“Autour de Mirebeau”, in : M. Cavalieri (dir.), Industria Apium.
L’archéologie : une démarche singulière, des pratiques multiples.
Hommages à R. Brulet, Louvain, 2012, p. 269-282.
C’est au Congrès du Limes de Carnuntum, en 1986, que j’ai fait la connaissance de Raymond Brulet, si ma mémoire est fidèle. J’y avais présenté les premières réflexions que m’inspirait la reprise, alors toute récente, des recherches sur le camp militaire romain de Mirebeau1. Depuis la monographie de synthèse parue en 19952, je n’ai plus guère réexaminé ce dossier, sauf pour de brèves notices, en particulier pour la publication des “Fortifications militaires”, co-édité avec le collègue et l’ami auquel est dédié le présent volume3. Dans la mesure, pourtant, où différentes recherches récentes ont mis au jour des éléments nouveaux, sinon sur le camp flavien lui-même, du moins sur son environnement archéologique, la bibliographie sur Mirebeau s’est sensiblement accrue et il n’est pas toujours aisé de s’y retrouver dans cette stratigraphie de commentaires successifs. Je saisis par conséquent l’occasion de dresser un état des lieux en l’honneur d’un savant avec qui j’ai eu le plaisir de travailler à plusieurs reprises4.
La première question qui s’est posée, dès le Congrès de Carnuntum, lorsque j’ai suggéré de dater le camp de l’époque flavienne, a été : que vient faire une garnison légionnaire à cet endroit, en plein cœur de la Gaule, alors qu’on la croyait à Strasbourg ? Cette révision radicale d’une occupation que l’on supposait jusqu’alors augustéenne5 bouleversait la chronologie admise et elle a d’abord suscité quelques remarques incrédules (voire ironiques), avant d’être finalement acceptée, au vu du matériel épigraphique et archéologique publié. J’ai proposé d’expliquer la présence militaire à Mirebeau par la nécessité de rétablir la sécurité dans cette région du Centre Est de la Gaule, sans doute plus sévèrement touchée qu’on ne l’avait cru par la révolte des Lingons, en 70 de notre ère. Ce raisonnement a fini, lui aussi, par être admis et il n’est pas contesté aujourd’hui. On peut toutefois l’appuyer sur des arguments supplémentaires, étayés par quelques découvertes récentes.
Le plus important est sans doute la bonne connaissance que l’on a maintenant du grand sanctuaire de Mirebeau, exhaustivement fouillé par M. Joly et P. Barral au lieu-dit “La Fenotte”6. Fondé vers la fin du IVe siècle avant notre ère, le complexe religieux ne fut pas abandonné avant la seconde moitié du IIe siècle ap. J.-C. Même si on ne doit pas y reconnaître nécessairement un lieu de culte “majeur” (sanctuaire confédéral ou central), l’importance de sa position, aux confins des Lingons, des Éduens et des Séquanes ne saurait être sous-estimée. On ne peut certes pas spéculer sur la divinité qui y était honorée, encore moins sur le caractère martial de celle-ci, ni sur le rôle politique éventuel que ses prêtres auraient pu jouer pendant les différentes périodes de guerres ou de troubles qu’a connues cette région. Mais on ne peut pas non plus ne pas noter que le camp flavien ne s’est pas installé en rase campagne, loin de tout centre de pouvoir.
Y avait-il, ou non, une agglomération gauloise à cet endroit ? Le complexe religieux est implanté sur une petite terrasse qui domine la vallée de la Bèze, mais d’une vingtaine de mètres seulement, sans rupture de pente forte. Ses alentours sont certes densément occupés, mais pas nécessairement bien caractérisés et il faudra attendre la publication des fouilles menées en 2001 par S. Venault (Inrap) à la périphérie du lieu de culte pour en savoir davantage. Certes les vestiges de La Tène ancienne à finale abondent à cet endroit7 ; en revanche nous ignorons tout de l’occupation antique, plus loin vers le sud, où d’éventuels vestiges ont probablement été détruits (sans intervention archéologique) lors de la construction du lotissement actuel. Il est possible que nous soyons là en présence d’une agglomération “ouverte” (on ne connaît pas de murus gallicus) mais nous ne sommes pas en mesure de préciser son extension ni sa nature exacte.
C’est dans ce contexte qu’il faut essayer d’évaluer la fonction d’un premier “camp” militaire installé à cet endroit au milieu des substructions de la phase 3 (vers 60-50/ vers 20-15 av. J.-C.). Fouillée lors de l’opération préventive de 2001 (supra), l’enceinte mise au jour est formée de plusieurs fossés au profil en V, larges de 4 à 5 m et profonds d’environ 2 m (fig. 1-2). Le flanc sud-ouest est constitué par un système unique de trois fossés parallèles, alors que la limite nord-ouest est matérialisée par deux lignes défensives, espacées l’une de l’autre d’environ 40 m, comprenant chacune deux fossés parallèles. Deux ouvertures dans les fossés percent les deux lignes, près de l’angle qu’elles forment. Le passage extérieur, large de 7,5 m, est verrouillé par un petit sillon transversal qui réduit l’entrée à 2 m. La seconde ouverture, à travers la ligne défensive intérieure, est désaxée par rapport à la première et présente un dispositif plus élaboré, avec la présence d’un segment de fossé disposé en avant de l’entrée. Deux ensembles de puissants poteaux, dont l’un forme un carré, ont été repérés au flanc du fossé intérieur de l’enceinte nord-ouest8.
