Paru dans : L’Adour maritime de Dax à Bayonne, Actes du LIIIe congrès d’études régionales
tenu à Dax et Bayonne les 27 et 28 mai 2000, 2001, 65-88.
Les historiens de la Gascogne qui se penchent sur la période qui va du royaume wisigoth, au début du Ve siècle, à la renaissance politique et religieuse de la seconde moitié du Xe siècle sont confrontés à un grave problème, celui des sources ; qu’elles soient écrites ou archéologiques, elles sont rares et parfois même inexistantes. C’est le cas pour les pays du Bas-Adour landais, ceux d’Orthe, de Gosse et de Seignanx, ceux de la lande maritime Maremne et Marensin, du Brassenx ou de la Grande Lande. Aussi a-t-on été parfois tenté de les considérer comme des “absents de l’histoire”.
S’il est vrai qu’il est des domaines dans lesquels, faute de documents écrits ou de vestiges archéologiques datables, il serait dangereux de s’aventurer, il en est un au moins que l’historien peut aborder avec une relative confiance : il s’agit de celui de la formation des réseaux paroissiaux. Cela tient pour l’essentiel au fait, bien acquis aujourd’hui, que ces réseaux étaient, avec des nuances régionales, en grande partie constitués avant l’an 1000. Certes, dans certains cas ils connurent encore un développement notable au cours des XIe et XIIe siècles et parfois même plus tard, mais la documentation écrite dont on dispose alors permet de mesurer avec précision le phénomène et d’identifier indirectement les fondations paroissiales antérieures. Il existe, d’autre part, des méthodes d’investigation éprouvées qui permettent de proposer des schémas d’évolution probable d’un réseau de ses origines au XIVe siècle. C’est ce que nous avons tenté pour trois pays landais du Bas-Adour, les pays de Seignanx, de Gosse et d’Orthe, tous trois dans le diocèse de Dax.
La méthode
La méthode que nous allons décrire a été expérimentée maintenant depuis une vingtaine d’années en Bordelais, Bazadais, Périgord, Agenais, pays landais et Saintonge1. Elle s’appuie sur quelques données admises aujourd’hui pour ces pays : tout d’abord, l’existence de trois ou quatre générations de paroisses échelonnées du VIe au XIIIe siècle ; dans un premier temps, du Ve au IXe siècle, lorsque sont fondées les paroisses de première et deuxième génération, ce sont les hommes qui sont rattachés à un lieu de culte créé pour eux, le plus souvent à l’initiative des maîtres du sol, plus rarement, semble-t-il, de celle des communautés elles-mêmes ; dans un second temps, à partir du Xe siècle, les lieux de culte anciens ou nouveaux, sont désormais associés à un cimetière dont l’implantation comme celle de l’église est définitive, tandis que les territoires paroissiaux deviennent cohérents et sont dotés de limites précises. Ce double processus qui s’est progressivement mis en place aux Xe et XIe siècles – troisième génération – devient la règle aux siècles suivants lors de la formation des dernières paroisses. Il convient enfin de souligner que les réseaux paroissiaux de la fin du Moyen Âge ne sont que l’aboutissement de remaniements – qui le plus souvent nous échappent – du nombre de lieux de culte et de leur implantation.
Pour une région donnée l’enquête consiste :
- à en préciser les caractères physiques – relief, organisation du réseau hydrographique, nature des sols du point de vue des possibilités agricoles, essai de reconstitution de la couverture végétale originelle – et à les cartographier ;
- à établir la liste des paroisses à la fin de la période médiévale, définir leurs limites, reportées ensuite sur le fond précédent ;
- à recenser pour chaque église un certain nombre d’informations : titre, premières mentions, caractères architecturaux de l’édifice, morphologie du cimetière ;
- à rechercher et à cartographier les données archéologiques témoignant de l’occupation du sol et du peuplement antiques ;
- à relever la position de l’église-cimetière par rapport à l’organisation du réseau des chemins au sein de la paroisse.
Partant du constat largement vérifié que les limites paroissiales s’appuient fréquemment sur des cours d’eau, des limites de bassin versant ou des lignes de hauteur, on essaie ensuite d’identifier et d’individualiser des ensembles constitués par le territoire de plusieurs paroisses dont les limites extérieures se confondent avec ces limites naturelles et sont susceptibles de correspondre au territoire de paroisses-matrices.
En prenant en compte les données archéologiques, éventuellement toponymiques, en s’appuyant surtout sur l’analyse morphologique des territoires paroissiaux et leur structure interne, on propose alors à l’intérieur de chaque ensemble un schéma de filiation des paroisses exprimant une chronologie relative.
En reprenant les schémas ainsi élaborés pour la région considérée, il s’agit ensuite par l’examen des titres des églises de vérifier ces premières conclusions et de proposer une chronologie de la formation du réseau. Entreprise délicate étant donné que la vogue des patrons titulaires des églises les plus souvent rencontrés a duré parfois plus de cinq siècles.
Le réseau paroissial des Pays Landais du Bas-Adour
C’est seulement au XIe siècle que remontent les plus anciens documents écrits du pays d’Orthe, au siècle suivant ceux des pays de Gosse et de Seignanx. Dès le XIIe siècle les documents bayonnais font état du “Senhans” et le pays de Gosse est attesté comme tel en 1242 ; si nous ne disposons pas de liste des paroisses qui les composent à l’époque médiévale nous savons que les limites de ces pays n’étaient pas différentes de celles de l’époque moderne2.
Le pays de Seignanx qui fait face à Bayonne regroupait six paroisses, trois en bordure de l’Adour qui se dirigeait alors vers le nord jusqu’au boucau de La Punte, les paroisses de Saint-Étienne-d’Arribe-Labourd, Tarnos (Saint-Vincent) et Ondres (Saint-Pierre), celle-ci contiguë à celle de Labenne qui constituait une juridiction à elle seule, trois entre l’étang d’Orx et l’Adour, celles de Saint-Martin, Saint-André et Saint-Barthélemy (carte 1). Le pays de Gosse qui lui faisait suite vers l’est était plus vaste, regroupant huit paroisses dans la boucle de l’Adour. Ces paroisses atteignaient à l’ouest l’étang d’Orx dont le nom était le même que celui de la paroisse la plus occidentale. De l’étang au fleuve on trouvait ainsi les paroisses d’Orx (Saint-Martin), Saubrigues (Saint-Pierre) et Saint-Jeande-Marsacq, limitrophes de la Maremne puis, en se dirigeant vers le sud, celles de Saint-Martin-de-Hinx, Biaudos (Saint-Pierre) et Biarrotte (Saint-Étienne) à l’intérieur des terres et celles de Sainte-Marie et Saint-Laurent appuyées à l’Adour.
Siège d’une vicomté depuis le XIe siècle, le pays d’Orthe s’étendait d’est en ouest de la Chalosse à l’Adour et, du nord au sud, du Luy aux Gaves réunis3. À l’époque médiévale ses limites paraissent avoir été les mêmes que celles attestées à l’époque moderne. On y dénombrait alors douze paroisses, les unes appuyées à l’Adour puis aux gaves décrivaient une sorte de croissant : il s’agit, en bordure de l’Adour, de celles de Siest (Saint-Jean-Baptiste), Orist (Saint-Pierre), Pey (Saint-Saturnin), Saint-Étienne, Lanne (Notre-Dame) à la confluence des gaves et de l’Adour puis, en remontant les gaves réunis, Orthevielle (Saint-Pierre), Pardies (Saint-Martin), Peyrehorade (Sainte-Catherine)4 et Cauneille (Saint-Pierre), celle-ci hors vicomté mais dépendant des vicomtes ; les autres constituant une sorte de noyau intérieur : Saint-Lon, Bélus (Notre-Dame), Cagnotte-Cazorditte (Sainte-Catherine).
