Il y a enfin des références à la Bible et à la religion chrétienne : la première renvoie à l’eau du Jourdain (toda el agua del Jordán), fleuve sacré, également appelé le « fleuve du jugement », qui ne suffirait pas à laver les crimes du coupable ; la seconde renvoie à « la palme du martyre » qui, dans l’iconographie chrétienne, accompagne les saints et les saintes ayant subi un martyre. Dans la nouvelle, elle est placée sur le corps des vierges dans leur cercueil (la palma de las vírgenes).
Ces références donnent lieu à des traductions littérales.
Les anglicismes
Linchadora : néologisme formé sur un anglicisme, d’où l’utilisation de l’italique dans le texte source. La traduction proposée est « prête à le lyncher » en l’absence d’adjectif formé sur ce verbe en français et l’italique a été supprimé car le terme est attesté depuis 1835, soit presque deux siècles maintenant. Il ne s’agit plus aujourd’hui, à proprement parler, d’un anglicisme.
La syntaxe
Dans cette nouvelle, comme dans d’autres, certaines phrases sont très longues ; c’est le cas par exemple de la phrase No tenía, sin embargo… Ici, la ponctuation a été modifiée par l’introduction de deux points-virgules et d’un point pour raccourcir la phrase ; dans d’autres phrases, des incises ont été introduites (signalées par des tirets).
Par ailleurs, les doublets (de substantifs, d’adjectifs) sont très nombreux ; quelques élisions ont été réalisées (par exemple, natural y vulgarísma a été traduit par « très commune », les deux adjectifs ayant été jugés très proches sémantiquement). L’objectif est d’atteindre un niveau acceptable de concentration pour pallier la relative lourdeur des phrases.
No lo invento
La muchacha más hermosa del pueblecillo de Arfe tenía el nombre tan lindo como el rostro; llamábase Pura, y sus convecinos habían reforzado el simbolismo de su nombre, diciendo siempre Puri la Casta
. Esta denominación, que huele a azucena, convenía maravillosamente con el tipo de la chica, blanca, fresca, rubia, cándida de fisonomía hasta rayar en algo sosa, defecto frecuente de las bellezas de lugar, en quienes la coquetería se califica de liviandad al punto, y el ingenio y la malicia pasarían, si existiesen, por depravación profunda. En la región de España donde se encuentra situado Arfe, se le exige a la mujer que sea rezadora, leal, casera, fuerte, sencilla, y, para seguridad mayor, un tanto glacial. Así era la Casta, cerrado huerto, sellada fuente, llena tan sólo de agua clarísima. Por lo cual, y por su gallarda escultura, mozos y señoritos se bebían tras ella los vientos, y los ancianos la miraban con cariñosa admiración, mayor y más justificada que la de los viejos de Troya para Helena de Menelao
.
Je n’invente rien
La jeune fille la plus belle du petit village d’Arfe portait un prénom aussi grâcieux que son visage ; elle s’appelait Blanche et les habitants l’avaient en outre surnommée Blanche, la pure. Ce surnom, qui fleure bon le lys, lui allait comme un gant : le teint laiteux, elle était fraîche, blonde, d’un physique simple voire fade, défaut fréquent des beautés locales, dont la coquetterie passe pour de la légèreté et dont l’esprit et la malice – si elles en avaient – passeraient pour une profonde dépravation. Dans la région d’Espagne où se situe Arfe, on exige de la femme qu’elle soit pieuse, fidèle, casanière, solide, simple et, par précaution, un tantinet glaciale. Ainsi était Blanche la pure : un jardin impénétrable, une fontaine interdite, d’où ne jaillissait qu’une eau cristalline. Et comme en plus, elle était bien faite, les jeunes gens se pâmaient devant elle, et les anciens la regardaient avec une tendre admiration, bien plus grande et justifiée que celle dont jouissait Hélène de Troie.
No tenía
, sin embargo, la Casta ofrecida a Dios su doncellez, por lo cual, así que entre sus aspirantes apareció uno de honrados antecedentes y propósitos, de limpia sangre, de edad moza, de acomodada hacienda, dejose cortejar por él, le dio un honesto sí, y como entre tal gente y en tales comarcas el sí es antesala de la iglesia, fijose al punto la duración probable del noviazgo y fecha aproximada del casamiento. Y el noviazgo corrió, entremezclado de dulces pláticas, inocentes finezas, lícitas alegrías, sin que el novio –muchacho de piadosos sentimientos y nobilísimo carácter– intentase jamás pedir, en aras de los concertados desposorios, ni el más leve anticipo de las futuras delicias. No porque no inflamase sus venas la calentura del deseo, ni porque no soñase todas las noches con la aventura de deshojar uno a uno los pétalos de la intacta azucena respirando su perfume; pero respetaba en la novia a la esposa, y las telas que cubrían a la bella estatua eran tan sagradas para él como la orla del manto de la Virgen.
