Brun, P. (1997) : “Les ‘Résidences princières’ : analyse du concept”, in : Brun P., Chaume B. dir. : Vix et les éphémères principautés celtiques. Les VIe-Ve siècles av. J.-C. en Europe centre-occidentale, Actes du colloque international de Châtillon-sur-Seine, octobre 1993, Paris, 312‑327.
Cet article s’attachait à comparer, de façon systématique plusieurs hypothèses et argumentaires afin de caractériser les fonctions de ces établissements ; ce qui mettait en œuvre la nécessaire multiplication des échelles d’observation, à l’exemple de la critique de la notion de système-monde qui demeure idéologiquement incorrecte sur la base d’arguments fallacieux.
This article set out to compare, in a systematic way, several hypotheses and arguments in order to characterize the functions of these establishments; this implemented the necessary multiplication of scales of observation, such as the critique of the notion of world-system, which remains ideologically incorrect based on fallacious arguments.
L’histoire des recherches sur le phénomène princier du Hallstatt D illustre combien, en archéologie comme dans n’importe quelle autre science, il est nécessaire de disposer d’une grille conceptuelle pour progresser dans la connaissance. En effet, tandis que la majorité des données étaient connues dès avant la première guerre mondiale1, il a fallu attendre la publication des articles de Zürn et Herrmann2 et surtout Kimmig3, très inspirés du modèle féodal, pour que la récurrence des associations spatio-temporelles de tombes princières et de sites de hauteur fortifiés soit clairement mise en évidence et fasse l’objet d’une analyse. Cela montre bien que les données, aussi spectaculaires et abondantes soient-elles, ne parlent pas d’elles-mêmes. Elles ne prennent un sens que par leur confrontation avec une représentation abstraite. Je vais essayer de résumer d’abord l’histoire du concept de résidence princière, d’ordonner ensuite les principales tentatives d’explication du phénomène princier, de dégager enfin quelques perspectives autour de cette problématique.
Histoire du concept
Le terme de tombes princières (Fürstengräber) avait été utilisé dès 1877 par Eduard von Paulus (le fils) pour désigner les tombes du Giessübel, près de la Heuneburg, probablement par référence aux riches tombes mycéniennes découvertes par H. Schliemann l’année précédente4. Rien ne s’opposait, a priori, à ce que le modèle de Mycènes soit transposé au sud de l’Allemagne – le site fortifié de la Heuneburg était déjà reconnu, bien que non daté – si ce n’est le préjugé persistant de primitivité qui s’attachait aux habitants de l’Europe “barbare”. Par exemple, c’est encore un univers de tribus instables, en constante errance, que décrit H. Hubert en 1932. Ce préjugé n’a été levé que progressivement, dans les trente dernières années, grâce au progrès des connaissances sur l’habitat, à la prise de conscience de la pauvreté conceptuelle d’un migrationnisme systématique et surtout à l’adoption d’une échelle d’observation très élargie.
Pour adopter une échelle d’observation différente, il ne suffit pas de regarder des cartes dressées à l’échelle requise ; il faut aussi acquérir la grille mentale que nécessite leur lecture, presque leur décodage. Le parcours intellectuel de R. Joffroy me paraît à cet égard symptomatique. En 1952, il supposa :
“que les tombes princières de Sainte-Colombe devaient être rattachées à la civilisation hallstattienne du mont Lassois” ; or, poursuivait-il “six mois plus tard, la découverte de la tombe de Vix vérifiait l’exactitude de cette supposition”5.
Après ce début remarquable, il possédait un ensemble de données presque équivalent à celui de la Heuneburg. Mais, tandis qu’il connaissait toute la documentation européenne ayant un rapport avec Vix, il procéda uniquement à des comparaisons entre objets et entre unités de fouille. Il n’aperçut pas que la configuration vixienne se répétait assez régulièrement sur une vaste zone au nord-ouest des Alpes. Mieux, dans la réédition du Trésor de Vix6…, parue en 1979 sous le titre : Vix et ses trésors7, il ajouta des informations importantes, issues de travaux des années 1970, comme les découvertes de Bragny, du Britzgyberg ou de Châtillon-sur-Glâne, et nous laisse cependant sidérés en ne faisant pas mention de l’article de Kimmig8 qui enrichissait pourtant singulièrement la signification de ce qui avait bouleversé sa propre vie.
Le terme de Fürstensitz est apparu très vite pour désigner un site fortifié entouré de Fürstengräber. Le mot allemand Sitz veut dire lieu de séjour, résidence ou siège. Traduire Fürstensitz par siège princier évoque irrésistiblement le fauteuil ou le trône du prince ; c’est pourquoi j’ai préféré utiliser le terme de résidence princière. Celui-ci sous-entend que le prince y habite, ce qui gênait certains chercheurs car la Heuneburg n’avait livré aucun bâtiment d’une taille et d’une morphologie évoquant un palais, jusqu’à l’annonce dans ce volume de la reconnaissance de pièces de bois suggérant un puissant bâtiment à étage, et surtout parce qu’un site d’habitat ouvert, voisin de la tombe de Hochdorf et renfermant de la céramique attique, a été découvert à une dizaine de kilomètres du Hohenasperg9. Outre l’argument de l’écart chronologique – la tombe “princière” se classe au début du Hallstatt D2, tandis que les céramiques attiques de l’établissement ont été fabriquées près d’un siècle plus tard – je note qu’il ne serait pas surprenant qu’un souverain ait pu disposer d’une ou de plusieurs résidences hors de sa capitale, ou bien qu’il ait pu séjourner de temps en temps dans les manoirs des chefs subalternes. Il me semble peu imaginable, en revanche, que ce souverain n’ait pas exercé son pouvoir et habité souvent sur le site où convergeaient les plus grandes richesses et autour duquel étaient érigés les tombeaux géants de ses prédécesseurs. L’important était que chacun reconnaisse que là résidait le pouvoir. Il importe peu que le prince ait été temporairement absent, puisque la résidence princière restait manifestement le pivot de ses activités.
