La répartition des témoignages d’Isis en France est plus importante dans le sud du pays, et de façon générale le long des axes fluviaux et routiers, particulièrement dans les grands centres commerciaux. Les stations thermales et les eaux curatives ont pu aussi constituer des pôles d’attraction. Bien qu’aucun temple isiaque n’ait été exhumé en France, les témoignages épigraphiques permettent d’en postuler l’existence au moins à Arles, Nîmes et Grenoble. Les inscriptions révèlent aussi une prédominance d’Isis sur son parèdre Sarapis. La déesse porte des épiclèses, attestées ailleurs, comme Regina, Augusta, Myrionyma ou Victrix. En revanche, la dédicace adressée à Isis Mater est unique dans le monde romain. Cette appellation pourrait indiquer un lien possible avec le culte des Matres gauloises, d’autant plus que l’on a découvert nombre de statuettes d’Isis lactans sur le sol français1.
Dans le domaine iconographique, mises à part deux statues, Isis est avant tout présente à travers de petits objets (bustes, statuettes, lampes, médaillons d’applique, etc.). Sur certains documents, elle est accompagnée d’un ou plusieurs membres de la gens isiaque (Sarapis, Harpocrate et Anubis). Le type d’Isis courotrophe est bien représenté par une série de statuettes en bronze qui respectent le style égyptien traditionnel, la mère d’Harpocrate étant coiffée de la simple couronne hathorique. Elle ne porte le basileion que sur la poignée de deux lampes en terre cuite qui semblent des importations égyptiennes. L’aspect d’Isis Fortuna (avec basileion – parfois associé au calathos – chiton, himation, corne d’abondance et gouvernail) séduisit aussi particulièrement la Gaule ; elle est parfois dotée des ailes de la Victoire.
Isis occupe également une place d’importance sur les médaillons, dits “rhodaniens”, appliqués, avant cuisson, sur des vases qui ont probablement appartenu au matériel cultuel.