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Le prince héritier à Sparte

Pierre Carlier
Texte édité par Christian Bouchet et Bernard Eck

Paru dans Διάδοχος τῆς βασιλείας: la figura del sucesor en la realeza helenistica,
V. Alonso Troncoso dir., Anejos Gerión IX, Univer. Complutense, Madrid, 2005, p. 21-28.

Comme chacun sait, il y a eu à Sparte, du VIIIe siècle au moins jusqu’au IIIe siècle, non seulement deux rois, mais deux dynasties royales régnant conjointement. Ces deux dynasties prétendaient descendre de deux jumeaux, les fils d’Aristodamos Eurysthénès et Proclès qui ont fondé la cité lors du retour des Héraclides. Les deux rois de Sparte étaient protégés par un autre couple de jumeaux laconiens, les Dioscures Castor et Pollux1.

Dans chacune des deux dynasties, la succession était strictement héréditaire. Le mérite ne jouait aucun rôle. Lors de la succession d’Anaxandridas vers 520, Dorieus, malgré ses qualités remarquables, ne parvint pas à évincer son frère aîné Cléomène, qui reçut la royauté conformément au νόμος (Hdt. 5.42) ; de même, le projet révolutionnaire de Lysandre visant à rendre la royauté élective fut vite enterré2. Cette loi successorale spartiate n’est pas exactement la primogéniture, mais ce que les modernes, reprenant un terme byzantin, appellent la porphyrogénèse : selon Hérodote, le premier fils né après l’avènement de son père avait un droit supérieur à ses frères nés avant l’avènement (8.3). Nous n’avons aucun témoignage direct de rivalité entre un porphyrogénète et son frère aîné, mais divers indices tirés des successions indirectes tendent à confirmer le témoignage d’Hérodote3.

Le premier fils né après l’avènement de son père, c’est-à-dire le prince héritier, est, selon Plutarque, AgésilasΙer, dispensé de l’éducation collective spartiate, la fameuse ἀγωγή : ταύτης ἀφίησιν ὁ νόμος τοὺς ἐπὶ βασιλείᾳ τρεφομένους παῖδας. On ne saurait dire si cette périphrase (“élevés en vue de la royauté”) tenait lieu de désignation officielle des princes héritiers à Sparte. Aucun titre analogue à “dauphin”, “Kronprinz”, “prince of Wales” ou “prince des Asturies” n’est en tout cas attesté4.

Comme l’ἀγωγή commence à sept ans, la loi mentionnée par Plutarque implique que la qualité de prince héritier soit reconnue à quelqu’un dès l’enfance, sinon dès la naissance, ce qui confirme l’existence d’un droit dynastique clair. Aucune source ne nous dit qui décidait de dispenser un jeune prince de l’ἀγωγή et de reconnaître ainsi son droit à régner ultérieurement : on peut supposer que c’était le roi son père, à condition que ni les éphores, ni les gérontes ni l’assemblée n’émettent de protestation. Il arrive que la décision prise alors soit plus tard remise en cause, soit au moment de la succession (Léotychidas fut ainsi écarté au profit d’Agésilas lors de la mort d’Agis II5) soit après l’accession à la royauté (c’est ce qui arriva à Démarate6). Dans les deux cas, la mise à l’écart d’un ancien prince héritier se fonde sur le fait que sa filiation est contestée, et qu’il n’est plus considéré comme appartenant à la famille royale. Légitimité familiale et qualité royale vont de pair. Ces contestations d’un droit d’abord reconnu, loin de limiter la portée de la règle dynastique, en confirment au contraire l’importance.

Le contexte du passage précité de l’Agésilas de Plutarque est intéressant. Plutarque indique qu’Agésilas, qui était le frère cadet d’Agis, a, contrairement à son frère aîné, reçu l’éducation spartiate traditionnelle, ce qui a été, selon Plutarque, une chance pour Agésilas. Il a appris à obéir et non seulement à commander, il a gardé de son éducation une attitude “populaire et bienveillante”, δημοτικὸν καὶ φιλάνθρωπον, vis-à-vis de ses concitoyens. Agésilas a été un excellent roi parce qu’il n’a pas été un prince héritier. Plutarque reprend ici un thème récurrent de la réflexion politique sur la monarchie. Un roi gouverne d’autant mieux qu’il n’a pas été corrompu par l’éducation donnée aux fils de roi. C’est une idée que l’on trouve fréquemment développée dans la réflexion grecque sur les souverains achéménides : Cyrus a été un excellent roi, son fils Cambyse est tombé dans la démesure ; Darius a été sage et énergique, ses descendants ont été dépourvus de ces qualités7.

