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Linguarum diversitas.
Réflexions sur l’expérience de l’alloglossie dans l’Antiquité gréco-romaine

par

Graeci dicunt omnes aut Graios esse aut barbaros…1

Introduction

Dans le monde d’aujourd’hui, le multilinguisme2 est la règle et l’unilinguisme l’exception. Dans l’Antiquité gréco-romaine, c’est l’inverse qui passe généralement pour être vrai3. Comment est-on passé d’un monde grec essentiellement monoglotte – la “monoglossie orgueilleuse” que soulignait de façon exagérée A. Momigliano dans Alien Wisdom4, à un environnement gréco-romain polyglotte ? Voilà la question que je voudrais aborder ici en envisageant trois étapes : la Grèce, Rome et le christianisme primitif5. On ne trouve pas chez les Grecs un mythe comparable à celui de la Tour de Babel du livre de la Genèse6, qui donne son titre au monumental ouvrage d’Arno Borst, Der Turmbau von Babel. Geschichte der Meinungen über Ursprung und Vielfalt der Sprachen und Völker7. Les polyglottes sont cités comme des exceptions dans l’Antiquité. L’adjectif πολύγλωσσος (“qui parle plusieurs langues”) n’apparaît que sporadiquement à époque tardive8, tandis que le substantif πολυγλωσσία ne se rencontre que dans la littérature de la fin de l’Antiquité. Traitant de la mémoire, Quintilien9 cite quelques exemples de δίγλωσσοι, des personnages connaissant le grec et une langue barbare : Thémistocle, qui, en moins d’un an (en 465 a.C.), avait appris le perse, sans doute pour accroître son influence à la cour d’Artaxerxès, Mithridate VI Eupator (120-63 a.C.), qui connaissait vingt-deux langues10, et Crassus le Riche (P. Licinius Crassus Dives Mucianus, consul en 131 a.C.), qui, gouvernant l’Asie, se familiarisa avec cinq dialectes grecs différents au point de pouvoir rendre la justice dans celui-là même dans lequel la plainte avait été déposée11. Ce sont là des exceptions. Rarissimes sont les véritables polyglottes – c’est-à-dire ceux qui ont assimilé assez parfaitement leur langue maternelle et une autre langue pour être reconnus par les locuteurs de l’une ou de l’autre comme des leurs. La tradition prête cette capacité exceptionnelle à la grande reine Cléopâtre VII (51-30 a.C.), capable, dit-on, de converser sans interprète avec tous les peuples de son Empire12. Même si peu de Grecs maîtrisent des langues autres que la leur, la conscience de la diversité linguistique existe13, sans doute déjà dans la Grèce archaïque14. Elle se marque toutefois plus nettement à l’époque impériale dans le cadre de l’Empire romain. Pline l’Ancien mentionne la bigarrure linguistique de la région de Dioscurias, dans le Caucase, et rapporte que les régions nord-orientales de l’Anatolie comptent un nombre infini de langues ou dialectes. Les Romains y ont fait négoce avec 130 interprètes, selon lui15, 70, selon Strabon16.

