La popularité d’Isis à Cyrène est attestée par la construction, puis plus tard les réfections, de deux temples et par la richesse des sculptures et du matériel épigraphique. Dès avant l’avènement des Ptolémées, Isis avait été assimilée à une déesse libyenne de la fertilité, ce qui explique ses connotations chthoniennes. Ensuite, avec l’implantation grecque du VIIe siècle, Isis prend des traits clairement démétriaques. Durant la phase hellénistique fonctionnait un petit temple isiaque aménagé sur la Terrasse de la Myrtousa, à l’intérieur de l’aire sacrée d’Apollon (qui remonte au début de l’époque ptolémaïque). Sur l’Acropole, on a retrouvé un temple construit en l’honneur d’Isis et de Sarapis au IIe siècle p.C., mais avec des matériaux de réemploi d’époque hellénistique, ce qui donne à penser qu’il existait auparavant dans cette zone un lieu de culte isiaque plus ancien.
Un autre indice de l’ancienneté de ce lieu de culte est fourni par la trouvaille dans ce sanctuaire d’une statue polychrome d’Isis qui doit appartenir à l’époque hellénistique, et dont l’iconographie inhabituelle se caractérise notamment par l’absence du manteau frangé noué sur la poitrine, et l’espèce de gaine qui enserre la tunique. L’implantation en cet endroit serait antérieure à la fin du Ier siècle p.C., et à situer vers le milieu du IIe siècle a.C. Selon l’auteur, il convient d’établir une distinction entre un culte indigène d’Isis, établi sur l’Acropole grâce à l’appui des Ptolémées, avec ses rites initiatiques et un clergé égyptien, et celui abrité dans l’aire du temple d’Apollon, suite à une initiative des Grecs de Cyrène. Le temple isiaque de Cyrène, en l’état qui nous a été transmis, date de l’époque romaine.