* Extrait de : Annales (HSS), 50, 5, 947‑960.
En 1972, était publié le livre de M. I. Finley, The Ancient Economy, ensuite traduit dans plusieurs langues, et notamment en français1. Il est sûr que ce livre a marqué, en matière d’histoire économique grecque et romaine, un tournant décisif. La “méthode de Finley” a triomphé, comme R. Descat le souligne ici à juste titre au début de son article.
Alors que le grand public, lorsqu’il s’intéresse à l’Antiquité, persiste à y chercher les origines culturelles du monde moderne (ce qui l’amène à privilégier les continuités et les similitudes), la plupart des spécialistes, eux, ont sensiblement évolué, au cours de ces trente dernières années, vers la perception des différences. La pensée de Finley et de ses disciples a joué, quant aux questions sociales et économiques, un rôle analogue à celui qu’ont eu, pour le domaine religieux et culturel, la psychologie historique et l’anthropologie. En histoire ancienne, l’influence de l’anthropologie économique proprement dite a été mince. La méthode de Finley a, en quelque sorte, occupé la place qui aurait pu être la sienne.
Finley traitait l’économie antique comme une totalité2. Malgré les différences chronologiques et géographiques, il estimait que, de l’époque archaïque grecque à l’Antiquité tardive, elle ne cessait de présenter les mêmes grandes caractéristiques. Elle visait avant tout à l’autosuffisance. La ressource essentielle était l’agriculture, et le commerce n’intervenait que pour une faible part dans le produit brut. Trois raisons expliquent une telle situation : les productions étaient à peu près les mêmes partout ; les coûts de transport étaient élevés ; seuls les produits de luxe circulaient, et le marché pour de tels produits était insuffisant. De même que le volume du trafic était restreint, le statut des commerçants était peu élevé. Les élites locales, même dans de grands ports tels que Carthage, Aquilée ou Alexandrie, préféraient la terre au commerce. La ville était un centre de consommation plus que de manufacture ou de commerce, et le processus d’urbanisation résultait davantage d’un modèle culturel que de la croissance économique. Enfin, la notion de “statut” est préférable à celle de classe, car elle est moins précise, et elle permet d’“intégrer les valeurs culturelles à l’analyse économique”.
Le domaine de recherche s’est complètement réorganisé en fonction de l’œuvre de Finley et des thèmes sur lesquels il avait insisté. Ceux qu’il n’a pas convaincus s’opposent à lui, et s’efforcent de le réfuter. Ceux qui veulent innover parlent de le “dépasser”. Plus les années passent, et mieux son influence se perçoit ; plus il occupe une place centrale dans le paysage intellectuel. C’était déjà perceptible il y a dix ans3, c’est encore plus vrai de nos jours.
Mais je ne dirais pas, comme R. Descat, que le modèle de Finley a triomphé, car, après des années où ses conclusions ne faisaient que progresser, surtout dans le monde anglo-saxon, mais aussi partout ailleurs (sauf peut-être en Italie et en Espagne), il n’en est plus de même aujourd’hui. Les questions sont finleyiennes, les méthodes et les modes de pensée sont marquées de son influence, mais les réponses s’éloignent de plus en plus des siennes. Le concept même d’“économie antique” est de plus en plus fortement relativisé par les études comparatives, par exemple celles de H. W. Pleket ou de L. De Ligt, qui montrent que l’originalité et la cohérence de l’Antiquité classique gréco-romaine est beaucoup moins évidente quand on confronte les situations antiques à celles du Moyen Âge4.
Certains des plus proches disciples d’autrefois sont, il est vrai, restés très fidèles à la pensée du maître. Mais d’autres ont pris leurs distances depuis déjà quelques années. Quant aux jeunes chercheurs, disciples des disciples de Finley, ils suivent maintenant leur propre voie, de manière autonome ; il serait aisé de montrer que ce qu’ils écrivent innove plus ou moins par rapport à l’orthodoxie d’il y a quinze ou vingt ans.
Il faut maintenant sortir de la lutte entre les partisans de Finley (les “primitivistes”) et ses adversaires (les “modernistes”), non seulement parce qu’elle est manichéenne, mais parce qu’elle finirait par appauvrir considérablement l’analyse historique. Opposer terme à terme tout ce qui était préindustriel à tout ce qui est moderne, rechercher sans cesse, dans l’Antiquité, tous les signes possibles et imaginables d’archaïsme, aboutit à une vision très réductrice de l’Histoire. En outre, une telle démarche, qu’on le veuille ou non, a pour effet de fournir aux institutions et aux situations actuelles une justification intellectuelle dont elles ne sont pas toujours dignes, et de renforcer notre impression rassurante et naïve (mais illusoire) qu’elles sont éternelles, ou du moins immortelles, puisque nous avons désormais pénétré dans la modernité.
Pour aller de l’avant, il faut chercher à définir les grands caractères originaux des mondes grecs et romains, dont les économies, certes, étaient historiques, préindustrielles et non-capitalistes, mais ne se confondaient pas pour autant avec celles de la Chine, de l’Islam médiéval ou du Moyen Âge occidental (leurs grands caractères anthropologiques, si l’on veut employer ce mot, mais à condition que l’anthropologie ne tourne pas le dos à l ’économie). Sur la route à emprunter ainsi, il y a certainement beaucoup à apprendre de l’œuvre de P. Veyne5.
