Le rapport fusionnel du travail ethnographique et du terrain (fieldwork) a été maintes fois relevé. Michel Izard (1931-2012) qui fut compagnon de terrain de Françoise Héritier (1933-2017) elle-même profondément terrienne, notait dans une entrée de dictionnaire le caractère décisif du premier terrain, « experimentum crucis qui décide d’une carrière »1. La locution latine est née en Grande Bretagne au temps où l’expérimentation – avec Robert Hooke, Isaac Newton notamment –, bataillait contre la spéculation dans l’étude des phénomènes naturels. Elle évoque le moment crucial de l’épreuve, lorsque l’hypothèse affronte le réel. Se dessine alors une perspective épistémologique nouvelle, un tournant dans la vie des chercheur.e.s. Instantia crucis pour Francis Bacon, qui dans son Novum Organum (1620) décrit les embarras à éliminer en préalable. Pionnier de l’empirisme, il repère quatre idola qui obsèdent l’esprit humain et brouillent sa perception et son interprétation du monde. Ces spectres mentaux correspondent à ce que l’on appelle à présent les biais cognitifs2. Parmi ceux-ci, figurent les Idola theatri3. Les spectres du théâtre intérieur reçus en héritage personnifient les théories philosophiques, dont celles d’Aristote en particulier « qui asservit tellement la philosophie naturelle à sa logique, qu’il fit de la première une science à peu près vaine et une arène de discussions » (aphorisme 54). Clairvoyante mise en garde réitérée par Florence Dupont4 à l’usage des études théâtrales, et qui convient aux ethnographes et anthropologues portés à abuser de la métaphore théâtrale dans leurs rapports de terrain.
La polysémie du terme « terrain » – dans le vocabulaire de l’anthropologie et de l’ethnologie francophone –, ses différentes acceptions et usage prennent racine dans la biographie de ses agents, les ethnologues et anthropologues eux-mêmes5. L’effort de l’anthropologie contemporaine à convertir son regard en le portant sur la fabrique de ses chantiers a eu pour conséquence d’interroger l’effet retour du terrain en prêtant attention à ceux et celles qui l’ont occupé : non seulement les « sujets-objets » que l’anthropologue est venu observer, mais lui/elle-même les observant. L’objet d’étude, en effet, n’est pas le terrain des géologues, des archéologues ni des naturalistes. Il est de l’ordre du relationnel intraspécifique en ses modalités flottantes, entre universalisme à la française6, exotisme et pseudo-spéciation7. De même, si le mot terrain pour l’ethnologue indique un lieu dans un espace/temps particulier8, il sous-entend le voyage pour s’y rendre, c’est-à-dire un dépaysement vécu en autant de conditions et d’humeurs qu’il y a de voyageurs9. La correspondance adressée par Denise Paulme et Deborah Lifchitz à André Schaeffner, Michel Leiris, Marcel Mauss et Georges Henri Rivière au cours de leur séjour sur le terrain en dit long sur les variables et les aléas concrets du voyage10. En ce sens, le départ en mission dite scientifique est en quelque sorte l’analogon de ces incidents de l’existence auxquels François Delsarte a attribué le nom d’« épisodes révélateurs », qui contribuent à l’engendrement de l’œuvre artistique et à son épanouissement ultérieur11.
Le terrain, le voyage et la cure
Au temps de l’Ethnographic Surrealism anatomisé par James Clifford12, le terrain, par bien des aspects, a pu souffrir d’une inclairvoyance dont s’est enragé Henry Miller dans l’exaltation d’Épidaure : « Mais le sens du voyage peut flétrir et périr. Il est des aventuriers qui pénètrent jusqu’aux régions les plus éloignées du globe, et qui vont, traînant vers un but stérile un cadavre inanimé. La terre pullule d’esprits aventureux qui la peuplent de morts13 ». À moins que, tout au contraire, partir ne devienne le détour nécessaire pour le « je voyageur » qui le conduit à l’auto-exploration du « je ancré » – dont parle Paul Ricoeur14 – lui permettant un premier déniaisement de lui-même, nécessaire à la rencontre de l’altérité. La Mission a été pour Leiris pré-texte à poursuivre la cure analytique entreprise avec Adrien Borel, littérairement transcrite dans l’Afrique Fantôme (1934). Le terrain est-il succédané de la cure lorsque celle-ci n’en est pas le préalable ? François Laplantine, qui fut étudiant et patient de Georges Devereux (1908-1985) rappelle :
L’inventeur de l’ethnopsychanalyse était convaincu du lien indissociable entre l’expérience de ce que les anthropologues appellent un “terrain” (qui commence par la rencontre des autres dans le décentrement de soi) et l’expérience de la cure psychanalytique (au cours de laquelle nous réalisons la découverte de l’autre en nous et le scandale de l’inconscient). C’est la raison pour laquelle il attendait que tous ceux qui s’engagent dans une recherche de terrain s’engagent également dans une cure analytique dont il nous prévenait que nous ne sortirions pas indemnes. Ce que je fis pendant six ans. Cette expérience personnelle de la psychanalyse était de sa part plus qu’une incitation ; une obligation. Il disait à tous ses élèves : “Si vous voulez devenir des anthropologues, vous devez passer par la psychanalyse. Parce que si vous n’êtes pas psychanalysé, vous allez projeter vos fantasmes sur les autres”. Et il avait raison15.
L’expérience psychanalytique théorique et pratique de Devereux ne l’empêcha guère – remarque Laplantine – d’adhérer à l’universalisme anhistorique maussien et de rester positiviste16. La production textuelle des anthropologues et ethnologues en deux livres – l’un littéraire, l’autre savant – manifeste la conscience des limites, sinon de l’imposture, dont tout projet d’objectivation de l’humain est flanqué lorsqu’il se fonde sur une relation. Curiosité bibliographique selon Vincent Debaene, cette production ne double pas seulement les études savantes17. Elle forme un ensemble avec le corpus documentaire et romanesque hétérogène à la fiabilité incertaine qui parvient parfois à animer par le détour de la fiction un objet de recherche dont l’exégèse a faire perdre la vie. Écrits dont l’efficacité peut être grande, comme le fut pour Jerzy Grotowski dans son enfance, la traduction polonaise du récit de voyage de Karl May, À travers le Kurdistan sauvage18.
Le terrain, parfois, s’affranchit du couvert de la science, le chercheur se déclarant « auteur » et non « sociologue », comme me demanda de le présenter Jean Duvignaud à Lisbonne en 1992 lors du 3e Congrès mondial de Sociologie du Théâtre. Dramaturge, romancier, il s’est expliqué de cette « imagination selon le vrai » dans la préface de Chebika (1968), caractéristique de certaines démarches de la sociologie « devenue une activité intellectuelle qui peut rivaliser avec la littérature lorsqu’elle procède à des reconstructions utopiques19 ». Aussi, est-il erroné et réducteur de considérer sa participation à la fondation de l’ethnoscénologie en qualité de « sociologue », confondant un statut d’universitaire fonctionnaire, avec une réalité identitaire complexe qui échappe aux catégories administratives.
