Le Liber Chronicarum (Weltchronik en allemand) est une chronique prépondérante de la production cosmographique de l’humanisme allemand. Commandité par les marchands de Nuremberg et publié par Hartmann Schedel (1493), il associe les textes de ce dernier aux gravures de l’atelier de Michael Wolgemut ; d’où son nom, en français, de Chronique de Nuremberg. Le XVIe siècle a vu s’épanouir le genre de la cosmographie qui intègre deux dimensions complémentaires : une compilation sur l’origine et l’histoire de l’univers (dimension temporelle) et une compilation géographique (dimension spatiale). Ces cosmographies sont composées comme des encyclopédies d’histoire et de géographie, avec de longs développements sur les sciences (histoire naturelle, astrologie, astronomie…). Parmi les productions les plus notoires du XVIe siècle, il faut citer la Cosmographia universalis (1544) de Sébastian Münster, qui traite de différents sujets notamment la géographie, l’astronomie et les mathématiques, le Theatrum Orbis Terrarum (1570) d’Abraham Ortelius, qui ne comporte pas de représentations de villes mais des cartes “régionales”, l’ouvrage de Georg Braun et Frans Hogenberg, Civitates Orbis Terrarum (1572) en six tomes, enfin, la Cosmographie universelle de tout le monde (1575) de François de Belleforest. Néanmoins, le Liber Chronicarum d’Hartmann Schedel constitue la principale œuvre ayant précédé ces cosmographies.
Les principaux travaux sur le Liber Chronicarum sont issus de l’historiographie allemande. L’approche principale est littéraire, axée essentiellement sur la composition du texte de la chronique, son origine et son organisation. L’idée générale est le plus souvent de montrer en quoi elle se démarque des chroniques médiévales antérieures – notamment germaniques – ou insiste sur l’identification des œuvres que H. Schedel avait copiées ou compilées. Les historiens d’art se sont, quant à eux, limités à discuter l’iconographie abondante, le grand nombre d’images intégrées dans un ouvrage imprimé constituant un aspect novateur à la fin du XVe siècle, puis à s’interroger sur la contribution potentielle d’Albrecht Dürer à l’atelier de Wolgemut. En revanche, la représentation urbaine n’a que peu été étudiée1 pour elle-même, tout comme les liens entre le texte et les images. L’ouvrage fondateur et toujours de référence reste celui d’Élisabeth Rücker, Die Schedelsche Weltchronik2, publié en 1973. Elle est la première à s’intéresser aux représentations de la chronique universelle et en particulier à celles des villes, jusqu’à y consacrer la moitié de sa courte publication. Elle y dissocie les vues “réalistes”, c’est-à-dire présentant un caractère d’exactitude permettant de reconnaître la ville par la représentation et la disposition de ses monuments, des vues “fantaisistes/imaginaires”, représentant une ville de façon générique ne présentant aucun caractère distinctif d’une ville donnée. Elle en étudie les “bois”, leurs dimensions et leur nombre, notant ainsi l’utilisation multiple de certains bois pour plusieurs villes. Pour les vues dites “réalistes”, son analyse, qui porte essentiellement sur le texte, est factuelle et topographique sans véritable travail d’interprétation. Vingt ans après Elisabeth Rücker, un géographe allemand, Werner Kreuer, s’intéresse exclusivement aux vues réalistes de l’ouvrage3. Il associe l’image de la ville et la transcription du texte en gothique, identifie chaque monument représenté sur l’image (clochers, tours, murailles…), dans une approche de géographie historique, puis il tente d’identifier le point de vue imaginaire ou réel d’où aurait pu être réalisée la vue. Cependant, le meilleur spécialiste de la Chronique de Nuremberg et de Hartmann Schedel demeure Stephan Füssel, titulaire de la chaire Gutenberg à l’université de Mayence, grand connaisseur des débuts de l’imprimerie. En 1993, à Nuremberg, il organise ainsi une conférence pluridisciplinaire pour commémorer les 500 ans de la Chronique4. Il est aussi à l’origine de la publication du fac-similé de la version allemande aux éditions Taschen en 20015. Cette reproduction s’accompagne d’une étude introductive présentant l’auteur, l’œuvre et sa composition pour guider le lecteur. Il reprend l’analyse de l’organisation de l’œuvre et son découpage par âge, en s’intéressant à la façon dont Schedel introduit les villes dans les différents âges. L’historiographie française est moins prolixe sur le sujet ; Nicolas Hautemanière, dans un mémoire de Master, a étudié l’ouvrage par le biais des notices afin d’analyser des thématiques spécifiques (unité de la chrétienté, idée de croisade) mais sans aborder le contenu iconographique ou la question urbaine. Enfin, dans un article publié en 2017, Rémi Mathis a retracé le parcours “matériel” d’un autre exemplaire latin du Liber Chronicarum, conservé à la BnF sous la cote QE-55-FOL.