Dans cette optique, divers travaux récents semblent très fructueux, car ils présentent une image de moins en moins schématique de l’économie antique. Les quatre articles qu’on va lire ne visent pas à fournir un échantillon représentatif de toutes les recherches actuelles. Mais ce sont quatre exemples intéressants, qui mettent bien en évidence les questions posées et les méthodes employées. Essayons de les situer par rapport aux problèmes soulevés par Finley et à ses conclusions.
L’œuvre de Finley a attiré l’attention sur quatre ou cinq grands thèmes, évidemment liés les uns aux autres, mais qui font l’objet de recherches ou de débats distincts. Ces cinq thèmes sont : le problème de l’unité de l’économie antique ; l’existence ou l’absence d’une économie de marché (au sens de “Market Principle”) ; la place de l’économie dans la cité antique ; la rationalité ; le rang des agents économiques.
Sur chacun d’entre eux, je vais dire quelques mots qui aideront, j’espère, à mieux comprendre les enjeux des articles publiés dans ce dossier.
Unité de l’économie antique et existence du marché (“Market Principle”)
Le premier de ces thèmes a rapport à l’unité de l’économie antique. Doit-on conclure qu’entre l’époque classique des cités grecques, le début de l’Empire romain et l’Antiquité tardive, le fonctionnement de l’économie n’a guère changé, et donc privilégier la continuité aux dépens des ruptures et des crises ?
Le second concerne le marché, au sens abstrait du terme (ce que Steve Kaplan a appelé “Market Principle”)6 : l’économie antique était-elle une économie de marché ? Finley était convaincu que non, sans envisager à ce propos de moyen terme. Ou l’on pouvait parler d’économie de marché, comme pour le XXe siècle, ou bien il n’y avait pas de marché du tout. Il niait donc qu’on puisse étudier le commerce antique et son évolution en fonction de notions telles que la concurrence ou la loi de l’offre et de la demande.
Dans l’un et l’autre cas, les recherches les plus récentes paraissent nous orienter vers un dépassement de la position de Finley, sans revenir pour autant aux visions “modernistes” d’un Rostovtzeff. L’article de D. Hollard, certes, insiste beaucoup sur la rupture qu’a représentée, en matière monétaire, la “crise du IIIe siècle” (et peut donc être ressenti comme opposé à Finley). Mais, pour certaines régions, ou quant à d’autres aspects de l’économie, c’est l’impression de continuité qui l’emporterait probablement. Selon les cas, les conclusions se diversifient, et elles tendent à devenir plus complexes.
L’absence d’un grand marché moderne (au sens abstrait du mot) n’interdit pas l’existence de marchés partiels dont il faut essayer de comprendre le fonctionnement. L’article de Descat met en évidence plusieurs mutations se produisant dans la Grèce des Ve et IVe siècles : modification du rapport entre agriculture et marché, entre agriculture et activités non agricoles ; apparition de l’oikonomia attikè (“comportement économique caractérisé par le double fait de vendre et d’acheter”) ; existence de fortunes artisanales ou commerciales entièrement non-foncières ; progression des ventes de terres ; etc. Voilà d’importantes transformations, et qui ne signifient pourtant pas qu’Athènes soit devenue capitaliste, ni que la Révolution industrielle ait été proche. Mais Descat ne croit pas qu’on puisse parler de l’économie grecque archaïque de la même façon que de celle de l’époque de Périclès. Sur les premiers thèmes (unité de l’économie antique, existence du marché), il se sépare donc de Finley.
Études “quantitatives”
Ces deux thèmes conduisent à raisonner sur les quantités et leur évolution : à partir de quel moment les variations des quantités produites et surtout commercialisées suffisent-elles ou non à induire des mutations structurelles ? Et pour quelle activité commerciale peut-on commencer à parler de marché ?
Ceux qui ont insisté sur la discontinuité économique de la période antique se sont appuyés sur des variations quantitatives, parfois probables ou même certaines, d’autres fois plus discutées. Des archéologues tels que D. Manacorda, G. Pucci ou J.-P. Morel ont souligné à juste titre que les quantités d’artéfacts attestés dans les fouilles ou campagnes de prospection à partir du IIe siècle a.C., étaient incomparablement supérieures à celles des objets fabriqués pendant les époques précédentes7. De son côté, K. Hopkins a montré qu’entre le milieu du IIe siècle a.C. et le milieu du Ier, la cité romaine avait multiplié par cent ses frappes de deniers, et que désormais la quantité des monnaies qu’elle émettait n’avait plus rien à voir avec celles qu’avait émises une cité comme Athènes au Ve ou au IVe siècle8.
Sous l’Empire, entre le Ier et le IIe siècle p.C., ce n’est plus tant la quantité globale de biens commercialisés (par exemple de céramique) qui est en cause, mais celle des biens produits et vendus par l’Italie. Elle paraît en effet diminuer fortement au profit des productions des provinces9. Les résultats des campagnes de prospection archéologiques paraissent aller eux aussi dans le sens d’un déclin (plus ou moins lent) de l’Italie, en révélant l’abandon de certains sites et l’accroissement de la taille des propriétés et des exploitations. Mais aucun de ces indices ne s’impose comme une évidence. Certains insistent donc sur la gravité des ruptures et des crises, tandis que d’autres sont davantage sensibles aux signes de permanence10.