Blanche n’avait pas encore offert à Dieu sa virginité ; aussi, lorsqu’un prétendant aux intentions honnêtes, de bonne famille, plutôt jeune, assez riche, se déclara, elle se laissa courtiser et lui donna son consentement. Or,
pour les habitants de ces contrées, le « oui » est l’antichambre du mariage ; on fixa
donc sans tarder la durée probable des fiançailles et la date approximative de la cérémonie. Et le temps s’écoula, alternant douces conversations, innocentes attentions et saines réjouissances, sans que le fiancé – dont les sentiments étaient très pieux et le caractère très noble – profite du consentement pour essayer d’obtenir la moindre avance sur les plaisirs à venir. Bien sûr, il brûlait de désir et songeait chaque nuit à enlever un à un les pétales de cette fleur intacte tout en respirant son parfum ; mais il respectait dans sa fiancée sa future épouse et les voiles qui recouvraient cette statue étaient pour lui aussi sacrés que l’ourlet du manteau de la Vierge.
Sin embargo, a medida que el día de la boda se acercaba, exaltábase la pasión del novio de Puri, y le era más difícil no mostrar con algún transporte la enajenación de su espíritu. A su vez, la hermosa revelaba mayor abandono, y como la proximidad de la bendición la tranquilizase, no recelaba acercarse a su futuro marido y hablarle con mayor intimidad y cariñosa confianza. Así fue que cierta tarde, hallándose los prometidos charlando en el corral de la casa de Puri, el novio no supo reprimirse, y, cogiéndola por el talle, la estrechó contra sí, y la besó con delirio, a bulto y a tropezones, en pelo y frente. Apenas lo hubo ejecutado, sintió remordimiento y vergüenza, mientras la muchacha, pálida y ceñuda, se había echado atrás, y le miraba con asombro, casi con miedo. El enamorado se cuadró, tartamudeó algunas frases confusas, y huyó de allí enojado consigo mismo y acusándose de una profanación moral, tan inoportuna como necia.
Pourtant, à mesure que le mariage approchait, le fiancé s’exaltait et il avait bien du mal à dissimuler les transports de sa passion. De son côté, la belle s’abandonnait toujours plus, et comme la bénédiction était imminente, elle ne craignait plus de s’approcher de son futur mari, de lui parler en toute intimité et de lui témoigner sa tendre confiance. Et une après-midi, chez Blanche, tandis qu’ils conversaient dans la basse-cour, le fiancé ne put réprimer son désir : il la prit par la taille et la serra tout contre lui, puis la couvrit de baisers fougueux sur le front et les cheveux. Il sentit aussitôt la morsure de la honte ; la jeune fille, blême et confuse, avait reculé et le regardait comme ébahie, épouvantée. L’amoureux se raidit, balbutia quelques vagues excuses et prit la fuite, en colère contre lui-même et s’accusant d’une profanation morale, aussi inutile que stupide.
Cuando al otro día vio a la Casta, aumentó su desazón el encontrarla muy pálida, abatida y triste. Creyolo al pronto consecuencia de su desmán, pero disipó sus recelos el asegurar repetidas veces la novia que no era sino malestar físico, una indisposición insignificante, de esas que no se pueden localizar, porque se resiente de ellas todo el cuerpo. A la mañana siguiente, lejos de disiparse el malestar, se convirtió en verdadera dolencia, que obligó a Puri a guardar cama. Y cama fue de donde no se levantó ya nunca la niña, sino para ser llevada, entre cuatro, al cementerio de Arfe.
Quand il vit Blanche le lendemain, très pâle, triste et abattue, il n’en fut que plus marri. Il pensa d’abord que c’était la conséquence de son faux pas mais sa fiancée dissipa ses craintes en répétant qu’elle ressentait un malaise physique, passager, impossible à localiser mais qui irradiait partout dans son corps. Le surlendemain, loin de s’atténuer, le malaise se mua en maladie et obligea Blanche à garder le lit, qu’elle ne quitta plus, sauf pour gagner, portée par quatre hommes, le cimetière d’Arfe.
La natural amargura del novio se tiñó de un matiz sombrío y furioso, de un carácter de insensatez. Para él no había palabras de consuelo; negábase a tomar alimento; tan pronto reía, como rugía o se mesaba los cabellos, mordiéndose con desesperación las manos. Por más que el médico le aseguró repetidas veces que Puri había fallecido de enfermedad natural y vulgarísima
, de una fiebre cerebral aguda, el infeliz se obstinaba en suponer que su atrevimiento había acarreado la muerte de aquella criatura preciosa y lozana. El fatídico «yo la maté», inarticulado y confuso, brotaba del fondo de su conciencia, entenebreciendo su espíritu con sombras y lobregueces de enajenación. Pálido como el mármol, la mirada fija con extravío en un punto invisible del espacio, rezando entre dientes, y con las manos convulsivamente enclavijadas, veló a la muerta y la acompañó hasta su último asilo. Vestida de blanco y azul –el hábito de la Concepción–; apenas desgastada por la fiebre; con su hermoso pelo rubio suelto y haciendo marco al rostro apacible, fresco a pesar de la muerte; con la palma de las vírgenes
sobre el pecho, Puri la Casta se iba al sepulcro hecha un milagro de belleza, más que en vida si cabe.
