À travers cet ouvrage, j’ai essayé de dresser un portrait de la vulgarisation scientifique sur YouTube en expliquant en quoi elle se distingue des autres formats de communication scientifique. Son recours aux émotions permet de débloquer certains « verrous » culturels dans la circulation du savoir scientifique. Cependant, il ne faut pas oublier que la vulgarisation peut, malgré ses bonnes intentions, créer de nouvelles formes d’exclusion. En choisissant certains mots, certaines références, en mettant en avant certaines figures ou certaines manières de parler, elle peut donner plus de valeur à certains savoirs qu’à d’autres, ou encore à incarner la science selon certains standards sociaux. Une vulgarisation plus juste serait celle qui adopte plusieurs points de vue, plusieurs figures incarnantes, qui respectent différents types de savoirs et qui cherchent à inclure au lieu de trier. Enfin, si les émotions peuvent rapprocher la science du public, il convient d’ouvrir un véritable espace d’écoute et de découverte, pour tous et toutes, sans distinction et non un simple spectacle pour un public « par défaut » qui suit le modèle standard de l’homme occidental, acculturé à la science, etc. Vulgariser, c’est peut-être cela : faire sentir que la science n’est pas seulement un ensemble de faits, mais une manière de voir, de comprendre et de ressentir le monde, quelle que soit la situation dans laquelle nous nous retrouvons.
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