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Sans un bruit (1914)

Sans un bruit (1914)

Autre féminicide, plus original si l’on peut dire, puisqu’il repose sur la « technique » de l’emmurement à laquelle Emilia Pardo Bazán consacre plusieurs nouvelles1. C’est encore la jalousie qui est à l’origine du crime, car la victime est également coupable d’avoir trahi, trompé… La vengeance du mari est d’autant plus abominable qu’il emmure sa femme pour dissimuler son crime et réaliser seul le rêve d’émigration que les époux avaient formulé ensemble.

En silencio

Todos creían que la hija del tabernero de la Piedad aspiraba a casarse con un señorito. No con un señorito de los que, a veces, al pasar ante la taberna a caballo o en automóvil, se detenían a beber un vasete del claro vinillo del país, y piropeaban a la muchacha; con estos, no había que pensar en bendiciones; solo algún curial de Brigos, algún lonjista de Areal que bien pudieran prendarse de aquella moza frescachoncilla glyphe ironie , peinada a la moda, y tan peripuesta glyphe ironie con su blusita de percal rosa, incrustada en entredoses. Y se prendarían o no se prendarían; pero lo cierto fue que, con gran sorpresa de la clientela y del contorno, Aya –que así la llamaban, con el nombre de una santa mártir allí de mucha devoción– tomó por esposo a un albañil humilde, que ni siquiera era de la tierra: un portugués, venido a trabajar en las obras de una quinta glyphe galicianismes próxima al santuario de la Piedad, y que los domingos solía comer en la taberna.

Sans un bruit

Nul doute que la fille de l’aubergiste de la Piedad avait en tête de se marier avec un riche jeune homme. Pas un de ces messieurs qui, passant devant l’auberge à cheval ou en automobile, s’arrêtaient parfois boire un vin blanc du pays et la flattaient. Avec eux, pas question d’épousailles. Non, plutôt un clerc de Brigos ou un négociant d’Aréal pour s’éprendre de cette appétissante jeune fille, coiffée à la dernière mode et si apprêtée dans son chemisier en popeline rose, orné de dentelle. Pourtant, à la grande surprise de la clientèle et des villageois, Aya – c’est ainsi qu’on l’appelait, du nom d’une sainte martyre très vénérée sur ces terres – épousa un modeste maçon qui n’était même pas de la région : un Portugais, venu travailler sur le chantier d’une ferme proche du sanctuaire de la Piedad, et qui mangeait tous les dimanches à l’auberge.

Cierto que el portugués era lo que en su patria llaman un perfeito rapaz glyphe galicianismes . De mediana estatura, forzudo, con el pelo rizado, negro y brillante, cuando se endomingaba soltando la costra de cal, y bien acepillado de chaqueta y blanco de camisa, iba a pelar la pava glyphe ironie con la joven tabernera, se comprendía que esta le hubiese preferido a todos. Otra estampa así…

Il est vrai qu’il avait tout du gendre idéal dans son pays. De taille moyenne, costaud, il avait de beaux cheveux noirs bouclés et, lorsque, débarrassé des traces de chaux, il se mettait sur son trente-et-un, avec sa veste bien brossée et sa chemise blanche, pour conter fleurette à la fille de l’aubergiste, tout le monde comprenait pourquoi elle l’avait choisi. On ne pouvait rêver mieux…

El tabernero, cardíaco y con las piernas hinchadas frecuentemente, vio sin desagrado a aquel yerno robusto y que se traía a casa un jornal de dieciocho reales glyphe expressions/culturèmes diarios, limpio de polvo y paja. «Ha hecho bien mi hija, nadie debe salirse de su clase», repetía, congratulándose con la parroquia. Y como tardó poco en morir el viejo, quedó el matrimonio al frente de la taberna. Luis Feces glyphe noms , el marido, iba a su trabajo; pero, como hoy ya las horas de éste no son «las de otros tiempos», volvía lo más temprano posible, y a la hora de mayor despacho y más peligrosa de riñas o borracheras, estaba al lado de su mujer, para protegerla y auxiliarla. Y no querían criada, por economía, pues aspiraba Luis a que, en algunos años, su fortuna se redondease y pudiesen establecerse en Marineda como maestro de obras y adornista, pues sabía manejar el estuco y doraba y pintaba bien las molduras y adornos.

