La advertencia
La mise en garde
Oyendo llorar al pequeño, el de cuatro meses, la madre corrió a la cuna, desabrochándose ya el justillo de ruda estopa para que la criatura no esperase. Acurrucada en el suelo, delante de la puerta, a la sombra de la parra, cargada de racimos maduros, dio de mamar con esa placidez física tan grande y tan dulce que acompaña a la vital función. Creía sentir que un raudal tibio e impetuoso salía de ella para perderse en el niño, cuyos labios inflados y redondos atraían tenazmente la vida de la madre. La tarde era bonita, otoñal, silenciosa. Sólo se oía el silbido de un mirlo, que rondaba las uvas, y el goloso glu-glu del paso de la leche materna por la gorja infantil.
Dès qu’elle entendit pleurer son benjamin d’à peine quatre mois, la mère se précipita vers le berceau tout en dégrafant son épais corset pour lui donner le sein. Recroquevillée sur le pas de la porte, à l’ombre de la treille chargée de raisins mûrs, elle l’allaita avec la grande placidité physique que procure cette si douce fonction vitale. C’était comme si un flux tiède jaillissait de son corps pour se répandre dans celui de l’enfant, dont les lèvres toutes rondes et gonflées semblaient aspirer sa vie. Cet après-midi d’automne était beau et silencieux. On n’entendait que les piaillements d’un merle qui voletait autour des raisins et le glouglou du lait maternel qui coulait goulûment dans la gorge du bébé.
Sobre el sendero pedregoso resonaron aparatosas las herraduras de un caballo. Resbalaban en las lages, y sin duda arrancaban chispas. La aldeana conoció el trote del jamelgo: era el del médico, don Calixto. Y gritó obsequiosamente:
Sur le chemin caillouteux, les sabots d’un cheval résonnèrent bruyamment. Il glissait sur les pierres plates, cela devait produire des étincelles. La paysanne reconnut le trot du canasson : c’était le médecin, don Calixto. Tout empressée, elle lui lança :
— Vaya muy dichoso.
— Que la fortune soit avec vous.
El doctor, en vez de pasar de largo, como solía, paró el jaco a la puerta de la casuca y descabalgó.
Au lieu de continuer sa route comme d’habitude, le docteur arrêta sa rosse devant la bicoque et mit pied à terre.
— Buenas tardes nos dé Dios, Maripepiña de Norla… ¿Qué tal el rapaz? Se cría rollizo, ¿eh?
— Remercions Dieu pour cette belle après-midi, ma petite Maripepa de Norla… Comment va ton petit ? Il profite bien, hein ?
El doctor, en vez de pasar de largo, como solía, paró el jaco a la puerta de la casuca y descabalgó.
La mère releva fièrement les vêtements du nourrisson pour exhiber son corps rose et potelé, pas bien propre.
La madre, con orgullo, alzó al mamón la ropa y enseñó sus carnes, regordetas, rosadas, no demasiado limpias.
— Voyez par vous-même, M’sieur ! On dirait du saindoux.
— ¿Ve, señor?… Hecho de manteca parece.
Au lieu de continuer sa route comme d’habitude, le docteur arrêta sa rosse devant la bicoque et mit pied à terre.
— Mujer, me alegro… De eso me alegro mucho, mujer… Porque has de oírme: he recibido carta de los señores, ¿entiendes?, de los señores, los amos… Que les mande allá una moza de fundamento, y de buena gente, y sana, y bonita, y que tenga leche de primera, para amamantarles el hijo que les acaba de nacer… Y con estas señas no veo en la aldea, sino a ti, Maripepiña.
— Ma fille, je m’en réjouis ; oui, je m’en réjouis fort… Car j’ai à te parler : j’ai reçu une lettre des maîtres, des propriétaires, tu comprends ? Ils veulent que je leur envoie une fille sérieuse, honnête, saine, mignonne, qui a du bon lait, c’est pour leur nouveau-né… Et des filles comme ça dans le village, je n’en vois qu’une, ma petite Maripepa, c’est toi.
Un asombro, una curiosidad atónita, se marcaron en el rostro algo amondongado, pero fresco y lindo, de la aldeana.
Sur le visage un peu lourd, mais agréable de la jeune paysanne, on pouvait lire étonnement et curiosité.