La pauvreté du matériel exhumé ne permet qu’une datation large, dans la seconde moitié du Ier siècle av. J.-C., antérieure de toute façon à la fin de la phase 39. Les militaria retrouvés sont peu nombreux, mais significatifs puisqu’ils comprennent notamment des clous de chaussure de légionnaire, semblables à ceux d’Alésia10.
Les caractéristiques de ce système défensif m’ont fait d’emblée accepter la thèse d’un camp militaire romain : la porte près d’un angle n’est pas un obstacle à cette interprétation, on en retrouve un bon exemple dans le camp C d’Alésia11 ou à Haltern12. Le dédoublement des fossés en une sorte d’extension vers le nord, trouve aussi un bon parallèle dans le plan de Haltern. La présence d’un fossé barrant le passage de la porte intérieure – un véritable titulum – constitue un “marqueur” militaire romain. La chicane installée en travers de la porte extérieure ne ressemble en revanche pas à une clauicula au sens strict du terme, mais des systèmes de barrage légers en travers des portes sont connus ailleurs : à Alésia, celle du “fortin de l’Épineuse”, au nord-ouest, est en effet munie d’une chicane de fascines13. S’il est vrai que le dispositif de La Fenotte n’est pas identique, son principe défensif s’en rapproche. Les ensembles carrés de poteaux, distants d’environ 28 m, découverts derrière le fossé interne marquent l’existence d’un rempart et s’interprètent aisément comme des tours. En revanche l’architecture du dispositif implanté en travers du passage de la porte intérieure – une tour, sans doute – n’est pas parfaitement claire au vu des plans sommaires actuellement publiés.
P. Barral a toutefois mis en doute, très récemment, cette interprétation qu’il avait dans un premier temps acceptée14 : il considère désormais que cette enceinte doit être liée fonctionnellement au sanctuaire voisin, et qu’elle fait partie du système d’enclos emboîtés du complexe religieux. Il observe en outre que le facies mobilier est identique entre l’habitat situé au sud de l’enceinte et aux abords du temple, ce qui implique qu’on ait affaire à un ensemble chronologiquement cohérent. Je retiendrai volontiers, pour ma part, ce dernier argument : S. Venault et S. Mouton ont en effet suggéré l’hypothèse de la présence de canabarii au sud-ouest de l’enceinte15, mais ce type d’occupation constitue sans doute un concept anachronique pour cette période. On ne suivra pas non plus l’hypothèse initiale de St. Venault sur l’extension du camp, jusqu’au coude de la Bèze (fig. 1) : cette supposition repose en fait sur une reconstitution proposée par G. Chouquer à partir de l’examen des photographies aériennes de la zone16, que j’avais déjà critiquée autrefois car elle n’était étayée que sur des indices très discutables17. En revanche, je ne suis pas du tout certain que l’interprétation militaire de l’enceinte de La Fenotte soit caduque : la communauté d’orientation – au demeurant approximative – des enceintes du sanctuaire et du “camp” n’en fait pas nécessairement des éléments fonctionnellement liés et la typologie même de la fortification revêt ici une signification très forte. La raison pour laquelle l’armée romaine s’est installée à cet endroit peut parfaitement s’expliquer par l’importance du carrefour de Mirebeau (j’y reviendrai), tout près d’une petite voie d’eau (la Bèze), non loin de la Saône, et par celle d’un sanctuaire qu’on cherchait peut-être à contrôler temporairement en l’occupant. La puissance de la fortification et sa position s’expliqueraient assez bien dans le cadre de la fin de la guerre des Gaules, mais le manque de précision sur la datation du complexe ne permet pas d’avancer ici autre chose qu’une hypothèse. On doit en outre avouer que l’on n’est toujours pas en mesure, aujourd’hui, de dresser une carte de l’occupation de cette région à la fin de l’âge du Fer, faute d’informations suffisantes et bien datées.