Les quantités ne se bornent pas à révéler une progression ou un déclin de la commercialisation. Elles aident aussi à saisir des différences culturelles ou sociales. Ainsi, dans les sites protohistoriques du Midi de la Gaule, au cours des derniers siècles avant notre ère, l’importance relative des céramiques à vernis noir, dont la présence est attestée sur presque tous les sites, permet de distinguer les habitats grecs de ceux des indigènes. Aux deux premiers siècles de notre ère, dans les mêmes régions, les sites ruraux se caractérisent, par rapport aux sites urbains, par de moindres quantités de céramique sigillée et de céramique à engobe. Avec de telles recherches, l’archéologie, par le biais de ses typologies et de ses dénombrements, rejoint à la fois les préoccupations de l’histoire économique et celles de l’anthropologie culturelle11. Cette évolution importante est très étrangère à la sensibilité de Finley, qui nourrissait à l’égard de l’archéologie une vive méfiance.
Depuis dix à quinze ans, beaucoup d’efforts ont donc été faits pour parvenir à une quantification plus élaborée. Il y a assez longtemps que les chiffres de prix, de production, de rendement, fournis par les textes antiques (chiffres d’ailleurs fort rares, et parfois peu crédibles) ont été réunis12. Ces dernières années, deux autres méthodes, qualifiées d’“inductives” et de “déductives” par les Britanniques, ont été beaucoup utilisées pour établir d’autres quantités13. Elles peuvent servir soit à discerner des indications de tendance, soit à établir des fourchettes, des minima ou des maxima, soit même à avancer des chiffres absolus.
La méthode inductive consiste à dénombrer les documents disponibles, et en particulier les matériels archéologiques (mais on peut dénombrer aussi des monnaies, des inscriptions, etc.). Elle suppose une réflexion sur les modes de comptage, sur la confrontation des résultats obtenus et sur leur signification historique. Les grands spécialistes de cette méthode, qui contribue efficacement à l’histoire des productions et du commerce14, sont évidemment les archéologues, ainsi que quelques numismates. Les deux articles de A. Tchernia et de D. Hollard en constituent des applications très élaborées.
La méthode “déductive” cherche à construire des quantités hypothétiques, que la documentation ne fournit pas, en raisonnant à partir d’autres quantités, selon les vraisemblances, par analogie ou par comparaison. Elle a été introduite par Finley, mais ce sont surtout ses disciples qui l’ont répandue, en particulier K. Hopkins. On ne la trouve guère pratiquée qu’en Grande-Bretagne. Prenons un exemple. W. Jongman a essayé de savoir si, au Ier siècle p.C., la cité de Pompéi vendait à l’extérieur autant de vin qu’on le croyait avant lui (il est convaincu que non)15. Il s’est demandé quelle partie de leur territoire les Pompéiens avaient besoin de cultiver pour s’approvisionner en céréales. Pour ce faire, il s’est fondé sur la consommation individuelle moyenne en céréales (qui n’est pas connue, mais sur laquelle nous avons quelques indices ; elle a donné lieu, avant le livre de Jongman, à plusieurs évaluations variant du simple au double)16, sur le chiffre de population de Pompéi et sur la production moyenne en céréales par unité de surface, quantités qui, elles non plus, ne sont pas connues et qu’il faut donc élaborer en fonction d’autres indices. On peut aussi s’interroger sur la quantité de céréales et de légumes secs venant des provinces que les Pompéiens étaient en mesure d’acheter à Pouzzoles, le grand port de Rome. Jongman conclut que les Pompéiens ne vendaient pas à l’extérieur de grandes quantités de vin.
On voit combien la méthode utilisée, en multipliant des marges d’erreur absolument énormes, rend une telle conclusion aventurée. C’est donc une méthode dangereuse, car elle met en circulation des chiffres apparemment solides, mais en vérité on ne peut plus contestables. Elle ne peut être fructueuse qu’utilisée avec une grande prudence et dans des cas très bien délimités, par exemple en démographie de l’Antiquité (où l’on dispose de solides modèles comparatifs, en particulier ceux de l’O.N.U.)17.
Ces recherches sur les quantités sont en partie nées de la préoccupation de Finley de développer une Histoire-problème. Mais par la suite, elles ont poursuivi des objectifs tout à fait différents. Surtout la méthode inductive, qui a contribué à montrer que l’économie antique s’était fortement modifiée d’une période à une autre, par exemple parce que les quantités commercialisées s’étaient beaucoup accrues ou avaient au contraire diminué. Dans beaucoup de cas, elle a donc visé à remettre en question les conclusions de Finley.
Les modèles
Comme les méthodes inductive et déductive, l’utilisation de “modèles”, schémas a priori que l’on doit mettre à l’épreuve de la documentation, tire son origine de l’œuvre de Finley. Chaleureusement recommandé par ses disciples P. Garnsey et R. Saller18, elle se révèle assez souvent stimulante et fructueuse. Elle a paradoxalement rapproché certains Antiquisants de la science économique, que Finley, pourtant, ne jugeait pas utile à la compréhension des phénomènes antiques. Où trouver en effet des modèles plus variés et plus suggestifs qu’en économie ?
