Création du pénitencier Sainte Philomène pour les filles 1838
C’est vraisemblablement dans le courant du mois de juillet 1837 que l’abbé Dupuch entreprit de créer un pénitencier pour filles. Encore une fois on retrouve Charles Lucas dans le lancement du projet : « J’appuie de toutes mes sympathies la demande de Monsieur Dupuch […] pour l’organisation d’un établissement spécialement destiné aux jeunes filles, dans un quartier distinct de la maison de refuge1. » Il est évident que les démarches précédentes de l’abbé Dupuch pour Saint-Jean ont facilité l’installation de cette deuxième maison. L’expérience acquise avec succès pour les garçons paraît fournir aux représentants de l’État une sécurité satisfaisante2.
Cette fois, ce fut le préfet qui proposa pour frais d’installation la somme de 7 000 francs au Conseil général qui la vota à la session du mois de septembre 1837, plus l’assurance qu’on assurât 30 centimes par jour et par détenue au futur directeur. Cela permit au ministre de l’Intérieur d’autoriser le préfet à « passer un traité avec Monsieur Dupuch pour l’entretien des jeunes filles qui seront placées par l’Administration dans le nouveau pénitencier qui devra, comme a été celui des garçons, être constitué par un arrêté3 » que le préfet aura à prendre et que le ministre se réservera d’approuver. Dans une lettre du 15 janvier 1838 l’abbé Dupuch affirme déjà que le pénitencier peut s’ouvrir le 25 ou 26 au plus tard4. Attendant la visite du préfet à la fin du mois de janvier, il propose que l’arrêté d’ouverture soit pris immédiatement après.
Le traité
L’abbé Dupuch sur le modèle utilisé pour l’installation du pénitencier Saint-Jean propose un traité5 qui est accepté par le Préfet et le 23 janvier le traité6 officiel est signé par Jean François comte de Preissac, Pair de France, préfet de Gironde et l’abbé Adolphe Dupuch, prêtre chanoine honoraire de Saint-André. Le contenu est identique au traité de Saint-Jean sauf pour la nomination du personnel où il est dit que l’abbé « soumettra leur nomination à l’approbation de Monsieur le préfet qui seul nommera les gardes sur la proposition de Monsieur l’abbé Dupuch » alors que dans le texte initial le directeur nommait les gardes à charge pour le préfet de l’approuver. En ce qui concerne le paiement du directeur, l’abbé Dupuch est immédiatement payé après la signature du présent traité, alors que précédemment, il devait attendre que le ministre l’approuve. Le traité aura son effet pendant douze ans, à compter du 2 février 1838, l’abbé Dupuch abandonnant complètement la jouissance de cette propriété à l’administration pendant ces douze ans. Au vu du texte, il semble qu’il n’existe qu’un seul directeur pour les deux pénitenciers7. Il n’est pas fait mention d’un assistant. Plus tard, une certaine Mère Léon est citée sans plus de précisions sur sa fonction8.
L’ouverture du pénitencier Sainte-Philomène le 31 janvier 1838
Le préfet envoie au ministre de l’Intérieur une copie du traité et une expédition de l’arrêté qu’il a pris pour constituer le pénitencier en maison de correction, d’arrêt et de justice. Une disposition permet l’admission des enfants condamnées en vertu de l’article 69 du Code pénal « afin qu’ils ne soient pas conduits dans les maisons centrales9. » Toutes ces dispositions ont été mises provisoirement à exécution. Donc, vu le traité du 23 janvier, vu la lettre du ministre du 3 janvier, vu l’article 615 du Code d’instruction criminelle, vu l’article 376 du Code civil, le préfet officialise la création d’un deuxième pénitencier pour enfants à Bordeaux, par son arrêté du 31 janvier 183810.
Les nombreuses lettres émanant ou adressées à l’abbé Buchou qui nous ont permis de décrire le fonctionnement du pénitencier Saint-Jean contenaient peu de données concernant le pénitencier des filles. Certes l’abbé Buchou est bien le directeur des deux pénitenciers et, à ce titre, assure les relations extérieures avec les autorités mais très vite il considère la Supérieure de Sainte-Philomène comme une sous directrice qui prend le titre de Mère Supérieure et paraît détenir les véritables rênes de la direction interne du pénitencier. D’ailleurs il reconnaît en elle une « femme de mérite, une tendresse toute maternelle pour ses enfants d’adoption et dans celle-ci un attachement filial à celles qu’elles sont heureuses de nommer leur mère. » Le portrait est charmant.