L’amertume du fiancé prit un tour sombre et inquiétant, proche de la folie. Rien ne le consolait, il refusait de s’alimenter ; tour à tour, il riait, rugissait ou s’arrachait les cheveux tout en mordant ses mains de désespoir. Le médecin eut beau lui dire que Blanche avait succombé à une maladie très commune – une fièvre cérébrale aiguë –, le malheureux s’obstinait à croire que son audace avait causé la mort de la ravissante créature. Un fatidique « Je l’ai tuée » jaillissait confusément du tréfonds de sa conscience, engloutissant son esprit dans des abîmes d’aliénation. Aussi pâle que le marbre, le regard comme fixé sur un point invisible de l’espace, les mains jointes dans une prière convulsive et inarticulée, il veilla la défunte et l’accompagna jusqu’à sa dernière demeure. Revêtue de blanc et de bleu (l’habit traditionnel de l’Immaculée Conception), à peine marquée par la fièvre, ses beaux cheveux blonds tout autour de son visage apaisé, frais malgré la mort, la palme des vierges sur son sein, Blanche la pure alla au tombeau, plus belle que jamais, tel un miracle.
Así lo afirmaban las amigas y vecinas que la escoltaban en la última jornada, y así lo repitió el sepulturero, el tío Carmelo
, con aquella risa suya tan especial y tan fúnebre, que cuajaba la sangre en las venas. El tío Carmelo era un hombrecillo de unos cincuenta y tantos años, de faz descarnada y cínica –la faz que presentan las calaveras, que es sabido que, a su modo, ríen siempre–. Enjuto y seco lo mismo que la yesca; de ojos descoloridos y claros; de cráneo lucio y mondo, la perpetua risa descubría los dientes amarillos, y la alegría, que en los demás hombres suele ser indicio de bondad de corazón y condición sana y tratable, en él era como siniestra luz que alumbra una hoya. Si los moradores de Arfe leyesen a Shakespeare, acordaríanse de cierta escena de Hamlet
cuando divisaban al enterrador, con su risa de cementerio y sus chanzas de ultratumba, y Puri, tendida en su féretro, les evocaría la imagen de Ofelia
.
C’est ce que disaient les amies et voisines qui l’accompagnaient, et c’est ce que répéta le fossoyeur, le vieux Carmelo, avec son rire étrange qui vous glaçait le sang. C’était un homme d’une cinquantaine d’années, de petite taille, dont le visage était décharné et cynique, pareil à une tête de mort, comme figé dans un rire. Aussi sec qu’un coup de trique, ses yeux étaient clairs, comme délavés, son crâne parfaitement lisse ; son sourire perpétuel découvrait des dents jaunies, et sa joie, au lieu de révéler, comme il est d’usage, la bonté d’âme des hommes sains de corps et d’esprit, faisait l’effet sinistre de la lumière dont on éclaire les tombeaux. Si les habitants d’Arfe avaient lu Shakespeare, ils auraient songé à une scène d’Hamlet en voyant le fossoyeur, avec son sourire macabre et ses plaisanteries d’outre-tombe, et à Ophélie en voyant Blanche, allongée dans son cercueil.
El tío Carmelo era hijo y nieto de sepultureros; pero en él acababa la dinastía, porque ninguna moza de Arfe ni de los pueblos comarcanos quiso unir su suerte a la del feo e irónico enterrador. La pena de la soledad habría amargado tal vez la juventud del tío Carmelo: desde que llegara a la edad madura, se resignaba tan perfectamente, al parecer, que sus chanzonetas, mofas y pullas acostumbraban versar sobre los casados, los enamorados y los novios. Les daba vaya, llegando al atrevimiento de decir que a todos, a todos sin excepción, les habían faltado o les habían de faltar alguna vez sus novias y esposas, y sólo la misma generalidad de esta chanza la hacía pasadera, pues a creer los arfeños que el sepulturero hablaba seriamente y aludía a alguno en particular, por buena providencia le arrancarían la venenosa lengua de la boca. Sus dicharachos algo libres, sus bromas de mala ley, su perpetua risilla mofadora e insultante, se toleraban, porque el tinte de desprecio hacia la profesión refluía en el hombre, y los pueblos, como los reyes, no se formalizan por las lenguaterías del infeliz bufón. Además, los arfeños, gente buena y sin hiel, compadecían a aquel viejo que habitaba entre difuntos, en completo abandono y soledad, sin un afecto que calentase su corazón, sin una nota dulce en su hosca vida de cincuentón solitario. Nada positivamente malo se sabía de él; se le veía ganar el pan con el sudor de su frente, y el mismo horror de su oficio acrecentaba la piedad.