La Grèce

Alors qu’ils se sont montrés très curieux envers les coutumes des autres peuples, pour ce qui regarde les langues étrangères, les Grecs ont limité leurs enquêtes à l’origine du langage et n’ont guère éprouvé de la curiosité que pour les mots exotiques, pas pour le système des parlers étrangers17. On trouve bien des anthroponymes mèdes et perses chez Ctésias de Cnide, dont les livres sur la Perse et l’Inde sont connus par des sommaires du patriarche Photios, Eschyle, Hérodote, Thucydide et Xénophon18, mais ces mentions restent ponctuelles et limitées à un domaine spécifique. Hérodote cite un assez grand nombre de termes appartenant à diverses langues étrangères (perse, assyrien, arabe, phrygien, scythe, égyptien, libyen) avec le souci de trouver un équivalent en grec19. Plus tard, Athénée de Naucratis (début du IIIe siècle p.C.) manifeste un certain intérêt non seulement pour le grec et ses variantes dialectales, mais aussi pour les langues étrangères, en particulier la langue des Perses20. On chercherait pourtant en vain dans les œuvres grecques une description, même sommaire, des structures d’une langue étrangère. C’est que, pour les Grecs, tous les autres peuples étaient des barbaroi, c’est-à-dire des “balbutiants””, parlant un langage assimilable au babil des oiseaux21. Ils étaient presque “privés de langue”, selon une assimilation faite par Héraclès dans les Trachiniennes de Sophocle22. Les étrangers ne parlaient pas, mais faisaient barbarbar. Qui plus est, les mots étrangers font volontiers rire les Grecs, comme le montrent les vocables lydiens et phrygiens que le poète Hipponax d’Éphèse (vers 540) a insérés à dessein dans ses iambes pour obtenir un effet comique23. Aristophane fera de même. Dans ses comédies, la diversité linguistique devient un jeu littéraire, comme chez Rabelais ou Molière24 : tantôt le comique athénien fait parler aux étrangers un langage totalement incompréhensible, tantôt il leur prête un grec incorrect, tantôt il met dans leur bouche d’authentiques phrases étrangères25. La scène la plus connue se trouve dans les Thesmophories (pièce représentée en 411), où un archer scythe s’exprime, pendant environ 70 vers (1001-1007, 1083-1135, 1176-1201, 1210-1225), dans une langue mi-scythe, mi-attique26. Aux yeux des Grecs, ce sont les barbares qui devaient apprendre le grec s’ils voulaient entrer en contact avec le monde hellénique, non le contraire. Au Ve siècle, peu de Grecs connaissent le perse, mais beaucoup de Perses connaissent le grec27. C’est révélateur. Une telle vision de l’alloglossie passa chez les Romains28, qui eux aussi regardèrent avec une certaine indifférence, moins prononcée peut-être que celle des Grecs, la langue des autres, à l’exception du grec, qui fut la langue de culture de la bonne société romaine29

Les grands voyageurs grecs comme Hérodote, Hécatée, Pausanias et Mégasthène ressentent peu le besoin d’apprendre la langue des pays qu’ils visitent, car ils considèrent que la langue grecque est suffisante pour communiquer ou ils espèrent trouver sur place des interprètes qui connaissent la langue grecque30. En Égypte, un ἑρµηνεύς prétend traduire pour Hérodote une inscription gravée sur le revêtement de la grande pyramide de Chéops31. Le pharaon Psammétique I avait mis en place une équipe de traducteurs : il avait confié des enfants égyptiens aux soins de colons d’Ionie et de Carie pour qu’ils apprennent le grec. Ces enfants étaient destinés à devenir interprètes, une des sept catégories professionnelles reconnues en Égypte32. Hérodote est le premier auteur grec à manifester un intérêt réel pour les langues étrangères33, sans doute parce que le barbare est devenu, en quelque sorte, le protagoniste de son œuvre. Le Père de l’Histoire est attentif aux différences linguistiques, que ce soit à l’intérieur du monde grec, c’est-à-dire les variantes dialectales, ou dans les rapports des Grecs avec les barbares. Nous trouvons chez lui ce que les théoriciens du bilinguisme appellent des interférences situationnelles. Dans un même espace, voire dans une même situation de communication, deux langues sont employées conjointement. Les besoins de la communication entraînent le recours à un interprète : c’est l’interprète qui représente le lieu d’intersection entre les deux langues et de transfert de l’une à l’autre. L’épisode le plus connu qui correspond à ce schéma est l’entrevue de Cyrus et de Crésus, sur le bûcher, qui prononce par trois fois le nom de Solon34.

Certains passages d’Hérodote retracent les phases successives du processus d’apprentissage d’une langue étrangère par un groupe ou un peuple, comme les Amazones, qui apprennent la langue des Scythes. Dans l’épisode des Amazones35, la transmission de la langue se fait par la mère, ce qui explique que les Sauromates parlent le scythe en faisant des solécismes36, puisque les Amazones ne l’avaient jamais appris correctement, bien qu’elles le comprissent. Hérodote mentionne aussi le cas du Scythe Skylès, fils du roi Ariapeithès, né d’une femme d’Istria. Sa mère lui avait appris elle-même la langue et les lettres grecques37, ce qui irrita les Scythes et fut la cause de sa mort38. D’autres passages mettent l’accent sur l’intérêt presque scientifique pour l’apprentissage de la langue : l’épisode de Psammétique, dont l’intention est de comprendre si la langue égyptienne est plus ou moins ancienne que la langue phrygienne39