Disons quelques mots du “Taxes and Trade Model”, le modèle “Impôts et Commerce”, de K. Hopkins19, qui a été récemment modifié et complété par H. U. von Freyberg20. Hopkins l’a exposé en quelques pages, sans vraiment chercher à l’appuyer sur de solides indices documentaires. Il a fait grincer beaucoup de dents, y compris celles des plus fidèles disciples de Finley (ils ont estimé que ce modèle faisait beaucoup trop de place au commerce et à ses évolutions, ainsi qu’au rôle de l’argent et de ses transferts). Mais c’est le plus connu des modèles élaborés en histoire ancienne, et il continue à avoir une influence non négligeable. Comme je l’ai déjà dit, on croit observer qu’au début de l’Empire, au cours du Ier siècle p.C., l’équilibre commercial entre l’Italie et les provinces s’est beaucoup modifié, au profit de ces dernières et aux dépens de l’Italie. La réalité du phénomène a été débattue (on peut s’interroger par exemple sur la représentativité des produits sur lesquels nous avons une documentation : nous savons beaucoup de choses sur la céramique et très peu sur le textile), mais les recherches archéologiques les plus récentes paraissent, dans l’ensemble, la confirmer21. Comment l’expliquer ? M. I. Rostovtzeff pensait que la cause de l’évolution résidait dans les qualités comparées des entrepreneurs et des travailleurs des diverses régions, et que les provinciaux avaient su, par leurs qualités de gestion, par le niveau et la rentabilité de leurs produits, conquérir les marchés. Cette explication relevant de l’offre ne convainc presque plus personne, et elle a été remplacée par des explications économiques relevant de la demande : les centres de production se sont déplacés parce que les centres de consommation se déplaçaient (idée confortée par des indices indiscutables), et les caractéristiques des productions se sont modifiées au gré des préférences des consommateurs (ce qui, à l’inverse, ne peut être vérifié).
K. Hopkins, en raisonnant au niveau macro-économique, a mis l’évolution de la commercialisation en rapport avec la fiscalité. Ce sont les régions qui payaient des impôts directs sans beaucoup recevoir en retour du Trésor impérial (c’est-à-dire les provinces dépourvues de soldats) qui vendaient, pour compenser le flux de valeurs, monétaires ou non, qu’elles perdaient au profit de l’Italie. Ce serait la raison, ou au moins l’une des raisons pour lesquelles, à partir du Ier siècle p.C., la céramique gallo-romaine et celle d’Afrique proconsulaire ont remplacé l’arétine sur les sites de toute la Méditerranée occidentale. De telles thèses restent très discutées, mais le rapport entre fiscalité et commercialisation est à retenir. Avant lui, M. H. Crawford avait énormément insisté sur les liens existant entre monnaie et fiscalité, mais sans inclure le commerce dans le circuit monétaire, – en minimisant au contraire la place du commerce22.
L’Économie dans la cité. La rationalité économique
Deux autres des cinq thèmes annoncés sont très liés l’un à l’autre. Ils touchent au problème de savoir si l’économie, dans l’Antiquité, était insérée, encastrée dans autre chose qui n’était pas économique (ce que Finley appelait l’économie “embedded”). Mais l’un concerne la cité, l’État, et l’autre les rapports entre économie et société.
La cité antique entretient-elle avec l’économie les mêmes rapports que la cité médiévale ou que l’État moderne et contemporain ? Finley a emprunté à Max Weber la réponse qu’il donne à cette question : la cité antique est une “cité de consommation”, et non pas une “cité de production”. Mais l’interprétation de cet idéal-type de la cité de consommation ne va pas de soi. Finley et, à sa suite, Chr. Goudineau, ont beaucoup insisté sur les rapports entre ville et campagne : dans la cité de consommation, la ville ne produit guère pour la campagne, elle vit aux dépens de la campagne. Il faut donc parler de ville de consommation, ou même de ville parasite23. H. Bruhns estime que telle n’était pas la signification de la cité de consommation chez Max Weber, – mais qu’il s’agissait d’une cité considérant ses ressortissants comme des consommateurs, et non pas comme des producteurs, et s’occupant donc en priorité de leur approvisionnement24. W. Jongman, dans le livre déjà cité, en donne une troisième définition.
Ceux qui ont réagi contre la pensée de Finley ont élaboré d’autres modèles. À partir d’une monographie sur Corinthe, D. Engels a parlé de cité de services25. Mais c’est surtout Ph. Leveau qui, avec sa “cité organisatrice”, constituant et dirigeant son territoire, a fourni une autre façon d’analyser la cité antique, aussi peu modernisante que celle de Finley, mais beaucoup moins schématique, et rendant mieux compte de la diversité des situations26.