Chacune de ces paroisses a donné naissance à une commune et nous n’avons pas eu connaissance d’une modification des limites qui aurait pu avoir lieu à cette occasion ou par la suite. Nous nous appuierons donc sur ces limites communales.
La formation du réseau paroissial des pays de Gosse et de Seignanx
Les paroisses des pays de Gosse (8) et de Seignanx (6) sont établies sur deux bassins versants, celui de l’étang d’Orx et celui de l’Adour. Compte tenu de leur position, de leur morphologie et de la manière dont leur territoire est délimité par des cours d’eau ou des lignes de crête on peut les répartir en quatre groupes, deux en Gosse, deux en Seignanx. Le premier est constitué de celles d’Orx, Saubrigues et Saint-Jean-de-Marsacq, les deux premières tournées vers l’étang d’Orx, la dernière vers l’Adour. Vers le nord une ligne de hauteur recouverte de sable des landes sépare ces paroisses de la Maremne ; au sud, le ruisseau de Navachon, celui du Moulin et le canal de Barret qui alimentent l’étang d’Orx séparent Saubrigues et Orx de Saint-Martin et Saint-André, mais c’est une ligne de hauteur fermement marquée dans le paysage (94,104 m) qui s’intercale entre Saint-Jean et Saint-Martin. Le second ensemble est, comme le précédent, constitué de paroisses qui se tournent le dos, les unes orientées vers l’Adour – Sainte-Marie et Saint-Laurent –, une autre vers l’étang d’Orx — Saint-Martin-de-Hinx –, mais, entre les deux, à l’intérieur de la boucle de l’Adour, se trouvent deux paroisses, Biarrotte et Biaudos à cheval sur la ligne de partage des eaux. Les paroisses de Saint-André, Saint-Barthélemy et Saint-Martin-de-Seignanx qui s’étendent de l’étang d’Orx à l’Adour s’imposent de leur côté comme une entité originale composante d’un plus vaste ensemble structuré autour de la paroisse de Tarnos et de celles d’Ondres et de Saint-Étienne.
Il convient maintenant de se pencher sur ces ensembles afin de voir à l’intérieur de chacun d’eux, de quelle manière ont pu s’établir des filiations entre les paroisses qui les composent. Notre démarche s’appuiera d’abord sur la morphologie des territoires paroissiaux par rapport à ceux qui les entourent. Il est impossible, en effet, de faire appel aux ressources privilégiées que constituent les textes et l’archéologie. Ainsi n’a-t-on découvert sur l’ensemble de ces deux pays aucun vestige antique ; d’autre part, les parties les plus anciennes des églises conservées à ce jour ne datent que du XIIe siècle : il s’agit des absides romanes de Tarnos en Seignanx et de Sainte-Marie, Biarrotte, Saubrigues et Orx en Gosse. Mais ces informations ne présentent d’intérêt que pour dater éventuellement avec plus de précision des paroisses qui n’apparaîtraient que tardivement dans les textes. Quant aux premières mentions de paroisses ou d’églises elles ne remontent pas au-delà du XIIe siècle : Saint-Étienne : avant 11425 ; Saint-Martin : 1150-11706 ; Tarnos (Saint-Vincent) : 12577 ; Saint-André : 12618 ; Sainte-Marie9, Saubrigues et Orx10 : 1275 ; Ondres : 128911 ; les autres apparaissent à des dates plus récentes encore12.
S’agissant du premier ensemble septentrional on est frappé par la manière dont est structurée la partie cultivée de chacune des paroisses : il s’agit de clairières, séparées les unes des autres par des zones encore aujourd’hui boisées, parcourues par des limites communales souvent rectilignes. Nous estimons que Saubrigues (2 102 ha) est le plus ancien noyau de peuplement13 : son territoire occupe en effet une position centrale, sur des sols constitués de sables fauves ; Orx, au territoire réduit (1 179 ha), inséré dans le marais entourant l’étang, séparée de Saubrigues par une limite irrégulière en a été détachée. En revanche, la vaste paroisse de Saint-Jean-de-Marsacq (2 514 ha) aux sols de graviers ou de sables, séparée de celle de Saubrigues par une limite rectiligne traversant une zone boisée semble bien s’être développée dans un secteur de saltus isolé qui a pu, toutefois, être initialement inclus dans le territoire de Saubrigues.
Le second ensemble qui regroupe, on l’a vu, cinq paroisses, présente, de l’Adour à l’étang d’Orx, trois groupes de deux paroisses. Compte tenu de la distance qui sépare l’étang du fleuve – une quinzaine de kilomètres –, il convient d’emblée d’écarter l’hypothèse d’une ou deux paroisses du type de celle de Saint-Martin-de-Seignanx s’étendant du marais à l’Adour.
La première paroisse, au nord de cet ensemble, est celle de Saint-Martin-de-Hinx qui s’étend sur 2 548 ha et affecte la forme d’un losange de 10 km de long pour 3,5 km de haut. Bien que sa limite orientale soit à moins de 250 m de l’Adour, elle en est séparée au nord-est par une pointe du territoire de Saint-Jean-de-Marsacq qui se glisse entre la rivière et une ligne de hauteurs boisées sur laquelle s’appuie la limite. Au sud-est, deux petits ruisseaux se dirigeant l’un, celui de Lorta, vers l’Adour, l’autre, celui d’Arcan, vers le canal du Moura Blanc, la séparent de Sainte-Marie-de-Gosse et de Biarrotte. À son extrémité occidentale la paroisse est délimitée au nord-ouest par le ruisseau du Moulin de Navachon, au sud-ouest par le canal du Moura Blanc qui coulent au fond de larges vallons à fond plat et convergent vers le canal du Barret et les marais de l’étang d’Orx. Vaste clairière vallonnée dont les ramifications reproduisent les placages de sables fauves alors que les affleurements de marnes de la périphérie semblent avoir largement conservé la couverture forestière, le territoire de Saint-Martin-de-Hinx comme celui de Saubrigues constitue un ensemble cohérent.
Plus au sud la situation est radicalement différente. Les territoires paroissiaux, pour une large part imbriqués les uns dans les autres, sont en effet de taille très variée. La lecture en devient néanmoins parfaitement claire si on se penche sur la structuration du réseau hydrographique et sur la carte des sols et de leur substrat. Les vallées et vallons à fond plat tapissé d’alluvions pénètrent profondément à l’intérieur du plateau découpé en pédoncules ramifiés qui les dominent souvent d’une trentaine de mètres. Les pentes marneuses et le fond des vallons sont restés le domaine de la forêt, le plateau, couvert de sables fauves, a attiré les hommes qui y ont aménagé des clairières de culture.
Au sud de Saint-Martin-de-Hinx, dans la boucle de l’Adour, trois paroisses semblent bien avoir eu une origine commune : il s’agit de celles de Sainte-Marie, Saint-Laurent et Biarrotte. L’ensemble qu’elles constituent, bien délimité par l’Adour à l’est et au sud, est séparé de Biaudos par un profond sillon orienté du nord-est vers le sud-ouest au fond duquel coule, quarante mètres en contrebas du plateau, le canal du moulin de Biaudos. Les territoires de Sainte-Marie et Saint-Laurent présentent de profondes similitudes : au sud, la vallée alluviale de l’Adour atteint 0,5 à 1,5 km de large, au nord, le plateau au substrat marneux se développe sur 7 km de long et trois de large. Il se relève au nord-est à Sainte-Marie, atteignant plus de 100 m et présente un front boisé au-dessus de la plaine. La clairière établie sur les sables fauves court sans solution de continuité de Saint-Laurent à Sainte-Marie sur une largeur de 1 km. Avec ses 1 257 ha la première de ces paroisses est nettement plus petite que la seconde qui en a 2 650 mais qui est plus largement forestière. La limite entre les deux suit un petit vallon au fond duquel coule l’Estey Rouge, à une centaine de mètres du clocher de Saint-Laurent, alors que celui de Sainte-Marie se trouve à 3,5 km. On se trouve indiscutablement en présence d’une partition aux dépens de Saint-Laurent paroisse. matrice, hypothèse confortée par le caractère forestier de la paroisse de Sainte-Marie et, nous le verrons, le titre de son église.
