Brun, P. (2015) : “L’évolution en dents de scie des formes d’expression du pouvoir durant l’âge du Fer en Europe tempérée”, in : Belarte, M.C., Garcia, D., Sanmartí, J., éd. : Les estructures socials protohistòriques a la Gàllia i a Ibèria Homenatge a Aurora Martín i Enriqueta Pons, Actes de la VII Reunió Internacional d’Arqueologia de Calafell (Calafell, del 7 al 9 de març de 2013), Barcelona, 49-59.
Le fait que notre évolution sociale se soit certes globalement complexifiée, mais de façon saccadée, en dents de scie, démontre une fois de plus que raisonner en opposant deux éléments de façon binaire – ce qui semble bien être devenu majoritaire non seulement en sciences humaines, mais aussi dans l’opinion publique – constitue lui-même un regrettable retour en arrière. Ce procédé n’est pas une simplification commode ; il déforme fondamentalement le sens profond de notre histoire. Celle-ci n’a cessé de subir de graves récessions, des effondrements temporaires liés aux changements climatiques et aux innovations humaines non maîtrisées.
The fact that our social evolution has certainly become more complex overall, but in a jerky, boom and bust pattern, demonstrates once again that reasoning by opposing two elements in a binary way – which seems to have become the majority approach not only in the humanities, but also in public opinion – is itself a regrettable step backwards. It’s not just a convenient simplification; it fundamentally distorts the deeper meaning of our history. History which has been marked by severe recessions, temporary collapses due to climate change and uncontrolled human innovation.
La plupart des sociétés ont évolué en dents de scie et selon des rythmes différents d’une région à une autre. Cette variabilité apparemment désordonnée a longtemps permis aux courants dominants de la recherche en sciences humaines de nier le fait que la tendance lourde de l’évolution sociale allait dans le sens de formes d’organisation globalement plus complexes. Des courants idéologiques d’abord conservateurs, puis rejoints dans leur antiévolutionnisme social par différents courants de pensée de gauche mus par des motivations d’ailleurs louables : antiracistes, puis anticolonialistes, ont malheureusement pérennisé l’occultation, de ce phénomène de globalisation, donc de complexification ; d’où la difficulté de comprendre ce phénomène pour s’y adapter au mieux.
Que des sociétés traditionnelles – en particulier celles sans État – puissent être plus complexes que d’autres n’est déjà pas une idée admise par de nombreux anthropologues sociaux. Les raisons en sont au fond analogues, c’est-à-dire d’ordre idéologique. Une définition précise du concept de complexification devrait pourtant permettre d’éviter ce curieux malentendu. La complexification sociale est un processus de différenciation par hiérarchisation, voire stratification, spécialisation des individus et des groupes, mais aussi de croissance de l’hétérogénéité ethnique et de la densité des relations entre personnes et entre groupes. Il s’agit d’une complexification organisationnelle, indépendante, bien sûr, des compétences respectives, cognitives, esthétiques ou morales de ces sociétés. En ce sens, il ne fait aucun doute que des sociétés sont et ont été depuis très longtemps organisées de manière plus complexe les unes que les autres, même si leurs systèmes de croyance ou de parenté supposent des potentialités cognitives équivalentes aux nôtres. Les typologies sociales, qualifiées de néo-évolutionnistes, ont été beaucoup critiquées sur cette base, mais aussi sur d’autres tout aussi erronées. Les accuser d’être unilinéaires et téléologiques, c’est-à-dire orientés invariablement vers l’État, comme on le fait encore beaucoup, c’est aussi révéler involontairement n’avoir pas lu les auteurs en question. Ces typologies sont certes très imparfaites, mais comblent un besoin crucial. Alors, plutôt que de leurs prêter des défauts qu’elles n’ont pas ou d’en ressasser les limites bien connues, il faudrait s’efforcer de proposer mieux. L’exercice est difficile, comme en témoigne la tentative récente, remarquable, mais discutable sur bien des points, d’A. Testart1. La tentative de cet anthropologue social s’avère, de plus, largement inutilisable par les archéologues, car fondée sur des critères insaisissables à partir des seuls vestiges de la culture matérielle. La meilleure typologie sociale actuellement disponible reste, pour nous, celle d’A. Johnson et T. Earle2 fondée sur l’échelle et le niveau d’intégration politique (fig. 1).