Dès la première décennie, la faiblesse de certains des critères de définition des “résidences princières” (Fürstensitze ou Adelssitze) a été soulignée. W. Kimmig avait proposé, pour ces sites qu’il avait nommés Adelssitze, c’est-à-dire résidence aristocratique ou nobiliaire, pour insister sur le caractère dynastique du pouvoir, quatre critères :
- présence d’une acropole fortifiée, d’un faubourg et de quartiers artisanaux,
- présence d’importations méditerranéennes – et autres – et d’imitations locales,
- proximité de tombes riches,
- localisation sur un important carrefour de voies, notamment fluviales.
Le site de la Heuneburg étant le seul à avoir été fouillé suffisamment, le premier critère reste bien entendu invérifié. Kimmig, lui-même, en était bien conscient. Il ne retient d’ailleurs plus que trois critères dans ses écrits plus récents10 :
- position sur une voie naturelle principale,
- présence de tombes princières à proximité immédiate,
- présence d’objets méditerranéens.
Härke11, après une évaluation précise des données disponibles, a insisté sur les implications sociologiques des critères de Kimmig. L’organisation interne des sites reflète une différenciation sociale, une spécialisation économique, une redistribution locale et un besoin défensif. Les biens importés prouvent les échanges à longue distance pratiqués par les occupants et leur richesse. Les tombes princières indiquent la richesse investie dans les funérailles de quelques individus supposés avoir vécu non loin de leur sépulcre. Enfin, la position topographique éminente reflète un besoin spécifique de protection et de contrôle des voies de communication. Compte tenu de l’état de la documentation, il prônait de se fonder sur la présence d’au moins un des deuxième et troisième critères et sur celle du quatrième. Ce dernier critère n’est cependant pas précis et s’avère, par conséquent, peu discriminant.
Fischer12 a souligné qu’il convenait de réserver le qualificatif de princier aux individus reposant dans les tombes à importations méditerranéennes. Il introduisait, de la sorte, l’idée d’une hiérarchie à l’intérieur même de l’élite sociale. Dans une perspective analogue, Dehn13 a divisé les sites fortifiés du Hallstatt D en trois catégories :
- les centres de pouvoir politique ou résidences princières (Fürstensitze),
- les résidences de chefs, ou seigneurs locaux (Herrensitze),
- les places fortes, de refuge temporaire.
Ces hiérarchies de structures archéologiques impliquaient une hiérarchie sociale à, au moins, trois niveaux : un niveau ordinaire, un niveau de chefs subalternes et un niveau de chefs suprêmes exerçant leur pouvoir depuis leur citadelle fortifiée.
Frankenstein et Rowlands14 ont fait progresser le sujet dans deux domaines : d’une part ils ont repris la notion de cadeau diplomatique développée par Fischer15 à partir du modèle de l’antiquité grecque et l’ont identifié comme le signe d’une véritable économie du don ou des biens de prestige, ce qui permettait de mieux comprendre la logique et la portée des contacts avec les Méditerranéens ; d’autre part ils ont mis en œuvre une méthode plus objective pour repérer la hiérarchie interne des tombes de l’élite sociale.
Härke16 a, de façon très fructueuse, analysé la dimension territoriale du phénomène princier en mobilisant les moyens de la géographie humaine. Cela permettait d’obtenir des indices sur la taille des principautés, c’est-à-dire sur l’échelle d’intégration atteinte par ces formations sociales. Pensant que les résidences princières se divisaient en trois niveaux, en fonction de leur importance au sein du réseau de sites, il a présenté une application des polygones de Thiessen qui tenait compte de cette pondération. Il manquait un essai de validation de ces territoires. C’est ce que j’ai tenté17. L’examen de la répartition de certaines parures, en particulier le décompte des types de fibules les plus représentés, aboutit à un faisceau d’indices convergeant vers l’idée d’une fonction économique centrale des résidences princières, notamment de leur rôle redistributeur au sein de leur territoire théorique respectif. J’en arrivais à proposer comme critère de définition supplémentaire la fonction économique centrale ; idée reprise par Eggert.
Explication du phénomène
Dans la décennie qui a suivi la diffusion de la première vraie théorisation du concept de résidence princière18, le phénomène socio-historique impliqué a suscité une rafale d’études destinées à en préciser, ou modifier l’interprétation19. Toutes mettaient l’accent sur l’importance des contacts avec les sociétés plus développées de la zone méditerranéenne dans le processus d’émergence et dans le fonctionnement des centres dits princiers. Puis, les effets du “stimulus” gréco-étrusque ont été assez radicalement remis en question par certains au début des années 198020. Ensuite, tandis que des chercheurs poursuivaient dans cette contestation21, d’autres reconnaissaient à leur tour le caractère déterminant des contacts méridionaux en procédant à une application systématique du modèle de l’économie-monde22.
Cet engouement s’explique moins par l’attrait de l’or et du prestige médiatique, que par une nécessité intellectuelle. Les résidences princières matérialisent un phénomène sociologique et historique qui ne peut être ignoré. Elles suggèrent, en effet, l’émergence et le maintien pendant une, deux ou trois générations d’une échelle d’intégration politique jamais atteinte auparavant en Europe tempérée. Réfléchir au changement social exige, par conséquent, de se pencher sur ce phénomène. Au plan documentaire, un tableau reprend quelques données issues de la base de données rassemblée en fin du présent volume23 ; il permet de comparer rapidement les sites concernés (fig. 1). Au plan théorique, de nombreux éléments d’explication ont été formulés. Ils sont difficiles à résumer tant les opinions s’entrecroisent. Il me semble, cependant, que les questions et les thèses principales concernant ce phénomène peuvent être commodément schématisées de la façon suivante :

Qu’est-ce qui a déterminé l’émergence des “résidences princières” ?
- Les contacts avec des sociétés plus complexes ?
- Des facteurs internes uniquement ?
- Une conjonction de facteurs internes, puis externes ?