Le vieux Carmelo était fils et petit-fils de croquemorts, mais la dynastie s’arrêtait avec lui car aucune jeune fille d’Arfe ni des villages alentours n’avait voulu épouser ce fossoyeur laid et moqueur. La triste solitude avait sans doute gâché sa jeunesse ; avec l’âge, il paraissait s’être résigné, au moins en apparence, car toutes ses plaisanteries prenaient pour cible les mariés, les fiancés et les amoureux. Il se moquait d’eux et insinuait qu’ils étaient ou seraient tous cocus un jour, mais comme il parlait en général, on le laissait dire ; si les habitants d’Arfe avaient pensé qu’il était sérieux et qu’il avait visé quelqu’un en particulier, ils lui auraient arraché sa langue de vipère. On tolérait ses propos grivois, ses plaisanteries scabreuses, son rictus moqueur et insultant car le mépris qu’on éprouvait pour sa profession rejaillissait sur l’homme, et les peuples, comme les rois, sont indifférents aux médisances d’un pauvre bouffon. Les habitants du village d’Arfe, de braves gens, plaignaient même le vieil homme qui vivait parmi les morts, complètement seul et abandonné, sans affection pour réchauffer son cœur, pour adoucir sa vie lugubre de quinquagénaire célibataire. On ne savait rien de vraiment rédhibitoire à son sujet ; il gagnait sa croûte à la sueur de son front et son horrible métier suscitait la pitié.
En los dominios del antipático viejo se quedó la pobre Puri, después que hubieron cerrado la caja, depositándola en la hoya y volcado sobre ella las paletadas de tierra que habían de cubrirla. El novio no saltó a la fosa como Hamlet el dinamarqués , a decir disparates y echar bravatas filosóficas: era demasiado cristiano para cometer tamaña atrocidad; pero mientras se cantaron los responsos y el cura roció con agua bendita la linda cara de la muerta, mientras se tapó el ataúd y se dio tierra para colmar la zanja, allí se estuvo el futuro esposo con los ojos fijos en aquel rostro celestial que iban a disputarle los gusanos del sepulcro, oyendo el sordo ruido de las palas, absorto y hecho de piedra. Igualado el terreno, volviose, y sin derramar una lágrima ni proferir un suspiro, se alejó de allí, ofreciendo las trazas de un inofensivo demente, que se aparta de los cuerdos para cavilar a sus anchas.
Une fois son cercueil scellé, déposé dans la fosse et recouvert par les pelletées de terre, la pauvre Blanche devint la propriété du vieil homme. Le fiancé ne se jeta pas dans la fosse comme Hamlet, le Danois, pour dire des inepties et faire du baratin philosophique : il était trop bon chrétien pour de telles atrocités. Au contraire, pendant qu’on chantait les répons et que le curé aspergeait d’eau bénite le beau visage de la défunte, pendant qu’on refermait le cercueil et qu’il était enseveli, le regard fixé sur ce visage céleste que les vers de terre allaient lui ravir, comme absorbé par le bruit sourd de la pelle, le futur époux resta de marbre. Une fois la cérémonie terminée, il se retira sans verser une larme ni exhaler un soupir ; il ressemblait à un fou condamné à s’isoler pour se torturer l’esprit à son aise.
Encerrado en casa se estuvo hasta la noche, la cual cayó sobre la villita como suave manto de terciopelo obscuro claveteado de diamantinas luminarias; porque era el mes de mayo, y a las serenidades del firmamento respondía el latir de la tierra germinadora. No bien las sombras descendieron sobre Arfe, el novio de Puri, levantando la cabeza y apoyando el índice en la frente, se estremeció. Sentíase acometido por la lúgubre idea de que su amada se encontraría muy sola allá en el cementerio, y que era justo hacerle un rato de compañía y rezar sobre la hoya recién colmada. Semejante propósito le sirvió de alivio: sin saber por qué, le dilató el pecho, sacándole de la terrible absorción y quietud del dolor, al cual todo proyecto, toda actividad, proporciona lenitivo. Envolviose en su capa, por instinto y hábito, pues antes que frío sentía ardor de calentura; tomó el sombrero, y por calles excusadas se encaminó al campo santo.
