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Paroisses dédiées à Notre-Dame et occupation du sol
en Bordelais et Bazadais au Moyen Âge (Ve-Xe siècle)


Paru dans : Annales du Midi, 90, n° 136, 1978, 3-23.

L’hagiotoponymie et l’étude des vocables paroissiaux constituent une source de premier ordre lorsqu’on souhaite étudier les étapes du peuplement et de la mise en valeur du sol d’une région durant l’époque médiévale. Mais, de tous les patronages sous lesquels furent placées églises et chapelles, il en est un, celui de Notre-Dame, qui, en raison de son ancienneté et de sa permanence, n’a cessé de poser des problèmes aux chercheurs. D’une façon générale, cependant, c’est au XIIe et au XIIIe siècle qu’en l’absence de preuves on rattache la fondation des paroisses placées sous ce vocable1.

Il nous a donc paru intéressant de préciser, à partir d’un exemple local, la chronologie et les circonstances de l’apparition des paroisses dédiées à la Vierge et d’apporter ainsi quelque lumière à la fois sur la manière dont son culte s’est propagé et sur l’histoire du peuplement de la région considérée. Le cadre que nous avons retenu, celui des diocèses de Bordeaux et de Bazas, est suffisamment vaste pour que les risques d’erreur inhérents à ce genre de recherche soient atténués par le nombre de cas considérés. Enfin, compte tenu de la perspective dans laquelle nous nous sommes placé, c’est essentiellement sur l’examen des vocables paroissiaux qu’a porté notre enquête.

L’établissement de la liste des paroisses des diocèses de Bordeaux et de Bazas qui étaient dédiées à Notre-Dame à la fin du Moyen Âge n’est pas une entreprise facile. En effet, les pouillés qui ont été publiés ou reconstitués, nous fournissent seulement l’état des paroisses dans la seconde moitié du XVIIIe siècle et ne mentionnent pas les éventuels changements de vocable. Mais, la différence est grande entre les deux diocèses. Ainsi, la publication récente des documents se rapportant au diocèse de Bazas a surtout fait ressortir l’ampleur des lacunes2. On ne dispose, en effet, pour le Moyen Âge que de listes fort incomplètes et de surcroît sans indication des patrons des paroisses ; la recherche des plus anciennes mentions à travers les actes de toute nature est donc indispensable. Pour le diocèse de Bordeaux, en revanche, les comptes de l’archevêché fournissent une documentation sinon exhaustive du moins à peu près complète et ceci dès la fin du XVIe siècle. Particulièrement intéressantes sont les listes établies en vue de la perception des quartières : l’une date du XIIIe siècle, une autre de 1398 et l’on peut les compléter par l’examen des comptes3.

C’est donc à partir de ces sources inégales et incomplètes que nous avons dressé la liste et établi la carte des paroisses et annexes dédiées à la Vierge jusqu’aux environs de 1500 : elles sont au nombre de 47 pour le diocèse de Bordeaux et de 51 pour celui de Bazas, mais on ne saurait considérer cet état comme exempt d’omissions ou d’erreurs4 (fig. 1).

Fig. 1. Paroisses Notre-Dame, toponymie et sols. 1. Alluvions récentes ; 2. Argiles à gravier ; 3. Dunes côtières ; 4. Sols calcaires et terreforts ; 5. Sables noirs des Landes ; 6. Terreforts sur molasses des pays du Drot ; 7. Sables du sidérolithique ; 8. Sables et boulbènes ; 9. Graves ; 10. Paroisses N.-D. dans lesquelles on a découvert des vestiges archéologiques gallo-romains ou du haut Moyen Âge ; 11. Paroisses N.-D. à toponyme en -ac ; 12. Avec vestiges archéologiques ; 13. Paroisses N.-D. à toponyme en -as ; 14. Avec vestiges archéologiques ; 15. Paroisses N.-D. à toponyme en -an ; 16. Avec vestiges archéologiques ; 17. Autre paroisse dédiée à Notre-Dame.

La première remarque qu’il convient de faire concerne la proportion des paroisses mariales par rapport à l’ensemble des paroisses des deux diocèses5 : elle est de 13,35 %, mais la différence entre Bordelais et Bazadais est assez sensible ; 17,17 % dans le diocèse de Bazas et seulement 10,75 % dans celui de Bordeaux. Ce pourcentage est de 14,4 % dans le diocèse d’Aire, 15,50 % dans celui de Dax et 15 % dans celui d’Agen6. Si le taux du diocèse de Bazas est à peu près identique à celui des diocèses environnants, en revanche, celui du diocèse de Bordeaux présente une anomalie que seule une étude systématique à travers tous les diocèses de cette province permettrait de mieux cerner. On remarquera, par ailleurs, que le pourcentage de 17,17 % du diocèse de Bazas reste sensiblement inférieur à celui que l’on rencontre en Languedoc et Provence où l’on relève des pourcentages de 18,5 % dans le diocèse de Lodève7 et de 21-22 % dans celui d’Aix8, chiffre que l’on retrouve pour l’ensemble de cette province.

D’autre part, si l’on considère les diocèses de Bordeaux et de Bazas dans leur ensemble, on constate que les paroisses mariales y occupent la seconde place (13,3 %) derrière celles dédiées à saint Martin (14,7 %) et avant celles consacrées à saint Pierre (13,2 %). Mais, si dans le diocèse de Bordeaux saint Martin et saint Pierre ont des taux relativement voisins (16,2 et 13,6 %), assez loin devant Notre-Dame (10,7 %), en revanche, dans celui de Bazas, c’est le vocable Notre-Dame qui est en tête (17,7 %), devant saint Martin (14,6 %) et saint Pierre (12,5 %).

Ces pourcentages ne sont pas encore très éloignés de ceux que l’on peut relever dans les diocèses voisins d’Aire et de Dax : dans le diocèse d’Aire, au niveau des seules paroisses – les annexes étant exclues – le vocable saint Pierre apparaît dans 14 % des cas et celui de saint Martin dans 13 % – Notre-Dame, 14,4% – ; dans celui de Dax, au nord de l’Adour, les taux sont respectivement de 16,3 % et 12,3 %, alors que celui des paroisses dédiées à Notre-Dame est pour sa part très bas : 9,1 %9. À quelques nuances près un certain air de famille règne donc entre les diocèses de Bordeaux, Bazas, Aire et Dax, surtout lorsqu’on les compare avec ceux de la province d’Aix – on n’y relève, en effet, que 4,8 % de vocables saint Martin et 9 % de saint Pierre – ou avec celui de Lodève où les taux sont respectivement de 10 % et 11 %.

Même si elles n’occupent pas en Bordelais et Bazadais la place prééminente qu’elles ont en Languedoc et en Provence les paroisses dédiées à Notre-Dame se tiennent donc dans ces deux diocèses à un rang remarquable. Mais, on ne saurait oublier la différence sensible relevée entre le diocèse de Bordeaux et celui de Bazas. Or, cette opposition se retrouve parfois avec plus de vigueur dans le cadre de chacun des deux diocèses, au niveau des archiprêtrés. À l’homogénéité assez forte du diocèse de Bazas où les pourcentages s’échelonnent seulement de 13,7 à 21,4 % s’oppose le Bordelais, région aux contrastes marqués, où l’écart va de 5 à 14,7 %10. Il importe donc de se pencher sur ces inégalités de la carte de répartition.

Un des facteurs susceptibles de rendre compte, au moins partiellement, de cette situation ne serait-il pas une différence entre le milieu naturel du Bordelais et celui du Bazadais ? La question mérite d’être posée compte tenu surtout de la perspective dans laquelle nous nous sommes placé, celle des relations possibles entre vocable Notre-Dame et occupation du sol. Que le Bordelais et le Bazadais présentent des milieux naturels variés la chose ne fait aucun doute, mais, s’il y a des contrastes, ce n’est pas, allons-nous voir, au niveau des diocèses qu’on les rencontre. D’autre part, on ne saurait oublier que la notion essentielle en matière d’occupation du sol est celle de bon ou de mauvais sol prise, non de manière absolue, mais dans le contexte général de la société rurale médiévale. En effet, si le défricheur a toujours recherché les terres les moins pauvres, souvent il a été retenu dans ses entreprises par l’obstacle que constituaient des sols trop lourds portant une couverture végétale trop dense : de tels terroirs étaient à la fois difficiles à mettre en valeur et à cultiver compte tenu des moyens techniques de l’époque. Ce sont donc les sols légers et bien drainés qui ont en priorité retenu l’attention des défricheurs.