Il est probable, en revanche, que la paroisse de Biarrotte dont la petite taille – 482 ha – est plutôt un gage de jeunesse ait été détachée de celle de Sainte-Marie. C’est en tout cas ce que suggère la morphologie de son territoire, un triangle dont la pointe méridionale correspond aux vallons encaissés de deux ruisseaux, ceux d’Ynis et de Taupier qui le séparent au sud-est et au sud-ouest de ceux de Sainte-Marie et de Biaudos. Il se rattache par contre sans solution de continuité à celui de Saint-Martin dont le clocher n’est distant que de 2,5 km, de sorte que l’on pourrait aussi bien considérer Biarrotte comme une ancienne excroissance de Saint-Martin. Mais le territoire de Biarrotte pénètre à l’intérieur de celui de Sainte-Marie, ce qui constitue, à notre avis, un argument plus solide en faveur de son détachement de cette paroisse.
Le territoire de Biaudos (1 542 ha) est séparé au nord-est de celui de Saint-Martin-de-Hinx par le canal du Moura Blanc et le marais du Borret ; au sud-est, le canal du moulin de Biaudos constitue une limite marquée avec Saint-Laurent-de-Gosse. Du côté occidental, le ruisseau du Soudan vers le nord, le profond vallon à fond plat d’un affluent de l’Adour vers le sud, séparent son territoire de celui de Saint-André-de-Seignanx. Biaudos se présente ainsi comme un triangle de 6 km du nord au sud pour quatre de l’est à l’ouest. Il existe un “pont” entre le territoire de Biarrotte et celui de Biaudos qui se trouvent sur la ligne de partage des bassins de l’Adour et du marais ; pont qui se poursuit en direction de l’est, reliant les terroirs de Biaudos, Biarrotte, Saint-Martin et Sainte-Marie. Nous retrouvons à Biaudos la même structuration du terroir que dans les paroisses que nous venons d’étudier : la clairière habitée se développe sur les sables fauves du plateau et de ses pédoncules, abandonnant les pentes marneuses et le fond des vallées à la forêt.
Indépendamment du fait qu’elles appartiennent au même pays les paroisses de Gosse situées dans la boucle de l’Adour, aux territoires imbriqués les uns dans les autres, constituent un ensemble homogène. On est donc tenté de rechercher le lieu de culte le plus ancien qui aurait dans un premier temps desservi cet ensemble. Par sa position c’est Biarrotte qui devrait retenir notre attention. L’hypothèse n’aurait rien d’absurde car on connaît des exemples de paroisses matrices au territoire complètement éclaté et réduites de ce fait à une surface minuscule. Mais le titre de son église, son toponyme, la médiocre structuration du réseau des chemins à partir de l’église nous la font écarter. Reste le cas de Biaudos, contigu aux trois paroisses de Saint-Martin, Saint-Laurent et Sainte-Marie, dont la situation “intérieure” entre marais et Adour rappelle celle de Saubrigues. C’est finalement la filiation que nous retiendrons comme base de réflexion.
Les trois paroisses orientales du pays de Seignanx, Saint-André (1 918 ha) et son annexe de Saint-Barthélemy et Saint-Martin constituent un bloc rectangulaire, massif, de près de 10 km du nord au sud entre marais et Adour et de 9 km d’est en ouest. Les territoires de Saint-André et Saint-Barthélemy s’étendent du marais d’Orx aux rives de l’Adour, sur une largeur de 4 à 7 km dans la partie médiane pour s’achever en pointe à Saint-Barthélemy. Au nord-ouest, une limite rectiligne qui suit le canal de Moussehouns sépare Saint-André de Saint-Martin ; en revanche, sur le versant de l’Adour, la limite entre Saint-André et Saint-Barthélemy d’une part et Saint-Martin de l’autre est en discordance avec les accidents naturels. À 1,5 km au sud du clocher de Saint-André, le plateau se divise en quatre pédoncules couverts de sables fauves, correspondant chacun à des zones cultivées et habitées, traversées par des chemins qui s’y croisent : l’un, du nord au sud, relie Saint-André à Saint-Barthélemy. Il est clair que la paroisse de Saint-Barthélemy dont la petite superficie (530 ha) et la situation sont caractéristiques d’une paroisse de la dernière génération a été détachée de Saint-André. Elle est constituée de deux parties bien distinctes : un éperon étranglé, le Sequé, rattaché au plateau ; une butte isolée sur laquelle l’église a été édifiée, émergeant de la plaine basse de l’Adour.
Saint-Martin, avec ses 4 549 ha est la plus étendue des paroisses du Seignanx. Sur le versant du marais, les limites se confondent avec des accidents naturels, le canal de Moussehouns à l’est, le marais au nord, les étangs d’Yrieu et de Beyre à l’ouest ; sur celui de l’Adour, par contre, elles courent en s’appuyant tantôt sur un fond de vallon, tantôt sur une ligne de hauteur tantôt elles présentent un aspect artificiel. Terres cultivées et zones habitées s’étirent sur le plateau couvert de sables fauves, la forêt qui ourle les pentes marneuses se fait plus dense vers l’ouest au contact avec Tarnos. L’église et le bourg sont établis sur le chemin reliant Tarnos au pays de Gosse et non sur celui venant de Bayonne.
Lorsqu’on examine l’ensemble constitué par les trois paroisses que nous venons d’évoquer, il apparaît qu’elles sont issues d’un même territoire originel dont Saint-André et Saint-Barthélemy ont été détachées. Nous en avons pour preuve le tracé de leurs limites et le fait que l’église de Saint-Martin se trouve en son centre, mais à 1,5 km seulement de la limite avec Saint-André.
Le dernier ensemble paroissial est constitué, avons-nous vu, d’Ondres (1 518 ha), Tarnos (2 626 ha) et Saint-Étienne. Il s’étire sur 10 km du nord au sud et sur une largeur de 5 km à hauteur du marais d’Orx pour 10 km en bordure de l’Adour. Aux époques où se mit en place le réseau paroissial l’Adour divaguant au milieu des dunes coulait parallèlement au rivage de l’océan dont il était séparé jusqu’à hauteur de Capbreton par une langue de terre : la Punte. La partie occidentale de ces paroisses étant couverte de dunes, les églises d’Ondres et de Tarnos sont établies au contact avec les sables fauves.
L’étang de Garros et le ruisseau de la Palibe servent aujourd’hui de limite entre Ondres et Tarnos, mais 800 mètres à peine séparent les deux clochers. D’autre part, il est manifeste que Saint-Étienne a été détachée de Tarnos comme le suggère le prolongement méridional de cette paroisse qui atteint les rives de l’Adour. Le territoire de Saint-Étienne est ainsi “enveloppé” par celui de Tarnos qui, malgré cette amputation, s’étend sur 2 626 ha. Il est donc vraisemblable que le premier territoire paroissial réunissait Ondres, Tarnos et Saint-Étienne.
Au terme de cette analyse on peut distinguer au sein de chacun de ces ensembles une paroisse matrice et celles qui sont nées de son démembrement. Au groupe des paroisses matrices appartiendraient Saubrigues (Saint-Pierre), Biaudos (Saint-Pierre) et Tarnos (Saint-Vincent) ; à l’intérieur de celui des paroisses-filles trois générations au moins apparaissent ; à la première appartiennent : Orx (Saint-Martin) et Saint-Jean-de-Marsacq, issues de Saubrigues ; Saint-Martin-de-Hinx et Saint-Laurent-de-Gosse, issues de Biaudos ; Saint-Martin-de-Seignanx et Ondres (Saint-Pierre) issues de Tarnos ; à la seconde, les paroisses de Sainte-Marie-de-Gosse, Saint-André-de-Seignanx et Saint-Étienne-d’Arribe-Labourd ; à la dernière, celles de Biarrotte et Saint-Barthélemy.
