Les oppida du Quercy constituent, depuis l’époque moderne, un thème récurrent de la recherche archéologique abordé au travers de travaux historiques1. Ce sont surtout les recherches menées sous l’égide de Napoléon III, en amont de la rédaction de son ouvrage sur Jules César, en 1866, qui ont lancé concrètement les recherches archéologiques de terrain, essentiellement dans le département du Lot. Les travaux de la Commission des enceintes2 s’inscrivent dans cette même lignée.
La question centrale qui occupe alors les esprits réside dans l’identification précise du site d’Uxellodunum, ultime lieu de bataille césarien, épisode célèbre rapporté par Hirtius au livre VIII de la Guerre des Gaules (fig. 1)3. Les recherches réalisées alors4, notamment à L’Impernal (Luzech, Lot), à Murcens (Cras, Lot), à Capdenac (Lot) et au Puy d’Issolud (Saint-Denis-lès-Martel et Vayrac, Lot), se concentrent sur la découverte de militaria et la mise en évidence d’ouvrages liés à la poliorcétique romaine.
À l’exception des fouilles de l’Impernal5, il faut attendre la fin du XXe s. pour que des recherches archéologiques faisant appel à des moyens modernes d’investigation reprennent sur les grands sites de hauteur fortifiés du Lot. Ce sont essentiellement les travaux d’O. Buchsenschutz et de G. Mercadier à Murcens6, puis ceux de J.-P. Girault au Puy-d’Issolud7, qui marqueront les années 1980 et 2000.
L’étude des données textuelles et numismatiques mais également les données archéologiques issues des fouilles partielles de ces trois sites seront simplement évoquées, car elles feront l’objet d’une prochaine synthèse8.
Le propos du présent article sera centré sur le site de Murcens, puis mis en regard, dans un second temps, avec les données archéologiques recueillies lors de l’exploration des sites du Puy-d’Issolud et de L’Impernal.
In fine, l’analyse factuelle des données issues des fouilles partielles de ces trois sites, replacées dans le contexte archéologique contemporain au sein du territoire cadurque présumé, nous permet de proposer un scénario plausible de fonctionnement de celui-ci, antérieurement à la création du chef-lieu de cité Divona au Haut-Empire.
Compte tenu du corpus des sites quercynois détectés et étudiés pour la fin de l’âge du Fer9 nous avons volontairement centré notre propos sur les trois sites à la fois les mieux documentés et susceptibles de revêtir les caractéristiques communément retenues pour qualifier un oppidum de type celtique10 : l’Impernal, Murcens et – parce que le site a été qualifié comme tel par les sources antiques11 – le Puy-d’Issolud.
Ces trois sites peuvent prétendre, pour des motifs différents détaillés ci-dessous, au rang d’oppidum, lieux de pouvoir structurant le peuplement du territoire cadurque.
En effet, en dehors de ces trois sites, on pourra essentiellement retenir, pour le département du Lot, une liste de sites documentés de manière extrêmement partielle, qu’il s’agisse de Brengues, de Capdenac, des Césarines (Saint-Jean-Lespinasse), de La Roque (Montvalent) ou du Pech del Castel (Le Roc). Dans tous les cas, des niveaux contenant des mobiliers de la fin de l’âge du Fer ont été reconnus. L’extension, la nature et la durée des occupations demeurent cependant très difficiles à cerner, en l’absence de fouilles d’envergure menées avec des moyens d’investigation ad hoc. Les systèmes défensifs, mal datés, lorsqu’ils ont été repérés, englobent des superficies en général inférieures à 5 hectares. Ils témoignent d’une gestion opportuniste de positions topographiques naturelles dominantes qui expliquent leur occupation dans la longue durée. Le site de Biars-sur-Cère (Arcambal), compte tenu de sa position géographique, pourrait être, quant à lui, considéré comme un site intercalaire, sorte de verrou contrôlant la confluence du Lot et du Vers, au sud de Murcens, et jouant le rôle de “tête de pont” installée en amont de ce dernier.
Enfin, nous n’évoquerons qu’en filigrane le site de Cosa, localisé avec quasi-certitude grâce aux dernières opérations de prospection et de sondages12 dans la proche périphérie de l’agglomération actuelle d’Albias (Tarn-et-Garonne). Les données recueillies invitent à y reconnaître une agglomération de plaine de la fin de l’âge du Fer, qui se structure sous la forme d’un vicus durant le Haut-Empire. L’absence de fouilles extensives des niveaux de la fin de l’âge du Fer ne permet pas de caractériser avec un degré de finesse documentaire suffisant la nature et l’ampleur de l’occupation protohistorique. On insistera toutefois sur la position stratégique du site, qui a notamment joué un rôle indéniable dans la diffusion des produits méditerranéens depuis l’axe Aude-Garonne et la région de Toulouse vers le nord de la zone quercynoise.