De l’in vitro à l’in vivo
Les sciences du vivant ont opéré un saut qualitatif lorsque l’étude des animaux disséqués, encagés ou soumis aux expériences de laboratoire, a été confrontée à leur observation en milieu naturel. Le passage de la paillasse au terrain s’est effectué lentement. François Le Vaillant (1753-1824), ornithologue aventurier arpente les paysages, l’œil attentif aux couvées et au vol des oiseaux. Ses notations préfigurent l’éthologie, discipline qui n’a été reconnue qu’en 1973 avec l’attribution du prix Nobel de médecine et de physiologie à Karl von Frisch (1886-1982), Konrad Lorenz (1903-1989) et Nikolaas Tinbergen (1907-1988) pour leurs travaux sur la biologie du comportement animal. Dénonçant les écrivains casaniers et compilateurs, Le Vaillant dans son journal moque le penchant à la sédentarité des Français, attachés comme la moule par son bissus à sa terre natale. L’ethnographie de cabinet a longtemps prévalu avant les équipées de Franz Boas (1858-1942) et de Bronisław Malinowski (1884-1942). En 1958, Maurice Merleau-Ponty présentant un rapport pour la création d’une chaire d’Anthropologie sociale devant l’Assemblée des professeurs du Collège de France, évoque la correction que le terrain peut apporter à l’ethnocentrisme du chercheur qui s’y refuse : « Vérité et erreur habitent ensemble à l’intersection de deux cultures, soit que notre formation nous cache ce qu’il y a à connaître, soit qu’au contraire elle devienne, dans la vie sur le terrain, un moyen de cerner les différences de l’autre »20. Il cite un exemple fameux : « Quand Frazer disait, du travail sur le terrain, « Dieu m’en préserve » il ne se privait pas seulement de faits, mais d’un mode de connaissance ». Certes, reconnaît-t-il, la connaissance sensible de l’ensemble des sociétés s’avère impossible. Cependant, l’expérience acquise auprès d’une autre culture constitue en elle-même un organe de connaissance nouveau.
Sortir de l’atelier pour peindre sur le motif, s’éloigner des cages du zoo pour se rendre sur le territoire de l’animal, s’immerger dans un milieu humain inconnu n’est pas anodin. Toute échappée de la routine engage une variation sensorielle, cognitive, motrice source d’une expérience nouvelle, entre inconfort et épanouissement. La difficulté est d’opérer le passage entre la perception et la description du réel en ses nuances, mouvances, variétés, contradictions. Les terrains d’écrivains nous disent-ils mieux du monde que les anthropologues ? La question est à présent posée par ces derniers21. La Grèce d’Henry Miller dans The Colossus of Maroussi (1941) est à la fois imaginaire et vivante, gagnant sur ce que perd l’étude savante ; perdant ce que cette dernière présente. Encore que l’affaire soit plus complexe. Avant l’exubérante volupté du texte, il y a ces années libres et joyeuses, chaotiques et sulfureuses de Miller à New York et Paris qui l’ont inspiré, entraîné aux sensations source de la création en emmêlant passé et présent. À propos des éthologistes qui vont rencontrer les primates hors de leurs cages, dans leur espace naturel, Mary Sanders Pollock écrit que le terrain est aussi bien un lieu réel, qu’une expression de l’imagination humaine22. N’en est-il pas de même de toute recherche dans les sciences humaines ?
Journal de terrain maïeutique du voyage
Le journal de terrain rédigé par l’anthropologue à son retour serait-il roman d’apprentissage ? Il révèle ce que l’inconscient portait en germe : l’inclination intellectuelle latente qui fera préférer ultérieurement la glose à la description, l’abstraction au sensible, le bureau au voyage ou, tout au contraire, un imaginaire fertilisé, libéré, sans pour autant que l’on puisse prévoir la nature de ce qui peut émerger à la floraison. Ces textes témoignent de la puissance génésique du décentrement, de la rencontre physique avec un écosystème et une humanité inconnus. Quand leurs auteurs se livrent eux-mêmes à une relecture de leurs textes, des décennies plus tard, il est frappant de constater qu’ils mettent à jour la maïeutique du voyage qui les a conduits à choisir à la fois un « objet de recherche » et la manière de l’étudier. Policés par l’exercice littéraire, ou matériaux bruts retrouvés par hasard, ces récits de terrain constituent un néo-terrain dont l’examen fait apparaître des éléments inattendus qui incitent à de permanents décryptages et induit à l’erreur le lecteur mal disposé ou écervelé23.
Les fantasmes ne sont pas seuls à se projeter sur l’étranger. L’ethnologue voyage avec nombre de bagages culturels parmi lesquels en Occident figure le théâtre, objet à ce point familier depuis l’école qu’il devient système optique à travers lequel il perçoit dans le monde les innombrables analogies portées par la métaphore du Theatrum Mundi. L’Afrique fantôme de Michel Leiris, publié en 1934 à son retour de la mission Dakar-Djibouti (1931-1933) conduite par Marcel Griaule, en est l’une des illustrations les plus vives. Mal reçues par ses pairs, qui à l’instar de Marcel Griaule y voyaient une provocation, ces premières confessions ont donné lieu à une riche exégèse24. Deux ans après la publication de son journal, en février 1936, Leiris avait présenté une communication à la Société de Psychologie dans laquelle il exposait une théorie théâtrale des pratiques liées à la croyance aux génies « Zar » en Éthiopie du nord25. Vingt-deux ans plus tard, embrassant le mythe étiologique de l’origine rituelle du théâtre, il reprit et développa sa thèse en un livre savant : La Possession et ses aspects théâtraux chez les Éthiopiens de Gondar (1958). Pour l’ethnoscénologie, l’étouffante métaphore, dont Erving Goffman à son tour use et abuse à la même époque, est un élément précieux dans l’étude de la construction du mot théâtre en tant que concept universel et artifice heuristique.
Leiris n’est pas un cas isolé. Alfred Métraux (1902-1963), André Schaeffner (1895-1980) élèves de Marcel Mauss (1872-1950), adoptent le référent culturel du théâtre dans l’analyse des cultes comportant une dimension spectaculaire, tel que le Vodou. Entré au Musée d’ethnographie du Trocadéro en 1929, pour s’occuper des collections d’instruments de musique, puis responsable du département d’ethnologie musicale du Musée de l’Homme, Schaeffner, influencé par le déni de l’histoire de son maître, passe de la métaphore à l’invention de la théorie uchronique et euro-centrée de pré-théâtre26. Gilbert Rouget (1916-2017) son assistant, l’introduira dans son esquisse d’une théorie générale des relations de la musique et de la possession27. Aux États-Unis le jeune Clifford Geertz (1926-2006) entreprenant son premier terrain à Bali (1957-1958) adopte la grille et le vocabulaire du théâtre dans l’analyse de la symbologie du pouvoir, et le commentaire du fameux combat de coqs balinais28.
Tout autre fut le théâtre pour Claude Lévi-Strauss (1908-2009) lorsque, devenant ethnologue, il accomplit non sans difficultés son terrain initiatique dans les sociétés indigènes du Brésil central dans les dernières années trente. Le livre de voyage qu’il rédigea se voulait être roman. Repris à la demande de Jean Malaurie sur un mode savant, pour la collection Terre Humaine qu’il venait de créer en 1954, il en garda le clair-obscur de son titre premier – Tristes Tropiques – et la substance d’un roman d’apprentissage. Sa qualité littéraire fit regretter à l’Académie Goncourt qu’il lui échappa au prétexte qu’il s’agissait d’ethnologie. Trente ans après sa publication, dans un entretien remarquable par sa liberté de ton29 Lévi-Strauss évoqua l’épisode dépressif propre – à ses yeux – à l’enquête ethnographique qui mit en doute son aptitude à pratiquer le terrain. Il note en fin de volume : « à pratiquer ce métier, l’enquêteur se ronge30 ». Isolé à Campos Novos, s’interrogeant sur ce qu’il y était venu faire, déçu, découragé il trouve consolation dans l’exercice dramaturgique : « il me sembla que les problèmes qui me tourmentaient fournissaient la matière d’une pièce de théâtre31 ». Effet d’une éducation de bonne facture, loin de porter sur une exploration scénique aventureuse, le sujet prenait sa source dans les textes classiques : « Ma pièce s’intitulait : l’apothéose d’Auguste, et se présentait comme une nouvelle version de Cinna32 ».