Le fonctionnement
À l’ouverture de Sainte-Philomène, l’abbé Dupuch avait proposé un parent pour le poste de surveillant principal, les sœurs Caroline, Saint-Denis et Sainte-Anne acceptant les charges de gardiennes ordinaires. Ces nominations n’étaient que provisoires, l’abbé Dupuch disant qu’au bout de quelque temps, « il aurait à proposer pour successeur à ce surveillant un homme d’un certain âge, vraiment capable11 ». Quant au concierge de Sainte-Philomène, ses fonctions sont les mêmes que celles du portier de Saint-Jean. Il est placé sous la surveillance des magistrats, en tant que responsable de l’exécution des mandats de justice12.
Les renseignements sur le travail des filles sont quasi inexistants : on sait seulement qu’elles cousent, tricotent et filent13. En 1847, l’inspecteur général avait noté que les installations du pénitencier féminin « sont mieux [que celles de Saint Jean] quoiqu’insuffisantes, mais au moins, la propreté y règne. » Le rapport d’inspection de 1860, nous apprend que « la cuisine est propre, l’alimentation convenable avec de la viande 4 fois par semaine et que les enfants déclaraient être bien nourries, que la classe était très spacieuse, bien aérée, mais pas chauffée, que les filles changeaient de bas toutes les semaines en été et tous les mois en hiver, que la buanderie était en bon ordre mais son approvisionnement laissait à désirer14 ». Suite à ce rapport, l’abbé Buchou se sent obligé de confirmer qu’il est à la fois directeur des deux pénitenciers mais en précisant comment il conçoit sa fonction à Sainte-Philomène : « Mon action dans l’établissement […] ayant été surtout religieuse, comme il convenait à mon caractère sacré, n’a pu être, après les choix de religieuses dignes de ma confiance, qu’une surveillance consciencieuse sur les rapports de dévouements et d’affection qui doivent exister entre les maîtresses et les jeunes filles confiées à leurs soins15 ». En 1865, l’abbé Buchou dut cependant déplorer la conduite des filles retenues par voie de correction qui venaient de « bordels » :« leurs chants obscènes et leur insubordination » l’obligea à décliner toutes détentions de ce type.
Fayet exposa les différentes punitions pratiquées à Sainte-Philomène : la séquestration pendant le temps de travail était largement utilisée avant le nouveau règlement d’octobre 1849. Les enfants voyaient le produit de leur travail diminué d’autant. Les conversations « si pernicieuses » entre de tels enfants était bannies, les récréations écourtées… Rien de scandaleux en somme : les filles étaient plus malléables car « l’esprit de piété qui règne dans la maison nous dispense ordinairement d’en venir à ces voies de rigueur16 ».
L’optimisme du surveillant fut de courte durée car des abus furent encore constatés à partir de 1860. L’administration s’en alarma et organisa une enquête composée d’un conseiller de préfecture, Grandvaux et de trois médecins, dont H. Gintrac et Jeannel qui visitèrent la prison en décembre 1860, sans s’être annoncés17. Le registre des punitions était tenu jusqu’en septembre 1860. Y étaient portés : le silence, le bonnet de nuit gardé la journée, le pain sec et la cellule. Les causes en étaient le bavardage, la paresse, la malpropreté, l’insolence et les querelles. La punition la plus grave était la cellule de 1, 2 ou 3 jours, une fille avait été fouettée 3 fois… une autre avait été souffletée une fois et fouettée plusieurs fois, la dernière fois en juillet 1860. Il s’avérait que le fouet était donné souvent et les soufflets très souvent. Les enquêteurs interrogèrent une jeune fille qui avait été fouettée. Son dossier donnait d’excellents renseignements, mais la Mère Supérieure la qualifiait de « vicieuse, paresseuse et dangereuse pour ses compagnes ».
- Enquêteur – Vous avez été punie souvent ?
- Détenue – Oui, souvent.
- E – Quelles sont les punitions qu’on vous inflige le plus souvent ?
- D – Des soufflets.
- E – On vous donne des soufflets ?
- D – Oui, Monsieur, quand je le mérite.
- E – Et quoi, encore ?
- D – On me met au silence.
- E – Après ?
- D – Au pain sec.
- E – Et après ? Y a-t-il autre chose quand on est très mécontent de vous ?
- D – II y a la cellule.
- E – Pour combien de temps ?
- D – Un ou deux jours.
- E – II n’y a pas d’autres punitions ? (L’enfant baisse la tête sans répondre.) Allons, ne craignez rien. Ne vous a-t-on pas fouettée quelques fois ? Dites-le, nous le savons.