Un cas particulier : le Puy-d’Issolud
Le lieu a suscité, depuis le XVIIe s., l’intérêt des historiens et donné lieu à la querelle d’Uxellodunum qui culminera avec les travaux de terrain engagés par l’empereur Napoléon III à l’occasion de la rédaction de son Histoire de Jules César13.
Depuis lors, le dossier a été réouvert en 1997 à l’initiative de Michel Vidal, alors chef du service régional de l’archéologie14, afin d’assurer la sauvegarde du site soumis au pillage clandestin. Il s’agissait également de rendre plus intelligible le secteur de la Fontaine de Loulié, profondément bouleversé par près d’un siècle d’activité archéologique plus ou moins anarchique15.
Grâce aux travaux menés – avec acharnement – par l’équipe dirigée par J.-P. Girault entre 1998 et 200616, la topographie ancienne du secteur dit de la Fontaine de Loulié, ainsi que la nature et la chronologie de l’occupation du secteur, sont désormais mieux cernées. Les résultats principaux des dernières campagnes de recherches menées sur ce secteur bien particulier ont permis :
– de préciser le tracé de galeries de fonçage antiques et de montrer qu’elles étaient clairement destinées à assurer l’assèchement des filons aquifères alimentant des vasques et le front cascadant présent en surface dans ce secteur17 ;
– de mettre en évidence des niveaux de la fin de l’âge du Fer ayant livré un corpus extrêmement important de militaria d’époque césarienne18 ;
– d’assurer le repérage de zones fortement incendiées19 scellant les niveaux contenant ces pièces d’armement.
Si l’identification du site, et plus particulièrement de la Fontaine de Loulié, au lieu de la dernière bataille conduite par César contre les troupes gauloises en 51 a.C. (Uxellodunum) narrée dans le livre VIII de la Guerre des Gaules, ne fait plus aujourd’hui de doute compte tenu du faisceau important de données archéologiques, toponymiques, topographiques et historiques concordantes, l’identification de la nature de l’occupation générale du site n’est pas sans poser question.
Certes, la configuration générale du site invite à y reconnaître les caractéristiques topographiques d’un oppidum de type celtique, eu égard aux 80 hectares de plateau qui dominent la confluence de la Dordogne, de la Sourdoire et de la Tourmente. Certes, le texte de César fait explicitement d’Uxellodunum un oppidum20.
Cependant, au-delà de ces deux éléments, force est de constater que les données archéologiques elles-mêmes, en dehors de la problématique spécifique de la bataille de 51 a.C., font largement défaut.
La première faiblesse des informations disponibles a trait à la question de la fortification21. Les recherches anciennes22 menées sur le plateau et son pourtour pour identifier des systèmes de fortifications monumentales censés caractériser les grands oppida de Gaule, n’ont jamais permis de mettre au jour clairement des preuves tangibles de l’existence d’un système de rempart du Second âge du Fer. L’examen des relevés anciens renvoie l’image d’une topographie naturelle aménagée de manière opportuniste à l’aide de murets de pierres sèches, sans aucune assurance sur leur chronologie23.
Par ailleurs, si le plateau a livré quelques vestiges du Bronze final et du Premier âge du Fer, liés à la fouille ancienne de tumuli, quelques fragments de céramique du Haut-Empire, notamment au lieu-dit Les Temples, et des vestiges épars de l’Antiquité tardive et du haut Moyen Âge, le mobilier et les vestiges immobiliers de la fin de l’âge du Fer sont quasi absents. J.-P. Girault a pu recenser en tout et pour tout 17 monnaies gauloises découvertes sur le plateau24,dont un bronze à légende Luxtérios ainsi qu’un denier en argent romain daté de 98 a.C.16 Les autres catégories de mobiliers ordinairement présents sur les habitats du Second âge du Fer sont quant à eux quasi absentes : pas de fibule, peu de céramique, peu d’amphore et armement limité à une pointe de lance en fer datée du IIIe s. a.C., en dehors d’une série de pointes de flèche d’époque césarienne16. Cet état de fait ne concorde pas avec l’image d’un oppidum potentiellement occupé avant l’épisode de la guerre des Gaules sur tout ou partie de sa surface.
L’essentiel de la documentation de la fin de l’âge du Fer est, de fait, bien concentré autour du secteur très restreint de la Fontaine de Loulié et centré sur la période de l’épisode militaire25. Les assemblages de mobiliers qui y ont été découverts ne coïncident pas non plus avec l’image d’une occupation de site d’habitat, tant le mobilier céramique et les éléments de parure paraissent indigents et numériquement sous représentés26 en regard du mobilier métallique et, singulièrement, de la masse très importante des pièces d’armement qui en fait un unicum en Gaule. En ce qui concerne les découvertes numismatiques, elles sont également en nombre relativement modeste et, surtout, très nettement centrées sur le milieu du Ier s. a.C.27 La seule découverte susceptible de dénoter dans cet ensemble est un trésor monétaire de deniers républicains découvert au lieu-dit Loulié. Mais il s’agit d’un dépôt postérieur à l’épisode militaire de 51 a.C. puisque sur l’ensemble des 39 deniers étudiés par M. Labrousse, apparaît un denier de M. Cordius Rufus émis entre 49 et 46 a.C28. On ne peut donc tirer argument de sa présence pour justifier d’une occupation significative du site de hauteur antérieure au milieu du Ier s. a.C.