L’évolution en dents de scie, les oscillations dont il est question ici, se manifestent de plus en plus clairement pendant l’âge du Fer en Europe tempérée humide, grâce aux rapides progrès documentaires permis par l’archéologie préventive. Le scénario d’ensemble en était déjà très perceptible, il y a une vingtaine d’années3. Je reprends ici, en l’actualisant, l’examen du processus dans ses modalités multiscalaires en cinq temps :
- l’étape de Gündlingen et le Hallstatt C (800-625),
- le Hallstatt D (625-460),
- le La Tène A-B1 (460-325),
- le La Tène B2-C (325-150),
- le La Tène D (150-25).
Je tente de caractériser les ruptures majeures de l’évolution et de suivre les oscillations de l’échelle d’intégration. Mais, je procède d’abord à la correction d’une erreur importante que j’avais commise dans l’interprétation de ce qui s’est passé entre 800 et 625 a.C.
L’étape de Gündlingen et le Hallstatt C (800-625 a.C.)
Les très abondantes données, dont nous disposons dorénavant, suggèrent qu’il ne s’est pas produit de changement majeur dans la densité de l’occupation humaine lors du passage de l’âge du Bronze à celui du Fer (VIIIe s. a.C., hors de la Grèce et de l’Italie, où on le situe au milieu du XIIe s. a.C.). Une nette péjoration climatique a pourtant obligé les riverains des grands lacs alpins à quitter le bord immédiat des plans d’eau pour s’établir ailleurs ; mais pas très loin semble-t-il. De nombreux sites de hauteur, fortifiés durant l’étape récente du Bronze final, ont aussi été désertés sans que nous sachions vraiment où leurs habitants se sont installés. L’image qui transparaît s’avère de la sorte encore floue, car composée d’éléments contradictoires. Les uns laissent penser à une continuité fondamentale (absence de rupture majeure dans la culture matérielle, pérennité des modalités de l’occupation agropastorale de base constituée de fermes et de hameaux dispersés, poursuite et même augmentation de la pratique de l’inhumation individuelle sous tumulus pour les élites masculines), les autres à des indices non négligeables de rupture (interruption de la pratique des dépôts non funéraires terrestres à composante métallique, abandon de nombreux établissements agglomérés, fortifiés ou non).
J’avais privilégié à tort l’interprétation d’une continuité en raison de l’impression de transition lente et assez douce suggérée par la documentation longtemps la plus riche de cette période, c’est-à-dire les tombes tumulaires à épée, et du manque de précision de l’évolution typologique de la céramique, notre instrument de datation relative le plus abondant pour les sites d’habitat. Les rapides progrès documentaires réalisés depuis lors donnent plutôt raison aux propositions de H. Härke4 qui m’avaient laissé dubitatif quant à leur généralisation. Trois points majeurs de ces progrès peuvent être relevés :
- Le premier est la claire mise en évidence d’une étape intermédiaire entre le Hallstatt B2/3 stricto sensu, dont la “dendrodate” la plus récente a été obtenue sur le site de bord de lac de Châtillon/Chindrieux dans les Alpes françaises : 814 a.C.5, et le Hallstatt C traditionnel selon G. Kossack dont on sait qu’il a débuté vers 730 a.C. N. Roymans 6et C. Pare7 ont bien montré que durant cette étape de Gündlingen, une évolution typologique avait conduit graduellement des épées atlantiques du type d’Ewart Park aux épées considérées comme propres au Complexe nord-alpin du type de Mindelheim en bronze identiques aux grandes épées en fer du Hallstatt C.
- Le deuxième point est la graduelle confirmation du schéma évolutif de l’occupation des sites de hauteur, depuis le Hallstatt B jusqu’au La Tène A, en Allemagne du sud-ouest, proposé par H. Härke8, montrant qu’au Hallstatt C, la plupart des sites de hauteur (le plus souvent fortifiés) avaient été abandonnés au profit d’un autre site de hauteur distant de 10 à 15 km, avant d’être réoccupés, fortifiés et de devenir pour certains une « résidence princière », tandis que ceux du Hallstatt C restaient occupés (fig. 2). Il convient, toutefois, de mettre un bémol à son schéma lorsqu’il propose une continuité de l’occupation des « résidences princières » au La Tène A. Cela n’a été confirmé que pour les établissements situés sur les marges septentrionales du phénomène princier du Hallstatt D, comme en Hesse ou en Sarre9.
- Le troisième point est la croissance du nombre de sites d’habitat des VIIIe et VIIe s. a.C. qui permet d’établir région par région la séquence typochronologique fine de la céramique et ainsi de dater les sites d’habitat classés auparavant, faute de mieux, dans un paquet indistinct Hallstatt B2/3-C.