Loin de regarder les barbares avec indifférence, Hérodote est un esprit curieux qui s’efforce de mieux les connaître. Il propose des traductions grecques de mots étrangers et fait preuve d’un intérêt presque philologique pour ces vocables. Tel peuple appelle telle chose de telle façon, telle chose porte tel nom dans tel pays ou encore tel mot veut dire telle chose. L’intérêt d’Hérodote pour les mots étrangers – je dis bien les mots, non les langues – et pour l’origine du langage reflète un débat qui traverse tout le Ve siècle : la question de l’origine des noms, établis par convention ou par nature, qui sera traitée de façon approfondie dans le Cratyle de Platon. Platon cite des βαρβαρικὰ ὀνόµατα, des mots anciens dont il n’arrive pas à trouver l’étymologie, comme πῦρ, ὕδωρ, κύων40. L’absence de confrontation de la langue grecque avec les langues étrangères est, d’une certaine façon, compensée par des considérations sur le problème de l’origine du langage, sur le rapport des mots et des objets ainsi que sur le sens et la correction des mots. Comme Hésiode et Gorgias, Hérodote partage l’idée que l’étymologie du mot met en lumière la nature profonde de ce qu’il désigne, surtout en ce qui concerne les dieux. Les “traductions” et les gloses d’Hérodote impliquent qu’il analyse les mots composés grecs comme tels, mais encore qu’il pense que les principes de composition des mots sont les mêmes dans les autres langues qu’en grec. Un seul exemple illustrera ce procédé. Il concerne les Arimaspes41. Hérodote donne une définition de µονοφθάλµους (adjectif + nom “unique œil”), puis ajoute “nous les appelons en Scythe Arimaspes” et glose (séquence adjectif + nom) : ἄριµα γὰρ ἕν καλέουσι Σκύθαι, σποῦ δὲ ὀφθαλµόν “les Scythes disent arima pour un et spou pour œil”. Le scythe est la seule langue étrangère dans laquelle Hérodote donne des étymologies en règle, même si elles sont fausses42. Enfin, le Père de l’Histoire ne s’intéresse pas seulement aux langues extérieures à la Grèce. Il distingue aussi les dialectes grecs43. Il dit que les Ioniens ne pratiquent pas tous la même langue. Il signale aussi l’origine phénicienne de l’alphabet grec44 et note que cet alphabet phénicien ressemble pour l’essentiel à l’alphabet ionien45, d’après ce qu’il a pu voir sur les trépieds dans le temple d’Apollon Isménios à Thèbes.

Rome

Le latin fait partie des langues que les Grecs considèrent avec dédain, même si une théorie, dont la genèse est assez obscure, mais qui fut très en vogue à Rome depuis l’époque de Sylla jusqu’au règne de Claude, tentait de démontrer l’origine grecque – en particulier éolienne – de la langue de Rome46. Quoi qu’il en soit, l’empire de Rome est bilingue47. Dans la partie orientale de l’Empire, le grec s’est maintenu comme principale langue de communication et comme langue des échanges48, alors que le latin l’emportait dans l’administration de l’État. Le latin était langue du droit et de l’armée, même si aucune politique linguistique n’a été officiellement mise en œuvre par les Romains49

Dès l’origine, Rome est une cité caractérisée par le mélange des langues et des cultures. À la fin de la République et au début de l’Empire, Rome est perçue comme une cité qui comporte plusieurs communautés étrangères de langue grecque, d’Égypte, de Syrie, d’Asie Mineure ou de Palestine : Roma est ciuitas ex nationum conuentu constituta, dit Quintus Cicéron50. L’importance des populations étrangères conduira certains auteurs à manifester leur agacement devant cet envahissement : non possum ferre, Quirites, Graecam urbem, s’écrie Juvénal51. Sur les murs de Pompéi (Regio VIII, insula 7), des graffitis rédigés en safaïtique, un dialecte d’Arabie du Nord, témoignent de la présence de bédouins52. Des langues celtiques et germaniques, africaines et asiatiques avaient leur place naturelle non seulement dans l’Empire romain, mais aussi dans la capitale même. Rome est une cité babélique, plurilingue et pluriethnique53. Le latin est entré en contact avec un nombre élevé de langues54 : osque, ombrien, vénète, messapien, étrusque, celte (gaulois), punique, libyen (berbère), araméen, hébreu, germanique, langues de l’Espagne, égyptien, gète et sarmate, thrace. Toutes ces langues minoritaires n’avaient ni le poids démographique ni le prestige suffisants pour concurrencer sérieusement le latin et, a fortiori, le grec. Les langues périphériques de l’Empire n’avaient pas droit à un statut reconnu. Dans son exil sur la mer Noire, Ovide considère comme sots les Gètes et les Sarmates qui ne comprennent pas sa langue et qui lui donnent l’impression d’être un “barbare incompris”55. L’idée que les barbares puissent lire ses poésies lui paraît absurde.