J.-P. Girault, qui a recueilli et analysé toutes les données éparses dans la bibliographie depuis le XVIIe s., dans les musées et les collections particulières, arrive à la conclusion suivante : “la fin de l’âge du Fer n’est présente que de façon très discrète sur le plateau, notamment par des découvertes épisodiques de monnaies. Les découvertes de mobilier sont un peu plus abondantes à la Fontaine de Loulié, mais elles ne suffisent pas à attester une occupation importante et durable du site. À vrai dire, il n’est pas impossible qu’elles soient entièrement à mettre en relation avec l’épisode militaire de 51 a.C.”16.
Tout semble donc concourir pour faire du Puy-d’Issolud/Uxellodunum, non pas un habitat important au Second âge du Fer, mais plus certainement un lieu très secondaire, dont le nom ne nous est parvenu que parce qu’il a été le théâtre d’un épisode militaire majeur de la Guerre des Gaules. Les mentions contenues dans le livre VIII ne contredisent nullement cette hypothèse, puisqu’il nous est seulement dit qu’Uxellodunum est un “oppidum” naturellement bien défendu et placé dans l’orbite de la clientèle de Luctérios, tout, donc, sauf une place majeure dans l’organisation politique des Cadurques.
L’Impernal : permanence d’occupation depuis le Premier âge du Fer jusqu’à l’Antiquité tardive
C’est E. Castagné, agent voyer sous Napoléon III, qui initie les premiers travaux archéologiques sur le site29 et y met en évidence, quelques années après celui de Murcens (cf. infra 3. Murcens), un rempart de type murus gallicus. La topographie naturelle qui présente les caractéristiques d’un éperon rocheux dominant un méandre du Lot a été exploitée par les communautés humaines depuis le Néolithique.
Bien que sa superficie précise ne soit pas complètement assurée, dans la mesure où le système de fortifications n’a pas été reconnu de manière exhaustive, notamment sur le versant occidental, la topographie des lieux permet de l’estimer à une quinzaine d’hectares30.
L’essentiel des recherches anciennes menées par Armand Viré de 1912 à 1920 se sont concentrées sur la zone du rempart, puis sur celle du sanctuaire antique2. Elles ont permis de mettre en évidence un premier système de fortification, daté du Premier âge du Fer, présentant des traces de calcination2 dont on connaît une série de parallèles en France septentrionale31.
La fouille du murus gallicus a permis d’étudier sa structure interne et de mettre au jour une série de fiches en fer caractéristiques de ce type de fortification de la fin de l’âge du Fer. La découverte de squelettes et de crânes au sein de trois caissons du murus gallicus2 renvoie à des pratiques connues désormais à l’échelle européenne32.
La sidérurgie fut pratiquée sur le site2 : l’utilisation des ressources en sidérolithe, naturellement présente sur les causses, a sans aucun doute permis le développement de cette activité.
Dans le courant des années 1990, à l’occasion de travaux de mise en valeur du temple gallo-romain, un suivi archéologique a également permis de mettre en évidence, sous le niveau de fondation des murs de la cella, un niveau antérieur daté de la fin de l’âge du Fer33.
Le mobilier du Second âge du Fer (amphores italiques Dr. IA et Dr.1B, céramique campanienne A et B, céramique commune, instrumentum, monnaies ….) recueilli à L’Impernal s’insère dans une fourchette chronologique comprise entre la fin du IIe s. a.C. et le Ier s. a.C.8
On insistera sur l’absence de rupture majeure apparente dans l’occupation depuis le Premier âge du Fer jusqu’à l’Antiquité tardive30. C’est une spécificité du site, marquée notamment par la création d’un sanctuaire au Haut-Empire, qu’il convient de prendre en compte pour la réflexion sur sa place dans le paysage politique cadurque (cf. infra).
Murcens
Archétype de l’oppidum celtique, Murcens est connu par la littérature historique depuis le XIXe s.34. Mais ce sont les travaux précurseurs de E. Castagné qui vont impulser une véritable reconnaissance archéologique du site grâce à la mise en évidence, pour la première fois en France, d’un rempart de type murus gallicus29. Le travail d’E. Castagné à Murcens est exemplaire à plus d’un titre, tant il apparaît en avance au regard des fouilles de l’époque, à la fois par la précision des relevés du rempart et pour l’identification avec le murus gallicus décrit par César35 à l’occasion du siège d’Avaricum, avant même les interprétations de G. Bulliot à Bibracte, au point de devenir le modèle du rempart gaulois dans les manuels scolaires (fig. 2).