Mirebeau, on l’a dit, constitue un carrefour important aux frontières de trois cités, proche du passage de la Saône à Pontailler. Les relations entre Langres, au Nord, Besançon, à l’Est, Bibracte/Autun, à l’Ouest, Chalon, au Sud, convergent autour de ce site. Il est moins aisé, en revanche, de définir plus précisément le réseau et sa chronologie. Sur ce point, la publication récente de la Carte archéologique de la Côte-d’Or, dans laquelle différents auteurs ont proposé des points de vue et des cartes différentes, n’a pas clarifié la situation, c’est le moins qu’on puisse dire. Pour une vision globale sur la période de La Tène finale, il vaut mieux oublier la CAG et en revenir à l’excellent article publié par P. Barral, J.-P. Guillaumet et P. Nouvel dans le colloque de l’AFEAF consacré aux territoires celtiques18. La carte et le commentaire qui l’accompagnent mettent en évidence deux faits (fig. 3) : 1- La complexité des frontières et des territoires, que la Saône ne sépare pas nécessairement tout au long de son parcours19. 2- L’impossibilité de déterminer de véritables “voies” protohistoriques dans la région de Mirebeau ; sur ce point il vaut mieux parler d’“itinéraires”, qui ne correspondent pas nécessairement à un tracé matérialisé et archéologiquement reconnu. On doit donc raisonner essentiellement sur les voies d’époque romaine, dont on pense bien souvent, mais sans preuve véritable, qu’elles reprennent des tracés protohistoriques. Sur ce sujet, malheureusement, la question n’a pas significativement évolué depuis la publication de notre monographie sur Mirebeau.
J’avais alors fait remarquer, contrairement à l’étrange opinion de G. Walser dans le CIL XVII (n°530), que le milliaire de Sacquenay (CIL XIII, 9044), l’un des plus anciens de Gaule puisqu’il est daté de janvier 4420, devait être attribué à la voie Langres, Vaux-sous-Aubigny, Mirebeau, Pontailler, et non au tronçon Langres/Dijon, dans la mesure où la commune de Sacquenay se trouve sur cet axe, bien identifié archéologiquement et jalonné par différents vestiges, notamment l’agglomération antique de Dampierre21. Il n’y a donc pas de raison de penser que la pierre ait été déplacée. Après Langres, cet axe routier se prolongeait ensuite en direction de Trèves d’un côté, vers Naix, de l’autre côté, suivant peut-être là un tracé protohistorique assez sinueux. À Lannes en effet, au nord de Langres, a été mis au jour, en 1991, un autre milliaire de Claude (AE 1995, 1152) ; un peu plus loin, la même voie a été plus tard rebornée sous Nerva (AE 1995, 1153)22.
Le camp de la VIIIe légion s’est donc installé, dès les lendemains de la grande révolte de 70, au sein d’un territoire marqué par sa position géostratégique, au carrefour de trois cités, à un nœud routier important, et tout près de la Saône qui constitue l’un des axes majeurs des communications à longue distance entre le Nord et le Sud de la Gaule. Il est implanté en outre au pied d’un grand sanctuaire dont l’ancienneté est aujourd’hui bien démontrée. Si l’enceinte qui englobe ce complexe religieux est bien militaire, comme je le crois, sa présence vers la fin de la guerre des Gaules ou peu après montre que ce secteur était déjà considéré comme un verrou qu’il convenait de contrôler. La région fut d’ailleurs le théâtre de troubles importants lors de la révolte de 21. Tacite (Ann., 3.45) précise en effet que les territoires séquanes frontaliers de la Saône avaient participé au mouvement dirigé par Sacrovir : “Interim Silius cum legionibus duabus incedens, praemissa auxiliari manu, uastat Sequanorum pagos, qui finium extremi et Aeduis contermini sociique in armis erant. Mox Augustodunum petit propero agmine”. Le chemin suivi par Silius pour gagner la capitale des Éduens peut avoir emprunté la voie Pontailler-Mirebeau ou, un peu plus au sud, celle qui, de Tavaux, mène à Autun par Seurre et Beaune, même si cet itinéraire ne semble pas aussi bien attesté que le pensait E. Thévenot23. En 70/71, on devait probablement se souvenir encore de ces événements survenus un demi-siècle plus tôt dans une région limitrophe de celle de Mirebeau. Les raisons que j’avais invoquées pour expliquer les raisons qu’avait l’état-major romain d’implanter la VIIIe légion à cet endroit, après la révolte de 70, sortent donc plutôt renforcées de cette analyse des récentes découvertes archéologiques. Rappelons brièvement les faits : les Lingons ont non seulement été touchés par les troubles qui ont suivi la mort de Néron, comme nombre des peuples du Nord-Est de la Gaule, mais ils ont été au cœur de la rébellion armée. Si l’on en croit Tacite (Hist., 1.53-54), ils apparaissent d’abord comme victimes de la politique de Galba et leur territoire est amputé, avec celui d’autres peuples, alors que les Séquanes et les Éduens avaient au contraire obtenu une remise de leur tribut et des libéralités impériales (Hist., 1.51). Partisans de Vitellius (Hist., 1.57), ils prennent fait et cause pour son armée (Hist.,1.64) et lui fournissent des troupes, malgré l’octroi, trop tardif, de la cité romaine par Othon (Hist.,1.78). Après Crémone, ils s’opposent au nouveau pouvoir (Vespasien), sous l’autorité de leur chef, Iulius Sabinus, probablement un aristocrate dont un ancêtre avait été fait chevalier par César (Hist., 4.55). “Après avoir renversé les monuments commémoratifs du traité d’alliance avec Rome, il se fait saluer du nom de César et entraîne une foule nombreuse et désordonnée de ses compatriotes contre les Séquanes, nation limitrophe et qui nous était fidèle ; les Séquanes ne refusèrent pas le combat. La fortune favorisa la meilleure cause : les Lingons furent mis en déroute” (Hist., 4.67). Frontin, qui les combattit, parle de 60 000 hommes en armes, un chiffre probablement exagéré mais significatif de l’ampleur du mouvement (Strat. 4.3.14). Le rebelle put toutefois se cacher pendant 9 ans, alimentant sans doute un mouvement de sédition latent (Tacite, Hist., 4.67 ; Dion 65.3). Ce ne fut donc pas une mince affaire et on comprend que la présence d’une unité légionnaire à ce carrefour stratégique des relations à longue distance entre le Midi de la Gaule et le limes devait être contrôlé militairement, si la région n’était pas sûre.
