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Villandraut : de la maison forte au château (1268-1357)


Paru dans : Les Cahiers du Bazadais, 177, 2012, 29-42.

Grâce à la découverte de documents inédits du Trésor des chartes d’Albret connus seulement par des analyses1, nous savons désormais dans quelles circonstances furent successivement édifiés par la famille de Got la maison forte et le château de Villandraut et quelles furent les relations des Got et celles de leurs héritiers avec les Albret.

Rappelons, tout d’abord, quel était le statut de la seigneurie que la famille de Got possédait, dans la seconde moitié du XIIIe siècle, dans la paroisse de Saint-Martin-de-Got2. Cette seigneurie qui recouvrait, nous le verrons, près de 80 % du territoire de la paroisse était une seigneurie foncière qui dépendait de celle de Castelnau-de-Cernès, seigneurie haute justicière appartenant à la famille d’Albret. Ses représentants furent alors Amanieu VI (1240-1270), puis Bernard Ez IV (1270-1280), sa fille Isabelle (1280-1294), épouse de Bernard VI d’Armagnac, enfin Amanieu VII (1294-1326), oncle d’Isabelle. La seigneurie de Castelnau-de-Cernès s’étendait alors sur les paroisses de Saint-Léger où se trouvait le château, Saint-Symphorien, Origne, Balizac et Saint-Martin-de-Got. Elle était mitoyenne, à l’est, de celle de Cazeneuve – paroisses de Préchac, Insos et Cazalis – et, au sud, de celle de Sore, autres possessions des Albret.

Fig. 1. La seigneurie de Castelnau-de-Cernès.
1. Limite de diocèse ; 2. Limite de seigneurie ;
3. Route ; 4. Évêché ; 5. Château ;
6. Collégiale ; 7. Paroisse ; 8. Paroisse Saint-Martin-de-Got.

En 1268, le chef de la famille de Got était Béraud qui fut père d’au moins dix enfants : Arnaud Garcie qui devint vicomte de Lomagne et Auvillar ; Béraud, son cadet, archevêque de Lyon, cardinal d’Albano, qui joua un rôle essentiel dans la promotion de son jeune frère Bertrand, le futur Clément V ; Gaillard qui fit don aux archevêques de Bordeaux du domaine de Pessac ; Gaillarde, épouse, du soudan de Preyssac3 ; Marquise, épouse du seigneur de Fargues, mère du cardinal Raymond et de Bernard, archevêque de Rouen. À la génération suivante, Arnaud Garcie eut neuf enfants dont Bertrand, lui-même père de Régine, Raymond cardinal et Elise, épouse d’Amanieu II de Lamothe, mère du cardinal Gaillard, d’Amanieu, archevêque de Bordeaux et de Bertrand évêque de Bazas.

Fig. 2. Le bourg de Villandraut au début du XIXe siècle.

La maison forte

On savait, depuis les travaux de Jacques Gardelles que les Got possédaient au milieu du XIIIe siècle, au lieu-dit Villandraut, situé 300 m environ au nord de l’église Saint-Martin4, sur l’emplacement de l’église actuelle, une résidence, attestée indirectement à l’occasion de la construction, en 1312, de la collégiale fondée par Clément V5. Selon J. Gardelles, la collégiale fut en effet édifiée contre la courtine de cette résidence qu’il qualifie d’ailleurs abusivement “d’ancien château de Goth”. Il s’appuie sur la présence d’archères percées dans le mur sud de l’édifice et la présence d’une tour à l’un des angles de la collégiale. Deux textes de 1313 et 1316 précisent que l’édifice se trouvait “in castro de Vinhandraut” et “in ipso loco de Vinhandraut”.

Cette résidence familiale est aussi attestée à l’occasion de la reconnaissance que fit, le 9 janvier 1268 (n. st.), Béraut de Got, père du futur Clément V, à Amanieu VI d’Albret, seigneur de Castelnau-de-Cernès6. Béraut de Got reconnaît que le lieu appelé “Vignhandrau” dans la paroisse Saint-Martin-de-Got ainsi que la maison faite et édifiée en ce lieu se trouvent “dans la justice, le détroit et la châtellenie de Castelnau-de-Cernès”. Elle était probablement inachevée, car elle est décrite, “avec les travaux qui s’y déroulent ou y auront lieu” (“ab las obras qui son ni qui s’y faran”) ; plus loin, Béraut rappelle qu’il est autorisé à les mener à bonne fin (“perfar et forgear”). Dans la clause finale de l’acte dont une partie a été oubliée par le copiste qui ignorait tout de la langue gasconne, Béraut reconnaît que, s’il venait à l’encontre de ses engagements, la clause lui permettant de “perfar et forgear” la maison serait annulée. Il s’engage à soumettre tout justiciable à la seule justice de Castelnau-de-Cernès et assure, en outre, le sire d’Albret de lui être fidèle sauf contre le roi d’Angleterre.

Nous pensons que ce fut en raison de la construction d’une nouvelle maison forte, succédant probablement à une résidence édifiée en bois pour l’essentiel, que le sire d’Albret exigea de Béraut de Got cette reconnaissance. En effet, une confusion pouvait s’établir sur le statut de cette demeure que le seigneur de Villandraut avait probablement commencé à édifier sans en avoir demandé l’autorisation. Plus que la maison forte elle-même, ce qui inquiéta probablement Amanieu ce fut la crainte que Béraut de Got ne se comportât désormais en châtelain, en particulier en matière de justice.

