Ces pages ont pour objectif d’observer et d’analyser le comportement économique des femmes mariées durant les absences de leur époux, dans une zone de la Galice fortement touchée par l’émigration masculine polyannuelle et récurrente – trois ou quatre ans – vers l’Andalousie et le Portugal. Ces déplacements avaient comme objet d’exercer des activités non qualifiées dans les villes et les ports (Cadix, Puerto de Santa María, Porto, Lisbonne, etc.) ou dans les villages agricoles de la plaine de Séville et de Jerez de la Frontera. Les émigrés appartenaient à des familles paysannes qui avaient de petites exploitations agricoles en régime de propriété ou en usufruit prolongé (foro), mais qui souffraient d’un endettement en raison d’une production agricole aléatoire. La proto-industrie textile et la pêche leur apportaient des revenus complémentaires, mais insuffisants : pour le conjoint, la solution la plus viable consistait alors à émigrer vers les espaces plus développés du Sud, là où se présentaient des opportunités de travail, tandis que sa femme devenait, en son absence, le chef de famille. Or une partie de ces épouses étaient rapidement confrontées à des problèmes d’argent lorsque le mari n’en envoyait pas, sans savoir où il se trouvait, s’il était vivant ou mort ou s’il avait abandonné sa famille.
Cette étude s’appuie sur des actes de sépultures issus des archives paroissiales, sur des recensements de 1708, 1753 et 1787 ainsi que des archives notariées (contrats d’achat et de vente, testaments, etc.). Pour cerner la gestion du patrimoine familial, nous avons utilisé les lois de la monarchie sur cette question, des procurations et des procédures judiciaires menées entre autres par le tribunal royal de la Galice (Real Audiencia). Nous avons combiné les données quantitatives avec l’information qualitative qu’offrent les archives judiciaires pour appréhender la vie des femmes face à l’absence de leur époux.
Les données d’une émigration structurelle
Au XVIIIe siècle, la Galice était le territoire espagnol le plus soumis à l’émigration masculine : le recensement de 1787 relève seulement 87,2 hommes en âge de travailler (de 16 à 40 ans) pour 100 femmes, proportion qui tombe à 77 à l’ouest, où l’émigration était encore plus intense1. Si une grande partie de ces émigrants étaient de jeunes célibataires, beaucoup d’hommes mariés émigraient aussi. Ainsi, grâce au recensement de 1708, on sait que 45,6 % des émigrants de la « province » de Saint-Jacques étaient mariés. Ce pourcentage se retrouve dans les recensements du XVIIIe siècle pour les péninsules du Salnés et du Morrazo, le bassin du fleuve Ulla, Terre de Montes et la zone frontière avec le Portugal2. Dans les registres paroissiaux, le décès des hommes absents était indiqué dès qu’il était avéré, avec peu d’indications relatives à leur état-civil. Néanmoins, ces actes constituent un indice important3 :
La majorité des migrants de la Terre de Montes et à Cotovade, zone d’émigration de tailleurs de pierres et de professionnels du bâtiment, trouvèrent ainsi la mort en Castille, la nouvelle de leur décès ayant été transmise par les équipes de travail de retour au pays. 75 % des émigrés des villages de A Cañiza, moururent au Portugal, dont la frontière était proche, une partie en Castille et quelques-uns en Andalousie. Dans onze paroisses du Bas-Miño, entre 1691 et 1850, on enregistra la mort de 925 hommes en Castille, de 158 en Andalousie et de 57 au Portugal4. En outre, le nombre d’actes de décès masculins demeurait très inférieur à celui des femmes en raison de l’incertitude du décès de ces disparus. En fait, dans les zones d’émigration polyannuelle, le pourcentage de veuves de moins de quarante ans (13,3 % des veuves en 1787 dans les provinces atlantiques de Tui et Saint-Jacques) était supérieur à la moyenne des provinces avec une émigration de trois ou quatre mois (9 ou 10 % dans Mondoñedo et Betanzos, dans le Nord galicien) puisque les risques de mortalité à cause d’un accident ou d’une maladie contagieuse étaient plus élevés quand l’absence se prolongeait5.
L’émigration des hommes mariés était de caractère temporaire et devait servir à récupérer des liquidités afin de payer impôts, dettes et rentes, mais aussi à acheter des terres ou des outils de travail utiles au ménage. Or, d’après les observateurs et les autorités, beaucoup d’émigrants n’envoyèrent jamais d’argent à leur famille ou n’en rapportèrent pas avec eux à leur retour ; cela plaçait leurs femmes et enfants dans une situation pire que celle précédant le départ6. Néanmoins, les effets sur la famille dépendaient de nombreuses variables : la durée de l’absence – saisonnière, polyannuelle, définitive – et la destination (Castille, Andalousie, Portugal, Amérique), le temps consacré au travail qu’il soit agricole (moisson du blé en Castille, vendange en Andalousie), artisanal (tailleurs de pierres, carriers, charpentiers, cordiers) ou bien au commerce ambulant (colporteurs). L’âge des épouses était aussi déterminant, la présence et le nombre d’enfants de même que les ressources économiques dont disposait la famille : la possession de terres, les travaux complémentaires dans la proto-industrie textile ou les aides possibles de parents et voisins. En Galice, les zones de plus forte émigration étaient celles de la polyculture de subsistance et de la famille nucléaire de sorte que, lorsque les maris s’en allaient, les femmes devenaient le chef de famille. Elles se chargeaient du travail et de toutes les obligations. Quand ils revenaient, on restaurait la situation d’avant leur départ bien qu’elle ne diminuât pas le travail que les femmes réalisaient7.