Les contacts avec les sociétés méditerranéennes ont, dès le départ, été privilégiés. Wells24 et Nash25 ont été très explicites en faisant des conditions externes – le commerce massaliote – les causes du rythme et de l’étendue du changement social. Pour Bintliff26 et Gosden27, au contraire, le contrôle de la production locale, des matières premières et de la force de travail est une condition nécessaire et suffisante ; ils considèrent le flux de biens importés comme mineur et, par conséquent, peu significatif. Dans le même sens, Pare28 insiste sur le fait que la hiérarchisation sociale a précédé l’arrivée des biens gréco-étrusques ; pour lui, à la suite de Pauli29, il ne se produit, du Hallstatt D1 au D2-3, qu’une simple concentration du pouvoir. L’idée selon laquelle la complexification sociale a débuté sur place, indépendamment de la Méditerranée, n’est pas nouvelle. Kimmig30, puis Zürn31, considéraient que le statut des plus puissants était passé de celui de primus inter pares à celui de “seigneur féodal”. Jockenhövel32 voyait, dans les tombes riches, à ciste en pierre, du Hallstatt B2-3, liées à des sites fortifiés complexes, des seigneurs locaux, ancêtres (Ahnherren) des princes du Hallstatt D. Tout comme Kimmig, Frankenstein et Rowlands33, Brun34, Olivier35, Nicholson36 ne disent pas que les contacts externes sont la cause unique des résidences princières, mais pensent qu’ils ont entraîné l’intensification et l’adaptation du système social préexistant, c’est-à-dire l’émergence d’un niveau d’intégration supplémentaire.
Quelle était la fonction de ces sites ?
- Centre économique : lieu d’échange et/ou lieu de redistribution, de production artisanale, de stockage de produits locaux et plus septentrionaux, de réception de techniques étrangères.
- Centre politique : résidence du chef suprême et/ou lieu d’exercice du pouvoir, de rassemblement des chefs subordonnés, de concentration des monuments funéraires des chefs suprêmes.
- Centre idéologique : lieu cérémoniel et/ou sanctuaire principal, lieu de réception de modèles idéologiques étrangers.
- Centre du système social global (plurifonctionnel) : économique, politique et idéologique.
La fonction économique a été la plus fréquemment abordée. Joffroy37, Megaw38, Kimmig39, Zürn40, Kimmig et Gersbach41, Fischer42, Rowlands43 ont vu très tôt dans ces sites des postes de commerce, des centres de distribution primaire, dans le réseau commercial méditerranéen. Les preuves d’un travail sur place de l’ambre et du corail ne laissaient aucune ambiguïté et la qualité des produits métalliques ou de certains produits céramiques suggère la présence d’artisans très spécialisés. L’étude de S. Champion44 sur le corail, allait dans le même sens montrant que la distribution de cette matière importée de la Méditerranée se trouvait concentrée autour des résidences princières et supposant la présence d’ateliers sur ces sites, sous le patronage du prince. La fonction politique se trouve clairement formulée chez Kimmig45 et est admise par tous les auteurs. T. et S. Champion46 ont proposé de considérer l’ensemble de ces principautés contiguës comme des peer polities selon Renfrew, c’est-à-dire comme des entités politiques en compétition, mais en même temps interdépendantes ; cette interaction étant nécessaire à la survie commune et donc à l’explication de leur déclin commun. Je pense aussi que les principautés forment un système ; plus exactement un sous-système du système-monde européen47. Pauli48 va assez loin dans son interprétation du fonctionnement politique des principautés qu’il voit comme de véritables états primitifs dont les élites seraient organisées sur un principe matrilinéaire, voire matriarcal. La fonction idéologique, religieuse, a été émise à titre d’hypothèse par Kimmig49. Pauli50 a, là encore, été beaucoup plus loin, attribuant aux princes des fonctions shamaniques qui seraient révélées par des “pratiques bisexuelles”, plus précisément de travestissement. Il insiste sur le changement religieux potentiellement causé par l’arrivée d’idées nouvelles qui affectent aussi les domaines artistiques et politiques. Plusieurs auteurs ont insisté à juste raison sur les cas de pillages opérés peu de temps après l’enterrement (Hohmichele, Grafenbühl et Üetliberg) ; le pillage du Magdalenenberg, moins d’un demi-siècle après la construction de la chambre funéraire montre d’ailleurs que les interdits idéologiques n’étaient déjà plus respectés par tous avant même l’épanouissement du phénomène princier. En fait, la plupart des auteurs voient dans les résidences princières de véritables capitales multifonctionnelles. Frankenstein et Rowlands51 ont, avec le modèle de l’économie des biens de prestige, explicité l’interrelation du pouvoir économique et du statut social. Wells52 a repris l’idée de Polanyi53 concernant l’enchevêtrement des fonctions sociales dans les sociétés ignorant l’économie de marché ; le prince y est le principal représentant indigène dans les relations avec les étrangers. Wells souligne aussi que seul ce qui pouvait renforcer la stratégie traditionnelle de pouvoir parvenait en Europe tempérée. Dietler54 a, pour sa part, insisté sur la relation qui pouvait exister entre le processus de consommation des boissons alcoolisées importées ou non, et l’économie politique.
Quelle était la nature des rapports que leurs occupants entretenaient avec les Grecs et les Étrusques ?
- Des rapports indirects, par une chaîne d’intermédiaires ?
- Des rapports indirects, avec un intermédiaire indépendant ?
- Des rapports directs, des agents grecs ou étrusques venant dans les résidences princières, ou des agents celtes allant dans les cités grecques ou étrusques ?
- Des rapports divers selon les biens échangés, selon les moments, selon les lieux ?
Les auteurs sont généralement peu précis sur cette question. Wells55 a suggéré que les cadeaux étaient fabriqués spécialement pour les chefs “barbares”, ce qui allait dans le sens de ceux qui ont vu dans le mur de brique de la Heuneburg un ouvrage induisant la présence d’un Grec. Nicholson56 a répertorié les “biens” susceptibles d’avoir été fournis par l’Europe tempérée aux Grecs et aux Étrusques (fig. 2). Il a évoqué, comme Wells, des échanges directs et personnels au Hallstatt D, mais pour le La Tène A, il insiste, comme je l’ai fait aussi57 sur le rôle d’intermédiaire joué par la communauté du Tessin.
De fait, la plupart des auteurs ont admis le rôle des gens de la culture de Golasecca dans les trafics sud-nord. Rolley58 a été plus explicite en proposant comme étapes probables du cheminement du chaudron de Hochdorf, de l’hydrie de Grächwil et du cratère de Vix : Tarente, le Picenum, Bologne, le Tessin, puis les sites d’arrivée respectifs.
Qu’est-ce qui a provoqué leur déclin ?
- Une crise interne : des conflits sociaux et/ou une incapacité des élites à gérer la croissance ?
- Une crise externe intra-celtique : des conflits inter-principautés ou entre les principautés et leur périphérie ?