Il faudra ensuite attendre près d’un siècle pour que les recherches de terrain reprennent sur le site avec la réouverture d’une tranchée exploratoire sur le rempart, dans les années 50, mais surtout, à partir du milieu des années 80, avec un chantier de fouille programmée sous la direction d’O. Buchsenschutz, puis de G. Mercadier6. Les données issues des ultimes campagnes de fouille demeurent encore largement inédites.
Le site est implanté sur un vaste plateau tabulaire calcaire qui domine la confluence entre la vallée de la Rauze et du Vers, affluent du Lot, dans lequel il se jette quelques kilomètres plus au sud, au niveau d’Arcambal. Enclos par un puissant système de fortification sur ses versants nord et ouest, il est défendu par une ligne abrupte de falaises naturelles sur son pourtour méridional et oriental. La surface totale ainsi délimitée peut être estimée à environ 80 hectares pour le Second âge du Fer.
Des indices d’occupation du Premier âge du Fer ont été reconnus sur le plateau, qui peuvent correspondre à une zone funéraire révélée par la découverte ancienne d’une épée en fer conservée au Musée d’Archéologie Nationale de Saint-Germain-en-Laye36 mais également à un habitat partiellement exploré par sondages6.
La structure la mieux documentée du site demeure le rempart de type murus gallicus, puissant ouvrage ostentatoire (12 à 15 mètres d’assise au sol), conservé sur près de 5 mètres d’élévation et dont la construction associe terre, pierres et armatures de bois6. Ces dernières sont assujetties à l’aide de fiches en fer37, mises au jour lors des fouilles, ou grâce à la mise en place d’une prospection électromagnétique sur le tracé du rempart6. Le développement de l’ouvrage peut être suivi sur près de deux kilomètres. Un fossé en U peu profond (2 mètres de profondeur pour 4 à 5 mètres de largeur au sommet) a pu être également fouillé en avant du murus gallicus6. À l’arrière de ce dernier, les vestiges d’un petit atelier métallurgique ont été fouillés. Il a livré des résidus liés au travail du fer et du bronze. Ces derniers sont potentiellement liés à la fabrication de fibules de type Nauheim38.
Le mobilier le plus couramment mis au jour sur le plateau depuis deux siècles, le plus souvent par les travaux aratoires, est constitué par une masse très importante de fragments d’amphores importées, témoignant de l’insertion du site dans les échanges avec le pourtour méditerranéen. Les décomptes généraux établis à partir des découvertes d’amphores italiques dans le département font très nettement ressortir le rôle de place centrale joué par Murcens dans le domaine du commerce du vin, durant la fin du IIe s. et le début du Ier s. a.C.30
L’analyse des éléments de parure mis au jour lors des dernières campagnes de fouilles39 inscrit le fonctionnement du site dans un horizon chronologique compris entre La Tène C2 et La Tène D28. Par ailleurs, hormis la mention de monnaies romaines d’époque impériale aucun élément mobilier ou immobilier attribuable au Haut-Empire n’a été signalé sur le plateau de Murcens.
Conclusion : quelle place pour Murcens dans l’organisation politique du territoire cadurque ?
Les données historiques et numismatiques concourent pour suggérer que le territoire cadurque constituait au Second âge du Fer – au moins depuis le IIe s. a.C. – une entité fortement intégrée au plan économique et, partant, politique8. Elles soulignent également la place importante de cette entité dans le Sud-Ouest de la Gaule, tant au plan économique au moins depuis la même date, qu’au plan politique au moment de la guerre des Gaules (rôle éminent de Luctérios en 52 et 51 a.C.). Il ne semble donc pas incongru de considérer que nous sommes là face à une “civitas”, au sens donné à ce terme par César pour de nombreuses entités politiques de Gaule40. Cette forte intégration nous invite à y rechercher une place centrale, au moins pour la fin de la période, et conduit à se poser la question de sa localisation et du rôle joué par les divers sites identifiés sur le territoire de cette probable “cité”.
Le rapide examen de l’état de nos connaissances sur les trois principaux sites de hauteur documentés par l’archéologie – Le Puy-d’Issolud, l’Impernal et Murcens – montre qu’ils sortent du lot au sein du territoire cadurque, mais également qu’ils ont à la fois des points communs et des traits distinctifs qui invitent à ne pas les considérer sur le même plan.
