Introduction1
Les habitats protohistoriques de hauteur ont souvent été l’objet d’investigations archéologiques anciennes, parfois même dès le XVIIIe s. Plus récemment, les difficultés d’accès ou l’absence d’aménagement dans leur emprise n’ont pas permis de développer de programmes de recherche structurés avec les moyens de l’archéologie préventive. De ce fait, il existe des centaines de fortifications en France qui ne sont pas ou mal datées. C’est pour répondre à cette lacune, que, dès 20072, un programme de recherche visant à échantillonner ces sites afin de préciser leur attribution chronologique a été lancé en Basse-Normandie. Il est rapidement apparu qu’en dehors du phénomène des oppida propre à La Tène finale, deux phases bien définies concentraient la majorité des occupations alors observées : le Bronze final et le Premier Fer moyen/récent3. C’est dans l’optique de valider ces observations chronologiques pour le Bronze final et le premier Fer ancien et de travailler sur le statut des sites que l’étude a été étendue aux régions limitrophes littorales que sont la Haute-Normandie et la Bretagne. Un corpus de onze unités a donc été établi. Il comprend l’ensemble des sites ayant livré du mobilier archéologique “domestique”4 ou des datations 14C attribuables à cette phase chronologique, et dont la topographie a été utilisée pour faciliter la mise en place d’un système défensif avéré ou potentiel5 (fig. 2).
Caractérisation du corpus
Topographie
D’un point de vue topographique, parmi les onze sites composant le corpus, six correspondent à des fortifications situées à l’intérieur des terres et cinq à des promontoires maritimes potentiellement fortifiés.
La majorité des sites “terrestres” sont des éperons naturels qui sont séparés du plateau auquel ils se rattachent naturellement par une fortification. Le site de Basly “La Campagne” colonise un éperon calcaire surplombant d’environ vingt-cinq mètres un méandre marqué du cours de la Mue. La surface délimitée par les pentes latérales de ce petit éperon et par le système fortifié attribuable au Bronze final est inférieure à un hectare. Elle est à peu près équivalente à celle observée sur le site d’Igé “Le Crochemélier”, situé dans le Perche au sud-est de l’actuel département de l’Orne. D’un point de vue géologique, il est implanté sur la bordure méridionale d’un plateau de calcaire jurassique dont l’extrémité est constituée par des plaquages de sable du Perche. Au niveau topographique il correspond à un petit éperon naturel d’environ huit mille mètres carrés de surface délimité au sud, à l’est et à l’ouest par de petits ruisseaux qu’il surplombe d’une vingtaine de mètres et, au nord, par un système défensif composé d’un talus et d’un fossé. Cette configuration se retrouve également sur le site morbihannais de Mauron “La Rochette”. Le système défensif barre un éperon de schiste qui domine le cours de l’Yvel d’une quinzaine de mètres. La surface délimitée par les pentes de cet éperon naturel et par le système défensif de l’âge du Bronze correspond à environ un hectare et demi6.
Ces trois éperons barrés présentent donc des convergences topographiques évidentes et des surfaces encloses très proches, toujours inférieures à deux hectares. Le site de Soumont-Saint-Quentin “Le Mont Joly”, dans le Calvados, colonise la partie occidentale d’un éperon de grès dominant la vallée du Laison. Il est délimité au nord, au sud et à l’ouest par des falaises rocheuses dont la hauteur augmente en direction de l’ouest. À l’est, il est délimité par un rempart observé par Bernard Edeine7 et dont l’attribution chronologique est encore l’objet de nombreux débats8. La surface ainsi enclose avoisine les quatre hectares. Son voisin ornais, Merri “Le Camp de Bierre”, également documenté par Bernard Edeine9, présente la même configuration topographique, avec un éperon naturel de grès armoricain dominant la vallée de la Dives. Il surplombe, d’une vingtaine de mètres en moyenne, le fond des petites vallées qui le délimitent à l’est et à l’ouest. Cependant, aucun système défensif attribuable à l’âge du Bronze n’y a pour l’heure été mis en évidence. L’aménagement de fortifications au premier Fer moyen ou récent et au cours de la période carolingienne a pu entraîner le démantèlement ou l’arasement de cet éventuel système défensif. Il semble donc hasardeux d’évaluer une emprise pour l’occupation du Bronze final sur ce site.
Parmi les sites “terrestres”, la fortification de Quièvrecourt “L’Hôpital” en Seine-Maritime, se démarque des sites précédemment évoqués. En effet, le système défensif s’étend sur la partie sommitale d’une butte culminant à 140 m NGF en prenant la forme d’une enceinte de contour. Les fouilleurs du site évaluent la surface ainsi enclose et fortifiée à environ un à deux hectares10.