Que les princes héritiers – et eux seuls – aient été tenus à l’écart du système d’éducation collective de la cité spartiate tient sans aucun doute à une conception très ancienne de la dignité (τιμή) et du caractère sacré des rois8, et des futurs rois, dès leur enfance. La règle a peut-être été aussi préservée pour des raisons politiques : les futurs rois, tenus à l’écart de leurs concitoyens, avaient moins de facilité à se constituer dès l’enfance des réseaux d’amitié. Le cas d’Agésilas, qui était parvenu à contrôler la cité par ses nombreux amis, fournit un bel exemple a contrario. L’isolement des princes héritiers ne doit pas cependant être exagéré. Jeune adulte, en 378, Archidamos fils d’Agésilas avait comme éromène Cléonymos fils de Sphodrias, et intervint auprès de son père en faveur du père de son bien-aimé9 ; il s’agissait d’un lien durable, qui se prolongea jusqu’à la mort de Cléonymos à Leuctres en 371. D’autre part, un prince héritier pouvait conclure une alliance matrimoniale avec une puissante famille spartiate. Enfin, bien sûr, le futur roi avait en général l’appui d’une bonne partie de la clientèle de son père. Ce qui manquait aux fils de rois élevés pour être rois, c’est d’avoir eu des camarades.

Nos sources ne nous disent pas si, dans le cadre des repas en commun, les princes héritiers participaient à des tablées qui se cooptaient, ou s’ils étaient isolés dans la “tente royale” avec les deux rois, les Pythioi et les invités que les rois honoraient en leur attribuant la deuxième ration qu’ils avaient reçue du peuple10.

Quand un prince héritier a atteint l’âge adulte, il peut, tout comme un roi, être chargé de commander l’armée de la cité, composée de Spartiates et de périèques, la φρουρά ; le prince héritier est alors, tout comme un roi, accompagné d’une garde d’honneur qui combat devant lui11. Nous avons trois exemples de princes héritiers ayant assuré du vivant de leur père la direction des opérations militaires :

  • En 371, Archidamos fils d’Agésilas est envoyé en Béotie après la défaite de Leuctres à la tête d’une armée de secours (X., HG 6.4.17-18, précise qu’Agésilas n’est pas encore alors remis de sa maladie) ; ensuite, c’est Agésilas lui-même qui anime la défense de Sparte face à l’invasion thébaine, mais c’est Archidamos qui, en 368, mène “avec les citoyens”, μετὰ τῶν πολιτῶν, la première contre-offensive victorieuse en Arcadie (HG 7.1.28), comme la campagne arcadienne de l’année suivante (HG 7.4.20). C’est une petite troupe dirigée par Archidamos qui, selon Xénophon (HG 7.5.12), aurait repoussé Épaminondas lors de son invasion surprise de 362. Futur roi et déjà chef militaire prestigieux, Archidamos incarne quelque temps un espoir de restauration de la puissance spartiate. C’est à lui, non à Agésilas ni à Cléomène II, qu’Isocrate prête le discours fictif incitant les Spartiates à être fidèles à leur histoire et à refuser l’abandon de la Messénie – discours intitulé précisément Archidamos.

  • Acrotatos fils de Cléomène II, qui ne régnera jamais parce qu’il meurt avant son père, dirige vers 315 une expédition en Italie et en Sicile au cours de laquelle, selon Diodore (19.70), il se montre brutal et devient vite impopulaire12. En revanche, il semble que Pausanias (8.27.11) commette une erreur lorsqu’il attribue au fils aîné de Cléomène II une expédition contre Mégalopolis au cours de laquelle il aurait trouvé la mort13.

  • Son petit-fils et homonyme Acrotatos fils d’Areus Ier (cet Acrotatos régnera quelques années à partir de 26514) anime la défense de Sparte contre Pyrrhos en 271 en tant que prince héritier ; son père est absent, parce qu’il est en train de guerroyer en Crète (Plu., Pyrrh. 26-28).