En somme, la complexité politique que j’avais envisagée ascendante à partir du Hallstatt B2/3 jusqu’au Hallstatt D3 semble plutôt avoir marqué le pas, voire même régressé pendant le Hallstatt C, au moins dans la partie occidentale du Complexe nord-alpin. L’étape de Gündlingen reste encore difficile à caractériser, mais semble pouvoir être considérée comme une étape de transition durant laquelle les traits saillants de la fin de l’âge du Bronze ont décliné face au développement de ceux du Hallstatt C. Les changements semblent avoir surtout résulté de facteurs économiques ; ce que nous avons qualifié de nouvelle donne10. Les principaux centres de pouvoir ont en effet changé de localisation, privilégiant des secteurs topographiques plus enclavés, mais plus proches des massifs forestiers (pour le combustible) et des gisements d’une part de fer, et d’autre part de sel, là où il était aussi possible de développer un élevage permettant de produire des salaisons exportables (porcs, bovins) et des textiles de luxe (moutons laineux). Cette nouvelle donne pourrait avoir résulté de la péjoration climatique et de la désorganisation des réseaux d’échanges du bronze auxquelles la réponse aurait été le transfert de l’investissement économique vers de meilleurs atouts, notamment d’autres ressources. Aucune modification de structure n’est, en revanche, perceptible au plan politique. L’organisation du type de la chefferie simple s’est pérennisée, un chef suprême ou un conseil contrôlait probablement les réseaux locaux (lignages) et les réseaux d’échanges externes. La rapide croissance du nombre de riches dépôts funéraires au détriment des dépôts non funéraires ne faisait, somme toute, que reproduire l’alternance, d’abord mise en évidence au Danemark11, mais qui se révèle assez générale, entre ces deux catégories de dépôts. Cette alternance montre qu’il s’agissait de choix culturels exprimant probablement deux idéologies politiques différentes : l’une privilégiant l’unité et la solidarité du groupe par des pratiques funéraires plus égalitaires, la dépense cérémonielle de richesses prenant la forme de dépôts votifs, l’autre affichant la distinction des élites de manière plus ou moins ostentatoire et individuelle.
Le Hallstatt D (625-460 a.C.)
À partir du Hallstatt D se sont produites des tentatives d’intégrations politiques plus vastes et hiérarchisées dans certaines zones. Se sont alors formées des chefferies complexes, à la faveur d’une productivité agropastorale bénéficiant d’une amélioration des conditions climatiques et d’une intensification des réseaux d’échanges externes. Ces facteurs locaux et globaux conjugués leur ont conféré des moyens d’enrichissement et de développement d’un pouvoir prenant des formes particulièrement ostentatoires lors de l’enterrement des souverains. Ce renforcement de la hiérarchie sociale a été démontré depuis longtemps à partir des données funéraires. Cette complexification politique et économique est largement confirmée par la hiérarchisation et la diversification des établissements. Nous disposons, grâce à la multiplication des opérations de terrain sur des surfaces plus vastes qu’auparavant – rendue possible par l’archéologie préventive, en particulier dans le Bassin parisien – de données qui reflètent de manière beaucoup plus fiable que les tombes le niveau de complexité des sociétés anciennes.
Les sites de niveau supérieur suggèrent des modules d’une cinquantaine de kilomètres de rayon pour les territoires politiquement autonomes entre le Wurtemberg et le Berry. L’apogée de ce phénomène, qualifié traditionnellement de princier, a duré environ trois générations (530-460 a.C.). Durant cette période, la typologie des sites d’habitat s’est diversifiée, avec des établissements familiaux, ouverts, enclos ou fortifiés et de dimensions plus ou moins importantes et des établissements agglomérés, ouverts, enclos, ou fortifiés et de dimensions diverses, culminant avec les fameuses “résidences princières” dont certaines se sont même approchées d’un schéma urbain. On a mis au jour la présence de trois hameaux ouverts du Hallstatt D sur la même commune à Bussy-Lettrée (Champagne) : “le Petit Vau Bourdin-27-28”, “le Mont Lardon-18” et “le Mont Lardon-16”12, ou à Villers-en-Prayères “Mauchamps” (Picardie)13. Les fermes à enclos du type Herrenhof, bien attestés en Bavière, comme à Enkering14, s’avèrent fréquentes aussi dans le Bassin parisien : à Grisy-sur-Seine (Hallstatt D-La Tène A, Ile-de-France)15, Bucy-le-Long “le Grand Marais” (Hallstatt D3, Picardie)16, ou Courcelles/Mer (Hallstatt D-La Tène A, Normandie)17. Des fermes à enclos plus léger apparaissent aussi régulièrement en prospections de diagnostic ou en fouilles, comme à Cuiry-lès-Chaudardes “le Fond de la Plaine” (Hallstatt D, Picardie)18. Les sites de hauteur fortifiés peuvent être très petits, comme à Basly “la Campagne” (Hallstatt D3, Normandie)19, de taille moyenne, comme le Britzgyberg (Alsace), ou Messein “le Mont Affrique” (Lorraine)20, ou beaucoup plus grands, avec un développement sur plusieurs dizaines d’hectares, comme à Hundersingen “la Heuneburg” (Wurtemberg)21, ou Vix “le mont Lassois” (Bourgogne)22.
