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La mise en garde (1922*)

La mise en garde (1922*)

Cette nouvelle aborde la question de l’inégalité sociale, à travers une jeune paysanne qui doit partir travailler comme nourrice chez ses maîtres à Madrid, et celle de la jalousie masculine car elle doit en outre faire face à la méfiance de son mari. Emilia Pardo Bazán dénonce ici une double injustice : la jeune paysanne, mère elle-même, est contrainte d’abandonner ses enfants pour espérer rapporter un peu d’argent au foyer tout en subissant la pression d’un mari qui craint pour son honneur. Néanmoins, elle y trouve une petite compensation, comme le révèle la fin de la nouvelle…

La advertencia

Oyendo glyphe syntaxe llorar al pequeño, el de cuatro meses, la madre corrió a la cuna, desabrochándose ya el justillo de ruda estopa para que la criatura no esperase. Acurrucada en el suelo, delante de la puerta, a la sombra de la parra, cargada de racimos maduros, dio de mamar con esa placidez física tan grande y tan dulce que acompaña a la vital función. Creía sentir que un raudal tibio e impetuoso salía de ella para perderse en el niño, cuyos labios inflados y redondos atraían tenazmente la vida de la madre. La tarde era bonita, otoñal, silenciosa. Sólo se oía el silbido de un mirlo, que rondaba las uvas, y el goloso glu-glu del paso de la leche materna por la gorja infantil.

La mise en garde

Dès qu’elle entendit pleurer son petit dernier d’à peine quatre mois, la mère se précipita vers le berceau tout en dégrafant son corset de toile grossière pour lui donner le sein. Recroquevillée sur le pas de la porte, à l’ombre de la treille chargée de raisins mûrs, elle l’allaita avec la grande placidité physique que procure cette si douce fonction vitale. C’était comme si un flux tiède jaillissait de son corps pour se répandre dans celui de l’enfant, dont les lèvres toutes rondes et gonflées semblaient aspirer sa vie. Cette après-midi d’automne était belle et silencieuse. On n’entendait que les piaillements d’un merle qui voletait autour des raisins et le glouglou du lait maternel coulant goulûment dans la gorge du bébé.

Sobre el sendero pedregoso resonaron aparatosas las herraduras de un caballo. Resbalaban en las lages glyphe galicianismes , y sin duda arrancaban chispas. La aldeana conoció el trote del jamelgo: era el del médico, don Calixto. Y gritó obsequiosamente:

Sur le chemin caillouteux, les sabots d’un cheval résonnèrent bruyamment. Il glissait sur les pierres plates, ce qui devait produire des étincelles. La paysanne reconnut le trot du canasson : c’était le médecin, don Calixto. Tout empressée, elle lui lança :

–Vaya muy dichoso.

– Que la fortune soit avec vous.

El doctor, en vez de pasar de largo, como solía, paró el jaco a la puerta de la casuca y descabalgó.

Au lieu de continuer sa route comme d’habitude, le docteur arrêta sa rosse devant la bicoque et mit pied à terre.

–Buenas tardes nos dé Dios, Maripepiña glyphe noms de Norla… ¿Qué tal el rapaz? Se cría rollizo, ¿eh?

– Remercions Dieu pour cette belle après-midi, ma petite Maripepa de Norla… Comment va ton petit ? Il profite bien, hein ?

La madre, con orgullo, alzó al mamón la ropa y enseñó sus carnes, regordetas, rosadas, no demasiado limpias.

La mère releva fièrement les vêtements du nourrisson pour exhiber son corps rose et potelé, pas bien propre.

–¿Ve, señor?… Hecho de manteca parece.

– Voyez par vous-même, M’sieur ! On dirait du saindoux.

–Mujer, me alegro… De eso me alegro mucho, mujer… Porque has de oírme: he recibido carta de los señores, ¿entiendes?, de los señores, los amos… Que les mande allá una moza de fundamento, y de buena gente, y sana, y bonita, y que tenga leche de primera, para amamantarles el hijo que les acaba de nacer… Y con estas señas no veo en la aldea, sino a ti, Maripepiña.

