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Marie Bonnin,
Pruebas

Morgane Uberti

avec la collaboration de Marie Bonnin

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Les dessins d’Onfim, site archéologique de Novgorod, Russie, vers 1220.
Marie Bonnin, Pruebas, 2019. Gravure, image imprimée, impressions.
Quatre corpus, tableau signalétique.

De l’aveu de Marie, le projet Pruebas est née d’une frustration. L’accès à un fonds d’images réalisés dans un contexte scientifique et académique, s’il dit beaucoup d’une discipline, nie la réalité du sujet et commande logiquement un rapport immatériel avec les pièces photographiées. La médiation de l’écran de l’ordinateur, celle de l’image relèverait alors de la contradiction ; si elle est une clé d’entrée vers une collection d’objets jusque-là inconnu de l’artiste – comme matière à création –, elle accuse aussi l’inaccessibilité à leur matérialité – leur texture, leur volume, leur nature d’artefact. Comment atteindre, “d’après l’image d’après”, la réalité de l’objet ?

L’impression sur papier des images a été un premier pas vers le retour à une surface véritablement tangible. Mais la seule impression n’a pas suffi. Les inscriptions portent en elles le geste manuel qui les a fait naître et il s’agissait aussi de témoigner du caractère processuel de l’inscription. C’est donc en intervenant sur le processus d’impression des images, en décomposant ce qui produit l’image sur l’écran (couches RVB, CMJN), en y introduisant couleur, trame, en jouant avec les échelles, que s’est accompli le retour à la matière épigraphique. L’impression devient manuelle, l’imprimante laser un outil permettant les superpositions, les accidents, pour une matière retrouvée et réinventée. Comme la pierre a été affectée par la main du lapicide, l’image devient à son tour un matériau affecté par le geste de l’artiste. Cette chaîne opératoire bouleverse alors l’image première et son origine : les inscriptions qui justifiaient l’existence de la photographie académique disparaissent, le texte devient illisible, opaque, l’écriture se perd au profit de la matière. Dans sa volonté d’apprivoisement d’un domaine inconnu – l’épigraphie – et son intention de réappropriation du medium et son objet, Marie Bonnin fait ainsi apparaître une série de formes épigraphiques fictives, en corpus, preuves et épreuves (pruebas) de ses actions sur l’image d’un objet dont elles prolongent finalement le devenir (◉16 à 21).

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Pau
Catalogue des œuvres
EAN html : 9782353111589
ISBN pdf : 2-35311-159-9
ISSN : 2827-1963
Code CLIL : 4055; 3711;
Posté le 26/02/2024

Pictogrammes de l'ouvrage

Sciences
Arts
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Survivances
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Comment citer

Uberti, Morgane, avec la collaboration de Marie Bonnin, “Marie Bonnin, Pruebas”, in : Debiais, Vincent, Uberti, Morgane, éd., Traversées. Limites, cheminements et créations en épigraphie, Pessac, PUPPA, collection B@lades 3, 2024, 41-48, [en ligne] https://una-editions.fr/pruebas [consulté le 26/02/2024]
doi.org/10.46608/balades3.9782353111589.7
licence CC by SA

Cet ouvrage a obtenu le soutien financier du Centre de recherches historiques (EHESS-CNRS).

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