Il s’enferma chez lui jusqu’à la nuit tombée, qui recouvrit le bourg tel un manteau de velours noir orné de petits diamants brillants ; c’était le mois de mai et à la sérénité du firmament répondait le palpitement de la terre. À peine Arfe fut-il plongé dans l’ombre que le fiancé de Blanche, la tête relevée, l’index sur le front, tressaillit. Il était abattu à l’idée que sa bien-aimée se retrouve si seule au cimetière et il lui semblait normal de lui tenir un peu compagnie en priant sur sa tombe fraîchement refermée. Cette pensée le soulagea ; sans savoir pourquoi, il se sentit moins oppressé et sortit de cette terrible torpeur que seuls un projet, une activité, peuvent apaiser. Il s’enveloppa dans sa cape plus par habitude que par nécessité car il se sentait fiévreux. Il prit son chapeau et se rendit au cimetière en empruntant des rues solitaires.
Está situado Arfe en la vertiente de una montañuela; las casas se desparraman por su declive; el circuito de las tapias del cementerio sigue la misma inclinación, de manera que por la parte alta son sumamente fáciles de escalar, sobre todo para quien posee la agilidad de la juventud y sabe agarrarse a las matas y a las piedras. No costó gran trabajo al novio de Puri introducirse en el recinto, y si el corazón no le palpitase de emoción sagrada, la fatiga de la ascensión no bastaría a sobresaltárselo.
Arfe est situé sur le flanc d’une colline où les maisons sont éparpillées. Les murs du cimetière suivent son inclinaison et sont donc très faciles à escalader dans leur partie haute, surtout pour une personne jeune et agile qui sait s’agripper aux buissons et à la roche. Le fiancé de Blanche n’eut aucun mal à s’introduire à l’intérieur ; si son cœur n’avait pas battu au rythme d’une émotion sacrée, l’effort de l’ascension ne l’aurait pas davatange ébranlé.
Para penetrar eligiera un ángulo de tapia algo desmoronado, donde compacto grupo de cipreses proyectaba sobre el suelo su larga sombra piramidal; dos olivos contribuían a espesarla. A pesar de la claridad de la naciente luna, al pronto le fue difícil orientarse. Sabía que la fosa estaba detrás de otro grupo de arbolado, en un rincón donde había pocas cruces, especie de lugar de preferencia, más solitario y distinguido que los restantes. Por fin atinó con la dirección el novio.
Pour pénétrer dans le cimetière, il choisit un endroit où le mur s’était un peu écroulé ; un groupe compact de cyprès projetait sur le sol une ombre pyramidale, épaissie par deux oliviers. Malgré la clarté de la nouvelle lune, il eut d’abord du mal à s’orienter. Il savait que la tombe était située derrière un autre bouquet d’arbres, dans un recoin peu fréquenté, privilégié, plus solitaire et distingué que les autres en somme. Le fiancé trouva enfin son chemin.
Sin explicarse la causa, desde que se introdujera en aquel campo santo para despedirse de su futura como el enamorado de Verona , sentía un pavor, un hielo, un escalofrío, algo que le atravesaba el corazón y le apretaba la garganta y le paralizaba las piernas. Inmóvil ante el puñado de árboles, cortina del lecho mortuorio de Puri, temblaba como si un espanto difuso e invisible para los ojos carnales fuese a alzarse de aquella tumba. ¿Se atrevería a salvar el grupo y entrar en el misterioso rincón, donde la obscuridad redoblaba y el terror religioso batía sus alas de arcángel? Detrás de aquellos árboles estaba su novia, sí; pero no como siempre, bella, arrogante, teñida de rosa, coronada por sus trenzas de oro, sino lívida, yerta, tendida, con las manos cruzadas sobre la palma de su virginidad. Y el católico, sintiendo en el alma efusión celeste, en las pupilas lágrimas de fe, se dispuso a arrodillarse en aquella sepultura y a rezar por la muerta… o a la muerta, a su espíritu angelical, que tal vez flotaba allí, en la tibia atmósfera de la noche de mayo…
Sans savoir pourquoi, dès qu’il s’introduisit dans ce lieu sacré pour faire ses adieux à sa future épouse, tel l’amant de Vérone, il ressentit une peur glaciale, comme un frisson qui lui transperçait le cœur, sa gorge était serrée, ses jambes paralysées. Immobile face aux arbres qui formaient un rideau devant le lit mortuaire de Blanche, il tremblait comme si une apparition surnaturelle allait s’élever de la tombe. Oserait-il s’avancer et pénétrer dans ce mystérieux recoin où régnaient une obscurité profonde et une terreur sacrée déployant ses ailes d’archange ? Derrière ces arbres, il y avait sa fiancée, bien sûr ; mais elle n’était plus la même, belle, fière, rose, la tête couronnée de tresses dorées ; désormais, elle était blême, raide, allongée, les mains croisées sur la palme de sa virginité. Et le jeune croyant, pris d’une ferveur religieuse, des larmes ardentes plein les yeux, s’agenouilla devant la sépulture et se mit à prier pour la défunte… ou plutôt à supplier la défunte, son angélique esprit qui flottait peut-être dans l’air, dans l’atmosphère tiède de cette nuit de mai…
¿Era juego de la fantasía? ¿Era alucinación del sufrimiento? Juraría que detrás del grupo de árboles se oía un rumor, un resuello, una cosa rara, distinta del silencio augusto propio de semejante lugar a semejantes horas… Extrañeza y recelo insensatos restituían ya al afligido novio la conciencia de la realidad y el impulso de la defensa, y enloquecido, lanzose como un dardo hacia la sepultura… El horror más grande, la cólera más tremenda que pueden clavar la voluntad y sujetar el brazo cuando debieran impulsarlo a caer como el rayo vengador, le impidieron hacer pedazos allí mismo al infame sepulturero, que en aquel rincón del cementerio perpetraba nefando crimen con el cuerpo desenterrado, rígido, blanco y hermoso de Puri la Casta.