La formation du réseau paroissial du pays d’Orthe
Il convient maintenant de se pencher de la même manière sur les paroisses qui constituent le pays d’Orthe. Celles-ci, au nombre de onze, sont structurées d’une manière tout à fait différente de celles de Gosse et de Seignanx. On se trouve en effet dans la zone de confluence d’un fleuve et d’une rivière relativement importants ; d’autre part, les deux bassins versants sont largement dissymétriques. À partir d’une ligne de séparation des eaux qui culmine à 126 m à Bélus, les rivières qui se jettent dans l’Adour ont un cours qui peut atteindre près de 10 km pour le ruisseau de Lespontès, tandis que le ruisseau de Padescaux qui passait à proximité de l’église de Pardies, rejoint en 5 km les gaves réunis. La seconde particularité du pays d’Orthe réside dans la présence de vastes secteurs recouverts par des nappes provenant de dépôts fluviatiles de l’interglaciaire Mindel-Riss pour l’essentiel. Le niveau Riss I constitué de gros galets de quartzite et de grès pris dans une gangue sabla-argileuse qui s’étale sur 6 km de long et près de 2 km de large selon un axe nord-ouest/sud-est de Pey à Bélus a toujours constitué une zone répulsive vers laquelle confluent les limites de sept paroisses. Entre ce noyau qui est dominé à l’est par les collines de Bélus et de Saint-Lon et les barthes de l’Adour et des gaves à l’ouest et au sud, un vaste croissant de terrasses (Riss-II et III) et d’affleurements marneux a fixé les hommes – c’est la ligne rejoignant les clochers.
Trois ensembles paroissiaux se dégagent avec assez de netteté. Au centre, celui constitué des paroisses de Saint-Lon et Bélus, un secteur de plateau culminant entre 60 et 100 m d’altitude dont les limites s’appuient à de rares exceptions près sur des zones forestières qui couvrent les rebords du plateau aux pentes accusées, établies à l’est et au sud sur des terrains marneux et calcaires, au nord en partie sur des galets et graviers de la nappe plus ancienne de Mindel, à l’ouest, sur les cailloutis et graviers du Riss I. À la périphérie de ce noyau les autres paroisses peuvent se répartir du nord au sud en trois groupes ou couples : Pey/Orist ; Saint-Étienne/Sainte-Marie-de-Lanne ; Orthevielle/Pardies-Peyrehorade/Cauneille. Le ruisseau de Castreyran sert de limite aux deux premiers ; par contre, c’est une limite artificielle qui sépare la paroisse de Sainte-Marie de celle d’Orthevielle.
À la différence des pays de Gosse et de Seignanx le pays d’Orthe possède un site antique au lieu-dit Pardies, dans la commune de Peyrehorade. Il s’agit d’une villa établie sur la dernière terrasse würmienne, au contact avec la zone des barthes. L’occupation s’échelonnerait du Ier au Ve siècle. Sur les ruines de cette villa se seraient succédé du Ve au XVIIIe siècles quatre églises dont la dernière fut celle de la paroisse de Saint-Martin de Pardies14. Le transfert du chef-lieu paroissial à Peyrehorade entraîna l’abandon de l’édifice et la substitution du nom de Peyrehorade à celui de l’ancienne paroisse rurale15. Les parties les plus anciennes des autres églises remontent au XIIe siècle à Orist et Pey, au XIIIe siècle à Lanne ou Saint-Lon16. Quant aux premières mentions des églises elle apparaissent à la fin du XIe siècle pour Orist (Sanctus Petrus de Urist17), Pey (Sanctus Saturninus de Pui18) ou Saint-Lon19 entre 1105 et 1119 pour Lanne (Sancta Maria de Lane20) où la villa est attestée en 108021, mais seulement en 1343 pour Bélus, Saint-Étienne, Cauneille (Saint-Pierre) et Sainte-Catherine de Peyrehorade22. Fondée dans la forêt d’Orthe au plus tard en 1122, l’abbaye de Cagnotte devint chef-lieu de la paroisse de Cagnotte-Cazorditte, néede la colonisation de la forêt après 134323. Dédiée à sainte Catherine cetteéglise fut établie dans un des bas-côtés de l’abbatiale.
Comme celui des autres paroisses des bords de l’Adour, les territoires d’Orist (1 476 ha) et de Pey (1 385 ha) sont constitués d’une zone interne forestière et d’une auréole d’un à deux kilomètres de large réunissant terres cultivées et habitat, implantée sur la terrasse du Riss III, bordée par les barthes, ici de faible largeur. On se trouve en présence d’un démembrement qui, lorsqu’il se produisit se fit de manière à laisser à chacune des deux communautés une part de la zone de saltus. Ainsi la limite rectiligne entre les deux paroisses passe-t-elle à moins de 500 m du clocher de Pey, mais à partir de ce seul constat, on ne saurait néanmoins conclure que la paroisse matrice était celle de Pey.
La situation de Saint-Étienne-d’Orthe (1 107 ha) et de Sainte-Marie-de-Lanne (1 268 ha) présente des analogies avec celle que nous venons d’évoquer. Comme celui d’Orist, le territoire de Sainte-Marie, appuyé à la confluence du Gave et de l’Adour, s’étire sur près de 6 km pour atteindre la zone des landes de la terrasse du Riss I, n’en laissant qu’une très faible partie à Saint-Étienne. Par cet artifice dans le découpage paroissial de Sainte-Marie les deux églises se trouvent bien centrées dans leur territoire. On est tenté de faire de Sainte-Marie la matrice de l’ensemble, d’autant que la position de Saint-Étienne rappelle celle de Saint-Étienne-d’Arribe-Labourd par rapport à Tarnos.
C’est sur le bord des Gaves réunis que la géographie paroissiale soulève le plus de problèmes. Il est manifeste, certes, que la matrice de cette partie du pays d’Orthe est l’église de Pardies dont le site se trouve à moins de 500 m de la limite occidentale de la commune de Peyrehorade (1 611 ha). C’est probablement au cours du XIIe siècle que fut établie dans ce bourg castral qui était aussi un port une chapelle dédiée à sainte Catherine dont l’érection en église paroissiale entraîna l’abandon de l’église de Pardies et le transfert du titre de Saint-Martin. La faible distance qui sépare le site de Saint-Martin de l’église d’Orthevielle, la cohérence manifeste entre les territoires de Peyrehorade et d’Orthevielle, incitent à voir dans celle-ci une paroisse démembrée de la matrice de Pardies. Mais le caractère rectiligne de la limite entre Orthevielle et Sainte-Marie nous amène à nous demander si l’on ne serait pas en présence d’une vaste paroisse matrice du Ve siècle recouvrant les territoires de Saint-Étienne, Sainte-Marie, Orthevielle et Pardies. Il pourrait en être d’ailleurs de même de la paroisse de Cauneille (1 542 ha) qui se trouve à l’est de Peyrehorade.
Troisième ensemble du pays d’Orthe, celui constitué par les paroisses de Saint-Lon (2 182 ha) et de. Bélus (1 184 ha). La position du territoire de Bélus par rapport à celui de Saint-Lon, la faible distance qui sépare l’église de Saint-Lon de la limite avec Bélus, 500 m, font indiscutablement de Bélus une fille de Saint-Lon. On ne saurait, par contre, rattacher à cet ensemble la paroisse de Siest à l’extrémité nord de la vicomté. Cette microparoisse (291 ha) est en effet séparée de celles d’Orist et de Saint-Lon par un rideau forestier et son terroir s’étend en grande partie sur les mêmes terrasses du Würm que Saint-Étienne. Il semble que Siest ait été détachée de la paroisse de Heugas qui s’appuie au Luy, le démembrement s’expliquant aisément dans ce cas par l’étirement du territoire de Heugas.