Cette croissance de la complexité politique et économique s’est confirmée, voire accentuée depuis 2000, à partir des données issues de ces deux derniers sites (le cas du site de Bourges est probablement analogue, mais rien ne garantit encore que l’occupation centrale, dont on ne connaît les résultats que de quelques sondages sous la surface de la vieille ville actuelle, ait été d’une taille et d’une densité équivalentes) dans le groupe des cultures sud-occidentales du Complexe culturel nord-alpin23. L’essai est pourtant resté inabouti, l’échelle et le niveau d’intégration retrouvant les dimensions antérieures ; celles des chefferies simples, très contraintes par le seuil difficile à franchir de la journée de marche aller et retour, c’est-à-dire des territoires politiquement autonomes d’environ 25 à 30 kilomètres en terrain plat. Au-delà de cette dimension, le coût induit en temps de déplacement et en énergie pour le chef et son escorte rendait la gestion et le contrôle centralisés plus difficile et plus fragile, car nécessitant l’existence de relais du pouvoir suprême dans les zones plus éloignées. Or, la loyauté ou la fidélité de ces chefs subalternes a toujours été un problème majeur pour l’unité de telles formations politiques. Même les États territoriaux plus étendus que les cités-États ont longtemps été en butte à des défections de la part des grands vassaux, ce qui risquait constamment de détruire leur unité.
Le La Tène A-B1 (460-325 a.C.)
La désintégration des formations politiques du type des chefferies complexes s’est accompagnée d’une baisse des manifestations ostentatoires. Même dans les marges occidentales comme le Berry et la Loire moyenne, et septentrionales comme l’Aisne-Marne, la Sarre, l’Hunsrück-Eifel et la Hesse, les tombes les plus riches, dont plusieurs recelaient de la vaisselle étrusque en bronze, s’avèrent moins impressionnantes que les tombes princières du Hallstatt D. Sauf exceptions comme celles de Reinheim (Sarre), du Glauberg (Hesse) et de Waldalgesheim (Rhénanie-Palatinat), leur monumentalité est nettement inférieure, leur dépôt funéraire moins impressionnant et le site d’habitat correspondant beaucoup moins riche et monumental (dans la plupart des cas, il n’a même pas encore été repéré). Tant les tombes riches que les établissements correspondants montrent une répartition géographique très différente de celle des centres “princiers” antérieurs : plus dispersée avec des distances au plus proche voisin beaucoup plus courtes. Malgré l’entretien de relations privilégiées avec les réseaux d’Italie du nord, il semble bien que la dimension des formations politiques soit redevenue équivalente à celle des chefferies simples où le chef peut intervenir partout dans la demi-journée pour reprendre le contrôle, procéder à des arbitrages, bref rétablir l’ordre.
Les causes de cette désintégration des grandes “principautés hallstattiennes” restent difficiles à expliquer. Comme le plus souvent, c’est probablement une conjugaison de facteurs qui a déclenché cet effondrement. Les réseaux d’échanges animés par des Étrusques pourraient s’être substitués aux partenaires grecs, bouleversant les alliances instituées avec les élites “princières”. S’y sont peut-être ajoutés les effets d’un climat moins favorable et de relations sociales devenues conflictuelles, la paysannerie supportant plus difficilement des potentats ressentis comme trop despotiques.
