L’auteur commence par recenser les nombreux témoignages des cultes isiaques en Macédoine, s’attardant surtout aux sites qui ont abrité des sanctuaires dédiés à des divinités égyptiennes (Thessalonique, important centre isiaque dès le IIIe siècle a.C., Philippes, Dion, Amphipolis, Veria). Il souligne que trois de ces temples (Philippes, Amphipolis et Thessalonique) se trouvent au bord de l’importante via Egnatia. Les inscriptions trouvées à Stobi (RICIS 113/0401), Neine (RICIS 114/1901-2) et Berée (Beroia : RICIS 113/0301-3) pourraient aussi témoigner de l’existence de temples isiaques en ces lieux, et ainsi compléter cette liste. Quant à l’inscription (p. 137-138 = RICIS 113/0701) que l’auteur préfère situer à Apollonia de Chalcidique plutôt qu’à Anthémonthe, elle provient bien de ce dernier site, qui d’ailleurs a livré une seconde inscription émanant d’une prêtresse, et commémorant une restauration pour Sarapis, Isis et Harpocrate (RICIS 113/0702).
Une fois son bilan tracé, M. B. en arrive à vouloir expliquer une partie du séjour de Paul de Tarse en Macédoine. Mais avant d’en arriver directement au passage commenté, il faut rappeler que l’apôtre débarqua dans le port de Neapolis (Actes des Apôtres, XVI, 11), avant de se mettre en route pour Philippes, où il séjourna quelques jours (XVI, 12). Puis, vient le texte (XVII, 1) analysé par l’auteur et qui rapporte que Paul et Silas passèrent ensuite par Amphipolis et Apollonia pour arriver à Thessalonique, où les Juifs avaient une synagogue.
M. B. s’élève contre l’idée selon laquelle Paul séjournait là où se trouvaient de grosses communautés juives. Il en veut pour preuve l’absence de traces juives à Philippes, tandis que leur présence à Thessalonique ne serait pas attestée avant le IVe siècle p.C. Dès lors, la mission de Paul se serait adressée aux païens, et tout spécialement aux adeptes des cultes isiaques, que le missionnaire aurait déjà appris à découvrir dans sa ville natale de Tarse. Le raisonnement est hâtif, d’autant plus que les Actes (XVII, 2) précisent que Paul s’était rendu à la synagogue de Thessalonique et que, trois sabbats consécutifs, il discuta avec les Juifs de l’endroit. À Philippes, faute de synagogue, le jour du sabbat, il rassemble les Juifs à l’extérieur de la ville (Actes XVI, 13-15). On peut ajouter que, contraints de fuir Thessalonique, Paul et Silas se rendirent à Berée, où, à peine arrivés, ils firent visite à la synagogue (Actes, XVII, 10).
La documentation et la bibliographie de cet article ne sont parfois pas à jour. Nous prendrons l’exemple du poème (RICIS 113/0506) de Thessalonique (p. 133-134) relatant la dédicace1 d’une λάρναξ à Osiris. L’auteur prend cette offrande pour un bateau qui devait être utilisé pour symboliser rituellement la recherche d’Osiris, festivité qu’il identifie à la fête du Navigium Isidis. J. Bingen2 a montré, depuis longtemps, que la larnax en cause est en fait le cercueil flottant emportant Osiris. En outre, la fête de l’Inventio Osiridis n’a rien à voir avec les solennités marquant la réouverture de la navigation, après l’hiver.
- Faussement attribuée à la période romaine. L’inscription doit dater des environs de l’an 120 a.C.
- J. Bingen, “Sur une dédicace osiriaque de Thessalonique (IG X 2, 108)”, CE, 47, 1972, 289-291. Sur ce poème, on pourra aussi voir maintenant P. Koemoth, “Byblos, Thessalonique et le mythe hellénisé d’Osiris”, DE, 61, 2005, 37-47.