À la différence des pays de Gosse et de Seignanx où nous en avons retenu trois, il n’existerait en pays d’Orthe que deux paroisses matrices ; celle de Pardies au sud et celle de Pey/Orist au nord. D’autre part, l’ordre des filiations demeure largement hypothétique. Ainsi on peut imaginer pour la partie nord du pays une paroisse matrice d’Orist se séparant dans un premier temps de celle de Pey puis, dans un second, de celle de Saint-Lon d’où se détache en dernier lieu Bélus. De la même manière on pourrait proposer pour la vaste paroisse de Pardies le schéma suivant : séparation de l’ensemble constitué d’Orthevielle, Sainte-Marie et Saint-Étienne puis, éclatement de celui-ci en trois parties, peut-être à partir de Sainte-Marie ; détachement de Cauneille qui n’a pas donné lieu à démembrement ; dotation de l’abbaye de Cagnotte, à l’origine de la paroisse de Cagnotte d’où est issue Cazorditte. Mais on conviendra que la manière dont s’est mis en place l’ensemble paroissial Saint-Lon/Bélus au cœur du pays laisse bien des questions en suspens. Reste enfin le cas de Siest dont la matrice semble extérieure au cadre de la seigneurie.
De la chronologie relative à la chronologie absolue
Les dédicaces
Partant des titres des églises nous avons essayé, dans un second temps, de confirmer ou d’infirmer les filiations que nous avons retenues. Nous nous sommes donc penché sur les titres des églises dont on sait que dans la majorité des cas ils n’ont pas connu de changement depuis la première dédicace24.
Il s’agit d’abord de personnages des Écritures :
- le Précurseur, Jean-Baptiste (1) à Siest, qu’il est parfois difficile de distinguer de l’évangéliste Jean (1) : Saint-Jean-de-Marsacq en Seignanx ;
- la Vierge qui apparaît sous une double dédicace, celle de sainte Marie (2) à Sainte-Marie-de-Gosse et Sainte-Marie-de-Lanne devenue Port-de-Lanne ou celle de Notre-Dame (1) à Bélus ;
- le protomartyr Étienne (2) à Saint-Étienne-d’Arribe-Labourd en Seignanx et Saint-Étienne d’Orthe ;
- trois apôtres et martyrs : saint Pierre (6) à Saubrigues et Biaudos, en Gosse ; Ondres en Seignanx ; Orthevielle, Cauneille, Orist, en Orthe ; saint André (1) à Saint-André-de-Seignanx ; saint Barthélemy (1) à Saint-Barthélemy en Seignanx, mais c’est aussi le second titre de Saint-Lon ;
- des martyrs orientaux : sainte Catherine (2) à Peyrehorade et Cazorditte ; italiens : saint Laurent (1) à Saint-Laurent-de-Gosse ; espagnols : saint Vincent (1) à Tarnos ; gaulois : saint Saturnin (1) à Pey en Orthe ; aquitains : saint Léon (1) à Saint-Lon en Orthe ;
- un confesseur : saint Martin (4) à Saint-Martin-de-Hinx et Orx en Gosse, Saint-Martin-de-Seignanx, Pardies en Orthe.
On remarque, tout d’abord, la variété des titulaires puisque, pour 24 paroisses25, on n’en compte pas moins de douze. Second constat, les églises dédiées à Pierre, Martin et Notre-Dame sont au nombre de treize. Mis à part le cas de Jean et Catherine les autres titres ne sont représentés qu’une seule fois. Enfin, sur les 24 toponymes paroissiaux, onze sont des éponymes, trois sur dix en pays d’Orthe (Marie, Étienne et Léon), quatre sur huit en pays de Gosse (Marie, Jean, Laurent, Martin) et quatre sur six en pays de Seignanx (André, Étienne, Martin, Barthélemy). Pour apprécier ces dédicaces il convient de les comparer avec celles du diocèse de Dax auquel appartiennent les trois pays étudiés ainsi qu’avec celles des diocèses voisins, ceux d’Aire, de Bordeaux et de Bazas qui ont fait l’objet d’études partielles mais approfondies.
Voici comment les dédicaces se répartissent dans les trois pays du Bas-Adour : Pierre : 24 %, Martin : 16 %, Marie : 12 %, soit au total 52 %. Pour l’ensemble du diocèse de Dax, les pourcentages sont : 22 % pour Pierre, 14,4 % pour la Vierge et 12 % pour Martin (au total : 48 % des dédicaces)26. Dans le diocèse d’Aire Martin passe en tête (18 %), Pierre et la Vierge étant à égalité (16 %), le total étant de 50 %. En Marsan, partie septentrionale de ce diocèse, Martin est toujours en tête (15,2 %), suivi par Pierre (13 %) et Jean Baptiste (12,5 %), la Vierge n’arrivant qu’au quatrième rang (11,5 %) (40 % pour Martin, Pierre et la Vierge)27. Dans la partie septentrionale du diocèse de Bazas les conclusions auxquelles est parvenue S. Paravel sont sensiblement différentes : 14,4 % pour Notre-Dame, 13,7 % pour Martin, 11,5 % pour Pierre, soit 40 % : les trois vocables sont toujours en tête, mais le pourcentage des paroisses qui leur sont dédiées baisse, en raison d’une typologie beaucoup plus variée, accueillante aux martyrs et confesseurs28. Ce phénomène est aussi sensible dans la partie septentrionale du diocèse d’Aire. Ce qui est remarquable néanmoins, c’est que pour une moitié des titres les pays du Bas-Adour ne diffèrent pas du reste du diocèse de Dax et s’insèrent dans une typologie en quelque sorte “classique”. Il n’est guère probable dans ces conditions que la manière dont le réseau paroissial s’est mis en place diffère sensiblement de celle du reste du diocèse.
Pour les autres titres on constate à la fois des différences et des situations à peu près identiques à celles de l’ensemble du diocèse : l’identité on la trouve dans la présence des titres Laurent, Étienne, Barthélemy, André, Vincent, martyrs les plus représentés dans le diocèse de Dax ; la principale différence réside dans la présence de seulement deux titres Saint-Jean (11 % dans le diocèse de Dax, 13 % dans celui d’Aire, 12,7 % en Marsan, à égalité avec Martin dans celui de Bayonne) et dans l’absence de celui de Jacques. D’autre part, il n’existe dans le diocèse que deux églises dédiées à Saturnin (en plus de Pey, celle de Saint-Saturnin en Brassenx), une seule à Léon et deux à sainte Catherine en pays d’Orthe.
Les pays de Gosse et de Seignanx présentent, en revanche, une caractéristique que l’on ne retrouve pas ailleurs dans le diocèse de Dax, le nombre des hagiotoponymes : huit paroisses sur quatorze, soit 61 %, mais seulement trois sur dix en pays d’Orthe (33 %), pour seulement 13 % dans la Maremne voisine et 17 % en Marsan.