Il semble bien que ces difficultés aient fini par trouver une solution de continuité dans l’organisation de migrations bien organisées, comme le laissent entendre les sources textuelles à partir du début du La Tène B, vers 400 a.C. Ces mouvements migratoires se sont poursuivis pendant un peu plus d’un siècle avec pour objectif des zones plus méridionales. La relative dégradation climatique a pu accentuer cet héliotropisme, mais le plus frappant dans ces mouvements réside dans l’attrait des Celtes nord-alpins pour les sociétés plus développées avec lesquelles ils étaient entrés en contact indirect auparavant. Ils ont manifestement cherché à investir des zones les mettant en contact direct avec les Étrusques en Italie du Nord et avec les Grecs, à travers les Balkans, le long de la mer Noire et jusque derrière les cités grecques d’Asie Mineure en franchissant le détroit des Dardanelles.
Le La Tène B2-C (325-150 a.C.)
Les réseaux d’échanges transculturels de biens de prestige ont très probablement fini par être disloqués par les turbulences migratoires. Les relations systémiques interculturelles n’ont, toutefois, pas cessé. Elles ont changé de nature. Les relations commerciales et diplomatiques ont rendu, pendant le Hallstatt D, les cités-États étrusques et grecques très attractives pour les Celtes nord-alpins, d’où l’orientation de leurs migrations en Italie du nord, dans la cuvette carpatique, les Balkans, à l’arrière des cités grecques de la mer Noire et de l’Asie Mineure, d’où aussi leur présence massive dans les troupes de mercenaires enrôlées par les différents États méditerranéens24.
À la fin du IVe s. a.C., les chefferies simples du monde celtique nord-alpin montrent des signes de recomposition parmi lesquels les sanctuaires bâtis jouent un rôle majeur en tant que marqueurs territoriaux. Ils illustrent l’importance accrue, aux yeux des membres de ces entités politiques et de leurs voisins, d’une symbolisation plus durable de leur identité collective. La cohésion sociale promue et célébrée régulièrement dans et autour de ces sanctuaires semble avoir été cimentée de surcroît dans de fréquents conflits guerriers entre chefferies concurrentes ; des batailles dont les armes et même les cadavres des vaincus étaient fièrement exposés dans ces monuments religieux. La régression du niveau de complexité politique antérieur, qui était caractérisé par une centralisation autoritaire et des territoires autonomes d’une taille inédite, a probablement rebattu les cartes et suscité une stimulante compétition au plan économique.
On note, en effet, dès le La Tène B2, des changements techniques majeurs dans le domaine de la sidérurgie. L’Europe centrale montre comme souvent une certaine avance avec la production d’outils agricoles au premier rang desquels des socs d’araire en fer25. La généralisation du fer dans l’outillage ordinaire de la paysannerie implique une forte hausse de la production de matière première. Il s’agit d’un saut qualitatif et quantitatif d’une importance cruciale, bien attesté par la découverte de grandes mines de fer, comme à La Bazoge “Les Petites Rouilles” (entre Normandie et Touraine)26 et par la rapide multiplication du nombre de sites de forges dans le Bassin parisien27 (fig. 3). Une forte intensification de la production agropastorale en a logiquement résulté. L’augmentation de l’efficacité technique permise par l’usage du fer pour les labourages a ouvert la possibilité de mettre en culture des terres plus lourdes. On constate, en effet, par les prospections aériennes et les fouilles réalisées sur des tracés d’aménagement linéaire, que l’habitat investit de manière généralisée des zones plus faiblement occupées auparavant, en particulier les rebords de plateaux et l’intérieur même des plateaux28 (fig. 4). Ce gain de productivité, probablement soutenu par un réchauffement climatique continu, a pu conférer davantage de confiance aux cultivateurs, comme le suggère l’abandon graduel de la méture, c’est-à-dire le procédé consistant à semer deux ou trois espèces différentes dans la même parcelle, afin de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier en quelque sorte. Adopter la mono-spécificité à partir de cette période, comme l’a mis en évidence V. Matterne29 en analysant la composition des réserves de grain dans le Bassin parisien. Cette confiance se fondait aussi, forcément, sur l’assurance de pouvoir compter, le cas échéant, sur des solidarités élargies et bien organisées ; indice supplémentaire d’une complexification organisationnelle en nette croissance.


