UN@ est une plateforme d'édition de livres numériques pour les presses universitaires de Nouvelle-Aquitaine

L’université de Strasbourg :
déploiement architectural et urbain d’une institution après 1945

Appréhender l’extension du campus strasbourgeois

L’extension du campus de l’université de Strasbourg durant les Trente Glorieuses se démarque des processus d’exurbanisation caractérisant alors d’autres grandes agglomérations1. Mise en œuvre à la fin des années 1950, elle a permis le maintien partiel, à proximité du centre de Strasbourg, des installations façonnées par une histoire singulière. Ainsi, cet article explore le rôle joué par l’université dans le développement urbain. Une diversité de sources historiques éclaire la genèse de ce campus, arborant une esthétique architecturale neuve dans une situation exceptionnelle.

Créée en 1872, la Kaiser-Wilhelm-Universität2, au cœur des ambitions de l’Empire allemand, rompit brutalement, dans un premier temps, avec les traditions et les élites locales. L’axe structurant du plan d’extension urbain de la Neustadt3, tangent au centre historique, reliait la place dominée par le palais de l’Empereur, à l’ouest, au quartier universitaire, à l’est. Celui-ci, conçu par Hermann Eggert (1844-1920), fut implanté sur les anciens remparts nord. Construit à la suite d’un grand concours, remporté cette fois par Otto Warth (1845-1918), inspiré par les modèles architecturaux classiques, et proche d’exemples contemporains allemands ou suisses, le palais universitaire constituait un outil pédagogique de pointe et la vitrine du campus vers la ville. Si le domaine universitaire fut, dès l’origine, une unité foncière homogène, pour des raisons stratégiques, Strasbourg affirma une akademische Doppelstadt4. En effet, la faculté de Médecine fut pensée, tel un second pôle autonome, sur le terrain de l’hôpital civil fondé au XIVe siècle. Certains des édifices de cette période ont été finement analysés5 et l’histoire de l’université impériale a été balisée6 puis enrichie au regard des enjeux de sa patrimonialisation7. En revanche, les exemples alsaciens postérieurs à 1945 demeurent peu présents dans la littérature générale8 et les bâtiments du nouveau campus n’ont fait l’objet que de projets éditoriaux ponctuels9. En effet, si Christophe Charle et Jacques Vergé ont souligné que « le tiers de siècle qui suit la Seconde Guerre mondiale a sans doute apporté plus de bouleversements dans le paysage universitaire mondial que les trois siècles précédents10 », l’extension du campus, durant cette période des années 1950 à 1970, a suscité moins d’intérêt que ces noyaux de la période allemande. Toutefois, au fil du temps, des études cernant l’évolution du site ont été réalisées11. La présente contribution poursuit une partie de nos investigations doctorales12, ainsi que les constats dressés dans une publication de 202013, afin de réinscrire la genèse de ce campus dans le contexte local14 et national. Cet article explore, en deux temps forts, les formes bâties en lien avec le développement universitaire et urbain strasbourgeois des années 1950 jusqu’au début des années 1970.

Hypothèses et prémices de l’extension du campus, de l’entre-deux-guerres à l’Occupation

Projections nationales sur le terrain strasbourgeois

Les autorités locales et nationales envisagèrent, avec le retour de l’Alsace à la France en 1918, les possibilités d’agrandissement du campus à travers la transformation de terrains militaires façonnés par Vauban, chargé de l’édification à l’est de la ville d’une citadelle, démantelée après 1870. Au début du siècle, ces terrains de l’Esplanade se trouvaient enclavés, bordés par le site universitaire et les quartiers d’habitation de la Neustadt au nord, le quartier ancien de la Krutenau à l’ouest, le faubourg du Neudorf au sud et les installations portuaires à l’est. Durant l’entre-deux-guerres, le maire réformateur Jacques Peirotes (1869-1935), poursuivit la mise en œuvre du plan d’extension en développant une ambitieuse politique de construction15. À la suite de la célébration du centenaire de Pasteur en 1923, marqué par la tenue d’un congrès d’urbanisme et d’hygiène municipale, il organisa un grand concours afin de planifier le déclassement de l’enceinte et de dresser un plan d’aménagement16. Le programme prévoyait d’ailleurs d’établir au nord de la ville, sur le modèle anglo-saxon, une cité universitaire17. Les plans des architectes et urbanistes déployaient cette idée, tout en exploitant les possibilités des terrains de l’Esplanade selon une trame de vastes îlots prolongeant la ville existante (fig. 2). Même si ces recherches firent émerger des potentialités, le site n’évolua en réalité qu’à la marge à cette période. L’Université française, modernisée après 1918, avec pour objectif d’en faire un modèle sur le plan national – Lucien Febvre et Marc Bloch y fondèrent la revue des Annales d’histoire économiques et sociales en 1929 –, fut inaugurée en grande pompe en novembre 1919 dans l’aula du palais universitaire (fig. 1), ornée pour l’occasion de tapisseries des Gobelins. L’université s’installa dans les structures existantes (quelques équipements furent construits sur le site de l’hôpital civil18). Si une ambitieuse politique scientifique porta ses fruits, l’université n’occupait plus une position aussi centrale dans la société locale que pendant l’annexion19.

Fig. 1. Vue de la façade du Palais Universitaire, construit en 1884 par Otto Warth, lors de l’inauguration officielle de l’Université de Strasbourg (1919) (Archives de la Ville et de l’Eurométropole de Strasbourg, 1 FI 1 17).
Fig. 1. Vue de la façade du Palais Universitaire, construit en 1884 par Otto Warth, lors de l’inauguration officielle de l’Université de Strasbourg (1919) (Archives de la Ville et de l’Eurométropole de Strasbourg, 1 FI 1 17).
Fig. 2. Concours pour l’établissement du plan d’aménagement, d’embellissement et d’extension, projet « Strasbourg, Métropole de l’Est », Niedermann et Hippenmeier, architectes à Zurich (1924) (Archives de la Ville et de l’Eurométropole de Strasbourg, 170 W 23). Les encadrés signalent l’emplacement du campus impérial existant et, au nord, le site envisagé pour une cité universitaire.
Fig. 2. Concours pour l’établissement du plan d’aménagement, d’embellissement et d’extension, projet « Strasbourg, Métropole de l’Est », Niedermann et Hippenmeier, architectes à Zurich (1924) (Archives de la Ville et de l’Eurométropole de Strasbourg, 170 W 23). Les encadrés signalent l’emplacement du campus impérial existant et, au nord, le site envisagé pour une cité universitaire.