Les visiteurs étrangers, les observateurs galiciens (les moines bénédictins Feijoo et Sarmiento), les ministres du gouvernement de Madrid, notamment Pedro Rodríguez de Campomanes, et les autorités locales n’étaient pas unanimes lorsqu’ils évoquaient l’argent rapporté par les maris dans leur foyer ; généralement, ils pensaient que ces rentrées étaient bien minces8. Tous s’accordaient sur les conséquences négatives que les absences masculines occasionnaient dans les économies agraires et sur leurs effets néfastes. Mais c’était là le point de vue de rentiers et représentants des classes propriétaires s’opposant à l’émigration par crainte d’une diminution de la rente agraire et du manque de main-d’œuvre. Cependant, ils furent sensibles à la charge de travail que les femmes assumaient ; par exemple, en 1771, le curé Gonzalez de Ulloa accusait les hommes mariés de s’en aller « en laissant à leurs esclaves de femmes le bon soin de la famille et de l’agriculture9 ». D’un autre côté, les littératures espagnole et portugaise insinuaient que les femmes des maris absents trompaient habituellement leur époux, qui tardaient à revenir à la maison ou qui ne revenaient plus, parce qu’ils avaient trouvé un autre mode de vie10. Or, peu de sources l’attestent, sauf exception : en 1750, José Benito Ramos, de Caleiro, accusa sa femme, Josefa de Touris, de le tromper avec don Fernando Briones de Sotomayor, un « homme puissant ». José Benito avait quitté l’Andalousie depuis 1739 et à son retour, il dénonça les amants. Le juge ordonna leur emprisonnement mais la pauvreté de José Benito l’obligea à demander la liberté de sa femme et à abandonner la procédure11.
L’autonomie légale des femmes mariées
Outre cette vision stéréotypée, les absences des maris plaçaient les épouses dans des situations économiques fort difficiles. En effet, les femmes mariées devenaient responsables de l’exploitation agricole, de l’activité de pêche ou encore des activités artisanales dans lesquelles s’était engagé le couple. Elles devaient payer les impôts et les rentes tout en contribuant aux charges communautaires : l’absence de leur conjoint ne les en exemptait pas sauf en cas de pauvreté extrême. Les Lois de Toro de 1505 – corpus légal sur la famille et l’héritage dictées par les Rois Catholiques, en vigueur jusqu’au Code civil de 1889 – obligeaient les femmes mariées à avoir l’autorisation de leur mari pour renoncer à un héritage ou l’accepter, faire ou annuler un contrat, comparaître dans un procès, etc. Cela limitait beaucoup leur capacité d’action si leur époux ne revenait pas ou si on ignorait où il était surtout lorsqu’elles ne disposaient pas d’une autorisation ou d’une procuration écrite de celui-ci12. De ce point de vue, la situation légale des veuves, indépendantes et qui disposaient d’un statut juridique protecteur, était bien meilleure. Ainsi, la « provision ordinaire des veuves » leur permettait de faire appel à la Real Audiencia – la cour royale de justice de la Galice – en évitant les juges seigneuriaux. De quelles options légales les femmes dont les maris étaient absents disposaient-elles ?
En premier lieu, il est important de rappeler, à la différence de la France, que les femmes n’avaient pas besoin de l’autorisation de leur mari pour tester, devant notaire ou pas, de sorte que les épouses des maris absents apparaissent dans de nombreux actes notariés. Elles avantageaient souvent ceux qui les soignaient ou les aidaient : dans ce cas, elles ajoutaient des clauses afin que leur mari, de retour après leur décès, ne puisse procéder à des changements. Ces femmes anticipaient des problèmes tels que le refus de paiement des funérailles ou les conflits provoqués par la succession. En 1796, le mari et le fils de María Antonia Naveiro étant absents, elle avantagea par-devant notaire sa fille : si le mari revenait, seul lui reviendrait l’usufruit des biens-fonds tant que la jeune fille demeurait célibataire. Cette année-là, Antonia Pérez, mère de trois filles et épouse de Juan de Ameiro, absent depuis plusieurs années sans que l’on sache où il était, avantagea aussi sa fille mariée, Dominga. En contrepartie, celle-ci devait vivre avec sa mère et payer ses funérailles13.