L’aubergiste, ayant le cœur fragile et les jambes souvent lourdes, ne vit pas d’un mauvais œil l’arrivée de ce gendre robuste, qui apportait chaque jour au foyer la somme de neuf pesetas tout net. « Ma fille a eu raison, personne ne doit s’extraire de sa condition », répétait-il tout en se félicitant auprès des clients. Le vieux ne fit pas long feu et le couple hérita bientôt de l’auberge. Luis Lafiente, le mari, partait travailler. Mais, aujourd’hui, comme les horaires de travail ne sont plus « ceux d’autrefois », il rentrait le plus tôt possible et, à l’heure de plus forte affluence, propice aux rixes ou à l’ivrognerie, il était aux côtés de sa femme pour la protéger et l’aider. Ils ne voulaient pas d’employée par souci d’économie car Luis avait comme projet, d’ici quelques années, de rassembler un petit pécule pour s’établir à Marineda en tant que maître d’œuvre et peintre décorateur car il maîtrisait bien le stuc, la peinture et la dorure des moulures et des ornements.

Cuatro o cinco años llevaba de casada la tabernerita, y mientras el marido parecía cada vez más enamorado ella empezaba a desear vagamente no sabía qué, algo, un suceso que distrajese su imaginación, cansada de lo monótono de aquel vivir. Pensaba en cómo sería la casa que habitarían en la ciudad, y si tendría ventanas para ver pasar la gente, y si habría cines y teatros, y que, al anochecer, se podría dar una vuelta por las calles, rozándose con el señorío. Porque, en el fondo de su alma, a pesar de haberse casado cediendo a la atracción que ejerció sobre sus sentidos el arrogante mozo, Aya continuaba siendo muy remilgada y fantasiosa, y repugnaba servir vino a los blasfemos carreteros de sucia boca, a los arrieros de mofletes colorados, a los labriegos hirsutos, que olían a boñigas de buey. Estaba harta de brutalidades y suponía, que en una ciudad, volvería a querer a su marido como el primer día, ilusión frecuente en los humanos, que atribuyen a los sitios lo que está en nosotros. Pero el portugués, que desde el primer día habló sin timidez y como amo, había fijado de antemano la suma que necesitaban para montar la industria en Marineda, y más valía que sobrase que verse allí ahogados. Se necesitaban, lo menos, cuatro mil duros glyphe expressions/culturèmes , y mejor cinco mil. Hasta verlos juntos, taberna y jornal. No quedaba otro remedio.

La jeune aubergiste était mariée depuis quatre ou cinq ans déjà. Alors que son mari semblait plus épris chaque jour, elle commençait à désirer un je-ne-sais-quoi, quelque chose d’imprévu, capable de distraire son imagination car elle était lasse de cette vie monotone. Elle songeait à quoi ressemblerait la maison qu’ils habiteraient en ville, se demandait si elle aurait des fenêtres pour voir les gens passer, s’il y aurait des cinémas et des théâtres et si, le soir, ils pourraient se promener dans les rues et se frotter à la haute société. Au fond de son cœur, bien qu’en se mariant elle eût cédé aux charmes de ce beau jeune homme, Aya restait très coquette et toujours aussi fantasque, et répugnait à servir du vin aux charretiers injurieux qui puaient du bec, aux muletiers rougeauds, aux paysans hirsutes qui sentaient la bouse. Elle ne pouvait plus supporter cette grossièreté et pensait qu’en ville elle aimerait à nouveau son mari comme au premier jour, illusion fréquente chez les êtres humains, qui croient que les gens changent en fonction des lieux. Mais, dès le premier jour, où il parla sans détour et avec l’autorité d’un maître, le Portugais avait arrêté la somme nécessaire pour monter l’affaire à Marineda et il valait mieux être large que pris à la gorge. Il fallait au moins quatre mille douros, cinq mille serait plus confortable. En attendant de réunir cette somme, c’était taverne et travail au quotidien. Il n’y avait pas d’autre solution.