Puis, pendant l’Occupation, alors que l’université de Strasbourg, « résistante », se replia à Clermont-Ferrand20, et qu’une Reichsuniversität21 fut inaugurée22, des urbanistes allemands furent sollicités afin d’imaginer le développement futur de la ville. En 1942, un concours, organisé pour la construction d’un nouveau Strasbourg, amena à l’établissement de projets hors d’échelle, reconfigurant les faubourgs sud et s’étendant aussi sur les terrains de l’Esplanade militaire. Manifestant un certain « mépris pour le tissu urbain existant23 », l’objectif était d’affirmer la présence de la ville sur le Rhin, en l’étendant vers la commune voisine de Kehl, selon un croquis établi par Hitler. Il s’agissait de matérialiser une extension administrative, politique, militaire et universitaire. Le classicisme du projet de Joseph Schlippe (1885-1970), un des plus documentés, est proche de l’expression des projets d’Albert Speer (1905-1981), tout en tolérant quelques inflexions traditionalistes. Ainsi, son Kollegienhaus24, coiffé de hautes toitures, articulait une vaste séquence monumentale s’étirant depuis le campus impérial au nord jusqu’aux quais au sud (fig. 3). La potentialité des terrains militaires, comme zone d’extension de la ville et de l’université, était exploitée par les concurrents. Mais il fallut attendre la Libération pour que le changement de destination de ces terrains militaires intervienne. La défense nationale songea en effet, dans un premier temps, à y installer les unités retirées d’Allemagne puis, face à la vétusté des équipements, étudia la possibilité d’un transfert au secteur civil25.

Fig. 3. Vue du Kollegienhaus palais de l'Université. Projet de Joseph Schlippe, lors du concours pour le « nouveau Strasbourg » (1942) (Archives de la Ville et de l’Eurométropole de Strasbourg, 309M W 21).
Fig. 3. Vue du Kollegienhaus palais de l’Université. Projet de Joseph Schlippe, lors du concours pour le « nouveau Strasbourg » (1942) (Archives de la Ville et de l’Eurométropole de Strasbourg, 309M W 21).

Premiers jalons et émergence d’un projet d’extension

Alors que se poursuivaient, depuis 1947, des pourparlers afin de définir les modalités du transfert du site, sa transformation s’engagea, tout du moins, sur ses pourtours (fig. 4). Ainsi, l’OPHLM strasbourgeois mandata Charles-Gustave Stoskopf (1907-2004), architecte-conseil du ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme depuis 1951, directeur de l’École régionale d’architecture depuis 1949, afin de bâtir la cité du quai des Belges et la cité du quai des Alpes, regroupant 750 logements, livrés entre 1952 et 1957.

Fig. 4. Plan extrait du dossier de lotissement de l’Esplanade (1961). En rouge, le périmètre global de l’opération. Au nord, le site de l’université impériale, et en périphérie, les opérations récentes (cités HLM et cité universitaire) (Archives de la Ville et de l’Eurométropole de Strasbourg, 481W41).
Fig. 4. Plan extrait du dossier de lotissement de l’Esplanade (1961). En rouge, le périmètre global de l’opération. Au nord, le site de l’université impériale, et en périphérie, les opérations récentes (cités HLM et cité universitaire) (Archives de la Ville et de l’Eurométropole de Strasbourg, 481W41).

Dès 1956, Pierre Dalloz (1900-1992), représentant le MRU, le missionna également pour une étude plus large sur le secteur, afin d’y implanter une cité universitaire, une cité administrative et un éventuel palais pour l’Union européenne26. En parallèle, un premier transfert au bénéfice de l’enseignement supérieur fut mis en œuvre. En 1950, la municipalité décida de bâtir des nouveaux locaux pour l’École nationale des ingénieurs, ancienne école technique allemande, installée dans un bâtiment à l’extrémité orientale du campus impérial. L’édifice fut construit sur l’emprise d’une ancienne caserne (déjà en partie mise à disposition de l’enseignement technique depuis 1945) amorçant ainsi l’extension du campus au sud, vers l’Esplanade, sans qu’un plan global ne soit encore établi27. François Herrenschmidt (1906-1992), proche de Stoskopf, enseignant à l’école régionale et architecte en chef des Bâtiments civils et Palais nationaux (BCPN), fut ici associé à Jean Démaret (1897-1967), également architecte BCPN. Herrenschmidt fut mandaté à la même période pour construire, au sud du site et pour le compte de l’OPHLM, une première cité universitaire, livrée en 195728, ainsi que pour réaménager la bibliothèque nationale universitaire, et enfin, installer le Centre de Recherches Nucléaires à Cronenbourg, embryon de l’actuel campus du CNRS29. Le retour de l’Université française en 1945 entraîna des interventions de première urgence sur les locaux existants, exécutées par Lucien Cromback (1884-1961), autre architecte BCPN30. Le palais universitaire fit ainsi l’objet de divers travaux et aménagements, parfois provisoires, que ce soit lors de la rentrée solennelle de 1945, ou encore, lors de la première session du Conseil de l’Europe en 194931.

