Cette nouvelle raconte un premier féminicide, lié aux ravages de la jalousie masculine, comme dans plusieurs nouvelles de l’autrice. Certes, Claudia n’a pas été complètement honnête avec Onofre mais elle est poussée par la nécessité et par une mère sans le sou qui dépend totalement d’elle. Si à l’époque on parlait de crime passionnel, Emilia Pardo Bazán, elle, parlait déjà de mujericidio et considérait que c’était un fléau d’ampleur nationale dans son pays1…
Les expressions/les culturèmes
Modistilla : petite couturière (adaptation). Il n’est pas toujours possible de traduire le diminutif comme dans « Simplette », notamment lorsqu’il possède une connotation péjorative (modistilla renvoie à l’idée d’une couturière sans grand talent). On a donc opté pour l’ajout de l’adjectif qualificatif « petite » qui peut également avoir cette connotation péjorative.
Una paloma de la casta conocida por «de la puñalada» : une colombe de l’espèce des « poignardées » ; il s’agit d’une espèce exactement appelée « gallicolombe poignardée » (gallicolumba luzonica) et qui doit son nom à la tache rouge qu’elle porte sur la poitrine.
Ansorena : Ansorena était la bijouterie la plus cotée de Madrid au XIXe siècle (créée en 1845) et c’est aujourd’hui une maison de vente aux enchères ; ce serait l’équivalent de la maison Cartier créée à Paris en 1847. Nous avons traduit par « des bijoux de chez Ansorena », ce qui revient à une explicitation, pour que le nom propre soit identifié comme le nom d’un magasin de bijoux.
Les expressions/les culturèmes
Modistilla : petite couturière (adaptation). Il n’est pas toujours possible de traduire le diminutif comme dans « Simplette », notamment lorsqu’il possède une connotation péjorative (modistilla renvoie à l’idée d’une couturière sans grand talent). On a donc opté pour l’ajout de l’adjectif qualificatif « petite » qui peut également avoir cette connotation péjorative.
Una paloma de la casta conocida por «de la puñalada» : une colombe de l’espèce des « poignardées » ; il s’agit d’une espèce exactement appelée « gallicolombe poignardée » (gallicolumba luzonica) et qui doit son nom à la tache rouge qu’elle porte sur la poitrine.
Ansorena : Ansorena était la bijouterie la plus cotée de Madrid au XIXe siècle (créée en 1845) et c’est aujourd’hui une maison de vente aux enchères ; ce serait l’équivalent de la maison Cartier créée à Paris en 1847. Nous avons traduit par « des bijoux de chez Ansorena », ce qui revient à une explicitation, pour que le nom propre soit identifié comme le nom d’un magasin de bijoux.
Les expressions/les culturèmes
Modistilla : petite couturière (adaptation). Il n’est pas toujours possible de traduire le diminutif comme dans « Simplette », notamment lorsqu’il possède une connotation péjorative (modistilla renvoie à l’idée d’une couturière sans grand talent). On a donc opté pour l’ajout de l’adjectif qualificatif « petite » qui peut également avoir cette connotation péjorative.
Una paloma de la casta conocida por «de la puñalada» : une colombe de l’espèce des « poignardées » ; il s’agit d’une espèce exactement appelée « gallicolombe poignardée » (gallicolumba luzonica) et qui doit son nom à la tache rouge qu’elle porte sur la poitrine.
Ansorena : Ansorena était la bijouterie la plus cotée de Madrid au XIXe siècle (créée en 1845) et c’est aujourd’hui une maison de vente aux enchères ; ce serait l’équivalent de la maison Cartier créée à Paris en 1847. Nous avons traduit par « des bijoux de chez Ansorena », ce qui revient à une explicitation, pour que le nom propre soit identifié comme le nom d’un magasin de bijoux.
Les dialogues
Le parler populaire, moins présent et moins marqué que dans d’autres nouvelles, a été rendu grâce aux mêmes stratégies que précédemment.