– Ma fille, je m’en réjouis ; oui, je m’en réjouis fort… Car j’ai à te parler : j’ai reçu une lettre des maîtres, tu comprends ? Les maîtres, les propriétaires. Ils veulent que je leur envoie une fille sérieuse, honnête, saine, mignonne, qui a du bon lait, c’est pour leur nouveau-né… Et des filles comme ça dans le village, je n’en vois qu’une, ma petite Maripepa, c’est toi.

Un asombro, una curiosidad atónita, se marcaron en el rostro algo amondongado, pero fresco y lindo, de la aldeana.

Sur le visage un peu lourd mais agréable de la jeune paysanne, on pouvait lire étonnement et curiosité.

–¿Yo, don Caliste glyphe dialogue ? ¿A mí…?

– Moi, don Caliste ?

–A ti, claro, a ti… No sé de qué te pasmas… A mí no había de ser… Si te dijese que te llamaban para guiar el coche, bueno que te asombrases…

– Oui, toi, bien sûr… Sûrement pas moi. Ça t’étonne ? Si je te disais qu’ils te veulent pour conduire leur voiture, je comprendrais…

–Y entonces, ¿quiérese decir que tengo que largar para Madrí, don Caliste?

– Alors, ça veut dire que j’dois aller fissa à Madrid, don Caliste ?

–No siendo que pienses darle teta desde aquí al pequeño de los señores…

– Sauf si tu comptes donner le sein à leur fils d’ici…

–No se burle… No se burle… ¿Y qué dirá mi hombre glyphe galicianismes cuando sepa que dejo la casa y los rapaces?

– Vous moquez pas d’moi, s’il vous plaît… Que va dire mon bonhomme si j’laisse la maison et les p’tits ?

–Dirá que perfectamente. ¿Qué diantre ha de decir? Os cae en la boca una breva madura. Ocho pesos de soldada al mes, comida…, ¡ya supondrás qué comida! Y ropa… ¡De ropa, como la reina! Collares y pendientes de monedas de oro, pañuelos bordados, mantel de terciopelo… ¡Hecha una imagen!

– Il dira que c’est parfait. Que diantre pourrait-il dire ? C’est une occasion en or. Huit sous de paie mensuels, et tu seras nourrie… tu imagines comment ! Et blanchie… vêtue comme une reine. Des colliers, des boucles d’oreilles en pièces d’or, des mouchoirs brodés, des nappes de velours… comme dans un rêve !

–Ocho pesos –repitió impresionada la aldeana, mientras el mamón, acogotado de hartura, cerraba los ojuelos y se adormecía–. ¿Dice que ocho pesos?

– Huit sous, répéta la paysanne impressionnée, tandis que son bébé, rassasié, fermait ses petits yeux et s’endormait. Huit sous, c’est bien ça ?

–¡Y propinas! ¡Propinas gordas!

– Plus les pourboires ! Des pourboires énormes !

Maripepiña meneó la cabeza, cubierta de densa crencha, de un rubio magnífico, veneciano, que, sencillamente alisado para domar su rizosa independencia, brillaba a los últimos rayos del sol. Cubrió el globo del seno, que todavía rozaba, descubierto, la cabeza del niño dormido, y repitió:

La jeune Maripepa secoua la tête ; sa chevelure épaisse, d’un magnifique blond vénitien, dont les boucles rebelles étaient disciplinées, brillait sous les derniers rayons du soleil. Elle couvrit son sein rond qui effleurait la tête du bébé endormi et répéta :

–¿Qué dirá mi hombre?

– Que va dire mon bonhomme ?

–¿El trabaja en la viña de Méntrigo?

– Il travaille la vigne à Méntrigo ?

–Sí señor… Allí está el enfelís, aguantando calor desde la madrugada.

– Oui, M’sieur, c’est là qu’il est, le pauvret, sous le cagnard toute la journée.

–Pues, paso por allá y se lo remito… porque esto no da espera, mujer. Si te determinas, has de salir hoy mismo: vengo a recogerte y te llevo a Vilamorta; la diligencia sale a las once de la noche, por aprovechar las horas frescas.

– Eh bien, j’y vais et je lui explique… car c’est urgent, ma fille. Si tu te décides, tu dois partir aujourd’hui même : je passerai te prendre pour te conduire à Vilamorta ; la diligence part à onze heures ce soir, à la fraîche.

