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Zoombombing

Zoombombing

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Le zoombombing est une pratique cybermalveillante qui consiste à perturber ou saboter une réunion virtuelle organisée sur une plateforme de visioconférence en y faisant intrusion de manière non autorisée.

Le détournement virtuel de la vidéoconférence se matérialise de différentes façons, comme la diffusion de contenus inappropriés, la profération d’insultes ou de propos haineux, le partage de liens malveillants ou la prise de contrôle de l’écran pour y afficher des images ou vidéos non consenties.

L’insertion du matériel est la plupart du temps de nature pornographique, homophobe, raciste ou antisémite, résultant généralement de la fermeture de la session compromise par l’hôte.

Zoom est une application de vidéoconférence que de nombreuses entreprises et universités ont utilisé pendant la pandémie de COVID-19 pour organiser des réunions ou des cours lorsque des sessions en personne ne le permettaient pas. Le terme zoombombing est dérivé du nom de cet outil et désigne aujourd’hui de manière plus générique le phénomène sur toutes les autres plateformes de vidéoconférence (Microsoft Teams, Skype, Google Meet, WebEx, etc.).

nuage de mots-clés autour de la thématique "sexe"
  • Bombardement Zoom
  • Zoom raiding
  • Zoom hijacking
  • Virtual bombing
  • Video conferencing disruption

On a eu droit à tout durant cette visio : les messages injurieux dans le chat, la diffusion de sons douteux avec les micros ouverts, les images obscènes… Et ça a déstabilisé tous les participants de la réunion.
– une victime

Plusieurs pratiques de zoombombing font état de personnes malveillantes qui n’hésitent pas à se connecter aux sessions de vidéoconférence afin de détourner la fonction de partage d’écran et de perturber la réunion en cours en diffusant des contenus pornographiques. Cette démarche a été assimilée par certains chercheurs à des formes d’exhibitionnisme numérique indirect dans lesquelles nous retrouvons des dynamiques saillantes :

  • l’exhibitionniste numérique construit toujours un scénario aux circonstances précises : choix de la visio, du moment précis, du matériel utilisé, de la victime première visée, des témoins secondaires exposés ;
  • l’exhibitionniste numérique défie les idéaux de pudeur et entraîne inévitablement la réaction en diffusant du contenu non consenti ;
  • l’exhibitionniste numérique érotise le regard de quelqu’un qui n’est pas habituellement voyeur et qu’il prend au dépourvu, c’est l’effet de surprise ou de stupeur qui est convoité en imposant la vue d’un corps sexué ;
  • le mode de l’emprise et du déni d’altérité sont fondamentaux dans son passage à l’acte.

La loi sur l’hybris fut l’un des premiers actes forts à entrer en vigueur dans la Grèce antique pour interdire les comportements de défi et de transgression des limites établies.

Elle visait à protéger l’ordre social et la stabilité de la société grecque en empêchant les conduites perçues comme immorales et subversives.

L’hybris était considérée comme une insulte à la dignité de la personne qui en était victime. Cela pouvait prendre différentes formes, notamment des insultes verbales, des actes de provocation, d’outrage, de violence ou des comportements sexuels inappropriés.

Or cette loi punissait sévèrement les auteurs de ces comportements déviants. Les peines variaient en fonction de la gravité de l’acte commis, mais pouvaient aller de l’exil à la mort. Les coupables pouvaient également être condamnés à des amendes importantes ou à des travaux forcés.

Femmes et enfants bénéficiaient d’un statut particulier, considérant qu’ils étaient les plus vulnérables aux comportements sexuels inappropriés.

Cependant, des erreurs avec cette loi étaient courantes. En effet, elle a souvent été appliquée de manière arbitraire et injuste, permettant aux magistrats d’accuser et de condamner des personnes en fonction de leur statut social plutôt que de leur comportement réel.

Par ailleurs, elle était souvent utilisée comme un outil politique pour discréditer ou punir des ennemis politiques plutôt que pour protéger les citoyens ordinaires contre les abus réels de pouvoir.

Finalement, la loi sur l’hybris a contribué à l’instabilité et à l’insécurité politiques dans la Grèce antique, plutôt qu’à les prévenir.