À l’aune de ces recherches, que sait-on de l’auteur et de son œuvre ? Hartmann Schedel, est né à Nuremberg en 1440. Il est orphelin à l’âge de 11 ans et c’est son oncle Hermann Schedel qui l’élève puis l’insère dans les réseaux humanistes de la seconde moitié du XVe siècle. Il hérite de sa bibliothèque qu’il enrichit6. Il obtient le titre de maître ès-art à Leipzig en 1462 puis étudie la médecine à Padoue de 1463 à 1466. Il voyage ensuite à Aix-la-Chapelle, dans les Flandres et dans le Brabant avant de s’installer comme médecin à Nördlingen (1470-1477), puis à Amberg (1477-1480/1481) pour revenir à Nuremberg où il intègre le Grand Conseil dès 1482. Il est mandaté par des marchands de Nuremberg, Sebastian Kammermeister et Sebald Schreyer, pour prendre en charge l’écriture de ce qui deviendra le Liber Chronicarum. Cette commande faisant suite aux diètes impériales qui se sont tenues à Nuremberg en 1487 et 1491, il est vraisemblable que les commanditaires aient souhaité doter la ville d’une histoire à la mesure de sa nouvelle position dans l’Empire, consacrant sa prétention à codiriger l’Empire7. L’auteur peut notamment compter pour cette entreprise – réalisée entre 1491 et 1493 – sur les contributions de nombreux humanistes, en particulier le médecin et voyageur, Hieronymus Münzer ou le poète Conrad Celtis, mais en reste le principal rédacteur. Publié en 1493, l’objectif de cet incunable est de décrire l’histoire du monde en 299 folios ; cette volonté de reconstituer une histoire universelle s’observe dans le titre du colophon de la version allemande : Buch der Cronicken und gedechtnus wirdigern Geschichten, soit “Le livre des chroniques et de la vraie histoire”. Il se différencie des chroniques précédentes par sa volonté d’actualisation des informations et une description tant du monde biblique que contemporain. L’ouvrage se compose de plus de 1 800 gravures spécialement réalisées par l’atelier de Michael Wolgemut et Wilhelm Pleydenwurff. Il est publié pour la première fois, le 12 juillet 1493 en latin, puis le 23 décembre 1493 en version allemande. On estime le nombre d’exemplaires produits à 1 400 en latin (1 287 conservés aujourd’hui) et 700 en allemand (343 conservés aujourd’hui). La version allemande n’est pas une simple traduction mais une réécriture simplifiée en langue vernaculaire, qui s’apparente à ce que l’on pourrait appeler aujourd’hui une vulgarisation. L’œuvre est un véritable “best-seller” qui s’est diffusé au-delà des frontières de l’Empire, notamment par le biais d’une copie de moindre qualité en petit format et beaucoup moins onéreuse, réalisée par l’imprimeur Johann Schönsperger d’Augsbourg8.
En ce qui concerne son organisation générale, la chronique suit la structure conventionnelle de l’histoire de l’humanité selon la Bible, soit l’articulation en six âges marqués par des événements fondateurs : 1. De la Création au Déluge ; 2. Du Déluge à la naissance d’Abraham ; 3. De la naissance d’Abraham au royaume de David ; 4. Du royaume de David à la captivité de Babylone ; 5. De la captivité de Babylone à la naissance du Christ ; 6. De la naissance du Christ à nos jours (1492). Y sont adjoints deux autres âges très courts : un septième raconte l’arrivée de l’Antéchrist et un ultime âge relate le Jugement Dernier. À la suite de cette présentation chronologique, la chronique se poursuit en insistant sur une approche géographique, région par région.
L’exemplaire, étudié dans le présent article, est conservé sous la cote GE-DD-1366 (RES) au département Cartes et Plans de la BnF9. C’est un in-folio qui semble être dans sa reliure originale10, avec une couvrure claire (peut-être de la truie), un dos à cinq vrais nerfs, des tranches bleues, un tranchefile brodé et des décorations à froid. Il comporte une table sans foliotation au début et reprend la structure évoquée précédemment. Il est annoté de différentes mains dans la marge et comporte des gravures colorées ou en monochrome.
Cet article s’intéresse uniquement aux représentations des villes, tant textuelles qu’iconographiques, en se focalisant plus particulièrement sur les 33 vues « réalistes ». Ces 33 représentations sélectionnées, principalement de villes allemandes, peuvent être qualifiées de réalistes car elles permettent au lecteur d’identifier la ville grâce à des éléments particuliers (édifices, architecture, hydrographie). Le plus souvent présentées en double page, elles établissent une hiérarchie urbaine dans le Saint-Empire romain germanique, où Nuremberg occupe la place d’honneur11, alors que les autres villes ne bénéficient que d’une vignette générique. En inscrivant les villes allemandes, tant dans l’espace que dans l’histoire, nous chercherons à déterminer en quoi le Liber Chronicarum peut être considéré comme un atlas urbain et comment par sa composition, il constitue un éloge de la ville et plus précisément des villes impériales et de Nuremberg.
Le Liber Chronicarum, un atlas urbain ?
Le Liber Chronicarum en regard des cosmographies du XVIe s.
La place accordée dans les cosmographies aux représentations de ville est conséquente ; seul le Civitates Orbis Terrarum de Braun et Hogenberg en comporte une part plus importante, qui occupe plus d’un quart de l’ouvrage. Dans le Liber Chronicarum, les villes représentées sont, pour l’essentiel, en Europe centrale et plus particulièrement dans l’espace du Saint-Empire (fig. 2).