¡Condenada de al…! : Maudite entrem…! C’est une traduction littérale mais elle repose sur une supposition (al renverrait à alcahueta, entremetteuse). Nous avons préféré éviter l’insulte grossière (« pu… » pour « putain », par exemple) qui ne cadre pas avec l’écriture d’Emilia Pardo Bazán.
Les noms propres/les surnoms
La Chivita : la Vieille Bique ; c’est la mention des « poils au menton » qui met sur la piste de la chèvre, plutôt vieille que petite, et non pas sur celle du mouchard (chivo/a). La suite du texte confirme ce choix : elle n’avoue rien.
Señá Dolores : à noter dans le récit, deux occurrences du vulgarisme señá qui ne sont signalées ni par l’italique, ni par les guillemets. Dans la traduction, ces occurrences ont été rendues par « m’ame », une abréviation que l’on trouve chez Balzac. L’ensemble du nom a été signalé par l’italique (« m’ame Dolores »), utilisé pour les surnoms en langue source.
Les noms propres/les surnoms
La Chivita : la Vieille Bique ; c’est la mention des « poils au menton » qui met sur la piste de la chèvre, plutôt vieille que petite, et non pas sur celle du mouchard (chivo/a). La suite du texte confirme ce choix : elle n’avoue rien.
Señá Dolores : à noter dans le récit, deux occurrences du vulgarisme señá qui ne sont signalées ni par l’italique, ni par les guillemets. Dans la traduction, ces occurrences ont été rendues par « m’ame », une abréviation que l’on trouve chez Balzac. L’ensemble du nom a été signalé par l’italique (« m’ame Dolores »), utilisé pour les surnoms en langue source.
La poignardée
On parlait beaucoup de la petite couturière et du charpentier dans le quartier.
Cada domingo se los veía salir juntos, tomar el tranvía, irse de paseo y volver tarde, de bracete, muy pegados, con ese paso ajustado y armonioso que sólo llevan los amantes.
Tous les dimanches, on les voyait sortir ensemble, prendre le tramway, se promener et rentrer tard, bras dessus bras dessous, collés l’un à l’autre, avec cette démarche synchronisée et harmonieuse qui n’appartient qu’aux amoureux.
Formaban contraste vivo. Ella era una mujercita pequeña, de negros ojazos, de cintura delgada, de turgente pecho; él, un mocetón sano y fuerte, de aborrascados rizos, de hercúleos puños –un bruto laborioso y apasionado–. De su buen jornal sacaba lo indispensable para las atenciones más precisas; el resto lo invertía en finezas para su Claudia. Aunque tosco y mal hablado, sabía discurrir cosas galantes, obsequios bonitos. Hoy un imperdible, mañana un ramo, al otro día un lazo y un pañuelo. Claudia, mujer hasta la punta del pelo, coqueta, vanidosa, se moría por regalos. En el obrador de su maestra los lucía, causando dentera a sus compañeritas, que rabiaban por «un novio» como Onofre.
Physiquement, tout les opposait. Elle était toute petite, elle avait de grands yeux noirs, la taille fine, la poitrine bien galbée ; lui, au contraire, était un bon grand gaillard, avec des cheveux tout frisés et des poings herculéens, en somme une brute épaisse, mais travailleuse et passionnée. Avec son salaire, il avait assez pour couvrir leurs besoins et même de quoi offrir des cadeaux à sa Claudia chérie. Malgré son manque d’instruction, il savait trouver des mots galants et faire de jolis présents. Un jour une épingle à nourrice, le lendemain un bouquet de fleurs, une autre fois un ruban et un foulard. Claudia, féminine jusqu’au bout des ongles, était coquette et vaniteuse, et raffolait des cadeaux. Elle les exhibait à l’atelier de couture où elle travaillait, provoquant la jalousie de ses petites camarades qui mouraient d’envie d’avoir un « fiancé » comme Onofre.