La direction de l’armée de la cité est toujours confiée à un personnage royal, l’un des deux rois ou le régent d’un roi mineur ou un prince héritier. Jusqu’en 506, les deux rois de Sparte pouvaient commander ensemble l’armée de la cité, mais en 506, à Éleusis, Cléomène Ier donne l’ordre de poursuivre l’invasion de l’Attique, et Démarate celui de faire retraite. Tirant la leçon de cette désastreuse διχοστασία, les Spartiates décident de ne confier le commandement qu’à un seul des rois (Hdt. 5.74). Du même coup, les Spartiates – probablement l’assemblée sur proposition des éphores – se donnent la possibilité de choisir le chef de l’expédition, entre deux candidats possibles15. Ce choix subsiste quand l’un des deux rois est mineur : les Spartiates peuvent confier les opérations au régent tuteur de ce roi mineur (il y a de très nombreux exemples, le plus célèbre étant le commandement du régent Pausanias à Platées). Ce choix subsiste aussi quand l’un des rois est très âgé ou qu’il est au loin : les Spartiates peuvent choisir son fils le prince héritier. De la sorte, les Spartiates concilient une préoccupation religieuse très ancienne – réserver le commandement de l’armée de la cité à des personnages investis d’un charisme héréditaire et protégés par les Dioscures – et une certaine marge de choix politique (entre un Agiade et un Eurypontide) permettant de tenir compte des compétences et des loyautés présumées.

Il est probable que le prince héritier, comme le régent, était investi d’une certaine δύναμις royale. C’est ce que suggère l’examen de quelques cas de succession indirecte. Si le droit successoral à Sparte était fondé sur la primogéniture, comme l’ont supposé certains historiens modernes16, Euryanax fils de Dorieus aurait dû succéder à Cléomène Ier au lieu de Léonidas puis Cléombrote. La règle du “plus proche agnat” imaginée par d’autres historiens17 rendrait bien compte de l’avènement de Léonidas, frère de Cléomène Ier, mais elle se trouve contredite par une autre succession : à Pleistarchos fils de Léonidas succède (vers 458) Pleistoanax, son cousin issu de germain, et non son cousin germain Nicomède, qui est seulement désigné comme régent. La règle de la porphyrogénèse mentionnée par Hérodote (8.3) explique fort bien ces deux successions que les modernes ont jugées étranges : Léonidas devient roi parce qu’il est le fils d’un roi, Anaxandridas, tandis qu’Euryanax a été engendré par un simple particulier, un ἰδιώτης18 ; Pleistoanax a sur son oncle Nicomède l’avantage d’être le fils d’un régent, Pausanias, investi d’une certaine puissance royale. En 309, la succession de Cléomène II est revendiquée d’une part par Cléonyme, fils cadet du roi défunt, d’autre part par Areus, fils aîné du prince héritier Acrotatos mort avant son père. La Gérousia tranche en faveur d’Areus19. Des considérations politiques ont peut-être joué, la personnalité de Cléonyme étant jugée inquiétante20, mais les partisans d’Areus ont pu aussi invoquer d’excellents arguments d’ordre juridique. D’après la règle de primogéniture, la royauté devait revenir à Areus, d’après celle du plus proche parent, à Cléonyme. Si l’on raisonne par analogie avec la succession de Cléomène Ier, Cléonyme aurait dû hériter. Le parallèle est cependant très inexact, car la situation d’Areus est, sur un point fondamental, très différente de celle d’Euryanax : il n’est pas le fils d’un cadet, un ἰδιώτης, mais l’héritier du prince héritier. Le père d’Areus était détenteur d’une certaine puissance royale : à cet égard, le cas d’Areus est plus proche de celui de Pleistoanax, fils du régent Pausanias, que de celui d’Euryanax. La préférence accordée à Areus est tout à fait conforme à l’esprit du droit dynastique de Sparte. L’exercice de la royauté, ou des pouvoirs royaux de régent ou de prince héritier, accroît le charisme royal qu’un membre de la famille royale peut transmettre à son fils. Il est certes possible que le νόμος n’ait pas prévu littéralement le cas de succession qui se présenta en 309, mais la décision prise est fidèle aux conceptions traditionnelles. Que les Spartiates l’aient fait ou non, il semble possible de formuler une règle unique qui rende compte de toutes les successions intervenues jusqu’au milieu du IIIe siècle : la royauté revient de droit au plus proche descendant du plus récent détenteur du pouvoir le plus royal.