L’ouvrage de Münster, comporte 103 représentations de villes dont la répartition est à peu près similaire à celle du Schedel avec une densité beaucoup plus importante au niveau du Saint-Empire, notamment sur le cours du Rhin. Le Civitates Orbis Terrarum de Braun et Hogenberg couvre l’essentiel de l’Europe et du pourtour méditerranéen qui comportent 421 des 439 villes représentées dans les différents tomes. L’essentiel des villes “hors-cadre” est situé en Inde, en Afrique et en Amérique. Enfin, François de Belleforest, a intégré à son ouvrage 131 représentations de villes, dont 121 sont réparties dans le même espace que le Liber Chronicarum, faisant la part belle au territoire français. La plupart des villes non européennes sont, comme pour le Braun et Hogenberg, situées en Inde, en Afrique et en Amérique. Dans chacune de ces cosmographies, les villes sont insérées de manière différente et le traitement qui leur est accordé n’est pas le même du fait des choix de l’auteur et du contexte de réalisation de l’ouvrage. Toutefois, les représentations sont systématiquement associées à des descriptions textuelles dont la structure et le contenu sont variables pour chaque ville. Ce qui différencie notamment le Civitates Orbis Terrarum du Liber Chronicarum est la logique globale de l’ouvrage. En effet, dans l’ouvrage de Braun et Hogenberg, les représentations et descriptions urbaines se succèdent sans logique géographique – cas des cosmographies de Münster et de Belleforest – ou historique, alors que Schedel construit son histoire du monde autour des représentations et descriptions de villes qui jalonnent l’ouvrage (cf. infra).
Ces données chiffrées et cartographiques permettent de souligner combien, dans ces ouvrages à visée encyclopédique, la ville tient un rôle primordial ; en effet, en ce qui concerne le Liber Chronicarum, il y a 75 représentations de villes en 600 pages soit une toutes les 8 pages12. Mais au-delà de cette importance numérique, ce sont la structure de l’ouvrage et la forme de ces images qui sont déterminantes pour l’apparenter à un atlas.
Ce qui en fait un atlas
La structure chronologique évoquée en introduction inclut des représentations iconographiques de villes et leur description textuelle au cours des différents âges (fig. 3). Ainsi, aucune ville n’est représentée au 1er âge. Jérusalem et Ninive sont présentées dès le 2e âge (folios 17r et 20r). Le 3e âge (folios 21v à 46r) comprend plusieurs villes dont les cités grecques, Paris ou encore une représentation en double page de Venise. Le 4e âge comporte notamment la représentation de Rome en double page (folios 57v-58r). Le 5e âge regroupe surtout des villes italiennes, dont Florence en double page, mais aussi les représentations d’Augsbourg et Cologne en double page. Le 6e âge (après J.-C.) – le plus long en nombre de folios – est très largement centré sur les terres du Saint-Empire et fait figurer notamment la représentation de Nuremberg en double page (folios 99v-100r). Alors que les deux âges terminaux en sont privés, la fin de la chronique, centrée sur les régions, comporte quatre représentations de villes, dont une vignette de Constantinople et trois doubles pages des villes de Lübeck, de Nysa et de Cracovie.
Il ne s’agit certes pas d’une simple succession de représentations de villes et de leur description, néanmoins, dans le contexte de sa chronique, H. Schedel donne la part belle aux villes qui semblent façonner l’Histoire. La représentation du monde se fait au travers des représentations urbaines. Celles-ci sont intégrées aux différents âges – surtout entre le 3e et le 6e, c’est-à-dire de la naissance d’Abraham à 1492 – en fonction de leur date de fondation ; l’ancienneté de cette fondation participe au discours laudatif urbain général, tout comme la manière dont les villes sont représentées.
Dans le Liber Chronicarum, les représentations iconographiques des villes sont réelles ou imaginaires. Les représentations imaginaires sont systématiquement des vignettes réalisées sur une demi-page et dont le bois a pu être réutilisé à différentes reprises dans l’ouvrage. Certains bois (15 en tout, 11 concernant les villes) ont été remployés plusieurs fois pour représenter différentes villes – voire des régions – sans logique apparente (fig. 4 et 5).
* Les planches sont numérotées dans l’ordre d’apparition.
Par exemple, Trêves, Padoue, Marseille, Metz et Iznik (Nicée), ainsi que la Lituanie, ont été représentées par la même illustration13. Ce bois a donc été réutilisé à six reprises, alors que quatre autres planches l’ont été seulement deux fois et qu’une autre a été remployée à dix reprises pour illustrer sept villes et trois régions. Ces éléments montrent que certaines vues sont de simples illustrations génériques, qui ne représentent pas une ville précise. Par exemple, la planche choisie pour représenter Metz, Marseille (fig. 6a, b, c)… présente une ville plutôt de type oriental avec un croissant sur le principal édifice, à l’arrière-plan dans le registre droit ; une représentation qui peut correspondre à Iznik mais difficilement aux autres. Inversement, Damas ou Alexandrie sont figurées par une planche présentant une ville qui pourrait être qualifiée de plus “occidentale” ou du moins chrétienne, étant donnée la croix qui se dresse sur l’édifice dans le registre droit pour Damas et dans le registre gauche pour Alexandrie14. Au-delà de ces considérations architecturales, les éléments topographiques ne sont a priori pas considérés non plus ; ainsi Marseille et Metz ou Naples et Pérouse, des villes portuaires de premier plan et des villes continentales, sont représentées de la même manière.
En effet, pour ces vignettes, les villes sont figurées dans un cadre très resserré, intra-muros, qui ne permet pas d’appréhender et d’identifier le contexte topographique et hydrographique général, ce qui, de fait, facilite le réemploi. Les éléments de décoration extra-muros permettent simplement de combler les blancs. L’objectif qui prévaut alors est probablement de réaliser un ouvrage richement illustré dans un temps très court (moins de deux ans), comme le montre la grande quantité de gravures (plus de 1 800). La ville n’est pas forcément mise en exergue par ces représentations standardisées, toutefois, il est intéressant de noter la volonté de systématiquement représenter l’objet ville, ce qui n’est, par exemple, pas le cas dans la Cosmographie de Belleforest où de nombreuses descriptions de villes ne sont pas accompagnées de représentations iconographiques.
