Michel Malaise, en conclusion du IIe colloque international sur les études isiaques, dégage les lignes de force des enquêtes relatives à ce champ d’études et souligne l’importance de certaines questions méthodologiques. Il évoque notamment, parmi les aegyptiaca, la place particulière des oushebtis en Occident. Plusieurs d’entre eux ont été exhumés de tombes (notamment en Italie et en Gaule). Il est assuré que les isiaques ne prêtaient pas à ces figurines funéraires le rôle que leur attribuaient les anciens Égyptiens, mais ils ont pu les lire comme des images d’Osiris momiforme, avec les bras croisés sur la poitrine.
Il existe d’ailleurs une série d’oushebtis présentant un aspect inhabituel dans la mesure où leur perruque tripartite est contaminée par la représentation du nemes et que les objets tenus en main résultent d’un mélange du flagellum et de la houe. En outre, ils portent des inscriptions hiéroglyphiques qui n’ont rien à voir avec le chapitre 6 du Livre des Morts habituellement reproduit sur ces objets ; on y trouve même des cartouches royaux. Plusieurs d’entre eux sont conservés en Italie, et l’un a été retiré du sol à Carassai, lors de travaux agricoles, dans une zone généralement jugée comme une nécropole1. Des exemplaires analogues ont été retrouvés sur la côte dalmate.
À côté de ces oushebtis, il existe des figurines encore plus troublantes parce qu’elles sont, en outre, coiffées d’une couronne atef ; les attributs peuvent être ceux d’Osiris (flagellum et sceptre heqa), mais le flagellum est souvent barré comme la houe des oushebtis. Un exemplaire de ce type a été retrouvé à Sentinum, certains autres en Gaule2. G. Capriotti Vittozzi3, au lieu de les considérer comme des faux, y voit, à juste titre, le résultat d’une production populaire. Lorsque la contamination avec l’iconographie d’Osiris est patente, elle parle alors d’“Osiris-oushebti”. En Occident, les oushebtis, qu’ils soient égyptiens ou des productions abâtardies, ont pu passer pour des représentations d’Osiris.
- G. Capriotti Vittozzzi, Oggetti, idee, culti egizi nelle Marche, dalle tombe picene al tempio di Treia, Tivoli, 1999, 66, 223-225, n° II.40.T et fig. 99-100.
- J. Leclant, “Osiris en Gaule”, dans Studia Aegyptiaca I, Budapest, 1974, 269-270.
- Oggetti, idee, culti egizi nelle Marche, Tivoli, 1999, 131-145 et 216-227.