En Bordelais et Bazadais, les sols les plus pauvres sont constitués par les zones de sable, sable noir des landes d’une part, du Périgord de l’autre. Le sable landais recouvre une vaste région, délimitée par l’océan et une ligne allant de Casteljaloux à Soulac en Médoc, qui comprend une bonne partie du Médoc et du Cernès, la totalité du Buch et du Born ainsi que les landes bazadaises – archiprêtré de Bernos – ; les sables et graviers du Périgord et du sidérolithique occupent la zone des confins du Bordelais, d’une part, de la Saintonge et du Périgord, de l’autre : nord du Blayais, du Bourgeais, du Fronsadais, de l’Entre-Dordogne. Mais, si les landes régnaient pratiquement en maître à l’ouest de Bordeaux et de Bazas, en revanche, les forêts l’emportaient aux confins du diocèse de Bordeaux : forêt de Montendre, de la Double, du Landais.

Les régions les plus fertiles des deux diocèses se trouvent dans les vallées aux sols argilo-limoneux de la Garonne, de la Dordogne et de leurs affluents ; mais, vers l’aval, se sont toujours posés de graves problèmes de drainage qui reléguèrent pour longtemps ces terres à l’état de marais. Les terrasses d’alluvions anciennes, surtout importantes sur la rive gauche de la Garonne – Bazadais et Cernès, mais aussi Médoc – et en bordure de l’Isle et de la basse Dordogne présentent, en revanche, des sols de moins bonne qualité, qui furent longtemps couverts de vastes forêts : Luc majour bazadais, forêts de Bordeaux ou de Lesparre.

L’Entre-deux-Mers, d’une part, en y incluant la partie septentrionale du diocèse de Bazas, les régions bordières de la Dordogne en Entre-Dordogne, Fronsadais, Bourgeais et Blayais, de l’autre, constituent des régions beaucoup moins homogènes en raison de la dissection du paysage et de l’affleurement de couches aussi nombreuses que variées qui en résulte. En Entre-deux-Mers, cependant, on peut, en gros, distinguer trois régions : du pays de Barès jusqu’à une ligne allant de la confluence du Drot sur la Garonne à Izon sur la Dordogne, on rencontre essentiellement en surface des argiles à galets et graviers donnant des terres lourdes d’où la forêt n’avait pas été encore chassée au XIs. – Grande Sauve ; à l’est de cette ligne, molasses et calcaires l’emportent, mais, alors qu’en bordure de la vallée de la Dordogne – en particulier dans les pays de la Gamages, de l’Engranne et de la Durèze – le calcaire à astéries qui constitue la partie supérieure du plateau donne des sols relativement légers, en revanche, à mesure que l’on se dirige vers le sud-est ces calcaires sont de plus en plus recouverts de couches de molasses sableuses couvertes naguère de forêts – pays au bois du Drot – et n’apparaissent que sur les pentes.

On retrouve ces imbrications au nord de la Dordogne, mais ici le calcaire à astéries couronnant les molasses du Fronsadais ne se retrouve que de façon discontinue, surtout dans les coteaux dominant la plaine de la Dordogne, de Belvès à La Roque de Thau où il est relayé par les calcaires du Blayais. Cependant, vers l’intérieur, les sables du Périgord, vers l’est, des argiles à graviers semblables à celles de l’Entre-deux-Mers, vers l’ouest, recouvrent rapidement les affleurements calcaires.

Quelles relations peut-on établir entre ces données et la carte de répartition des paroisses dédiées à Notre-Dame (fig. 1) ? Si l’on compare la situation entre certains archiprêtrés qui ne diffèrent guère par leur milieu naturel comme le Cernès, le Haut-Médoc, le Buch et le Born d’une part, l’archiprêtré de Bernos de l’autre, établis sur des zones de sables et de graviers, on relève les écarts de densité presque les plus forts pour l’ensemble des deux diocèses : 5,8 %, 10 %, 10 % d’une part, 19,5 % de l’autre. En revanche, des taux identiques et peu élevés se rencontrent dans des régions aussi différentes que le Bourgeais (5,1 %), le Cernès (5,8 %) ou la Bénauge (5 %). Il semblerait donc qu’il n’y ait aucun rapport entre milieu naturel et répartition des paroisses à vocable Notre-Dame.

La chose n’est pas aussi évidente qu’il pourrait paraître à première vue en raison de l’imbrication, même sur des aires aussi réduites que les archiprêtrés, de zones pédologiques parfois fort différentes. Quelques exemples illustrent d’ailleurs la relation opposée. Ainsi, dans l’Entre-deux-Mers, en y incluant le nord du Bazadais, région dans laquelle nous avons noté la présence de trois secteurs où prédominent des formations superficielles différentes – argiles à graviers, sols calcaires, molasses – aucune paroisse Notre-Dame n’est établie dans la zone des argiles à galets qui recouvre l’archiprêtré d’Entre-deux-Mers, à l’exception de celles qui le sont en même temps sur les alluvions de la vallée de la Garonne – Le Pian, Lestiac, Tabanac – de la bastide de Créon et de la commanderie de La Grave. Elles paraissent relativement nombreuses par contre, dans le secteur sud-oriental, le pays des molasses du bassin du Drot, 13 sur 80 soit 16,2 %, proportion bien supérieure à celle du versant nord, calcaire, tourné vers la Dordogne, 10 sur 80 soit 12,5 %. Mais l’étendue des régions considérées estompe les contrastes locaux. Ainsi, si l’on prend comme cadre les bassins de l’Engranne et du ruisseau voisin de Canodonne, qui sont établis dans la principale zone d’affleurement des calcaires à astéries, le pourcentage des paroisses dédiées à Notre-Dame s’élève à 23,6 %, tandis qu’on n’en relève aucune au sein d’un groupe de 50 paroisses établies au cœur de l’Entre-deux-Mers bazadais autour des abbayes de Blasimon et de Saint-Ferme, région restée encore boisée où prédominent les sols molassiques.

Le bassin du Ciron constitue un autre exemple de ces contrastes locaux. La haute vallée bazadaise draine une région entièrement recouverte de sables noirs ; à partir de Villandraut, par contre, apparaissent sur des aires de plus en plus étendues des affleurements de calcaire et de molasse, puis, des terrasses de graves et des zones d’alluvions. Or, dans le bassin supérieur, sur 28 paroisses 8 sont consacrées à Notre-Dame – soit 28,5 % – tandis que dans le bassin inférieur aucune paroisse n’est dédiée à la Vierge.

On pourrait aussi évoquer le cas des cinq îles des vallées de la Dordogne et de la Garonne dont trois – Bourdelles, Floudès et l’Isle-de-Carney – sont sous le vocable de Notre-Dame ou celui des paroisses qui, dans le Cernès et le Bazadais méridional, se trouvent au contact de la terrasse supérieure et des collines recouvertes de sables landais. De la vallée du Lisos à celle du Ciron cinq paroisses sur huit sont sous le patronage de Notre-Dame : Aillas, Auros, Coimères, Mazères, Fargues. Cet alignement se prolonge en Loutrange, à l’Est du Lisos, avec Sadirac, Mazerolles et Fontet.

Tous ces exemples suggèrent l’existence de relations entre la répartition des paroisses dédiées à Notre-Dame et le milieu naturel ; mais, selon les cas, elles seraient opposées. Ainsi, si l’on reprend l’exemple de la haute vallée du Ciron, celui de la terrasse de rive gauche de la Garonne en Bazadais, ou encore celui des îles longtemps inhospitalières, il semblerait bien que ce soient les terres les plus pauvres ou les plus difficiles à mettre en valeur qui aient en quelque sorte attiré le vocable Notre-Dame. Cette constatation rejoint l’opinion généralement admise selon laquelle les paroisses dédiées à Notre-Dame, parce qu’elles sont de formation relativement récente (XIIe-XIIIe s.), sont surtout nombreuses dans les terres pauvres ou répulsives qui furent pour cela les dernières défrichées.