Au milieu des années 1950, la volonté de récupérer les terrains se précisa. Dès 1954, la ville imagina étendre sur huit hectares supplémentaires l’Université, tout en maintenant une part des activités militaires32. L’urbaniste Henri-Jean Calsat (1905-1991), chargé du plan du Groupement d’Urbanisme de la ville, livra une première étude en 1955. Proposant de fournir, selon une demande de l’université, – des locaux pour 6 000 élèves sur un terrain cette fois de 13 à 14 hectares – Calsat imagina un prolongement organique du campus impérial en suivant la direction Est-Ouest. Dans son esquisse, l’université scindait le quartier en deux unités de voisinage. Les instituts occupaient un vaste jardin selon une faible densité, sans grande précision. Calsat hésitait sur une éventuelle interruption du boulevard de la Victoire, le développement du site universitaire et la continuité de la logique urbaine s’entrechoquant (fig. 5). L’urbaniste précisa d’ailleurs que l’extension universitaire était possible horizontalement comme verticalement mais que, dans tous les cas, il faudrait « éviter qu’elle forme un barrage33 ». Pour la Ville, l’enjeu était alors de saisir cette opportunité foncière afin de maintenir l’université dans la cité et permettre son extension, considérée alors comme une « question vitale34 ».

Fig. 5. Étude pour l’urbanisation de l’Esplanade, par l'architecte-urbaniste H.-J. Calsat (1955) (Archives de la Ville et de l’Eurométropole de Strasbourg, 481W39).
Fig. 5. Étude pour l’urbanisation de l’Esplanade, par l’architecte-urbaniste H.-J. Calsat (1955) (Archives de la Ville et de l’Eurométropole de Strasbourg, 481W39).

Les négociations entre les différentes parties trouvèrent une issue en 195735, grâce à l’intervention de Pflimlin, ministre et président du Conseil Général, auprès du maire qui, convaincu de la nécessité de retenir l’université dans la ville, lança l’opération. De nombreuses réunions36 se tinrent à cette période à la préfecture du Bas-Rhin ou, à Paris, sous la direction d’André Prothin (1902-1971), directeur général de l’aménagement du territoire, où était convié, au sein de la représentation de l’Université, Roger Hummel (1900-1983), architecte BCPN, qui œuvrait déjà, avec Cromback, à moderniser le site existant : ils envisageaient conjointement en 1953 le réaménagement du campus historique37. Finalement, dès le milieu des années 1950, l’opération se dédoubla : il s’agissait, d’une part, de l’aménagement des facultés et de la construction d’un institut de botanique dans l’enceinte du campus et, d’autre part, du déplacement de plusieurs instituts et facultés à l’Esplanade. En mars 1956, le recteur d’Académie Jean Babin (1905-1978) évoquait la situation : au cours des dix ans écoulés, de nombreux projets de construction avaient été jugés irréalisables par les bâtiments de France, notamment le projet d’adjonction d’une tour sur le bâtiment de chimie38. À l’étroit dans ses murs, face à une poussée démographique importante, l’Université envisageait de s’étendre au nord en détruisant des villas existantes. Babin plaidait ainsi pour la nécessité du projet de l’Esplanade, plaçant en première urgence la Faculté de Droit, dont le transfert désengorgerait les locaux du Palais Universitaire.

La Caisse des dépôts et consignations créa, en 1957, en partenariat avec le département et la ville, un organisme dédié à l’accompagnement du projet : la société d’aménagement et d’équipement de la région de Strasbourg (SAERS), avec pour mission la viabilisation et la revente des terrains39. Sur les 74 hectares d’emprise, seuls 16 hectares furent finalement affectés au campus et 58 au secteur résidentiel40. En juin 1958, la SAERS établit une convention dans laquelle Stoskopf fut chargé de la conception du secteur résidentiel et du plan d’ensemble et, Hummel, de la zone universitaire. Après l’élection à la mairie en 1959 de Pflimlin, vigoureusement attaché à ce premier grand projet depuis la Reconstruction41, un autre architecte entra aussi en piste : Pierre Vivien (1909-1999), à qui il fit appel pour les études du plan directeur de la Ville. À l’été 1959, ce dernier proposa même un plan alternatif aux recherches engagées sur le site, qu’il aurait voulu jalonner de hautes tours d’habitation. Vivien positionnait le campus, non plus comme une prolongation rejoignant les vestiges de la citadelle de Vauban, mais davantage comme un espace tampon vis-à-vis du quartier ancien de la Krutenau à l’ouest. Pflimlin précisa qu’il fallait selon lui « éviter une coupure totale entre la Krutenau et le quartier d’habitation42 ». Les réflexions de Calsat et Vivien nourrissaient ainsi le projet et matérialisaient la présence forte du maire dans les débats : l’université devait être reliée à la ville.

Le temps de la mise en œuvre (1958-1968)

Des ambitions architecturales croisées au fondement de la conception du campus

Si Stoskopf et Hummel étaient présents antérieurement, ils ne concrétisèrent leurs projets qu’à partir de la fin de l’année 1957, une fois leurs mandats confirmés : leurs propositions, articulées, furent étudiées selon des temporalités d’abord distinctes. Les premières esquisses de Stoskopf, réalisées en 1958 portaient sur l’ensemble du quartier. Elles ne détaillaient pas le secteur universitaire, qui occupait toutefois la même position de « pivot central43 » que dans le plan Vivien. L’architecte s’attachait essentiellement à la composition d’une magistrale nord-sud dans le secteur résidentiel, afin de relier la Neustadt au faubourg sud. L’architecte précisait : « La nouvelle université reliée à l’ancien quartier universitaire constitue un vaste espace vert en position centrale autour duquel viennent se grouper les nouveaux quartiers d’habitation44 ». Alors qu’il approfondissait ses propres recherches, l’Alsacien n’avait pas encore reçu d’éléments de la part de Hummel. Il offrit ainsi sa vision du campus, rêvant d’une composition globale liant étroitement les deux secteurs (fig. 6).