«Novio»… precisamente novio no se le podía llamar. Era difícil, no ya lo de las bendiciones sino hasta reunirse en una casa, una mesa y un lecho porque ¿y las madres? La de Onofre, vieja, impedida; además, un hermano chico, aprendiz, que no ganaba aún. Así y todo, Onofre se hubiese llevado a Claudia en triunfo a su hogar, si no es la madre de la modista, asistenta de oficio, más despabilada que un candil. Cuando en momentos de tierna expansión, Onofre insinuaba a Claudia algo de bodas…, o cosa para él equivalente, Claudia, respingando, contestaba de enojo y susto:
« Fiancé »… ce n’était pas exactement le terme. Il était déjà bien difficile de se mettre en ménage, alors le mariage, pensez-vous ! Et les mères dans tout ça ? Celle d’Onofre était âgée, infirme, et vivait avec son autre fils, jeune apprenti, qui ne gagnait pas encore sa vie. Pourtant, Onofre aurait porté Claudia en triomphe chez eux, mais la mère de la couturière, domestique de son état, plus maligne qu’un singe, s’y opposait. Dans des moments de tendre effusion, lorsqu’Onofre évoquait le mariage ou quelque chose d’équivalent, Claudia, en colère et comme effrayée, répondait en rouspétant :
–¿Estás bebido? Hijo, ¿y mi madre? ¿La suelto en el arroyo como a un perro? Con la triste peseta que ella se gana un día no y otro tampoco, ¿va a comer pan si yo le falto? Déjate de eso, vamos… ¡Que se te quite de la cabeza!
– Tu as bu, mon pauvre ! Et ma mère ? Je l’abandonne comme un chien ? Avec la misérable peseta qu’elle gagne tous les trente-six du mois, comment elle va remplir son assiette si je suis pas là ? Allons, sois sérieux… C’est hors de question !
No se le quitaba. Pasar con Claudia ratos de violenta felicidad, era bueno; pero cuánto mejor sería tenerla siempre consigo, a toda hora, sin tapujos…, sin que pudiese la madre cortarles las comunicaciones, como había hecho ya en momentos de enfado. Además, teniendo a Claudia a su vera, públicamente suya, tal vez se le curasen los celos. Los padecía en accesos de furor que trataba de ocultar. Claudia era una gran chica, con su aire de señorita, su talle, que un dependiente de comercio había llamado de palmera… y él, él, tan basto, tan encallecido, ¡que ni firmar sabía! Verdad que tenía fuerza en los brazos y calor en el alma…, y coraje para matarse con cualquiera; eso sí… ¿Bastaba?
Mais il n’en démordait pas. Passer avec Claudia de purs moments de bonheur était bien agréable, mais ce serait encore mieux s’il l’avait toujours à ses côtés, à tout moment, sans retenue… sans que sa mère les sépare comme elle l’avait déjà fait lors de disputes. En plus, si Claudia devenait officiellement sa femme, il guérirait peut-être de sa jalousie. Elle lui provoquait des accès de rage qu’il essayait de dissimuler. Claudia n’était pas n’importe qui, avec son air de demoiselle, sa taille de guêpe comme avait dit un vendeur… et lui, lui, si grossier, si fruste, qu’il ne savait même pas signer ! Il avait de la force dans les bras et de l’amour à revendre… et du courage plus qu’il n’en faut, pour casser la figure au premier venu, sans aucun doute… mais cela suffisait-il ?
Debía bastar, en ley de Dios; sino que ¡se ven tales cosas! Ya dos veces había observado Onofre un hecho extraño. Al rondar la casa de Claudia (aquella maldita casa tenía imán), veía en el portal a la madre, señá Dolores
, secreteando con un caballero muy bien portado de gabán de pieles. ¿Era figuración de Onofre? Al divisarle la vieja daba señales de inquietud y el señor se despedía atropelladamente. No importa, no se le despintaba; entre mil de su casta le conocería. Algo grueso, nariz de cotorra, patillas grises, ojos vivos… ¿Qué embuchado se traían? ¿Se trataba de Claudia? «Muy tonto soy
–pensó Onofre–; pero, ¡Cristo!, el dedo en la boca no han de metérmelo».