Le quatrième thème de débat porte aussi sur les rapports entre l’économique et le non-économique, mais dans la vie privée et sociale. Existe-t-il dans l’Antiquité des comportements spécifiquement économiques ? Les Anciens ont-ils une vision autonome de l’économie ? Jusqu’à quel point les traditions sociales étouffent-elles toute tentative d’innovation économique ? Tout un faisceau de questions relèvent de ce thème, et elles ne doivent pas toutes recevoir la même réponse. Mais toutes sont liées au problème plus général (et tout à fait central dans nos débats) de la rationalité économique, naguère posé par M. Godelier27.
Ce problème de la rationalité économique peut être abordé par divers biais. L’un d’entre eux est l’étude de la comptabilité. Les pratiques comptables antiques ont donné lieu à toute une bibliographie, malgré une documentation fort maigre, mis à part les papyrus d’Égypte28.
En insistant sur la notion d’autarcie (applicable aux personnes aussi bien qu’aux cités), qu’il a reprise de P. Veyne29 et dont il donne une définition précise, R. Descat paraît aller dans le sens de Finley. Mais là aussi, des différences se perçoivent, qu’il exprime de façon nuancée, et en analysant de très près les textes de Finley. Car cette recherche de l’autarcie devient pour la cité une espèce de politique commerciale. Elle n’est, certes, pas du même ordre que celles des États modernes, et n’implique pas du tout que l’économie soit conçue comme une sphère autonome. Mais elle suppose, de la part des pouvoirs publics, une certaine conscience du commerce dans sa spécificité, indépendamment des motifs politiques et sociaux qu’il pouvait y avoir à intervenir dans des transactions qui, par exemple, portaient sur des céréales. Si, comme l’affirmait Cl. Meillassoux, les sociétés pré-industrielles ont une forme d’économie (et pas seulement de vie économique concrète), mais qui obéit à des lois spécifiques (celles de la société marchande non-capitaliste)30, la difficulté principale est de définir ces lois spécifiques. Sur cette voie, l’analyse que mène Descat quant aux stratégies économiques des Grecs classiques et de leurs cités est très utile.
Le rang social des agents économiques
Dernier de ces cinq grands thèmes : le rang social des agents économiques dans les secteurs non agricoles. Quel rôle les membres des élites jouaient-ils dans le commerce, dans la fabrication (artisanat et manufacture), dans le prêt d’argent et la banque ? Dans quelle mesure leurs affranchis et esclaves leur servaient-ils d’intermédiaires, pour toucher une partie, plus ou moins importante, des profits des activités non agricoles ?
Le propos de Los est, ici, beaucoup plus social qu’économique : place des affranchis dans la hiérarchie sociale romaine ; caractères de cette hiérarchie ; remarques sur les possibilités de promotion sociale. Mais les questions sociales qu’il soulève sont sans cesse abordées, de près ou de loin, dans le cadre du thème d’histoire économique que je viens d’esquisser.
Ce dernier thème pourrait lui-même paraître plus social qu’économique. Le rang social des sujets importe-t-il ou non à l’histoire économique ? À la suite de Max Weber et de J. Hasebroek, Finley donna toujours à cette question une réponse positive, et s’efforça de montrer que ces composantes sociales contribuaient à distinguer l’économie antique de l’économie moderne. Cette façon de poser le problème s’est incontestablement imposée. Même ceux qui ont contesté ses conclusions ont, comme lui, prêté la plus grande attention au rang social des entrepreneurs. Comme Finley, ils sont convaincus que le statut des agents économiques ne peut pas ne pas avoir de conséquences sur la vie économique elle-même. À taille égale, une entreprise menée par un propriétaire terrien détenteur d’un patrimoine aristocratique n’est pas exploitée de la même manière que celle d’un affranchi parti de rien.
Il y a cependant une exception à ce consensus, celle de H. Pleket, qui considère que le rôle des élites est un problème purement social, et non point économique. Car, pense-t-il, l’activité économique ne change en rien quel que soit le statut de ceux qui s’y livrent et en tirent avantage. Que l’entreprise soit le fait d’un bourgeois ou d’un noble, elle n’est, pour cette raison, ni plus archaïque ni plus moderne. Ce thème intéresse, certes, Pleket31, – mais à titre social, pour mieux définir les hiérarchies et équilibres de la société romaine. Sur ce point, il est cependant assez isolé.
La prospérité et la modernité d’un secteur économique sont-elles en gros proportionnelles au rang social et à la richesse des entrepreneurs qui le dominent ? À cette question, Hasebroek et Finley, pour l’Antiquité, ont toujours répondu par l’affirmative. Ils estimaient que, si les entrepreneurs sont socialement modestes, leur influence sur les pouvoirs publics sera bien moindre et que cela ne fera qu’accroître la distance existant entre la cité et l’économie. D’autre part, les sommes d’argent investies par de petits artisans sont limitées, de même que le volume de leurs affaires. Plus les agents économiques des secteurs non-agricoles sont riches et proches du pouvoir, plus ils s’identifient à l’élite aristocratique dirigeante, et plus l’économie a des chances d’être évoluée. C’est l’une des conditions, ou l’un des éléments, de sa “modernisation”. Presque tous les Antiquisants actuels, finleyiens ou non, partagent ce point de vue. Ont-ils raison ? Ce n’est pas sûr.
