La présence d’un sanctuaire isiaque dans la colonie macédonienne de Philippes aux IIe-IIIe siècles p.C. est attestée par l’archéologie et douze inscriptions (RICIS 113/1001-1012), écrites pour la moitié d’entre elles en latin et pour l’autre en grec, dont le contenu est rappelé par C.T. L’utilisation de l’épithète regina pour qualifier Isis pourrait s’expliquer par le rôle joué par les Italiens dans l’introduction du culte, dont la prêtrise, selon l’auteur, semble avoir été annuelle (participe ἱερητεύσας dans RICIS 113/1004). La plupart des individus mentionnés dans ces textes appartenant à l’élite de Philippes, il en déduit que ce culte fut l’un des plus importants de la cité à cette époque, ce qui est bien possible, mais ne peut être assuré sur une base documentaire aussi étroite.
Pour C. T., la présence intra-muros de ce sanctuaire et sa proximité avec le forum et la rue principale de la ville dénoteraient le caractère officiel du culte, de surcroît lié au culte impérial. En fait, la situation du sanctuaire, à mi-pente de l’acropole, accessible par un chemin escarpé qu’il fallut aménager de marches (RICIS 113/1005), paraît plutôt isolée, quoique à l’intérieur de la ville. Notons enfin l’intérêt porté ici à la triade isiaque, et non au seul Sarapis1, dans une colonie romaine (comparer, entre autres, les situations de Sinope, Aelia Capitolina ou Caesarea Maritima).
- Les prêtres mentionnés dans plusieurs inscriptions étant ceux d’Isis, il est possible que Sarapis ait été le titulaire d’un sanctuaire autre que celui qui nous est actuellement connu comme étant celui des “dieux égyptiens” et qui aurait pu être situé à proximité du forum (cf. RICIS 113/1009-1010). Sur l’importance sociale du culte d’Isis à Philippes au Ier siècle p.C., L. Bormann, Philippi. Stadt und Christengemeinde zur Zeit des Paulus, Leyde-New-York-Cologne, 1995, 56-60.