Fig. 6. Maquette d’étude du quartier de l’Esplanade (janvier 1958).C.-G. Stoskopf architecte (Archives d’Alsace-Site de Strasbourg, fonds Stoskopf, 60J61).
Fig. 6. Maquette d’étude du quartier de l’Esplanade (janvier 1958).##C.-G. Stoskopf architecte (Archives d’Alsace-Site de Strasbourg, fonds Stoskopf, 60J61).

Hummel œuvrait en parallèle à l’élaboration du plan du campus qui obtint un premier accord du Conseil général des bâtiments de France en mars 195845. Stoskopf intégra alors la conception du campus et des édifices de Hummel pour se concentrer sur l’organisation du quartier résidentiel : les points d’articulation entre les deux secteurs se restreignirent à des effets d’axialités. Les contours du campus moderne émergeaient, et la position centrale du bâtiment de la faculté de droit, et de celle de l’école de chimie, s’affirmèrent (fig. 7). Pour le secteur universitaire, dans ses recherches, Hummel fixait la position de ces deux pivots centraux (leur emprise correspondait déjà à la réalisation finale, les travaux débutant à cette période). Pour le reste des facultés, il proposait des volumes fragmentés et continus, imaginant une sorte de mégastructure indépendante de la composition générale de Stoskopf, dotée de sa logique propre. Progressivement, le poids urbain et visuel de la faculté de droit fut renforcé par l’aménagement paysager et l’introduction d’une forme ovoïde, soulignant la position centrale, quasi fœtale, de l’édifice dans le site (fig. 8).

Fig. 7. Maquette d’étude du quartier de l’Esplanade (mai 1959). C.-G. Stoskopf architecte (avec intégration du projet de R. Hummel pour le campus) (Archives d’Alsace-Site de Strasbourg, fonds Stoskopf, 60J62).
Fig. 7. Maquette d’étude du quartier de l’Esplanade (mai 1959). C.-G. Stoskopf architecte (avec intégration du projet de R. Hummel pour le campus) (Archives d’Alsace-Site de Strasbourg, fonds Stoskopf, 60J62).
Fig. 8. Étude n° 6 pour le secteur du campus de l’Esplanade (novembre 1959). R. Hummel architecte (Archives de la Ville et de l’Eurométropole de Strasbourg, 481W40).
Fig. 8. Étude n° 6 pour le secteur du campus de l’Esplanade (novembre 1959). R. Hummel architecte (Archives de la Ville et de l’Eurométropole de Strasbourg, 481W40).

Les réalités d’une mise en œuvre et le retour aux « formes autonomes »

Ainsi, dès les premières recherches, on fit jouer, aux bâtiments de droit et de chimie, une partition autonome : ces édifices, livrés dès 1962, matérialisaient le proscenium de cette composition, en écho au palais universitaire à la proue du campus impérial. Dans le dossier de lotissement de 196046, la vue d’une maquette et les plans soulignèrent même une évolution plus large. L’ambition, portée par Hummel, de formes continues, connectées et linéaires, proche de tendances contemporaines, se heurtait aux réalités de la mise en œuvre concrète : on revenait ici à une composition permettant la livraison d’édifices indépendants (fig. 9).

La faculté de droit, livrée en 1962, avait été le fruit d’un dialogue nourri entre le doyen et Hummel47. Le programme fut réparti en deux volumes, suivant l’axe de composition qui relie symboliquement l’Esplanade au cœur de la ville et la cathédrale. Les surfaces allouées au sein du palais universitaire furent ainsi multipliées par dix. La façade incurvée, les matériaux et coloris soulignaient le soin accordé à la symbolique de ce premier jalon. Hummel fit aussi le choix pour la proue de ce campus d’un étirement vertical, qu’il justifia par le caractère relativement exigu du terrain. Ainsi, la tour de l’École de chimie constitua un contrepoint vertical. Culminant à 73 mètres, la tour arbora une forme fuselée, étroite et dynamique, évoquant la Tour Pirelli de Milan48 (fig. 10). L’esthétique développée et l’importance donnée à ces disciplines évoquent les choix exercés pour d’autres campus, comme à Rouen, où sciences et chimie furent valorisées à travers les choix urbains et architecturaux49. À Strasbourg, ils sont les premiers bâtiments universitaires livrés depuis le retour de l’Alsace à la France en 1918##.

Fig. 9. Maquette du quartier de l’Esplanade à Strasbourg, s. d. (vers 1960), architectes C.-G. Stoskopf et R. Hummel (Archives Caisse des dépôts et consignations).
Fig. 9. Maquette du quartier de l’Esplanade à Strasbourg, s. d. (vers 1960), architectes C.-G. Stoskopf et R. Hummel (Archives Caisse des dépôts et consignations).
Fig. 10. Vue perspective de la tour de l’École de chimie depuis l’ouest, vers 1959. R. Hummel architecte associé à M. Bourstin, A. Weinstein et A. Kronenberger (Archives de la Ville et de l’Eurométropole de Strasbourg, 651W24).
Fig. 10. Vue perspective de la tour de l’École de chimie depuis l’ouest, vers 1959. R. Hummel architecte associé à M. Bourstin, A. Weinstein et A. Kronenberger (Archives de la Ville et de l’Eurométropole de Strasbourg, 651W24).

Si ces édifices sortirent assez vite de terre, ils furent complétés, au fil des années soixante, par le biais d’autres opérations. En 1967, lors de l’inauguration officielle de l’Esplanade, Stoskopf affirma d’ailleurs que « la structure de ce nouveau quartier, très aéré, avec ces nouveaux bâtiments largement espacés s’oppose avec bonheur à la structure médiévale de la vielle ville. À un tissu urbain très serré, répond ici une trame très large. À Strasbourg, les Facultés, les Instituts, les Écoles sont restés dans la Cité50 ». Ainsi, au milieu des années 1960, les édifices donnèrent corps à cette extension du campus impérial, qui prit finalement la forme d’une collection d’objets distincts, positionnée au cœur d’un nouveau quartier moderne.