Les sites de bord de mer colonisent généralement des promontoires dominant, parfois de plusieurs dizaines de mètres, les zones d’estran situées en contrebas. En l’absence de tout système défensif clairement attribué au Bronze final, il semble discutable de proposer des emprises pour ces occupations. Cependant, quelques chiffres peuvent être évoqués en prenant en compte la morphologie des éperons maritimes et les limites naturelles qu’ils présentent. Ainsi, le promontoire granitique de Flamanville “Le Castel”, dans la Manche, est-il délimité naturellement par une falaise à l’ouest, une petite vallée encaissée à l’est et au nord, et par un rempart (non daté) au sud. La surface ainsi enclose représente environ huit hectares. Un peu plus au sud, le promontoire schisteux de Barneville-Carteret “Cap de Carteret”, également dans la Manche, est naturellement délimité au nord, à l’ouest et au sud par une imposante falaise dominant d’environ soixante mètres l’estran situé en contrebas. Un imposant rempart (non daté) marque la limite orientale de l’emprise qui, ainsi délimitée, couvre environ six hectares. Le promontoire granitique de Ploulec’h “Le Yaudet” domine l’estuaire du Léguer dans les Côtes-d’Armor, il est naturellement délimité au nord, à l’ouest et au sud par des falaises dont la hauteur peut varier de quinze à quarante mètres. À l’est, cet éperon est barré par un imposant rempart daté de La Tène finale11. La surface enclose avoisine les six hectares. Enfin, l’éperon maritime de Plomeur “La Torche”, dans le Finistère, correspond véritablement à une presqu’île avec une délimitation au nord, au sud et à l’ouest constituée par de modestes falaises et un rattachement au continent, à l’est, par un isthme possédant seulement une centaine de mètres de large. L’emprise réelle concernée par cette presqu’île peut être évaluée à quatre ou cinq hectares. Aucun rempart n’a été observé sur ce site.
Il semble donc que les sites fortifiés de hauteur occupés au Bronze final en Normandie et Bretagne privilégient des fortifications de type éperon barré. C’est le cas dans les contextes terrestres, comme à Igé “Le Crochemélier” , Basly “La Campagne” ou Mauron “La Rochette”. Les surfaces encloses sont souvent modestes, généralement inférieures à deux hectares. Les sites de bord de mer privilégient les mêmes topographies, soit des éperons naturels dominant des zones d’estran ou d’estuaire. Cependant, aucun système défensif clairement attribué au Bronze final n’a pu être mis en évidence sur ces promontoires, ce qui n’exclut pas la présence d’occupations “ouvertes” et non fortifiées.
Enfin, le site de Quièvrecourt “L’Hôpital” tranche avec cette logique d’éperon barré, puisque le système défensif prend la forme d’une enceinte de sommet. Il faut cependant noter que la surface enclose (un à deux hectares selon les fouilleurs) correspond pleinement à la norme observée pour les trois autres sites attestés à l’intérieur des terres.
Systèmes défensifs
Sur l’ensemble des onze sites composant le corpus en Bretagne et Normandie pour le Bronze final, seuls quatre ont révélé, de manière incontestable, la présence d’un système défensif attribuable à cet horizon chronologique. Pour les autres, cette absence est le plus souvent liée à la conduite de fouilles anciennes qui n’ont pas permis de documenter les structures défensives : c’est par exemple le cas à Flamanville “Le Castel”12, dans la Manche, ou à Plomeur “La Torche”, dans le Finistère. Ailleurs, les fouilles récentes, souvent modestes, ont concerné principalement le centre du site afin de documenter la structuration de l’habitat, comme à Merri “Le Camp de Bierre” dans l’Orne13. Enfin, les remparts observés et documentés par la fouille ne correspondaient pas toujours, d’un point de vue chronologique, à l’occupation du Bronze final observée à l’intérieur du site, c’est notamment le cas à Barneville-Carteret “Cap de Carteret” dans la Manche14.
Lors de la fouille des quatre sites ayant livré des structures défensives observables et clairement attribuables au Bronze final, plusieurs types de fortification ont été mis en évidence.
À Quiévrecourt “L’Hôpital”15, le système fossoyé a été observé sur plus d’une quarantaine de mètres ; il colonise la partie haute d’une butte du Pays de Bray. Le fossé en lui-même présente un profil en “V”, avec une profondeur moyenne de quatre-vingt centimètres pour une largeur à l’ouverture évoluant entre un et deux mètres (fig. 3). Trois sections ont pu être totalement ou partiellement documentées en plan et deux interruptions de deux à trois mètres de large ont été mises en évidence, sans qu’il soit véritablement possible de les interpréter. Aucun élément de rempart ou de talus n’a pu être observé en arrière du système fossoyé. Il faut cependant signaler qu’un important rempart massif a été érigé au sommet de la même éminence à la fin du Second âge du Fer. Son aménagement a pu impliquer un arasement des niveaux superficiels du secteur, entraînant la destruction du talus potentiel précédant le système fossoyé de la fin de l’âge du Bronze. L’occupation du site a pu être attribuée au Bronze final 2 après l’étude du mobilier céramique16.