- D – Oui, Monsieur. (L’enfant pleure et semble très confuse)
- E – Voyons, dites-nous comment cela se passe.
- D – C’est quand je l’ai mérité. On m’attache au bas de l’escalier.
- E – On vous attache les mains ?
- D – Non, Monsieur, on les met comme cela (En même temps, l’enfant croise ses mains sur sa poitrine) Puis, on attache les pieds. Ensuite, on lève la chemise en même temps.
- E – Qui est-ce qui frappe ?
- D – Une des camarades.
- E – Avec quoi vous frappe-t-on ?
- D – Avec des cordes.
- E – Et qui est-ce qui est là pour vous faire fouetter ?
- D – La Sœur Clémentine.
- E – Combien de fois avez-vous été fouettée depuis que vous êtes dans cette maison ?
- D – Cinq fois.
Dans la cellule, les enquêteurs découvrirent une fille enfermée depuis son arrivée dans un local de 2 m sur 1,30 m, faiblement éclairé, où régnait une odeur « horriblement infecte ». Une seule porte donnait sur le lit. Elle était ouverte 3 fois par jour. Devant « la sévérité excessive et l’insalubrité extrême » les enquêteurs voulurent connaître les motifs de cette détention. La Mère Supérieure répondit que la fille était protestante et, devant être transférée, « on n’a pas jugé convenable de la mettre en communication avec les autres détenues ». La réaction18 du préfet fut virulente mais tout de même étonnante : l’abbé Buchou fut simplement sermonné : « Vous engageriez votre responsabilité personnelle de la manière la plus grave si un tel châtiment ou une flagellation quelconque était infligée une seule fois encore. L’intention absolument arrêtée de l’Administration est de ne plus supporter qu’on ait recours à de pareils moyens qui dénotent pour l’amendement des enfants une impuissance morale des plus caractérisée. » On peut comprendre qu’à partir de ce moment-là, l’administration prit un certain recul par rapport au directeur, jusqu’à l’éclatement en 1870 d’un conflit devenu latent dans cette décennie 1860-70.
Un autre motif d’insatisfaction sera formulé, en décembre 1864, par une inspectrice déplorant que l’école n’ait pas lieu régulièrement19. Le tableau dressé par l’abbé Buchou des détenues révèle alors de médiocres résultats. Sur 50 élèves, 4 pratiquent les 4 règles, 7 sont à l’addition et à la soustraction, 18 récitent la table de multiplication et commencent l’addition (étrange méthode, à moins que Buchou ne se soit trompé), 11 sont appliquées à la lecture et commencent à barbouiller du papier, 2 nouvelles de cette année n’ont qu’une détention de 3 à 8 mois, 3 sont dépourvues d’intelligence et ont encore plus de mauvaise volonté.
Une lettre du docteur Isidore Sarraméa au préfet permet de dire qu’il intervenait également à Sainte-Philomène. Marie B., atteinte d’adénite strumeuse cervicale et de paraplégie, après avoir été soignée pendant deux mois à Sainte-Philomène, fut transportée à Saint-André, puis aux bains de mers de Royan où son état s’améliora. Le docteur Isidore Sarraméa redoutait une rechute si elle rentrait au pénitencier, aussi demandait-il sa mise en liberté provisoire afin qu’elle restât plus longtemps à Royan, « comme condition de sa santé »20.
Ce sont les seules informations que nous possédons sur le fonctionnement du pénitencier Sainte-Philomène jusqu’en 1870. Nous complétons ces données avec l’analyse des dossiers individuels des filles prévenues.
Les filles prévenues
Notre enquête a porté sur un échantillon de 89 notices de la série Y des Archives départementales.
Elles sont 3 fois moins nombreuses que les garçons. Elles peuvent être incarcérées à partir de 6 ans jusqu’à 15 ou 16 ans. La moyenne d’âge se situant à 12 ans et demi. Seules 10 % sont nées à Bordeaux, moins de la moitié sont girondines. Le plus fort contingent est extérieur au département. 82 % des filles sont des enfants légitimes. Elles sont toutes catholiques, 40 % ayant déjà fait leur première communion.
Les motifs de l’incarcération
Pour la grande majorité (85 % de notre échantillon), il s’agit comme pour les garçons d’un simple délit : des vols en relation avec vagabondage et mendicité dont voici le descriptif : vols de mouchoirs, vol d’un couvert d’argent, vol de divers effets d’habillement, vol d’une paire de soulier par une rempailleuse de chaise qui aide son père, vol insignifiant pour procurer quelques hardes à ses 3 jeunes frères que la charité publique habille en grande partie, vols d’argent trouvé dans des maisons. Là encore il s’agit presque toujours de larcins commis par des jeunes filles vivant misérablement.