De pronto, parecieron calmarse las impaciencias de Aya. No habló ya de Marineda, no propuso el traspaso de la taberna para completar la suma. Al mismo tiempo dio en componerse más que de costumbre, aunque siempre había gustado de presentarse hecha una semiseñorita. Se hizo blusas, se compró calzado fino y medias de algodón muy caladas en el empeine. Y estas y otras coqueterías de su atavío, encandilaron la pasión de Luis, nunca apagada, y le hicieron asiduo y exacto en volver a casa a las horas más tempranas que podía. Había para esto una razón más. Siempre había sido celoso, con celos vagos, porque sin duda tenía algunas gotas de sangre africana, que se revelaban en sus gruesos labios y en el rizado crespo de su pelo; y la exacerbación de coquetería de su mujer le causaba esa extrañeza, que es la puerta de la sospecha. Con enlazar dos cabos sueltos, la sospecha pidiera trocarse en acusación. Aya no hablaba ya de Marineda, parecía encontrarse en la Piedad muy a gusto… Había coisa glyphe galicianismes , como dicen sus paisanos; había algo que era preciso aquilatar… ¡Y vaya si lo desenredaría!

Puis, d’un jour à l’autre, l’impatience d’Aya sembla s’apaiser. Elle ne parla plus de Marineda et ne proposa pas de céder l’auberge pour compléter la somme. Dans le même temps, elle se fit plus belle que jamais, bien qu’elle eût toujours cherché à se présenter comme une demoiselle. Elle confectionna des chemisiers, acheta de beaux souliers et des bas en coton joliment ajourés sur le cou-de-pied. Toute cette coquetterie attisa la passion de Luis, jamais éteinte, et le rendit assidu et prompt à revenir le plus tôt possible à la maison. Mais il y avait une autre raison à cela. Il avait toujours été jaloux, sans le montrer, car il avait sans doute quelques gouttes de sang africain, que trahissaient ses lèvres charnues et ses cheveux quasiment crépus. La coquetterie exacerbée de sa femme provoquait chez lui ce malaise, antichambre du soupçon. De fil en aiguille, le soupçon devint accusation. Aya ne parlait plus de Marineda, elle semblait très heureuse à la Piedad… Il y avait anguille sous roche, comme on dit. Il fallait percer ce mystère… Et il y parviendrait !

La observación de las tardes, en la taberna, no dio ningún fruto. Aya servía a todos, sin fijarse en nadie. Les servía, les presentaba la cazuela de bacalao o el guiso de patatas, les escanciaba la cerveza, a que empezaba a aficionarse la gente aldeana, con aire más bien desdeñoso, con cierto repulgo de persona superior al cometido que está desempeñando. Ninguno, entre aquellos rudos parroquianos, se hubiese atrevido a llamarla «mi comadre» ni a chuscarle un ojo glyphe galicianismes , aunque la encontrasen muy repolluda y fresca glyphe ironie ; pero la gente del terrón respeta la coyunda, y no caza en vedado, a menos que la veda se levante de suyo. Luis Feces, que había rodado algo antes de hacer alto en la taberna de la Piedad, era experto y no era tonto. Por allí comprendió que nada había. ¿Por dónde, pues?