Or, nous avons rencontré d’autres cas qui illustrent un type de relation opposé et sembleraient ainsi démentir une telle hypothèse. Ainsi, dans les régions naturellement pauvres que sont les pays de Buch ou de Born, le Médoc ou le nord du Bourgeais et du Fronsadais – en particulier le triangle délimité par la confluence de la Save et de l’Isle –, le pourcentage des paroisses dédiées à Notre-Dame est faible voire nul. Il en est de même sur les terres lourdes du centre de l’Entre-deux-Mers bordelais ou bazadais où la forêt a toujours été présente. En revanche, le plateau voisin entre Engranne et Canodonne, couvert de terres de décalcification plus faciles à travailler a constitué manifestement une zone d’attraction pour les paroisses dédiées à Notre-Dame. À partir de tels exemples on pourrait avancer la relation : terre riche-paroisse mariale.

Est-il possible de concilier une telle hypothèse avec celle précédemment émise d’une propagation des paroisses dédiées à la Vierge liée à la mise en valeur récente de terres pauvres ? La rareté des paroisses Notre-Dame dans certaines régions aux médiocres aptitudes agricoles peut, semble-t-il, s’expliquer si l’on tient compte de la situation de ces régions : la présence du bassin d’Arcachon, la position péninsulaire du Médoc où d’ailleurs tous les sols ne sont pas médiocres, celle de l’Entre-deux-Mers traversé par les routes reliant Bordeaux au Périgord et à la Saintonge et, dans ces deux cas, le voisinage de la métropole aquitaine suffisent à rendre compte de la précocité d’un peuplement déjà relativement dense à l’époque gallo-romaine. On comprend aussi que la vallée du Drot aux nombreux hagiotoponymes formés sur des noms de saints des Ve-VIIIe siècles s’oppose à la haute vallée du Ciron où triomphent les vocables Notre-Dame. La vallée du Drot est, en effet, largement ouverte sur celle de la Garonne et les établissements gallo-romains n’y étaient pas absents ; il est naturel que sa mise en valeur ait été plus précoce que celle de la haute vallée du Ciron, véritable bout du monde.

En revanche, le cas des paroisses de la région de l’Engranne auquel on pourrait ajouter un certain nombre d’exemples isolés de paroisses des coteaux de la Garonne ou de la Dordogne pose un problème apparemment insoluble, à moins que l’explication du paradoxe – paroisse Notre-Dame terres “riches” – ne soit à rechercher dans la présence dans ces régions d’un habitat antique qui aurait entraîné l’apparition d’une première génération de paroisses mariales entre le Ve et le Xe siècle.

Ainsi se trouve posé le problème des relations éventuelles entre la géographie des paroisses dédiées à la Vierge et celle des habitats antiques ou postérieurs correspondant à la période allant du Ve au Xe siècle.

Les sources dont on dispose dans ce domaine sont malheureusement aussi difficiles à réunir qu’à interpréter : il s’agit des toponymes et des vestiges archéologiques. En ce qui concerne la toponymie, c’est aux toponymes à suffixe –acus ou iacus et –anus que l’on fait en général référence11, mais on ne saurait écarter d’autres suffixes tels que ceux en –as ou en –on12. Si leur repérage ne pose pas au niveau des paroisses de problème majeur, la recherche des anthroponymes se heurte, le plus souvent, à l’absence de références précises. Il y a donc un certain nombre de toponymes dont l’attribution à l’époque gallo-romaine est douteuse. Cependant, dans la mesure où ce n’est pas le phénomène en tant que tel qui nous occupe, mais les variations de sa répartition géographique, les erreurs d’attribution, et il y en a, sont sans conséquence grave, car elles doivent se répartir à peu près de la même façon selon les régions considérées.

Dans le diocèse de Bordeaux, sur les 45 paroisses à vocable Notre-Dame, 17 soit 37 %13 ont un toponyme en -ac ou -an, 23 si on y ajoute les suffixes en -on ou -as. En Bazadais, ces chiffres sont respectivement de 9 ou 15 ce qui, pour 51 paroisses, donne seulement 17,6 % de toponymes en -ac ou -an, la moyenne des deux diocèses étant, dans ce cas, de 27 %14. Une telle proportion, surtout dans le cas du diocèse de Bordeaux, a de quoi surprendre ; aussi, nous sommes-nous livré à une enquête identique en ce qui concerne les deux autres vocables les plus répandus avec celui de Notre-Dame et dont l’usage est présumé plus ancien, ceux de saint Martin et de saint Pierre. En ce qui concerne les paroisses dédiées à saint Pierre, le pourcentage des toponymes en -ac ou -an est de 38 % pour les deux diocèses ; il est de 29 % dans le cas de saint Martin. Mais, en Bordelais, les taux sont plus élevés qu’en Bazadais : respectivement 45 % et 27 % pour saint Pierre et 33 % et 23 % pour saint Martin. Une première conclusion s’impose donc : si le pourcentage des toponymes en -ac ou -an est moindre parmi les paroisses dédiées à Notre-Dame que dans celles placées sous l’invocation de saint Pierre – 37/45 % et 17,6/27 % – ou dans le diocèse de Bazas sous celle de saint Martin – 17,6/23 %, les différences sont minimes ; et, dans le diocèse de Bordeaux les paroisses Notre-Dame à toponyme en -ac ou -an l’emportent de façon sensible, sur celles dédiées à saint Martin. Cette constatation soulève un problème de première importance dans la mesure où, comme nous l’avons déjà souligné, on a le plus souvent tendance à reporter la fondation des paroisses à vocable Notre-Dame au XIe ou au XIIe siècle sinon plus tard. Or, s’il est incontestable que les toponymes en -ac ou -an sont fréquemment en relation avec un ancien habitat gallo-romain et, s’il est communément admis que des paroisses à toponyme “gallo-romain”15 dédiées à saint Pierre ou saint Martin peuvent remonter au Ve-VIIe siècle, pour quelle raison n’en serait-il pas de même dans le cas de paroisses placées sous le vocable de Notre-Dame ? Certes, la permanence d’un toponyme antique qui suppose celle d’un habitat contemporain n’implique pas forcément l’apparition d’une paroisse à une haute époque, mais le problème n’est pas spécifique des paroisses dédiées à Notre-Dame.

Nous avons, d’autre part, souligné la forte variation du pourcentage des paroisses mariales d’un diocèse à l’autre, mais aussi d’un archiprêtré ou d’une région à l’autre ; or, il en est de même en ce qui concerne le pourcentage des paroisses à toponymes en -ac ou -an. Il nous a donc paru intéressant d’examiner les rapports qui pourraient exister entre paroisses Notre-Dame et toponymes gallo-romains en prenant comme cadre celui de six régions : Médoc, Cernès-Buch-Born, Entre-deux-Mers-Bénauge, région au nord de la Dordogne, Nord du Bazadais, Bazadais méridional. Afin de mieux cerner le problème nous avons tenu compte pour chaque région considérée non seulement de la proportion de toponymes en -ac ou -an et de celle des paroisses dédiées à Notre-Dame, mais aussi de trois autres pourcentages : paroisses Notre-Dame à toponymes en -ac et -an par rapport à la totalité des paroisses, puis à celles à toponyme gallo-romain, enfin aux paroisses Notre-Dame dans leur ensemble (cf. tableau ci-dessous).


