Le Centre Montaigne a proposé aux Presses Universitaires de Bordeaux de créer une nouvelle collection au format numérique, interdisciplinaire et consacrée à la période la Renaissance. La collection s’appelle S@voirs humanistes, pour signifier à la fois son orientation intellectuelle, son ancrage temporel et sa vocation pluri ou interdisciplinaire.
Le Centre Montaigne est l’un des Centres historiques de l’Université Bordeaux Montaigne. Fondée en 1980, il réunit aujourd’hui, au-delà de son équipe de rattachement, des chercheurs spécialistes du XVIe siècle de toutes disciplines, leur permettant de conduire des projets communs et collabore étroitement avec les universités de Limoges, Pau, Bayonne et Poitiers. Il souhaitait donc créer une collection qui rende compte de son évolution vers une étude transdisciplinaire et multipolaire de la Renaissance, centrée sur la question des savoirs, de leur hybridité, de leur constitution, de leur écriture et de leur circulation. La collection a pour vocation d’accueillir des travaux de recherche portant sur des objets qui dépassent les frontières disciplinaires, car une telle approche permet de saisir au plus près l’esprit de l’humanisme et de faire émerger de nouveaux objets de recherche.
Un autre élément important est la prise en compte des publications de recherche dans le domaine des études seiziémistes. La communauté des spécialistes est aujourd’hui plus réduite nationalement qu’elle ne l’a été par le passé, mais elle s’est en revanche étendue sur le plan international, puisque des chercheurs travaillent sur les grandes figures de l’humanisme, sur les textes mais aussi de plus en plus sur des notions ou thèmes transversaux dans tous les pays du monde. Une publication au format numérique en libre accès apparaît comme le meilleur support pour pouvoir assurer la diffusion internationale rapide des recherches françaises (par ailleurs lues en français en raison de l’existence, partout dans le monde, de spécialistes de Rabelais, de Montaigne ou de la poésie française). Le recours au format numérique permet également de continuer à publier les œuvres collectives, qui sont souvent le vecteur de recherches dynamiques mais peinent aujourd’hui à être éditées dans un format traditionnel souvent trop onéreux et à la diffusion internationale plus compliquée que celle que permet le numérique.
La troisième raison tient très profondément à l’évolution dans les méthodes de la recherche textuelle aujourd’hui, en particulier pour les études seiziémistes. Plutôt que des traditionnels colloques, de nombreux travaux engagés par de jeunes chercheurs prennent la forme d’ateliers, de workshop, de séminaires se déroulant sur des périodes longues de trois ans, souvent en réponse à des appels à projet. Ils s’appuient de plus en plus sur la constitution de bases de données et de blogs de recherches, avec lesquels les productions écrites des ateliers s’articulent. Les pratiques d’impression des textes de la Renaissance sont également en train d’évoluer : l’encodage TEI rend aujourd’hui l’édition en ligne extrêmement fonctionnelle pour des textes difficiles d’accès, pour lesquels il faut souvent prévoir plusieurs strates d’annotation (lexicales, de référencement de sources, explicatives…), auxquelles s’ajoutent l’intérêt intellectuel qu’il y a à baliser un texte afin de le rendre facilement utilisable pour la recherche. Publier au format numérique des travaux collectifs ou des monographies permet donc de les articuler directement avec les bases de données, et les blogs, mais aussi et surtout avec les éditions en encodage TEI et les bibliothèques numériques, qui sont en train de devenir la norme pour la recherche, en ouvrant l’accès aux textes originaux tout en protégeant les ouvrages anciens fragiles et en évitant aux chercheurs de se déplacer dans les lieux de conservation. Cela permet aussi, pour ce qui relève de l’histoire de l’art, de lier le texte à des bases d’image exploitables librement pour la recherche, par liens hypertextes.