Le temple de Sarapis se trouve au nord du site du Mons Claudianus, connu pour ses carrières de granodiorite, au pied duquel passait l’une des routes menant de Caenopolis à Myos Hormos sur la Mer Rouge. Décrit dès 1832 par Wilkinson, puis par Kraus dans les années 1960, il a fait l’objet de fouilles à partir de 1992. Cette étude est essentiellement consacrée à une pièce (une salle, une chapelle ?) adossée au mur oriental du temple (salle O).
Elle a été construite après le temple et comporte une exèdre à niches. Cette pièce était décorée d’enduits peints, dont on a retrouvé la partie inférieure. Sous la niche de gauche, une entrée de faible hauteur (1,10 m) mène à une petite salle, accessible seulement en rampant. Cela fait penser à une crypte oraculaire, d’autant qu’un oracle est attesté au Mons Claudianus. Un autre réduit se situait derrière l’abside. Le matériel archéologique retrouvé in situ est limité : éléments de statuettes en terre cuite, têtes appartenant à des décors d’appliques.
Comme on ne connaît rien de tel en Égypte gréco-romaine, il faut aller en Syrie pour trouver des comparanda, de taille beaucoup plus grande et datés du début du IIe siècle : temples A de Niha et de Hössn Sfiri, grand temple de Hössn Niha1.
La différence réside dans l’emplacement de l’accès à la crypte, situé du côté droit. J.-M. C. remarque que l’influence syrienne est également perceptible dans une partie plus ancienne du temple (le sanctuaire M). Pour lui, plus que l’origine géographique de certaines troupes cantonnées au Mons Claudianus, ce sont plutôt les déplacements des architectes, affranchis orientaux, qui sont à mettre en avant.
Le temple dans son ensemble, dédié à Sarapis et aux dieux parèdres par un esclave impérial, Epaphroditos, est traditionnellement daté du 23 avril 118. Pour l’auteur, cet homme n’a pas construit le temple mais l’a plutôt terminé, de façon plus modeste que cela avait été prévu initialement. Un peu plus tard, avant le milieu du siècle, la salle O fut ajoutée. Le temple a été ensuite abandonné après les Sévères2.
- Cf. F. Naerebout, “The Temple at Ras El-Soda. Is it an Isis Temple? Is it Greek, Roman, Egyptian, or neither? And so what”, dans L. Bricault et al., Nile into Tiber, 534-536.
- À la suite d’un tremblement de terre pour V. A. Maxfield & D. P. S. Peacock, The Roman Imperial Quarries. Survey and Excavation at Mons Porphyrites, 1994-1998, vol. 1: Topography and Quarries, Londres, 2001, 36-38.