On note, enfin, l’apparition d’agglomérations villageoises au IIIe s. a.C. On attend des publications plus précises, mais il semble bien que des surfaces de plusieurs dizaines d’hectares, cernées de palissades assez légères soient occupées de manière dense. S’y concentrent des indices d’activités artisanales variées, mais l’organisation interne, la composition des groupes sociaux résidents et la chronologie de leur développement restent difficiles à appréhender. Sur ce point aussi, le phénomène semble démarrer plus tôt et prendre des formes plus impressionnantes en Bohème, comme à Lovosice atteignant 40 à 60 Hallstatt entre le La Tène B2 et le La Tène D130, ou en Autriche, comme à Roseldorf à partir du La Tène B231. Un tel accroissement de la productivité s’est logiquement accompagné d’autres améliorations techniques comme la meule rotative.
Le La Tène D (150-25 a.C.)
Au milieu du IIe s. a.C., une nouvelle tentative de complexification sociale parvient à son épanouissement avec l’émergence de la ville et de l’État. L’organisation spatiale illustre assez clairement l’organisation sociale. Ce sont, en effet, des réseaux nettement hiérarchisés qui apparaissent au fur et à mesure des découvertes archéologiques. Les niveaux d’intégration économique et politique s’avèrent logiquement structurés par la distance, c’est-à-dire la durée et la difficulté de déplacement. À la tête de ces réseaux se situe la ville capitale. Aux niveaux inférieurs se trouvent des villes, puis des villages et enfin des hameaux et des fermes. Deux types de réseaux se conjuguent au sein de chaque formation politiquement autonome :
- celui des établissements à fonction principalement agropastorale, qui se déclinent en plusieurs niveaux hiérarchiques, selon leur surface et le degré d’investissement nécessité par leur construction, et qui reflètent vraisemblablement de fortes inégalités en termes de propriété foncière ;
- celui des établissements à fonctions économiques plus diversifiées, nécessairement contrôlés par la famille propriétaire des terres sur lesquelles ils se trouvaient implantés.
Les agglomérations ouvertes, plus ou moins étendues, qui ont commencé à se développer au IIIe s. a.C. se sont agrandies et multipliées dans la première moitié du siècle suivant. Le caractère à la fois aristocratique et militaire très marqué de ces sociétés suppose, de la part de l’aristocratie locale propriétaire des terres en question, l’exercice d’un patronage sur ces gros villages où se concentrait la production artisanale, ne serait-ce que pour en assurer la sécurité. La tendance lourde qui se fait jour, peu à peu, suggère ainsi la réunion, voire la fusion, des nœuds majeurs de ces deux types de réseaux pour former de gros établissements fortifiés. Cette conjonction s’est opérée, semble-t-il, soit par la fortification d’un vaste espace autour du village initial de basse terre, comme à Manching32, soit par le transfert de la population du village initial sur une hauteur proche, lui aussi doté alors de fortifications, comme à Levroux33 (fig. 5). Dans plusieurs cas, l’agglomération fortifiée a été créée sur un lieu où préexistait un sanctuaire à fossé quadrangulaire, comme à Gournay-sur-Aronde (Oise)34. Par la suite et pendant un siècle environ, c’est-à-dire pendant la période du La Tène D1 au La Tène D2a, la plupart des agglomérations fortifiées de basse terre ont été graduellement abandonnées au profit de villes neuves fortifiées sur une hauteur, par exemple celle de Villeneuve-Saint-Germain au profit de Pommiers (Aisne)35.

Ces très grandes agglomérations réunissent tous les critères de l’urbanisation36. Ces sociétés urbanisées possèdent aussi les caractéristiques des États archaïques. Les principaux critères archéologiques en sont l’usage d’une monnaie fiduciaire et, contrairement à ce qui a été longtemps affirmé, celui de l’écriture. La conjonction des deux est devenue courante au Ier s. a.C. avec des monnaies en bronze portant le nom du roi ou du magistrat suprême. Cela suppose qu’au moins une fraction de la population avait la capacité de lire ces noms. On a aussi découvert sur plusieurs sites des stylets en différents matériaux et plus rarement comme à Stradonice (Bohème), un cadre de tablette en os. Les Gaulois ne produisaient certes pas d’inscriptions lapidaires, ils écrivaient, en revanche, sur des tablettes en bois enduites de cire. César le rapporte d’ailleurs sans ambiguïté, précisant d’un côté qu’écrire ce qui relevait de la religion était proscrit, mais révélant de l’autre que les 368000 migrants, combattants, femmes, enfants et vieillards (263 000 Helvètes, 36 000 Tulinges, 14 000 Latovices, 23 000 Rauraques, 32 000 Boïens) qu’il a stoppé au tout début de la guerre des Gaules transportaient les tablettes sur lesquelles se trouvait inventorié leur état-civil intégral en alphabet grec37. L’écriture était, par conséquent, en usage pour la gestion administrative que la complexité organisationnelle de toute formation politique de niveau étatique rendait nécessaire.
