Les cultes isiaques en Pisidie sont attestés par plusieurs types de documents (p. 292) : une demi-douzaine d’inscriptions, à Adada (RICIS 312/0601), Olbasa (RICIS 312/1001), Pogla (RICIS 312/0801) et Termessus (RICIS 312/1501-1502), – liste à laquelle nous pouvons ajouter Kitanaura (RICIS 312/0301-0302) et Comama (RICIS Suppl. I 312/1601) –, des monnaies à Adada, Apollonia Mordiaeum, Ariassus, Cremna, Isinda, Olbasa, Pogla, Prostanna, Sagalassus et Seleucia Sidera, et des documents iconographiques nombreux à Sagalassus. Parmi ceux-ci, on notera un skyphos décoré d’une applique à l’image d’Isis (p. 298 et fig. 1), un fragment d’applique avec une probable représentation d’Isis lactans (p. 298-299 et fig. 2), plusieurs fragments de figurines de terre cuite du IIe siècle p.C. qui doivent être des Éros-Harpocrate (p. 299-300 et fig. 3-5), une plaquette fragmentaire des IIe-IIIe siècles p.C. avec la représentation d’Héraklès debout et d’Harpocrate chevauchant un âne (?) (p. 300 et fig. 6), un buste d’Isis fragmentaire en marbre d’époque impériale (p. 301 et fig. 11-12).
Pour P. T., la présence des divinités isiaques sur le monnayage civique de Sagalassus, comme des autres cités pisidiennes, exprime une volonté locale, officielle, qui peut être mise en relation avec les préférences du pouvoir impérial, mais n’est pas liée directement à celui-ci (p. 304). La vaisselle à représentation isiaque, les nombreuses figurines, la statuette d’Isis inscrivent les cultes isiaques dans la réalité religieuse quotidienne de la population pisidienne. Il est remarquable d’y retrouver Isis, et surtout Harpocrate, mais non Sarapis. Si le dieu est associé au culte impérial dans la dédicace du sanctuaire d’Adada, et donc intimement lié au pouvoir, il est absent des images exprimant la piété privée.
La diffusion des cultes isiaques en Pisidie à partir du milieu du IIe siècle p.C. au moins pourrait en partie s’expliquer par la présence dans la légion XX II Deiotariana, qui stationna en Égypte entre 23 et 119 p.C., de soldats issus de l’armée du dernier roi de Galatie, Amyntas, qui comptait de nombreux Pisidiens dans ses effectifs. Plusieurs citoyens de haut rang de Sagalassus connurent une brillante carrière à l’extérieur de la Pisidie, comme L. Gellius Maximus, médecin personnel de l’empereur Caracalla après avoir été procurator du Musée d’Alexandrie (p. 308-309). Par ailleurs, les liens commerciaux entre la Pisidie et l’Égypte sont attestés par la découverte à Alexandrie de produits céramiques fabriqués à Sagalassus, et de produits égyptiens dans la cité pisidienne (p. 310-312) ; ils ont pu faciliter l’introduction d’Isis et d’Harpocrate en Pisidie.
La célébration des jeux pentétériques du Serapeion Alexandreion à Pogla peut alors s’expliquer par les liens commerciaux (exportation de blé) entre la cité et Alexandrie (p. 313). Le port ayant servi d’interface aurait été Perga (p. 314), où les cultes isiaques sont aussi clairement attestés (cf. RICIS 314/0501).