Lors de leurs expéditions militaires, les Romains ont eu plusieurs fois l’occasion de rencontrer des allophones, en particulier des Carthaginois et des Gaulois. C’est une expérience qu’avaient déjà faite avant eux les Grecs, notamment lors de l’expédition des Dix Mille56 et des conquêtes d’Alexandre57. Des interprètes furent utilisés pour les échanges. Les généraux romains eurent recours à des Romains qui avaient été prisonniers de guerre ou à des étrangers58. Tite-Live59 mentionne une lettre, rédigée en punique, d’Hasdrubal à son frère Hannibal, combattant en Italie, tombée entre les mains des Romains. Elle fut déchiffrée avec difficulté par un interprète du consul. César60 parle d’une conversation, en 58, avec Diviciacus, le chef des Héduens, par l’entremise des interprètes habituels (cottidiani interpretes). Pour s’entretenir avec les dignitaires gaulois, le général romain avait comme intermédiaire C. Valerius Troucillus, un gaulois romanisé61, qu’Arioviste avait fait enchaîner en 58. À Rome aussi des interprètes sont opérationnels. Au Sénat, il y a toujours bien quelqu’un qui demande l’intervention d’un interprète, dit Cicéron62, afin de faire respecter la règle, rappelée par Valère Maxime63, selon laquelle les magistrats ne devaient jamais répondre aux demandes des Grecs que par une décision rédigée en latin. Pline l’Ancien64 mentionne une ambassade envoyée de Ceylan à l’empereur Claude, qui utilisa comme interprète un affranchi romain qui avait appris, en six mois, la langue de l’île à la faveur d’un voyage d’affaires. Des interprètes sont particulièrement nombreux en Anatolie orientale et aux confins du Caucase, régions qui comptaient un nombre infini de langues ou dialectes, selon Pline l’Ancien65.

Le christianisme primitif66

Les auteurs chrétiens s’intéressent à la question des langues à la faveur du commentaire de textes bibliques, essentiellement quatre passages, deux de l’Ancien Testament et deux du Nouveau : le passage de la Genèse67 où le premier locuteur, Adam, donne un nom à tous les animaux domestiques et sauvages et aux oiseaux, la Tour de Babel68, le miracle de la glossolalie le jour de la Pentecôte dans les Actes des Apôtres69 et le chapitre 14 de la première lettre aux Corinthiens de Paul. En outre, la querelle entre les représentants de l’origine naturelle (φύσει) ou conventionnelle (θέσει) du langage se poursuit. Dans le livre II de son apologie contre le néoplatonicien et arien Eunome, qui penchait pour une interprétation mystique de l’origine de la langue, Grégoire de Nysse (IVe siècle p.C.) considère la langue comme une création humaine et donne à l’homme le droit d’utiliser ses compétences linguistiques en vue de la création de mots nouveaux70. Si le mythe de la Tour de Babel a inspiré tout un traité à Philon d’Alexandrie, le De confusione linguarum, où il prône la connaissance des langues comme moyen d’éviter les guerres (12), les commentaires au miracle du don des langues montrent le changement qui s’est opéré, en même temps que la diffusion du christianisme dans le monde gréco-romain, dans la façon de traiter le lien entre langues barbares et langue grecque. C’est surtout chez les Pères du IVe siècle que l’on trouve des passages qui considèrent la langue comme un des liens les plus importants de la société humaine facilitant la fonction sociale et l’activité de cette société, selon la définition que donnait déjà Cicéron dans le De legibus71 : lingua, qua maxime homines coniunguntur. Dans la Praeparatio evangelica72, Eusèbe de Césarée (vers 260-339) doit répondre au reproche qui consiste à dire que les Grecs chrétiens se sont liés dans le christianisme avec différents peuples et qu’ils ont repris leur doctrine de livres juifs. Cette apologie montre combien le passage de l’hellénocentrisme vers une pensée universelle plus ouverte s’est avéré difficile et combien peu adaptée à la pensée grecque était l’idée que, à côté des Grecs et des barbares, il y avait place pour une troisième catégorie. 