La description textuelle vient compléter la description iconographique pour former une image complète de la ville, en apportant des éléments qui ne peuvent pas toujours être reproduits, comme l’étymologie du nom de la ville, des faits culturels, l’illustre fondateur… Dans cette perspective, une vie de saint, des faits historiques ou un tableau de l’arrière-pays peuvent être prétexte à une description urbaine.
Conformément aux usages de son époque, H. Schedel ne cite pas ses sources, néanmoins des travaux ont montré que “chaque phrase, même chaque mot peut être retrouvé dans ses sources en particulier les sources imprimées”15, dont il dispose dans sa bibliothèque16. Ses notices descriptives sont des compilations d’ouvrages antérieurs qu’il sélectionne afin de créer un propos qui convient à sa chronique. L’éloge d’un prince peut se fondre dans celui de la ville, comme c’est le cas avec la description de Prague qui prend la forme d’un éloge de Charles IV, dont il puise l’essentiel du texte dans trois ouvrages17 : l’Historia Bohemica d’Enea Silvio Piccolomini, le futur pape Pie II (1463), le Supplementum Chronicarum de Foresti da Bergamo (1483) et le Decades ou Décennies historiques depuis le déclin de l’Empire romain de Flavio Biondo (1483).
Cet attachement d’H. Schedel à la complémentarité du texte et de l’image, répétée à travers l’ouvrage, permet là encore de considérer le Liber Chronicarum comme un atlas urbain. Mais il est important de souligner le côté inconscient de cette démarche car son objectif initial n’est pas de faire un atlas mais une chronique sur l’histoire du monde pour une audience citadine18.
De l’image au texte
Les vues réelles au cœur de l’Atlas
Trente-trois villes sont représentées de manière réelle dans le Liber Chronicarum19. Sept le sont par une vignette sur un demi-folio20, 26 en double page21 (fig. 7).
Six de ces représentations urbaines sont copiées ou dérivées d’ouvrages antérieurs (par exemple Venise du Peregrinatio in Terram Sanctam22), les autres sont a priori des créations (fig. 8)23.
L’essentiel de ces vues réelles est situé sur le territoire du Saint-Empire, en particulier celles qui ont été créées pour le Liber Chronicarum. Cela montre que parallèlement à la compilation et à la copie d’ouvrages antérieurs, un travail de création pour une partie des villes proches de Nuremberg a été réalisé.
Des représentations pour comprendre les villes
Ces représentations urbaines en double-page, bien que propres à chaque ville, font apparaître des attributs urbains de manière récurrente. Ainsi en est-il de la présence systématique de l’enceinte urbaine, plus ou moins mise en avant et imposante mais toujours présente24. Elle prend généralement la forme d’une structure linéaire devant une ville “dépliée” (Augsbourg, Cologne, Vienne…), ou d’une ville entourée de ses murailles (Erfurt ou Florence). De même, le ou les points de vue employés pour la représentation, qu’ils soient réels ou imaginaires, montrent systématiquement la ville sise derrière son cours d’eau. Bien qu’étant plus ou moins visible, celui-ci occupe une place prépondérante dans les représentations et se trouve parfois agrémenté d’une activité fluviale de pêche (Salzbourg ou Ulm) ou de commerce (Constance ou Ratisbonne). On peut également noter la présence régulière d’éléments extra-muros particuliers, mis au premier plan et dont la symbolique devait être évidente, si ce n’est dans l’éloge de la ville, pour le moins dans son identification et ses particularités locales. Ainsi en est-il des deux cygnes sur la représentation de Vienne, de la croix et de la borne sur celle d’Erfurt ou de la barrière, l’ensemble « personnages-cible » au premier plan de la vue de Wurtzbourg (fig. 10). À côté de ces éléments particuliers, comme pour les représentations en vignette, des éléments de décor (rochers, arbres…) permettent d’occuper l’espace extra-muros et de “combler les vides”. Au-delà de ces éléments généraux (enceinte, hydrographie) et de ces détails extra-muros, ce qui permet d’identifier aisément la ville se trouve généralement intra-muros, comme la taille démesurée du clocher de la cathédrale de Strasbourg (fig. 9).
Strasbourg, cette ville ancienne et puissante25, située près des Suisses sur le Rhin, était d’abord sous la domination de Trèves, la capitale des Pays-Bas, a été fondée à l’époque d’Abraham. L’empereur Jules (Jules César), avait conquis toute la Suisse et les régions avoisinantes et placé une Chambre des Romains dans la même ville afin de collecter le tribut, les intérêts ou l’impôt. D’où le nom de cette ville : Argentina. Ce qui signifie quelque chose comme “mine d’argent”. Mais quand Attila, le Hun, a plus tard attaqué les terres illyriennes avec son armée vers le Nord, puis a rapidement traversé presque toute l’Allemagne et détruit toutes les villes et les châteaux, il est finalement arrivé au Royaume de Constance, près de Bâle , où le roi Sigmund, Prince du même pays, lui fit face avec une grande armée. Mais il fut battu par Attila après la fuite de toute son armée. C’est ainsi qu’Attila poursuivit sa route jusqu’à la ville fortifiée de Strasbourg qu’il assiégea et prit (ce qu’aucun empereur romain n’avait pu réaliser) et dont il abattit les murs en de nombreux endroits afin que beaucoup puissent facilement trouver leur chemin et leur ouvrir facilement l’accès à la ville. Et Attila donna l’ordre explicite que le mur ne soit pas reconstruit de son vivant. La même ville ne devait plus être appelée Argentina ou toute autre déclinaison de ce nom, mais en raison des nombreuses possibilités d’accès et des routes qui traversaient le mur, Strassburg. Après un certain temps, les rois de France ayant pris l’ascendant sur les Suisses, prirent possession de cette ville et y établirent des ducs. Ainsi, le père de Saint-Ottilie possédait le duché non seulement sur la ville, mais aussi sur le pays et a construit entre autres Hohenburg. C’est ainsi qu’Albertus, son fils et ses descendants ont régné après lui. Cette ville a ensuite pris son indépendance des empereurs romains, est devenue directement ville d’Empire, a adopté la bonne foi chrétienne grâce à saint Materne, qui fut envoyé par saint Pierre aux villes rhénanes.