Nada contestó la moza… Su estrecha frente estaba como abarrotada de pensamientos contradictorios. El médico cabalgó otra vez y se alejó, con el mismo choque de eslabón de las herraduras contra las lages de la calzada bruñidas por el tiempo.

La jeune femme ne répondit rien… Son front étroit semblait envahi de pensées contradictoires. Le médecin reprit sa route à cheval, avec le même bruit métallique des sabots sur les pierres polies par le temps.

Un cuarto de hora después, el hombre glyphe galicianismes de Maripepa aparecía, chaqueta al hombro, azadón terciado. No hubo explicación: ya venía informado por el médico:

Un quart d’heure plus tard, le bonhomme de Maripepa arrivait, sa veste à l’épaule et sa pioche en bandoulière. Pas besoin d’explication, le médecin l’avait informé.

–Y luego, Julián, ¿qué nos cumple hacer?

– Alors Julián, qu’est-ce qu’on doit faire ?

El aldeano, al pronto, calló, con cazurro silencio. Soltó azadón y chaqueta y fue a sacar de la herrada un tanque de agua fría, que apuró a tragos largos, como se deben apurar las amarguras inevitables…

Le paysan se mura d’abord dans un profond silence. Il posa sa pioche et sa veste et alla remplir au seau un pichet d’eau fraîche, qu’il vida à grands traits, comme on boit la coupe jusqu’à la lie.

Limpiándose la boca con el dorso de la mano, se acercó, cejijunto, a su mujer, que acababa de soltar al crío en la cuna.

Il essuya sa bouche du revers de la main et, soucieux, s’approcha de sa femme qui venait de déposer le bébé dans le berceau.

–Nos cumple, nos cumple… –repitió sentencioso–. Nos cumple a los pobres obedecer y aguantar… El amo, si está de buenas, puédese dar que nos perdone la renta del año; y que la perdone, que no la perdone, tus ocho pesos nadie te los quita. Y tú, según los vas cobrando, aquí los remites, que yo tengo mi idea, mujer, y nos perdonando la renta glyphe galicianismes , si tú se lo sabes pedir con buen modo a la señora, con tu soldada mercábamos el cacho de la viña que está junto al pajar, y ya teníamos huerta, patatas y berzas, y judías, y calabazas, y todo…

– On a pas le choix, on a pas le choix, répéta-t-il, sentencieux. Nous les pauv’, on doit obéir et souffrir. Le maître, s’il est d’bonne humeur, il nous f’ra p’t-être cadeau du fermage c’tte année ; et qu’il nous en fasse cadeau ou pas, tes huit sous, personne te les enlèvera. Et toi, au fur et à m’sure, tu les envoies par ici, car j’ai mon idée, ma p’tite femme : si l’maître nous fait cadeau du fermage et qu’tu t’y prends bien avec la maîtresse, avec ton salaire, on pourrait s’acheter le p’tit lopin de vigne à côté de la grange et faire un potager avec des patates, des choux, des haricots, des courges, et tout et tout…

–Bien; estando tú conforme, voy a recoger la ropa.

– Bon, puisque t’es d’accord, je m’en vais préparer mes affaires.

El marido gruñó:

Le mari grommela :

–Lleva no más lo puesto, parva glyphe galicianismes , que ropa ha sobrarte
glyphe galicianismes
.

– Vas-y comme ça, p’tite nigaude, t’auras bien assez de linge là-bas.

–Y a los rapaces, ¿quién los atiende?

– Et les p’tits, qui va s’en occuper ?

–Estarán atendidos. Vendrá mi hermana, la más pequeña. Ya cumplió los diez años por San Juan; sirve para cuidarlos.

– On va s’en occuper. Ma sœur cadette viendra. Elle a fêté ses dix ans à la Saint-Jean ; elle peut bien veiller sur eux.

–Que no le falte leche a Gulianiño –imploró la madre, señalando a la cuna.

– Pourvu que Gulianiño manque pas d’lait, implora la mère, en montrant le berceau.

Y al pronunciar el nombre cariñoso del nene, se le quebró la voz a Maripepa y las lágrimas apuntaron en sus ojos verdes, del color de los pámpanos de la vid.