MédocBorn Buch-CernèsEntre-deux-MersNord DordogneNord BazadaisSud Bazadais
Par. Notre-Dame– 1– 5,9– 2,7– 1,6+ 2,7+ 4,813,3 %
Toponymes en -ac ou -an+ 10,6– 5,3+ 10,2– 4,8– 4,6– 2,226,32 %
Par. N.-D. à top. en -ac par rapport à l’ensemble des par.+ 0,5– 1,1+ 1,1+ 0,6– 1– 0,13,6 %
Par. N.-D. à top. en -ac par rapport aux par. à top. en -ac
ou -an
– 2,6– 1,9– 1,7+ 6,3+ 5,5– 2,813,7 %
Par. N.-D. à top. en -ac par rapport à l’ensemble des par.+ 6,8+ 6,8+ 18,9+ 10,3– 4,76– 12,226,5 %

De la confrontation de ces diverses données on peut tirer un certain nombre de remarques. Lorsqu’on considère les relations entre le pourcentage des paroisses à toponyme en -ac et celui des Notre-Dame on constate que, dans les régions à forte proportion de toponymes gallo-romains, comme le Médoc ou l’Entre-deux-Mers, les paroisses dédiées à Notre-Dame sont relativement peu nombreuses, tandis que dans celles à faible pourcentage de toponymes gallo-romains comme le Bazadais elles sont, au contraire, en nombre important. D’autre part, si en Cernès et Buch et au nord de la Dordogne les deux taux sont inférieurs à la moyenne on ne saurait y voir une donnée contradictoire des précédentes : probablement convient-il de faire intervenir d’autres facteurs pour rendre compte de cette situation. On peut donc estimer que le nombre des paroisses dédiées à Notre-Dame varie en raison inverse de celui des toponymes gallo-romains, conclusion qui confirme l’hypothèse d’une origine récente des paroisses dédiées à Notre-Dame.

Cependant, un examen un peu plus attentif du tableau soulève quelques problèmes. Si, compte tenu des conclusions précédentes il paraît logique qu’il y ait en Entre-deux-Mers un fort pourcentage de paroisses Notre-Dame à toponyme en -ac – puisque ceux-ci y sont nombreux – et qu’il y en ait fort peu en Bazadais où les toponymes gallo-romains sont rares, on relève, en revanche, un certain nombre de contradictions apparentes. Elles se trouvent plus particulièrement dans les pays au nord de la Dordogne et dans le nord du Bazadais. Au nord de la Dordogne, où paroisses Notre-Dame et toponymes gallo-romains sont relativement rares, la proportion assez forte de paroisses Notre-Dame à toponyme en -ac est surprenante ; la situation est un peu différente dans le Nord du Bazadais, car ici les paroisses Notre-Dame y sont relativement nombreuses, mais la place qu’occupent celles à toponyme en -ac n’est pas négligeable.

Ne serait-ce pas le moment de rappeler l’hypothèse d’une origine ancienne d’un certain nombre de paroisses dédiées à Notre-Dame ? Parmi les paroisses mariales à toponyme en -ac que l’on rencontre en nombre anormalement élevé dans les pays situés au nord de la Dordogne et dans le Bazadais septentrional ou même encore en Entre-deux-Mers et en Médoc, certaines n’appartiendraient-elles pas à une première couche remontant à la période allant du Ve au Xe siècle ?

Voyons quelle réponse l’archéologie apporte à cette hypothèse. Quelle qu’elle soit, cette réponse ne saurait de toute façon être aussi précise que celle suggérée par l’enquête toponymique. En effet, sauf pour la Bénauge et le sud du Bazadais on ne dispose pas d’inventaire archéologique ; d’autre part, les découvertes sont le plus souvent le fait du hasard ou de la curiosité des chercheurs locaux et ce n’est qu’exceptionnellement que l’on dispose d’éléments précis de datation16.

Sur un plan général, il convient de noter, tout d’abord, que dans 22 paroisses à vocable Notre-Dame sur 92, soit dans 24 % des cas, on a découvert sur leur territoire des vestiges antiques ou antérieurs à la fin du IXe siècle. Ce pourcentage n’est pas très éloigné de celui des paroisses Notre-Dame à toponyme en -ac ou -an : 26,5 %. D’autre part, si l’on considère plus particulièrement ces paroisses, on constate que dans 39 % des cas on a découvert des vestiges gallo-romains ou du haut Moyen Âge sur leur territoire, pourcentage qui s’élève à 45 % si l’on prend aussi en compte les paroisses à toponymes en -as ou en -on. En revanche, sur 64 paroisses dédiées à Notre-Dame ayant un toponyme roman ou indéterminé, cinq d’entre elles seulement, soit 7,8 %, ont donné des vestiges antiques ou du haut Moyen Âge. À l’échelle des deux diocèses les conclusions tirées de la toponymie sont donc très largement confirmées. Mais en est-il de même dans le cadre de chacune des régions que nous y avons distinguées ?

Les réponses sont ici plus nuancées et certaines disparités avec les données toponymiques apparaissent. En Médoc et en Cernès, on a découvert des vestiges et des monnaies dans toutes les paroisses Notre-Dame à toponyme en -ac ou -as et dans celle de Macau. Dans la région entre Dordogne et Garonne, en Bordelais et Bazadais, 10 paroisses sur 34 ont des toponymes en -ac ou -an. Or, cinq d’entre elles sont implantées sur des établissements gallo-romains : Grézillac et Lestiac en Bordelais, Frontenac, Mérignas et Postiac en Bazadais, mais il en est de même pour Doulezon et Bagas et peut-être aussi pour Massugas dans ce même diocèse. Si l’on ajoute la découverte d’un sarcophage paléochrétien en Bordelais, à Tabanac, on constate que, dans trois cas sur sept en Bordelais et six sur neuf en Bazadais, données toponymiques et archéologiques coïncident. On notera, d’autre part, qu’en Bazadais Casevert est établi sur une villa, tandis que Gironde a donné quelques vestiges et Pujols un sarcophage paléo-chrétien.

La situation est légèrement différente au nord de la Dordogne : 7 paroisses Notre-Dame sur 19 ont un toponyme en -ac, mais aucune n’a livré de vestige gallo-romain, sauf Donnezac. En revanche, Mazion pourrait bien être établi sur une villa et Bayon conserve une plaque de chancel carolingien. La concordance n’est plus ici que d’un cas sur trois. Enfin, dans le Bazadais méridional, aucune des trois paroisses à toponyme en -ac n’a fourni le moindre vestige, mais Conques est probablement établi sur une villa. On ne saurait tirer de conclusions à partir de cette carte de répartition car elle repose sur des données trop précaires, mais certaines remarques, qu’elle suggère, rejoignent celles que nous avons faites à partir de l’étude des toponymes. On est ainsi frappé par le fait qu’en Bazadais méridional où les paroisses Notre-Dame à toponyme en -ac sont des plus rares, aucune d’entre elles n’a livré de vestiges archéologiques anciens, alors que dans la partie septentrionale du diocèse la bonne proportion de paroisses Notre-Dame parmi les toponymes en -ac a son corollaire dans la richesse des découvertes gallo-romaines. Nous avions suggéré, au vu du dossier toponymique, que le nord du Bazadais pouvait avoir possédé des paroisses dédiées à Notre-Dame avant le milieu du Xe siècle. La carte archéologique confirme en gros cette hypothèse, surtout si l’on rattache à la zone dans laquelle se trouvent les paroisses possédant des vestiges antiques la partie contiguë de l’Entre-deux-Mers bordelais. L’ensemble ainsi constitué qui comprend entre autres les paroisses de Doulezon, Frontenac, Postiac, Grézillac, Dardenac et Tizac se trouve implanté dans la zone où abondent les terres de décalcification et ces paroisses sont celles-là même dont la présence nous avait paru quelque peu surprenante en raison de la relative richesse du sol à cet endroit (fig. 2). L’ancienneté de leur fondation pourrait donc rendre compte de cette “anomalie” ; mais, il n’est pas impossible que d’autres paroisses dédiées à Notre-Dame et d’origine ancienne existent dans d’autres régions du Bordelais et du Bazadais.

L’examen des toponymes et le relevé des découvertes archéologiques permettent donc de conclure à l’existence très probable d’une première génération de paroisses dédiées à Notre-Dame, établies sur des sites occupés durant l’antiquité ou le haut Moyen Âge. On ne saurait cependant oublier que, si la permanence du toponyme suppose celle de l’habitat, il serait néanmoins aventureux, même en présence de vestiges archéologiques, de conclure automatiquement à l’établissement précoce d’une paroisse sur un tel site. Or, lorsqu’on examine les limites des paroisses Notre-Dame présumées anciennes on constate que certaines d’entre elles ou bien paraissent indépendantes du réseau paroissial environnant ou bien semblent elles-mêmes avoir donné naissance à d’autres paroisses. Dans les deux cas la présomption d’ancienneté se trouve confirmée. Mais il peut arriver aussi que des paroisses que ni la toponymie ni l’archéologie ne laissaient supposer anciennes aient une configuration telle qu’on puisse avec raison attribuer leur fondation à une haute époque.