En réponse à une dernière question de Bernard Pivot, Lévi-Strauss résuma l’intérêt de son ouvrage, présenté aujourd’hui par son éditeur comme « le grand livre de l’ethnologie contemporaine ». En définitive, lui répondit-il, Tristes Tropiques, réintègre l’observateur dans son objet d’observation, préférant au terrain le labeur indispensable du armchair anthropologist qui met en ordre la surabondance des données recueillies par ceux et celles qui ne le sont pas.
La déclaration qui ouvre l’ouvrage n’est pas maniérisme clinquant : « Je hais les voyages et les explorateurs ». Le jeune ethnologue brésilien Luiz de Castro Faria33 qui l’accompagnait lors de son expédition au Mato Grosso a rapporté dans son propre journal son désintérêt pour les questions pratiques, objectives, quotidiennes et son goût pour les digressions philosophiques. Pour nous ses lecteurs, le récit du terrain compose une ethnologie inversée, qui dessine les constituants de la perception et de l’intellection de son auteur. La chronique de l’incident du Campos Novos est significative. Lévi-Strauss nous parle du théâtre classique, écriture dialogique qu’il distingue du phénomène théâtral tel que le comprennent les performeurs. La consolation vient de l’écriture, non du jeu et de la relation biologique, cognitive et émotionnelle à l’autre, partenaire ou spectateur. En témoigne l’aveu de son allergie au théâtre dans un entretien à Georges Charbonnier en 1959 : « Je suis – je m’excuse – allergique au théâtre (…) le fait que ce soient des hommes et des femmes de chair et d’os qui se promènent sur la scène, alors que je demande à l’art de me faire échapper à la société des hommes pour m’introduire dans une autre société34 ».
Du pluriel de l’ethnos au concept de l’anthropos
Préfaçant en 2007 la réédition de l’ouvrage de réflexions sur son premier terrain au Maroc, à l’occasion du trentième anniversaire de sa publication aux États-Unis, Paul Rabinow (1944-2021) avait conclu : « le livre d’un anthropologue débutant mérite toujours de circuler et d’être repris de manière attendue et inattendue. Après tout, qu’est-ce que la pensée critique peut bien faire d’autre ?35 » Tenu à présent pour l’une des contributions majeures à l’anthropologie réflexive, Reflections on Fieldwork in Morocco (1977), ne se limitait pas au compte-rendu de ses expériences au Maroc. L’auteur déclarait un essai sur l’ethnologie, relevant de l’herméneutique. Pour nous, s’y esquisse l’amorce de la distance prise par son auteur à l’égard de l’ethnos pour entrer dans l’étude du discours sur l’humain l’anthropos+logos, au fil d’une évolution stimulée par sa proximité avec Michel Foucault. En 1974, avant même sa parution, le projet d’écriture avait été tancé. Les états d’âme d’un jeune anthropologue importaient peu, alors que porter un regard critique sur l’expérience revenait aux plus âgés qui avaient fait leurs preuves. Clifford Geertz son directeur de thèse lui avait assuré que publier un tel manuscrit refusé par plusieurs éditeurs universitaires ruinerait sa carrière. Robert N. Bellah, chef de file de l’interpretative social sciences ISS parvint cependant à le faire accepter par les University of California Press en 1977, et en fit la préface. Celle-ci disparut de l’édition française en 1988, remplacée par celle de Pierre Bourdieu dont l’orientation – selon Rabinow – en était fort différente36. Le terrain initial qu’arpente le doctorant est celui que Paul Ricoeur repère, et qu’il cite : « la compréhension de soi obtenue par le détour de la compréhension de l’autre ». Moi qui n’ai pas le cogito purement cérébral des cartésiens, ni le moi profond, le moi psychologique des freudiens, écrit-il, « Mais bien plutôt le moi qui, médiatisé par la culture et situé au regard de l’Histoire, baigne dans un monde en constantes fluctuations37 ». En 2007, c’est avec la conscience des forces et des faiblesses des premiers temps, que Rabinow poursuivait son travail de terrain dans le domaine de la philosophie, à sa manière38. Critique sans reniement, comme l’attestent le retour de la préface de Robert N. Bellah en début de l’ouvrage, et le déplacement en sa fin de celle de Pierre Bourdieu. Nul doute que Rabinow avait tenu compte des pages que lui avait consacrées Clifford Geertz, aux côtés de Claude Lévi-Strauss, Bronisław Malinowski, Edward Evans Pritchard et autres dans un ouvrage qui soulignait la nature littéraire de l’écriture anthropologique. Piquant, Geertz avait évoqué le terrain par l’image romanesque de l’éducation sentimentale.
Il en va tout autrement des matériaux bruts pré-littéraires retrouvés dans les affaires personnelles du chercheur après sa mort. Le rideau se lève sur un monde fantastique abandonné à l’imaginaire interprétatif du lecteur, sa logique et ses fantasmes. La guerre que se livraient l’ancienne et la nouvelle critique dans les années soixante-dix, a ouvert une crise générale du commentaire selon que l’on privilégie l’explicite du texte, au nom de la clarté des évidences, ou que l’on s’interroge sur l’acte même d’écrire. L’intolérable des situations, le chaos et la confusion, la sexualité sont difficilement acceptables au nom du goût et du sérieux dans une communication à prétention scientifique qui ne relève pas explicitement de la littérature. Le tumulte des affects ne devient socialement admissible que lorsque l’emporte le primat du style, ou dans l’enclos de la psychanalyse, jadis condamnée par l’ancienne critique. Roland Barthes avait répondu à Raymond Picard : « Si la psychanalyse est condamnée, ce n’est pas parce qu’elle pense, c’est parce qu’elle parle39 ». Il est des écrits qui sont paroles40.
L’affaire Malinowski : a diary in a queer sense of the term
C’est un chahut de commentaires débordant de malentendus et d’ignorance, entre rosserie et querelle de pairs, pruderie et ethnocentrisme qui a accueilli en 1967 la traduction anglo-américaine du vrai-faux journal de terrain de Bronisław Malinowski (1884-1942), publié près de cinquante ans après sa rédaction, et vingt-cinq après sa mort. L’initiative en revenait à une artiste peintre et sculptrice anglaise, Anna Valetta Hayman-Joyce (1904-1973), alias Valetta Swann, sa compagne qu’il avait épousée en 1940, alors que récemment émigré aux États-Unis, il était nommé Professeur d’anthropologie à l’université Yale, à New Haven. Deux ans plus tard, Bronisław de santé fragile était mort brutalement d’une crise cardiaque à l’âge de 58 ans, avant même d’entreprendre en couple et avec sa plus jeune fille Helena41 un troisième terrain au Mexique, dans la région de Oaxaca.