Il est certain, d’autre part, que les vestiges de la résidence, encore visibles au siècle dernier, n’appartenaient pas tous à la construction de 1268. Jacques Gardelles avait noté que les archères visibles dans le mur sud de la collégiale et les voûtes de la tour sud-est ne pouvaient appartenir qu’à un édifice de la première décennie du XIVe siècle, pratiquement contemporain de l’élection de Clément V. Des travaux complémentaires avaient donc eu lieu, probablement à l‘initiative de Garcie Arnaud, fils aîné de Béraut. C’est au printemps 1312 que Clément V érigea en collégiale l’église de Saint-Martin-de-Got, dont il avait préalablement déplacé le siège dans une partie des bâtiments de l’ancienne maison forte. À cette date la construction du château était en effet largement avancée, sinon achevée.

La reconnaissance de 1268

Elle nous est parvenue sous forme d’une copie de médiocre qualité, le copiste du vidimus du XVIIe siècle ayant eu manifestement de sérieuses difficultés à lire et transcrire un texte écrit au XIIIe siècle dans la langue utilisée par les notaires de Casteljaloux. L’auteur de la copie qui nous est parvenue a dû, de son côté, commettre d’autres erreurs. Cependant, étant donné son caractère inédit, nous avons cru bon de donner une transcription de ce document.

 “Notum sit que monseignhor en Beralt de Got, cavoir, a confessat e autreyat volontez que sa confession sie baille et sie ferme comme si ero heyte en jutgement et devuan jutge competen qu’eux locz aperats vugaremen Vignhendraud qu’ez en la parropi de S. Martin del Gout, en la maison heyte e edificado aqui medich ab las obras qui son ne qui s’y faran, es en la justicia, al destreyt et en la castelanie del Castetnau de Sarnes et a promes per bonne et per ferma stipulation lou medich en Berald, per sy et per tous sous, a monseignhor Manieu de Labret, seignhor daudeit Castetnau de Sarnes, per sy et per lous sous, qu’en loudict loc ny en ladicte mayson nou prennera de nul autre homme, ny nou lou soumettra a justicia ny a destreyt ny a castelanie de nul autre castet ny loc. Item a promes et autreyat l’auandict en Beralt, per si et per lous sous, qu’el dict senhor Manieu et sous heretz et son orden non pousquen far pax ny guerre contre touts hommes et ab touts homme et contre toutes personnes, saub exeptat nostre seinhor lou rey d’Angleterre et qui a jurat loudit en Beralt del Got touts quate los sants evangelis de Dieu guardar et accomplir et observar toutes et sengles las causes sobre dittes, et ce per abentura per sy ny per autres vine loudict en Beralt contre las causes susdittes ou contre aucune d’aqueres, que voulgue que aqueras lettres en las qual et contengue que et pusque ladicte mayson aldict loc aperat Vinhendraud perfar et forgear (……) sien casaus ou vignes et que n’a oubliga toutes sas causes mobles et no mobles et que sien per touts locz. Testes : maistre Girald d’Andiran, clerc et Me Girald de Gape et Pierre de Nasins et Olibert d’Autirebar et Pierre Bacoue, en G. de Boyrias. Actum 9a die introitus januarii anno Domini 1267, regnante Edoardo rege Anglie, Berardo episcopo Bazatensi. P. Delar qui fo, public notari de Castelialoux, qui en la carta enqueri, laqual yo Pey Delar, son fil, notari del medich loc de Castelialoux, a la requeste de noble Manieu de Labret, escriuy et mon senhau y pausey pel comandamen del bayle et del conseil del medich loc de Castelialoux.”

Le château

Même s’il s’inscrit dans la tradition architecturale illustrée par l’architecte savoyard, maître Jacques de Saint-Georges, nous ignorons qui en fut l’architecte. L’initiative de sa construction et son financement reviennent incontestablement à Clément V, mais nous ignorons à quelle date commencèrent les travaux et quelle fut leur durée. Rien ne prouve en effet qu’ils furent commencés dès 1305 comme on l’a souvent avancé. C’est ce que suggère en tout cas la concession faite le 2 décembre 1306 par Amanieu VII d’Albret à Arnaud Garcie de Got de la haute justice sur la paroisse de Saint-Martin-de-Got7.

Fig. 3. Clef de voûte de la tour droite de façade du vieux château représentant le pape Clément V donnant la bénédiction. Carte postale. Bromotypie Gautreau, Langon.

La concession du 2 décembre 1306

Avant d’en présenter le contenu évoquons les circonstances dans lesquelles l’acte fut passé. Bordeaux et le duché sortent alors de la guerre de Guyenne qui a opposé Édouard Ier à Philippe le Bel de 1294 à 1303. Au mois de décembre 1299, la ville occupée par les Français a appris la nomination de son nouvel archevêque, Bertrand de Got. Elle n’a été libérée qu’en mai 1303, en exécution du traité de Montreuil. C’est à Lusignan en Poitou, le 20 juin 1305, que Bertrand de Got est informé de son élection au souverain pontificat. Il regagne lentement Bordeaux où, le 24 juillet, dans la cathédrale Saint-André il choisit le nom de Clément V. Il séjourne en Bordelais jusqu’au 8 septembre et, de Villandraut, entreprend un long voyage qui le conduit à Lyon où il est couronné le 14 novembre. De retour à Bordeaux, le 11 mai 1306, il se transporte à Villandraut où il réside de la mi-novembre jusqu’au 9 février 1307, date à laquelle il s’installe à Pessac du 10 février au 9 mars8.

C’est, pendant le long séjour de Clément V à Villandraut au cours de l’hiver 1306-1307, que fut conclu avec le sire d’Albret l’accord qui permit, selon nous, la construction du château. La scène a lieu le 2 décembre, à Bordeaux, probablement au palais archiépiscopal, dans la chambre du cardinal Raimond de Got, en présence d’Arnaud, clerc, notaire public du duché d’Aquitaine.