Il convient tout d’abord de se pencher sur l’ensemble constitué par les quatre paroisses d’Espiet, Tizac, Dardenac et Grézillac qui occupent le plateau dominant la rive gauche de la Dordogne à l’ouest de l’Engranne, aux confins des diocèses de Bordeaux et de Bazas (fig. 2). Les limites de ces paroisses sont le plus souvent déterminées par le cours de petites rivières ou bien, au Nord, par le rebord du plateau. Compte tenu de sa position centrale et de sa configuration la paroisse de Saint-Christophe de Daignac pourrait bien avoir constitué le noyau autour duquel s’est organisé le découpage ultérieur. C’est en tout cas évident pour Dardenac et probable pour Espiet qui était une annexe de Daignac, mais on notera que les deux paroisses sont attestées sous le vocable de Notre-Dame à la fin du XIe siècle17. D’autre part, à Grézillac où le patronage de Notre-Dame est attesté en 109918 on a découvert à proximité de l’église des vestiges sinon gallo-romains, du moins du Ve ou VIe siècle. Peut-être cette paroisse est-elle avec celle de Daignac la plus ancienne de la région ?

Fig. 2. Paroisses Notre-Dame des pays de la Gamage et de l’Engranne.
1. Paroisses dédiées à Notre-Dame.

Parmi les paroisses que la toponymie et l’archéologie autorisent à considérer comme antérieures au milieu du Xe siècle et qu’il est difficile de rattacher au réseau paroissial environnant, on peut évoquer les cas de Soulac et Cissac en Médoc et ceux de Frontenac et Mérignas dans le nord du Bazadais (fig. 3, 2). Soulac séparé de Saint-Pierre de Talais par une vaste zone de marais occupe une position de finistère – Notre-Dame-de-Fin-des-Terres – où avant le dernier quart du Xe siècle un oratoire dédié à la mère de Dieu y était établi auprès d’un village19[19]. Cissac pourrait avoir été une dépendance de Saint-Pierre de Vertheuil mais aussi bien sa paroisse d’origine, de même que de celle de Saint-Sauveur qu’elle enveloppe sur deux côtés. À Mérignas, le territoire paroissial est un triangle délimité par la Gamages et deux de ses affluents ainsi que par une zone de hauteurs boisées qui le sépare de celui de Rauzan. La situation est sensiblement la même à Frontenac, paroisse établie sur la rive droite de l’Engranne, bordée au nord par Saint-Martin de Lugasson et à l’est par Saint-Maurice de Blasimon dont elle est séparée par une vaste zone de forêts. Mais, dans l’angle sud-est, est enclavée une minuscule paroisse Saint-Martin-de-Festals ou Sainte-Présentine manifestement issue du démembrement de Frontenac20.

Ce dernier exemple, ainsi que celui de Cissac, nous montrent que des paroisses dédiées à Notre-Dame ont pu donner naissance à d’autres paroisses. Mais un des cas les plus intéressants que nous ayons relevés dans ce domaine est celui du Pian-sur-Garonne (fig. 3). L’église primitive était située sur le rebord de la terrasse inférieure qui borde la rive droite du fleuve. Elle appartenait à cet alignement de sanctuaires qui va de Saint-Pierre de Casseuil à Saint-Pierre-d’Aurillac, limitrophe du Pian, en passant par Saint-Pierre de Caudrot et Saint-Martin-de-Sescas. Chacune de ces paroisses affecte la forme d’un parallélogramme appuyé au fleuve. Il en serait de même de celle du Pian si ce n’était la présence de celle de Saint-Macaire au territoire minuscule manifestement découpé dans celui du Pian. Ce n’est d’ailleurs qu’en 1611 que la cure du Pian fut rattachée au prieuré de Saint-Macaire. Or, la dédicace de l’église actuelle de Saint-Macaire à Saint-Sauveur remonte à 104021. S’il n’est pas impossible que Notre-Dame du Pian soit issue de Saint-Pierre-d’Aurillac, cette filiation est en tout cas fort ancienne et remonte au moins au Xe siècle.

Fig. 3. Exemples de paroisses Notre-Dame probablement antérieures au IXe siècle.
1. Dunes côtières. Les paroisses N.-D. sont hachurées.

Nous voudrions enfin signaler le cas d’une paroisse au nom manifestement roman à laquelle on peut sans risque attribuer une origine probablement contemporaine de celle du Pian. Il s’agit de celle de Macau – où l’on a découvert un trésor du IVe siècle – dont la cella, la sauveté ainsi que l’île voisine avec dîmes et padouens furent cédées peut-être par le duc Guillaume à Sainte-Croix22. Placé entre Saint-Martin de Ludon au sud et Saint-Martin de Labarde au nord, le territoire de Macau englobe les zones de palus en bordure de l’estuaire, à hauteur des paroisses voisines, les isolant presque entièrement de la Gironde. Cette configuration, la situation médiane de la paroisse, la découverte de vestiges gallo-romains, alors qu’ils sont à notre connaissance absents dans les paroisses voisines à toponyme roman, constituent autant d’éléments qui permettent d’attribuer à Macau une origine plus ancienne qu’à Ludon et Labarde (fig. 3).

Il est manifeste que si les paroisses que nous venons d’évoquer sont, selon toute probabilité, parmi les plus anciennes de toutes celles qui, dans les diocèses de Bordeaux et de Bazas, furent dédiées à la Vierge on ne saurait considérer comme clos le répertoire de cette première génération. Nous y ajouterions volontiers Bayon en Bourgeais (fig. 3), Fussignac sur le site de Saint-Émilion, Doulezon et Massugas en Bazadais, peut-être Tabanac en Entre-deux-Mers et Mimizan-en-Born.

En fait, ce qui est essentiel c’est d’avoir pu démontrer, à partir de données statistiques et cartographiques incontestables, l’existence de cette première génération de paroisses placées sous le vocable de Notre-Dame. Nous lui avons assigné comme dates extrêmes 500-950. Certes, ces dates n’ont qu’une valeur relative – en particulier on ne saurait voir dans la seconde qu’un repère chronologique – car il n’y a pas eu solution de continuité entre cette première génération et celle qui a suivi – mais nous ne les avons pas proposées au hasard. Il existe, en effet, une paroisse Notre-Dame et non des moindres dont l’ancienneté n’est pas contestable : il s’agit de celle de Notre-Dame-de-la-Place à Bordeaux sur laquelle les travaux de la marquise de Maillé ont jeté un jour nouveau23. Bien qu’elle n’apparaisse dans les textes qu’en 1173-1181, l’église Notre-Dame qualifiée de Sancta Maria Majoris, en 1228, possède sur toute la ville et ses faubourgs des privilèges de juridiction qui ne peuvent remonter qu’à une époque où les droits paroissiaux étaient rassemblés dans les seules mains de l’évêque. La marquise de Maillé a identifié cette église – de façon très convaincante – avec celle dont parle Fortunat, achevée par Léonce II en 567-568, à côté de la basilique Saint-Denis. Les deux sanctuaires auraient constitué une sorte de groupe épiscopal qui fut détruit au VIIIe siècle et auquel succéda, à proximité, la cathédrale Saint-André. Si le souvenir de saint Denis a, semble-t-il, disparu assez tôt, celui de l’église Notre-Dame se serait perpétué à travers l’église Notre-Dame-de-la-Place. En tout cas, l’existence à l’époque mérovingienne d’une église probablement cathédrale dédiée à Notre-Dame ne fait aucun doute. Si l’on rattache à cette même époque les églises dédiées à saint Denis, saint Gervais, saint Exupère ou saint Seurin, pour quelle raison ne pas admettre qu’à l’image de l’église de Léonce d’autres édifices du Bordelais aient, eux aussi, été dédiés à la Vierge ? D’autre part, s’il y eut des ruptures dans l’histoire religieuse, en particulier au milieu du VIIIe siècle, cela n’a pas signifié l’abandon de tous les cultes anciens. Dans le cas de celui de la Vierge il est intéressant de rappeler l’origine probablement carolingienne de la chapelle Notre-Dame-de-La-Rose à Saint-Seurin, dans laquelle la marquise de Maillé a vu, sans doute avec raison, la chapelle funéraire des archevêques de Bordeaux, établie lors de la réforme de Théodulphe réservant aux seuls clercs ou à des personnes justes le droit d’être ensevelis à l’intérieur des églises24. Le dernier jalon de cette chronologie est constitué par la mention de l’église de Notre-Dame de Soulac sous le règne du comte Guillaume-le-Bon (977-988).