Apprenant le décès de Bronisław, Feliks Gross (1906-2006) ami et l’un de ses anciens étudiants42 fut parmi les premiers à rendre visite à Valetta Swann en lui proposant de prendre soin des affaires personnelles de son époux. À Yale, il trouva dans son bureau un petit carnet noir contenant une sorte de journal manuscrit rédigé en polonais, parfois difficile à déchiffrer. Gross en traduisit quelques extraits à Valetta qui le conserva précieusement et l’emporta avec elle au Mexique où elle décida de vivre en 194643. Après guerre, en 1949, ce fut Sir Raymond William Firth, anthropologue et ethnologue néo-zélandais successeur de Malinowski à la London School of Economics qui lui fit parvenir de Londres d’autres documents similaires. Composés dans la solitude de ses premiers terrains insulaires, ces textes de jeunesse étaient plus apparentés à celle des écrivains qui scandalisaient l’Amérique puritaine qu’au style académique. Inspiré par le modèle narratif du polonais Józef Teodor Konrad Korzeniowski (1857-1924), qui, signant Joseph Conrad, écrivait en langue anglaise, Malinowski avait, jeté dans ses carnets idées, fantasmes érotiques et affects, histoires de famille, mêlés à des notes d’observation prises au quotidien.
À la fin des années soixante, Valetta prit contact à New York avec l’un des éditeurs de Bronisłav en vue d’une publication. Elle estimait que ces pulsions graphiques, maniaques, libératrices apporteraient aux étudiants et collègues, dressés à l’urbanité de surface des études académiques, les éléments propres à leur faire comprendre les fondements autobiographiques sur lequel repose toute recherche. Pour Valetta Swann, femme indépendante, affiliée au milieu artistique mexicain plutôt qu’à l’université anglo-saxonne, ces textes affranchis de l’hypercorrection habituelle des journaux intimes invitaient à pénétrer dans l’espace labyrinthique de la création scientifique d’un homme de vingt ans son aîné et Polonais de naissance. L’époque paraissait se prêter à la déconstruction des convenances. Héritage de la Beat Generation, underground, avant-garde, mouvement pour la défense des droits civils et des minorités culturelles, sexuelles, libération des mœurs. La nouvelle physique, vulgarisée en particulier par les conférences et les articles de Niels Bohr (1885-1962) lors de colloques de psychologues et d’anthropologues avaient contribué à faire admettre la relation complémentaire entre la rationalité et la vie instinctive, tout en montrant les limites de la pensée causale héritée de la métaphysique occidentale. Le diary pouvait en constituer un témoignage en dévoilant les coulisses passionnelles du sérieux universitaire, les limites de la relation à l’autre et le fait – selon François Laplantine – qu’une « ethnographie de l’intime appelle une polygraphie44 ». En concertation avec Firth, Valetta Malinowska émonda certains passages, dressa un montage du corpus, et en confia la traduction à Norbert Guterman (1900-1984), collaborateur du magazine d’orientation marxiste Monthly Review. Supputant le risque de dépréciation d’une « célébrité mondiale45 » par le charivari qui ne manquerait pas de s’élever parmi les lecteurs, Valetta Malinowska prit les devants en assumant pleinement sa décision de publier ces carnets : « I am therefore, solely responsible for the decision to publish this book46 ». Le titre même de l’ouvrage précisait la nature du contenu. Le terme « journal » désignant un genre littéraire polymorphe à la langue plurielle (R. Barthes)47, il fut décidé de lui adjoindre un qualificatif : A Diary in the Strict Sense of the Term48, un journal au sens strict du terme. Prudent dans l’introduction de la première édition, Raymond Firth se borna à souligner le caractère accessoire du journal par rapport à l’œuvre scientifique.
Micro histoire et macro-anthropologie
Loué en tant que field-worker modèle49, pionnier de la recherche de terrain au plus près de ceux et celle qui y vivent, autochtones50 et nomades, Bronisław Malinowski (1884-1942), a paradoxalement attribué sa vocation anthropologique à la lecture du Rameau d’Or de James Frazer (1854-1941), parfois caricaturé en arm-chair anthropologist – anthropologue dans un fauteuil. C’est ce dernier qu’il sollicita pour écrire la préface des Argonauts of the Western Pacific (1922), ouvrage51 qui, en quelque sorte, pour James Clifford, a servi de charte fondatrice de l’anthropologie du XXe siècle52. L’étude comprenait pour la première fois une systématique de l’enquête de terrain prônant l’empathie physique, cognitive avec les « sujets d’étude53 » afin d’en appréhender le point de vue en se gardant de l’hypostasier. La préface louangeuse de Frazer met l’accent sur le fait que le Dr Malinowski a vécu là comme un indigène parmi les indigènes pendant plusieurs mois d’affilée ; jour après jour, conversant avec eux dans leur propre langue sans qu’intervienne un interprète. Ce qui caractérise sa méthode – poursuit-il – c’est qu’il tient pleinement compte de la complexité de la nature humaine à la façon de Shakespeare et Cervantes, et non sous un angle particulier ou uniforme comme le fait Molière dans l’Avare54.
Dans les faits, ses premières expéditions immersives en Nouvelle-Guinée sur l’île Mailu en 1914-1915, puis en 1917-1918 dans les îles Trobriand, avaient été une épreuve endurée malgré lui, en célibataire solitaire, tandis que la première guerre mondiale ensanglantait l’Europe55. Polonais, Malinowski est sujet autrichien car né à Cracovie centre culturel et artistique de la Pologne démembrée56, fils d’un père philologue professeur de la prestigieuse université de cette ville, et d’une mère héritière de la kultura szclachetna – culture aristocrate57. Polyglotte, cosmopolite par éducation, sa jeunesse cracovienne l’immerge dans le mouvement moderniste artistique et philosophique Jeune Pologne (Mołda Polska), néo-romantique, sensualiste, portant haut l’imaginaire, la pensée de l’art pour l’art et la passion amoureuse. Fragile de santé, obsédé par la poésie58, il préfère l’étude aux excès. Son ami le plus cher, le peintre, dramaturge, photographe, essayiste et romancier Stanisław Ignacy Witkiewicz (1885-1939) – Witkacy pour les Polonais –, le portraitise dans une toile qu’il intitule « Malinowski ayant peur de la vie » , avant de le peindre en 1910 sous les traits du duc de Nervermore dans un roman autobiographique 622 Upadki Bunga, czyli Demonicza kobieta59. Étudiant en physique et mathématiques, docteur en philosophie des sciences sub auspiciis Imperatoris60 de l’université Jagellonne depuis 1908, post-doctorant, il bénéficie à Leipzig des cours de Wilhelm Wundt (1832-1920), créateur du premier laboratoire de psychologie expérimentale et théoricien de la Völkerpsychologie – psychologie des peuples –, ainsi que de l’enseignement de Karl Bücher (1847-1930), chef de l’école d’histoire d’économie politique61. Diplômé, stimulé par la découverte livresque du Golden Bough de Frazer, une bourse de recherche lui permet de partir pour l’Angleterre en 1911, où à la London School of Economics, Charles G. Seligman (1873-1940) dirige ses recherches. Malinowski est un outsider62 érudit et policé.