Démultiplication des acteurs et des sites d’intervention

Outre la conception des éléments phares salués par la presse51, Hummel et ses partenaires livrèrent sur le même site l’Institut de chimie biologique (1960-1966) et le bâtiment de propédeutique (1961-1963) dans un langage épuré, délaissant les signaux expressifs des édifices centraux52. En tant qu’architecte attitré de l’université, Hummel déclina la même écriture rationnelle, mâtinée de culture beaux-arts, en dehors du site de l’Esplanade. Sur le campus impérial, il éleva ainsi, sur l’emprise d’anciennes serres, le très sculptural Institut de botanique (1962-1967) qui tranchait brutalement avec les gabarits existants53, et non loin de là, une annexe de la faculté de Pharmacie (1960). Il construisit aussi la nouvelle faculté de médecine, en plusieurs tranches, sur le site d’un ancien parc à fourrages : il mit en scène élégamment cet équipement à la pointe nord-ouest du site de l’hôpital54. Hummel fut aussi mandaté, à la même période, pour construire les locaux du rectorat au nord du centre historique55.

Ainsi, d’autres architectes, figures majeures de la période à Strasbourg, intervinrent pour la construction des autres édifices56. Dès 1964, le doyen de la faculté de droit rappelait que « la silhouette de la nouvelle Faculté des Lettres et Sciences Humaines commence à se dessiner, rompant la solitude de la Faculté de Droit57 ». Vivien, proche de Pflimlin, nommé ici sur proposition du recteur, discuta âprement son contrat, refusant de se voir imputer une part de ses honoraires au profit de la SAERS58.

« Les différentes sections de la Faculté des Lettres, surface de planchers : 17 290 m2 pour 4 500 étudiants, ont été réparties autour de vastes patios, abrités, plantés et décorés, afin d’offrir des lieux de détente agréables. Sur le hall central, exposé au Nord, s’ouvre directement un grand amphithéâtre de 600 places, auquel est superposé un amphithéâtre de 400 places (…) Ces divers bâtiments sont reliés entre eux par des galeries et passages couverts à différents niveaux59 »

comme le résume un article de Techniques et Architecture.

Alors qu’il suggéra aussi des modifications au plan de masse général, Hummel fit un rappel à l’ordre à Vivien, marquant les limites des prérogatives de son confrère : « Il serait absolument paradoxal que je sois obligé de modifier ma conception […] ce plan de masse et ses abords ont été mis au point bien avant que tu sois désigné comme architecte pour la Faculté de Lettres60 ». Vivien construisit encore en 1970, au nord de ce nouveau campus, l’Institut de biologie Moléculaire et Cellulaire, un prisme austère de 5 niveaux, ponctué par des séries de fenêtres verticales. Au cours des années 1960, d’autres architectes s’impliquèrent, comme Bertrand Monnet (1910-1989), architecte en chef des Monuments historiques en Alsace depuis 1944 et architecte du conseil de l’Europe. Bâti sur le flanc Nord du campus entre 1965 et 1967, l’édifice livré par ses soins regroupait les instituts de mathématique et de physique du globe, unifié par une esthétique sobre et subtile. Associant deux instituts sans lien pédagogique direct, l’architecte déploie en effet une savante composition offrant une élégante façade sud tournée vers le campus ponctuée par la présence sculpturale d’un amphithéâtre61. Ainsi, l’unité architecturale et urbaine du nouveau campus rêvé par Stoskopf et Hummel, atteinte par Henry Bernard dans le contexte de la Reconstruction de Caen62, se heurta ici à diverses négociations, même si les grands axes et principes d’organisation furent maintenus, notamment à travers la présence de la vaste esplanade centrale axée sur la faculté de droit. Ainsi, en dépit du respect des gabarits de la composition urbaine, les nouveaux instituts ne déployaient pas une trame structurelle continue et unificatrice permettant croissance et flexibilité de l’ensemble comme l’avait initialement envisagé Hummel.

Au-delà d’un site, la large tutelle de l’Université de Strasbourg et l’après-1968

Les prérogatives institutionnelles de l’Université s’étendaient bien au-delà du site de l’Esplanade et même de Strasbourg. En effet, en 1958, furent créés des collèges scientifiques universitaires, notamment à Mulhouse et à Metz – la Moselle étant demeurée rattachée au rectorat alsacien – qui dépendaient donc de Strasbourg63. Ces créations, au Saulcy sur un site libéré par l’autorité militaire, et à l’Illberg sur un terrain municipal64, posèrent les germes des sites développés par les Universités autonomes fondées dans les années 1970. Ainsi, dès 1963, l’université comptait 13 000 étudiants, dont 1 000 répartis dans les enseignements propédeutiques à Metz et à Mulhouse, signe d’une croissance permise grâce à l’ambitieuse politique mise en œuvre par le recteur Joseph-François Angelloz (1958-1964). À Strasbourg, la brochure intitulée « De la misère en milieu étudiant » fut publiée en 1966 et, dès le 11 mai 1968, l’université se déclara autonome65 (fig. 11).

Fig. 11. Manifestation étudiante sur le campus universitaire de l’Esplanade, Strasbourg (4 mai 1968) (Coll. part. F. Laroche. Au fond, on aperçoit la faculté de droit et la tour de chimie).
Fig. 11. Manifestation étudiante sur le campus universitaire de l’Esplanade, Strasbourg (4 mai 1968) (Coll. part. F. Laroche. Au fond, on aperçoit la faculté de droit et la tour de chimie).

Après le choc de 196866 (), les projets engagés furent poursuivis. L’université fit construire, dans l’urgence, des installations complémentaires courant 1969, comme des amphithéâtres dans des structures de gymnases agréées par le ministère de la Jeunesse et des Sports67. À cette période, l’Université avait déjà outrepassé les limites de l’enceinte impériale : l’implantation des lieux d’enseignement, du rectorat, des cités universitaires et sportives soulignaient un effet de déploiement de l’université dans le tissu urbain existant de la Neustadt, comme dans le tissu des faubourgs périphériques (fig. 12). Cette dynamique rencontrait d’ailleurs celle du développement de la toute jeune communauté urbaine de Strasbourg, instaurée en 1966.