L’on a longtemps pensé, en s’appuyant sur une inscription de Delphes, qu’à l’époque hellénistique certains princes héritiers de Sparte pouvaient être assimilés à des rois dans la propagande dynastique. Le décret honorifique des Delphiens en l’honneur d’un roi Areus21 se présente ainsi :

Θεοί
Δελφοὶ ἔδωκαν Ἀρεῖ βασιλεῖ βασι
λέως Ἀκροτάτου καὶ Χιλιώνιος
βασιλίσσας, αὐτῶι καὶ ἐκγόνοις
προξενίαν, προμαντείαν, προε
δρίαν, προδικίαν, ἀσυλίαν, εὐ
εργεσίαν, ἄρχοντος Ἐμμενί
δα, βουλευόντων vacat

Beaucoup d’épigraphistes et d’historiens, à la suite de Dittenberger, ont supposé que le roi Areus honoré par les Delphiens était le célèbre Areus Ier qui régna de 309 à 265, celui qui fit figurer son nom sur les monnaies de la cité22. Les Delphiens, voulant honorer le puissant roi de Sparte, auraient accordé le titre royal à son père et à sa mère, alors qu’Acrotatos n’a jamais régné, (même s’il a joué un rôle militaire en tant que prince héritier). L’autre hypothèse, généralement écartée, serait que l’Areus honoré par les Delphiens soit l’enfant Areus II, fils posthume23 du roi Acrotatos. Cet Areus II mourut à l’âge de huit ans24, et beaucoup d’historiens ont estimé qu’il était peu vraisemblable que la cité de Delphes accorde de tels honneurs à un enfant.

On peut d’abord noter que, sur les dédicaces d’Olympie25 et d’Orchomène26, Areus Ier est simplement appelé “le roi Areus, fils d’Acrotatos”27. En outre, le nom de la mère du roi honoré à Delphes mérite attention : c’est celui de la fameuse Chilonis dont Plutarque nous dit qu’elle abandonna son vieux mari Cléonyme pour le jeune Acrotatos, petit-neveu de Cléonyme28. Ce nom est un indice en faveur de l’identification du roi honoré à Delphes avec Areus II, mais ce n’est pas un argument décisif, parce que le nom de la mère d’Areus Ier est inconnu et parce que Chilonis est un nom récurrent dans l’aristocratie spartiate.

Ce qui permet de trancher, c’est le nom de l’archonte de Delphes. L’archontat d’Emménidas est incontestablement postérieur à la mort d’Areus Ier29 ; selon le système chronologique adopté, on le date de 255/254 (c’est le plus probable) ou de 252-25130.

Il est certes révélateur que, voulant honorer le jeune Areus II, les Delphiens utilisent des formules tout à fait parallèles à celles qu’ils utilisent pour les Lagides, mais ni cette inscription ni aucun autre texte n’atteste qu’on ait jamais donné à un prince héritier de Sparte le titre de roi.

La durée de la dyarchie spartiate est exceptionnelle – au moins cinq siècles. Le respect des règles dynastiques et l’absence d’usurpation sont également remarquables : le droit dynastique a été considéré à Sparte comme un élément de la législation politique, et protégé par toutes les institutions de la cité, ce qui l’a mis à l’abri des coups de force des rois eux-mêmes.

C’est seulement à partir de Léonidas II, l’oncle, tuteur et successeur d’Areus II, que les illégalités se multiplient et qu’usurpations et assassinats à répétition rapprochent les mœurs royales spartiates de celles des cours hellénistiques.

Il y a à Sparte deux personnages, un dans chacune des familles royales, que leur naissance désigne comme de futurs rois et qui jouissent d’un statut particulier : il est légitime de les qualifier de “princes héritiers” au sens propre du terme. Le prince héritier, comme le roi, est à la fois tenu en-dehors du corps civique et susceptible d’être choisi comme chef de l’armée.

Les seuls princes héritiers du monde grec sont attestés dans un système politique qui n’est pas véritablement une monarchie31.