En second lieu, l’État souhaitait que la vie économique des ménages puisse perdurer pendant l’absence des maris : les documents fiscaux montrent qu’elles étaient fréquemment désignées comme chefs de famille. On peut l’observer dans la grande enquête fiscale réalisée en 1752-1753 : le Cadastre d’Ensenada. Dans la contrée de Compostelle, 13 % des foyers – tous nucléaires – avaient pour chef de famille des épouses d’émigrants, des jeunes femmes qui firent la déclaration cadastrale en l’absence de leurs maris14. Les épouses devaient aussi régler leurs propres dettes ou celles que leurs maris avaient laissées. Certaines se voyaient obligées de vendre des biens, de faire appel aux juges ou de se défendre devant eux, dans des situations risquées pour elles et leur famille. Soulignons également que les Lois de Toro (1505) prévoyaient des mécanismes pour compenser l’absence d’autorisation du mari lorsqu’il était parti et que « l’on n’attend[ait] pas qu’il revienne prochainement ou risque d’arriver dans pas mal de temps ». Dans ce cas, les juges locaux pouvaient donner aux femmes une habilitation légale afin de régler ce qui était nécessaire et urgent pour entretenir la famille ou résoudre un problème. Cela se faisait sous réserves qu’à son retour, « le mari puisse ratifier ce que sa femme avait fait sans son autorisation, bien que ladite autorisation n’ait pas été donnée15 ». Le mari récupérait donc ses fonctions de chef de famille et le contrôle des affaires en cours. Dans la Galice occidentale, très fréquemment, les femmes des maris absents demandèrent et reçurent l’autorisation des juges locaux pour vendre des biens ou pour contracter des prêts. Plusieurs témoins devaient affirmer que la nécessité les y obligeait. Les créanciers pouvaient également solliciter le juge afin que ces épouses puissent honorer des dettes ou réaliser des contrats d’achat et de vente. Aussi, cette autorisation, en l’absence de procuration écrite par le conjoint, était prévue par la loi parce qu’elle avantageait tant les pouvoirs politiques, que les rentiers et les créanciers (des laboureurs aisés, le clergé, des commerçants urbains, etc.)16.
L’autonomie légale temporaire des femmes mariées octroyée par une procuration de leur mari ou par les juges en cas d’absence n’était pas un privilège ou une reconnaissance de leur responsabilité familiale et économique, mais elle leur servit dans la majorité des cas pour résoudre des situations d’urgence. Il est impossible de calculer la fréquence de ces situations mais les procurations, les contrats d’achat et de vente de biens établis devant notaire, les requêtes auprès des juges seigneuriaux ou de la Real Audiencia, les procès civils et criminels ainsi que les prêts d’argent sous seing privé présentent un grand intérêt. Les femmes y exposaient dramatiquement leurs problèmes personnels, leur incertitude face au sort de leur mari et l’indifférence de ce dernier, oubliant de leur envoyer de l’argent pour nourrir et vêtir la famille. En outre, elles recouraient fréquemment à la Real Audiencia pour contrer les procédés arbitraires et les abus des juges seigneuriaux – des sentences non fondées, des retards et des frais inexplicables, etc. – puisque l’Audiencia était un tribunal royal, professionnel et plus indépendant17.
Les solutions face à l’absence des époux
La grande diversité des cas reflète toujours des situations de nécessité : les femmes de maris absents demandaient une autorisation légale pour se rendre devant les tribunaux ou comparaître dans un procès pour défendre leurs intérêts et ceux de leur famille. Par exemple, en 1752, Josefa de la Torre demanda à la justice l’autorisation de vendre une partie des acquêts puisque son mari était au Portugal. Elle avait dû emprunter de l’argent et une vache pour cultiver les terres ; comme elle n’avait pas honoré le prêt, ses biens furent saisis. Trois témoins affirmèrent que ce qu’elle disait était vrai, de sorte que le juge lui permit de vendre trois parcelles de terre à son créancier contre 242 réaux18. En 1772, María García, de Villestro, vécut une situation semblable : dans un contrat de vente, elle déclara que les biens cédés lui appartenaient, à la fois par héritage et par acquisition avec son mari, en communauté réduite aux acquêts. Or lesdits biens avaient été saisis pour payer les dettes que l’époux avait contractées, avant son départ, auprès de José García, un habitant de Compostelle. Incapable de les rembourser, le mari avait pris la fuite sous prétexte de trouver un travail ailleurs. Sa femme dut demander une autorisation pour aller chez le notaire et vendre à son créancier douze parcelles de terre évaluées à 800 réaux, l’équivalent de la dette19. En 1796, María Calvo, de Fecha, expliquait dans un contrat de vente que son mari était parti depuis très longtemps et qu’elle avait obtenu l’autorisation de céder trois parcelles de terre évaluées à 639 réaux. Les acheteurs étaient deux de ses voisins qui, selon elle, l’avaient aidé – « ils l’appuyaient dans ses peines » – bien que l’on puisse soupçonner un prêt derrière cette solidarité de voisinage20. Quant à Manuela de San Martin, elle obtint en 1796 l’autorisation de vendre des terres évaluées à 1 800 réaux. Elle justifia sa requête par ses quatre enfants en bas âge, des dettes et un retard de deux ans dans le paiement du bail de sa maison. Elle était alors dans l’attente d’une saisie judiciaire. Dotée de son autorisation, Manuela vendit à un unique acheteur dix-sept parcelles héritées de son père et reçut au total 1967 réaux21. Le cas de María da Fraga est un peu différent : sans nouvelles de son mari, elle comparut en 1797 devant un notaire pour déclarer une dette de 2 200 réaux au monastère de Poio. Elle la régla par deux ventes à l’actif de deux commerçants de la ville de Pontevedra qui lui rapportèrent 1 872 réaux22. Dans tous ces cas, pendant l’absence du mari, ces femmes durent faire face aux dettes mais elles avaient au moins des terres à vendre et réussirent à résoudre la situation grâce aux autorisations octroyées par les juges locaux, puisque leur conjoint ne leur en avait pas laissées avant de s’en aller.