Selon le propre vœu et du fait de la volonté et de l’excellence des citoyens, cette ville a construit une très grande maison de Dieu avec en particulier une tour d’une beauté inhabituelle d’une hauteur spéciale et a rassemblé la noblesse des châteaux et des villes à proximité en grande harmonie. Il y a également (à Strasbourg) un important évêché, que les princes ont également présidé. Outre le Rhin, la ville possède deux autres fleuves navigables qui se jettent dans le Rhin.
Plus généralement, la mise en valeur systématique des tours, des clochers et de certains édifices nous a amenés à analyser plus précisément la nature du bâti monumental et à ainsi distinguer les bâtiments religieux des édifices civils. Sur 23 des 28 villes en double page26, a été recensé27 un total de 597 bâtiments intra-muros, dont 271 de nature religieuse et 326 de nature profane. Il existe toutefois une grande hétérogénéité dans les représentations ; en effet, trois villes comptent davantage de bâtiments religieux que de bâtiments profanes, à savoir Bamberg (16 pour 8), Prague (20 pour 11) et surtout Erfurt (25 pour 7). Mais plus généralement, ces chiffres évoquent une évolution par rapport aux représentations médiévales, où les villes sont figurées par leur enceinte et quelques clochers d’églises. La part des édifices civils est aussi caractéristique du développement urbain, avec de grandes tours associées aux bâtiments communaux ou aux châteaux ou palais princiers, épiscopaux et hôtels bourgeois. Pour Nuremberg, les deux tiers des bâtiments ne sont pas des édifices religieux. Les commanditaires de H. Schedel, étant des notables de Nuremberg ; la Chronique se devait alors de mettre en valeur les éléments représentatifs du pouvoir urbain d’une ville impériale de premier plan. Pour l’ensemble des représentations, rares sont les détails relatifs aux rues et aux maisons. Le tissu urbain apparaît systématiquement très dense et les rues ne sont pas visibles, de sorte que les maisons semblent combler les espaces entre les points remarquables de la ville intra-muros.
Des descriptions textuelles à l’image des villes
Les descriptions textuelles reprennent systématiquement deux éléments : la renommée de la ville et sa situation géographique, mis au service de la laudatio. Le propos descriptif peut évoquer, sans qu’il n’y ait de schéma constant, diverses thématiques : la ville (situation, description, monuments, qualité des habitants, richesses), l’histoire (étymologie, origines antiques, fondation, hommes illustres), le pouvoir épiscopal (saint patron, reliques, établissements religieux, évêque), le pouvoir impérial, la géographie, l’actualité politique et les institutions. Certains éléments peuvent apparaître de manière régulière, comme par exemple des éléments historiques, étymologiques ou relatifs aux monuments. Certains sujets ne sont présents que très rarement comme la christianisation (Salzbourg, Wurtzbourg, Eichstätt) et les institutions (seulement quatre villes), bien qu’elles soient particulièrement détaillées pour Vienne, Ulm et Constance. La longueur du propos est très variable et peut aller de quelques lignes (22 lignes pour Eichstätt) à une description beaucoup plus développée (93 lignes pour Nuremberg). L’intérêt peut être porté sur un élément en particulier, qui prend une place conséquente dans la description selon ce que H. Schedel a voulu mettre en exergue ; ce peut être un événement important de l’époque – les conciles de Constance (1414-1418) et Bâle (1431) ; la météorite d’Einsisheim (1492) – un saint patron, tel saint Kilian pour Wurtzbourg ou saint Willibald pour Eichstätt (fig. 10), ou encore un prince majeur, tel Dagobert pour Erfurt, Louis de Bavière pour Munich ou Charles IV pour Prague.
Herbipolis s’appelle Wüzburg en langue vernaculaire. La ville exceptionnelle et célèbre de l’empire franc oriental, appelé Franconie, se trouve sur la rivière Main, qui prend sa source dans les montagnes de Bohême. La déesse païenne Diane y fut honorée jusqu’au temps de saint Kilian, le martyr qui instruisit le duc Gosbert et ses sujets dans la foi chrétienne. Son fils “Hetanus”, le duc, a construit la première église sur une colline, en l’honneur de Würzburg, à la gloire de la Vierge Marie. Cette Franconie est en partie plate, en partie vallonnée. Les montagnes ne sont pas hautes, le sol n’est pas gras, mais surtout sablonneux. Dans de nombreux endroits, les montagnes sont remplies de vignobles qui donnent du bon vin et en particulier dans la région de Würzburg. Et bien que ce pays soit divisé en plusieurs domaines, c’est l’évêque de Würzburg qui est désigné comme duc de Franconie, et puisque la ville est le siège de l’évêque, il est respecté en conséquence comme un duc des Francs. Et quand il accomplit l’office divin, une épée nue repose devant lui sur l’autel.