- Une crise externe : une modification de la demande ou un changement d’échelle du système global ?
Bintliff59, privilégiant une émergence endogène des résidences princières, a vu logiquement dans leur déclin l’effet d’une incapacité des élites locales à gérer la croissance ; celles-ci auraient, au contraire, accéléré l’éclatement du système en surexploitant les paysans. Demoule60 a considéré ce déclin comme le résultat d’un refus du despotisme, du renforcement croissant de la hiérarchisation sociale ; phénomène fréquemment attesté en ethnologie61. Gersbach62 a attribué certaines destructions violentes des remparts de la Heuneburg à des potentats voisins et belliqueux, qui se seraient emparés par la force du pouvoir. Pour Frankenstein et Rowlands63 et pour Wells64, le déclin a été provoqué par une perte d’intérêt économique des Grecs pour l’Europe centrale ; ce qui a entraîné la transformation du système local. Pour Nash65, l’interruption fatale du flux de biens de prestige a résulté de perturbations dans la zone méditerranéenne ; causant la descente des sociétés guerrières de Champagne et de l’Hunsrück-Eifel, vers le sud, afin de prendre directement contact avec les Étrusques. Observant qu’aucune interruption du trafic ne s’était produite, j’ai pensé que le déclin des résidences princières pouvait s’expliquer par un changement d’échelle de l’économie-monde. Le Tessin devenant une excroissance du premier cercle, les relais n’étaient plus nécessaires aussi près, d’autant plus que les princes étaient probablement devenus plus exigeants. Il était devenu intéressant de chercher des intermédiaires plus loin ; la deuxième cercle s’élargissait à la mesure de l’élargissement de la première66. Pour Pauli67, la destruction a été déclenchée par les migrations celtiques des environs de 400 a.C.
Perspectives
Les perspectives paraissent, à première vue, obscurcies par les données les plus récentes. Quelques dates absolues ont certes été mises à notre disposition, fixant le début du Hallstatt D vers 625 a.C. (bois de la chambre funéraire du Magdalenenberg, Hallstatt D1 = 622 a.C.) et sa fin entre 475 et 450 a.C. (bois associé à du mobilier de la transition HEK l/HEK II à Aalburg près de Befort = 456/468 a.C.68 et bois de la tombe d’Altrier, début du La Tène A = 430 au lieu de 461 a.C.). Mais des doutes ont surgi et de nouvelles analyses sont en cours69. Toutefois, en matière de chronologie relative, il est dorénavant certain que le Hallstatt D3 et le La Tène A se sont succédé très normalement70. Enfin les datations plus fines des résidences princières montrent que toutes, à part Saxon-Sion qui n’en était probablement pas une, ont été occupées au Hallstatt D2-3 ; quatre, peut-être cinq, ont débuté au Hallstatt D1 (avant 530 a.C. environ) et toutes, sauf Châtillon-sur-Glâne, peut-être Vix et bien entendu Bourges, ont décliné assez vite à la fin du Hallstatt D3 ou au début du La Tène A (entre 480 et 450 a.C. ; fig. 3).

Pour la question de l’émergence du phénomène princier, s’il est clair que la complexification sociale avait commencé de s’accentuer indépendamment des contacts avec les civilisations grecques et étrusques, il paraît pourtant difficile d’écarter totalement l’influence de ces dernières. Les biens méditerranéens montrent une nette tendance à se localiser soit dans les tombes les plus pourvues en mobilier local et les plus élaborées, soit sur les sites d’habitat voisins de ces tombes. Ces lieux de concentration de biens méridionaux se trouvent, de plus, répartis assez régulièrement de la Bourgogne au Wurtemberg, malgré des recherches opérées sans programme d’ensemble, par des individus s’ignorant mutuellement d’une région à l’autre. Une distribution spatiale aussi spécifique peut difficilement être considérée comme le fruit du hasard. Des indices concordent enfin avec l’hypothèse selon laquelle ces sites auraient été les plus importants centres de redistribution de produits locaux. Au total, il semble bien qu’un véritable saut de l’échelle d’intégration se soit alors produit ; un saut non seulement quantitatif, mais aussi qualitatif, car un territoire de 50 km de rayon ne peut être géré comme un territoire de 15 à 20 km de rayon. Un territoire de 50 km de rayon exige au moins un niveau de chefs subalternes répartis à une journée de marche du fait de la distance qui constitue une contrainte majeure pour les transports et les communications71. Cela signifie que l’idée d’une concentration du pouvoir est soit une formulation inexacte, soit une hypothèse très peu probable, soit une confusion avec une concentration spatiale des manifestations les plus ostentatoires du pouvoir. La diminution du nombre de tombes très riches est, de plus, beaucoup moins forte que le pense C. Pare72 si l’on tient compte de l’inégale durée du Hallstatt D1 (environ un siècle) et du Hallstatt D2-3 (un peu plus d’un demi-siècle). De plus, des tombes riches du Hallstatt D2-3 sont bien attestées à distance respectable des résidences princières. Par conséquent, il vaut mieux parler de hiérarchisation et d’intégration politique. Les éléments fondamentaux à repérer sont en effet les niveaux d’intégration (le nombre de niveaux hiérarchiques décelables par l’analyse de la richesse des tombes) et l’échelle d’intégration politique (la surface des territoires politiquement autonomes repérable par la méthode des polygones de Thiessen) d’une entité.
La nature des échanges reste sans doute l’un des points les plus difficiles à cerner. Ces échanges s’opèrent d’ailleurs sur de trop longues distances pour que la question soit à la portée d’un programme forcément limité en temps et en moyens. Il est sûr que l’on n’a pas offert un objet démesuré comme le cratère de Vix pour obtenir quelque chose d’insignifiant. Les biens pondéreux et volumineux semblent peu probables, considérant la distance et les difficultés des voies de communication. Le plus vraisemblable est que les fournitures “barbares” se composaient pour l’essentiel de métaux et d’esclaves, les uns portant les autres, de préférence. Il faut se garder ici de raisonner en termes de commerce à finalité exclusivement économique car les échanges étaient probablement très déséquilibrés. Il en est ainsi dans tous les cas connus de contacts entre des négociants venant d’une zone où se pratique une économie marchande et les élites de communautés éloignées ne connaissant que le système des biens de prestige.