Le verset 11 du chapitre 14 de la première lettre aux Corinthiens de Paul, où l’apôtre évoque l’esprit missionnaire qui l’anime, a aussi donné lieu à des commentaires sur la diversité linguistique : “Si j’ignore la valeur du son, je serai un barbare pour celui qui parle, et celui qui parle sera un barbare pour moi”. En d’autres termes, la mission apostolique ne peut réussir que dans une langue compréhensible des barbares. Origène d’Alexandrie, vers 185-254, était aussi persuadé que “si Platon avait voulu aider par de saines doctrines ceux qui parlent l’égyptien ou le syrien, il aurait pris soin d’avance, étant Grec, d’apprendre les langues de ses auditeurs et, selon l’expression des Grecs, de parler barbare pour rendre meilleurs les Égyptiens et les Syriens, plutôt que de ne pouvoir, restant Grec, rien dire d’utile aux Égyptiens et aux Syriens”73. Théodoret de Cyr (première moitié du Ve siècle) fera l’apologie des langues barbares. Il souligne la nécessité pour un prédicateur de traduire son enseignement à l’usage de ses fidèles ou bien de recourir à un interprète74. Durant les IVe et Ve siècles, la diffusion du christianisme exercera une influence sur la progression des langues locales en Orient. Les traductions de la Bible seront à l’origine d’une littérature nationale chez certains peuples. En Occident, le latin restera la seule langue, tandis qu’en Orient, où la situation est plus complexe, les langues locales seront liées à des courants hérétiques et à des églises nationales. Le grec, qui est parlé dans tout l’Orient75, reste la langue de l’orthodoxie76

Les réflexions sur les causes de la diversité linguistique, qui ne commencent pas, en Grèce, avant l’atomiste Démocrite (470/460-380/370 a.C.), conduiront à des spéculations sur le nombre de langues parlées sur terre ou à des visions utopistes relatives à la langue unique. Elles se font jour chez des auteurs, chrétiens pour la plupart, qui évoluent dans le cadre de l’Empire romain. Philon d’Alexandrie (Ière moitié du Ier siècle p.C.) compte des milliers de parlers après Babel77, Irénée de Lyon78, évêque de Lyon en 178 p.C., fait correspondre le nombre de peuples et langues sur terre au nombre de traducteurs légendaires de la Bible à Alexandrie (72, 6 par tribu d’Israël), selon la légende telle que la raconte la Lettre d’Aristée à Philocrate. Au IIe s. p.C., Lucien évoque la diversité linguistique chez les dieux79, reflet de celle qui existe chez les hommes. Dans Isis et Osiris (47 [Moralia, 370B]), où il propose plus de trente exemples d’étymologies de mots égyptiens, le plus souvent des noms de dieux80, Plutarque (vers 46-120 p.C.) imagine qu’à la fin des temps le monde sera une société d’hommes heureux qui parleront tous la même langue – il ne dit pas laquelle : sans doute le grec81, langue universelle. Au Vsiècle p.C., la même idée est exprimée par le chrétien Théodoret de Cyr82, pour qui il n’y aura plus au Paradis de différence linguistique. Dans la Cité de Dieu, saint Augustin manifeste un intérêt pour la linguistique diachronique. Il suit le destin des soixante-douze peuples initiaux83 et rappelle qu’ils parlaient avant le déluge une seule et même langue, qui n’avait pas de nom particulier : c’était le “langage des hommes” (humana lingua uel humana locutio)84. Après la division qui donna naissance à soixante-douze idiomes distincts, la “maison d’Heber” aurait été la seule à conserver dans sa pureté la langue première. C’est ainsi que saint Augustin reconstitue la naissance de la diversité linguistique, qui, selon lui, est la cause majeure de l’éloignement des hommes entre eux et est une caractéristique de la cité terrestre85. Bien que cette reconstitution soit sans valeur scientifique, elle est la preuve de l’intérêt que manifeste saint Augustin pour l’histoire du langage humain. Il réfléchit du reste aussi sur la diversité des langues en Afrique86 et, dans un chapitre de la Cité de Dieu intitulé De diversitate linguarum qua societas hominum dirimatur, il critique l’impérialisme linguistique des Romains87.