Les parties présentes 

Amanieu, seigneur de Lebret et de Castelnau-de-Cernès, chevalier. Il s’agit d’Amanieu VII qui a succédé à son frère Bernard Ez IV (1270-1280) en écartant sa nièce qui avait épousé Bernard VI, comte d’Armagnac. C’est avec l’appui d’Édouard Ier qu’Amanieu, alors simple seigneur de Maremne, a pu recueillir l’héritage de son frère. Fidèle au roi d’Angleterre, il l’a servi au pays de Galles et en Aquitaine et soutenu tout au long de la guerre de Guyenne (1294-1303). Il en fut récompensé, mais les relations avec Édouard Ier se gâtent au cours de l’année 1305 à la suite de l’accession au trône pontifical de Bertrand de Got dont le frère, Arnaud Garcie, était vassal du sire d’Albret. Mais c’est fort de l’appui pontifical qu’Amanieu obtient, dans des circonstances humiliantes pour le roi-duc, la cession de la seigneurie de Meilhan-sur-Garonne, dont il est mis en possession le 26 septembre 1306. Dès le mois de juillet 1305, la manne pontificale avait commencé à se répandre sur la famille d’Albret. Ainsi, le 2 mars 1306, Amanieu VII est nommé recteur de Toscane et se voit confier un droit de regard sur la Marche d’Ancône, le Val de Spolète, la Campanie et les Maremnes ainsi que sur la totalité du patrimoine de Saint-Pierre dans ces régions. Le 22 juillet, Clément V lui fait don de tous les revenus provenant des châteaux, possessions et autres droits que la papauté possède en Toscane. Au mois de décembre, il est pressenti pour aller en Angleterre surveiller la levée de décimes et autres revenus et hâter le départ du roi qui avait promis de se croiser. Aux dires de l’un de ses ennemis, le sire d’Albret se comporte comme “un roi en Gascogne”. Il est, sans conteste, un des hommes les plus puissants du duché et l’obligé du souverain pontife9.

Arnaud Garcie, seigneur de Villandraut, frère aîné de Clément V a reçu de Philippe le Bel les vicomtés de Lomagne et d’Auvillar, le 14 décembre 1305, donation confirmée le 20 décembre suivant. Son fils, Bertrand, est son héritier10.

Les témoins

Ils sont au nombre de huit, quatre cardinaux, le vice-chancelier, le maire de Bordeaux et deux clercs appartenant à l’administration du duché.

Le cardinal Raimond de Got, qui accueille les contractants est un des fils d’Arnaud Garcie. C’est un neveu de Clément V et de Béraud de Got, naguère archevêque de Lyon, cardinal évêque d’Albano (1294), mort en 1297. Archidiacre de Sens et doyen d’York (1305), prieur d’Ogbourne (22 décembre 1305), il a été nommé cardinal diacre au titre de Sainte Marie Nouvelle, au consistoire du 15 décembre 1305 tenu à Lyon.

“Le révérend père, le seigneur Arnaud par la divine providence au titre de Saint Marcel”. Il s’agit du cardinal Arnaud de Canteloup. Prieur de La Réole, archidiacre de Brulhois au diocèse d’Agen, il avait été élu archevêque de Bordeaux au mois de juillet 1305 (Arnaud II) et le resta jusqu’au 15 décembre, date de sa promotion au cardinalat. Il dirige la Chambre apostolique, c’est-à-dire les services financiers.

Le révérend père et seigneur, le seigneur Guillaume cardinal prêtre au titre de Santa Pudenziana”. Il s’agit du cardinal Guillaume Aruffat des Forges. Originaire de Cassanet en Gascogne, chanoine du chapitre cathédral de Lyon et de l’église Saint-Seurin de Bordeaux depuis 1301, il fut lui aussi créé cardinal diacre des Saints Cosme et Damien au consistoire du 15 décembre 1305. Mais il opta pour l’ordre des cardinaux prêtres et le titre de Santa Pudenziana, en 1306. Son prédécesseur à ce titre, le cardinal Robert de Pontigny, était décédé alors qu’il se rendait à Lyon pour le couronnement de Clément V.

Fig. 4. Le château de Villandraut : façades ouest et sud.
Carte postale. Bromotypie Gautreau Langon (vers 1920).
Fig. 5. Le château de Villandraut : façades est et nord. Carte postale. Henry Guillier, Libourne (1903).

“Le révérend père, le seigneur Arnaud, par la divine providence cardinal diacre au titre de Sainte Marie in Portico.” Il s’agit du cardinal Arnaud de Pellegrue, parent du pape. Archidiacre du chapitre cathédral de Chartres, il devint, en 1295, vicaire général de Bertrand de Got en Comminges et plus tard à Bordeaux et fut, lui aussi, créé cardinal lors du consistoire du 15 décembre 1305.

“Le révérend père, le seigneur Pierre, élu Palatin, vice-chancelier de la sainte église romaine”. Il venait de succéder à Pierre Arnaud de Pouyanne, ancien moine de Saint-Sever, abbé de Sainte-Croix de Bordeaux et chapelain de Clément V, créé cardinal prêtre au titre de Sainte Prisque, au consistoire du 15 décembre 1305, nommé vice-chancelier le 8 août précédent. Selon le nécrologe de Saint-Sever, il serait mort peu après, le 3 septembre 130611.