« Mai 68 : 3e volet », Alsace soir, 24.05.1988.
« Mai 68 : 3e volet », Alsace soir, 24.05.1988.
Fig. 12. Plan d’ensemble de l’Université de Strasbourg (1968) (Archives de la Ville et de l’Eurométropole de Strasbourg, 723 W 273).
Fig. 12. Plan d’ensemble de l’Université de Strasbourg (1968) (Archives de la Ville et de l’Eurométropole de Strasbourg, 723 W 273).

Après l’autonomie de 1968 et la scission en trois universités en 1971 dans le cadre posé par la loi Faure, l’ambition conquérante des Trente Glorieuses, traduites dans les formes urbaines et bâties, fut progressivement ralentie voire contestée. Certains projets furent interrompus, faute de crédits, comme le projet de construction d’une vaste bibliothèque universitaire des sciences humaines, confié à Stoskopf qui aurait ainsi pu marquer le campus de sa présence. Son projet, aux lignes sobres et massives, présenté en 1968 au Conseil général des bâtiments de France, et malgré une cérémonie de la pose de sa première pierre en 1969, ne vit jamais le jour68. L’élégante tour de Chimie, dix ans seulement après sa livraison, fut jugée par une commission départementale de la protection civile « dangereuse, incommode et insalubre69 ». Les risques encourus entraînèrent l’arrêt des activités à certains étages, engageant le transfert progressif de l’École, regroupée plus tard avec d’autres instituts, vers le site de Cronenbourg. S’accentue ainsi, particulièrement avec l’arrivée à la tête de la municipalité de Catherine Trautmann en 1989, la volonté de « diffuser la dynamique universitaire dans l’agglomération70 ». S’engagent alors les premières campagnes de rénovation du campus71 ().

« Strasbourg : Rénovation des campus universitaires », Alsace soir, 30.05.1989.
« Strasbourg : Rénovation des campus universitaires », Alsace soir, 30.05.1989.

À l’Esplanade, le caractère souple du plan initial, fruit de négociations diverses et d’une convergence entre visées nationales et locales, a permis la densification du site au fil du temps. Le projet bouleversa fortement la sociologie du voisinage, notamment du quartier ancien de la Krutenau, autrefois peuplé de soldats, devenant une sorte de « quartier latin72 » que la Ville rénova à partir du milieu des années 1970.

Depuis 1945, les temporalités de développement du campus et celles de la croissance urbaine se sont entrecroisées, parfois conjuguées, avec des effets de décalage73. Ainsi, sur le campus, certains éléments initiaux ont aujourd’hui disparu tandis que d’autres ont été patrimonialisés, affirmant leur rôle stratégique, à l’instar de la faculté de droit74. Le quartier de l’Esplanade a été reconnu dans son ensemble par l’attribution d’un label Architecture contemporaine remarquable en 201575. Cette situation paradoxale incarne matériellement les ambitions conquérantes d’une extension moderne comme leurs limites et infléchissement face aux diverses crises traversées depuis l’après 1968.