Partant pour un colloque en Australie, au printemps 1914, il propose de l’accompagner à Witkiewicz (1885-1939) gravement déprimé par le suicide de Jadwiga Janczewska, sa fiancée. Celui-ci le rejoint à Londres. Ils sont en Australie quand éclate la première guerre mondiale. Witkiewicz part combattre dans l’armée russe63. Malinowski obtient l’autorisation de poursuivre ses recherches dans les îles Trobriand, en Nouvelle-Guinée. En deux étapes – la première de 1914 à 1915, la seconde en 1917 et 1918 – il s’efforce de vivre au plus près des gens, baignant dans leur milieu avec les aléas inévitables de la promiscuité et de l’inconfort. Il n’évite pas d’approcher les faits bioculturels64, la sexualité par exemple, développée ultérieurement dans Sex and Repression in Savage Society65 qui fit date et le lia aux protagonistes de la sexologie et du mouvement de la libération sexuelle66. Après un temps d’enseignement et de recherche à la London School of Economics, marquée par la mort de sa première femme, la photographe et écrivaine australienne Elsie Rosaline Masson (1890–1935), il part pour les États-Unis à la fin de 1938 en année sabbatique. Quand éclate la deuxième guerre mondiale, il lui est conseillé de s’y établir, rejoint par Valetta Swann.
Les tapages incompréhensifs de l’ethnocentrisme
La réception du journal alluma un feu de commentaires critiques, de blâmes et d’ironie. Certaines recensions avaient un air de règlement de compte épicé du plaisir de détruire le prestige d’un maître charismatique, caustique et orageux à l’occasion. Adversaire de la perspective malinovskienne du terrain à laquelle il opposait, en ce temps-là, celle de la textualité de la culture67, Clifford Geertz, jeune Professeur d’université, publia dans l’influent New York Review of Books, un papier désinvolte, qui tenait plus de la thin description – la description faible – que des principes de la thick description – description dense – empruntée à Gilbert Ryle et dont il se fit le vulgarisateur68. Intitulé Under the Mosquito Net – sous la moustiquaire – illustré d’une caricature de Malinowski par le talentueux David Levine, l’article effleure un « very curious document, which its editors have decided to call A Diary in the Strict Sense of the Term, apparently in an effort to communicate that it is a diary in a queer sense of the term69 ». L’auteur croque sa victime sans tenir compte des problèmes de traduction, négligeant le contexte historique, géopolitique et surtout la Polonité de la substance même des écrits. Réduisant l’œuvre de Malinowski au seul point qui a fait l’objet d’un éloge unanime et sans réserve, celui d’être un incomparable fieldworker – chercheur de terrain – écrit-il, Geertz s’applique à en démontrer la fausseté. Malinowski était un « a crabbed, self-preoccupied, hypochondriacal narcissist, whose fellow-feeling for the people he lived with was limited in the extreme » ; un amoureux à distance « frozen in timeless attitudes which, in anxious self-contempt, he obsessively contemplates70 ». Quant à l’évocation de Witkiewicz, elle se réduit à n’être qu’un ami d’enfance avec qui il s’est querellé.
Vingt ans plus tard, Raymond Firth fit le bilan de l’épisode dans une nouvelle introduction pour la seconde édition du journal, proposant ainsi un riche corpus d’interprétations, significatives de l’état de la discipline et de son évolution. En effet, Geertz sexagénaire et enclin à la pluridisciplinarité, en est venu à considérer le Diary comme un précieux document qui dévoile les coulisses de la recherche, et le caractère indissociable de l’écriture proprement scientifique et de la narration littéraire ; notre double helix71 reconnaît-il en 1988 dans un ouvrage qui considère l’anthropologue comme un auteur72. Le journal ne dérange pas par ce que confesse l’homme Malinowski, mais par ce qu’il dit d’être là : sur le terrain73. James Clifford est plus éclairant : « C’est un document capital pour l’histoire de l’anthropologie, non parce qu’il montre la réalité de l’expérience ethnographique, mais parce qu’il nous oblige à comprendre la complexité de ces rencontres et à considérer tous les comptes rendus écrits sur l’enquête de terrain comme des constructions partielles »74.
Le terrain des origines
Ce sont les recherches et les publications des anthropologues polonais et des spécialistes de la langue et de la culture polonaises qui ont réduit l’embouteillage de malentendus et contre-sens où l’œuvre et la personnalité de Bronisłav Malinovski s’étaient retrouvées. L’évolution géopolitique de l’après deuxième guerre mondiale n’a guère facilité les échanges avec la Pologne et la connaissance de ses effervescences artistiques, philosophiques et littéraires historiques. En conséquence, il a été parfois attribué à des artistes polonais – Jerzy Grotowski, par exemple –, des influences venant de l’Ouest – Antonin Artaud aux dépens de Witkiewicz75 –, alors qu’un terreau polonais nourrissait leurs racines76. En octobre 1984 le colloque international organisé à Cracovie, pour le centenaire de la naissance de Malinowski a été l’occasion d’une importante clarification77. L’édition critique du Journal dans sa langue originale n’a été publiée en Pologne qu’en 2002, avec une introduction par Grażina Kubica, anthropologue de l’université Jagellione, autrice de nombreux articles et ouvrages consacrés à la polonité de Malinowski78. Dans la perspective de l’anthropologie de l’esthétique, et de l’ethnoscénologie, la relation de Malinowski et de Witkiewicz79 de même que les péripéties artistiques et amoureuses de sa jeunesse méritent attention dans la mesure où s’y esquissent les prolégomènes d’une ethnographie de la carnalité, distincte sinon en opposition avec une anthropologie de la textualité.
Un cas d’école
Aujourd’hui, l’affaire « Diary 1967 » est un cas d’école80. Comment se fait-il que la plupart des anthropologues de l’époque aient affiché tant de désinvolture à l’égard de la question essentielle du langage, et de la traduction, ainsi que du contexte historique, culturel et pulsionnel de l’énonciation qui sont au cœur de la démarche de Malinowski, lui-même en dialogue avec les linguistes ? La notion de phatic communion81 dont il avait eu l’intuition avait été reprise par Roman Jakobson, devenue source de développements ultérieurs dans la compréhension de la dynamique des aspects plus complémentaires que rivaux du langage : le cognitif et l’émotionnel, le discursif et la capacité d’agir, la phonologie et la musicologie, l’énonciation et la motricité. Elle suggérait que le langage pouvait être considéré également comme un mode d’action, et relever de la tactilité, au-delà d’une expression de la pensée. Contribution à la perspective théorique de la performance82, la phaticité invite le chercheur à ne plus se borner à la quête de données informatives langagières, mais à aller au plus près des performeurs, sans pour autant prétendre lire au-dessus de leur épaule (C. Geertz) une quelconque culture-livre. Enseignant les performance studies à la Brown University, le metteur en scène et théâtrologue John Emigh, reproche précisément à Geertz d’avoir privilégié dans son étude sur Bali une approche sémiotique des réseaux de signification. Il cite l’anthropologue Sri-Lankais Gannath Obeyesekere : « à lire Geertz on voit partout des toiles, mais on ne voit jamais l’araignée83 ».
Notes
- Izard Michel, « Méthode ethnographique », in : Bonte Pierre, Izard Michel (dir.), Dictionnaire de l’ethnologie et de l’anthropologie, Paris, Presses Universitaires de France, 1991, p. 471.
- XXIX « Ces fantômes qui obsèdent l’esprit humain nous avons cru devoir (pour nous faire mieux entendre les distinguer par les quatre dénominations suivantes : la première espèce, ce sont les fantômes de race ; la seconde les fantômes de l’antre ; la troisième les fantômes de la place publique ; la quatrième les fantômes de théâtre ». Bacon Francis, Novum organum règles véritables pour l’interprétation de la nature (nouvelle traduction en francais avec une introd. et des notes par Lorquet), Paris, Librairie de L. Hachette et Cie 1857. p. 12.