Sa surveillance à l’auberge ne porta pas ses fruits. Aya servait tout le monde, sans prêter attention à personne. Elle servait les clients, leur présentait les plats de morue ou de pommes de terre, remplissait leurs verres de bière, que les villageois appréciaient de plus en plus, avec l’air assez méprisant et plutôt dégoûté de celle qui se croit supérieure à la tâche qu’elle accomplit. Personne parmi les clients bourrus n’aurait osé l’appeler « ma petite », ni la reluquer, même s’ils la trouvaient fort désirable. Les gens du coin respectent le mariage et personne ne chasse sur les terres d’autrui, à moins d’y être autorisé. Luis Lafiente avait bourlingué avant d’atterrir à l’auberge ; il avait de l’expérience, il était loin d’être sot. Il comprit que de ce côté-là, il n’y avait rien à chercher. Mais de quel côté alors ?

Por donde… Su instinto creía haberlo adivinado. Es más: lo sabía de fijo, pero no de ahora, sino de atrás, de muy atrás… ¡Qué! Si se lo habían advertido antes de que se casase, y sus compañeros, los que con él trabajaban en la obra de Cordeira, le habían dado más de una festiva cantaleta glyphe ironie con las rivalidades que pudiera temer del señorito Raimundo, el dueño del pazo de Morcelle.

Du côté de… Son instinct crut le deviner. Ou plutôt, il le savait déjà, cela ne datait pas d’hier mais d’avant, il y avait bien longtemps… Parbleu ! On l’avait bien mis en garde avant son mariage ! Ses camarades, qui travaillaient avec lui sur le chantier de Cordeira, l’avaient asticoté plus d’une fois à propos de son potentiel rival, le jeune Raimundo, propriétaire du château de Morcelle.

Ése, y sólo ése, puede ser. Era el único que tenía las costumbres libres, el que acostumbraba a «echar a perder» a las garridas mozas… Había rondado a aquella de soltera, y la festejaba ahora también…

C’était lui, ce ne pouvait être que lui. C’était le seul qui s’adonnait au libertinage et « dépravait » les jolies jeunes filles… Il avait tourné autour de la jeune Aya et la courtisait aujourd’hui encore…

Una mañana, de rocío y niebla, de un otoño que se anunciaba húmedo, se abrió el postigo del corral de la taberna, y salió por él un hombre de gentil talante, que rápido se dirigió al pinar, y en su seno desapareció, como si la masa oscura de los pinos se lo hubiese bebido. Era aún la hora incierta del amanecer, y el albañil había salido casi con noche, para ser el primero en la obra de la casa que en Brigos decoraba. Un bonito negocio; le pagaban espléndidamente. Pero, apenas dejó su cama y engullido el café a tragos largos, habíase apostado Luis en dando la vuelta al recodo del camino y escondido por un matorral. Y había visto salir por el postigo su deshonra. Permanecía en pie, inmóvil, un poco sacudido por un horrible temblor de rabia, con un borde de espuma franjeando sus gruesos labios…

Un matin humide et brumeux, qui annonçait un automne pluvieux, la porte arrière de l’auberge s’ouvrit et un homme à fière allure en sortit ; il se dirigea rapidement vers la pinède où il disparut comme si la masse sombre des pins l’avait englouti. Il était encore très tôt mais le maçon était déjà sorti pour arriver le premier sur le chantier de la maison qu’il décorait à Brigos. C’était une bonne affaire, on le payait grassement. Mais à peine Luis avait-il quitté son lit et bu son café à grands traits, qu’il s’était posté au détour du chemin et dissimulé derrière un buisson. Il avait vu alors sortir par la porte le responsable de son déshonneur. Il était debout, immobile, secoué par un horrible tremblement de rage, une légère écume au bord de ses lèvres épaisses.

Aquella misma noche se encaró con Aya, para decirle sin preámbulos:

Le soir même, il prit Aya à partie et lui dit de but en blanc :

–¿No sabes, mujer? He acordado que lo del taller de Marineda era una tontería…

– J’ai bien réfléchi. Je pense qu’ouvrir une affaire à Marineda est une erreur…

–Sí, hombre –confirmó Aya–. A mí también me lo parecía, solamente que no te lo quise decir.