Notes

  1. Pour plus de détails, cf. P. Carlier, La Royauté en Grèce avant Alexandre, Strasbourg, 1984, p. 297-310 notamment.
  2. Plu., Lys. 24.5 donne deux traditions : selon les uns, Lysandre voulut rendre la royauté accessible à tous les Héraclides, selon les autres à tous les Spartiates. Les principales autres sources sont Arist., Pol. 5, 1, 1301b ; D.S. 14.13.2 ; Plu., Ages. 8.3 ; Paus. 3.8.10. Sur le témoignage de Pausanias à propos de cet épisode, voir en dernier lieu U. Bultrighini, “‘Errori’ in Pausania: III,8,10”, in Éditer, traduire, commenter Pausanias en l’an 2000, D. Knoepfler & M. Piérart éds, Genève, 2001, p. 239-260. Sur la réalité de ce projet et sa signification, cf. J.-Fr. Bommelaer, Lysandre de Sparte, Athènes-Paris, 1981, p. 190-192 et p. 223-225.
  3. Pour une analyse plus précise, cf. P. Carlier, La Royauté…, p. 240-248.
  4. Dans le discours que lui prête Isocrate (6.8), le prince héritier Archidamos, fils d’Agésilas, se présente ainsi : “descendant d’Héraclès, fils du roi actuel, αὐτὸς δʹ ἐπίδοξος ὢν τυχεῖν τῆς τιμῆς ταύτης, connu moi-même pour devoir obtenir le même honneur”. La traduction proposée par G. Mathieu et É. Brémond (“appelé vraisemblablement à bénéficier du même honneur”) est beaucoup trop faible. Le terme ἐπίδοξος introduit la mention d’un événement auquel l’on s’attend, et donc bien plus qu’une simple probabilité. L’idée exprimée est très proche de celle d’“héritier présomptif” en français, mais la périphrase compliquée employée par Isocrate n’est manifestement pas le titre officiel des princes héritiers à Sparte. On peut même se demander si Isocrate n’a pas recouru à cette formule parce qu’il ne disposait d’aucun titre consacré.
  5. X., HG 3.3.2.
  6. Hdt. 6.64-66.
  7. Voir en particulier Pl., Lg. 3.694b-695a et Xen., Cyr. 8.8. Sur ce thème, voir P. Carlier, “L’idée de monarchie impériale dans la Cyropédie de Xénophon”, Ktèma 3, 1978, p. 133-163.
  8. Sur ce point, voir P. Carlier, La Royauté…, p. 292-301.
  9. X., HG 5.4.24-35. Sphodrias appartenait à une coterie opposée à celle d’Agésilas. P. Cartledge, Agesilaos and the Crisis of Sparta, Londres, 1987, p. 136-137, suggère qu’Agésilas pouvait orienter les choix érotiques de son fils en vue d’élargir sa clientèle.
  10. Les deux rois, quand ils étaient tous deux à Sparte, prenaient leur repas au même endroit : συσκηνοῦσι βασιλεῖς ἐν τῷ αὐτῷ, ὅταν οἴκοι ὦσιν (X., HG 5.3.20). Agésilas regretta beaucoup Agésipolis, qui était pourtant son adversaire politique, parce que tous deux aimaient parler, pendant leur repas de chasse, de chevaux et de beaux garçons. Sur la double ration des rois, sur les Pythioi et sur les invités à la table royale, voir P. Carlier, La Royauté…, p. 267-268, et S. Hodkinson, Property and Wealth in Classical Sparta, Swansea, 2000, p. 358.
  11. Ce point a été établi par U. Kahrstedt, Griechisches Staatsrecht, I, Göttingen, 1922, p. 136, à partir d’une analyse de X., HG 7.4.23.
  12. De telles expéditions lointaines, souvent conduites par des rois (Agésilas dans sa vieillesse, Archidamos III après son avènement, Areus Ier notamment) peuvent aussi être confiées à d’autres chefs militaires, extérieurs aux familles royales. Pour une liste des expéditions militaires spartiates et de leurs commandements, cf. P. Carlier, La Royauté…, p. 319-324.
  13. Le Périégète a semble-t-il confondu cet Acrotatos qui ne régna pas avec son petit-fils le roi Acrotatos, qui trouva la mort dans un combat contre le tyran Aristodème de Mégalopolis (Plu., Agis 3.3). Sur la date de cette bataille, qui pourrait se situer en 262, à la fin de la guerre chrémonidéenne, ou un peu plus tard, cf. P. Oliva, Sparta and her Social Problems, Prague, 1971, p. 207-208.
  14. Sur la date de sa mort, très discutée, voir note précédente.
  15. Cf. P. Carlier, “La vie politique à Sparte sous le règne de Cléomène Ier”, Ktèma 2, 1977, p. 65-84 ; P. Carlier, La Royauté…, p. 278-279.
  16. Par exemple A.H.M. Jones, Sparta, Oxford, 1968, p. 13.
  17. Notamment G. Busolt & H. Swoboda, Griechische Staatskunde, II, Munich, 1926, p. 673.