Il serait hasardeux de vouloir attribuer à tel siècle en particulier la fondation de l’une ou l’autre des paroisses que nous avons retenues comme anciennes. Il est probable que quelques-unes remontent à l’époque mérovingienne, mais les plus nombreuses doivent dater du Xe siècle. D’une certaine façon, elles pourraient être assimilées à celles de la seconde génération, celle des XIe-XIIe siècles, car elles témoignent de la même façon du grand essor de la mise en valeur des campagnes. Mais elles attestent de la précocité du mouvement et, par leur lien avec des habitats qui n’avaient certainement pas connu de solution de continuité depuis l’antiquité, de la vie qui même aux époques les plus obscures du Moyen Âge n’a cessé d’animer les campagnes surtout à une époque où la ville s’était endormie.

Notes

  1. M. Roblin a donné une bibliographie concernant le culte de Notre-Dame dans Le Terroir de Paris aux époques gallo-romaine et franque, 2édit., 1971, p. 189, n. 3. On peut y ajouter André Guy et Abbé Aug. Leclerc, Notre-Dame en Bourbonnais, Aurillac, 1968. Par paroisse mariale, dédiée à Notre-Dame, placée sous le vocable ou le patronage de Notre-Dame, il faut entendre “paroisse dont l’église est dédiée à Notre-Dame”. Nous avons volontairement renoncé à l’usage systématique de cette formule qui aurait inutilement alourdi l’exposé.
  2. Pouillés des Provinces d’Auch et de Toulouse publ. par C.E. Perrin et J. de Font-Réaulx, Paris, 1972, p. 66-76 et 443-458. Il s’agit d’un compte de procuration de 1369-1370 et d’une pancarte du XVe siècle. V. Lacaze dans Bazas et son diocèse, 1863, a publié le département de 1680, suivi d’un état des paroisses au XVIIIe siècle. Dom R. Biron dans son Précis de l’histoire religieuse des anciens diocèses de Bordeaux et de Bazas, Bordeaux, 1925, donne un état des paroisses de ces deux diocèses à la fin du XVIIIe siècle.
  3. Comptes de l’archevêché de Bordeaux, XIIIe siècle éd. F. Piéchaud dans Arch. hist. de la Gironde, 1909, t. 44, p. 1-21 ; comptes du XIVe siècle (1332-1400) édit. L. Drouyn, Ibid., 1881-1882, t. 21-22. L’Inventaire sommaire des archives départementales antérieures à 1790, Gironde, série G, t. I, 1892 reproduit p. 101-105 le compte de 1398 (Cf. Arch. hist. de la Gironde, t. 22, p. 515 sq.) et donne un pouillé pour 1730, p. XIII-XXXII.
  4. Voici cette liste : nous avons cru bon d’indiquer pour chaque paroisse sa situation à l’époque moderne (c : cure ; rect. : rectorie ; v.p. : vicariat principal ; pr.c. : prieuré-cure ; an. : annexe ; † : paroisse disparue à l’époque moderne), ainsi que le nom du présentateur et du collateur. Dans le diocèse de Bordeaux ces deux noms sont indiqués dans l’ordre ; lorsque dans les deux cas il s’agit de l’archevêque son nom n’est pas mentionné ; lorsqu’il n’y a qu’un seul nom le présentateur est aussi collateur. Dans le diocèse de Bazas on ne connaît que rarement le nom des collateurs.
    Diocèse de Bordeaux : arch. de Lesparre : Benon, c. ; Cissac, v.p. (abbé de Vertheuil – arch.) ; Lesparre, c. ; Uch, pr.-c. (abbé de Vertheuil) ; Valeyrac, c. ; Soulac, v.p. (abbé de Sainte-Croix – arch.). Arch. de Moulis : Macau, v.p. (abbé de Ste-Croix – arch.) ; Martignas, v.p. (comm. du Temple – arch.) ; Salaunes, c. Arch. de Cernès : Fargues, c. ; Martillac, v.p. (sacriste de St-André – arch.) ; Virelade, c. Arch. de Buch et Born : Mimizan, v.p. (abbé de St-Sever – arch. au XIIIe siècle) ; Gastes (Ussera, XIIIe siècle) ; Lanton, v.p. (pr. de Comprian – arch.). Arch. de Blaye : Campugnan (Campunenc, XIIIe siècle), c. (abbé de St-Sauveur-de-Blaye – arch.) ; Donnezac, c. ; Mazion, pr.-c. (abbé de St-Romain-de-Blaye) ; Saugon, ann. de Générac (abbé de St-Sauveur-de-Blaye ‑ arch.) ; Frédignac, ann. de St-Martin-la-Caussade. Arch. de Bourg : Bayon, v.p. ; Pugnac, v.p. (abbé de Bourg – arch.). Arch. de Fronsac : Larivière, c. ; L’Isle-de-Carney, v.p., anc. pr.-c. (abbé de Guîtres) ; Guîtres, v.p. (abbé de Guîtres) ; Marcenais, v.p. (comm. du Temple – arch.) ; Queynac, v.p. (comm. du Temple – arch.). Arch. d’Entre-Dordogne : Belvès, c. ; Cornemps, ann. de Camps (abbé de Faize) ; N-D. du Fornez † ; N-D. de Fussignac ; Lalande, v.p. (comm. du Temple – arch.) ; Tayac, c. ; Parsac, v.p. (chapitre de St-Émilion). Arch. d’Entre-deux-Mers : Arveyres, v.p. (comm. du Temple – arch.) ; Créon, c. ; Dardenac, c. ; Espiet (Espinet, XIIIe siècle) c. (abbé de La Sauve – arch.) ; La Grave (comm. du Temple – arch.) ; Grézillac, c. ; Tabanac, c. ; Tizac, c. ; Vayres : †. Arch. de Bénauge : Le Pian, v.p. (Jés. – arch.) ; Lestiac, c. Bordeaux : N-D. de Puypaulin, v.p. (chap. de St-Seurin) ; N-D.-de-la-Place. Diocèse de Bazas : arch. de Bernos : Bernos, v.p. (év.) ; Cazalis, v.p. (comm. Malte) ; Conques, ann. de St-Martin-de-Bazas ; Escaudes, r. ; Lerm, v.p. (év.) ; Lubans, r. ; Maillas, r. (s. de Castelnau – év.) ; Notre-Dame-du-Mercadil à Bazas, v.p. (chap. cath.) ; Saugnacq, v.p. (pr. de Mons). Arch. de Cuilleron : Auros, ann. de St-Germain ; Bijoux, ann. de Sendets ; Bieujac, ann. de Brannens ; Coimères, r. ; Floudès (pr. de La Réole) ; Langon : Notre-Dame-du-Bourg, pr.-c., † ; Le Rivet : † ; Mazères, v.p. ; Uzeste, v.p. (chap. d’Uzeste). Arch. de Sadirac : Belloc, ann. de St-Raphaël-de-Casteljaloux ; Bouglon, ann. d’Argenton ; Lagardère : † ; Mazerolles, ann. de Goux ; Bourdelles, ann. de Montagoudin ; N-D. de Casteljaloux, v.p. ; Fontet, ann. de Goux ; Mouchac, v.p. (év.) ; Sadirac, arch. ; Sillas, ann. d’Heulies. Arch. de Jugazan : Cabara (Cauarar, XIIIe siècle), v.p. (pr. de Virazeil) ; Casevert, ann. de Bellefont ; Castelvieil, v.p. (év.) ; Frontenac, r. (chap. de St-Émilion); Mérignas (Marinhac, XIIIe siècle), r. ; Postiac, ann. de Pujols ; Pujols, v.p. ; Sauveterre, v.p. (év.). Arch. de Rimons : Bagas, r. ; Foncaude, r. ; Gironde, r. ; Landerrouet, r. Arch. de Monségur : Baleyssac, r. ; Lagupie, r. ; Monségur, arch. ; Montignac, ann. de Monségur ; Taillecavat (Taiacavad, XIIIe siècle), v.p. (archidiacre de Bazas). Arch. de Juillac : Baleyssagues (Balaiagas, XIIIe siècle), r. ; Bellen, ann. de Cazaugitat ; Doulezon, pr.c. ; Gensac, r. ; Lareyre, r. ; Massugas, v.p. (abbé de St-Ferme). Pour certaines de ces paroisses il existe des incertitudes en ce qui concerne leur situation exacte ou le nom de leur titulaire. Dans le diocèse de Bordeaux : N.