Conclusion

Le multilinguisme est un phénomène de grande ampleur qui se fait jour dans la majorité des sociétés, même dans les pays et les régions dans lesquelles une tendance marquée au monolinguisme semble l’emporter. Tel est le cas de la Grèce, qui a longtemps constitué, sur le plan linguistique, un monobloc imperméable. Les Grecs retiennent comme critère définissant l’Hellenikon la communauté de sang, de langue, de religion et de coutumes88. Après un monde homérique unilingue, les Grecs prennent conscience de la diversité linguistique qui les entoure, notamment à la faveur du contact avec les Perses. Hérodote est un des premiers à se faire l’écho de cette expérience nouvelle. Attentif aux parlers étrangers qui entourent le monde grec, le Père de l’Histoire accorde aussi une importance à la différenciation dialectale à l’intérieur de la Grèce, ce qui est la preuve de l’importance qu’il accorde à la question linguistique. Les Grecs se rendent compte qu’ils peuvent eux-mêmes devenir des barbares pour ceux qu’ils appellent barbares. À Abu Simbel, au VIe siècle (vers 589 a.C.), des mercenaires grecs de Psammétique II ont inscrit ἀλλόγλωσσος sur la jambe du colosse de Ramsès II89. L’expérience de l’alloglossie, qui est une réalité sur le terrain, passe dans la littérature, où elle devient même un jeu littéraire, révélateur de différences dont les Grecs sont de plus en plus conscients. On ne peut parodier que ce que le public connaît bien. Malgré l’ouverture consécutive aux conquêtes d’Alexandre, le préjugé défavorable des Grecs vis-à-vis des langues étrangères aura la vie longue. Rome le reprendra à son compte, avec moins de rigueur sans doute. Ce n’est pas sans difficulté que les Grecs finiront par reconnaître au latin un statut différent de celui des autres langues. La diffusion du christianisme dans l’Empire de Rome et au-delà contribua à l’ouverture vers les langues autres que le grec et le latin, mais ce changement de perspective n’aura lieu qu’à la fin de l’Antiquité au prix d’une extirpation difficile de préjugés profondément enracinés dans les mentalités. C’est seulement au IVe siècle que la Bible, texte écrit dans une langue étrangère, sera considérée par le rhéteur païen de Constantinople Thémistios comme l’un des ouvrages importants de l’humanité90.