  18. C’est le terme employé par Hdt 8.3.
  19. Paus. 3.6.12.
  20. Plutarque (Pyrrh. 26.17) parle de son “caractère violent et despotique”.
  21. SIG3 430. La première édition est É. Bourguet, “Monuments et inscriptions de Delphes”, BCH 35, 1911, p. 488-491.
  22. Par exemple P. Oliva, Sparta…, p. 205-206, et Éd. Will, Histoire politique du monde hellénistique, I, 2e éd., Nancy, 1979, p. 223.
  23. Plu., Agis 3.3.
  24. Paus. 3.6.6.
  25. IO 308 (= SIG3 433).
  26. A. Plassart & G. Blum, “Orchomène d’Arcadie. Fouilles de 1913. Inscriptions”, BCH 38, 1914, p. 447-449.
  27. Ce point est justement souligné par G. Nachtergael, Les Galates en Grèce et les Sôtèria de Delphes. Recherches d’histoire et d’épigraphie hellénistiques, Bruxelles, 1977, p. 267-268.
  28. Plu., Pyrrh. 26.17-18. Le récit de Plutarque est particulièrement pittoresque. Lorsque Pyrrhos secondé par Cléonyme tentait de s’emparer de Sparte, Chilonis “s’était retirée à l’écart et tenait un lacet attaché à son cou” pour ne pas tomber au pouvoir de son mari si la ville était prise. Quant au jeune et brave Acrotatos, les femmes de Sparte l’encouragent en termes très directs à procréer des enfants courageux : οἶφε τὰν Χιλωνίδα (Plu., Pyrrh. 28.6).
  29. On peut résumer ainsi l’argumentation, fondée en premier lieu sur les catalogues de concurrents aux Sôtèria amphictioniques (concours commémorant la victoire sur les Galates) :
    1. Il y a au moins onze catalogues de concurrents aux Sôtèria. L’ordre de neuf d’entre eux peut être établi. Les Sôtèria célébrés sous Emménidas sont au moins les cinquièmes après ceux de l’archontat de Peithédémos, ce qui veut dire qu’au moins cinq ans séparent les deux archontes si les Sôtèria sont célébrés annuellement, au moins dix ans si la périodicité de ces concours est triétérique.
    2. L’archontat de Peithagoras se situe à un moment où il n’y a déjà plus de hiéromnémon athénien, probablement parce que la cité a déjà été vaincue par Antigone Gonatas, donc probablement après la fin de la guerre chrémonidéeenne en 262. On pourrait à la rigueur supposer que les Athéniens, épuisés par le siège qu’ils subissaient, ont dû renoncer à envoyer des hiéromnémons à Delphes un ou deux ans avant de capituler. Sur la guerre chrémonidéenne, voir en dernier lieu Chr. Habicht, Athènes hellénistique, trad. fr., Paris, 2000, p. 161-167.
    3. Areus Ier est mort en 265 (D.S. 20.29.1) très probablement avant l’archontat de Peithagoras à Delphes, à coup sûr avant celui d’Emménidas.
  30. Les premiers repères pour l’étude de la chronologie delphique du IIIe siècle ont été fixés par K.J. Beloch, “Die delphische Amphiktionie im dritten Jahrhundert”, Klio 2, 1902, p. 205-226. Les études récentes les plus importantes sont G. Nachtergael, Les Galates…, p. 209-273 ; D. Knoepfler, “Les relations des cités eubéennes avec Antigone Gonatas et la chronologie delphique au début de l’époque étolienne”, BCH 119, 1995, p. 137-159 ; Fr. Lefèvre, “La chronologie du IIIe siècle à Delphes d’après les actes amphictioniques”, BCH 119, 1995, p. 161-208, et en dernier lieu Fr. Lefèvre, Documents amphictioniques, CID IV, Athènes-Paris, 2002, p. 15-28.
  31. L’analyse classique de “la royauté de type laconien” est celle d’Aristote, Pol. 3.14.
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Pessac
Livre
EAN html : 9782356134202
ISBN html : 978-2-35613-420-2
ISBN pdf : 978-2-35613-487-5
ISSN : en cours
Posté le 01/07/2022
Publié initialement le 17/05/2022
8 p.
Code CLIL : 3385; 4031
licence CC by SA
Licence ouverte Etalab

Comment citer

Carlier, Pierre (2022) : “Le prince héritier à Sparte”, in : Bouchet, Christian, Eck, Bernard, éd., Pierre Carlier, un esprit de finesse. Recueil d’articles, Pessac, Ausonius éditions, collection B@sic 2, 2022, 317-324 [en ligne] https://una-editions.fr/le-prince-heritier-a-sparte/ [consulté le 01/07/2022].
doi.org/10.46608/basic2.9782356134202.26
Illustration de couverture • Vision de la fontaine Aréthuse (Syracuse), aquarelle originale (crédits des éditeurs, 2022).
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