Finley pensait que le gros des commerçants et artisans, en Grèce comme à Rome, étaient de statut social inférieur. Accordant d’autre part beaucoup de poids aux différences de statuts, il avait tendance à insister sur la dépendance des affranchis et sur les obstacles que, même riches, ils rencontraient dans leurs efforts d’ascension sociale. Et il ne croyait pas à l’existence de classes moyennes dans l’Antiquité. Sur tous ces points, en ce qui concerne Rome, J. H. D’Arms s’est opposé à ses idées32. Convaincu que les plus hautes personnalités de la cité romaine et des autres cités de l’Empire comptaient, malgré les apparences, au nombre des entrepreneurs économiques les plus actifs, en particulier dans le commerce, il s’est d’autre part efforcé de minimiser l’importance des différences de statuts. Il a insisté sur le relatif prestige social des affranchis riches, qui n’avaient pas grand mal, selon lui, à pénétrer dans les ordres supérieurs, ou du moins à y faire pénétrer leurs fils.
Les textes littéraires et juridiques fournissent des indications contradictoires, et souvent difficiles à interpréter. Les membres de l’élite dissimulaient-ils certaines de leurs actions économiques jugées peu conformes aux exigences de leur rang, et en quoi consistaient exactement leurs éventuelles interventions ? Depuis dix ou quinze ans, le débat s’est largement déplacé vers la documentation archéologique et épigraphique, et surtout vers l’“épigraphie de l’instrumentum”, c’est-à-dire l’ensemble des inscriptions portées sur des objets de la vie quotidienne : marques imprimées, au moment de la fabrication, sur la céramique de table, sur les amphores et couvercles d’amphores, sur les briques et tuiles, sur les objets de verre et de métal, sur les lingots, les ancres, les tuyaux ; inscriptions peintes sur les amphores ; graffiti peints ou bien incisés, par exemple sur la terre cuite après cuisson ; textes gravés sur des étiquettes ou des jetons de métal ou d’os. Certains matériels fournissent beaucoup plus d’informations que d’autres. C’est le cas, par exemple, des briques et tuiles de la région de Rome ou des amphores “Dressel 20”, amphores à huile de Bétique. Sur chaque type d’objets, il y a débat entre ceux qui insistent sur le rôle des membres de l’élite (en général, les “anti-finleyiens”, qui sont de beaucoup les plus nombreux en Italie) et ceux qui sont portés à la réduire, ou qui, du moins, comme j’aurais tendance à le faire, insistent sur le caractère indirect de ce rôle. Ces recherches archéologiques et épigraphiques ont beaucoup enrichi l’histoire économique antique. Montrant à la fois les limites de l’orthodoxie finleyienne et celles des thèses opposées, elles conduisent à formuler des conclusions plus élaborées et moins radicales33. Même si A. Los, spécialiste d’histoire sociale, et qui a surtout travaillé sur les affranchis et la société pompéienne, ne traite pas ici d’épigraphie de l’instrumentum, c’est dans le cadre de tels débats qu’il faut comprendre son article. Très informé des bibliographies polonaise et allemande (parfois mal connues en France, sur de telles questions), il présente en même temps toute une série d’enquêtes personnelles précises à partir de corpus épigraphiques.
La documentation parvenue jusqu’à nous permet de mesurer le prestige social beaucoup mieux que la richesse. L’appartenance aux ordres, l’exercice de charges officielles telles que les magistratures pour les ingénus de l’élite ou les quasi-magistratures du culte impérial pour les affranchis, fournissent sur le prestige du personnage, à Rome ou dans sa cité, de bonnes indications. Sa richesse, elle, nous est presque toujours inconnue, sauf dans les cas rarissimes où un texte donne un chiffre de patrimoine. Par sa précision et son exhaustivité, l’article de Los contribue à montrer les limites de ce que Pompéi elle-même, la cité la mieux connue de l’Empire avec Rome, nous apprend à ce propos. Il en résulte souvent (mais non pas dans l’article de Los, qui montre une constante attention à la diversité des situations et aux évolutions les plus fines de la société romaine) une vision trop rigide de la société romaine, – l’idée que, par son statut juridique, social et politique, chacun est enfermé dans un compartiment dont il ne peut sortir, et que sa fortune est en proportion du compartiment où il se trouve. Cette vision rencontre, certes, un des caractères fondamentaux de la cité, puis de l’Empire romains : le fait que l’élite politique soit en même temps l’élite sociale, et que ses membres comptent certainement parmi les plus riches habitants de l’Empire. Mais, souvent, l’image qu’on se fait de la société romaine pousse à l’extrême ce caractère, elle le radicalise de façon abusive34.
En matière d’économie antique, les vingt dernières années ont donc été fécondes (infiniment plus que les vingt précédentes). Ce dossier aidera le lecteur à mieux saisir quelques-unes des voies empruntées et des résultats atteints. En guise de conclusion, j’aimerais suggérer quelques pistes de recherches susceptibles de faire encore progresser le débat.