Il importe évidemment de savoir quelles conséquences cette présence militaire a pu avoir dans la région. Sur ce point aussi certaines mises au point me paraissent nécessaires. J’avais intégré, non sans quelques réserves, dans la monographie consacrée au camp légionnaire flavien, l’hypothèse formulée par G. Chouquer d’une “centuriation” axée sur la forteresse24. Le tronçon routier Dijon/Vaux-sous-Aubigny respectant la même orientation, sa datation flavienne paraissait évidente. En revanche, je n’avais pas accepté l’idée d’un cadastre s’étendant jusque dans le Finage dolois, à l’Est de la Saône.
Cette question doit désormais être reprise après le réexamen qu’en a proposé lui-même G. Chouquer dans la Carte archéologique de la Gaule25. Dans un copieux chapitre introductif intitulé “Archéogéographie. Des trames planimétriques en Côte-d’Or”, l’auteur revient sur un certain nombre de ses travaux antérieurs, qu’il soumet au crible d’une critique générée par sa propre évolution conceptuelle de la discipline. Il fournit en outre un certain nombre d’éléments graphiques plus précis (fig. 4), mais aussi plus réduits en extension, observant à son tour que l’on ne peut guère plaider pour une extension du cadastre vers l’Est, au-delà de la Saône, faute de preuves, mais aussi autour du camp légionnaire lui-même, où les traces de parcellaires isoclines avec la centuriation supposée sont rares. G. Chouquer confirme que le camp flavien prend position dans un angle formé par deux lignes d’arpentage, selon un axe cohérent avec la voie Dijon/Vaux-sous-Aubigny. La villa d’Attricourt est orientée conformément à la trame proposée, mais elle semble la seule de ce cas, car les autres villas ne respectent pas cette orientation, sauf, peut-être, celle de Saint-Julien. L’auteur conclut finalement, après avoir examiné la documentation épigraphique du secteur et sa répartition géographique, à la possibilité d’une limitation romaine, qui reste à démontrer de manière plus décisive. Son analyse et sa conclusion, exposées avec une louable prudence, n’en appellent pas moins plusieurs questions d’ordre historique qu’il faut sans doute reformuler de manière très claire :
1 : la centuriation supposée de Mirebeau est-elle le fruit de la colonisation d’un territoire soustrait aux Lingons à la suite de la révolte de 70 ?
La présence de vétérans dans la région se limite à deux cas épigraphiquement connus. Le premier est celui d’un ancien soldat de la VIIIe légion, à qui un camarade de la même unité, lui-même vétéran, érige son tombeau (CIL XIII, 5613 = Le Bohec 2003 (note 20), n°218). L’inscription, trouvée sur la route de Langres, à la sortie nord du camp de Mirebeau, provient très certainement de la nécropole installée à cet endroit et ne préjuge nullement d’une colonisation du territoire, ces deux soldats pouvant s’être installés dans l’agglomération proche du sanctuaire, vers la fin du Ier siècle.
Le deuxième cas est celui d’un vétéran de la XXIIe légion de Mayence, dont l’inscription a été découverte à Dijon même (CIL XIII 5486 = Le Bohec 2003 (note 20), n°64). Beaucoup plus tardive, si l’on en croit sa formule funéraire26, elle n’implique pas non plus un allotissement collectif de terres.
La présence de tuiles estampillées autour d’un camp militaire romain ne constitue pas non plus la preuve d’une implantation de villae destinées à nourrir la garnison. Le cas bien connu de la carte de diffusion des tuiles de Vindonissa (fabriquées par la XXIe puis la XIelégion), infiniment plus nombreuses que celles de la VIIIe légion autour de Mirebeau (fig. 5), a été depuis longtemps soulevé par V. von Gonzenbach qui penchait en faveur de l’hypothèse d’un territoire vivrier spécifique à chaque unité27. Très débattue et contestée, cette théorie est aujourd’hui largement abandonnée28 ; dans le cas même de Vindonissa, C. Ebnöther et C. Schucany ont souligné au contraire l’inadéquation chronologique et topographique entre la carte des villae de la Suisse du nord et l’occupation du camp légionnaire29. Il n’y a pas de raison de penser qu’il en allait autrement autour de Mirebeau.