Dans cette perspective, la quantité relativement faible de vaisselles gréco-étrusques ne constitue pas une surprise. Cette faiblesse ne doit cependant pas être exagérée. Nous disposons des informations suffisantes pour cinq sites. Les amphores massaliètes étaient présentes à raison d’un fragment pour 25 m2 de niveaux d’occupation conservés à la Heuneburg, 1 pour 14 m2 à Bourges, un pour 6 m2 à Châtillon-sur-Glâne, un pour 2,5 m2 à Lyon et un pour 1,5 m2 à Bragny ; ce qui n’est pas dérisoire, dans la mesure où ces sites s’étendaient au minimum sur 3 ha, même si des sites contemporains du Midi de la France étaient nettement plus riches en conteneurs à vin : un fragment pour 0,2 m2 à Gaihan. Il est intéressant de souligner ici que l’écart entre la zone méditerranéenne et l’hinterland se révèle beaucoup plus réduit en matière de céramique attique ; nous ne disposons pas des surfaces fouillées sur les sites du Midi, mais nous pouvons comparer les 80 fragments de la Heuneburg, les 75 de Bourges, les 43 de Châtillon-sur-Glane, les 27 de Lyon, les 4 de Bragny, les 87 de Vix ou les 125 de Salins (fig. 4) avec les quantités découvertes sur la plupart des sites méridionaux : plus de 90 % des 62 sites répertoriés par J.-J. Jully73 entre Rhône et Pyrénées ont donné moins de 100 fragments de cette fameuse vaisselle athénienne. En conséquence, il serait erroné de considérer la présence de ces produits importés comme plus ou moins accidentelle, en tous cas peu significative ; d’autant que leur présence se révèle systématique sur les sites proches de tombes princières, malgré les différences entre les sites en matière de volume de terre fouillé et de degré d’érosion.

Rappelons d’ailleurs que tous les sites de hauteur, même celui de la Heuneburg, ont subi une forte érosion naturelle et parfois un bouleversement supplémentaire lors d’occupations postérieures. De ce fait, la quantité de témoins matériels conservés ne reflète que de très loin l’activité initiale. Par exemple, nous connaissons mieux maintenant ces simples fermes qui formaient l’essentiel de la trame de l’occupation humaine en Europe protohistorique ; elles nous surprennent toujours par la quantité très faible des restes conservés : quelques dizaines de tessons de poterie, le plus souvent, alors qu’une famille vivait dans cette catégorie d’établissement pendant une génération en moyenne.
Malgré tous ces problèmes taphonomiques, la présence de pièces importées s’avère récurrente. Cela renforce l’impression que la répartition connue ne doit rien au hasard. D’autre part, s’il apparaît bien que le vin était un cadeau diplomatique et non une “marchandise”, il reste à expliquer pourquoi les sites les plus riches en amphores sont parmi les plus pauvres en vases attiques. Ces sites ne sont ni fortifiés, ni surtout environnés de tombeaux somptueux. Il s’agit justement de ceux qui ne se prêtent pas à la définition des “résidences princières”. En ces lieux de déchargement, tenant un rôle évident de relais d’échange, on consommait ou on transvasait du vin. Comme des amphores arrivaient jusque sur les centres princiers, le changement de contenant, qui représente une complication inutile, constitue une hypothèse peu probable. L’explication la plus simple est que des méridionaux, consommateurs habituels de cette boisson, transportaient et gardaient peut-être dans leurs entrepôts de Lyon ou de Bragny leur réserve personnelle, destinée à leur propre consommation et à la dégustation sur place pour leurs partenaires “commerciaux”.
Les cartes de répartition des objets grecs et étrusques donnent certes l’image de semis plus ou moins continus, mais montrent surtout des lieux de concentration assez éloignés les uns des autres ; ce qui plaide pour l’existence d’intermédiaires indépendants. En même temps, des fibules nord-alpines s’avèrent régulièrement présentes en Italie du Nord ; ce qui suppose la présence de ceux qui les portaient. Ainsi, peut-on envisager des convois accompagnés de bout en bout par des émissaires celtes locaux d’une part, grecs ou étrusques d’autre part, mais pris en charge, de loin en loin contre rétribution, par des passeurs ou des guides spécialisés. Le rapide renouvellement de l’art celtique est vraisemblablement l’un des effets de ces contacts directs et réguliers qui intéressaient d’abord les élites.
La question du déclin des résidences princières bénéficie de la plus grande précision chronologique acquise ces dernières années. On sait, maintenant que l’effondrement des principautés n’est rapide qu’à l’échelle archéologique et qu’il s’est probablement produit sur environ une génération à cheval sur la fin du Hallstatt D3 et le début du La Tène A. Cela s’accorde avec une explication d’ordre plutôt structurel, qu’événementiel et catastrophique. Le transfert progressif, vers le nord et vers l’ouest, des manifestations ostentatoires de pouvoir dans le funéraire s’inscrit bien dans l’idée d’un changement d’échelle spatiale du système-monde74 ; d’autant que les tombes de cette période de transfert, non seulement sont celles de chefs jusque-là subalternes, mais aussi montrent de nombreux points communs avec celles du Tessin. Notons que cette explication n’est pas contradictoire avec une réaction de la paysannerie et/ou de l’aristocratie secouant un joug devenu trop pesant, car les révoltes ont d’autant plus de chances de réussir que le pouvoir est affaibli. La collaboration d’une partie de l’aristocratie des principautés était, de toute façon, nécessaire à la modification du système.
Pour atteindre les communautés de l’Aisne-Marne ou du Hunsrück-Eifel en évitant des princes de plus en plus exigeants, les méridionaux, au premier rang desquels des tessinois, devaient s’assurer la complicité de “vassaux” indisciplinés ou mécontents. La cartographie des importations gréco-italiques de la transition Hallstatt D3-La Tène A et du La Tène A dans le nord-est de la France (fig. 5) montre, d’une part, une distribution arciforme maintenant bien reconnue du Berry à l’Hunsrück-Eifel et, d’autre part, dans la zone des principautés en déclin, une distribution résiduelle qui privilégie les proximités de limites théoriques entre principautés, à au moins 25 km des résidences princières (Conliège, Bragny, Alise-Sainte-Reine, Sivry-lès-Arnay, Nijon, Courcelles-en-Montagne, Clayeures, etc.). Il convient de noter une exception vraie : Gomméville et deux groupes d’exceptions qui se prêtent pourtant bien à l’explication proposée. Il s’agit des concentrations de tombes à importations localisées à proximité de Leutenheim d’une part et de Bourges d’autre part. Leur position sur les marges de la zone des centres princiers s’inscrit bien dans le processus de transfert évoqué ici.