– Oui, c’est vrai, confirma Aya. Je trouve aussi mais je n’osais pas te le dire.

–No, pues tú bien entusiasmada estabas al principio –dejó caer, no sin cierta ironía, el portugués–. Pero mejor nos ha de ir en América. Tengo proposiciones de allá, de Buenos Aires…, superiores. Se pueden ganar quince mil pesos glyphe expressions/culturèmes al año…

– Pourtant tu avais l’air emballée au début, lâcha le Portugais, non sans ironie. On ferait mieux d’aller en Amérique. J’ai plusieurs propositions là-bas, à Buenos Aires…, plus intéressantes. On pourrait gagner quinze mille douros par an…

Un deslumbramiento pasó por ante los ojos de Aya. ¡Ser rica! ¡Poder tener trajes como los de las señoras! ¡Que la sirviesen, en lugar de servir ella a aquellos brutanes de trajineros y de feriantes que apestaban! Sentiría, claro, su idilio amoroso, el señorito que olía a cosas exquisitas, a fragancias caras. El horizonte, sin embargo, era tan amplio, tan lisonjero para sus vanidades y deseo de lucir, que sonrió halagando los cabellos rizosos del portugués.

Un éclair illumina les yeux d’Aya. Être riche ! Porter des tenues comme celles des grandes dames ! Être servie au lieu de servir ces brutes épaisses de charretiers et de marchands qui empestaient ! Bien sûr, elle regretterait son amourette avec le jeune homme aux fragrances subtiles et coûteuses. Mais l’horizon était si dégagé, si favorable à ses prétentions et son désir de briller, qu’elle sourit en caressant les cheveux bouclés du Portugais.

–¡Quince mil duros! –repitió soñadora.

– Quinze mille douros ! répéta-t-elle songeuse.

–Hay que juntar –murmuró Luis– cuanto tenemos. Mañana me darás autorización para traspasar la taberna y recoger el dinero. El que la quiere, porque yo ya me he enterado, es Armuña, el del café en Brigos; exige que se le ha de blanquear todo, y de eso me encargo yo. También quiere una despensita… nada, un rincón ahí junto a la cocina. Todo se hará.

– On doit rassembler toutes nos affaires, murmura Luis. Demain, tu me donneras l’autorisation de vendre l’auberge et de récupérer l’argent. Armuña, celui qui tient le café à Brigos, veut bien la reprendre, je me suis déjà renseigné ; il exige que tout soit repeint en blanc, je m’en occupe. Il veut aussi une petite dépense… trois fois rien, un réduit, là, à côté de la cuisine. Ce n’est pas grand-chose.

Con su fina percepción femenil, notó Aya en todo ello algo extraño.

Guidée par sa fine intuition féminine, Aya perçut quelque chose d’étrange dans tout cela.

–¿Qué tienes? Hablas así… de mala gana… ¿eh?

– Qu’est-ce qu’il y a ? Tu parles comme si… tu étais contrarié… je me trompe ?

–Es que ciertas cosas dan para cavilar mucho –contestó el portugués sombríamente.

– Eh bien, il y a des choses qui font réfléchir, répondit le Portugais gravement.

Realizóse el programa, y Luis, amén del blanqueo, construyó una despensilla, con tabique de ladrillo. Aya le interrogaba curiosa y algo preocupada también.

Les travaux se déroulèrent comme prévu et Luis, en plus de la peinture, se chargea de construire la petite dépense, avec une cloison en brique. Aya, curieuse et vaguement inquiète, l’interrogeait.

–¿Para qué haces esa pared delante de la otra?

– Pourquoi tu montes ce mur juste devant l’autre ?

–Quiere así Armuña… Es como un armario más reservado –dijo él.

– C’est l’idée d’Armuña… C’est comme un placard, en plus discret, fit-il.