- XLIV : « Il y a enfin des idoles introduites dans l’esprit par les divers systèmes des philosophes et les mauvaises méthodes de démonstration ; nous les nommons idoles du théâtre, parce qu’autant de philosophies inventées et accréditées jusqu’ici, autant, selon nous, de pièces créées et jouées, dont chacune contient un monde imaginaire et théâtral », p. 13-14.
- Dupont Florence, Aristote ou le vampire du théâtre occidental, Éditions Flammarion, Aubier, collection « Libelles », 2007.
- Voir à ce propos Clifford James, Malaise dans la culture. L’ethnographie, la littérature et l’art au XXe siècle (traduit de l’américain par Marie-Anne Sichère), Paris, École national supérieure des Beaux-Arts, coll. Espaces de l’art, 1996.
- « L’ethnocentrisme a donc deux facettes : la prétention universelle, d’une part ; le contenu particulier (le plus souvent national), de l’autre », Todorov Tzvetan, Nous et les autres. La réflexion française sur la diversité humaine, Paris, Seuil, coll. Points essais, 1989, p. 22.
- Terme proposé par le psychanalyste américain d’origine allemande Erik H. Erikson pour désigner l’attitude qui consiste à percevoir l’autre comme non-moi, et à la limite non humain : « Ontogénie de la ritualisation chez l’homme », in :Huxley Julian (dir.), Le comportement rituel chez l’homme et l’animal (A Discussion on Ritualization of Behavior in Animals and Man, Philosophical – Transactions of the Royal Society of London, Series B, No. 772, Vol. 251, p. 247-526, traduit de l’anglais par Paulette Vielhomme, NRF, Bibliothèque des Sciences Humaines, Gallimard, 1971, p. 144).
- Evidence chronotopique parfois négligée. Voir Laplantine François, Chronotopie. Réflexions d’un anthropologue sur le temps et l’espace, Malvezie, éditions Dépaysage, 2023.
- Pour en saisir quelques portraits voir Todorov 1989, o.c. p. 427-463.
- Paulme Denise, Lifchitz Deborah, Lettres de Sanga à André Schaeffner, Michel Leiris, Marcel Mauss, Georges Henri Rivière… (Édition augmentée, présentée et annotée par Marianne Lemaire), Paris, CNRS, éditions, 2015.
- À propos des textes relatifs à ces Episodes, voir Porte Alain, François Delsarte. Une anthologie, ch. IV « les épisodes révélateurs », Paris, éditions ipmc, 1992, p. 55-88.
- Clifford James, « On Ethnographic Surrealism », Comparative Studies in Society and History, 23, 4, 1981.
- Miller Henry, The Colossus of Maroussi , 1941 (Le colosse de Maroussi, traduit de l’américain par Jean-Claude Lefaure, Paris, Éditions du Chêne, 1958 – Poche 1973, p. 107-108.
- Ricoeur Paul, Soi-même comme un autre, Paris, Seuil, 1990 (en particulier p. 67).
- Laplantine François, « Georges Devereux, un savant entre les rives », Publié dans la vie des idees.fr, le 19 novembre 2013, p. 3. Disponible en ligne. Voir en complément, de Laplantine : Ethnopsychiatrie psychanalytique, Paris, Beauchesne, 2007, p. 7 et s.
- Laplantine François, « Pour une ethnopsychiatrie critique », VST – Vie sociale et traitements, 73, 2002/1, p. 28-33. URL : https://www.cairn.info/revue-vie-sociale-et-traitements-2002-1-page-28.htm.
- Debaene Vincent, L’adieu au voyage : L’ethnologie française entre science et littérature, NRF, Gallimard, Collection Bibliothèque des Sciences Humaines, 2010.
- May Karl, Durchs wilde Kurdistan (À travers le Kurdistan sauvage).
- Duvignaud Jean, Chebika – étude sociologique – Mutations dans un village du Maghreb, Paris, Gallimard NRF, 1968, p. 19.
- Rapport de Maurice Merleau-Ponty pour la création d’une chaire d’Anthropologie sociale. Assemblée des professeurs du Collège de France, 30 novembre 1958. URL : https://doi.org/10.4000/lettre-cdf.229.
- Bensa Alban, Pouillon François (dir.), Terrains d’écrivains. Littérature et ethnographie, Toulouse, Anachasis, 2012.
- Pollock Mary Sanders, “Tragedy of the Field” Storytelling Apes: Primatology Narratives Past and Future, vol. 5, Penn State University Press, 2015, p. 89.
- Démarche largement entreprise dans le domaine littéraire, moins familière aux en ce qui concerne les sciences. Adell Nicolas (dir.), La vie savante. La question biographique dans les sciences humaines, Paris, PUF, 2022.
- Debaene Vincent, « L’Afrique fantôme ou la bifurcation », Critique, 815, 2015, p. 260-275.
- Leiris Michel, « La croyance aux génies “Zar” en Éthiopie du nord », Journal de psychologie normale et pathologiques, XXXVe année, Paris, 1938, p. 108-125. (Séance du 27 Février 1936 de la Société de psychologie – Sorbonne salle 6).
- Schaeffner André,Essais de musicologie et autres fantaisies, Paris, Le Sycomore, 1980 (paru in Polyphonie , Paris, 1, 1947-1948, pp. 7- 14). Repris dans une version corrigée et augmentée in Guy Dumur (sous la dir. de) Histoire des spectacles, Paris, Gallimard, Encyclopédie de la Pléiade, 1965, 21-54.
- Rouget Gilbert, La musique et la transe, Esquisse d’une théorie générale des relations de la musique et de la possession, Préface de Michel Leiris, Paris, Gallimard Tel, 1990, p. 226-227, 248-249.
- Geertz Clifford, Negara. The Theatre State in Nineteenth-Century Bali, Princeton, Princeton University Press, 1980, p. 102-104. Geertz Clifford, Bali. Interpretation d’une culture (traduit de l’anglais par Denise Paulme et Louis Evrard), Paris, Gallimard, 1983, p. 211-212.
- Entretien du 4 mai 1984 conduit par Bernard Pivot. Archive INA. Durée 1h18. URL : https://www.youtube.com/embed/s7fANFEdf0Q?si=sr-2kYC0J9tW9g2t.
- Lévi-Strauss Claude, Tristes Tropiques, (1955), Paris, Plon, Terre humaine poche, 1984, p. 450.
- p. 452.
- p. 453.
- Castro Faria Luiz (de), Um outro olhar : diário da expedição à Serra do Norte. Rio de Janeiro, Ouro Sobre Azul Editora, 2001 (Another Look : A Diary out of the Serra Norte Expedition, Ouro Sobre Azul, traduit du portugais par David Rodgers, Rio de Janeiro, Ouro Sobre, 2003). Commenté par André Marcel D’Ans, « La tristesse des Tropiques n’est plus ce qu’elle était », Sociétal 40, 2003, p. 125-128. Voir également l’article de Vincent Debaene, « Cadrage cannibale. Les photographies de Tristes Tropiques », Gradhiva, 27, 2018, 90-117.
- Charbonnier Georges, Entretiens avec Lévi-Strauss, Paris, 10/18, 1961, p. 102-103.
- Rabinow Paul, Reflections on Fieldwork in Morocco, Thirtieth Anniversary Edition, with a New Preface by the Author, (préface de Robert N. Bellah et une postface de Pierre Bourdieu), University of California Press, 2007, Berkeley – Los Angeles – Londres, p. XXV.
- Rabinow Paul, Un ethnologue au Maroc. Réflexions sur une enquête de terrain, préface de Pierre Bourdieu (traduit de l’anglais par Tina Jolas), Paris Hachette, coll. Histoire des gens, 1988.