Était-il victime d’une illusion, d’une hallucination provoquée par la douleur ? Il aurait juré qu’un bruit étrange venait de derrière les arbres, comme un souffle, une rumeur, bien loin du silence auguste qui règne dans ces lieux, à ces heures… En proie à une surprise et à une crainte insensées, le fiancé, bien qu’affligé, reprit vite conscience de la réalité, retrouva ses réflexes et fou de rage, se jeta sur la sépulture… Un effroyable sentiment d’horreur et de colère paralysa sa volonté et son bras : au lieu d’attiser son désir de vengeance, il l’empêcha de réduire en pièces l’infâme fossoyeur qui, dans ce coin reculé du cimetière, commettait un crime abominable sur le corps exhumé et marmoréen de Blanche la pure.
***
Cuando el tío Carmelo compareció ante el juez –después de atravesar, amarrado codo con codo, por entre la multitud ebria de furor, linchadora
, que pedía a gritos que le diesen al sepulturero para arrastrarlo en una espuerta
–, lejos de mostrarse humillado, contrito, abatido o lleno de confusión, se presentó impávido, sarcástico, risueño, luciendo como nunca el humorismo fúnebre que le caracterizaba. Al increparle el representante de la ley por la horrenda profanación, en vez de disculparse, de atribuir el hecho a momentáneo extravío o frenesí matador de la razón y la conciencia, alzó la frente, hizo una mueca de reto y desdén, tomó la palabra con voz entera, estridente como un silbo, y todo el pueblo de Arfe, aquel pueblo morigerado, cristiano, honesto y celoso de la fama más que del cariño, que hace del honor una ley y de la honra un sagrario; todo el pueblo de Arfe, repito, supo que el último de los hombres (si no hubiese verdugo), un asqueroso vejezuelo, baldón y escoria de la humanidad, los había afrentado consecutivamente en la persona de sus madres, esposas, hermanas e hijas, por espacio de treinta y tantos años, deliberadamente y a mansalva.
Quand le vieux Carmelo comparut devant le juge – après avoir traversé, les mains attachées dans le dos, la foule ivre de fureur, prête à le lyncher, qui réclamait son corps en hurlant pour le châtier –, loin de se sentir humilié, contrit, abattu ou confus, il se montra serein, sarcastique, rigolard, arborant comme jamais l’humour noir qui le caractérisait. Et lorsque le représentant de la loi l’admonesta pour son hideuse profanation, au lieu de s’excuser, d’attribuer son acte à une vulgaire absence ou, au contraire, à un trouble profond, il releva la tête, défia l’assemblée avec mépris, prit la parole d’une voix assurée et stridente comme un coup de sifflet ; tout le village d’Arfe, ce village pieux, vertueux et plus attentif à sa réputation qu’aux sentiments de ses habitants, où l’honneur est sacré, tout Arfe, donc, apprit alors que le pire des hommes (abstraction faite des bourreaux), ce vieillard répugnant, ce déchet humain, les avait tous outragés en la personne d’une mère, d’une épouse, d’une sœur ou d’une fille, pendant trente ans, à tour de bras et à dessein.
¡Nauseabunda tragedia! Nadie dejara de recibir de aquellos indignos dedos la bofetada póstuma, el ultraje que ni se evita ni se castiga, la mancha que no se lava con toda el agua del Jordán. Para aquel Tarquino de cementerio no existieron Lucrecias : su ferocidad destruyó la noción de la virtud, y estableció en la vida de los arfeños la igualdad ante la vergüenza y el deshonor. Y la multitud, que momentos antes bramaba, rugía y quería tomarse la justicia por la mano, se sintió subyugada, aturdida por la misma enormidad del delito y por el cinismo atroz del que lo confesaba. Escuchábanle en silencio, mientras él derramaba a borbotones sangriento lodo sobre la asamblea. El propio juez no encontraba argumentos, ¡y peregrina debilidad!, flaqueaba al formular los cargos. Para que el lector no extrañe algunas frases escogidas del tío Carmelo en el fragmento de diálogo que voy a trasladar, he de advertir que el pueblo de Arfe (realísimo, existente en el mapa, si bien con otro nombre) posee un colegio de segunda enseñanza, fundado por un rico arfeño, donde se da instrucción gratuita y muy completa a los naturales del pueblecillo montañés, y que el sepulturero, en sus primeros años, se había sentado en los bancos de aquel instituto.