Aux yeux de Dieu, cela devait suffire mais on voit de ces choses ! Par deux fois déjà, Onofre avait observé un fait étrange. En rôdant près de chez Claudia (sa maudite maison l’attirait comme un aimant), il avait vu à la porte sa mère, m’ame Dolores, faire des messes basses avec un homme vêtu d’un très beau manteau de fourrure. Onofre se faisait-il des idées ? En l’apercevant, la vieille femme avait paru inquiète et l’homme avait pris congé précipitamment. Peu importe, il l’avait gravé dans sa mémoire : il le reconnaîtrait entre mille. Un peu gros, avec un nez de perroquet, des pattes grises, des yeux vifs… Quel mauvais tour préparaient-ils ? S’agissait-il de Claudia ? « Je suis peut-être bête, pensa Onofre, mais, bon sang, ils ne m’auront pas ! »
Esto ocurrió hacia Pascua florida. Después de un invierno riguroso y tristón, la primavera desentumecía los cuerpos; los árboles echaban hojas y flores a granel, el sol picaba y reía. El año anterior, ¡Onofre no lo olvidaba!, Claudia, al principiar el buen tiempo, había querido pasear todas las tardes, sin faltar una. Salían temprano, él del taller y ella del obrador, y se iban por ahí hasta las diez dadas. La convidaba a merendar, la hartaba de pájaros fritos y de fresilla. ¡Un despilfarro! Y este año apenas conseguía decidirla a vagabundear dos días por semana. Reacia andaba la chica. ¡Atención, Onofre!
Tout se passa à Pâques. Après un hiver rude et maussade, le printemps réveillait les corps, les feuilles et les fleurs poussaient à foison sur les arbres, le soleil chauffait et réchauffait les cœurs. L’année passée, Onofre s’en souvenait bien, au début des beaux jours, Claudia avait voulu se promener tous les après-midi, sans exception. Ils débauchaient tôt et se promenaient jusqu’à dix heures passées. Il l’invitait à goûter, il la gavait de fritures et de fraises. Quel luxe ! Mais cette année, il parvenait à peine à la convaincre de prendre l’air deux fois dans la semaine. La jeune fille était réticente. C’est louche, Onofre !
–¿Quién te ha dado ese dije de oro? –preguntó de repente parándose en mitad de la calle, el carpintero a su compañera.
– Qui t’a donné ce bijou en or ? demanda soudain le charpentier à sa compagne en plein milieu de la rue.
– En or ? Mais c’est du plaqué… murmura-t-elle, apeurée.
–A un hombre no se le miente, y si me vuelves a salir por dublé, te meto en casa de mi compadre el platero, y te abochorno la cara. ¡Oro con piedras! ¡Copones! ¿Se puede saber por qué has mentido?
– On ne ment pas à un homme et si tu me sors encore que c’est du plaqué, j’te traîne chez mon ami l’orfèvre et tu vas passer un mauvais quart d’heure. De l’or avec des pierres ! C’est le pompon ! On peut savoir pourquoi tu as menti ?
–Verás –balbució Claudia–. Es que… por si te enfadabas… Tenía ahorrados unos cuartos… Lo compré de lance…
– Eh bien, bafouilla Claudia, c’était… au cas où tu t’énerverais… J’avais des sous de côté… Je l’ai acheté d’occasion…
–¿Enfadarme yo? ¿Cuándo has visto que me mezcle en tus gastos hija? ¿Lo compraste? ¿Dónde? ¿A quién?