La situation était encore pire dans d’autres cas. En 1754, Juan Infante, habitant de Agraña, déposa une requête devant le juge de la ville de Ferrol à l’encontre de Juana Gonzalez, femme de Lucas Crespo, à cause d’un prêt de 220 réaux qu’il lui avait octroyé en présence de témoins. Juan informa le juge qu’elle ne lui avait pas remboursé l’argent sous prétexte que Lucas était absent depuis plusieurs années sans avoir donné de nouvelles. Sans plus d’explications, le juge ordonna à Juana qu’elle remboursât l’argent et lui saisit tous ses biens23. En 1781, Antonia Román, de Baiñas, femme de Pedro Álvarez, demeura huit jours en prison faute d’avoir payé plusieurs « tissus vendus à crédit », achetés dans la boutique d’un commerçant « pour faire des vêtements avec lesquels [elle] vêtirai[t] la nudité de [s]es enfants » ; Antonia dut demander l’autorisation au Corrégidor de la ville de Baiona pour vendre des parcelles de terre qui appartenaient à son mari absent. Antonia expliqua au juge que Pedro n’avait jamais envoyé d’argent pour elle et ses enfants bien qu’il fût « obligé de les entretenir ». Ces motifs furent entendus par le Corrégidor qui lui donna l’autorisation pour la vente24. Le processus d’endettement apparaît clairement dans un procès de 179625. Cette année-là, le greffier don Nicolas Pelouro fit convoquer Josefa de Barros, de Padrón, devant le juge ordinaire de Saint-Jacques-de-Compostelle, à cause des 2 084 réaux qu’il lui avait prêtés sur ordre de son mari, Rosendo de Cruces, absent de Cadix depuis 1788. Rosendo s’était engagé à payer tout ce dont sa femme aurait besoin et le greffier présenta comme preuve les lettres qu’il recevait périodiquement du mari et la liste des sommes remises à Josefa entre le 17 novembre 1789 et le 22 janvier 1793, ce qui nous permet de savoir comment elle dépensa l’argent :
Les comptes reflètent la vie de Josefa pendant l’absence de son époux : le paiement du bail de la maison et des terres qu’ils louaient, la dîme payée à l’Église, le salaire et l’entretien d’une servante vivant avec elle, divers achats que ce soient des ustensiles de cuisine (un chaudron de 180 réaux), des instruments de labour, du lin pour filer (acheté à un marchand pour 100 réaux), les salaires journaliers des travailleurs de la vigne sans compter les funérailles d’un neveu et les dépens du procès contre le greffier. Ce dernier informa le mari de ces dépenses mais Rosendo ne lui envoyait pas d’argent – il n’en gagnait pas suffisamment – de sorte que don Nicolas demanda au juge, en 1794, d’habiliter Josefa pour comparaître au procès et d’assigner au mari absent un avocat d’office. Le juge ordonna la saisie des biens de Rosendo et Josefa dut présenter un garant, don Bernardo Antonio La Isla, ainsi qu’un avocat pour éviter que le greffier agît contre elle. À son corps défendant, la femme affirma que les lettres de son mari étaient des faux au motif que « tous sav[aient] qu’il ne sait ni lire ni écrire ». Néanmoins, après un long procès, don Nicolas et Josefa arrivèrent à un accord : elle acceptait que le greffier encaissât sa dette « sur les biens de son mari, pour être juste ». En échange, elle s’engageait à ne pas poursuivre le procès bien qu’elle ait pu le gagner parce que ses biens dotaux étaient intouchables.