-D. de Frédignac (Blaye) ment. par Dom R. Biron (op. cit., p. 88, 89) est peut-être de fondation récente, mais nous l’avons prise en compte ; en revanche nous avons écarté Ambès, fondée en 1789 et N.-D. de Brach (Cernès) qui n’apparait au Moyen Âge qu’en tant que prieuré et sans mention du vocable. Nous avons en revanche retenu : Dardenac (Entre-deux-Mers) dédiée à saint Clément en 1730, mais à N.-D. à la fin du XIe siècle (Sancta Maria de Arzenag : confirmation des possessions de La Sauve par l’arch. Amat (1088-1101), dans le Grand Cart. de La Sauve, fol. 30 v°, Bibl. Mun. Bordeaux, ms. 769 et dans Abbé Cirot de la Ville, Histoire de la Grande Sauve, 1845, t. II, p. 5) ainsi que Gastes (Born) dédiée à sainte Marie-Madeleine en 1730, à Notre-Dame au XIIIe siècle (Comptes) et Lalande (Entre-Dordogne) dédiée à saint Jean en 1730 et à Notre-Dame au XIIIe siècle (Comptes). Nous n’avons pu identifier Ste-Marie du Fornez (Entre-Dordogne) mentionnée dans les Comptes du XIIIe siècle. Nous avons enfin répertorié trois églises qui n’étaient plus chef-lieu de paroisse dès le XIIIe siècle, mais qui l’avaient été auparavant : il s’agit de Notre-Dame de Fussignac à St-Émilion dont la chapelle d’époque romane se voyait encore au XIXe siècle et qui a peut-être succédé au premier lieu de culte établi sur ce site puisqu’une tradition locale, reprise par les auteurs de la Gallia, nomme Fussignac le premier monastère établi à St-Émilion ; de N.-D. de Vayres sous le château, attestée au XIe siècle et de Notre-Dame de la Place à Bordeaux, probablement héritière d’une église ayant appartenu à un premier ensemble cathédral. Nous reviendrons en détail sur chacune d’elles.
    Dans le diocèse de Bazas nous avons retenu Conques (Bernos) bien que le compte de 1369 porte St-Loubert, ainsi que Baleyssac que M. J. de Font-Réaulx place sous le vocable saint Martin (carte du diocèse de Bazas) et Gensac dédié selon Dom R. Biron à saint Étienne. En effet, au moins à l’époque moderne ces trois paroisses étaient dédiées à Notre-Dame (Arch. dép. Gironde, E Suppl.). En revanche nous avons écarté N.-D. de Pommiers, retenue par J. de Font-Réaulx dans sa carte, d’après le compte de 1369, mais il doit s’agir de N.-D. de Foncaude. Figurent enfin dans notre relevé l’annexe de Bellen (Cazaugitat) mentionnée dans la pancarte du XVe siècle, et les églises disparues de Lagardère à Cours prieuré de La Sauve et de N.-D. du Rivet, annexe de l’abbaye. Notons aussi que Mouchac est l’ancien nom de la commune actuelle d’Aillas : parrochia de Moissaco seu de Alhans (Rôles gascons, t. II, n° 1666 (1289), à ne pas confondre avec St-Martin d’Aillas-le-Vieux. La paroisse a finalement pris le nom du château d’Aillas qui domine l’église de Mouchac.
  5. Chaque fois que nous nous sommes référés à l’ensemble des paroisses des deux diocèses nous avons utilisé les listes établies par Dom R. Biron pour la fin de l’époque moderne, en y ajoutant les paroisses attestées au Moyen Âge et disparues depuis. Le nombre des paroisses créées à l’époque moderne est infime mais, le cas échéant, nous les avons déduites en particulier pour les calculs par archiprêtrés. Nous arrivons ainsi à un total de 437 paroisses pour le diocèse de Bordeaux et 297 pour celui de Bazas soit en tout 734 paroisses.
  6. D’après notre propre enquête.
  7. E. Appolis, Les patronages des paroisses dans l’ancien diocèse de Lodève, dans Féd. Hist. du Languedoc et du Roussillon, XXXVIe Congrès, Lodève, 1963, p. 227-230.
  8. J. de Font-Réaulx, Les saints honorés dans l’ancien diocèse d’Aix, dans Provence historique, t. XXII, 1972, p. 185-192.
  9. On note en revanche un nombre relativement important de paroisses dédiées à saint Jean-Baptiste et saint André.
  10. Voici la répartition par archiprêtrés : Lesparre : 13,9 % ; Moulis : 10 % ; Buch et Born : 10 % ; Cernès : 5,8 % ; Entre-deux-Mers : 14 % ; Bénauge : 5 % ; Entre-Dordogne : 14 % ; Fronsac : 12,1 % ; Blaye : 14,7 % ; Bourg : 5,1 % ; Bernos : 19,5 % ; Cuilleron : 21,4 % ; Sadirac : 15,5 % ; Jugazan : 15,3% ; Juillac : 21,4 % ; Rimons : 13,7 % ; Monségur : 14,7 %.
  11. Voir R. Étienne, Bordeaux Antique (Histoire de Bordeaux, t. 1), p. 147, carte.
  12. En plus de l’ouvrage précédent cf. Auguste Vincent, Toponymie de la France, Bruxelles, 1937 ; A. Nicolai, Les noms de lieu du département de la Gironde, dans Bull. Soc. Arch. de Bordeaux, t. 53-54, 1936-1937. Voici la liste de ces toponymes : à suffixe en -ac : en Bordelais : Cissac (P), Dardenac (P), Donnezac (P), Frédignac (D), Fussignac (P), Grézillac (P), Lestiac (D), Martillac (P), Parsac (P), Pugnac (D), Queynac (D), Soulac (P), Tabanac (P), Tayac (D), Tizac (P), Valeyrac (P) ; en Bazadais : Baleyssac (P), Bieujac (D), Frontenac (P), Gensac (P), Marinhac (P), Montignac (P), Mouchac (P), Postiac (P), Saugnac (P). À suffixe en -an : en Bordelais : Mimizan (P). À suffixe en -as en Bordelais : Martignas ; en Bazadais : Bagas, Maillas, Massugas, Sillas. À suffixe en -on : en Bordelais : Bayon, Benon, Lanton, Mazion, Saugon ; en Bazadais : Bouglon, Doulezon. On ne saurait considérer tous les toponymes en -ac comme anciens, aussi avons-nous indiqué par les lettres (P)robable et (D)outeux le degré d’ancienneté qu’il convient de leur attribuer. Notons que certains toponymes modernes en -as l’étaient en -ac au Moyen Âge (Marinhac/Mérignas), d’autres en -an l’étaient en -enc (Campugnenc/Campugnan). Il existe, enfin, d’autres toponymes paroissiaux dont l’origine gallo-romaine n’est pas douteuse : ex. Varatedo/Vayres. On peut considérer comme contemporain sinon plus ancien le toponyme Bernos (voir G. Rohlfs, Le Gascon. Études de philologie pyrénéenne, 1970, p. 29-30).
  13. Nous n’avons pas tenu compte des paroisses urbaines de Puy-Paulin et la Place à Bordeaux et du Mercadil à Bazas dans les calculs de ces pourcentages.
  14. Avec les toponymes en -on et -as on atteint les taux de 53 % et 34 %.
  15. Cette expression ne signifie pas que tous les toponymes en -ac soient gallo-romains. Nous l’utilisons uniquement pour sa commodité.