Notes

  1. Voir notamment l’exemple bordelais : Gilles Ragot, Genèse : campus Talence-Pessac-Gradignan, Pessac, Maison des sciences de l’homme d’Aquitaine, 2014.
  2. Traduction : université de l’Empereur Guillaume.
  3. La Neustadt (littéralement ville neuve) est l’extension urbaine de la ville, conçue et réalisée en grande partie sous administration allemande (1871-1918).
  4. Traduction : ville universitaire double. Marie-Noëlle Denis, Annelise Gérard, Francis Weidmann, Stéphane Jonas, « Strasbourg et son université impériale, 1871-1918. L’université au centre de la ville », Les Annales de la recherche urbaine, 62-63, 1994, pp. 139-155.
  5. Voir notamment François Loyer, « Le palais universitaire de Strasbourg, culture et politique en Alsace au XIXe siècle », Revue de l’Art, 91, 1991, pp. 9-25.
  6. Marie-Noëlle Denis et al., art. cit.
  7. Service de l’Inventaire du patrimoine de la Région Alsace, L’université impériale de Strasbourg : le site de la Porte des Pêcheurs, Lyon, Lieux-Dits, 2012 ; Marie Pottecher, Delphine Issenmann, « Une université modèle au cœur de la ville nouvelle ? La Kaiser Wilhems Universität » dans Loïc Vadelorge, Florence Bourillon, Boris Noguès, Nathalie Gorochov (dir.), L’université et la ville : Les espaces universitaires et leurs usages en Europe du XIIIe au XXIe siècle, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2018.
  8. Voir notamment Philippe Poirier (dir.), Paysages des campus : urbanisme, architecture et patrimoine, Dijon, Éditions universitaires de Dijon, 2009 ; Éléonore Marantz (dir.), Construire l’université : architectures universitaires à Paris et en Île-de-France (1945-2000), Paris, Publications de la Sorbonne, 2016 ; Catherine Compain-Gajac (dir.), Les campus universitaires : Architecture et urbanisme, histoire et sociologie, état des lieux et perspectives, Presses Universitaires de Perpignan, 2015.
  9. Lucie Mosca et Service de l’Inventaire du patrimoine de la Région Alsace, Université de Strasbourg, La faculté de droit de Strasbourg : campus de l’Esplanade, Lyon, Lieux Dits, 2012. Voir aussi Lignes architecturales, Strasbourg, Université Louis Pasteur, 2007.
  10. Christophe Charle, Jacques Vergé, Histoire des universités (XIIe-XXIe siècle), Presses Universitaires de France, 2012, p. 145.
  11. Dès 1961, l’opération étant à peine lancée, une thèse est soutenue sous la direction de Pierre Lavedan : Wernher, « Opération Esplanade » Strasbourg, Institut d’Urbanisme de l’Université de Paris, 1961. Plus tard, voir : Philippe Schilausky, Strasbourg : campus de l’Esplanade et université Wilhelmienne : Rapport intermédiaire 1, Groupe de Recherche REMU, Strasbourg, École d’Architecture de Strasbourg, 1991 ; Université, ville et projet urbain : Question de Processus. 2e partie, Étude de cas de Strasbourg, Groupe REMU, Strasbourg, École d’Architecture de Strasbourg, 1994.
  12. Gauthier Bolle, C.-G. Stoskopf (1907-2004), architecte : les Trente Glorieuses et la réinvention des traditions, Presses Universitaires de Rennes, 2017.
  13. Gauthier Bolle, « Des palais modernes pour le savoir. L’extension du campus de l’Université de Strasbourg après 1945 », Carnet du Comité d’histoire du ministère de la Culture, mars 2020. [https://chmcc.hypotheses.org/10853].
  14. Gauthier Bolle, Amandine Diener, Nicolas Lefort (dir.), avec la collab. de Cécile Rivière, L’école d’architecture de Strasbourg (1921-2021) : une douce modernité en Alsace, Riotord, Lieux Dits, 2022.
  15. Stéphane Jonas, « La politique urbaine et du logement de Jacques Peirotes, Député-Maire socialiste de Strasbourg », Revue des sciences sociales de la France de l’Est, 15, 1986, pp. 143-149.
  16. Hélène Antoni, « Le concours de 1925 pour l’extension de Strasbourg, une nouvelle façon de concevoir la ville ? », Plateia, 3, 2023, pp. 48-57.
  17. « Programme du concours ouvert pour l’établissement du plan d’aménagement et d’extension de Strasbourg », 1924. Archives de la Ville de l’Eurométropole (AVES), Extension et embellissement de Strasbourg, « plan d’aménagement et d’extension, concours – 1923/1932 », 152 MW9.
  18. À propos des réalisations de Patrice Bonnet sur le site de l’hôpital, voir Nicolas Lefort, « “Génération Danis” (1921-1949) : continuités et renouveaux » dans Gauthier Bolle, Amandine Diener, Nicolas Lefort (dir.), op. cit.
  19. Françoise Olivier-Utard, Une université idéale ? Histoire de l’Université de Strasbourg de 1919 à 1939, Strasbourg, Presses universitaires de Strasbourg, 2015.
  20. Voir Georges Bischoff, « Strasbourg – Clermont 1939-1945. L’Université de la Résistance », Revue d’histoire et de philosophie religieuses, 3, juillet-septembre 2011, pp. 339-351.
  21. Traduction : Université d’État de Strasbourg.
  22. Les Reichsuniversitäten de Strasbourg et de Poznan et les résistances universitaires, 1941-1944, textes réunis par Christian Baechler, François Igersheim et Pierre Racine, Strasbourg, Presses Universitaires de Strasbourg, 2005.
  23. Bénédicte Leclerc, « Urbanisme national-socialiste en France, les projets pour le « Nouveau Strasbourg » », 1940-1944, Histoire de l’art, 1-2, 1988, pp. 61-74.
  24. Traduction : Palais universitaire.
  25. « L’opération Esplanade », Elan cahier des ICS, 5, mai 1957, pp. 14-15.
  26. Courrier de Pierre Dalloz, octobre 1956. Archives d’Alsace-Site de Strasbourg (AAS), fonds Stoskopf, « Strasbourg : quartier de l’Esplanade », 60J59.
  27. Gauthier Bolle et Shahram Abadie, « Les lieux de l’enseignement de l’architecture au sein de l’école technique de Strasbourg (actuel INSA) », cahier HEnsA20, 5, décembre 2018, pp. 22-25.
  28. « La cité universitaire », Bâtir, 67, mai 1957, pp. 28-30.
  29. Françoise Olivier-Utard, « Les conventions entre le CNRS et l’université de Strasbourg : une expérience pionnière », La revue pour l’histoire du CNRS, 11, 2004, [http://journals.openedition.org/histoire-cnrs/691].
  30. Archives nationales (AN), Dossier sur l’Université de Strasbourg, Direction de l’Architecture ; archives du bureau des bâtiments civils, du bureau des constructions publiques et du bureau de la création architecturale, 19810663/119.
  31. « Le congrès de l’Europe », 18 août 1949, actualités françaises, archives INA [http://www.ina.fr/video/AFE85003193/le-congres-de-l-europe-video.html].
  32. « Procès-Verbal de la conférence qui s’est tenue le jeudi 15 avril 1954, sous la présidence de M. Maechling, adjoint au maire », 20 avril 1954. AVES, 481W39.