Ô pestilentielle tragédie ! Personne n’échappa à cette gifle posthume donnée par une main indigne, à cet affront qu’on ne peut effacer ni punir, cette tache que toute l’eau du Jourdain ne suffirait à laver. Pour ce Tarquin de cimetière, pas de Lucrèce : sa férocité détruisit à jamais la vertu et pour les habitants d’Arfe, désormais, la honte n’avait d’égal que le déshonneur. Et la foule, qui auparavant criait, rugissait et voulait se faire justice, fut sidérée, atterrée par l’énormité même du crime et par le cynisme atroce de celui qui le confessait. Ils l’écoutaient en silence, tandis qu’il répandait sur l’assemblée une boue sanglante. Le juge, lui-même, était à court d’arguments et – étrange faiblesse ! – commençait à fléchir. Pour que le lecteur ne s’étonne pas de certains propos du vieux Carmelo que je vais reproduire dans le dialogue qui suit, je dois signaler qu’Arfe (village de montagne bien réel, mais connu sous un autre nom) est doté d’une école fondée par un riche habitant, offrant une instruction gratuite et très complète aux enfants natifs de ce lieu, et que le fossoyeur avait fréquentée dans ses jeunes années.
***
Juez.– ¿No le estremecía a usted el poner en un muerto las manos?
Le juge : – Ne trembliez-vous pas à l’idée de toucher un mort ?
Acusado.- Yo he nacido entre muertos. Mi padre fue sepulturero, mi abuelo lo mismo, y supongo que mi bisabuelo también. Para mí no hay diferencia entre los muertos y los vivos. ¿Cómo quiere usted que me estremezcan ni me repugnen mis parroquianos, si me brotaron los dientes manejando y tocando difuntos?
L’accusé : – Je suis né parmi les morts. Mon père était fossoyeur, comme mon grand-père, et mon arrière-grand-père avant lui, je suppose. Pour moi, il n’y a pas de différence entre les vivants et les morts. Comment voulez-vous que les cadavres de mes concitoyens m’effraient ou me dégoûtent alors que j’ai vécu avec eux depuis mon plus jeune âge ?
Juez.– ¿No le hace a usted triste efecto el frío de la piel, la rigidez cadavérica? ¿Qué atractivo puede tener un cadáver?
Le juge : – La froideur, la rigidité cadavérique ne vous rebutent-elles pas ? Quel charme peut avoir un cadavre ?
Acusado.– ¡Más frías y más insensibles que las mujeres que entierro están algunas vivas que ustedes pagan!
L’accusé : – Certaines femmes bien vivantes que vous payez sont plus froides et insensibles que celles que j’enterre !
Juez.– ¡Reprima usted la lengua! ¿Desde cuándo comete usted esas horribles profanaciones, desgraciado?
Le juge : – Tenez votre langue ! Depuis quand profanez-vous ces cadavres, misérable ?
Acusado.– Desde que me convencí de que ninguna chica del pueblo me quería ni para ruedo en que poner los pies; desde que mis requiebros les servían de diversión, y mis declaraciones de sainete, y mi oficio de hazmerreír, y mi persona de espantajo. Desde que el día de la fiesta del pueblo no conseguí encontrar una pareja de baile. ¡No ha sido mal baile el que luego bailaron conmigo las señoras remilgadas!
L’accusé : – Depuis que j’ai compris qu’aucune fille du village ne voudrait de moi, même pas pour jouer à la marelle. Depuis qu’elles prennent mes compliments pour des plaisanteries, mes déclarations pour des farces, mon métier pour une blague et moi pour un épouvantail. Et depuis qu’aucune d’elles ne daigne danser avec moi à la fête du village. La danse qu’elles ont fini par m’accorder, toutes ces mijaurées, n’était pas si mal au final !
Juez.– ¡Chis! ¡Es usted un monstruo, afrenta del género humano!
Le juge : – Silence ! Vous êtes un monstre, vous faites honte au genre humain !
Acusado.– ¡Valiente noticia! Por eso me he vengado de todos. Hice daño, por lo mismo que soy monstruo. Estoy convicto y confeso. Y… atención, señor juez: las cosas claras y en su lugar: también digo que en la vida he cogido ni el valor de un maravedí de lo que llevan las muertas a la sepultura. ¡Ábranse los ataúdes, y en su sitio aparecerán las sortijas, los pendientes y los relicarios! No soy ladrón.