  16. Comme pour la toponymie nous n’avons pas tenu compte des paroisses urbaines. Pour établir le répertoire suivant nous nous sommes surtout servis de : Abbé Labrie, Les Gallo-Romains au centre de l’Entre-deux-Mers, dans Bull. de la Soc. arch. de Bordeaux (BSABx), t. XXXI, 1909 ; J.A. Garde, Le Gallo-romain régional au Musée de la Soc. Hist. et arch. de Libourne, dans Bull. de la Soc. Hist. et Arch, du Libournais (BSHAL), t. XIX, 1949 ; H. Redeuilh, Vestiges gallo-romains et mérovingiens du canton de Cadillac-sur-Garonne, dans Rev. Hist. de Bordeaux, 1958 ; J. Coupry, Un quart de siècle (1939-1964) de découvertes girondines en Antiquités historiques, dans BSABx, t. LXII, 1957-1962, p. 242-262 ; J.B. Marquette, Richesses archéologiques du Bazadais, dans Les Cahiers du Bazadais, n° 2-17, 1961-1969 ; Comptes rendus de la Direction régionale des Antiquités historiques publiés dans Gallia. On ne saurait considérer la liste que nous présentons comme exhaustive. Diocèse de Bordeaux : Médoc : Cissac : marque de poterie samienne, domaine de Lamothe dans ruines gallo-romaines (C. Jullian, Inscr. rom., t. II, p. 130) ; villa de Villambis (J. Coupry, p. 251 ; art. Villambis dans Les Cahiers médulliens, n° 13) ; installations g.r. à caractère industriel près de l’église (J. Coupry, p. 251). Valeyrac : mur de 5 pieds d’épaisseur sur 80, en moellons et briques (Abbé Beaurein, Variétés bordelaises, Nelle édit., t. I, p. 257-259). Soulac : chapiteaux g.r., colonnes en marbre, emplacement d’un édifice ; poteries g.r. à la Négade (J. Coupry, p. 251 ; Les Cahiers médulliens, n° 13). Margaux : trésor du début du IVe siècle (J. Coupry, p. 251). Martignas : à Estigeac, trésor d’antoniniani de Gallien à Dioclétien, Ibid. Cernès : Martillac : monnaies de Valentinien (E. Piganeau, Essai de répertoire arch., dans BSABx, 1897, p. 22). Nord de la Dordogne : Donnezac : trésor déc. en 1934 ; cachet à collyres déc. v. 1930, à la limite avec Reignac et St-Savin (J. Coupry, p. 252). Mazion : nombreux vestiges g.r. au l.d. Perrin. Bayon : plaque de chancel (Marquise de Maillé, Origines chrétiennes de Bordeaux, 1960, p. 288, fig. 84). N.-D. de Fussignac : villa g.r. (R. Guinodie, Histoire de Libourne, t. 2, p. 253-254). La Rivière : substructions g.r. (J.A. Garde, p. 35). Guîtres : vestiges g.r. (J. Coupry, p. 253). Entre-deux-Mers et Bénauge : Grézillac : plaque de cuirasse, agrafes, boucles, monnaies rom. (BSHAL, 1952, p. 4 ; bronze de Faustine (Ibid. 1957, p. 64) ; substructions du haut Moyen Âge près de l’église (J. Coupry, p. 254). Tabanac : sarcophages paléochrétiens (C. Jullian, Insc. rom., t. II, p. 130) ; Lestiac : mosaïque, tête de femme en marbre, vestiges divers (1851), autres découvertes (H. Redeuilh, p. 39-40) ; fragments de mosaïque et de décor peint (Gallia, XXV, p. 338). Bazadais : Sud : Mouchac (Aillas) : tuile avec inscription (C. Jullian, Inscr. rom., t. II, p. 641) : Conques : villa de Monon (Les Cahiers du Bazadais, à paraitre). Nord : Casevert : près de l’église avec murs en petit appareil réutilisé, établ. g.r. qui a donné substructions, marbres, poteries, pesons, monnaies d’Auguste et Agrippa (Abbé Labrie, p. 135) ; Frontenac : mur g.r. en forme d’abside aux Bruettes (E. Piganeau, BSABx, t. XXII, p. 152) ; au nord de l’égl. avec murs de pet. appareil, briques, poteries, béton, meule (Abbé J. Labrie, p. 136) ; deux fosses d’incinération d’ép. mérov. l’une avec scramasax et houe (Gallia, t. XV, p. 247, 249, 250). D’après la Marquise de Maillé (op. cit. p. 126) les sarcophages de la couche profonde de Saint-Seurin seraient en pierre de Frontenac. Gensac : substructions g.r. (J.A Garde, p. 35). Mérignas : établ. g.r. à l’ouest de l’égl. (Abbé J. Labrie, p. 41) ; bacs à cupules d’épuration (J. Coupry, p. 255 ; Gallia, XII, p. 209 et XIII p. 194) ; Postiac : traces d’établ. g.r. à l’est de l’égl. aux murs de petit appareil réutilisé (Abbé J. Labrie, p. 133) ; Castelviel : meule en calcaire (Id., p. 140) ; Pujols : tuiles rom., sarcophage en marbre (Ve siècle) (L. Drouyn, Variétés girondines, 1883, t. II, p. 234 sq.) ; Bagas : débris de mosaïque, stucs, poteries g.r. dans fosses ; sols et murs en petit appareil à prox. de l’égl. en divers endroits, soubassements de l’égl. en petit appareil rubéfié ; bénitier dans chapiteau g.r. (Gallia, XIII, p. 190 ; XV, p. 241-242) ; Gironde : monnaies, poteries samiennes, pesons à Boutaut (Abbé J. Labrie, p. 143) ; Doulezon : près de l’égl. avec petit appareil réutilisé et fût de colonne en marbre au portail, empl. d’une villa : salle à abside, hypocauste, fragments de plaques de marbre, tessons de sigillée (Ier siècle) et poterie commune, monnaie de Gallien (Abbé J. Labrie, p. 142 ; J. Coupry, p. 254 ; Gallia, XVII, p. 384 ; XXXI, p. 461). L’ordre utilisé dans cet inventaire est celui des archiprêtrés (Cf. n. 5).
  17. Grand Cartulaire de La Sauve, fol. 30 v° : Sancta Maria de Spinet, Sancta Maria de Arzenag (1089-1101). Confirmation des possessions par Amat, arch. de Bordeaux).
  18. Arch. Hist. de la Gironde, t. LVII, p. 2 : Sancta Maria de Grisiliaco.
  19. Cartulaire de Sainte-Croix, édit. M. Ducaunnès-Duval, dans Arch. Hist. de la Gironde, t. XXVII, p. 2 : villam que vocatur Solaco cum oratorio Sancte Dei genitricis Marie. Sur l’attribution à Guillaume le Bon (av. 977-988) de la dotation de l’abbaye Sainte-Croix Cf. C. Higounet, Bordeaux pendant le haut Moyen Âge, 1963, p. 125.
  20. Vraisemblablement la paroisse de Sallebruneau a été aussi découpée dans celle de Frontenac.
  21. Ibid., p. 128.
  22. Cartulaire de Sainte-Croix, p. 3 : cellam Sancte Marie de Macau cum salvitate et cum adjacente insula.
  23. Op. cit., p. 185-186, 193-200.
  24. Ibid., p. 301-308, n. 3.
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Pessac
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EAN html : 9782356135094
ISBN html : 978-2-35613-509-4
ISBN pdf : 978-2-35613-511-7
Volume : 4
ISSN : 2827-1912
Posté le 15/11/2025
35 p.
Code CLIL : 3385
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Licence ouverte Etalab

Comment citer

Marquette, J. B., “Paroisses dédiées à Notre-Dame et occupation du sol en Bordelais et Bazadais au Moyen Âge (Ve-Xe siècle)”, in : Boutoulle, F., Tanneur, A., Vincent Guionneau, S., coord., Jean Bernard Marquette : historien de la Haute Lande, vol. 1, Pessac, Ausonius éditions, collection B@sic 4, 2025, 419-434, [URL] https://una-editions.fr/paroisses-dediees-a-notre-dame-et-occupation-du-sol
Illustration de couverture • d'après “Atlas de Trudaine pour la ‘Généralité de Bordeaux n° 6. Grande route de Bordeaux à Bayonne. Les douze premières cartes du plan de cette route. Cy 15 cartes’.
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