– Moi ? M’énerver ? Depuis quand je m’occupe de tes dépenses, ma belle ? Tu l’as donc acheté ? Où ? À qui ?
– C’est la prêteuse sur gages qui me l’a vendu… La Vieille Bique… Tu la connais, non ? Celle qui a du poil au menton…
Calló Onofre. Un relámpago de lucidez horrible acababa de cegarle. ¡Aquello era otro embuste! ¡Una fila de embustes! ¿Con que la Chivita? Él la encontraría aquella misma noche…
Onofre se tut. Un terrible éclair de lucidité venait de l’éblouir. C’était un autre mensonge ! Un chapelet de mensonges ! La Vieille Bique, ben voyons ! Il irait la trouver le soir même…
Pasaban por la plazuela de Santa Ana. Los árboles del jardín convidaban a descansar a su sombra, de poblados y de verdes que los tenía el abril. Risas de chiquillería, llamadas de niñeras se confundían con los trinos de los canarios y jilgueros «maestros» colgados en jaulas, a las puertas de las tiendas de pájaros y perros. Claudia se paró delante de una de estas tiendas; lo acostumbraba; le gustaban mucho los bichos. Hizo fiestas a un loro, a un gato de Angora, a un falderín, y se entretuvo más con las palomas. ¡Qué ricas! Las había moñudas, de cuello empavonado, de patas calzadas…
Ils traversaient la petite place de Santa Ana. Si feuillus et si verts en ce mois d’avril, les arbres les invitaient à se reposer à l’ombre. Les rires des enfants et les cris des nounous se confondaient avec les trilles des canaris et des chardonnerets, ces « maestros » dont les cages étaient suspendues à l’entrée des boutiques animalières. Claudia s’arrêta devant l’une d’entre elles. Elle le faisait souvent. Elle aimait beaucoup les bestioles. Elle s’amusa avec un perroquet, un chat angora, un petit chien puis elle resta un long moment avec les colombes. Elles étaient si belles ! Certaines arboraient une huppe, d’autres un jabot de paon, et d’autres encore des pattes couvertes de plumes…
–¡Ay! –exclamó–. ¡Esa tiene sangre!… Está herida.
– Oh ! s’exclama-t-elle. Celle-là saigne ! Elle est blessée.
Era una paloma de la casta conocida por «de la puñalada»
. Sobre el buche, curvo y blanquísimo, un trozo rojo imitaba perfectamente la herida fresca.
Il s’agissait d’une colombe de l’espèce des « poignardées ». Sur sa gorge, proéminente et immaculée, une trace rouge imitait à la perfection une blessure récente.
–Le habrá dado un corte su palomo –dijo gravemente Onofre–. También los palomos serán capaces de barbaridades si otros les festejan la hembra.
– C’est sans doute son mâle qui l’a blessée, dit Onofre sur un ton grave. Les mâles aussi sont capables de faire des horreurs si on séduit leur femelle.
Claudia apartó los ojos y se coloreó. El dicho de Onofre, sin tener nada de particular, le sonaba de un modo muy raro. ¡A saber si era la conciencia! No se tranquilizó, ni mucho menos, cuando Onofre insistió, poniéndose pesado, en regalarle aquella paloma de la cortadura. ¡Si no la podía cuidar; si no la podía mantener! ¡Si apenas tenía tiempo de echar cordilla al gato! ¡Si faltaba jaula!
Claudia détourna son regard et rougit. La phrase d’Onofre, anodine après tout, résonnait à ses oreilles d’une façon étrange. Peut-être avait-elle mauvaise conscience ? Et quand Onofre, de plus en plus pesant, insista pour lui offrir la colombe à l’entaille, elle perdit son calme, définitivement. Elle rétorqua qu’elle ne pouvait pas la soigner, ni la nourrir ! Elle avait à peine le temps de donner à manger au chat ! Et elle n’avait même pas de cage !