Les tombes à crémations en cistes à cordon ou en situles, qui apparaissent alors dans la région étudiée, s’inspirent très vraisemblablement de celles qui sont bien attestées dans la culture de Golasecca. Plusieurs objets laissent même penser que des Tessinois ont séjourné à Bragny. Le rôle grandissant de membres de ces communautés alpines en tant qu’animateurs et acteurs directs du système d’échanges transeuropéen devient de la sorte très perceptible archéologiquement. Il faut rappeler qu’au début du Ve s. a.C., non seulement les Étrusques ont établi des cités dans la plaine du Pô, mais aussi les gens de la culture de Golasecca ont adopté un mode de vie urbain dans deux très vastes agglomérations : Castelletto Ticino/Golasecca/Sesto Calende au sud du lac Majeur et Côme au sud du lac de Côme. J’interprète ces événements comme un élargissement de la zone centrale de l’économie-monde ; élargissement qui provoque un éloignement concomitant de la zone d’extension intermédiaire du système. À cela se conjugue un phénomène désormais bien identifié dès le début du Bronze final, l’adoption de symboles statutaires standards – pour l’équipement personnel et certaines pratiques funéraires – entre les élites appartenant aux mêmes réseaux d’échanges à longue distance.
Les opposants au modèle de l’économie-monde considèrent celui-ci comme un diffusionnisme rafraîchi. Il est vrai que chez Wallerstein75, la notion de système-monde se prête à cette critique puisqu’elle s’élabore sur l’idée d’une contradiction entre le centre et la périphérie, où cette dernière se trouve dans une situation de dépendance vis-à-vis des centres exploiteurs du système capitaliste. Les opposants conséquents sont eux aussi anglophones. C’est peut-être pourquoi ils n’ont pas consulté les travaux de Braudel76 où le concept d’économie-monde possède une définition qui déborde l’histoire moderne et contemporaine. Pour l’historien français, la dépendance des zones intermédiaires et périphériques est moins unilatérale que chez Wallerstein. Des centres dominaient, certes, mais la diffusion de leur influence s’opérait selon des modalités plus subtiles et réalistes, qui admettaient les adaptations indigènes aux caractéristiques des réseaux d’échanges.
Pour les VIe et Ve s. a.C., l’application à laquelle je m’étais livrée77 empruntait explicitement la conception de Braudel. Elle utilisait aussi le modèle de redistribution des biens de prestige de Polanyi78, comme l’avait déjà fait Wells79 pour rendre compte de la diffusion des biens de prestige méditerranéens dans l’hinterland européen. La formulation de Wells pouvait laisser penser que, pour lui, ces biens avaient modifié, par leur simple présence, l’organisation politique des “barbares”. On comprend qu’envisagées sans nuance, les idées de Wallerstein et de Wells prêtaient le flanc aux critiques des adversaires de l’école de la dépendance. Ma propre proposition fut d’emblée bien différente de cette caricature diffusionniste. Pour moi, il s’est bien produit la diffusion de formes d’organisation sociales plus complexes, du centre vers la périphérie, mais elle procéda moins d’une adoption, d’une copie conforme d’éléments étrangers, que d’une adaptation des formes locales à des conditions économiques animées par les centres et intégrant un monde de plus en plus vaste. Les élites nord-alpines n’imitèrent pas plus les structures politiques des cités grecques ou étrusques que le symposium, elles renforcèrent leur coordination en se hiérarchisant afin de mieux tirer avantage de la demande méditerranéenne. La différence est essentielle ; elle sépare la conception mécanique traditionnelle d’une conception pleinement systémique.
En conclusion, il apparaît clairement que pour faire progresser rapidement nos connaissances sur ce phénomène, il convient certes d’entreprendre des fouilles sur quelques “résidences princières”, mais il faut aussi explorer le territoire qui en dépend. Explorer un territoire, c’est évaluer la densité et la variabilité fonctionnelle des sites, ainsi que la richesse en matières premières par des prospections échantillonnées, c’est évaluer le potentiel économique par des études paléo-environnementales, c’est traquer les marqueurs d’un statut privilégié, en particulier dans les structures funéraires. Il s’agit d’une approche globalisante qui nécessite un investissement collectif très soigneusement coordonné et l’entretien de contacts suivis avec les opérations analogues conduites ailleurs. Cela signifie qu’il convient, d’une part de ne plus travailler seulement à l’échelle de l’objet ou du site et, d’autre part, de constamment replacer le problème dans le contexte continental, c’est-à-dire de diversifier les échelles d’observation.
Bibliographie
Bender, H., Pauli, L. et Stork, I. (1993) : Der Munsterberg in Breisach II : Hallstatt – und Frühlatènezeit, Münchner beiträge zur Vor- und Frühgeschichte 40, Munich.
Biel, J. (1990) : “Fortsetzung der Siedlungsgrabung in Eberdingen-Hochdorf, Kreis Ludwigsburg”, in : Archäologische Ausgrabungen in Baden-Württemberg 1990, Stuttgart, 89‑93.
#Bintliff, J. (1984) : “Iron Age Europe in the context of social evolution from the Bronze Age through to historic times”, in : Bintliff, J., éd. : European social evolution, archaeological perspectives, Bradford, 157‑225.
Braudel, F. (1979) : Civilisation matérielle, économie et capitalisme, XVe-XVIIIe siècle, Paris.
Brun, P. (1987) : Princes et princesses de la Celtique : le premier âge du Fer en Europe, 850-450 av. J.-C., Paris.
Brun, P. (1992) : “La place du Jura franco-suisse dans l’économie-monde méditerranéenne au Premier âge du Fer : essai de modélisation”, in : Kaenel, G. et Curdy, P., éd. : L’âge du Fer dans le Jura. Actes du 15e Colloque de l’Association française pour l’étude de l’âge du Fer, Pontarlier, France et Yverdon-les-Bains, Suisse, 9-12 mai 1991, Lausanne, 189‑205.