Arnaud Calhau, maire de Bordeaux. Il l’avait été une première fois du 15 janvier 1303 au 26 janvier 1304 puis, à nouveau, du 16 janvier au 28 juin 1306, pour laisser alors la place à Guitard Dissenta, le 22 juillet 1306. Il aurait exercé une troisième fois cette fonction du 11 février 1307 au 3 mars 1308. On doit donc faire commencer cette troisième magistrature beaucoup plus tôt, au moins au 2 décembre 130612.

Enfin, Raimond Marquès et Bernard Ez de Ladius (Ladils), deux clercs bazadais. Le notaire n’a pas précisé d’où ils étaient originaires, mais il s’agit de deux citoyens de Bazas au service du roi-duc. On ne connaît pas leur statut en 1306, mais leur présence est à mettre en relation avec leur rattachement à l’administration du duché. En effet, ils furent tous deux membres du conseil du roi en Aquitaine. Bernard Ez de Ladils bénéficia de la sollicitude de Clément V qui, en 1310, confirma son privilège de clergie, bien qu’il intervienne comme juge dans des affaires criminelles. Il l’autorisa, le même jour, à faire aménager un lieu de sépulture pour lui et ses frères, leurs épouses et leurs enfants à l’intérieur de l’église Saint-Martin de Bazas. En 1311, l’abbé de Saint-Florent de Saumur, pour le remercier des services qu’il lui avait rendus, lui concéda, sa vie durant, une pension de 100 livres tournois assignée sur le prieuré de Saint-Vivien, situé au sud de la Cathédrale, sur la rive droite du Beuve. Raimond Marquès fut, de son côté, trésorier d’Agenais13.

Le rang occupé par les parties, le nombre et la qualité des témoins laissent pressentir l’importance de l’acte qui va être passé. En voici la teneur :

Considérant les bons services qui lui ont été rendus gracieusement de nombreuses fois, par Arnaud Garcie du Got, vicomte de Lomagne et Auvillar et seigneur de Villandraut, “frère de notre seigneur, le seigneur Clément cinquième, par la divine providence, pape de la sainte église romaine et universelle” et par “le seigneur Bertrand deu Goth, fils dudit seigneur Arnaud, chevalier”, le “seigneur Amanieu, seigneur de Lebret et de Castelnau de Cernès” donne, concède et remet en fief en tant que donation entre vifs, faite de manière irrévocable pour lui et les siens, avec esporle et hommage à Arnaud Garcie et, après sa mort, à Bertrand, son fils, et à ses héritiers et successeurs et leurs ayants droit “les mère et mixte impère, haute et basse justice et juridiction entière qu’il avait ou devait avoir dans le château de Vinhendraud et la paroisse de Goth, à savoir dans les lieux ou manses de Fraissis, de Artiguaviridi, deu Goth,de la Guteyra,de la Lana,de la Vatroma,de Pinsola,de Faullete et du Moliar, qui se trouvent paroisse du Goth ainsi que l’affirmèrent lesdits Amanieu, Arnaud et Bertrand et dans tous les droits et dépendances des lieux (vici) susdits et de manière générale dans toute la paroisse susdite avec tous droits, devoirs, services et prestations de fidélité et hommage de ladite mère et mixte impère, haute et basse justice, tant sur les hommes que les lieux, terres et toutes choses dans lesdits châteaux, lieux et paroisse.”

Celui qui détient le merum imperium a la capacité de juger des crimes et de prononcer la peine de mort (haute justice) ; le détenteur du mixtum imperium juge les autres affaires pénales et les affaires civiles (moyenne justice). La basse justice concerne les affaires relatives aux droits dus au seigneur, à la police champêtre et aux petits délits.

La concession en fief est faite moyennant l’hommage d’une paire de gants blancs d’esporle à mouvance de seigneur et de vassal, à Castelnau-de-Cernès14.

Le sire d’Albret retient pour lui et les siens tous les droits de supériorité, appel et ressort, fief et hommage et, en outre, les hommes qu’il a à Quouquos et Puchpeyros et les terres et autres biens que lesdits hommes tiennent à présent en ces lieux et mère et mixte impère, haute et basse justice qu’il a sur lesdits hommes et terres. Il ordonne à tous les habitants de la paroisse, à l’exception de ceux de Quouquous et de Puchpeyrous, de prêter serment de fidélité à Arnaud Garcie de Got et, à sa mort, à son fils Bertrand. Au cas où Bertrand décéderait sans héritier, il est convenu que tous ses droits seront transférés aux héritiers d’Arnaud Garcie de Got, mais ils sont réputés inaliénables par la famille.

L’intérêt de cet acte

En renonçant à l’exercice de la haute justice sur la paroisse de Saint-Martin-de-Got, sauf sur les habitants et les lieux de Quouquos et Puchpeyous, le sire d’Albret, érige la seigneurie de la famille de Got en châtellenie et permet à la résidence des Got de devenir un “château” au sens juridique du terme, tout en restant dans la mouvance du seigneur de Castelnau-de-Cernès.

 Mais cet acte nous rappelle aussi que le seigneur de Villandraut, contrairement à une idée fort répandue, n’est pas Clément V, mais son frère aîné, Arnaud Garcie de Got, et par voie de succession son fils Bertrand. On peut être assuré, en revanche, que c’est à la demande de Clément V que le sire d’Albret dont le père avait, en 1268, rappelé au père du pape que sa maison forte n’était pas un château, a finalement consenti à renoncer à la haute justice sur Villandraut. Amanieu VII d’Albret ne perdait pas au change, nous l’avons vu, mais Arnaud Garcie, en tant que seigneur et son frère comme mécène, ne pouvaient envisager la construction d’une nouvelle résidence qui ne soit pas chef-lieu d’une juridiction15. Lorsque la paroisse de Saint-Martin-de-Got devint commune, elle prit le nom de Villandraut, celui du château et de sa juridiction, comme ce fut aussi le cas à Auros (Saint-Germain), Aillas (Notre-Dame-de-Mouchac), Captieux (Saint-Martin), ou Grignols (Flaujacq).