2 : y-a-t-il une militarisation du secteur après le départ de la VIIIe légion de son cantonnement bourguignon ? L’abondance des tuiles estampillées et diverses inscriptions ont pu le laisser croire mais cette opinion fort commune ne résiste pas à l’examen. S’agissant des marques légionnaires, elles ne traduisent pas davantage l’existence de postes militaires. Ce peut être parfois le cas, mais on doit souligner surtout qu’il s’agit le plus souvent de bâtiments construits par l’armée. Ainsi à Oedenburg (Biesheim, Kunheim, Haut-Rhin) l’agglomération civile est-elle truffée de tuiles fabriquées par des unités qui n’ont jamais été en garnison sur le site ; elles ne signalent pas non plus des postes défensifs, mais, la plupart du temps, des thermes ou d’autres types de bâtiments publics30. Elles peuvent d’ailleurs avoir été remployées, une ou plusieurs fois, longtemps après leur fabrication, et loin de leur lieu premier d’utilisation comme le prouve la fig. 5. Dans le cas de Mirebeau, ce sont les trouvailles de La Noue qui ont surtout attiré l’attention, en raison de leur abondance. Mais le site est détruit et on ne peut plus en dire grand-chose31.
Les autres inscriptions ne permettent pas davantage d’attester autre chose que la présence probable de postes de bénéficiaires, comme on en connaît bien d’autres ailleurs. Les deux stations sont bien clairement localisées à Tîl-Châtel, sur la voie Dijon/Langres et à Pontailler, au passage de la Saône32.
L’inscription CIL XIII, 5609 (= Le Bohec 2003 (note 20), n°39), datée de 150 est la seule qui mentionne stricto sensu un bénéficiaire du légat consulaire de Germanie supérieure et il n’est pas anormal que ce poste soit situé au passage de la Saône. Les autres inscriptions, toutes de Tîl-Châtel, ne mentionnent pas de bénéficiaires mais des soldats qui effectuent des vœux à un carrefour routier, explicitement désigné comme tel (CIL XIII, 5621 = Le Bohec 2003 (note 20), n°239). Tous appartiennent aux deux légions de Germanie supérieure, la XXIIe (Mayence) pour la plupart (CIL XIII, 5621-5622 ; 5624 = Le Bohec 2003 (note 20), n°239-240 ; 242-243), une appartient à la VIIIe légion lors de son cantonnement strasbourgeois (CIL XIII, 5623 = Le Bohec 2003 (note 20), n°241) et toutes, hormis la première citée, datent du IIIe siècle. S’il ne s’agit pas là d’une statio de bénéficiaires au sens technique du terme, on peut penser à un poste routier permanent car on imagine mal dans quel contexte des soldats en déplacement vers le limes prendraient le temps de faire graver une inscription votive, qui aux divinités des carrefours, qui à Epona, qui à la domus diuina. Dans tous les cas de figure, ces inscriptions ne témoignent certainement pas d’une “militarisation” de la région après le départ de la VIIIe légion mais, comme ailleurs, une présence à des carrefours importants et un contrôle du trafic.
Il est vrai que le camp de Mirebeau a connu des reconstructions limitées, alors qu’il était déjà en partie ruiné, sans doute dans le courant du IIe siècle, ce qui implique que le terrain était resté propriété militaire33. En outre nous sommes assurés de la présence temporaire d’un second groupe de vexillaires, composé de soldats des légions II AVG et VIII AVG, dont la chronologie n’est pas bien connue, mais qui peut s’inscrire à un moment quelconque du IIe siècle, sans pour autant qu’il s’agisse là d’une seconde occupation de longue durée sur l’ensemble de la superficie du camp. On peut s’être contenté d’un dépôt temporaire, utile par exemple lors de déplacements militaires à longue distance34.