Et en prononçant le petit nom du bébé, la voix de Maripepa se brisa et des larmes ourlèrent ses beaux yeux, verts comme les feuilles de vigne.

El marido, por su parte, también sintió no sé qué allá, en lo hondo de sus toscas entrañas de labriego amarrado sin reposo a la labor que gana el pan oscuro y grosero… Por un instante los esposos se miraron, con el mismo ¡ay!, con la misma devoción a la cría, a la prole.

Le mari, lui aussi, sentit un je-ne-sais-quoi au plus profond de ses entrailles de rude paysan, voué à suer sang et eau pour gagner son pain, noir et dur. Les époux se regardèrent un instant dans un même élan de tristesse et de dévotion pour leur enfant, leur progéniture.

–Voyme de mala gana, mi hombre –suspiró la hembra.

– J’y vais à reculons, tu sais, soupira la femme.

–¡No hay remedio! –articuló él, reflexivamente.

– Y’a rien d’autre à faire ! déclara-t-il, pensif.

Y, de pronto, agarrando por el pescuezo a Maripepa, la besó sin arte, restregándole la cara.

Et soudain, il saisit sa femme par les épaules et lui donna un baiser maladroit, frottant son visage contre le sien.

–Cata que eres moza y de buen parecer –refunfuñaba entre estrujones–. Cata que no se vayan a divertir a mi cuenta los señoritos… Tú vas para el chiquillo y no para los grandes, ¿óyesme? En Madrid hay una mano de pillería. Como yo sepa lo menos de tu conducta, la aguijada de los bueyes he de quebrarte en los lomos…

– Prends garde, t’es jeune et jolie, marmonnait-il en la pressant contre lui. Prends garde à c’que ces messieurs de la ville me déshonorent pas… Tu vas là-bas pour le p’tit, pas pour les grands, hein ? Madrid est rempli de fripons. Si jamais j’apprends que t’as fait des bêtises, j’te brise un aiguillon sur les reins.

La aldeana sonreía interiormente, bajando hipócrita los ojos. Ella sería buena por el aquel de ser buena; pero su hombre no tenía un pie en Norla y otro en Madrid, y los mirlos no iban a contarle lo que ella hiciese… Y, con modito maino glyphe galicianismes , se limpió los carrillos del estregón y sacudiendo la mano en el aire, articuló mimosa:

La paysanne souriait en elle-même et baissait les yeux hypocritement. Elle se tiendrait bien car c’était ce qu’on attendait d’elle. Mais son mari n’avait pas un pied à Norla et l’autre à Madrid et les merles n’allaient certainement pas moucharder. Puis elle essuya doucement ses joues et, toute mielleuse, lui dit en agitant la main :

–¡Asús, lo que se te fue a ocurrir, santo! ¡Nuestra Señora del Plomo glyphe expressions/culturèmes me valga!…

– Doux Jésus ! Qu’est-ce que tu vas t’imaginer, mon ange ! Que la Vierge de Plombières me garde de tout ça !

Notes

* La nouvelle appartient au recueil Cuentos de la tierra qui a été publié à titre posthume. On ignore aujourd’hui la date de rédaction ou de première publication (dans la presse) de cette nouvelle.

  1. Pardo Bazán, 2018, p. 74, note 35.
  2. Ibid., p. 76, note 37.
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Pau
Chapitre de livre
EAN html : 9782353111992
ISBN html : 978-2-35311-199-2
ISBN pdf : 978-2-35311-200-5
Volume : 2
ISSN : 3040-312X
10 p.
Code CLIL : 4033
licence CC by SA
Licence ouverte Etalab

Comment citer

Pardo Bazán, Emilia, « La mise en garde », in : Pardo Bazán, Emilia, coord. Florenchie, Amélie et Orsini-Saillet, Catherine, trad. Destan, Laura, Florenchie, Amélie, Martinet, Léa, Orsini-Saillet, Catherine et Pobéda, Stéphanie, Féministe. Recueil de nouvelles d’Emilia Pardo Bazán, Pau, PUPPA, Collection Alm@e Linguae 3, 2025, 109-118 [en ligne] https://una-editions.fr/la-mise-en-garde-la-advertencia [consulté le 10/09/2025].
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