Capture d'écran d'une visioconférence sur Zoom où une personne se dévoile nue lors d'une réunion.
Capture d’écran d’une victime.

La protection du public des images et comportements obscènes dans les lieux collectifs peut s’appuyer sur la caractérisation de différentes infractions.

Dans un premier temps, le zoombombing peut être considéré comme une violation de la vie privée, de l’intimité ou de l’honneur des personnes, et peut être puni en vertu de l’article 226-1 du Code pénal qui réprime la violation du secret de la correspondance privée (un an d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende).

Il peut également relever sous certaines conditions de la définition de l’infraction d’exhibition sexuelle qui réprime par l’article 222-32 du Code pénal, « toute exhibition sexuelle imposée à la vue d’autrui dans un lieu accessible aux regards du public » (un an et 15 000 euros d’amende), dans la mesure où la démonstration est faite d’un « acte impudique » (acte sexuel, réel ou simulé même en l’absence d’exposition d’une partie dénudée du corps si) et d’une « publicité de l’acte » (visible dans tout lieu accessible aux yeux du public librement).

Enfin, il peut également relever de l’article R624-2 du Code pénal qui dispose quant à lui que : « Le fait de diffuser sur la voie publique ou dans des lieux publics des messages contraires à la décence est puni de l’amende prévue pour les contraventions de la 4e classe ».

Quelques références scientifiques :

  • Ali Kawsar, « Zoom-ing in on white supremacy: Zoom-bombing anti-racism efforts », A Journal of Media and Culture, vol. 24, n° 3, 2021, [https://doi.org/10.5204/mcj.2786].
  • Balier Claude, « Comportements violents trangressifs. Proximité de la psychose », Psychanalyse et psychose, n° 1, 2001, p. 51‑64.
  • Bergeret Jean, « Les délinquances dites sexuelles : Le point de vue du psychanalyste », Nervure, vol. 8, n° 7, 1995, p. 62‑77.
  • Bonnet Gérard, Les perversions sexuelles, Presses Universitaires de France, coll. « Que sais-je ? », Paris, 2011.
  • Ling Chen, Stringhini Gianluca, Balci Utkucan et Blackburn Jeremy, « A First Look at Zoombombing », IEEE Security & Privacy, vol. 20, n° 2, 2022, p. 22‑30, [https://doi.org/10.1109/MSEC.2021.3127392].
  • Elmer Greg, Neville Stephen J., Burton Anthony et Ward-Kimola Sabrina, « Zoombombing During a Global Pandemic », Social Media + Society, n° 3, vol. 7, 2021, [https://doi.org/10.1177/20563051211035356].
  • Ibrahim Yasmin, « The vernacular of photobombing: The aesthetics of transgression », Convergence, vol. 25, n° 5‑6, 2019, p. 1111‑1122, [https://doi.org/10.1177/1354856517743666].
  • Lee Claire Seungeun, « Analyzing Zoombombing as a new communication tool of cyberhate in the COVID-19 era », Online Information Review, vol. 46, n° 1, 2021, p. 147‑163, [https://doi.org/10.1108/OIR-05-2020-0203].
  • Nakamura Lisa, Stiverson Hanah et Lindsey Kyle, Racist Zoombombing, Routledge, 2021, 72 pages.
  • Secara Ion-Alexandru, « Zoombombing – the end-to-end fallacy », Network Security, n°8, 2020, p. 13‑17, [https://doi.org/10.1016/S1353-4858(20)30094-5].
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Chapitre de livre
Pessac
EAN html : 9791030008425
ISBN html : 979-10-300-0842-5
ISBN pdf : 979-10-300-0843-2
Volume : 1
ISSN : en cours
6 p.
licence CC by SA

Comment citer

Dulaurans, Marlène, « Zoombombing », in : Dulaurans, Marlène, Violences en ligne : décrypter les mécanismes du cyberharcèlement, Pessac, Presses universitaires de Bordeaux, collection V@demecum 1, 2024, 231-236 [en ligne] https://una-editions.fr/zoombombing/ [consulté le 15/07/2024].
10.46608/vademecum1.9791030008425.41
couverture de l'ouvrage Violences en ligne de la collection V@demecum
Illustration de couverture • Design Roman Vinçon et Nicolas Ruault
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