On note que quelques-unes ont été arrêtées pour « attentat la pudeur », « outrage public à la pudeur », « de mauvais exemple de la mère ayant perverti cette jeune fille de 10 ans », « d’actes de lubricité sur la voie publique » et « de promenades avec divers individus ». La prostitution est citée pour une fille de 14 ans qui « se livrait à la prostitution depuis l’âge de 12 ans » ou chez cette autre de 14 ans qui « découchait régulièrement et se livrait à la prostitution clandestine à Bordeaux alors qu’elle était originaire des Côtes-du-Nord ».
Les peines encourues ont une durée moyenne de 6 ans comprises entre un minimum de 3 mois à 13 ans (pour 80 notices). Comme pour les garçons nous trouvons des filles acquittées par le tribunal « comme ayant agi sans discernement mais envoyée en correction » à Sainte-Philomène. L’âge à la libération se situe en moyenne autour de 18 ans mais en s’étalant entre 11 et 21 ans, la durée des mesures de correction étant plus courte que les autres. Il faut signaler dans quelques dossiers des lettres émanant de parents demandant la libération anticipée de leur enfant.
Les causes supposées des délits incriminés mettent en avant les « mauvais instincts » de ces filles, déclinés en « désir d’avoir de la toilette », « d’amour du luxe », de « faiblesse » et de « paresse ». Les enquêteurs pour qualifier les antécédents et tendances de « mauvaises » utilisent les formules suivantes : « paresseuse », « mauvaise conduite », « mauvaise en général », « débauchée », « conduite légère dépravée ou obscène », « immoralité », « perversité » et, à un degré moindre « coquette et gourmande ». Antécédents et tendances sont qualifiés de bonnes : « bonnes en général », « douce », « bonnes mœurs » pour un tiers des filles.
La famille
60 % des familles sont indigentes. Un tiers vit de leur travail et 13,2 sont riches. Mais leur moralité est qualifiée par les enquêteurs de mauvaises pour les deux tiers d’entre elles avec par exemple ce cas : « la mère est dans la plus profonde misère et se livre à la prostitution ». La famille est donc souvent mise en cause : il est question du « mauvais exemple des parents » y compris celui de la mère, du « défaut de surveillance » et aussi « de l’excitation par les parents ». L’abandon est aussi invoqué mais avec une fréquence moindre. Pour la jeune Marie B, il est noté : « il faut attribuer l’inconduite de cette enfant à l’abandon dans lequel son père la laissait. Elle ne vivait que du produit de la mendicité ». Le pourcentage de familles désunies est important : il est présent dans plus de la moitié des notices consultées. Les décès des pères ou des mères paraissent la cause la plus manifeste de ces désunions avec un remariage plus fréquent chez les pères veufs. Il apparaît que les filles y sont particulièrement sensibles. Enfin s’y ajoutent 14,3 % des filles qui sont « sans famille ». Notons que 18 % des pères et 26 % des mères ont été condamnés, chiffre nettement supérieur à celui observé chez les garçons, ce qui a tendance à expliquer les jugements négatifs portés sur ces familles.
Les enquêteurs pensent qu’après la libération il faut éloigner 43 % des filles de leur famille, ce qui paraît logique suite au constat que dans 47 % des situations les relations entre la famille et la jeune sont mauvaises ou inexistantes. Cela correspond à ce que pense le ministre de l’Intérieur, Duchâtel, qui prône la séparation de l’enfant de sa famille lorsque celle-ci a une influence morale néfaste sur lui. Au nom de la condamnation morale de la famille, l’État se charge de l’éducation de l’enfant. Il inaugure la formule magique des militants de l’enfance : « dans l’intérêt de l’enfant », ultime justificatif de ce qui sera décidé pour les enfants :
Lorsqu’un jeune détenu appartient à une famille mal famée, il faut, dans l’intérêt de l’enfant, comme dans l’intérêt de la société, l’en séparer entièrement pendant toute la durée de son éducation aux frais de l’État. Je n’ai jamais hésité, dans ces cas, de défendre toute relation entre le jeune détenu et ses parents, et au moins à l’en éloigner le plus possible.