Les difficultés économiques étaient plus graves pour les femmes qui vivaient de travaux non-agricoles ou qui ne travaillaient pas. En 1767, Catalina de Alfaro, une muletière de Fofe, assigna en justice un voisin qui avait demandé la saisie judiciaire des deux mules qu’elle utilisait pour transporter du vin. Catalina accusa son créancier de vouloir « affliger une pauvre femme pendant l’absence de son mari, les laissant tous les deux dans la pauvreté et la ruine » et put s’opposer à la saisie grâce à la procuration que son mari – le véritable débiteur – lui avait donné avant de partir travailler en Castille. Face à ces arguments, la Real Audiencia émit une sentence en sa faveur26. En 1789, plusieurs détaillantes ou petites commerçantes de la ville de Pontevedra recoururent au commissaire de la Marine pour qu’elles puissent revendre du poisson après l’interdiction faite par le représentant de la ville. Pour elles, il s’agissait d’une activité fondamentale pour entretenir leur famille en l’absence de leur conjoint ce que concéda finalement le commissaire27.
Ces situations se retrouvaient aussi dans le secteur du commerce. Par exemple, à son retour de Buenos Aires en 1776, Antonio Fernández demanda des comptes à sa femme pour avoir fermé la boutique que tous les deux avaient à Ferrol et dépensé l’argent qu’il lui avait envoyé, de sorte qu’elle était « couverte de dettes ». Il ramenait d’Amérique 55 000 réaux alors que sa femme devait 30 000 réaux. Il voulait être à nouveau le « chef de famille » mais elle ne céda pas et fit appel au juge de Ferrol. Josefa, l’épouse, comptait sur l’appui de l’une de ses filles et de deux servantes ; elle se rendit auprès du Régent de la Real Audiencia pour lui expliquer qu’elle et Antonio s’étaient mariés 14 ans auparavant. Ils avaient déjà trois filles quand il « sollicita l’autorisation pour se rendre en Amérique ». Elle avait refusé de la lui octroyer mais face à son insistance et à la pression de son confesseur, elle la lui donna à condition qu’il revînt un an après. Malgré les lettres de sa femme, quatre années passèrent avant le retour d’Antonio et Josefa recourut à la justice pour l’obliger à revenir. Cependant, les dettes, la situation économique et la tension causée par le désir d’être le chef de famille rendirent impossible toute cohabitation et le couple finit par se séparer28. Doña Juana de Barros, épouse de don Pedro Rodríguez, parti en Castille, habitante de San Miguel do Campo, était, du moins en théorie, dans une meilleure situation : en 1760, elle présenta une plainte contre le magistrat de Pontevedra pour avoir permis la saisie de ses biens dotaux à cause d’une dette de son mari dont elle n’avait pas de nouvelles depuis fort longtemps. La Real Audiencia nomma un avoué, Francisco Vicente Cisneros, comme défenseur du mari absent, et ordonna que la saisie affectât seulement les biens de don Pedro jusqu’à une valeur de 8 789 réaux, en faveur du principal créancier, le prêtre don Francisco Vázquez de Novoa29. Le cas de María Méndez, de Saint-Jacques-de-Compostelle, femme de José García, maître barbier absent « sans que l’on sache s’il est vivant ou mort », est un peu différent. Habilitée par la justice pour comparaître au procès, elle donna en 1796 une procuration à des avoués du Tribunal archiépiscopal, pour la défendre dans un procès contre son mari et récupérer sa dot, ses biens personnels et une partie des acquêts. Sa belle-mère en réclamait une partie car ils n’avaient pas d’enfants. Plus tard, María fit appel à la Real Audiencia en alléguant qu’elle avait contribué au ménage avec une dot de 5 850 réaux et que son mari avait hypothéqué la moitié de la demeure achetée après leur mariage, d’une valeur de 9 533 réaux. María pensait que sa moitié lui revenait de droit et que la moitié de son mari était garante de sa dot. Or sa belle-mère réclamait cette seconde moitié et le juge de Saint-Jacques-de-Compostelle la lui donna en tant qu’héritage de son fils. Le procès s’acheva grâce à un accord : María pourrait vivre dans la maison en payant les baux et réparations ainsi qu’un loyer annuel de 165 réaux à sa belle-mère30.
Les opérations de crédit faites par-devant notaire par les femmes dont les maris étaient absents31 en cachent d’autres, réalisées sous-seing privé. Leur importance se devine dans les contrats d’achat et de vente de biens, souvent dénaturés. En effet, les biens vendus constituaient le paiement de la dette. Le prix, rarement payé à l’étude, avait été négocié à l’avance, l’acheteur étant le créancier et la vendeuse la débitrice. Dans la Terre de Saint-Jacques, durant le XVIIIe siècle, la majorité de ces contrats formaient l’aboutissement d’une chaîne de petits prêts au sein du cercle familial ou du voisinage. Ces contrats faussés sont repérables à l’autorisation judiciaire exigée par les acheteurs, après la négociation, afin que les femmes d’absents puissent vendre leurs biens. Autre indice, le fait qu’aucun argent ne soit échangé devant le notaire puisque les vendeuses l’avaient déjà perçu. Vers la fin du XVIIIe siècle, plus de la moitié des contrats d’achat et de vente cautionnaient cette pratique32.