Que sait-on, d’autre part, de la vogue de ces vocables et tout d’abord de ceux de Pierre, Martin et Notre-Dame ? Pour Pierre le titre se répartit dans le nord du diocèse de Bazas de manière à peu près égale au cours des trois premières générations ; dans les graves et les landes du Bordelais de façon plus accentuée entre 600 et 90029 ; en Marsan, en revanche, près de 90 % des églises dédiées à Pierre seraient des fondations postérieures à 900. Pour Martin, dans les mêmes secteurs du Bazadais et du Bordelais les dédicaces s’étaleraient du Ve au XIIe siècle, mais c’est surtout entre le VIIe et le IXe siècle qu’elles seraient les plus nombreuses alors qu’en Marsan, comme pour Pierre, 90 % seraient postérieures à 900. S’agissant de Notre-Dame, c’est surtout au cours des dernières générations que ce culte a connu la plus grande faveur ; cependant, on note en Marsan une vogue notable avant 900 (25 % du titre). Dans cette vicomté le décalage dans le temps ne fait que refléter le caractère plus tardif de la mise en place du réseau paroissial. Mais on ne saurait s’appuyer sur des vocables en vogue du Ve au XIIIe siècle pour conforter une chronologie relative, surtout s’il s’agit de filiations entre Pierre, Martin et Notre-Dame. En revanche, le fait que ces titres aient été adoptés après 900, parfois surtout après cette date comme dans le Marsan tout proche, constitue un indice précieux pour “caler” chronologiquement l’apparition des églises du Bas-Adour qui leur sont dédiées.
Les autres titres sont-ils en mesure de nous éclairer davantage ? Ce n’est pas le cas de celui de saint Jean-Baptiste que l’on retrouve à toutes les générations dans tous les secteurs étudiés avec, en Marsan, le décalage chronologique déjà noté. Saint Étienne apparaît à trois reprises, deux fois en hagiotoponyme (Saint-Étienne-d’Orthe et d’Arribe-Labourd) et trois fois pour des paroisses filles, en toute certitude à Biarrotte et Arribe-Labourd, avec quelque réserve en pays d’Orthe30. Le culte d’Étienne s’est diffusé depuis Jérusalem à partir du Ve siècle. Comme en témoignent le nombre des cathédrales qui lui sont dédiées et celui des hagiotoponymes Étienne fut un saint particulièrement vénéré en France. Dans les landes et graves du Bordelais le titre n’a été utilisé qu’une seule fois, vraisemblablement au VIIe siècle ; dans le Bazadais septentrional à trois reprises entre le VIIe et le IXe siècles. C’est aussi la fourchette retenue pour trois églises du Marsan. Ces indices sont intéressants dans la mesure où ils suggèrent que le vocable aurait été utilisé avant 900, et que l’origine de ces paroisses pourrait donc être antérieure.
Si le titre de saint André apôtre et martyr dont le culte s’est répandu depuis Rome à partir du Ve siècle est assez bien représenté dans la partie landaise du diocèse de Dax, il n’en est pas de même dans celui d’Aire – une seule paroisse (Hinx) –, de même que dans celui de Bordeaux ‒ en plus de la cathédrale, quatre églises seulement lui sont dédiées dont deux (VIIIe-Xe siècles) dans les landes et les graves. En Bazadais du nord on relève trois dédicaces dont deux hagiotoponymes pour des paroisses fondées probablement au XIe siècle. Saint-André-de-Seignanx pourrait donc être une paroisse du Xe siècle.
La petite paroisse de Saint-Barthélemy serait née d’un démembrement de Saint-André-de-Seignanx. Le culte de Barthélemy s’est répandu à partir du XIe siècle, à la suite du transport de son corps à Rome. Les paroisses dédiées à cet apôtre et martyr sont nombreuses dans le diocèse de Dax – neuf au moins – mais seulement au nombre de quatre dans celui d’Aire, dont une bastide. Absent des graves et des landes du Bordelais, le titre n’apparaît que trois fois dans le nord du Bazadais aux IXe-Xe siècles. Pour sa part M. Aubrun considère qu’en Limousin les paroisses qui lui sont dédiées “n’ont en leur faveur aucun indice d’ancienneté”. Il est certain que la paroisse du Seignanx appartient à la dernière génération.
Le titre de saint Laurent martyr dont le culte a pris naissance à Rome au IVe siècle pour connaître ensuite une large popularité, n’apparaît qu’une seule fois dans le diocèse, en Gosse en hagiotoponyme et en situation de paroisse matrice (de Sainte-Marie). Répandu, on l’a vu, dans les diocèses landais, un peu moins dans celui de Bordeaux où il a connu une vogue ancienne et limitée (VIe-VIIe siècles), il est davantage présent en Bazadais du nord où il apparaît uniquement en hagiotoponyme, surtout après l’an mille. Les six cas recensés en Marsan seraient postérieurs à 900. Saint-Laurent-de-Gosse pourrait donc être une paroisse du Xe siècle d’où se serait détachée ultérieurement celle de Sainte-Marie.
L’église de Pey en Orthe est dédiée à Saturnin, évêque et martyr de Toulouse. Il n’en existe qu’une autre dans le diocèse de Dax, celle de Saint-Saturnin en Brassenx, aucune dans celui d’Aire. Par contre, trois églises sont dédiées à ce martyr dans les landes et les graves du Bordelais, huit sur la rive droite de la Garonne dont trois remontent aux Ve-VIe siècles. Mais d’autres paroisses sont plus tardives (VIIIe-IXe siècles) et celles placées sous son patronage dans le Bazadais voisin seraient postérieures au Xe siècle. On se trouve donc en présence d’un saint dont la vogue a été fort longue. Mais rien ne s’oppose à ce que Pey fût matrice de la paroisse d’Orist dédiée à Pierre dont la date de création reste néanmoins indécise.
Nous avons considéré l’église de Tarnos dédiée à Vincent, martyr de Saragosse, comme matrice de (Saint-Pierre) d’Ondres et Saint-Étienne d’Arribe-Labourd. Il existe dans le diocèse de Dax six autres églises dédiées à Vincent, deux à saint Vincent de Xaintes (Xaintes et Belhade), deux à Vincent diacre (Saint-Vincent-de-Tyrosse, Léren), les deux autres (Vicq-d’Auribat, Salies) restant à déterminer. En Marsan, dans le diocèse d’Aire, il y en a cinq, toutes dédiées au martyr de Saragosse dont trois seraient celles de paroisses matrices de la première génération, antérieures au Xe siècle ; en Bordelais, on en trouve quinze dont dix dans les landes et les graves. Celles-ci appartiendraient à deux générations, l’une de la fin du VIe siècle, contemporaine de l’évêque de Bordeaux Léonce II, les autres du IXe siècle, lorsque le corps du saint fut transféré à Castres en Albigeois. Des cinq dédicaces du Bazadais septentrional trois dateraient des Ve-VIIe siècles, les deux autres seraient postérieures au IXe siècle. On se trouve ainsi dans un cas de figure identique à celui des églises dédiées à saint Laurent ou saint Saturnin, mais l’ancienneté du culte de Vincent martyr est indiscutable. Eri tout cas la proposition que nous avions avancée demeure fout à fait acceptable : Tarnos daterait au moins du IXe siècle.
On sait enfin que le culte de sainte Catherine devenue la plus populaire des saintes et saints auxiliaires n’a commencé à se répandre qu’à partir du XIIe siècle pour connaître une grande vogue au siècle suivant. Les églises de Peyrehorade et de Cazorditte sont les seules qui lui sont consacrées dans le diocèse de Dax et l’on n’en trouve aucune dans les landes et les graves du Bordelais. Trois, sur les quatre recensées dans le nord du Bazadais, sont postérieures à l’an mil ; c’est aussi probablement le cas de celle du Marsan. Quant au culte de saint Léon, martyrisé selon la tradition à la fin du IXe siècle, il ne s’est développé qu’à partir du XIe siècle.
Dans la majorité des cas l’examen des titres des églises n’a donc apporté aucun élément susceptible de remettre en question les filiations proposées et, un certain nombre de fois, les a confortées. En revanche, l’incertitude demeure lorsqu’il s’agit de proposer sinon des dates du moins des fourchettes pour l’apparition des paroisses, à commencer par celles que nous avons considérées comme matrices.