Au moment où fut passé cet acte Clément V se trouvait à Villandraut dans la vieille maison familiale où, souffrant, entouré seulement de quelques proches, il séjourna deux mois et demi. Mais il y a de bonnes raisons de mettre son séjour en relation avec la construction du château. Nous ignorons où en était le projet, mais la construction ne pouvait se faire, à notre avis, sans que fût réglé auparavant le statut juridique de la nouvelle résidence. Nous sommes donc enclin à penser qu’elle commença au cours de l’hiver 1306-1307. En route pour Avignon, Clément V s’arrêta, le 20 novembre 1308, à Villandraut. Même si le pape aurait probablement fait en d’autres temps le détour avant de quitter la Gascogne, il est probable qu’il souhaitait surtout se rendre compte de l’avancement du chantier. Son vœu le plus cher était sans aucun doute de finir ses jours à Villandraut, mais il décéda en chemin, à Roquemaure, le 20 avril 1314.

Cet acte nous apporte aussi des informations sur la fondation de la châtellenie de Villandraut. Il nous fait connaître, en effet la structure géographique de la paroisse de Saint-Martin-de-Got. Celle-ci est constituée de onze manses : “de Fraissis, de Artigua viridi, deu Goth, de La Guteyre, de La Lana, de La Vatroma, de Pinsola, de Faulleta et deu Moliar, de Quouquos et de Puchpeyros”. Le notaire a fait appel à trois termes pour désigner ces lieux habités : locus seu mansus et vicus. Par mansus il faut entendre tenure, centre d’exploitation rurale avec la terre labourable qui s’y rattache, vicus évoque davantage le village ou dans le cas de Saint-Martin-de-Got un hameau. C’est ce que confirme l’analyse de l’hommage rendu en 1308 par Arnaud Garcie de Got qui cite les cornaus (quartiers) de Freisset,d’Artigaverd, deu Got,de la Gubieira,de la Lana,de la Estrema,de Pinsola,de Faullet et del Moliar16. Mis à part le lieu-dit Lartigue, situé au sud de la commune actuelle, et celui de Got qui correspond au bourg actuel, aucun de ces lieux-dits ne figure sur le plan cadastral ancien, ce qui suggère au fil des siècles d’importants changements au sein de la population de la paroisse, à la suite de guerres ou d’épidémies. Mais nous avons, désormais, une idée précise de la manière dont se présentait le paysage de la paroisse en ce début du quatorzième siècle ; une demi-douzaine de hameaux, répartis dans un rayon de 700 m au plus autour de la résidence des Got à Villandraut.

Dans le prolongement de l’acte du 2 décembre, Arnaud Garcie de Got dut prêter hommage à Amanieu VII pour la haute et basse justice de Villandraut. De cette prestation nous savons seulement qu’elle fut reçue par Arnaud de Larrivail17.

Les Got et les Durfort, vassaux des sires d’Albret

En 1314, le mercredi après les octaves de la Saint Martin d’hiver (20 novembre), en présence de Raimond Guilhem Mezalha, notaire public en résidence à Casteljaloux, Bertrand del Got, chevalier, fils de feu Arnaud Garcie del Got, chevalier, vicomte de Lomagne, se présenta à Castelnau-de-Cernès18. Ajourné pour faire hommage et esporler de ce qu’il devait, les mains jointes posées entre celles d’Amanieu d’Albret, chevalier, seigneur de Lebred et de Castelnau-de-Cernès, il reconnut qu’il tenait de lui, de ses héritiers et ancêtres à raison de la baronnie de Castelnau-de-Cernès la justice haute et basse du lieu de Vinhendraud avec toutes ses dépendances. À ce titre il devait être son chevalier et son homme, lui faire hommage à mouvance de seigneur et lui donner à cette occasion une paire de gants blancs. Il lui remet ces gants et reconnaît qu’il doit faire droit en ce lieu dans sa main, conformément à un acte établi par maître Arnaud de Larrivail, notaire public du duché. Il promet à Amanieu d’être bon, loyal et fidèle, de protéger son corps, ses membres et sa terre, de l’aider à acquérir toute acquisition qu’il doit faire en droit, lui apporter secours contre toute personne, tenir secret et donner son conseil à son loyal pouvoir. Et en confirmation de cela et en signe de fidélité “l’en bayset en la bouque”. Sont présents comme témoins : Arnaud Bernard de Preyssac, appelé “soldan”, Arnaud de Noaillan, chevaliers, Bertrand de Montpesat, Guilhem Arnaud de Lairemande, appelé Chusco, Guirald del Got, P. de Castro d’Angels, maître Arnaud d’Origne, maître P. de Casterat, clercs, en Guilhem Nobid.