Les femmes face à l’endettement
Ces femmes révèlent leur besoin d’argent et leur stratégie de petits prêts, ce qui vient confirmer l’opinion des catégories riches et puissantes – noblesse, hidalguía, clergé, fonctionnaires, etc. –, qui croyaient que l’endettement familial était accru par l’absence du conjoint. Néanmoins, il faut prendre en considération le contexte économique et les évolutions du processus migratoire. En premier lieu, les travaux de Serrana Rial sur la Terre de Saint-Jacques montrent que durant le XVIIIe siècle, l’émigration masculine augmenta. Parallèlement, la proportion de femmes mariées acheteuses de biens se renforça : en 1708-1710, elles représentaient 4,4 % des femmes acheteuses, 23,3 % en 1752-1753 et 36,6 % en 1796-1798. Dans les actes notariés, elles consignaient par écrit qu’elles réalisaient leurs achats avec l’argent envoyé par leur mari absent. Dans ce cas, elles payaient les terres à un prix supérieur : elles achetaient lorsqu’elles avaient de l’argent sans tenir compte des prix du marché foncier33.
Ces actes notariés laissent entrevoir d’un côté, la solidarité familiale et celle du voisinage et de l’autre, l’espoir des créanciers de récupérer leur argent une fois le mari de retour avec un petit pécule. Cela expliquerait les différences entre les femmes dont les maris étaient absents et les veuves et célibataires, notamment le prix plus élevé obtenu pour les biens vendus. Sur 1 317 contrats d’achat et de vente auxquels participent des femmes, Serrana Rial comptabilise 1 406 acheteuses et vendeuses, presque toutes des paysannes. Trois sur quatre étaient vendeuses, en majorité des veuves, avec une bonne proportion de célibataires (15 % au début du XVIIIe siècle et 25 % à la fin dudit siècle). La présence des épouses augmenta, spécialement celle des femmes dont les maris étaient absents à mesure que l’émigration des conjoints se renforçait. Les ventes de terres furent plus nombreuses au cours de la phase d’appauvrissement qui affecta la Galice occidentale à partir de la crise de 1768-1769, accompagnée d’une détérioration du niveau de vie des paysans. Dans les actes des contrats d’achat et de vente, trois femmes mariées sur quatre déclarèrent avoir agi de leur plein gré puisque leur époux était absent et se rendirent chez le notaire avec une procuration. Ignorer où ils se trouvaient était un motif suffisant pour demander l’autorisation auprès de la justice : les rares mentions indiquent Cadix comme destination la plus fréquente, la Castille et le Portugal à une bien moindre échelle ce qui correspond parfaitement au modèle migratoire galicien34. Quand les absences sont indiquées, elles s’échelonnent entre trois et plus de vingt ans ce qui révèle leur prolongation et l’échec économique que la migration a pu représenter dans la majeure partie des cas. Afin d’éviter toute contestation de la vente au retour du conjoint, les acheteurs/créanciers exigeaient une grande précision dans la description des biens cédés : plus de 60 % des actes notariés indiquaient leur nature et leur origine. Cela nous permet de voir qu’un tiers des femmes vendaient des biens de leur héritage, à côté des acquêts ou biens propres de leur mari. Presque toutes les femmes justifiaient la vente par des dettes antérieures contractées avant le départ de leur mari, qu’il n’avait pu rembourser ou bien par un endettement pendant son absence. Lesdites dettes les empêchaient de nourrir leurs enfants et les exposaient aux saisies-exécutions. En règle générale, il s’agissait de quantités modestes : 65 % oscillaient entre 300 et 1 000 réaux et le reste entre 1 100 et 3 600 réaux35.
D’autres données sont plus positives. Les femmes mariées dont le mari était absent obtenaient pour leurs terres de meilleurs prix que les autres (36 % de plus) et le prix moyen augmenta de manière plus importante (de 100 en 1700 à 452 en 1800) que le prix général de la terre (de 100 en 1700 à 369 en 1800)36. Cela correspond à la transition d’une phase de plénitude agraire jusqu’à la seconde moitié du XVIIIe siècle à une autre d’enlisement à partir de 1756. Entre ces deux périodes, la demande de terres fut croissante en raison de la pression démographique et du désir de placement des laboureurs aisés et d’autres qui achetèrent des terres pour investir, en tirant parti de l’endettement des paysans37. Néanmoins, presque 60 % des acheteurs étaient des voisins des vendeuses ce qui amène à penser qu’elles purent compter sur une certaine solidarité dans leur cercle le plus proche et dans leur communauté en obtenant un prix plus élevé pour leurs terres.