  33. « Visite de M. Calsat », 26 octobre 1955. AVES, 481W39.
  34. Débats du Conseil municipal de la Ville de Strasbourg en 1956, 38e séance du 16 juillet. AVES, AMC67482.
  35. « Strasbourg Esplanade – Protocoles et actes de cession » (1957). AAS, 1448W.
  36. Voir les comptes-rendus (1954-1959). AN, Enseignement supérieur et universités, Bureau de l’équipement, de l’organisation et des méthodes de gestion des universités et facultés, 19870187/44.
  37. Proposition de plan masse pour le réaménagement du campus, juillet 1953, AVES, 939 W 248.
  38. Rapport du Recteur de l’académie de Strasbourg, 30 mars 1956. AN, 19870187/44.
  39. Pierre Pflimlin, Société d’aménagement et d’équipement de la région de Strasbourg 1957-1967, 1967.
  40. AAS, 60J59.
  41. Dominique Badariotti, « Projet politique et urbanisme : le Strasbourg de Pierre Pflimlin (1959-1983) », Espace géographique, 1996, 25, no 1, pp. 53-64.
  42. Procès-verbal de la réunion tenue à la Préfecture du Bas-Rhin le 18 juillet 1959, AAS, fonds Stoskopf, 60J59.
  43. Expression employée par Stoskopf dans des annotations postérieures sur les premières esquisses. AAS, 60J59.
  44. Annotation ultérieure de Stoskopf sur l’étude n° 9 (c. 1957-1958). AAS, 60J59.
  45. Procès-verbal de la séance du 18 mars 1958, Conseil général des bâtiments de France (section spéciale des bâtiments d’enseignements). AN, 19870187/44.
  46. AVES, Police du Bâtiment, 481W41 et 632W1.
  47. AVES, Police du Bâtiment, 857W342-346.
  48. Gauthier Bolle et Amandine Diener, « De tours en tours. L’héritage de la modernisation urbaine en Alsace (1954-1973) », Bulletin Docomomo France, 2020, pp. 64-77. Voir : AVES, Police du Bâtiment, 651W25, 899W266-268, 1331W979.
  49. Vincent Gonzalez, Le campus universitaire de Mont-Saint-Aignan. Urbanisme, architecture et art, Presses universitaires de Rouen et du Havre.
  50. C.-G. Stoskopf, Inauguration de l’Esplanade, 1er juillet 1967. AAS, fonds Stoskopf, 60J2.
  51. « Université de Strasbourg R. Hummel architecte en chef », Techniques et Architecture, 2, février 1963, p. 154 ; « L’Université nouvelle : chantiers et réalisations », Présence de Strasbourg, mars 1963, pp. 15-32 ; « le complexe universitaire de Strasbourg », Hygiène et confort des collectivités, janvier 1964, pp. 8-17.
  52. AN, Éducation nationale ; Direction équipement scolaire, universitaire et sportif (1956-1974) ; Direction équipements, constructions (1950-1970).
  53. AVES, Police du Bâtiment, 790W228-229.
  54. AVES, Police du Bâtiment, 723W272-273.
  55. AN, Enseignement supérieur et universités, 19771368/62.
  56. Gauthier Bolle, « Des palais modernes pour le savoir… », art. cit.
  57. Rapport Général sur la situation et les travaux de l’Université de Strasbourg pendant l’année scolaire 1963-1964, présenté par M. A. Weill. AAS, archives de l’Université de Strasbourg, 1313W23.
  58. Pour la Faculté des Lettres et Sciences Humaines, voir AVES, 882W15 et AAS, archives du rectorat, 577D1-577D6.
  59. « Faculté des Lettres de Strasbourg. P. Vivien architecte », Techniques et Architecture, 2, Février 1963, p. 156.
  60. R. Hummel à P. Vivien, le 10 avril 1962. AAS, archives du rectorat, 1740W13.
  61. Bertrand Monnet, « Les instituts de mathématiques et de physique du globe à Strasbourg », Annales de l’institut technique du bâtiment et des travaux publics Suppl. 249, septembre 1968, pp. 1372-1386.
  62. Patrice Gourbin, « La reconstruction de l’université de Caen. À l’origine du campus français », In Situ, 17, 2011, [http://journals.openedition.org/insitu/10864].
  63. « Acquisition pour le collège scientifique universitaire de Metz » et « Projet d’acquisition des terrains ». AN, Enseignement supérieur et universités, 19771368/62 et 19910762/58.
  64. Voir l’article d’Amandine Diener consacré au site mulhousien dans le présent ouvrage. Lien interne
  65. Benoît Wirrmann et Geoffrey Girost (dir.), Mai 68 en Alsace (catalogue d’exposition), Strasbourg, Bibliothèque nationale et universitaire, 2018.
  66. « Mai 68 : 3e volet », Alsace soir, 24.05.1988. https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/.
  67. AVES, Police du Bâtiment, 723W273.
  68. Dans une lettre du 2 septembre 1970 adressée au Recteur, Stoskopf mentionne comme principal frein à l’opération les problèmes de non-revalorisation des crédits accordés à l’opération. AAS, 67J362-364. Voir AN, Enseignement supérieur et universités, 19910762/58.
  69. AVES, Police du Bâtiment, 651W24 et 1331W979.
  70. Francis Cuillier (dir.), Strasbourg : chroniques d’urbanisme, La Tour d’Aigues, Éd. de l’Aube, 1994, p. 187.
  71. « Strasbourg : Rénovation des campus universitaires », Alsace soir, 30.05.1989. https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/.
  72. Charle Bachofen, « Le centre de Strasbourg revisité », dans Francis Cuillier (dir.), op. cit., p. 61.
  73. Dominique Badariotti, art. cit.
  74. L’édifice a été inscrit à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques en 2005. Voir la notice de l’édifice disponible sur la plateforme ouverte du patrimoine : https://pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/PA67000064. Voir également la notice concernant certains décors : https://pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM67001414. Notices consultées le 25.04.2025.
  75. Voir la notice disponible sur la plateforme ouverte du patrimoine : https://pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/ACR0000487. Notice consultée le 25.04.2025.
Rechercher
Pessac
Chapitre de livre
EAN html : 9791030011395
ISBN html : 979-10-300-1139-5
ISBN pdf : 979-10-300-1140-1
Volume : 32
ISSN : 2741-1818
Posté le 18/06/2025
19 p.
Code CLIL : 3669; 3076;
licence CC by SA

Comment citer

Bolle, Gauthier, « L’université de Strasbourg : déploiement architectural et urbain d’une institution après 1945 », in : Mansion-Prud’homme, Nina, Schoonbaert, Sylvain, dir., Villes et universités. Quels patrimoines pour quels avenirs partagés ?, Pessac, Presses universitaires de Bordeaux, collection PrimaLun@ 32, 2025, 41-60, [en ligne] https://una-editions.fr/luniversite-de-strasbourg-deploiement-architectural-et-urbain-dune-institution-apres-1945 [consulté le 20/06/2025].
Illustration de couverture • Maquette d’étude du quartier de l’Esplanade (mai 1959). C.-G. Stoskopf architecte (avec intégration du projet de R. Hummel pour le campus) (Archives d’Alsace-Site de Strasbourg, fonds Stoskopf, 60J62).
Retour en haut