Chronologie des générations de paroisses
Afin de faire progresser notre réflexion il nous est apparu intéressant de confronter les conclusions auxquelles nous sommes parvenu à celles avancées pour d’autres régions proches de la nôtre. S’agissant de la partie orientale du diocèse de Bordeaux, soit 158 paroisses attestées au milieu du XIVe siècle, du Médoc au pays de Born en passant par le pays de Buch et le Cernès, trois générations de paroisses ont pu être identifiées : quinze à vingt d’entre elles seraient antérieures à 550 (9,5-12,5 %) ; quatre-vingts environ auraient été fondées entre 550 et 800, mais en très grande majorité avant 700 (50 % environ) ; vingt-cinq à trente au cours des IXe et Xe siècles (15,8-20 %) ; vingt à peine après l’an mil, soit 12 % environ. L’étude portant sur une région voisine, celle du Bazadais septentrional, prolongement de l’Entre-deux-Mers bordelais, aboutit à des résultats sensiblement différents puisque, sur un total de 150 paroisses, 50 seraient antérieures à 700 (33 %), 40 dateraient des VIIIe-Xe siècles (26 %) et donc 40 % seraient postérieures au début du XIe siècle.
Une étude en cours, portant cette fois-ci sur les 138 églises de la vicomté de Marsan dans le diocèse d’Aire dont le titre est connu, fait apparaître une différence très sensible s’agissant de la première generation : en effet, les plus anciennes paroisses ne seraient pas antérieures au VIIe siècle. La première génération allant du VIIe au IXe siècle concernerait 31 paroisses (22,4 %), la seconde du Xe à la fin du XIIe siècle 58 paroisses (42 %) dont moins de 20 antérieures à l’an mil ; la troisième, à partir de 1200, 41 paroisses, ce qui donnerait 57 % de paroisses postérieures à l’an mil, pourcentage largement supérieur à celui du Bazadais septentrional. Autres conclusions, portant celles-ci sur 91 paroisses du pays du Bois de Saintonge occidentale dont 10 % seraient antérieures à 700, 40 % environ appartiendraient aux VIIe-IXe siècles, 30 % environ datant des Xe et XIe siècles et 20 % des XIIe-XIIIe siècles. Si l’on retient comme hypothèse que la moitié des paroisses des Xe et XIe siècles du pays du Bois pourraient être antérieures à l’an mil, on arrive à 35 % de paroisses postérieures à cette date. Ainsi le pourcentage de paroisses postérieures à l’an 1000 varierait de 12 % pour les graves et les landes du Bordelais à 35 % pour le pays des Bois de Saintonge, 40 % pour le nord du Bazadais pour atteindre 57 % en Marsan.
Peut-on se référer à l’un de ces modèles pour interpréter la chronologie relative que nous avons proposée pour les paroisses des trois pays du Bas-Adour ? Les caractéristiques du milieu naturel qui laisse une large place aux landes, aux bois et aux marais jusqu’à une époque récente, le fait qu’une seule paroisse, celle de Pardies pourrait remonter à la première génération, inclinent à retenir celui du Marsan. Voici donc nos propositions.
Propositions
Le réseau paroissial du pays d’Orthe a une origine plus ancienne que celui des pays de Gosse et de Seignanx. Pardies fut un lieu de culte dès le VIe siècle. De ce fait la formation du réseau a dû commencer plus précocement en pays d’Orthe et les “générations” doivent donc différer en chronologie absolue de celles des pays de Gosse et de Seignanx.
Plusieurs paroisses du pays d’Orthe et de ceux de Gosse et de Seignanx appartiennent à la dernière génération, bien reconnue aujourd’hui, postérieure à 1100 : paroisses de “défrichement” et de démembrement tardif comme Bélus détachée de Saint-Lon, Cazorditte de Peyrehorade, Biarrotte de Sainte-Marie-de-Gosse, Saint-Barthélemy de Saint-André-de-Seignanx ; paroisse castrale, comme celle de Peyrehorade qui s’est substituée à Saint-Martin de Pardies. Mais si l’on veut proposer une fourchette chronologique pour les “démembrements” antérieurs, il convient d’en avancer d’abord une autre pour la fondation des paroisses matrices qui leur ont donné naissance. Le cas de Pardies étant réglé, la question se pose pour Pey/Orist en pays d’Orthe, Saubrigues, Biaudos, Tarnos et Saint-Martin-de-Seignanx.
C’est à ce stade de notre réflexion qu’il convient d’introduire une donnée que nous avons précédemment évoquée, la présence d’un grand nombre d’hagiotoponymes, en particulier en Gosse et Seignanx où leur nombre est exceptionnellement élevé. Il est admis aujourd’hui que les hagiotoponymes représentent des démembrements de paroisses voisines plus anciennes, s’étalant sur une période allant en général du VIe au Xe siècle. D’un point de vue chronologique, cette fourchette est compatible avec nos conclusions et à peu de chose près avec les filiations proposées.
En effet en pays de Seignanx on ne saurait exclure l’existence d’une seule paroisse matrice, celle de Tarnos, dont le toponyme appartient à une strate protohistorique, ayant probablement donné naissance par démembrement à une grande paroisse de Saint-Martin. Dans ces conditions nous n’excluons pas une datation haute, le VIIe siècle, en tout cas le VIIIe siècle au plus tard pour la paroisse de Tarnos, en raison de sa situation et de son vocable (Vincent martyr). Nous voyons dans les paroisses d’Ondres, Biaudos et Saubrigues toutes trois dédiées à Pierre des fondations du IXe siècle, d’où Saint-Martin-de-Seignanx et Saint-Martin-de-Hinx se seraient rapidement détachées, l’une de Tarnos, l’autre de Saubrigues. Il serait présomptueux de vouloir établir pour les autres paroisses des dates de fondation précises consécutives à des démembrements qui se produisirent, selon nous, aux Xe et XIe siècles pour le plus grand nombre, au XIIe pour les derniers (Saint-Barthélemy, Biarrotte).
En pays d’Orthe nous proposerons aussi le IXe siècle pour Orist et une fourchette couvrant les Xe et XIe siècles pour les paroisses de la génération suivante sans proposer comme précédemment une chronologie plus fine compte tenu de l’incertitude dans l’ordre des filiations31.
Ces fourchettes sont conformes à ce que l’on sait déjà de la formation des réseaux paroissiaux dans les secteurs boisés du Sud-Ouest caractérisés, rappelons-le, par l’absence de vestiges antiques ou du haut Moyen Âge. Il s’agit de secteurs longtemps restés à l’état de saltus comme ce fut aussi le cas pour le cœur de la Chalosse ou le Parleboscq, dont la structuration paroissiale reflète la mise en valeur tardive du sol, liée elle-même à un accroissement de la population. On aura remarqué que nous n’avons, pour l’instant, fait aucune allusion au contexte religieux et politique de la période allant du VIIe au XIe siècle. Rappelons seulement qu’à partir de 585 dans le diocèse de Dax, de 674 dans celui d’Aire, les listes épiscopales s’interrompent jusqu’à la restauration de ces diocèses en 105932. On ne saurait pour autant en conclure à une déchristianisation consécutive à l’arrivée des Vascons (fin VIe-début VIIe siècle), d’autant qu’un des leurs, le duc Loup, convoqua en 674 le concile de Granon. D’ailleurs l’interruption des listes ne signifie pas pour autant l’arrêt momentané de l’institution épiscopale. L’obscurité qui plane sur l’histoire religieuse des pays landais au IXe siècle et sur la majeure partie du siècle suivant ne doit pas d’ailleurs nous faire oublier le temps politique illustré, sur fond d’incursions normandes, par la lutte des Gascons pour leur indépendance face au pouvoir carolingien puis, par l’affirmation de celle-ci au début du Xe siècle. C’est, pensons nous, du IXe au XIe siècle que les hommes entreprirent la conquête des forêts, des landes et des marais des pays du Bas-Adour, qui se poursuivit jusqu’au milieu du XIVe siècle. Car, si la christianisation ne s’est faite au début qu’en fonction du peuplement existant, l’extension du réseau paroissial constitue le meilleur traceur de la conquête du sol par les hommes.