L’école et la formation
La moitié des filles a fréquenté l’école, proportion inférieure à celle des garçons. L’instruction est qualifiée de nulle pour les deux tiers des filles ; pour 13 % leur instruction est qualifiée d’incomplète. La moitié dit n’avoir aucun métier mais elles ont déjà travaillé, la majorité comme domestique, « placée en domesticité », ou agricultrice ou couturière, qui sont souvent les seules offres d’emploi proposées aux filles. Les métiers qu’elles évoquent sont beaucoup moins nombreux que ceux évoqués par les garçons et 44 % d’entre elles ne savent pas quel métier choisir. Il faut dire que le choix des métiers proposés pendant la détention est restreint : domesticité, agriculture, couture, repassage. Il faut dire que l’avenir des jeunes filles ne s’envisageait alors que dans le mariage et dans l’exécution des tâches domestiques.
La santé
La santé est qualifiée de mauvaise pour 12,5 % des jeunes filles, sans aucune précision.
Concernant le pénitencier Sainte-Philomène
La lecture des notices des filles donne l’impression que les informations sont beaucoup moins fournies que pour les garçons. Est-ce que cela traduit l’embarras des enquêteurs masculins interrogeant des jeunes filles ? Et sans doute cela est à mettre en relation avec les représentations qu’ils se faisaient des femmes à cette époque et qui pouvaient se résumer à un triptyque : « bonne à marier », « bonne épouse », « bonne mère ». Il se dégage l’idée qu’on se sert de la détention des filles pour les rééduquer, la sanction dans l’esprit des contemporains étant une sorte de pédagogie de secours face à l’échec éducatif de leurs parents.
Le dossier des Archives départementales sera plus prolixe concernant le pénitencier Sainte-Philomène après la fermeture de Saint-Jean, de 1874 jusqu’à la fermeture en 1883. Nous reportons cette étude pour une prochaine publication qui concernera la Troisième République, la fermeture de Sainte-Philomène ne pouvant être dissociée du contexte politique de l’époque.
Reste posée une question à laquelle nous n’avons pas pu répondre : pourquoi fermer le pénitencier des garçons et laisser l’abbé Buchou continuer à gérer le pénitencier des filles ?
Notes
- ADG, Y260 : Lettre de l’inspecteur général des prisons Charles Lucas au préfet, Bordeaux, le 10 août 1837.
- Ibid. Le système cellulaire de nuit sera aussi utilisé à Sainte Philomène.
- ADG, ADG, Y260 : Lettre du préfet â Dupuch, Bordeaux, le 9 janvier 1838.
- ADG, Y260 : Lettre de Dupuch au préfet, Bordeaux, le 15 janvier 1838.
- ADG, Y260 : Lettre de Dupuch au préfet, projet de traité, Bordeaux, le 17 janvier 1838.
- ADG, Y269 : Traité du pénitencier Sainte-Philomène, Bordeaux, le 23 janvier 1838.
- Le règlement de Sainte-Philomène n’a pas été retrouvé dans les archives du département, ce qui ne nous permet pas de donner plus d’indications sur la gestion du pénitencier.
- Initialement selon Pionneau, l’abbé Dupuch s’était adressé aux religieuses du Bon Pasteur d’Angers pour occuper ces fonctions.
- ADG, Y260 : Lettre du préfet au ministre de l’Intérieur, Bordeaux, le 31 janvier 1838.
- ADG, Y269 : Arrêté préfectoral, Bordeaux, le 31 janvier 1838.
- Y260 : Lettre de Dupuch au préfet Bordeaux, le 29 janvier 1838.
- Y260 : Lettre du procureur général au préfet, Bordeaux, le 12 février 1841.
- Y269 : Lettre du préfet au ministre de l’Intérieur, Bordeaux, le 12 mars 1840.
- Y261 : Lettre du préfet au ministre de l’Intérieur, Bordeaux, le 3 décembre 1860.
- ADG, Y206 : lettre de l’abbé Buchou au préfet, Bordeaux, le 7 décembre 1860.
- Y269 : Lettre de Fayet au préfet. Bordeaux, le 9 mars 1840.
- Y261 : Lettre du préfet au ministre de l’Intérieur, rapport de la commission d’enquête à Sainte-Philomène. Bordeaux, le 3 décembre 1860.
- Y261 : Lettre du préfet à Buchou, Bordeaux, 1er décembre l860.
- Y261 : Lettre du ministre de l’Intérieur au préfet, Paris, le 8 décembre 1864.
- Y291 : lettre de Sarraméa au préfet, Bordeaux, le 12 juillet 1870.