- 1988 o.c. p. 19. La bibliographie de référence (1977), mentionne en particulier Paul Ricoeur, Le conflit des interprétations, Seuil, 1969 et Jean Duvignaud, Le langage perdu, Paris, PUF, 1973.
- 2007, o.c. p. XXV “The strengths and shortcomings have become apparent to me over the ensuing decades as I have pursued fieldwork in philosophy in my own idiosyncratic manner. No doubt, many others have found things to enrich, infuriate, and contest in Reflections. To the extent those experiences have led them to question anthropos and logos (in whatever vocabulary these topics are framed), then the book of a fledgling anthropologist still deserves to circulate and be taken up in expected and unexpected ways. What else, after all, is critical thinking about?” p. XXV.
- Barthes Roland, Critique et vérité, Paris, Seuil, collection Tel Quel, 1966, p. 25.
- À ce propos, comment ne pas mentionner l’œuvre de Marcel Jousse (1886-1961) – l’anthropologie du geste – et son apport à la compréhension de l’incarnation de la parole.
- Helena Malinowska Wayne (1925-2018) la plus jeune fille, née de son premier mariage. Journaliste, elle a contribué à la documentation de l’histoire de sa famille. Wayne Helena, « Bronisław Malinowski: The Influence of Various Women on His Life and Works », Journal of the Anthropological Society of Oxford, 15 (3), p. 189-203, 1984.
- Polonais et juif, Gross a pu trouver refuge aux États-Unis au moment de la seconde guerre mondiale, et y poursuivre une brillante carrière d’anthropologue. Pendant l’occupation de la Pologne, les nazis ont mis en œuvre un plan d’extermination des élites polonaises.
- Née en 1904 dans le Sussex, Valetta Hayman-Joyce avait choisi la peinture contre l’avis de sa mère. Divorcée, elle avait rencontré Bronisław en Europe dans les années trente. Partie pour le Mexique après sa mort, elle s’est remariée en 1958 avec l’ingénieur et étudiant en anthropologie mexicain Luis Bolland. Parmi ses œuvres principales, appréciées de Diego Rivera, « Las delicias » (1964) est exposée au restaurant du Musée National d’Anthropologie de Mexico. La toile est inspirée de ses premiers séjours à Oaxaca en compagnie de Bronisław Malinowski.
- Laplantine François, Penser l’intime, Paris, CNRS Éditions, 2020, p. 152.
- Sur la question de la célébrité dans le milieu des anthropologues, voir Leach Edmund, « Frazer et Malinowski », in : L’unité de l’homme et autres essais (traduit de l’anglais par Guy Durand, TinaJolas, Maurice Luciani, André Lyotard-May, Catherine Malamoud), Paris, Gallimard, NRF, 1980, p. 109-142.
- « Je suis donc seul responsable de la décision de publier ce livre ». Malinowski Bronisław, A Diary in the Strict Sense of the Term, Preface by Valetta Malinowska, Introduction by Raymond Firth, Translated by Norbert Guterman, Index of native terms by Mario Bick, New York : Harcourt, Brace and World, 1967. Londres, The Athlone Press, 1967 edition published in Great Great Britain by Routledge and Kegan Paul Ltd. (2e édition en 1989, New introduction 1988 by Raymond Firth, Cambridge, University Press, p. IX).
- Barthes Roland, Critique et vérité, Paris, Seuil, collection Tel Quel, p. 49. Parmi de multiples études ayant le journal intime pour objet, les analyses de Roland Barthes présentent l’avantage de mettre en évidence les conflits théoriques qui en sous-tendent l’étude.
- MalinowskiBronisław , A Diary in the Strict Sense of the Term (traduit du polonais à l’anglais par Norbert Guterman, New York, Harcourt, Brace and World, 1967, 1ère édition, Routledge & Kegan Paul 1967-1989 , Stanford, Stanford university press, text by Valetta Malinowska, introduction Raymond Firth. La traduction anglaise a été retraduite en français et publiée sous le titre, Journal d’ethnographe, trad. Tina Jolas, Paris, Seuil, 1985.
- Le champ lexical du substantif field et des noms composés en apposition est beaucoup plus étendu que le mot « terrain » en français. Field worker désigne un.e scientifique exerçant en extérieur ; fielder appartient au vocabulaire sportif (baseball, cricket), field artillery au vocabulaire militaire et se traduit en français « artillerie de campagne » ; un field bed est un « lit de camp ». En revanche, l’anglais recourt à la locution « plein-air » (open air), pour désigner les courant de la peinture impressionniste – hors atelier –, précédée par l’école de Barbizon et son choix de peindre « sur place ». C’est cette locution « plein-air » qui apparaît dans les premièrs traductions françaises du terme field-work.
- Αυτο χθων (le sol) : issu de ce sol même.
- Malinowski Bronislaw, Argonauts of the Western Pacific. An Account of Native Enterprise and Adventure in the Archipelagoes of Melanesian New Guinea, With a Preface By Sir James George, Frazer, F.B.A., F.R.S., Londres, George Routledge & Sons, Ltd., New York: E. P. Dutton & Co, 1922.
- Clifford James, Malaise dans la culture. L’ethnographie, la littérature et l’art au XXe siècle, 1988 (traduit de l’américain par Marie-Anne Sichère, École nationale supérieure des Beaux-Arts, 1996,Paris, p. 100).
- Dans son avant-propos Malinowski renvoie le spécialiste, que préoccupent les problèmes méthodologiques, à son Introduction, divisions II-IX, et au chapitre XVIII, ses théories à ce sujet ainsi que l’exposé de la manière dont il a essayé de les appliquer. Malinowski Bronislaw, Les Argonautes du Pacifique occidental. Préface de Sir James Frazer (traduit de l’Anglais et présenté par André et Simone Devyver, Paris, Éditions Gallimard, Collection nrf., 1963).
- Ces références à Shakespeare, Molière et Aristote (mimesis, catharsis) dans la littérature anthropologique – C. Geertz, sur le combat de coqs balinais – sont significatives et méritent l’attention que leur porte l’ethnoscénologie.
- Voir la biographie particulièrement bien documentée de Young Michael W., Malinowski: Odyssey of an Anthropologist, 1884-1920. New Haven, Conn./Londres, Yale University Press, 2004.
- La Pologne était alors partagée entre la Russie, l’Autriche-Hongrie et l’Allemagne. Elle n’a recouvert son indépendance qu’en 1918.
- Pour une présentation historique générale, et les sources du rapport au monde paysan, voir Figeac Michel, Dumanowski Jarosław (dir.), Noblesse Française et noblesse Polonaise : Mémoire, identité, culture XVIe-XVIIIe siècles, Pessac, Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine, 2006 .
- Dragani Amalia, « “Un fois encore la poésie m’obsède”. Bronislaw Malinowski, poète polonais », in : Dragani Amalia, Adel Nicolas, Debeane Vincent, Anthropologie et poésie, Fabula LHT, 21, 2018. URL : https://lirias.kuleuven.be/retrieve/648712.
- Le roman n’a été publié qu’en 1972 afin d’éviter les conflits avec les personnes qui y figurent. En français : Les 622 Chutes de Bongo ou la femme démoniaque (traduit par Lena Blyskowska et Alain van Crugten, Lausanne, L’âge d’Homme, Série slave, 1990).
- Distinction autrichienne la plus haute pour un doctorat.