Au total, il faut assurément sérier les questions et ne pas conclure trop rapidement à une mainmise sur cette partie du territoire lingon dans le cadre d’une attribution de terres à des colons, même si l’hypothèse n’est pas exclue ; il n’est pas nécessaire non plus de postuler une présence militaire spécifique après le départ de la VIIIe légion. Celle-ci est liée à des événements exceptionnels et au caractère stratégique de cette région de carrefour. Une fois le calme revenu, la présence des soldats ne s’imposait plus. En revanche, l’hypothèse d’une limitation de terres dans ce secteur mériterait d’être vérifiée archéologiquement. Elle vient en effet accompagner les observations anciennes effectuées par A. Deléage en Val-de-Saône, chez les Héduens, au sud de Mirebeau35. Les deux systèmes sont assurément indépendants l’un de l’autre, pas nécessairement synchrones, et ils attendent tous deux une confirmation matérielle, ce que seule l’archéologie préventive autorisera peut-être un jour, à l’occasion de grands tracés linéaires. La découverte récente de l’implantation de la vigne dès la fin du Ier siècle à Gevrey-Chambertin, sur une superficie d’au moins un hectare, montre la mise en valeur de cette région selon des techniques importées du Midi, à peu près au moment de la présence de la VIIIe légion dans la région ou juste après36. On est là en plaine (et non sur le coteau), à l’extrémité sud du territoire Lingon, et à une trentaine de kilomètres à vol d’oiseau de Mirebeau. Le développement à cette époque de la viticulture régionale n’implique pas, évidemment, une limitation globale de terres, avec une transformation générale du système agraire et du système foncier, mais on ne peut pas ne pas avoir désormais en tête cette coïncidence de faits et de dates, ni cette proximité géographique37. On aurait pu s’attendre à ce que le séjour d’une grande unité militaire donnât naissance à une agglomération pérenne comme on en connaît tant ailleurs, même après le départ de la troupe. Il faut bien dire que, sur ce point, nos connaissances ont relativement peu progressé. Dans un article récent, R. Goguey a fait état des nouvelles données de la photographie aérienne autour de Mirebeau38. Ces nouvelles vues précisent, plus qu’elles ne modifient fondamentalement, celles qui avaient déjà été publiées ; pour nombre d’entre elles, il faudra attendre des confirmations par des recherches au sol, comme le souligne lui-même l’auteur. On peut en revanche affirmer aujourd’hui que le grand ensemble quadrangulaire découvert à l’ouest du camp légionnaire, et identifié comme un possible forum ne constitue plus un cas unique, puisqu’on en connaît désormais d’autres exemples à Windisch, à Nimègue, à Carnuntum, tous comparables en plan et en dimensions, et proches des remparts39. Mais par le terme de forum, il ne faut certainement pas entendre “place publique” avec les fonctions civiques qui accompagnent cette notion dans le monde romain. D’autres identifications restent d’ailleurs possibles. Il sera particulièrement intéressant de suivre les résultats des récentes opérations préventives menées récemment lors d’une déviation routière entre l’ouest du camp et le village moderne, pour se faire une opinion plus précise sur la nature des vestiges découverts et leur chronologie. C’est dans cette zone que l’on peut éventuellement mettre en évidence des traces d’habitat antique, les grands bâtiments en pierre découverts par photographie aérienne dans l’anse de la Bèze ne constituant sans doute qu’une petite partie d’un ensemble plus vaste qui reste complètement à explorer.
Voir désormais le point sur cette question dans F. Favory, C. Fruchard, “L’aménagement du sol. Les systèmes parcellaires tardo-laténiens et gallo-romains”, in :M. Reddé (dir.), Gallia rustica 2, Les campagnes du nord-est de la Gaule de la fin de l’âge du Fer à l’Antiquité tardive, Ausonius, Mémoires 50, Bordeaux, 2018, p. 401-451, sc. p. 443-444, [en ligne] https://ressources.una-editions.fr/s/EtkRnDRHt4sTep4 [consulté le 02/09/22].
Voir depuis lors L. Joan, C. Gaston, B. Fort, P. Listrat, V. Lamy, S. Mouton-Venault, F. Delencre, “L’aménagement d’un vallon : deux ouvrages d’art de la VIIIe légion à Mirebeau-sur-Bèze, La Combotte (Côte-d’Or)”, RAE, 65, 2016, p. 147-186.
Notes
- F. Bérard, R. Goguey, Y. Le Bohec, M. Reddé, “Le camp militaire romain de Mirebeau”, in : H. Vetters, M. Kandler (éd.), Akten des XIV. internationalen Limeskongresses 1986 in Carnuntum, Vienne, 1990, p. 311-320.
- R. Goguey, M. Reddé (éd.), Le camp légionnaire de Mirebeau, Monographien RGZM, 36, Mayence, 1995.
- M. Reddé, R. Brulet, R. Fellmann, J.K. Haalebos, S. von Schnurbein, L’architecture de la Gaule romaine. I. Les fortifications militaires, DAF 100, Paris-Bordeaux, 2006, [en ligne] https://books.openedition.org/editionsmsh/22093 [consulté le 25/08/22].
- Notre première collaboration éditoriale date de 1996 : R. Brulet, “Le temps des menaces”, in : Reddé, L’armée romaine en Gaule, Paris, 1996, p. 221-265.
- E. Ritterling, “Zur Geschichte des römischen Heeres in Gallien unter Augustus”, Bonner Jahrbücher, 1906, 114-115, p. 159-188 ; E.M. Wightman, “La Gaule chevelue entre César et Auguste”, in : Actes du IXe Congrès international d’études sur les frontières romaines, Bucarest-Cologne-Vienne, 1974, p. 473-483.
- Découvert par R. Goguey lors d’un vol de reconnaissance en 1973, il a d’abord été fouillé par son inventeur (1977-1982), puis par J.-P. Guillaumet (1983-1986). La bibliographie sur ce sanctuaire est déjà très importante et je renonce à la citer ici. La dernière synthèse en date se trouve dans P. Barral, M. Joly, “Le sanctuaire de Mirebeau-sur-Bèze”, in : M. Reddé, P. Barral, F. Favory, J.-P. Guillaumet, M. Joly, J.-Y. Marc, P. Nouvel, L. Nuninger, C. Petit (éd.), Aspects de la Romanisation dans l’Est de la Gaule, Bibracte 21, Glux-en-Glenne, 2011, p. 543-556.