Le Puy d’Issolud se distingue des deux autres sites – et, plus largement, de la plupart des autres sites de hauteur du territoire cadurque – à plus d’un titre. Il est d’abord le seul à être documenté par les sources antiques (César), ce qui, paradoxalement, ne contribue pas à éclairer la situation. Il se singularise surtout aux plans géographique et archéologique. Des trois sites mentionnés précédemment, il est le seul à ne pas être localisé sur le cours du Lot (au cœur du territoire cadurque) mais en limite nord (sur le cours de la Dordogne). Il est également le seul qui ne livre aucune trace d’une occupation importante au Second âge du Fer sur le plateau et dont la fréquentation soit si fortement ciblée, pour cette période, sur le milieu du Ier s. a.C. sur un lieu bien précis en dehors du plateau, la Fontaine de Loulié, où le poids de la présence militaire domine, au point d’en faire le site de Gaule le plus pourvu en militaria d’époque césarienne. Autant de signes qui nous invitent à considérer que cet “oppidum”, pour reprendre la dénomination césarienne, ne fut pas le siège d’un lieu de pouvoir important au Second âge du Fer, si tant est qu’il ait accueilli une occupation pérenne. De ce point de vue, les données archéologiques ne sont pas en dissonance avec les maigres informations fournies par le livre VIII de la Guerre des Gaules : un site bien défendu naturellement, mais un lieu secondaire au sein du territoire politique cadurque puisque placé dans la clientèle de Luctérios. Le fait que nous connaissons le nom du site (Uxellodunum) et qu’il est qualifié d’“oppidum” par César à l’occasion exclusive d’un épisode militaire, ne doit donc pas nous abuser41. On notera cependant que le Puy d’Issolud a en commun avec les deux autres sites, et avec plusieurs autres sites de hauteur du territoire, d’avoir connu une occupation protohistorique antérieure au Second âge du Fer. Il partage cette réalité avec Murcens et l’Impernal, voire avec le site de Gaiffié à Saint-Jean-de-Laur (Lot), puisque dans les quatre cas, nous avons des vestiges de pratiques funéraires (tumuli) de la fin de l’âge du Bronze ou du Premier âge du Fer. Mais il se distingue de Murcens et de l’Impernal par le fait que cette occupation est surtout dense autour d’un point d’eau en marge du plateau (la Fontaine de Loulié) et est sans doute liée à son exploitation par des habitats du secteur pas nécessairement localisés sur le plateau, ni fortifiés.
Murcens et l’Impernal sortent du lot pour des motifs très différents que nous allons rappeler ici, car ils nous semblent déterminants pour la compréhension de l’ensemble.
Ce sont les deux sites de hauteur fortifiés les plus vastes, Murcens se distinguant par sa grande superficie (80 hectares) qui le place au rang des grands oppida celtiques de Gaule, alors que l’Impernal atteint seulement une dizaine d’hectares. Ils ont en commun d’être dotés d’un puissant murus gallicus clairement reconnu. C’est un élément important qui, à la fois les distinguent dans le paysage cadurque42, mais également a une forte signification politique et économique compte tenu de la représentation attachée à ce type de structure et de l’investissement humain et financier que représente sa construction. Le caractère ostentatoire de ce système défensif et son corollaire, l’utilisation massive et apparemment déraisonnable de grandes fiches de fer mises en œuvre afin d’assujettir le maillage interne de fortes pièces de bois, ont déjà été abondamment soulignés dans la littérature européenne. Les quantités de fiches en fer nécessaires pour un rempart comme celui de Murcens ou de L’Impernal impliquent en effet un volume de production métallurgique très élevé au sein d’ateliers locaux. Déjà au XIXe s. et au début du XXe s., cet investissement n’avait pas échappé à Castagné ou à Déchelette : on estimait, alors, à 13 500 mètres cubes de bois et 11 200 kilogrammes de fer43 les volumes de matériaux nécessaires à l’édification du murus gallicus de Murcens…
La présence d’un murus gallicus de dimension réduite à l’Impernal ne constitue pas un unicum puisqu’un certain nombre de sites du même type sont désormais reconnus dans d’autres régions. Ainsi, en Berry, ils sont interprétés comme des lieux de résidence aristocratique44.
Quelle que soit l’interprétation que l’on donne à ce phénomène – affirmation d’une puissance en montrant les capacités de ses artisans métallurgistes à relever le défi d’une production en série, processus indirect d’écoulement de surplus, commande publique visant à centraliser les activités artisanales au sein d’un lieu dont les limites seraient précisément matérialisées par cette enceinte, travail collectif45 impliquant l’ensemble de la population d’un territoire donné placé sous l’égide d’un pouvoir central – il atteste la capacité de mobilisation de moyens du groupe qui l’a construit et, partant, l’importance des sites dont il est doté dans l’organisation du peuplement du territoire.
L’importance du rôle économique de ces deux sites est confirmée par le poids des échanges que l’on perçoit au travers de la circulation monétaire notamment la diversité des origines (cf. supra). Mais on notera que Murcens se situe très vraisemblablement à un niveau supérieur si l’on en juge notamment par le trafic du vin.
Ces deux sites se distinguent par ailleurs par la présence bien identifiée de mobiliers caractéristiques des oppida du Second âge du Fer (monnaie, céramique d’importation, fibules, objets en pâte de verre, artisanat des métaux).