Cuando todo estuvo pronto, se enteró Luis del barco, y fue a Marineda a tomar el pasaje. La víspera del día de su marcha, enviado ya por el coche su pequeño equipaje, despachada la criada desde dos días atrás, se acostaron los esposos. A medianoche, hubo como el ruido y trajín de una lucha, y poco después encendió luz el marido, por cuya frente rezumaba un glacial sudor. Cogiendo el cuerpo inerte de Aya, lo llevó hasta el supuesto armario, en la nueva despensa; y recostándolo de pie contra la pared, trajo ladrillo y mezcla, que había dejado en el patio, y tapió el hueco de la puerta que debía cerrar aquella cavidad. Con tal esmero lo hizo, que nadie hubiese podido sospechar, cuando al amanecer terminó de cerrar aquella sepultura, que no era una pared lisa, sin comunicación con nada.

Quand tout fut prêt, Luis se renseigna sur l’arrivée du bateau et se rendit à Marineda pour acheter son billet. La veille du départ, sa petite valise fut acheminée en voiture ; quant à la domestique, elle avait été congédiée deux jours plus tôt. Les époux se couchèrent. À minuit, il y eut du tumulte et comme un bruit de lutte : peu après le mari alluma la lumière, le front dégoulinant d’une sueur glacée. Il se saisit du corps inerte d’Aya et le transporta jusqu’au fameux placard, dans la nouvelle dépense. Il parvint à le redresser contre le mur, apporta des briques et du mortier qu’il avait laissés dans la cour et boucha l’ouverture de la porte qui devait refermer la cavité. Il y mit tant de soin qu’à l’aube, lorsqu’il acheva de sceller l’incroyable sépulture, personne n’aurait pu soupçonner qu’il ne s’agissait pas d’un mur lisse, sans aucune issue.

Recogió aún, cuidadosamente, las ropas de su mujer; las puso en un lío con las suyas del primer momento; se terció al hombre [sic]la chaqueta, y dejando la llave en la puerta –Armuña ya estaba avisado– emprendió la vuelta de Marineda, por el camino real, blanco y desierto.

Puis il ramassa soigneusement les vêtements de sa femme, les fourra dans un sac avec les siens. Il jeta sa veste sur son épaule, laissa la clé sur la porte – comme convenu avec Armuña – et prit la direction de Marineda par le chemin royal, blanc et désert.

Las piernas le vacilaban un poco; pero según se alejaba de la taberna, donde había emparedado su venganza, corría más. Y bien le vino darse prisa, porque el gran transatlántico calentaba ya sus calderas, y fue de los últimos en llegar entre los emigrantes.

Ses jambes se dérobaient parfois. Mais à mesure qu’il s’éloignait de l’auberge, où il avait emmuré sa vengeance, il accélérait le pas. Il fit bien de se dépêcher car le grand transatlantique faisait chauffer ses machines, et quand il arriva, il était un des derniers émigrants à embarquer.

Note

  1. Voir, par exemple, « La emparedada », dans Pardo Bazán, 2018, El encaje…, op. cit., p. 260-264.
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Pau
Chapitre de livre
EAN html : 9782353111992
ISBN html : 978-2-35311-199-2
ISBN pdf : 978-2-35311-200-5
Volume : 2
ISSN : 3040-312X
12 p.
Code CLIL : 4033
licence CC by SA
Licence ouverte Etalab

Comment citer

Pardo Bazán, Emilia, « Sans un bruit », in : Pardo Bazán, Emilia, coord. Florenchie, Amélie et Orsini-Saillet, Catherine, trad. Destan, Laura, Florenchie, Amélie, Martinet, Léa, Orsini-Saillet, Catherine et Pobéda, Stéphanie, Féministe. Recueil de nouvelles d’Emilia Pardo Bazán, Pau, PUPPA, Collection Alm@e Linguae 3, 2025, 69-80 [en ligne] https://una-editions.fr/sans-un-bruit-en-silencio [consulté le 10/09/2025].
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