- M. Joly, P. Barral, “Le sanctuaire de Mirebeau-sur-Bèze (Côte-d’Or) : bilan des recherches récentes”, in : P. Barral, A. Daubigney, C. Dunning, G. Kaenel, M.-J. Roulier-Lambert, L’âge du Fer dans l’arc jurassien et ses marges. Dépôts, lieux sacrés et territorialité à l’âge du Fer, Actes du XXIXe colloque international de l’AFEAF, Bienne, 5-8 mai 2005, Annales Littéraires de l’Université de Franche-Comté 826, Besançon, 2007, p. 55-72.
- S. Venault, “Mirebeau. La Fenotte”, in : Reddé et al. 2006 (note 3), p. 335.
- S. Mouton, S. Venault, “Le site de la Fenotte, à Mirebeau-sur-Bèze (21) : un cas d’habitat en périphérie d’un camp militaire de type romain tardo-républicain”, in : S. Fichtl (dir.), Hiérarchie de l’habitat rural dans le Nord-Est de la Gaule à La Tène moyenne et finale, Archaeologia Mosellana 6, 2005, p. 313-326.
- Joly, Barral 2007 (note 7).
- M. Reddé, S. von Schnurbein (éd.), Fouilles et recherches franco-allemandes sur les travaux militaires romains autour du Mont-Auxois (1991-1997), Mémoires de l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres 22, Paris, 2001, pl. h.t. 6.
- M. Reddé et al. 2006 (note 3), p. 286.
- Reddé, von Schnurbein 2001 (note 11), p. 352.
- Barral, Joly 2011 (note 6), p. 552.
- Mouton, Venault 2005 (note 9), 325.
- G. Chouquer, F. Favory, Les paysages de l’Antiquité. Terres et cadastres de l’Occident romain (IVe s. avant J.-C.-IIIe s. après J.-C.), Paris, 1991, p. 183.
- Goguey, Reddé 1995 (note 2) p. 29.
- P. Barral, J.-P. Guillaumet P. Nouvel, “Les territoires de la fin de l’âge du fer entre Loire et Saône : les Éduens et leurs voisins. Problématiques et éléments de réponse“, in : D. Garcia, F. Verdin (éd.), Territoires celtiques. Espaces ethniques et territoires des agglomérations protohistoriques d’Europe occidentale, Actes du XXIVe colloque international de l’AFEAF, Martigues 1-4 juin 2000, Paris, 2002, p. 271-296.
- Ce point fondamental s’appuie sur une série d’observations archéologiques récentes, qui trouvent encore leur écho dans les frontières des plus anciens diocèses, mais aussi dans le texte de César, BG, 1.12 ; 6.12 et celui de Strabon 4.3,.2 ; 4.1.11, bien que ces derniers soient d’interprétation difficile (pour le détail de la démonstration, on verra l’article cité ci-dessus note 18). Cette imbrication des territoires Lingon, Éduen et Séquane est proprement au cœur de l’imbroglio de la localisation de la bataille qui précède le siège d’Alésia et que Dion Cassius 40.39 situe en territoire séquane, alors que César (BG, 7.65-66) parle de l’extrémité du territoire lingon. Le “camp” de la Fenotte est-il lié à cet épisode historique ?
- Y. Le Bohec, Inscriptions de la cité des Lingons. Inscriptions sur pierre, Paris, 2003, p. 352, B5.
- J. Bénard, M. Mangin, R. Goguey, L. Roussel, Les agglomérations antiques de Côte-d’Or, Annales littéraires de l’Université de Besançon 522, Paris, 1994.
- G. Champion, S. Février, Y. Le Bohec, “Deux nouveaux milliaires de la cité des Lingons découverts en Haute-Marne”, Bulletin de la Société de sciences naturelles et d’archéologie de la Haute-Marne, 24, 15, 1995, p. 361-388.
- E. Thévenot, Les voies romaines de la cité des Éduens, Coll. Latomus 98, 1969, p. 115-138.
- G. Chouquer, F. Favory, Contribution à la recherche des cadastres antiques, Annales littéraires de l’Université de Besançon, 236, 1980, p. 63-64, fig. 34 et 38. Le terme de “centuriation” était alors celui des auteurs, qui pensaient que Mirebeau était une “ville militaire”, conformément à la théorie générale formulée à cette époque. L’hypothèse d’une centuriation a été reprise et développée dans Chouquer, Favory 1991 (note 17), p. 183-185 qui avaient pu alors tenir compte des premières publications sur la forteresse flavienne.
- La Côte-d’Or. Alésia, CAG 21/1, Paris, 2009.