 La seigneurie de Villandraut passa de la famille de Got à celle de Durfort et plus particulièrement à la branche de Lacour et Duras19. Bertrand avait fait de sa fille Régine sa légataire universelle, mais, en cas de décès sans enfant, plusieurs substitutions avaient été prévues en faveur des enfants des sœurs de Bertrand. Régine testa ensuite en faveur de Jean d’Armagnac, son époux, et y ajouta une donation entre vifs de tous ses biens dont Villandraut. Mais des procès furent entamés par tous les bénéficiaires possibles dont les Durfort. En effet, Marquise de Got, sœur de Bertrand avait épousé Arnaud de Durfort, coseigneur de Clermont-Dessus et de Lacour. Au terme d‘un accord intervenu en 1336, Villandraut en même temps que Blanquefort et la moitié de Veyrines passèrent dans les mains d’Aymeric, fils aîné d’Arnaud et Marquise (1306-1321). Le roi de France demanda à Aymeric de faire hommage pour Villandraut à Bernard Ez V d’Albret, fils et successeur d’Amanieu VII. À la mort d’Aymeric (1310-1345), suivie de celle de son fils (1345), son frère Gaillard recueillit son héritage. Ayant pris le parti français, Aymeric avait perdu Blanquefort et Veyrines et probablement Villandraut, car le sire d’Albret avait alors rallié le parti du roi-duc. Étonnant personnage que Gaillard de Durfort, surnommé l’Archidiacre, un clerc grassement prébendé qui, à quarante-six ans, abandonne son enseignement à l’université de Toulouse et épouse Marguerite de Caumont. Il joue d’abord la carte anglaise, puis passe au roi de France en 1350, rallie ensuite le prince Noir en 1356, mais il meurt la même année, probablement à la bataille de Poitiers. Il laissait, sous la tutelle de leur mère, deux fils, Gaillard II (1354-1422) et Aimeric (1362-1406).

L’hommage de Marguerite de Caumont (20 mai 1357)

 Le 20 mai 1357, Marguerite se présenta au château de Castelnau-de-Cernès devant le “magnifique et puissant seigneur” Bernard Ez seigneur de Labret et de Castelnau, qui l’avait convoquée afin de prêter hommage20. Elle est dite veuve de Gaillard de Durfort, chevalier, seigneur de Duras, de Blanquefort, de Vinhendraldo,de Lacour(Curie) et de Monchaquelo et coseigneur de Clermont-Dessus, diocèses d’Agen, Bordeaux et Cahors. Elle fit la preuve de la tutelle de ses enfants, Gaillard et Jean, par lettres patentes datées du 6 octobre 1356 au château de Duras, scellées de l’official forain d’Agen dans la ville de Sainte-Foy sur Dordogne et reçues par le notaire de cette cour, maître Pierre de Pulchra arbore, qui furent insérées au bas de l’acte21. Gaillard avait établi par testament son épouse comme tutrice de ses enfants qui sont qualifiés d’impuberi et infra ætate infantiæ constituti. 

Marguerite, les mains jointes entre celles du seigneur de Castelnau, reconnaît que son fils seigneur de Vinhendrald,tient de Bernard Ez, seigneur de Castelnau et de ses héritiers, comme l’avaient fait ses prédécesseurs seigneurs de Villandraut toute la haute et basse justice dudit lieu avec toutes ses dépendances. Elle reconnaît qu’elle doit être chevalier et homme dudit seigneur auquel elle doit une paire de gants blancs à mouvance de seigneur. Marguerite présente alors ces gants au nom de son fils et reconnaît qu’elle doit faire en sa main ce qui est contenu dans un acte public établi par maître Arnaud de Rivail, notaire du duché d’Aquitaine. Elle promet que son fils sera bon, loyal et fidèle, qu’il protègera le corps, les membres et les terres de son seigneur et lui portera secours contre toutes personne, lui donnera bon conseil. Pour confirmer ces engagements et en signe de fidélité Marguerite reçoit un baiser au nom de son fils. Avant cette cérémonie, le sire d’Albret avait protesté que par cette réception d’hommage et admission de Marguerite à le prêter, il n’entendait pas relever son fils, seigneur de Villandraut, de venir en personne faire hommage lorsqu’il aurait atteint sa puberté.

Nombreux furent les témoins : Fort Sanche, seigneur de Xaintrailles (Santarailla), Guillaume Feriol, seigneur de Tonneins, Guillaume Raimond de Marmande, seigneur de Taillecavat (Taillacabat), le seigneur de Gioco, le seigneur de Podio Queherni, Amanieu de Noaillan, coseigneur de Sainte-Livrade (Santa Librata), Augier de Pellegrue (Pelagrua), Bernard de Lubiis, Guillaume Arnaud de Pompéjac, son fils, tous chevaliers ainsi que plusieurs “bons et discrets hommes” : Guillaume de Cambrosio, archidiacre et chanoine de l’église de Bazas, Jean de Lisiac, chanoine de l’église de Villandraut (Vinhendraldo), qui avait été déjà témoin de la concession de tutelle à Marguerite, licencié en droit, maître Pierre Socii d’Escotet, clerc de Bazas, bachelier en droit, Bertrand de Saint-Pierre, Raimond de Ca…. (?), Pierre de Bordessio, Pierre de Poyane, Pierre de Casatico, Raimond de Petralonga, Odet de Mauriac, Seguin de Arriqia, Huguet Ferrand, Arnaud de Sallabarda, Pierre de La Tan……(?), Bertrand Marquès, Bertrand de Laguardera, citoyens de Bazas, maître Pierre de Pulchra arbore,notaire impérial et d’Agenais, et aussi Bertrand et Géraud Berguimissus (?), frères, Géraud Fabri, Pierre de Lassus, habitants du détroit de Castelnau, appartenant aux diocèses de Condom, Agen, Bazas, Bordeaux et Dax et plusieurs autres témoins.

La seigneurie de Villandraut est restée dans les mains de la famille de Durfort jusqu’au 3 avril 1599, date à laquelle elle est achetée par Lancelot de Lalanne qui appartient à une famille de parlementaires bordelais22.