Nous manquons encore de synthèses intermédiaires (quoiqu’il y en existe bien davantage qu’il y a dix ans). Les synthèses de Cl. Domergue sur les mines et la métallurgie primaire35, celles de B. Liou et de Tchernia sur l’épigraphie des amphores à huile de Bétique36, les études récentes sur l’épigraphie des amphores à vin37 ont beaucoup appris en matière d’organisation de la production et du commerce. Elles ont par exemple montré que le rôle du propriétaire foncier, souvent un membre de l’élite, était plus indirect et circonscrit que ne pouvait le laisser supposer le pur et simple catalogue des noms figurant sur les amphores (le catalogage est indispensable, certes, mais il ne permet pas, en lui-même, de saisir l’organisation du commerce). Sur beaucoup de questions, de telles synthèses intermédiaires manquent cruellement. Il en résulte, ou bien qu’on ne sait quelles conclusions tirer de la documentation disponible (c’est le cas des tessères nummulaires, et celui des cachets de métal portant le nom de leur propriétaire, les “signacula”), ou bien qu’on reconstruit abusivement tout le domaine à partir d’une petite partie du matériel ou d’un cas isolé.
Les objectifs principaux sont de continuer à définir les caractères originaux des économies antiques et d’en comprendre la signification. Si l’on admet par exemple, avec J. H. D’Arms et J.-P. Morel, que les plus grands personnages de la cité romaine, les sénateurs et les chevaliers, avaient d’importants intérêts commerciaux et industriels, comment expliquer cela ? Est-ce une constante des sociétés historiques préindustrielles (européennes ou autres) ? Ou s’agit-il au contraire d’une exception parmi elles ? Est-ce un trait que Rome partage avec la Grèce classique et hellénistique, ou bien Finley avait-il raison pour la Grèce classique ? Est-ce un signe de modernité, ou d’archaïsme ? Mais que se passe-t-il au Moyen Âge et au début des Temps Modernes ?
À la suite du travail érudit (qu’il s’agisse de textes littéraires, d’inscriptions sur pierre, de monnaies ou de tessons), la méthode comparative est nécessaire. Ces derniers temps, elle a été surtout pratiquée dans les pays anglo-saxons (actuellement beaucoup plus ouverts aux questionnements historiques originaux, du moins pour les domaines dont nous parlons ici) À mon sens, elle doit l’être encore davantage. Elle prend inévitablement plusieurs directions.
C’est d’abord une comparaison entre les diverses périodes de l’Antiquité romaine (par exemple, la confrontation entre la Rome classique et l’Antiquité tardive, trop rarement faite, sauf par le biais de l’étude du matériel archéologique), et une comparaison entre Rome et la Grèce. Il y a quelques années, F. Hartog et moi-même avons tenté un essai de comparaison de ce type, que nous avons centré sur la notion de cité, en hommage à M. I. Finley et en marge de son œuvre38. Il faut multiplier de tels essais, car ils ouvrent de larges perspectives, aussi diverses que problématiques : différences culturelles, politiques et sociales entre les cités grecques et leurs homologues italiques ; importance des conquêtes, qui, dès la fin du IVe siècle a.C., transforment Rome en un État à vaste territoire ; continuité et évolutions du monde grec, d’abord sous la férule macédonienne, puis sous celle de Rome ; continuité et évolutions du monde italique. Le monde grec hellénistique et romain, qui, malheureusement, reste dans l’ensemble moins étudié que la Grèce classique (et surtout qu’Athènes), doit occuper dans ces comparaisons une place centrale, puisqu’il peut permettre de mieux évaluer l’importance relative des continuités et des mutations. Il faut faire l’inventaire de ce qui vaut pour le monde grec (mais y a-t-il un seul monde grec ?) et de ce qui vaut pour Rome.
Parlons par exemple des attitudes de la cité par rapport aux échanges et par rapport à l’économie en général : les propositions de Descat ne me paraissent pas entièrement transposables au cas de Rome (cela n’implique nullement qu’il ait tort pour la Grèce). L’autarcie, telle qu’il la définit, et pour ce qui concerne la cité, ne paraît pas occuper la même place dans le comportement des pouvoirs publics romains.
Les comparaisons peuvent se faire en dehors de l’Antiquité, avec le Moyen Âge et les Temps Modernes en Europe occidentale, et avec d’autres sociétés historiques. Qui ne voit la nécessité de telles approches, – d’autant plus délicates qu’elles nécessitent dans beaucoup de cas la collaboration de spécialistes de plusieurs disciplines ? Fernand Braudel disait un jour : “Si vous ne sortez pas de l’Antiquité pour voir ce qu’il se passe ensuite, vous ne pouvez pas faire l’histoire de l’Antiquité !”39. Cette phrase est plus que jamais d’actualité, et on ne peut pas dire qu’elle rende la tâche plus facile !
- Raymond Descat, L’Économie antique et la cité grecque. Un modèle en question, p. 961-989
- André Tchernia, Moussons et monnaies : les voies du commerce entre le monde gréco-romain et l’Inde, p. 991-1009.
- Andrzej Loš, La Condition sociale des affranchis privés au Ier siècle ap. J.-C., p. 1011-1043.
- Dominique Hollard, La Crise de la monnaie dans l’Empire romain au IIIe siècle ap. J.-C., Synthèse des recherches et résultats nouveaux, p. 1045-1078.
Économies de l’Antiquité (épisode 4) : Grandeur et décadence de l’Empire romain. Avec Jean Andreau et Yann Le Bohec, “Entendez-vous l’Eco ? par Tiphaine de Rocquigny”, France Inter, 20/06/2019.