- [D(is) Manibus) et memor(iae)] aeternae
- V. von Gonzenbach, “Die Verbreitung der gestempelten Ziegel der im I. Jahrhundert in Vindonissa liegenden römischen Truppen”, Bonner Jahrbücher, 163, 1963, p. 76-150.
- La bibliographie est considérable et on ne saurait la citer ici de manière exhaustive. Je renvoie à la mise au point de F. Bérard, “Territorium legionis : camps militaires et agglomérations civiles aux premiers siècles de l’Empire”, Cahiers du centre G. Glotz, III, 1992, p.75-105.
- C. Ebnöther, C. Schucany, “Vindonissa und sein Umland. Die Vici und die ländliche Besiedlung”, Jahresbericht Gesellschaft pro Vindonissa, 1998, p. 67-97.
- P. Biellmann, “Les tuiles estampillées”, in : M. Reddé (éd.), Oedenburg. Fouilles françaises, allemandes et suisses à Biesheim et Kunheim, Haut-Rhin, France. Volume 1. Les camps militaires julio-claudiens, Monographien RGZM 79-1, Mayence, 2009, p. 329-354.
- CAG 21-2, p. 427-429.
- La carte n°3 des stations de bénéficiaires publiée dans E. Schallmayer, K. Eibl, J. Ott, G. Preuss, E. Wittkopf, Der römische Weihebezirk von Osterburken I. Corpus der griechischen und lateinischen Beneficiarier-Inschriften des Römischen Reiches, Stuttgart., 1990 est fautive et confond les deux sites (l’inscription de Pontailler (176 = CIL XIII, 5609) est localisée à Til-Châtel).
- Goguey, Reddé 1995 (note 2), p. 80.
- Goguey, Reddé 1995 (note 2), p. 206.
- A. Deléage, “Le réseau des chemins ruraux dans la laine chalonnaise et la centuriation romaine”, Mémoires de la société historique et archéologique de Chalon-sur-Saône, 29, p. 144-151. Ce travail a été réexaminé récemment dans le cadre d’un mémoire de Master (J. Desmeulles, La dynamique du parcellaire dans la plaine chalonnaise. Reprise et discussion des travaux d’André Deléage, Université de Besançon (inédit), 2009).
- J.-P. Garcia, S. Chevrier et al., “Le vignoble gallo-romain de Gevrey-Chambertin ‘Au-desus de Bergis’, Côte-d’Or (Ier-IIe s. ap. J.-C.) : modes de plantation et de conduite de vignes antiques en Bourgogne”, RAE, 59, 2010, p. 505-537 ; J.-P. Garcia, S. Chevrier, N. Fick, “Une vigne gallo-romaine de plaine à Gevrey-Chambertin (Côte-d’Or), Ier-IIe s. ap. J.-C. Implications pour le développement des terroirs viticoles de coteaux en Bourgogne”, Gallia, 68-1, 2011, p. 93-110.
- Sur les traces de viticulture antique dans le Centre-Est de la Gaule, E. Gauthier, M. Joly, “Vignobles et viticulture dans le Centre-Est de la Gaule au Iersiècle ap. J.-C.”, in : F. Favory, A. Vignot (dir.), Actualité de la recherche en histoire et archéologie agraire, Actes du Colloque AGER V, 19-20, sept. 2000, Annales littéraires de l’Université de Franche-Comté 764, 2000, p. 191-208.
- R. Goguey, “Légionnaires romains chez les Lingons : la VIIIe Augusta à Mirebeau (Côte-d’Or)”, RAE, 57, p. 227-251.
- Windisch : J. Trumm, B. Wigger, “Ausgrabungen in Vindonissa im Jahr 2009”, Jahresbericht Gesellschaft pro Vindonissa, 2009, p. 134-135 (120 x 105 m) ; Nimègue : W.J.H. Willems, H. van Enckevort, Ulpia Noviomagus. Roman Nijmegen. The Batavian Capital at the Imperial Frontier, JRA Suppl. Ser. 73, 2009, p. 123 (166 x 137 m) ; Carnuntum : C. Gugl, “Die Anfänge des Carnuntiner Legionslagers”, in : F. Humer (éd.), Legionslager und Druidenstab. Vom Legionslager zur Donaumetropole, Bad Deutsch-Altenburg, 2007, p. 220-228 (225,60 x 182 m) ; Mirebeau : Goguey, Reddé 1995 (note 2), p. 27 et pl. couleur XV, 2 (150 x 122 m). Celui de Mirebeau a fait récemment l’objet d’une fouille préventive, dont les résultats ne sont pas encore connus à l’heure où sont écrites ces lignes. On doit toutefois constater que le positionnement topographique du bâtiment doit être légèrement rectifié, ce qui s’explique par l’absence, au moment où nous avions rédigé la monographie sur le camp de Mirebeau, de procédés informatiques de redressement de photos obliques. Les redressements ont donc été effectués à la main, par procédés géométriques classiques, et ils comportent un évident coefficient d’incertitude. Ceci est vrai pour l’ensemble du plan H.T. 1.