Au plan chronologique, il faut souligner la présence de quelques objets de parure de La Tène A à l’Impernal et de La Tène C2 à Murcens, qui suggère que le développement de ces deux sites à la Tène D1 se fait sur des lieux déjà occupés antérieurement8. L’indigence de la documentation ne permet toutefois pas de caractériser plus avant ces occupations ni de confirmer une pérennité de l’habitat depuis le début du Second âge du Fer.
Le point le plus remarquable réside dans le fait que les deux sites semblent se développer au même moment (deuxième moitié du IIe s. a.C.). La reprise de l’étude de leurs mobiliers montre clairement une synchronie dans l’occupation au début de la Tène D1, comme en témoignent l’horizon de type Nauheim mis en évidence8. L’analyse des assemblages de parures couplée avec le décompte des importations méditerranéennes renvoie l’image d’une montée en puissance des deux sites durant le début de La Tène D2.
L’occupation principale de Murcens est centrée sur La Tène D1 et le début de La Tène D2 mais ne paraît guère dépasser le milieu du Ier s. a.C. À l’Impernal, les nombreux éléments de parure recueillis montrent la permanence de l’occupation durant La Tène D2 et le Haut-Empire, sans rupture significative8. L’édification d’un sanctuaire et de bâtiments durant le Haut-Empire témoigne du rôle important qu’a continué à jouer le site, malgré les modifications induites par la réorganisation romaine de la cité des Cadurques. C’est là un point qui le distingue de Murcens qui paraît assez rapidement abandonné au moment où est créée la capitale de la cité romaine, Divona, implantée à mi-chemin entre les deux sites de hauteur, dans un méandre du Lot occupé aujourd’hui par la ville de Cahors. Il n’est pas neutre de rappeler qu’aucune trace d’occupation de la fin de l’âge du Fer n’a été identifiée à ce jour dans cette dernière46.
Une autre distinction entre ces deux sites a trait à l’ancienneté du système de fortification et de l’occupation du site de l’Impernal antérieurement au Second âge du Fer. Un rempart massif y est, en effet, édifié dès le Premier âge du Fer. Il s’agit là d’un phénomène de perchement et de structuration des habitats, maintenant connu à plusieurs exemplaires47 sur la bordure sud-ouest du Massif Central. À cette époque, l’Impernal joue sans doute un rôle structurant pour la vallée du Lot par rapport à Murcens ou au Puy d’Issolud, qui paraissent connaître une occupation dont il paraît difficile de mesurer l’importance mais qui ne semble pas majeure.
In fine, il nous semble possible, sur le fondement de ces données et malgré leur caractère souvent lacunaire, de proposer un schéma d’évolution de l’organisation politique du territoire cadurque.
La création – ou du moins le développement – du site de Murcens signalerait la centralisation du pouvoir à l’échelle de la cité cadurque, avec la mise en place d’un système de fortification à forte valeur ostentatoire sur un site de vaste superficie, qui renvoie au schéma de l’oppidum centre-européen. La possible émission de monnaies (oboles au cheval) sur le site, dans la première moitié du Ier s. a.C., viendrait confirmer cette hypothèse48.
Il est également frappant de constater que le site est abandonné lorsque la capitale de cité romaine (Divona) est créée et, surtout, que subsiste alors une manière de cordon ombilical entre Murcens et Divona : l’aqueduc qui alimente Divona en eau durant l’antiquité romaine prend en effet sa source au pied de l’oppidum de Murcens. Le captage semble avoir été organisé à la fois autour d’une résurgence vauclusienne située au pied des falaises de l’oppidum, et en tirant parti du cours du Vers. L’hypothèse d’un sanctuaire directement articulé avec le captage a été avancée récemment49. Il paraît difficile de considérer que cet ensemble de faits soit purement fortuit, surtout si l’on ajoute que le site même de Divona est caractérisé par la présence d’une autre résurgence vauclusienne, la Fontaine des Chartreux, qui a été le lieu de pratiques cultuelles dès la fondation de la ville romaine50.
Il ne s’agit d’ailleurs pas là d’un cas isolé de très probable organisation sous-tendue par une forte charge symbolique. À Vorgium, capitale de cité romaine des Osismes (Finistère), l’aqueduc prend sa source au pied même de l’oppidum de Paule (Côtes d’Armor). Ce lien “organique” entre les deux sites nous semble signer, dans les deux cas, le transfert de la capitale de cité d’un lieu – le site de hauteur perché de l’âge du Fer – à la ville romaine en plaine. Ce phénomène nous rapproche des nombreux cas de transferts de capitales de cités à la fin du Ier s. a.C. en Gaule, signant ainsi la caducité du phénomène des oppida : les lieux choisis par le pouvoir indigène pour leurs qualités sans doute symboliques (point dominant et volontairement à l’écart des grands circuits commerciaux) sont abandonnés au profit de lieux correspondant plus aux “canons” de l’urbanisme à la romaine et aux nécessités économiques du territoire51.