Près de la ville sur une haute montagne (appelée montagne de Notre Dame) est bâti un château remarquable, dont la réalisation a nécessité un grand talent artistique et de grands efforts de construction. C’est là que l’évêque réside le plus souvent. Maintenant, la forteresse est construite sur une haute montagne et est imprenable sur trois côtés, du fait de la nature même de son emplacement. Le quatrième côté est fortifié avec un pont et un fossé très profond, plus une tour renforcée de meurtrières et de parapets tout autour. Au sommet de la même tour, réside un veilleur qui s’assure que l’appel de “la corne d’alerte” sera entendu. Il s’y trouve aussi une chapelle consacrée en l’honneur de Dieu. Il y a de nombreux appartements beaux et spacieux dans le château lui-même, de grandes caves et de nombreuses écuries sous le château.
Cette noble cité possède trois églises de chanoines, sans compter la cathédrale épiscopale et quatre églises d’ordres mendiants, ainsi que celles des ordres de saint Benoît, saint Stefan, des chartreux, des chevaliers teutoniques, johannites et même des moines écossais, plus cinq monastères. Dans cette ville, il y a cinq paroisses et deux hôpitaux, également la Chapelle mariale avec une tour remarquable, ainsi que de belles maisons et cours appartenant tant aux chanoines qu’à des bourgeois de la ville. Le titulaire actuel du siège épiscopale de Würzburg est le noble et excellent évêque Rudolf von Scherenberg, qui a atteint sa quatre-vingt dixième année et a augmenté et enrichi le diocèse avec d’innombrables trésors et divers biens.
Il est très clair qu’en observant de près la représentation iconographique et la description textuelle des villes présentées dans le Liber Chronicarum, texte et image apparaissent de manière complémentaire pour évoquer l’imago urbis dans une dimension laudative. Laurent Pernot28 a montré que la structure d’un éloge urbain répond à un modèle récurrent défini par Ménandre le Rhéteur à l’époque hellénistique ; les topos utilisés mettent en exergue la situation et le site, les origines (comprenant le fondateur et les circonstances de la fondation, son peuplement), les qualités et les fonctions (force de la cité, taille…), les actions (subdivisées en quatre vertus : justice, tempérance, prudence et courage), enfin, la beauté des édifices et de la cité. Dans le Liber Chronicarum, cette structure est respectée, pour chaque ville, par la combinaison indissociable du texte et de l’image (fig. 9 et 10) ; l’image souligne le site, la beauté et les monuments de la ville, ainsi que ses activités ; le texte, quant à lui, décrit la situation de la ville, son histoire, ses qualités et ses vertus, et précise sa description. L’alliance du texte et de l’image instaure bel et bien la dimension laudative requise pour l’éloge de la ville.
Un atlas allemand ?
L’espace germanique et du nord de l’Italie occupe une place prépondérante dans la chronique. La ville de Nuremberg est au cœur de cet espace et sa distance aux autres villes permet de comprendre cette centralité (fig. 11).
Trente-quatre villes représentées par une gravure dans le Liber Chronicarum sont à moins de 500 km de Nuremberg et correspondent à une grande partie de son hinterland et de son réseau commercial (fig. 12). En ce qui concerne les 27 villes ayant fait l’objet d’une représentation sur une double page, 21 d’entre elles sont incluses dans ce même cercle et la moitié d’entre-elles se situe même à moins de 250 km de Nuremberg29. Malgré le fait que Schedel ait vécu à Amberg, à Nördlingen ou à Aix-la-Chapelle et étudié à Leipzig, cela ne l’a pas incité à représenter ces villes. On constate également l’absence des grands ports de la Hanse, à l’exception de Lübeck, des grandes cités rhénanes à l’exception de Cologne et des centres urbains des Flandres, du Brabant et des Provinces Unies. La Chronique est donc volontairement centrée sur la capitale de la Franconie et sur le sud de l’Empire, traduisant les nombreux échanges tant commerciaux qu’intellectuels entre les principaux évêchés, archevêchés et villes impériales d’Allemagne du sud et les grands pôles urbains d’Italie du nord (fig. 12). L’absence, ô combien notable, de Francfort, grande rivale de Nuremberg au titre de capitale impériale, traduit la volonté d’Hartmann Schedel et de ses commanditaires de placer Nuremberg au sommet de la hiérarchie urbaine impériale. Secondée par les villes impériales et les évêchés de Bavière et de Franconie, toutes représentées en double page, Nuremberg établit sa supériorité sur les villes non représentées du reste de l’Allemagne du nord et rhénane.
Nuremberg
Cette centralité de Nuremberg se retrouve dans la représentation et la description textuelle qui lui sont accordées dans l’ouvrage ; il s’agit véritablement de la ville des superlatifs pour le Liber Chronicarum. La représentation qui se trouve aux folios 99v-100r (folio C) prend une double page intégrale, cas unique dans l’ouvrage (fig. 13) et qui n’a rien de fortuit. Pour l’homme du XVIe siècle, fasciné par les nombres et “perpétuel déchiffreur de symboles”30, 100 est un nombre parfait, celui qui renferme le secret de toute création. Ainsi, par sa foliotation, l’image suggère que Nuremberg incarne la perfection31. La ville est représentée avec une double enceinte flanquée d’un très grand nombre de tours qui semblent être, pour certaines, équipées de pièces d’artillerie, protégeant les maisons patriciennes intra-muros. Ces tours jalonnent la ville, ainsi que des clochers, dont ceux de Saint-Sébald (terminé en 1379) et de Saint-Laurent (consacré en 1477) directement identifiés sur la représentation32. La vue de Nuremberg est celle qui comporte le plus de bâtiments identifiables – 37 intra-muros – dont la majorité sont des bâtiments civils (cf. supra). Au centre de la représentation, le château impérial avec son architecture particulière domine la ville. Cette mise en exergue d’un ou plusieurs édifices se retrouve dans plusieurs représentations d’autres villes, comme le clocher de la cathédrale de Strasbourg qui sort du cadre de l’image (fig. 9), la tour-porte d’Ulm richement décorée ou encore le palais de Budavár à Buda. Extra-muros, les fourches patibulaires marquent le pouvoir juridictionnel de Nuremberg et le colporteur souligne sa dimension marchande.