Partant du principe, qui ne fait guère de doute, selon lequel les diocèses médiévaux avaient en majorité conservé les limites des civitates gauloises, on peut alors constater les modifications de la taille des territoires intégrés, par rapport aux périodes antérieures. Huit civitates s’inscrivaient dans un cercle de 25 à 30 km de rayon (2500 à 3600 km2), c’est-à-dire ce seuil difficile à franchir pour des formations du type des chefferies simples qui se sont généralisées au milieu du. a.C. C’était logiquement la dimension moyenne des pagi. Une deuxième catégorie de 28 civitates approchaient ou dépassaient un peu une cinquantaine de kilomètres de rayon (10 000 km2) et consistaient par conséquent en fédérations de trois ou quatre pagi ; c’était la taille moyenne des chefferies complexes, dites traditionnellement « principautés », du milieu du Ier mill. a.C. Une troisième catégorie regroupait 16 civitates atteignant ou dépassant un rayon de 75 km (22 500 km2), fédérant donc de six à une dizaine de pagi (fig. 6) ; César précise toutefois que l’État des Helvètes se composait de quatre « cantons », ce qui correspondrait en moyenne à des pagi de 37 km de rayon, c’est-à-dire un peu plus grands que le seuil d’une journée de marche aller-retour. Plusieurs indices laissent penser que les contradictions apparentes entre la dimension des diocèses médiévaux et celle des civitates antérieures ont résulté de l’intégration de certains pagi dans une autre civitas que celle d’origine. Il n’y a là rien de surprenant, car l’histoire des États, a fortiori archaïques, est pleine de variations de ce genre ; les sous-ensembles territoriaux suivant souvent une stratégie favorisant leur intérêt propre avant tout. Ainsi pourrait s’expliquer le surprenant rattachement des Mandubiens, dont Alésia était la capitale, aux Éduens, au mépris des logiques à la fois topographiques et spatiales qui présageaient plutôt leur intégration dans la civitas des Lingons. La puissance des Éduens a pu leur laisser escompter un profit supérieur en termes d’avantages économiques et d’alliance militaire. Certains pagi ont jugé, à l’inverse, que leur intérêt était de reprendre leur indépendance politique dans le courant du Ier s. a.C., comme dans le cas des Meldes se séparant des Suessions38. Le choix de la stratégie la plus avantageuse au niveau des pagi, comme à celui des civitates tenait, bien sûr, à différents facteurs, dont probablement leur histoire culturelle et leur localisation géostratégique, ainsi que le suggère leur cartographie. Les États archaïques les plus grands se juxtaposaient à l’intérieur d’une large bande barrant l’espace gaulois en diagonale du nord-est au centre ouest, tandis que la plupart des États plus réduits en surface s’alignaient le long d’une bande parallèle à la Manche. Cette bipartition évoque fortement le passé culturel millénaire durant lequel les complexes culturels respectivement nord-alpin et atlantique se sont faits face entretenant un contraste marqué dans le style des objets fabriqués, dans la forme en plan des bâtiments d’habitation, ou dans les pratiques funéraires. Les États plus petits tendent, par ailleurs, à se situer le long des limites entre les ensembles de niveaux politiques et économiques différents : la limite entre le monde romain, la Narbonnaise et la Gaule chevelue d’une part, celle entre les États gaulois les plus intégrés et ceux qui l’étaient moins, où s’alignaient les États de la taille d’une chefferie simple, d’un pagus ou d’une cité-État moyenne (Eburovisques, Parisii, Meldes, Viromanduens).

Implications théoriques
L’évolution en dents de scie de l’échelle d’intégration territoriale durant l’âge du Fer en Europe tempérée humide ne fait que se conformer à ce qui s’est produit partout à travers le monde. Ce type d’oscillations de l’échelle d’intégration a été clairement mise en évidence dans diverses régions : au Mexique central entre 800 a.C et 1700 p.C., dans les Andes entre 1400 a.C. et 1700 p.C., en Mésopotamie entre 4500 et 1500 a.C. ou en Égypte entre 3700 et 300 a.C.39. Ces évolutions sont entrecoupées d’étapes de désintégration parfois drastique, suivies d’étapes de croissance qui finissent toujours, globalement, par dépasser le niveau le plus élevé atteint précédemment. Cette évolution, fondamentalement non linéaire, est bien une caractéristique universelle de la globalisation, au moins depuis la néolithisation ; un phénomène qui approche aujourd’hui de son terme.