Brun, P. (1988a) : “Les ‘résidences princières’ comme centres territoriaux : éléments de vérification”, in : Mohen, J.-P., Duval, A. éd. : Les princes celtes et la Méditerranée. Rencontres de l’École du Louvre, 25-27 novembre 1987, Paris, 128‑143.
Brun, P. et Chaume, B. (1997) : Vix et les éphémères principautés celtiques : les VIe et Ve siècles avant J.-C. en Europe centre-occidentale : actes du colloque de Châtillon-sur-Seine, 27-29 octobre 1993, Paris.
C Champion, S. (1982) : “Exchange and Ranking: the Case of Coral”, in : Renfrew, A.C., Shennan, S.T. ed. : Ranking, Resource and Exchange, 67‑72.
Champion, T. (1982) : “Fortification, ranking and subsistence”, in : Renfrew, A. C. et Shennan, S. T., éd. : Ranking, Resource and Exchange, Cambridge, 61‑66.
Champion, T. C. et Champion, S. (1986) : “Peer polity interaction in the European Iron Age”, in : Renfrew, C., Cherry, J.F. éd. : Peer Polity interaction and socio-political change, Cambridge, 59‑70.
Clastres, P. (1974) : La société contre l’État, Paris.
Cunliffe, B. (1988) : Greeks, Romans and Barbarians, Spheres of Interaction, Londres.
Déchelette, J. (1913) : Manuel d’archéologie préhistorique et celtique. 4, Second âge du fer ou époque de La Tène, Paris.
Dehn, W. (1974) : “Einige Bemerkungen zum eisenzeitlichen Befestigungswesen in Mitteleuropa”, in : Archeologický ústav, éd. : Symposium zu Problemen der jüngeren Hallstattzeit in Mitteleuropa, Bratislava, 125‑136.
Demoule, J.-P. (1989) : “D’un âge à l’autre : temps, style et société dans la transition Hallstatt/La Tène”, in : Ulrix-Closset, M., Otte, M., éd. : La civilisation de Hallstatt : bilan d’une rencontre, Liège, 1987, Études et Recherches Archéologiques de l’Université de Liège 36, Liège, 141‑172.
Dietler, M. (1989) : “Greeks, Etruscans and Thirsty Barbarians: Early Iron Age Interaction in the Rhône Basin of France”, in : Champion, T.C., éd. : Centre and Periphery: Comparative Studies in Archaeology, London, 127‑141.
Dietler, M. (1990) : “Driven by Drink: The Raie of Drinking in the Political Economy and the Case of Early Iron Age France”, Journal of Anthropological Archaeology, 9, 352‑406.
Eggert, M. K. H. (1989) : “Die ‘Fürstensitze’ der Späthallstatt-zeit. Bemerkungen zu einem archäologischen Konstrukt”, Hammaburg, 9, 53‑66.
Fischer, F. (1973) : “KEIMΗΛIA Bemerkungen zur kulturgeschichtlichen Interpretation des sogenannten Südimports in der späten Hallstatt- und frühen Latène-Kultur des westlichen Mitteleuropas”, Germania, 51-2, 436‑459.
Frankenstein, J. et Rowlands, M. J. (1978) : “The internal structure and regional context of Early Iron Age society in southwestern Germany”, Bulletin of the Institute of Archaeology, University of London-15, 73‑112.
Gersbach, E. (1976) : “Das Osttor (Donautor) der Heuneburg bei Hundersingen (Donau)”, Germania, 54, 17‑42.
Gosden, C. (1985) : “Gifts and Kin in Early Iron Age Europe”, Man, 20-3, 475‑493.
Härke, H. (1979) : Settlement Types and Settlement Patterns in the West Hallstatt Province, BAR International Series 57, Oxford.
Hollstein, E. (1973) : “Jahresringkurven der Hallstattzeit”, in : Trierer Zeitschrift, Trier, 37‑55.
Jockenhövel, A. (1974) : “Zu befestigten Siedlungen der Urnenfelderzeit aus Süddeutschland”, Fundberichte Hessen, 14, 19‑62.
Joffroy, R. (1960) : L’oppidum de Vix et la civilisation hallstattienne finale dans l’Est de la France, Dijon.
Joffroy, R. (1962) : Le trésor de Vix. Histoire et portée d’une grande découverte. II, Paris.
Joffroy, R. (1979) : Vix et ses trésors, Paris.
Jully, J.-J. (1980) : Les importations de céramique attique (VIe-IVe s.) en Languedoc méditerranéen, Roussillon et Catalogne, Annales littéraires de l’Université de Besançon 231, Besançon.
Kaenel, G. (1990) : Recherches sur la période de La Tène en Suisse occidentale : analyse des sépultures, Cahiers d’Archéologie Romande 50, Lausanne.
Kimmig, W. (1969) : “Zum Problem späthallstättischer Adelssitze”, in : Otto, K.H., Herrmann, J. dir. : Siedlung, Burg und Stadt: Studien zu ihren Anfängen, Festschrift für Paul Grimm, Schriften der Sektion für Vor- und Frühgeschichte der Deutschen Akademie der Wissenschaften zu Berlin 25, Berlin, 95‑113.
Kimmig, W. (1975) : “Die Heuneburg an der oberen Donau”, in : Ausgrabungen in Deutschland: gefördert von der Deutschen Forschungsgemeinschaft 1950–1975, vol.1, RGZM Monographien 1, Mainz, 192‑211.
Kimmig, W. (1989) : “Forschungsgeschichte”, in : Gersbach, E. dir. : Ausgrabungsmethodik und Stratigraphie der Heuneburg, Heuneburgstudien VI, Romisch-Germanische Forschunge, Romisch-Germanische Forschungen 45, Mainz, 89‑112.
Kimmig, W. (1991) : “La forteresse de la Heuneburg et les tombes princières du haut Danube”, in : Moscati, S. dir. : Les Celtes. Catalogue de l´exposition du Palazzo Grassi, Milan, 114‑115.
Kimmig, W. et Gersbach, E. (1971) : “Die Grabungen auf der Heuneburg 1966-1969”, Germania, 49, 21‑9.
Megaw, J. V. S. (1966) : “The Vix burial”, Antiquity, 40, 38‑44.