Notes
- Bernard Cassagne, La formation et l’évolution du tissu paroissial des landes et graves du Bordelais (IVe-XIVe siècles), T.E.R., Université de Bordeaux III, 1983, 2 t. ; Sylvie Faravel, Occupation du sol et peuplement de l’Entre-deux-Mers bazadais de la Préhistoire à 1550, Thèse, Université de Bordeaux III, 1991, t. 11, p. 99-133 ; Patrice Dussaud, Peuplement et occupation du sol des Bois de Saintonge occidentale de la fin de l’Antiquité au milieu du VIe siècle, Thèse, Université Michel de Montaigne-Bordeaux III, 1998, t. 1, p. 170-226. Cette liste n’est pas exhaustive. On peut aussi se référer à Michel Aubrun, L’ancien diocèse de Limoges des origines au milieu du XIe siècle, Thèse de doctorat ès lettres, Université de Clermont-Ferrand, 1981.
- J. B. Marquette, “Les pays de Gosse, de Seignanx et de Labenne (1200-1320); Bayonne et les pays de rive droite de l’Adour : Gosse, Seignanx et Labenne (1200-1320)”, dans Bayonne et sa région. Actes du 31e Congrès d’études régionales tenu à Bayonne les 4-5 avril 1981, Bayonne, 1983 et Société des Sciences, Lettres et Arts de Bayonne, 1981-1982, n° 137-138, p. 45-75 et 77-96 ; Nelly Behoteguy, La mise en place de l’habitat et du peuplement en pays de Gosse et de Seignanx, T.E.R., Université Michel de Montaigne-Bordeaux III, 1998.
- Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France. Landes. Peyrehorade, Paris, 1973 ; Cyril Delmas-Marsalet, Recherches sur le peuplement et l’occupation du sol en pays d’Orthe des origines à la fin du Moyen Âge, T.E.R., Université Michel de Montaigne-Bordeaux III, 1990, 2 t.
- Nous reviendrons sur le cas de Pardies et Peyrehorade et sur celui de Cagnotte-Cazorditte.
- Quartam partem a/taris Sancti Stephani de Ripalaburdi (Le Livre d’Or de Bayonne (cartulaire de la cathédrale de Bayonne, Arch. dép. des Pyrénées-Atlantiques, G 54), éd. abbé Bidache et abbé V. Dubarat, Pau, 1898, p. 15, n° VI.
- Ibid. : decimam suam de Sancto Martino de Seinans (p. 53).
- Ibid.. : “par. de .. ; glizie de Sent Vincens de Tarnos” (p. 177, 178, 153).
- Ibid. : “par. Sent Andriu de Seinhans” (p. 182).
- Donation au prieur de Saint-Esprit de la dîme de la paroisse (Arch. comm. de Bayonne, GG 152/1).
- Donation d’une part de la dîme de Saubrigues et Orx au prieur de Saint-Esprit (Arch. comm. de Bayonne, GG 152/1).
- Homines Sancti Petri de Ondre (Rôles gascons, t. II, n° 1601).
- Saint-Jean-de-Marsacq, Saint-Martin-de-Hinx, Biarrotte, Saint-Laurent, en 1527 (Pouillés des provinces d’Auch de Narbonne et de Toulouse publiés sous la dir. de Michel François, Paris, 1972, p. 345).
- À l’époque moderne Saubrigues était chef-lieu de l’archiprêtré de Gosse et Seignanx. Cet archiprêtré fut probablement établi au début du XIVe siècle sous l’épiscopat d’Arnaud de Ville (1278-1305) (Abbé A. Degert, Histoire des évêques de Dax, 1899, p. 143-144).
- B. Boyrie-Fénié, Carte archéologique de la Gaule. Bilan des sources bibliographiques et archéologiques du département des Landes de 1841 à 1994, pour les périodes protohistorique et antique.
- Au XIIIe siècle Pardies était chef-lieu de l’archiprêtré d’Orthe. Dans un premier temps, il y eut à Peyrehorade une annexe sous le vocable de Sainte Catherine. Un vicaire est attesté en 1343.
- Cf. Inventaire général. Orist : l’abside et sans doute les murs gouttereaux sont romans (p. 55) ; à Pey, le chœur et probablement les murs du vaisseau central de la nef (p. 70) ; Saint-Lon : fin XIIIe-début du XIVe siècle (p. 125) ; Lanne : XIIIe siècle (p. 92).
- Cartulaire de l’abbaye Saint-Jean de Sardes, éd. P. Raymond, 1873, n° XXV.
- Ibid., n° XXV.
- Première mention à l’occasion d’un partage de dîmes entre l’évêque de Dax, le chapitre cathédral et la fabrique (A. Degert, “Fragment des archives de l’ancien diocèse de Dax”, dans Bull. de la Société de Borda, 1921, p. 53). Aujourd’hui l’église est dédiée à saint Barthélemy.
- Cartulaire de l’abbaye Saint Jean de Sardes, éd. P. Raymond, 1873, n° XXI. Aujourd’hui l’église est dédiée à sainte Marie Madeleine.
- Ibid., n° XXX.
- Cf. V. Foix et A. Darracq, “Procès entre les nobles et habitants de la vicomté d’Orthe d’un côté et Pierre d’Aspremont, vicomte d’Orthe, de l’autre (1343)”, dans Bull. de la Société de Borda, 1894, p. 213-259. Dans un document de 1704 il estfait état des restes de la chapelle Saint-Jean et Saint-Pierre sise à proximité du donjon du château (Inventaire général, p. 29). L’.église actuelle consacrée en 1708 est dédiée aujourd’hui à saint Martin (ancien titre de Pardies).
- Lors de l’accord de 1343, le vicomte obtint le droit de coloniser la forêt de Cazorditte. La création de la paroisse aurait eu lieu vers 1445 (cf. M. Decla, “Essai sur l’abbaye Sainte-Marie de Cagnotte”, dans Bull. de la Société de Borda, 1972, p. 159-172). Le titre de sainte Catherine
- Cf. Jacques de Font-Reaulx, Carte du diocèse de Dax, d’après les Pouillés de la province d’Auch et autres documents, Valence, éd. Barrière et fils.
- Nous ne comptons Pardies/Peyrehorade que pour une seule paroisse.
- Les pourcentages des deux diocèses sont susceptibles d’être corrigés mais de manière non significative.
- D’après une étude réalisé par Jeanne Marie Fritz dans le cadre d’une thèse consacrée à la vicomté de Marsan au Moyen Âge qui sera prochainement soutenue devant l’Université de Bordeaux 3.
- Sylvie Faravel, Occupation du sol et peuplement de l’Entre-deux-Mers bazadais de la Préhistoire à 1550. Thèse. Université de Bordeaux Ill, 1991, t. II, p. 97-132, 143-154.
- Bernard Cassagne, op. cit.
- Nous renvoyons à Baudot et Chaussin (Dom), Vie des saints et des bien-heureux selon l’ordre du calendrier, avec l’histoire des fêtes, Paris, 13 vol., 1935-1959.
- Ces conclusions diffèrent de celles auxquelles était parvenu Bernard Cassagne pour les graves et les landes du Bordelais. Peut-être devraient-elles être réexaminées à la lumière des études qui ont été réalisées au cours des vingt dernières années.
- Landes et Chalosses, sous la dir. de Serge Lerat, Pau, 1983, t. 1., chap. III, “Naissance de la Gascogne (fin du Ve siècle-milieu du Xe siècle)”. Chap. IV, ‘La renaissance médiévale (milieu du Xe siècle-fin du XIIe siècle)”.