Le site de l’Impernal constituerait un lieu de pouvoir à une échelle locale, installé dans la longue durée, déjà implanté au Premier âge du Fer et pérennisé à l’époque romaine par l’implantation d’un sanctuaire. Le phénomène semble marquer la volonté de maintenir la prééminence du site au Haut-Empire, au moins à titre symbolique. Faut-il y voir la permanence d’un lignage cadurque, inscrit dans la durée, qui aurait réussi à prendre le virage de la nouvelle donne romaine, alors que le rôle spécifique joué par Murcens ne lui aurait pas permis de subsister dans la nouvelle organisation politique ?
Le Puy d’Issolud semble plutôt jouer, quant à lui, le rôle de point de fixation stratégique au cours de l’ultime épisode de la guerre des Gaules, sans que l’on puisse lui attribuer un rôle significatif dans l’organisation politique antérieure du territoire52. Au mieux, il a pu constituer un lieu de pouvoir intermédiaire, à une époque où l’intégration politique de l’entité cadurque n’était pas encore achevée, c’est-à-dire avant la deuxième moitié du IIe s. a.C.
Au bout du compte, deux impressions dominent.
En premier lieu, le territoire cadurque, dont les élites se sont sans doute très tôt réunies dans une dynamique commune, a progressivement atteint une intégration politique forte du fait de son dynamisme économique, qui culmine avec la “réussite” de Murcens comme place centrale. D’autre part, il semble assez clair qu’une partie des élites cadurques a su tirer le meilleur gain possible de la croissance économique, insufflée notamment par les échanges avec le monde méditerranéen53 dès La Tène D1, puis passer le tournant de la guerre des Gaules, en dépit de l’épisode d’Uxellodunum, pour enfin tirer tous les bénéfices de la création d’une capitale de cité sans rechigner à s’inscrire dans le cursus honorum. Il s’agit là d’une proposition prudente, que l’on peut formuler à la lumière de ce que l’on connaît aujourd’hui du phénomène de romanisation des élites en Gaule, et qui expliquerait la soudaineté apparente de l’abandon de Murcens face à la permanence insolente de l’Impernal, avant la montée en puissance progressive de Divona. De la même façon, la découverte près de Cahors d’une inscription, datée du Ier s. p.C., mentionnant que M. LVCTER(IVS), fils de LVCTERIVS SENECIANVS a occupé la charge de grand prêtre au sanctuaire confédéral des Trois Gaules à Lyon54, pourrait indiquer l’existence d’une “gens locale de dirigeants cadurques” issue de l’illustre chef cadurque Luctérios55. Il s’agit là d’une hypothèse séduisante qui s’inscrit plus largement dans les réflexions portant sur l’intégration de chefs locaux et de leur clientèle au système politique et économique post-conquête56.
Bibliographie
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Notes
- Champollion-Figeac 1820.
- Viré 1908.
- Nos remerciements à Jean Vaquer qui a bien voulu nous signaler et nous transmettre la reproduction de Jean Swart tirée d’une édition originale de la Guerre des Gaules de Samson d’Abbeville publiée en 1743.
- Cessac 1862 ; Castagné 1874.
- Viré 1936.
- Buchsenschutz & Mercadier 1990.
- Girault 2007.
- Izac-Imbert & Vaginay à paraître.
- Izac 1995 ; Buchsenschutz & Izac 2000.
- Buchsenchutz 1984 ; Colin 1998 ; Fichtl 2000 ; Buchsenschutz 2007.
- Caes., Gal., 8.32.
- Travaux de P. Pisani synthétisés dans Maveraud-Tardiveau 2007.
- Napoléon III 1866.
- Vaginay, dir. 2003 ; Girault 2007, Girault 2010.
- Girault 2007, 269, fig. 9.
- Girault à paraître.
- Girault 2007, 278-279 et 281, fig. 17 à 20.
- Girault 2007, 268, fig. 8 et 275, fig. 14.
- Girault 2007, 272, fig. 13.
- Caes., Gal., 8.30.32.
- Girault 2007, 265.
- Castagné 1874; Viré 1908.
- Castagné 1874 ; Girault 2010, 232.
- 1 monnaie en argent au monstre hybride LT 4309 (Pétrocore), 1 denier en argent à légende TOGIRIX (Séquane), 1 bronze à légende LUXTIIRIOS (CAD 4367), 2 bronzes (Arvernes), 7 potins LT 4091 et 1 bronze à légende VANDIIALOS (Biturige), 1 potin à la grosse tête, 1 monnaie en argent non identifiée, 1 monnaie en bronze et 1 potin non identifiés : Girault à paraître.
- L’analyse des fourchettes de datations obtenues par la méthode du 14C, réalisées sur des échantillons de bûches carbonisées ou par mesures archéomagnétiques sur des sols rubéfiés associés au mobilier militaire va dans le même sens (Girault 2007, 273).