Conclusion
Dans la Galice occidentale du XVIIIe siècle, les femmes mariées et jeunes qui assumèrent la responsabilité de leurs familles ont été fort nombreuses à cause d’une forte émigration masculine. Leur mari émigrait quand il atteignait sa plénitude professionnelle et reproductive alors qu’il y avait plus de bouches à nourrir et moins de bras pour travailler. Ces femmes dirigeaient la maison et l’exploitation agricole mais elles durent aussi continuer à payer les impôts et les baux, faire face aux crises de subsistances, lutter ou se défendre devant les tribunaux, s’endetter ou vendre des biens pour satisfaire leurs besoins si elles ne recevaient pas d’argent de leur mari ou s’il ne revenait pas chez lui. Le cas était fréquent, étant donnée la part importante de ceux qui décédaient pendant leur absence ou qui trouvèrent d’autres destinations loin de leur famille. En contrepartie, leur femme put profiter d’une marge substantielle d’autonomie légale et d’indépendance pratique mais il s’agissait d’avantages empoisonnés dans la majorité des cas, comme nous l’avons vu.
Le problème fondamental était celui des hommes mariés qui mourraient au-dehors sans que l’on sache où, en raison des conséquences économiques du décès et des problèmes de succession, accrus lorsque l’on ignorait où ils étaient ou faute de testament ou de dispositions écrites ou verbales faites en présence de témoins. Dans le Sud-Ouest de la Galice, ce problème eut des répercussions dramatiques sur nombreuses familles.
Les effets des absences masculines sont bien connus en ce qui concerne les comportements démographiques et économiques généraux mais il est plus difficile d’étudier les implications personnelles, au sein du couple et des familles, et de mesurer si les femmes étaient les victimes de la séparation ou au contraire, si elles acquéraient de l’autonomie ou de l’indépendance. En théorie, les absences masculines laissaient les épouses dans une situation indéfinie ou intermédiaire par rapport aux veuves et célibataires. Néanmoins, ces absences réduisaient la subordination féminine. Cela implique plusieurs dimensions : le statut juridique dans lequel demeuraient les femmes, les conséquences économiques de l’absence et les stratégies introduites pour l’affronter (les pratiques individuelles et familiales, le partage des tâches, le travail féminin, les solidarités familiales et paroissiales), son impact sur le ménage et la famille en ce qui concerne les relations de pouvoir, les responsabilités, la place des femmes dans les questions du foyer (la capacité d’action, les relations de confiance, la formation et l’éducation), le rôle des autres membres de la famille (les parents, frères, beaux-frères) et la réorganisation des rythmes quotidiens38.
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- Ces chiffres ont été calculés à partir des actes de sépultures où il y a des notes des prêtres sur les lieux de décès des hommes. Voir Fernández Cortizo C. J., « Emigración peninsular y americana en Tierra de Montes (1700-1914) », Revista Galega do V Centenario, n° 7, 1989, p. 167-183 ; Rey Castelao O. et Pérez Rodríguez F., « Movimientos migratorios en el municipio de A Cañiza (siglos xvii al xix) », dans Eiras Roel A., Aportaciones al estudio…, op. cit., p. 33-44 ; González Lopo D. L., « Una aproximación a la emigración de la Galicia occidental. Entre mediados del siglo xviii y el primer tercio del siglo xx a través de las fuentes de protocolos y actas parroquiales », Revista galega do V Centenario, n° 6, 1988, p. 133-170 ; Pérez García J. M., « La intensa movilidad de la comarca del Bajo Miño y sus destinos », Minius, n° 19, 2011, p. 231-254.
- Fernández Cortizo C. J., « Trabajar por sus oficios fuera del Reino. El éxodo estacional en la Tierra de Montes (siglos xvii-xix) », dans Eiras Roel A., Aportaciones al estudio…, op. cit., p. 45-65.
- Eiras Roel A., « Galicia. Estructura y caracteres de la población gallega en el censo de Floridablanca », dans La población española en 1787, Madrid, INE, 1987, p. 399-442.
- Meijide Pardo A., « La emigración gallega intra-peninsular en el siglo xviii », Estudios de Historia Social de España, IV, 1960, p. 463-606 ; Iglesias Ortega A., « Los gallegos en la Península. Emigración urbana y fuentes literarias », dans Hernández Borge J. et González Lopo D. L., Emigración y literatura: historias, experiencias, sentimientos, Santiago de Compostela, Universidad, 2015, p. 15-45.
- Rial García S., Mujer y actividad económica en la Galicia Moderna. La inserción de las mujeres en la producción económica rural y urbana, Santiago de Compostela, Universidad, 2003.
- Meijide Pardo A., « La emigración gallega intra-peninsular… », art. cit., p. 463-606 ; Iglesias Ortega A., « Los gallegos en la Península… », art. cit., p. 15-45.
- González de Ulloa P., Descripción de los Estados de la Casa de Monterrei en Galicia en el año 1777, Santiago de Compostela, CSIC, 1950, p. 26.
