Les gemmes magiques se reconnaissent à leurs symboles astraux et surtout aux inscriptions grecques ou aux translittérations en grec de mots égyptiens, hébreux ou araméens. Ces nomina sacra tirent leur efficience d’eux-mêmes et peuvent n’avoir aucun rapport avec le sujet représenté. Le répertoire compte aussi bien des divinités du cercle isiaque que d’autres déités de la vallée du Nil. Les gemmes magiques avec Isis sont peu nombreuses par rapport aux gemmes privées d’inscriptions et aux autres gemmes à sujets égyptiens. Sur les gemmes magiques, Isis est normalement représentée selon ses antiques caractères, surtout quand elle est accompagnée d’Osiris.
La présence des divinités égyptiennes s’explique par les pouvoirs magiques que leur conférait la tradition nilotique. Les multiples capacités des dieux égyptiens, et notamment d’Isis, devenue polymorphe et polyonyme, sont détournées vers le champ magique pour satisfaire des exigences spécifiques, éloignées de la religion officielle. Pour utiliser une intaille magique à l’image d’Isis ou de Sarapis, il n’était pas nécessaire d’être un isiaque, car les divinités du cercle isiaque reçoivent ici une nouvelle lecture. Les papyrus magiques d’Égypte (en grec, démotique ou copte) traduisent une fusion d’éléments divers (égyptiens, juifs, chrétiens), dont le résultat est “un syncrétisme-hénothéisme”, une fusion qui pointerait vers Alexandrie et ses multiples composantes culturelles1.
- Cf., du même auteur, “Magic Syncretism in the Late Antiquity: Some Examples from Papyri and Magical Gems”, Ilu. Revista de ciencias de las religiones, 6, 2001, 183-199 ; ead., “Magia e potere delle immagini: il caso dei soggetti egiziani”, dans A. Mastrocinque (éd.), Atti dell’ incontro di studio “Gemme gnostiche e cultura ellenistica”. Verona, 22-23 ottobre 1999, Bologne, 2002, 225-242.