–También compro la jaula. No te apures. Hermosa, yo no te podré ofrecer de lo que vende Ansorena
… pero vamos, ¡que una pobre paloma! ¿Me vas a desairar? ¿No quieres nada mío?
– Je t’achète aussi la cage. T’en fais pas. Je peux p’t-être pas t’offrir des bijoux de chez Ansorena, ma jolie… mais une pauvre colombe, oui ! Si tu refuses, tu vas me vexer ! Tu veux plus rien de moi ou quoi ?
Hablaba en irritada voz. Claudia no se atrevió a negarse. Cargó Onofre con la jaula de mimbres y acompañó hasta su puerta a la muchacha. De allí, derecho, en busca de la corredora. La encontró luego; casualmente estaba en casa. Y sin duda el carpintero, en su interrogatorio, se clareó, descubrió lo que traía entre cejas…, porque la Chivita, avezada a tales indagatorias, imperturbable y con el tono más persuasivo contestó que sí, que ella había vendido a Claudia el dije.
Il parlait d’une voix agacée. Claudia n’osa pas refuser. Onofre porta la cage en osier et accompagna la jeune fille jusqu’à sa porte. De là, il partit tout droit à la recherche de l’usurière. Il la trouva sans tarder, elle était chez elle par hasard. Et en l’interrogeant, le charpentier y vit plus clair sans aucun doute et découvrit ce qu’elle cachait… car la Vieille Bique, imperturbable, habituée à de tels interrogatoires, lui répondit sur le ton le plus persuasif qu’effectivement, elle avait vendu le bijou à Claudia.
–¿Que día? –insistió Onofre, tozudo.
– Quel jour ? insista Onofre, têtu.
–¡Ay hijo! ¡Pues no es usted poco curioso! Si una se fuese a acordar con tanto como vende…
– Ah, mon ami ! Vous ne seriez pas un peu trop curieux ? Si on devait se souvenir de tout ce qu’on vend !
–¿Qué costó? ¿Tampoco lo sabe?
– Combien il a coûté ? Ça non plus vous le savez pas ?
–¡Jesús! Aunque me pidiese declaración el señor juez… Veremos si me acuerdo mañana…
– Mon dieu ! Même si c’était le juge qui prenait ma déclaration… On verra demain si je m’en souviens.
Desde la escalera, volviéndose hacia la puerta mugrienta de la Chivita y cerrando los puños, el mocetón rugió entre dientes, con ira inmensa:
Une fois dans l’escalier, tourné vers la porte crasseuse de la Vieille Bique, le gaillard, les poings fermés, dit dans un immense rugissement de colère :
– Maudite entrem… ! Tous de mèche pour me mentir !
De casa de la Chivita se fue Onofre a la taberna que encontró más a mano. Era sobrio; no le divertía achisparse. Sólo que hay casos en que un hombre… Pidió aguardiente: lo que emborrachase lo más pronto. Necesitaba convertirse en cepo, no pensar hasta el otro día. Y echó copa tras copa; por fin, se quedó amodorrado, con la cabeza caída sobre la sucia mesa de la tasca.
Puis Onofre entra dans la première gargote qu’il trouva. Il était sobre et s’enivrer ne l’amusait pas. Mais il y a des fois où un homme… Il demanda de l’eau-de-vie : ce qui pouvait le saouler le plus vite. Il avait besoin de se sentir comme une outre, de ne plus penser jusqu’au lendemain. Il enchaîna les verres et, enfin, il s’endormit, la tête posée sur une table sale.