Article de Philippe Simonnot, Le Monde, 1999, au sujet du livre “Cambridge, Banking and business in the Roman World (Cambridge University Press, Collection Key Themes in Ancient History, 1999”.
Notes
- Finley 1975.
- Ce très bref résumé des idées économiques de Finley est inspiré de celui de son disciple et ami K. Hopkins (voir Garnsey et al., éd. 1983, XI-XII).
- Voir Andreau & Étienne 1984.
- Pleket 1990 ; Ligt 1990 et 1991.
- Veyne 1976 ; “Foucault révolutionne l’histoire”, postface à Veyne 1979, 203-242 ; 1991.
- Kaplan 1984, 23-40. S. Kaplan oppose le “Market Principle” (appelé “marché comme principe” dans la traduction française de son livre) au “Marketplace” (le “marché comme site” dans la traduction française).
- Voir Morel 1980 ; 1982, 193-214 ; et Giardina & Schiavone, éd. 1981 (volumes auxquels ont notamment participé les archéologues nommés ci-dessus).
- Hopkins 1980.
- Voir là-dessus Andreau 1991 [= 1997d].
- Sur ces questions, voir la synthèse récente de Leveau et al. 1993.
- Dans un livre brillant, M. Bats a montré ce que la céramologie peut apprendre sur l’évolution des habitudes alimentaires (voir M. Bats, Vaisselle et alimentation à Olbia de Provence (v. 350-v. 50 av. J.-C.), Modèles culturels et catégories céramiques, Paris, C.N.R.S., 1988).
- Par exemple par Tenney Frank dans les cinq volumes de l’Economic Survey of Ancient Rome (1933-1940) ; Voir aussi Duncan-Jones 1974 (2e éd., 1982).
- Certains, par exemple W. Jongman (1988), qualifient la méthode inductive de “artefact approach” et la méthode déductive de “simulation approach”.
- Voir par exemple Peacock & Williams 1986 ; Giardina & Schiavone, éd. 1981, t. 2, Merci, mercati e scambi nel Mediterraneo ; et Giardina, éd. 1986, t. 3.
- Jongman 1988 (2e éd., 1991).
- Sur la consommation en céréales de la ville de Rome (très importante à connaître pour évaluer l’importance du commerce privé du blé, puisqu’on connaît en gros l’ampleur des distributions gratuites régulièrement effectuées par l’Empereur), voir : Casson 1980 ; Rickman 1980 ; Garnsey 1983.
- Dans ce domaine, il faut saluer l’œuvre de B. W. Frier, qui, au cours de ces dix dernières années, a transformé la démographie de l’Antiquité et lui a fait faire de grands progrès (voir Bagnall & Frier 1994).
- Finley 1985a (dont la plus grande partie a été traduite en français dans Finley 1987) ; et Garnsey & Saller 1987, 43-51 (ce qui correspond aux p. 91-102 de la traduction française, Garnsey & Saller 1994).
- Hopkins 1980.
- Freyberg 1989. Sur ces modèles, et surtout sur le livre de von Freyberg, voir Andreau 1994 [= 1997c].
- Voir là-dessus Andreau 1991 [= 1997d].
- Crawford 1982 ; 1985. Sur les rapports entre fiscalité et économie, voir aussi Nicolet 1988.
- Goudineau 1980 (et surtout p. 365-381).
- Bruhns 1985.
- Engels 1990.
- Leveau 1983a ; 1983b (suivi de la réponse de C. Goudineau, aux p. 283-287). Sur ces “modèles” de la cité, voir les chapitres 8 (“The Consumer City revisited: the Vicus”) et 9 (“Do Theories of the Ancient City matter?”) de Whittaker 1993. D’abord très convaincu par l’idée de cité de consommation, C. R. Whittaker doute maintenant de l’intérêt scientifique de tels modèles.
- Godelier 1966.
- Mentionnons à ce propos le beau livre récent de Dominic Rathbone (1991).
- Veyne 1979b = 1991, 131-162.
- Meillassoux 1960.
- Pleket 1990.
- D’Arms 1977 ; 1981.
- Sur ces problèmes, voir les deux ouvrages collectifs suivants : Harris, éd. 1993 ; et Epigrafia della produzione e della distribuzione 1994.
- Il y a dix ou quinze ans, dans le débat entre Finley et D’Arms, je me suis, sur ces questions, davantage rangé aux côtés de Finley, quoiqu’avec des réserves et des nuances (voir Andreau 1985 [= 1997a, 3-45]). Mais D’Arms a opportunément rappelé une certaine fluidité de la société romaine, que l’existence des statuts et la place que leur accorde la documentation risquaient de nous faire oublier.
- Domergue 1990, ainsi que les participations de Claude Domergue aux ouvrages collectifs cités note 36, ainsi qu’Andreau et al., éd. 1994.
- Liou & Gassend 1990 ; Liou & Tchernia 1994.
- En plus du nom d’André Tchernia (1986), il faut citer ceux de Piero Gianfrotta, d’Antoinette Hesnard, de Daniele Manacorda et de Clementina Panella.
- Andreau & Hartog, éd.1987-1989.
- Braudel 1986, 21.