- Guère plus de 1000 fragments d’amphores italiques, 3 fragments de céramique à vernis noir dont “un éclat de campanienne B ou Boïde”, 1 fibule en bronze attribuable au Ier s. a.C., (face à plus de 700 pointes de flèche et 70 fers de trait de catapulte) : Girault à paraître.
- J.-P. Girault recense dans le secteur de la Fontaine de Loulié, parmi les découvertes anciennes 5 monnaies gauloises : 1 drachme en argent à la croix (groupe à tête triangulaire), 1 monnaie en argent allié à légende LUXTIIRIOS, 1 bronze à légende LUXTIIRIOS, 1 bronze à légende VANIILOS (Bellovaques), 1 potin au bucrane (Rème). Il y ajoute “une dizaine de monnaies gauloises dont 2 bronzes à légende LUXTIIRIOS” qui “auraient été trouvées par A. Laurent-Bruzy lors de ses recherches à la Fontaine de Loulié” (Girault à paraître). Dans ses propres fouilles, J.-P. Girault décrit 9 monnaies gauloises : 1 bronze à légende CONNOS EPILLOS LT 4578, 1 bronze à légende MOTUIDIACA, 1 bronze à légende GIAMILOS (Sénons), 2 bronzes à légende LUXTIIRIOS (CAD 4367), 1 drachme à la croix (groupe à tête triangulaire), 2 drachmes à la croix (groupe de Cuzance), 1 drachme à la croix non identifiée (Girault à paraître).
- Labrousse 1966.
- Castagné 1874.
- Izac 1995.
- Gruat et al. 2007.
- Buchsenschutz & Ralston 2007.
- Filippini 2010, 190-191 et fig. 162.
- Cuquel 1865.
- Caes., Gal., 7.23.
- Filippini 2010, 260
- La série de fiches en fer issues du site de Murcens a fait l’objet d’une campagne de stabilisation par le laboratoire Materia viva de Toulouse (Monique Drieux dir.).
- Filippini 2010, 161.
- Le reconditionnement des mobiliers issus des dernières campagnes de fouille (G. Mercadier resp.) vient d’être réalisé par F. Fantuzzo au dépôt archéologique régional.
- Fichtl 2004.
- Il ne faut en effet pas exclure que ce nom nous soit parvenu essentiellement parce qu’il fut le lieu d’une bataille, sans qu’il faille pour autant en déduire l’existence d’une occupation gauloise importante avant cet épisode militaire. A. Duval qui a mené, il y a quelques années, une enquête sur les toponymes issus notamment d’Uxellodunum gaulois en Gaule était parvenu à l’hypothèse, fort séduisante, que ce nom avait plus de chance de désigner un lieu-dit (un point remarquable par sa topographie) qu’un habitat de quelque ampleur (information orale). Le texte de César ne dit rien de différent, comme s’il traduisait en latin le toponyme gaulois : egregie natura loci munitum = “un lieu puissamment défendu par la nature” (Caes., Gal., 8.30). Quant à l’appellation d’oppidum, on peut aisément comprendre que l’importance de l’investissement militaire de César pour venir à bout des “irréductibles Gaulois” (plus de 30 000 hommes sans compter les impedimenta) l’aient incité à une telle qualification (légèrement excessive ?) du lieu.
- Le murus gallicus des Césarines à Saint-Jean-Lespinasse ne nous semble pas complètement assuré aujourd’hui ; les sondages pratiqués par P. Couanon en 1991 ne mentionnent aucune trace d’un tel rempart (P. Couanon, Adlfi, notice N1997-MP-0255).
- Déchelette 1927.
- Buchsenschutz et al. 2010.
- Buchsenschutz et al. 1993.
- Filippini 2010.
- On citera par exemple : Berniquaut (Sorèze – 81), Cordouls (81), La Granède (Millau – 81), Montans (81), Le Puech de Mus (Sainte-Eulalie-de-Cernon – 12) ou Le Cluzel (Toulouse – 31).
- Feugère & Py 2011, 353 ; Izac-Imbert & Vaginay à paraître.
- Rigal 2009.
- Fau & Rousset 1995.
- Vaginay à paraître.
- Il paraît évident, compte tenu du contexte politique et militaire de ce siège (l’extrême fin de la guerre, César s’apprêtant à rentrer à Rome pour remettre son mandat), que ce n’est pas tant le lieu qui intéressait César, que les troupes qui s’y étaient réfugiées et constituaient une sérieuse préoccupation pour le pouvoir césarien.
- Il serait surprenant que l’assise économique du territoire cadurque fût fondée uniquement sur ce trafic et ne reposât pas sur d’autres ressources (agriculture, artisanat des métaux…). On sait également que les Cadurques étaient réputés pour leur artisanat du lin (Strab., Géogr., 4.2.1).
- CIL, XII, 1541.
- Boudet 1990.
- Goudineau & Peyre 1993 ; Pailler 2010.