A la mañana siguiente, a eso de las ocho, salía Claudia para ir como siempre, al obrador. Era la última vez; se despediría de la maestra, de las compañeras, de la labor, de los pinchazos en la yema del dedo. «Aquel señor» –el del dije, el de las grises patillas, las quería en su casa, a ella y a su madre, tratadas como reinas. La madre, ama de llaves…; la hija, ama… ¡de todo! Proposiciones así no se desechan. ¿Y Onofre?… En primer lugar, Onofre no sabía las señas del caballero. Hasta que las averiguase… Después… pasado tiempo… Onofre se resignaría. Así y todo, Claudia llevaba el corazón apretado. Miedo, miedo, un miedo invencible. Al entrar con la jaula de la paloma, señá Dolores había gritado alarmada: «Fuera con eso, mujer; si parece que tiene una puñalá de veras… ¡Vaya un regalo, la Virgen!» Y en sueños, revolviéndose en la estrecha cama, la puñalada sangrienta en el pecho blanco perseguía a Claudia. Le parecía que la herida estaba en su propio seno, y que la sangre, en hilos, manaba y empapaba lentamente las sábanas y el colchón. La pesadilla duró hasta el amanecer.
Le lendemain matin, vers huit heures, Claudia sortait de chez elle comme chaque jour pour se rendre à l’atelier. C’était la dernière fois. Elle dirait au revoir à sa patronne, à ses camarades, au travail, aux piqûres d’aiguille au bout des doigts. Le fameux « Monsieur », celui du bijou, avec les pattes grises, voulait les prendre à son service, elle et sa mère, et il les traiterait comme des reines. La mère, maîtresse de maison, la fille, maîtresse… de tout le reste ! De telles propositions ne se refusent pas. Et Onofre ? D’abord, Onofre ne connaissait pas l’identité de cet homme. Mais ce n’était qu’une question de jours… Ensuite, avec le temps, Onofre se ferait une raison. Pourtant, Claudia avait le cœur serré. La peur, cette peur, c’était plus fort qu’elle. En voyant la cage, m’ame Dolores avait crié, paniquée : « Laisse-moi ça dehors, bon sang ! On dirait qu’elle s’est pris un coup d’poignard ! Sainte Vierge, en voilà un cadeau ! ». La nuit venue, Claudia s’était retournée sans cesse dans son petit lit, elle avait rêvé du coup de poignard sanglant dans la gorge blanche de l’oiseau. C’était comme si sa propre poitrine était transpercée et qu’un filet de sang imbibait lentement ses draps et son matelas. Son cauchemar dura jusqu’à l’aube.
Ahora iba aprisa. Recogería el jornal, la almohadilla, los avíos, y «¡abur, señora!» ¡Aire! A descansar, a comer bien, a vestir seda, en vez de coserla para otras mujeres menos guapas. Claudia corría, deseosa de llegar. En la esquina, distraídamente, tropezó, resbaló, quiso incorporarse. Una mano ruda la sujetó al suelo; una hoja de cuchillo brilló sobre sus ojos, y se le hundió, como en blanda pasta, en el busto, cerca del corazón. Y el asesino, estúpido, quieto, no segundó el golpe –ni era necesario–. La sangre se extendía, formando un charco alrededor de la cabeza lívida, inclinada hacia el borde de la acera; y Onofre, cruzado de brazos, aguardaba a que le prendiesen, mirando cómo del charco se extendían arroyillos rojos, coagulados rápidamente.
Pour l’heure, elle n’avait pas de temps à perdre. Elle récupérerait son salaire, son coussinet, tout son matériel, et « Adieu, Madame ! ». Bon vent ! Se reposer, bien manger, porter des vêtements de soie au lieu de les coudre pour d’autres femmes moins belles. Claudia courait, pressée d’arriver. À l’angle de la rue, distraite, elle trébucha, glissa, et voulut se redresser. Mais une main puissante la maintint au sol. Une lame de poignard l’éblouit et s’enfonça dans sa poitrine, près du cœur, comme dans du beurre. Et l’assassin resta immobile, calme, il était inutile de porter un second coup. Le sang se répandait en une flaque tout autour de la tête livide, inclinée vers le bord du trottoir. Onofre, les bras croisés, attendait qu’on l’arrête tout en regardant les petits filets de sang s’échapper et coaguler rapidement.