Notes

  1. Ces documents, au nombre de sept, sont transcrits dans un cahier papier conservé aux archives du château de Cazeneuve (commune de Préchac, Gironde). Ce cahier porte les mentions suivantes : au recto : “carton cinq, 1ère liasse” N°2” ; “Contract de Castetnau pour madame de Castetmoron et de Vilandraut” ; “MM” ; “Plusieurs copies de titres tant en gascon, latin que français des années 1267, 1303, 1306, 1315, 1357, 1522, 1599.” ; “Pour les seigneuries de Villandraut, Uzeste et autres.” Trois documents datés de 1268 (n. st), 1306 et 1357, concernent la seigneurie de Villandraut ; trois autres datés de 1303, 1315 et 1522, celle de Cazeneuve ; un de 1599, les deux seigneuries. Les analyses se trouvent dans deux inventaires du Trésor des chartes d’Albret. Arch. dép. Pyrénées-Atlantiques, AD 64 E 140 et E 14.
  2. J. B. Marquette, “Villandraut : la naissance d’un bourg”, Les Cahiers du Bazadais,n°135, 4e trim. 2001, p. 5-13.
  3. J. B. Marquette, “Le prêt de Clément V à Édouard II et le trésor de La Trave”, Les Cahiers du Bazadais,n° 168, 1er trim. 2010, p. 49-56.
  4. Voir fig. 2. Le bourg de Villandraut d’après le plan cadastral de 1838. L’église Saint-Martin était située au lieu-dit À La Madeleine.
  5. J. Gardelles, “Recherches sur l’ancienne collégiale de Villandraut”, Les Cahiers du Bazadais, n° 20-21, p. 49-55.
  6. Cet acte (n° 1 du Cahier) nous est parvenu sous forme de copie d’un vidimus, c’est-à-dire d’une copie authentique. Celle-ci avait été exécutée le 20 janvier 1603, à l’initiative de M. Bernard Pauillac, procureur en la cour de la sénéchaussée d’Albret au siège de Nérac, suivant le pouvoir qui lui en avait été donné par Messieurs du Conseil de la chambre des comptes audit Nérac. Il fit exécuter par “autruy main, a moi fiable” copie de “l’expédition en forme” – en d’autres termes de l’original – que le sieur de Viçose lui avait remise après l’avoir retirée du Trésor des titres du château de Nérac. Une fois l’extrait fait, vidimé et collationné sur ladite “expédition en forme”, B. Pauillac remit cette “expédition en forme inscrite en parchemin” à M. de Viçose. M. de Viçose, devenu en 1599 seigneur de Castelnau-de-Cernès, s’est donc fait remettre l’original, mais la chambre des comptes a voulu en conserver une copie authentique. L’original, remis à M. de Viçose fut sans doute déposé à Cazeneuve et perdu. De son côté, le vidimus disparut à la Révolution, lorsque furent détruites toutes les archives conservées au château de Nérac. Mais, au XVIIIsiècle, l’original étant déjà perdu, un seigneur de Castelnau-de-Cernès fit exécuter la copie de ce vidimus. M. de Viçose est qualifié de conseiller du roi en ses conseils, d’État et privé, et intendant général de ses finances en Guyenne, seigneur et baron des terres de Casenave et Castetnau de Sarnès.
  7. Il s’agit de la copie figurant dans le cahier sous le n° 3. Cette fois, c’est Bernard Pauillac qui a copié de sa propre main en “quatre feuillets” “l’expédition en forme” ou original remise par le sieur de Viçose, que celui-ci avait retirée du trésor des Titres de sa Majesté en son château de Nérac. Le vidimus réalisé, B. Pauillac remit à M. de Viçose “l’expédition escritte en une peau de parchemin”. Nous ignorons ce qu’en fit M. de Viçose. Il est probable qu’il la déposa à Cazeneuve. Le document est perdu. Nous avons retrouvé mention de ce document dans l’inventaire des archives du château de Casteljaloux établi en 1460 (AD 64, E 140). L’analyse est en partie erronée et la date fausse : “Item une carte cum mosseignor de Labrit donna lo loc de Vinhendraut an Bertrand deu Got ab certain hommage que l’en deu far. Feite MCCCXLVIII.” Il s’agit non de Bertrand de Got mais de son père Arnaud Garcie.
  8. Regestum Clementis papae V, 8 vol., Rome, 1884-1892. J. B. Marquette, “Les origines de la seigneurie des archevêques de Bordeaux à Pessac”, Revue archéologique de Bordeaux, t. C, 2009, p. 83-99.
  9. J. B. Marquette, Les Albret. L’ascension d’un lignage gascon (XIsiècle-1360),Ausonius, 2010, p. 226-234.
  10. La Gascogne dans les registres du Trésor des chartes, par Ch. Samaran, Paris, 1966, n° 18, Arch. nat., JJ38, fol. 60 ; F. I, n° 227. En 1301, Hélie Talairand, comte de Périgord, céda les vicomtés de Lomagne et Auvillar à Philippe le Bel, qui les donna à son second fils, le futur Philippe V. Mais celui-ci renonça à ce don et Philippe le Bel donna les vicomtés à Arnaud Garcie de Got.
  11. Duchesne, Histoire de tous les cardinaux François… 1660, t. II, p. 356-358. Y. Renouard, Bordeaux sous les rois d’Angleterre, p. 568.
  12. Y. Renouard, Bordeaux sous les rois d’Angleterre, p. 568.
  13. J. B. Marquette, “Une famille de bourgeois bazadais : Les Ladils (vers 1150-1315)”, Les Cahiers du Bazadais, n° 140, 1er trimestre 2003.