Divers facteurs se sont, en Europe comme ailleurs, conjugués pour provoquer des effondrements de cette échelle d’intégration, dont très logiquement les oscillations climatiques. Pour éviter toute confusion, il convient de rappeler le sous-titre de l’ouvrage de J. Diamond sur les effondrements sociétaux entraînés par les changements du climat : Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie40. Ce sont, en effet, les organisations sociales qui, par traditionalisme, impéritie, aveuglement, gestion à court terme se révèlent incapables de modifier leur mode de vie afin de s’adapter au mieux aux aléas. Il en a sans doute été de même pendant l’âge du Fer. Les améliorations climatiques correspondent nettement aux étapes de croissance de l’échelle d’intégration politique (fig. 7).

Un autre facteur a joué un rôle majeur au cours de ces oscillations évolutives : les progrès techniques. Parmi ceux-ci, les plus cruciaux ont, bien sûr, été ceux qui étaient susceptibles d’augmenter la productivité agropastorale. Son niveau doit être suffisant pour entretenir des agglomérations dont nombre d’habitants ne se livre plus à un travail de production alimentaire. Il ne l’était peut-être pas lors de la tentative d’urbanisation avortée du milieu du Ier mill. a.C., ce qui expliquerait en partie son caractère éphémère. La croissance spectaculaire de la production sidérurgique, qui a permis de transformer l’outillage agricole et de le rendre accessible à tous les exploitants, a très probablement fourni les moyens du développement urbain et étatique ultérieur. Cela implique de corriger certaines conclusions de la précieuse Histoire des agricultures du monde. Du Néolithique à la crise contemporaine de M. Mazoyer et L. Roudart41. Outre qu’elles les conduisent à faire durer beaucoup trop longtemps les systèmes de cultures sur abattis-brûlis, les sources archéologiques sur lesquelles ils se fondent leur font passer sous silence la généralisation du soc d’araire et de la faux en fer dès le IIIe s. a.C. Ils ne perçoivent pas de la sorte qu’entre les systèmes à jachère et culture attelée légère et ceux à jachère et culture attelée lourde, une étape de développement fondamentale a entrainé des changements sociaux de grande ampleur. Ils ont qualifié de “révolution agricole du Moyen Âge” l’adoption de la charrue considérée comme l’attribut le plus significatif de la culture attelée lourde. Il y a tout lieu de penser que l’outillage agricole en fer avait déjà créé les conditions d’une révolution intermédiaire de l’économie agraire au début du dernier quart du Ier mill. a.C.
Conclusions
Cinq points saillants peuvent être soulignés en guise de conclusion. Tout d’abord et d’une façon générale, il se confirme que les sociétés protohistoriques ont été plus complexes que prévu aux plans économique, mais aussi politique, et que leur évolution en dents de scie correspond à une norme de l’histoire universelle comme l’avait parfaitement vu l’anthropologue néo-évolutionniste J. Steward avec ses conceptions de multilinear évolution et de cultural ecology42. Ensuite, il se produit bien aux VIIIe et VIIe s. a.C. une rupture évolutive, marquée par une délocalisation de nombreux établissements de haut niveau, mais malgré une documentation encore trop rare, il semble que le module d’intégration politique n’ait pas changé après le Hallstatt B2/3. Il a en revanche connu une forte croissance, en particulier au sud-ouest de la zone nord-alpine durant le Hallstatt D, à partir de la fin du VIIe s. a.C. Le modèle des « résidences princières » se trouve en effet validé dans ses grandes lignes ; certaines « résidences princières » se sont même révélées beaucoup plus grosses que prévu, bien qu’elles ne soient pas parvenues au stade urbain. On note une régression de la complexité sociale à partir du milieu du Ve s. a.C., dont les causes demeurent mal élucidées. Une reprise de la complexification politique s’opère à partir du IIIe s. a.C. sur des bases économiques plus solides qui conduisent à une nouvelle croissance de l’échelle d’intégration selon un processus de fédérations instables de pagi permettant l’éclosion de ce que César a nommé des civitates, c’est à dire des États archaïques dont ceux du nord-ouest des Gaules ont atteint la dimension territoriale des principautés, antérieures de quatre siècles, alors que ceux, situés plus au sud-est et plus près du monde romain ont atteint des dimensions territoriales nettement plus vastes.
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