Après avoir évoqué la place de Bès dans l’Egypte pharaonique, où il est associé au jeune Harpocrate, ce qui lui permet d’occuper une place non négligeable dans l’orbe de la famille isiaque à l’époque gréco-romaine, comme l’attestent les nombreuses terres cuites le représentant, M. M. s’attache à définir le rôle et l’importance de ce gnome hors de la vallée du Nil, en laissant de côté les objets ressortissant du commerce phénico-punique1.
La documentation relative à Bès en dehors de l’Égypte est très pauvre. Ce petit dieu est quasiment absent des centres isiaques grecs, même sur des sites comme Délos et Athènes. En dehors de l’Italie, la plupart des trouvailles sont en outre des documents mineurs. La péninsule italienne offre un tableau différent et la présence plus affirmée de Bès paraît refléter, une fois de plus, le côté plus égyptisant qu’y revêtent les cultes isiaques, du moins à certains moments. L’image de Bès peinte dans le Sacrarium de l’Iseum de Pompéi et les deux statues de Bès présentes sur la dalle d’Ariccia sont deux témoignages essentiels qui lient la présence du gnome à l’univers isiaque italien. Les deux sculptures qui encadrent aujourd’hui la Porta magica à Rome ont sans doute dû servir d’atlantes à une chapelle intégrée dans un temenos isiaque. Sur une peinture d’Herculanum, un danseur a toutes les apparences de jouer le rôle de Bès devant un temple égyptien. Si, à l’image de ce qui se passe en Égypte, Bès a continué à graviter dans l’entourage de la famille d’Isis, il est difficile de le considérer comme un véritable sunnaos theos. Il est toutefois possible que certains témoignages aient servi de support à des croyances populaires, comme le révèlent les intailles. Bès fut donc plutôt un compagnon qu’un membre de la famille isiaque.
- Cf., du même auteur, “Bès et Béset : métamorphoses d’un démon et naissance d’une démone dans l’Égypte ancienne”, dans J. Ries & H. Limet (éds), Anges et démons. Actes du Colloque de Liège et Louvain-la-Neuve 25-26 novembre 1987, Homo Religiosus, 14, Louvain-la-Neuve, 1989, 53-70 ; “Bès et les croyances solaires”, dans S. Israelit-Groll (éd.), Studies in Egyptology Presented to Miriam Lichtheim, Jérusalem, 1990, 670-729.