  14. Lors de l’hommage prêté à mouvance (changement) de seigneur ou de tenancier, le vassal remet en effet au seigneur un objet symbolique (gants, fer de lance, plus rarement une somme d’argent), rappelant le droit éminent du seigneur sur la seigneurie du vassal. Si le vassal n’a pas d’héritier, ses biens reviennent à son seigneur.
  15. Sur le château, nous renvoyons nos lecteurs à : Louis Cadis, Le château de Villandraut Congrès archéologique de France, CIIe session tenue à Bordeaux et Bayonne en 1939, t. 39, Paris (1941), p. 310-335 ; Léo Drouyn, La Guienne militaire, t. I, Bordeaux-Paris, 1865, p. 38 ; J. Gardelles, Les châteaux du Moyen Âge dans la France du Sud-Ouest, Genève, 1972, p. 234-235.
  16. AD 64, E 140, fol. 49 v° 2. Le document est daté de 1348, ce qui est une erreur manifeste. Il faut probablement lire 1308. Il s’agit de “dues cartes d’une tenor feites per dues notaris”.
  17. Id.
  18. Le notaire a précisé “régnant Édouard, roi d’Angleterre, duc d’Aquitaine et Thibaud (Theobaldus) évêque de Bazas”. Cet acte est en gascon. On en trouve une analyse dans l’Inventaire des archives de Casteljaloux de 1460 : AD 64 E 140, fol. 49 v° 3. Ce même inventaire fait état de “V cartes duplicades contien los homenages feytz per lodit Bertran deu Got de les causes dessus deites, l’an MCCCXIII”.
  19. N. de Peña, Documents sur la maison de Durfort (XIe-XVe siècle), Études et documents d’Aquitaine, Bordeaux, 1977, t. I, p. XXIV-XXV. Tableau généalogique hors texte : Durfort, seigneurs de Lacour et de Duras. N. de Peña nomme Aymeric le second des fils de Marguerite de Caumont. Or celui-ci est nommé Jean dans l’acte de tutelle de 1356 et l’hommage de 1357.
  20. Notre source est constituée par la copie du procès-verbal de la prestation d’hommage pour la haute et basse justice de Villandraut faite, le 20 mai 1357, par Marguerite de Caumont, veuve de Gaillard de Durfort, à Bernard Ez V d’Albret. Cet acte nous est parvenu comme les précédents sous forme de copie d’une copie en forme de vidimus que Bernard Pauillac avait fait exécuter en cinq feuillets “par autruy main a moi fiable” à partir d’une “expédition en une peau de parchemin” que lui avait remise le sieur de Viçose. Celui-ci ci l’avait retirée du Trésor des Titres du château de Nérac. Une fois le vidimus réalisé, B. Pauillac remit l’expédition à M. de Viçose, qui le déposa sans doute à Cazeneuve où elle fut perdue. L’acte, écrit en latin a été établi par Arnaud de Muro,clerc de Bazas, notaire apostolique et impérial. Dans cet acte sont insérés : le procès-verbal en gascon de la prestation d’hommage faite en 1314 par Bertrand de Got à Amanieu VII d’Albret ; la constitution de tutelle de ses enfants faite en faveur de Marguerite de Caumont par Pierre de Barriaco, official forain du diocèse d’Agen dans la ville de Sainte-Foy sur Dordogne et six lieues à l’entour.
  21. L’acte fut passé en présence de Bernard de Lubiis, Bertrand de Durfort dit Salvatge, chevaliers, des religiosi viri : Guillaume Localh, prieur de Moncassin, Raimond de Cardulhisco, chanoine de la bienheureuse Marie de Chastres au diocèse de Périgueux, Emeric de Cude, de l’ordre des frères prêcheurs ; des discreti viri : Pierre de Ralhonia (?), doyen, Jean de Lysiaco, licencié en droit, Carbonel de Carpacto, Jean de Borgatta, fils de Raimond Marti, chanoine de l’église de Vinhendraldo, des nobles Léonard de Durfort, Amalonio de F(…), damoiseau, Raimond de Bruetto, bailli et maître Arnaud (…), notaire de Duras. Bertrand de Durfort, dit Salvatge, est dans le corps de l’acte qualifié de seigneur de Gaiaco (Gageac), Raimond Bernard de Durfort de seigneur de Fendhaco (Fenouillet). Il s’agit de deux beaux-frères de Marguerite. N. de Peña donne le prénom de Bernard à celui qui est surnommé Saluatge et en fait un seigneur de Clermont-Dessus, mais non de Gageac, titre qu’elle attribue à un autre beau-frère, Bertrand. Raimond Bernard était bien seigneur de Fenouillet.
  22. Jean-Claude Huguet, “Villandraut à l’époque moderne (XVIe-XVIIIe siècle)”, Les Cahiers du Bazadais, n° 135, 4e trim., 2001, p. 14 -60.
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Pessac
Chapitre de livre
EAN html : 9782356135094
ISBN html : 978-2-35613-509-4
ISBN pdf : 978-2-35613-511-7
Volume : 4
ISSN : 2827-1912
Posté le 15/11/2025
13 p.
Code CLIL : 3385
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Licence ouverte Etalab

Comment citer

Marquette, J. B., “Villandraut : de la maison forte au château (1268-1357)”, in : Boutoulle, F., Tanneur, A., Vincent Guionneau, S., coord., Jean Bernard Marquette : historien de la Haute Lande, vol. 1, Pessac, Ausonius éditions, collection B@sic 4, 2025, 379-392, [URL] https://una-editions.fr/villandraut-de-la-maison-forte-au-chateau
Illustration de couverture • d'après “Atlas de Trudaine pour la ‘Généralité de Bordeaux n° 6. Grande route de Bordeaux à Bayonne. Les douze premières cartes du plan de cette route. Cy 15 cartes’.
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