- Rey Castelao O., « Galicia y Portugal en la Edad Moderna. Intercambios socioculturales » dans Hernández Borge J. et González Lopo D. L., Pasado e presente do fenómeno migratorio en Galicia, Santiago de Compostela, Universidad, 2007, p. 85-116 et Id., « Las campesinas y el honor en la Galicia moderna », dans Candau Chacón M. L., Las mujeres y el honor en la Europa Moderna, Huelva, Universidad, 2014, p. 417-440. Voir aussi : Régina C., Genre, mœurs et justice. Les Marseillaises et la violence au XVIIIe siècle, Aix-en-Provence, Presses universitaires de Provence, 2015.
- Archivo del Reino de Galicia (ARG), 26288/62.
- De La Pascua Sánchez M. J., « La cara oculta del sueño indiano: mujeres abandonadas en el Cádiz de la carrera de Indias », Chronica Nova, n° 21, 1993-94, p. 441-468 et Id., Mujeres solas: historias de amor y de abandono en el mundo hispánico, Málaga, Diputación, 1998.
- Archivo Histórico Provincial de Pontevedra (AHPP), Protocolos notariales, leg. 1162 (4), fol. 93 et Archivo Histórico Universitario de Santiago (AHUS), Protocolos notariales, leg. 5687, fol. 29.
- Rial García S., « La actuación de las mujeres de ausentes en el comercio de bienes raíces en el entorno de la tierra de Santiago (1700-1840) », dans Eiras Roel A. et Rey Castelao O., Migraciones internas y médium-distance en la Península Ibérica, Santiago de Compostela, Xunta de Galicia, 1994, p. 499-516. À ce propos, voir Rey Castelao O. et Sobrado Correa H., « Fiscalidad y actividades económicas femeninas en las ciudades del Noroeste español a finales del Antiguo Régimen », dans XXVI Encontro da Associação Portuguesa de História Económica e Social, Ponta Delgada, Universidad, 2006.
- Novísima Recopilación de las leyes de España, T. IV, livre 10, Madrid, s.i., 1805, p. 3.
- Rey Castelao O., « Las mujeres gallegas ante los tribunales: la defensa de lo suyo », Historia et Ius, 9, 2016, paper 29.
- Rial garcía S., « Las mujeres en el tribunal de la Real Audiencia de Galicia: una reflexión », dans II Coloquio Internacional AEIHM, Mujeres y ciudadanía, Santiago de Compostela, s.a., s.p.
- AHPP, Protocolos notariales, leg. 1334 (3), fol. 65 et 67.
- AHUS, Protocolos notariales, leg. 6710, fol. 4.
- AHUS, Protocolos notariales, leg. 5687, fol. 50.
- AHUS, Protocolos notariales, leg. 7316, fol. 17 et 39.
- AHPP, Protocolos notariales, legs. 1426 (7), s/fol. et 1427 (7), s/fol.
- ARG, Juzgado de Ferrol, 4921/29.
- AHPP, Protocolos notariales, leg. 2766 (3). García García M., « La emigración en un sector de las Rías Bajas gallegas: el ejemplo de la Jurisdicción de Bayona (1650-1800) », dans Eiras Roel A. et Rey Castelao O., Migraciones internas…, op. cit., p. 427-444.
- ARG, Real Audiencia, leg. 18915-19.
- ARG, Real Audiencia, leg. 10552/30.
- AHPP, Fondos municipales, leg. 2 (7).
- ARG, Juzgado de Ferrol, leg. 4974/16.
- ARG, Real Audiencia, leg. 17410/55.
- AHUS, Protocolos notariales, legs. 6900, fol. 35 et 8596, fol. 143.
- Cebreiro Ares F., « Women and credit in the region of Santiago de Compostela at the end of Old Regime », communication présentée au colloque Women and credit in Preindustrial Europe, International Symposium, Université d’Umea (Suède), 30-31 mai 2016.
- Rial Garcia S., Mujer y actividad económica…, op. cit., p. 236.
- Toutes les données de ce paragraphe ont été publiées par Rial Garcia S., « La actuación de las mujeres de ausentes », art. cit., p. 499-516.
- Rey Castelao O., « La emigración a América en la cuenca media del Ulla: un ejemplo de análisis comarcal », Revista Galega do V Centenario, n° 4, 1990, p. 177-224.
- Les données du texte sont extraites de Rial Garcia S., « La actuación de las mujeres de ausentes », art. cit., p. 501-503.
- Ibid., p. 511-512.
- Tilves Diz J., « Las compraventas de tierras en la comarca compostelana en los siglos xvii-xviii », dans Eiras Roel A., La Documentación Notarial y la Historia, Santiago de Compostela, Universidad, 1984, p. 420 ; Saavedra Fernández P., « Un aspecto de las crisis de subsistencia en la Galicia del Antiguo Régimen: las ventas de tierra », dans Eiras Roel A., La historia social de Galicia, Santiago de Compostela, Universidad, 1981, p. 161–180.
- Rey Castelao O., « Crisis familiares y migraciones en la Galicia del siglo xviii desde una perspectiva de género », Stvdia Historica, n° 38-2, 2016, p. 201-236.