Nash, D. (1985) : “Celtic Territorial Expansion and the Mediterranean World”, in : Champion, T.C., Megaw, J.V.S., éd. : Settlement and Society, 45‑68.
Nicholson, P. T. (1989) : Iron Age Pottery Production in the Hunsrück-Eifel-Kultur of Germany: A World-System Perspective, BAR International Series 501, Oxford.
Olivier, L. (1988) : “Le tumulus à tombe à char de Marainville-sur-Madon (Vosges). Premiers résultats”, in : Les Princes celtes et la Méditerranée : rencontres de l’École du Louvre, mai 1988, Paris, 271‑301.
Pare, C. F. E. (1991) : “Fürstensitze, Celts and the Mediterranean World: Developments in the West Hallstatt Culture in the 6th and 5th Centuries BC”, Proceedings of the Prehistoric Society, 57-2, 183‑202.
Parzinger, H. (1991) : “Zur regionalen Gliederung der Hallstattkultur aufgrund der Siedlungverhältnisse”, in : Fehn, K., Bender, H., Brandt, K., Denecke, D., Irsigler, F., Janssen, W., Krings, W., Müller-Wille, M., Nitz, H.J., Oberbeck, G., Schich, W., éd. : Siedlungsforschung: Archäologie-Geschichte-Geographie, Archäologie-Geschichte-Geographie 9, Bonn, 25‑53.
Pauli, L. (1972) : Untersuchungen Zur Späthallstattkultur In Nordwürttemberg : Analyse Eines Kleinraumes Im Grenzbereich Zweier Kulturen, Hamburg.
Pauli, L. (1985) : “Early Celtic Society : Two Centuries of Wealth and Turmoil in Central Europe”, in : Champion, T.C., Megaw, J.V.S., éd. : Settlement and Society, 23‑43.
Polanyi, K. (1957) : “The economy as instituted process”, in : Polyani, K., Arensberg, C., Perason, H., éd. : Trade and Market in the Early Empire, Economies in History and Theory, New York, 243‑270.
Renfrew, C. (1977) : “Space, Time and Polity”, in : Friedman, J., Rowlands, M. J., éd. : The evolution of social Systems, Londres, 89‑112.
Rolley, C. (1990) : “Contacts, rencontres et influences : Grande Grèce et monde celtique”, in : La Magna Grecia e il lontano Occidente : Atti del ventinovesimo convegno di studi sulla Magna Grecia, Taranto, 1989, Naples, 357‑377.
Rowlands, M. (1973) : “Modes of exchange and the incentives for trade, with reference to later European prehistory”, in : Renfrew, C., éd. : The explanation of culture change: models in prehistory, Pittsburgh, 589‑600.
Wallerstein, I. (1975) : Les inégalités entre les États dans le système international : origines et perspectives, Québec.
Wells, P. (1980) : Culture Contact and Culture Change. Early Iron Age Central Europe and the Mediterranean World, Cambridge.
Zürn, H. (1970) : Hallstattforschungen in Nordwürttemberg. Die Grabhügel von Asperg (Kr. Ludwigsburg), Hirschlanden (Kr. Leonberg) und Mühlacker (Kr. Vaihingen), Stuttgart.
Zürn, H. (1974) : “Zur Chronologie der südwestdeutschen Spathallstattzeit und die Datierung der Für stengraber”, in : Chroposky, B., dir. : Symposium zu Problemen der jüngeren Hallstattzeit in Mitteleuropa, Nitra, 25-29 September 1970, 487‑500.
Zürn, H. et Herrmann, F.-R. (1966) : “Der ’Grafenbühl’ auf der Markung Asperg, Kr. Ludwigsburg: ein Fürstengranhügel der späten Hallstattzeit Vorbericht”, Germania, 44, 74‑102.
Notes
- Déchelette 1913 ; Kimmig 1989.
- Zürn & Herrmann 1966.
- Kimmig 1969.
- Kimmig 1989.
- Joffroy 1979, 100.
- Joffroy 1962.
- Joffroy 1979.
- Kimmig 1969.
- Biel 1990.
- Kimmig 1991.
- Härke 1979.
- Fischer 1973.
- Dehn 1974.
- Frankenstein & Rowlands 1978.
- Fischer 1973.
- Härke 1979.
- Brun 1988a.
- Kimmig 1969.
- Dehn 1974 ; Fischer 1973 ; Frankenstein & Rowlands 1978 ; Härke 1979 ; Kimmig 1975 ; Pauli 1972 ; Wells 1980.
- Bintliff 1984 ; Gosden 1985.
- Dietler 1989 ; Eggert 1989 ; Pare 1991 ; Parzinger 1991.
- Brun 1987 ; Cunliffe 1988 ; Nicholson 1989.
- Brun & Chaume 1997.
- Wells 1980.
- Nash 1985.
- Bintliff 1984.
- Gosden 1985.
- Pare 1991.
- Pauli 1985.
- Kimmig 1969.
- Zürn 1974.
- Jockenhövel 1974.
- Frankenstein & Rowlands 1978.
- Brun 1987.
- Olivier 1988.
- Nicholson 1989.
- Joffroy 1960.
- Megaw 1966.
- Kimmig 1969.
- Zürn 1970.
- Kimmig & Gersbach 1971.
- Fischer 1973.
- Rowlands 1973.
- Champion 1982.
- Kimmig 1969.
- Champion & Champion 1986.
- Brun 1987 ; Brun 1992.
- Pauli 1972.
- Kimmig 1969.
- Pauli 1972.
- Frankenstein & Rowlands 1978.
- Wells 1980.
- Polanyi 1957.
- Dietler 1990.
- Wells 1980.
- Nicholson 1989.
- Brun 1987.
- Rolley 1990.
- Bintliff 1984.
- Demoule 1989.
- Clastres 1974.
- Gersbach 1976.
- Frankenstein & Rowlands 1978.
- Wells 1980.
- Nash 1985.
- Brun 1987.
- Bender et al. 1993.
- Hollstein 1973.
- Eggert com. pers.
- Kaenel 1990.
- Brun 1992.
- Pare 1991.
- Jully 1980.
- Brun 1987 ; Brun 1988a.
- Wallerstein 1975.
- Braudel 1979.
- Brun 1987.
- Polanyi 1957.
- Wells 1980.