La description textuelle est, elle aussi, la plus grande de l’ouvrage et se développe sur deux pages (93 lignes). Les deux tiers du texte sont consacrés à l’histoire de la ville à travers ses personnages importants, avec un long développement sur la période carolingienne puis sur le règne de l’empereur Charles IV. Ces éléments permettent de replacer la ville dans un passé glorieux et de légitimer ses prétentions politiques et économiques. L’importance du palais impérial – évoquée pour la représentation – est soulignée par le rappel du fait que la ville est dépositaire des insignes impériaux (manteau, épée, sceptre, orbe et couronne de Charlemagne) depuis 1424. Mais c’est aussi le siège de l’ostentation des saintes reliques, dont la description montre la sacralité de la ville et son lien avec le développement du christianisme, qui l’a fait s’inscrire pleinement dans l’histoire du monde. La place de la ville dans la chronique, au 6e âge, fait remonter sa fondation au premier siècle par l’un des apôtres – ainsi que celles de Vienne et de Ratisbonne – , marquant ainsi l’ancienneté et la primauté de son siège épiscopal, tout en attribuant la fondation à Néron de qui elle tirerait son nom (Neroberg). C’est un moyen d’asseoir la renommée de la ville sur son ancienneté dans une double filiation antique et chrétienne.
H. Schedel, nurembergeois comme ses commanditaires, insiste donc sur l’importance et la renommée de sa cité, à la fois comme ville impériale, place commerçante et cité d’art et d’architecture. Les représentations textuelles et iconographiques de la ville de Nuremberg, constituent la forme la plus aboutie de l’éloge urbain, dans un ouvrage où chaque représentation de ville répond déjà aux critères rhétoriques de l’éloge, faisant du Liber Chronicarum une laudatio Nurembergis ; à Nuremberg est associé dans cette prééminence le territoire du Saint-Empire, présenté en clôture de l’ouvrage.
La carte de l’Europe ou les volontés
de poursuivre la chronique
La carte de l’Europe clôturant le Liber Chronicarum33 offre des éléments d’interprétation sur le traitement très inégal des différents territoires européens, tout en ouvrant certains questionnements. Tout d’abord, elle conforte cette inégalité par le cadre choisi, centré sur les terres germaniques du Saint-Empire qui s’ouvre largement vers l’est. La plupart des villes représentées en double page dans le Liber Chronicarum se retrouvent sur cette carte (fig. 14) : Nuremberg, Bamberg, Augsbourg, Ratisbonne, Munich, Vienne, Ulm, Constance, Bâle, Strasbourg, Cologne, Salzbourg, Passau, Prague, Cracovie, Erfurt et Lübeck. Cependant de nouvelles villes font leur apparition sur cette carte alors qu’elles ne figurent pas dans le Liber Chronicarum et viennent combler les vides de la carte de l’Allemagne par l’ajout des villes de l’ouest (Luxembourg, Aix-la-Chapelle…), des vallées du Rhin et du Main (Francfort, Heidelberg, Mayence, Spire…), de la Hanse (Hambourg, Riga, Dantzig…). Arrivant en fin d’ouvrage, il est possible d’émettre l’hypothèse que cette carte pourrait constituer l’annonce d’une future nouvelle édition du Liber Chronicarum qui se serait enrichie de toutes ces villes. Un tel projet a existé, une nouvelle édition confiée à Conrad Celtis est connue mais n’a jamais abouti.
In fine, le Liber Chronicarum, qui est originellement une chronique sur l’histoire du monde des origines à 1492, fait bel et bien partie des premiers atlas urbains. La ville y tient une place considérable, non seulement à travers ses représentations réelles, en double page particulièrement détaillées et soignées, mais aussi du fait des notices qui leur sont associées et permettent d’embrasser toutes les dimensions de l’urbs par un discours laudatif complet.
Le succès de cet ouvrage a largement influencé l’émergence et la production d’atlas urbains au XVIe siècle ; c’est notamment le cas du Civitates Orbis Terrarum conçu, 80 ans plus tard, par Georg Braun et Frans Hogenberg, qui repose sur la même volonté d’offrir au lecteur une riche collection de portraits de villes, formant un atlas considérable, inégalé par ses ambitions cartographiques (439 représentations de villes) et couvrant un territoire s’ouvrant sur le Nouveau Monde.
Bibliographie
- Buchholzer-Rémy, L. (2006) : Une ville en ses réseaux : Nuremberg à la fin du Moyen Âge, Paris.
- Füssel, S. (1994) : 500 Jahre Schedelsche Weltchronik, Akten des internationales Symposions in Nürnberg, April 1993, Nuremberg.
- Füssel, S. (2001) : Hartmann Schedel, Weltchronik 1493, Cologne.
- Haitz, M. (1899) : Hartmann Schedels Weltchronik, Lunebourg.
- Hautemanière, N. (2015) : Le Livre des Chroniques de Hartmann Schedel. L’Empire et l’histoire universelle à l’aube de la modernité, mémoire de master 2, EHESS, Paris, Ruprecht Karls Univertät Heidelberg.
- Le Goff, J. (1989) : L’homme médiéval, Paris.