L’accusé : – Pas possible ! C’est bien pour ça que je me suis vengé de vous tous. J’ai fait du mal, aussi sûr que je suis un monstre ; je l’avoue et je l’assume. Mais attention, M. le Juge, que les choses soient bien claires : j’ajoute que, de ma vie, je n’ai jamais rien volé dans les tombes de ces femmes. Ouvrez les cercueils : les bagues, les boucles d’oreille et les reliquaires y sont toujours ! Je ne suis pas un voleur.
Juez.– Ha robado usted una cosa más preciosa mil veces, que es el pudor y la honra.
Le juge : – Vous avez dérobé une chose mille fois plus précieuse : la vertu et l’honneur.
Acusado.– Si la honra y el pudor no dependen de la voluntad de la persona misma, y se pueden coger así… como yo los he cogido, entonces confieso que bien he deshonrado al vecindario de Arfe. (Hondo murmullo en el auditorio. Amenazas y maldiciones, que la horripilante curiosidad de oír acalla.)
L’accusé : – Si l’honneur et la vertu ne dépendent pas de la volonté et peuvent être dérobés aussi facilement… comme je l’ai fait, alors j’avoue avoir déshonoré tout Arfe. (Un sourd murmure dans l’auditoire. Des menaces et des insultes, étouffées par l’envie irrépressible d’en savoir plus).
Juez.– Mida usted sus expresiones. Su descaro agravará la severidad de la ley, y hará inexorable el fallo de la vindicta pública. En usted se ve, además del hábito de tan brutales atentados, un espíritu de rencor y el odio de una fiera. ¿Qué daño le hicieron a usted los habitantes del pacífico pueblo de Arfe, malvado?
Le juge : – Mesurez vos propos. Votre insolence aggravera votre sanction et le verdict de la foule sera impitoyable. Il y a chez vous, en plus de ces crimes brutaux et récurrents, une rancœur et une haine dignes d’une bête sauvage. Quel mal vous ont fait les habitants du paisible village d’Arfe, scélérat ?
Acusado.– ¿Daño? Poca cosa. Tratarme como a un perro. Aunque una chica, pongo por caso, me quisiera, a cuenta que el padre me la concediese en matrimonio. Primero se la entregaba a un salteador de caminos. ¡No quisieron darme ninguna! Pues yo las tuve todas, y a discreción, y sin necesidad de cortejar ni de rondar la calle. Bien se lo decía a los arfeños, y ellos empeñados en no creerme. «No hay hombre de este pueblo a quien no le haya faltado su mujer una vez por lo menos…». Y se reían los grandísimos cabestros, se reían. No braméis… Ahora os habréis convencido de que el tío Carmelo no miente nunca. ¿Pues y las que se morían antes de casarse y traían la palma así, muy cogidita, y sus novios ni se atrevieran a tocarles a la pelusa de la ropa? Así venía la de la otra noche… ¡Cuidado si era buena moza, señor Juez! Y la llamaban Puri la Casta… ¡Ja, Ja!…
L’accusé : – Quel mal ? Presque rien. Juste me traiter comme un chien. Si, d’aventure, une fille m’avait aimé, son père ne m’aurait jamais accordé sa main. Il m’aurait préféré un bandit de grand chemin. Personne n’a jamais voulu me donner sa fille en mariage ! Eh bien, je les ai eues toutes, absolument toutes et sans besoin de leur conter fleurette. Je le disais bien aux habitants d’Arfe, et ils ne me croyaient jamais : « Dans ce village, aucun homme ne peut dire que sa femme ne l’a pas trompé au moins une fois… ». Et ces grands imbéciles ne cessaient de rire. Ne braillez pas… Maintenant vous savez que le vieux Carmelo ne ment jamais. Et celles qui sont mortes avant de se marier et tenaient leur palme bien serrée, celles dont les fiancés n’avaient pas osé ne serait-ce qu’effleurer les vêtements ? Elles aussi, comme celle de l’autre nuit… Une sacrée jolie fille, M. le Juge ! Et dire qu’on l’appelait Blanche la pure… Ah, ah, ah !
***
A la carcajada infame contestó un rugido del pueblo arrojándose sobre el nefando criminal, y un sollozo de agonía. El novio caía al suelo de golpe, como piedra que se desprende del monte y rueda, inerte y sorda, hasta el llano.
L’infâme éclat de rire fut suivi d’un rugissement de la foule qui se jetait déjà sur l’odieux criminel, puis d’un sanglot d’agonie. Le fiancé s’était effondré, comme une pierre qui se détache d’un rocher et roule, inexorablement, jusqu’à la plaine.
Un año estuvo medio lunático el pobrecillo, haciendo mil extravagancias, ya melancólicas, ya furiosas. Al afianzarse su razón nuevamente, entró de novicio en el convento de Franciscanos, acabado de repoblar en Priego.
Un año estuvo medio lunático el pobrecillo, haciendo mil extravagancias, ya melancólicas, ya furiosas. Al afianzarse su razón nuevamente, entró de novicio en el convento de Franciscanos, acabado de repoblar en Priego.