- Ses dernières recherches, au Mexique, entreprises avec sa femme Valetta Malinowska porteront sur l’économie en milieu rural.
- J’entends ce mot dans le prolongement du sens que lui donne Howard Becker, notamment par rapport à la « labeling theory » qui consiste à caractériser la déviance par rapport aux normes ethiques (Becker Howard, Outsiders: studies in the sociology of deviance. New York, Free Press, New York, 1963 (Outsiders. Études sociologiques de la déviance, trad. de l’américain par J.-P. Briand et J.-M. Chapoulie. Paris, Métailié, 1985).
- Witkiewicz, alias Witkacy, est de nationalité russe, car né à Varsovie. Personnalité centrale de la culture polonaise et de l’avant-garde, auteur d’une trentaine de pièces de théâtre, et théoricien de la « forme pure », son influence se remarque en particulier sur Tadeusz Kantor et Krystian Lupa. Sur la relation des deux amis, voir le numéro spécial de la revue polonaise Konteksty – Malinowski – Witkiewicz, 1-4 (148-251), en particulier la contribution de Janusz Degler, Professeur à l’université de Wroclaw, spécialiste du théâtre de Witkiewicz.
- Sur l’état de cette perspective importante dans l’étude des arts du vivant, voir : Guihard-Costa Anne-Marie, Boetsch Gilles, Froment Alain (dir.), L’Homme et sa diversité. Perspectives en enjeux de l’anthropologie biologique, Paris, CNRS Éditions, Hors collection, 2007. Renouant avec le projet d’une étude systémique de la société, associant sciences sociales et sciences de la nature, voir Lahire Bernard, Les structures fondamentales des sociétés humaines, Paris, La Découverte, « Sciences sociales du vivant », 2023.
- Malinowski Bronisław, Sex and Repression in Savage Society, Londres, Routledge & Kegan Paul 1927 (La sexualité et sa répression dans les sociétés primitives, traduit de l’anglais par S. Jankélévitch, Paris, Payot & Rivages, 2016). Dans les Argonautes Malinowski note l’attention accordée à l’éducation sexuelle des jeunes Trobriandais et remarquant que « la chasteté est une vertu inconnue chez ces aborigènes », o.c. 1963, p. 110.
- Wilhelm Reich (1897- 1957) se réfère à Malinowski dans ses ouvrages, dès les versions augmentées de Die funktion des orgasmus (1927). Voir La fonction de l’orgasme, 2e édition française revue et corrigée, Paris, L’Arche, 1970, p. 181-183. Lors de sa rencontre avec Malinowski à Londres en 1939, celui-ci l’invita à le rejoindre aux États-Unis. Alfred Bigot souligne l’influence de Malinowski sur les recherches en sexologie, dans la préface de l’étude de l’anthropologue autodidacte et militant Elwin Verrier, Maisons des jeunes chez les Muria, (Présentation et adaptation française par le docteur Alfred Bigot), Paris, Gallimard, NRF, 1959, p. 17.
- « La culture d’un peuple est un ensemble de textes, qui sont eux-mêmes des ensembles, que l’anthropologie s’efforce de lire par-dessus l’épaule de ceux à qui ils appartiennent en propre ». Geertz Clifford, Bali. Interprétation d’une culture. (traduit de l’anglais par Denise Paulme et Louis Evrard), Paris, Gallimard, 1983, p. 215.
- Geertz Clifford, The Interpretation of Cultures, New York, Basic Book, 1973, p. 7-8.
- « document très curieux, que ses rédacteurs ont décidé d’intituler “Un journal au sens strict du terme”, apparemment dans le but de faire comprendre qu’il s’agit d’un journal au sens “queer” (étrange, non conventionnel) du terme ».
- « …un narcissique hypocondriaque, obsédé par lui-même, dont les sentiments à l’égard des personnes avec lesquelles il vivait étaient extrêmement limités. (…) figé dans des attitudes intemporelles que, dans un mépris anxieux de lui-même, il contemple de manière obsessionnelle ». Geertz Clifford, « Under the Mosquito Net », The New York Review of Books, September 14, 1967.
- Allusion à la découverte en 1953, par Crick, Watson et Wilkins de la structure en « double hélice « de l’ADN, l’acide désoxyribonucléique, la substance qui contient tout le code de l’hérédité. Couronnée par le prix Nobel de médecine et de physiologie en 1962, cette découverte joua un rôle majeur dans le développement de la biologie moléculaire.
- Geertz Clifford, Works and Lives : The Anthropologist as author, Stanford (Calif.) : Stanford university press , 1988, p. 75 (L’anthropologue comme auteur, traduit de l’américain par Daniel Lemoine,Paris, Métaillé, 1997).
- o.c. 1988, p. 76.
- Clifford James, Malaise dans la culture – L’ethnographie, la littérature et l’art au XXe siècle (traduit de l’américain par Marie-Anne Sichère), Paris, École national supérieure des Beaux-Arts, coll. Espaces de l’art, 1996, p. 102.
- Degler Janusz, « La théorie théâtrale de Witkacy », Literary Studies in Poland, 16, 1986, p. 45-67.
- Kosiński Dariusz, « Le théâtre polonais au vingtième siècle. Vers un acteur total », Ligeia, 85-88, 2, 2008, p. 136-160.
- Kubica Grażina, Janusz Mucha (éd.), Między dwoma światami – Bronisław Malinowski (1985), Międzynarodowa sesja naukowa upamiętniająca stulecie urodzin Bronisława Malinowskiego (1984; Cracovie, Pologne), Kraków: nakładem Uniwersytetu Jagiellońskiego, 1985 (Entre deux mondes – Bronislaw Malinowski (1985), Session scientifique internationale commémorant le centenaire de la naissance de Bronisław Malinowski (1984 ; Cracovie, Pologne), Cracovie : publié par l’Université Jagiellonian, 1985.
- Malinowski Bronisław , Dziennik w ścisłym znaczeniu tego wyrazu, (introduction et édition par Grażyna Kubica), Kraków, Wydawnictwo, 2002 (Journal au sens strict de ce terme).
- Voir Saignes Anna, Jasionowicz Stanislaw, « Bronislaw Malinowski et Stanislaw Ignacy Witkiewicz : voyage aux sources polonaises de l’anthropologie moderne », Slovo, Les Voyages lointains des écrivains polonais (XXe-XXIe siècle), The Distant Voyages of Polish Writers (20th-21st centuries) 51, 2021, p. 199-226. URL : https://doi.org/10.46298/slovo.2021.7449.
- Lansdown Richard, « From the Other Shore: Bronislaw Malinowski’s A Diary in the Strict Sense of the Term », in Literature and Truth. Imaginative Writing as a Medium for Ideas, Leiden, Brill, 2017, p. 181-200.
- Malinowski Bronisław, « The Problem of Meaning in Primitive Languages », in : Ogden Charles Kay, Richards Ivor Amstrong, Meaning of Meaning – A Study on the Influence of Language upon Thought and the Science of Symbolism, with supplementary essays by B. Malinowski and F.G. Crookshank, Harcourt Brace Jovanovich, 1923, nouvelle édition avec une introduction par Umberto Eco, A Harvest/HBJ Book, 1989, p. 296-336.
- Pradier Jean-Marie, « La performance ou la renaissance de l’action », Communications, 92, Seuil, 2013, p. 284.
- Emigh John, « Culture, killings and criticism in the years of living dangerously: Bali and Baliology », in : Davis Tracy C. (éd.), The Cambridge Companion to Performance Studies, Cambridge University Press, 2008, p. 61.