- Kreuer, W. (1993) : “Imago civitatis”, in : Stadtbildsprache des Spätmittelalters, Essen.
- Mathis, R. (2017) : “Histoire d’un exemplaire de la Chronique de Nuremberg”, in : Histoire du livre, blog de la Société bibliographique de France, [en ligne] https://histoirelivre.hypotheses.org/88 [consulté le 23/11/2021].
- Pernot, L. (1993) : La rhétorique de l’éloge dans le monde gréco-romain, Paris.
- Rücker, E. (1973) : Die schedelsche weltchronik. Das grösste Buchunternehmen der Dürer-Zeit. Mit einem Katalog der Städte ansichten, Munich.
- Trudel, N. (2005) : La Chronique de Nuremberg : la contrefaçon de Schönsperger, Montréal.
- Vogel, K. (1994) : “Hartmann Schedel als Kompilator: Notizen zu einem derzeit kaum bestellten Forschungsfeld”, in : Füssel, dir. 1994, 73-97.
- Von Loga, V. (1888) : “Die Städteansichten in Hartman Schedels Weltchronik”, Jahrbuch der Königlich Preussischen Kunstsammlungen, 1-2, 93-107, 184-186.
Notes
- Von Loga 1888, liste les villes représentées dans la chronique (Von Loga 1888, 93-107 et 184-196).
- Rücker 1973.
- Kreuer 1993.
- Füssel 1994.
- Füssel 2001.
- Une grande partie de la bibliothèque, dont son catalogue original, est conservée à la Bayerische Staatsbibliothek de Munich.
- Hautemaniere 2015, 152.
- Trudel 2005.
- Consultable sur Gallica : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b55007146t [consulté le 18/11/2021].
- N’ayant pu consulter l’ouvrage directement à la BnF, l’étude codicologique a été effectuée uniquement sur les images accessibles sur Gallica, d’où la marge d’incertitude.
- Buchholzer-Remy 2006, 42-45.
- 75 représentations mais seulement 44 “bois” : 33 représentant une seule ville (vues “réalistes”) et 11 bois réutilisées pour plusieurs villes (vues “fantaisistes”).
- Voir les folios 23r (Trêves), 44v (Padoue), 61r (Marseille), 110v (Metz), 194v (Nicée), 279v (Lituanie).
- Voir les folios 23v (Damas), 77v (Alexandrie).
- Haitz 1899.
- Le catalogue de sa bibliothèque est conservé à la Bayerische Staatsbibliothek de Munich sous la cote Clm 263. Voir : https://daten.digitalesammlungen.de/~db/0006/bsb00066373/images/index.html?seite=00001&l=de [consulté le 19/11/2021].
- Cette étude a été réalisée par Klaus Vogel (Vogel 1994).
- Un bilan comptable des ventes, daté de 1509 et conservé dans les archives de la ville de Nuremberg, montre que les 2 100 exemplaires ont été vendus à travers toute l’Europe, de la France à la Pologne et la Hongrie, mais principalement selon une couverture correspondant à celle des villes évoquées dans la chronique ; Nuremberg et sa région représentent le premier poste des ventes, suivi de Milan (200), Florence (70) et Vienne (40). Les acheteurs identifiés sont des marchands, des clercs et des universitaires, des libraires/imprimeurs, vraisemblablement des intermédiaires.
- Jérusalem est comptée deux fois car elle apparaît au folio 17r, pour sa fondation, et au folio 63v-64r, détruite.
- Jérusalem (folio 17r), Rhodes (folio 26v), Gênes (folio 58v), Eichstätt (folio 162r), Constantinople (249r), Sabatz (253r) et Ensisheim (folio 257r).
- Venise (folios 43v-44r), Rome (folios 57v-58r), Jérusalem détruite (folios 63v-64r), Florence (86v-87r), Cologne (90v-91r), Augsbourg (folio 91v-92r), Ratisbonne (folios 97v-98r), Vienne folios 98v-99r), Nuremberg (folios 99v-100r), Constantinople (folios 219v-130r), Buda (folios 138v-139r), Strasbourg (folios 139v-140r), Erfurt (folios 155v-156r), Wurtzbourg (folios 159v-160r), Bamberg (folios 174v-175r), Magdebourg (folios 179v-180r), Ulm (folios 190v-191r), Passau (folios 199v-200r), Munich (folios 225v-226r), Prague (229v-230r), Breslau (folios 233r-234v), Constance (240v-241r), Bâle (243v-244r), Cracovie (folios 268v-269r), Lübeck (folios 269v-270r) et Nysa (folios 270v-271r).
- Ouvrage de Bernhard von Breydenbach publié en 1486, gravures d’Erhard Reuwich.
- La carte est centrée sur l’Allemagne et le nord de l’Italie, d’où l’absence des villes orientales.
- À l’exception de Salzbourg (folios 152v-153r).
- Les termes en gras correspondent aux topoï de l’éloge, tel qu’expliqué infra et selon la définition de Laurent Pernot.
- Seules les villes ayant une représentation originale sont étudiées, excluant Venise, Florence, Rome, Constantinople et Jérusalem.
- Ce recensement est réalisé à partir de l’ouvrage de W. Kreuer (Kreuer 1993).
- Pernot 1993.
- Les six villes hors de ce cercle de 500 km sont les trois villes saintes (Rome, Constantinople et Jérusalem) puis Florence, Cracovie et Buda qui se trouvent à environ 640 km de Nuremberg.
- Le Goff 1989, 39.
- Buchholzer-Rémy 2006, 45.
- C’est avec Rome la seule représentation en double page comportant une identification d’édifice.
- Folios 299v-300r.