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Notes

  1. Cicéron, De republica, 1.58.
  2. En français multilinguisme est utilisé pour des personnes (c’est un synonyme de polyglotte) et plurilinguisme pour les sociétés. Les deux mots sont toutefois souvent confondus. Voir Biville 2018, n. 2. Mullen (2012, 23) parle de “societal bilingualism”, qu’elle définit comme “the use of two or more languages within a community (strictly speaking multilingualism should be employed for more than two languages, but the term bilingualism tends to be extended).”
  3. Sur le multilinguisme dans l’Antiquité, il existe quelques synthèses utiles : Adams 2003, Franke 1986, Kakridis 1969, Lochner von Hüttenbach 1979, Lüdi 1995, Martos Fornieles 2018, Moggi 1998, Mosley 1971, Mullen & James 2012, Müller et al. 1992, Oniga 2003, Peeters 1935 ; Petersmann 1998 ; Prosdocimi 1989, Rochette 1995 ; Rotolo 1972, Werner 1983, 1989, 1992.
  4. Momigliano 1975. Il est important d’appréhender cette étude de Momigliano de façon critique. À cette fin, il est utile de lire l’analyse de Salmeri 2006.
  5. Dostálová 1997.
  6. 11.1-9. Borst 1957-1963, 1, 116-117.
  7. Borst 1957-1963, 2, 89-108 (Grèce), 133-188 (hellénisme et Empire), 218-257 (christianisme primitif et pères de l’Église grecs), 2, 366-404 (Pères de l’Église latins).
  8. Rotolo 1972, 409, n. 52.
  9. Quint. 11.2.50.
  10. Plin. 25.3.2 ; Aulu-Gelle 17.17. Wiotte-Franz 2001, 59.
  11. Davies 2002, 164. 
  12. Plut., Antoine, 27.3-5. Clackson 2015, 31 ; Strobach 1997, 160 et 174 ; Thissen 1993, 241 ; Wiotte-Franz 2001, 58-59 ; Rochette 2021.
  13. Werner 1983.
  14. De Luna 2003, 19-44 ; Werner 1989.
  15. 6.15. Wiotte-Franz 2001, 111, 139.
  16. 11.3.9.
  17. Lejeune 1948.
  18. Schmeja 1975 ; Schmitt 1967, 1978, 1979, 1983, 2002, 2006.
  19. Harrison 1998 ; Miletti 2008, 71-115.
  20. Huyse 1990.
  21. Hérodote, 2.57. Miletti 2008, 49-50 ; Munson 2005.
  22. 1060 : οὔθ᾽ Ἑλλάς, οὔτ᾽ ἄγλωσσος, οὔθ᾽ ὅσην ἐγὼ / γαῖαν καθαίρων ἱκόµην, ἔδρασέ πω.
  23. De Luna 2003, 47-57 ; Tedeschi 1978.
  24. Sur la diversité des langues comme moyen d’expression littéraire, Elwert 1960, Forster 1970, Goetsch 1987, Kramer2002. Nous retrouvons le procédé dans le Poenulus de Plaute (Faller 2004, 170-196).
  25. Brixhe 1988 ; De Luna 2003, 245-264.
  26. Colvin 1999, 290-291 ; Willi 2003, 198-1225. Voir aussi Acharniens, 100 (Willi 2004) et 104 [Pseudartabas, l’œil du Grand Roi] et Oiseaux, 1615, 1628-1629, 1678-1679 [un dieu triballe] (Colvin 1999, 288-289). Un procédé analogue, mais moins marqué, se trouve dans les Perses de Timothée (Colvin 1999, 54-56), texte composé vers 398/396 (150-161).
  27. Schmitt 1992.
  28. Rochette 2003.
  29. Kaimio 1979.
  30. Clackson 2015, 29-32.
  31. Hdt. 2.125.6. Miletti 2008, 48 ; Thissen 1993, 243-244 ; Wiotte-Franz 2001, 18-19.
  32. Hdt. 2.154.7. Miletti 2008, 48 ; Wiotte-Franz 2001, 18, 21, 140, 147, 166.
  33. De Luna 2003, 155-213 ; Miletti 2008, 23-38.
  34. 1.86. Miletti 2008, 46-48 ; Wiotte-Franz 2001, 40-41.
  35. 4.114. Miletti 2008, 51-54 ; Wiotte-Franz 2001, 42.
  36. 4.117. Miletti 2008, 53, 61.
  37. 4.78. Miletti 2008, 51.
  38. 4.80.
  39. Salmon 1956 ; Munson 2005, 19-23.
  40. 421c.
  41. 4.27. Hinge 2005, 89-90 ; Miletti 2008, 74.
  42. Hinge 2006, 114-115.
  43. Davies 2002, 166.
  44. 5.58. Miletti 2008, 39, 42.
  45. 5.59.
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  48. Zgusta 1980.
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  50. Commentariolum petitionis, 54.
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  52. Calzini Gysens 1987 ; Solin 2012, 98.
  53. Turcan 2006.
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  90. Or., 11.147b-c.
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Chapitre de livre
EAN html : 9791030008265
ISBN html : 979-10-300-0826-5
ISBN pdf : 979-10-300-0827-2
ISSN : en cours
15 p.
Code CLIL : 4117
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Comment citer

Rochette, Bruno, “Linguarum diversitas. Réflexions sur l’expérience de l’alloglossie dans l’Antiquité gréco-romaine”, in : Roure, Réjane, avec la collaboration de Lippert, Sandra, Ruiz Darasse, Coline, Perrin-Saminadayar, Éric, éd., Le multilinguisme dans la Méditerranée antique, Pessac, Presses universitaires de Bordeaux , collection Diglossi@ 1, 2023, 19-34, [en ligne] https://una-editions.fr/alloglossie-dans-lantiquite [consulté le 02/05/2023]
10.46608/diglossia1.9791030008265.2
Illustration de couverture • Relevés de divers graffitis en phénicien, ibère, étrusque, gallo-grec, grec, latin, hiéroglyphes (DAO par Réjane Roure, Coline Ruiz-Darasse, Sandra Lippert, Bruno d'Andrea) sur une photo d'Alix Barbet (thermes de Stabies à Pompéi).
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