L’éperon barré d’Igé “Le Crochemélier”17 est séparé du reste du plateau par un système défensif constitué d’un talus précédé d’un fossé relativement large, mais qui semble peu profond. Une seule interruption est visible dans la partie ouest de cette fortification, elle possède une largeur d’environ trois mètres et sert encore de voie d’accès vers le centre de l’éperon. Il est pour l’heure impossible de savoir si elle correspond à l’entrée ancienne du site ou si elle a été aménagée récemment. En 2008, une tranchée perpendiculaire au système défensif a été ouverte sur une largeur de quatre mètres afin de documenter sa structure. Le rempart est précédé par un fossé à fond plat, d’une largeur de cinq mètres à l’ouverture et d’une profondeur maximale d’un mètre et demi. Sa masse est constituée des matériaux extraits lors du creusement du fossé ; il s’agit principalement de sables du Perche panachés de petits blocs de calcaire au format centimétrique. Ce volume est contenu sur la face interne du rempart, par une palissade implantée dans une profonde tranchée aménagée dans la dalle de calcaire. Sur sa face externe, elle est contenue par un parement constitué de blocs de calcaire de forme grossièrement quadrangulaire. L’ensemble du rempart fait quatre mètres de large pour une hauteur conservée d’un mètre en moyenne. Il a été érigé directement sur le rebord externe d’une importante dalle de calcaire jurassique.
L’association d’un rempart avec un fossé est également observable, au cours du Bronze final 1 ou 2, sur le site de Basly “La Campagne” dans le Calvados (fig. 4). Fouillé depuis 199718, il correspond à un petit éperon naturel formé par un méandre de la Mue. Cette avancée est barrée par un important dispositif composé d’un rempart et d’un fossé. Ce dernier possède un profil trapézoïdal avec une profondeur moyenne d’un mètre et demi pour une ouverture au sommet avoisinant les six mètres19. Le rempart est matérialisé au sol par la présence de deux rangées parallèles de puissants trous de poteau dont l’écartement moyen est de trois mètres entre les deux lignes. Le fossé présente une interruption de trois mètres en suivant l’axe central de l’éperon naturel. L’attribution chronologique de ce système défensif est basée sur plusieurs datations 14C effectuées sur des charbons de bois issus du comblement des poteaux constituant les deux lignes de parement du rempart. Les résultats obtenus sont cohérents et permettent de dater cet ensemble du Bronze final 1 et/ou 220.
Un système défensif, très proche d’un point de vue typologique, a également été observé sur le site de Mauron “La Rochette” dans le Morbihan. Ce site21 est un petit éperon naturel dominant la confluence entre l’Yvel et l’un de ses affluents. Le système défensif de l’âge du Bronze est composé d’un important fossé discontinu. Il est constitué de plusieurs compartiments espacés chacun de cinq à dix mètres. En surface, chacun de ces éléments fait une trentaine de mètres de long pour une dizaine de mètres de large. En arrière de cet aménagement, deux lignes parallèles de trous de poteau semblent matérialiser les parements interne et externe du rempart. Des datations 14C obtenues sur les comblements de trous de poteau et du fossé attribuent l’ensemble au Bronze final 1 et/ou 222.
Les sites de Basly “La Campagne” et de Mauron “La Rochette” présentent de nombreuses affinités typologiques et chronologiques. En effet, la présence d’un important fossé implanté en avant du rempart est une convergence importante même si celui de Mauron “La Rochette” présentent plusieurs interruptions. L’espace séparant rempart et fossé est à noter dans les deux cas ; il correspond à une vingtaine de mètres en moyenne à Mauron “La Rochette” et est plus modeste à Basly “La Campagne” avec un écart variant de cinq à dix mètres entre les deux aménagements. Enfin, la matérialisation du rempart par deux rangées parallèles de puissants trous de poteau est un élément de similitude entre les deux sites qu’il convient de signaler. La présence de ces deux rangées de trous de poteau permet de les associer aux remparts de type “palissadé” ou Preist23.
Enfin, sur le promontoire maritime de Ploulec’h “Le Yaudet” dans les Côtes-d’Armor, la modeste section d’un mur en pierres sèches reposant sur un affleurement de granite a été interprété par les fouilleurs comme rempart potentiellement attribuable au Bronze final24. Il convient cependant de rester prudent car les données stratigraphiques ne permettent pas de trancher définitivement en faveur de cette interprétation ni de cette chronologie.
Les occupations
Les occupations internes des sites attribuables au Bronze final sont généralement très mal documentées. Lorsque le site a fait l’objet de fouilles anciennes, seuls quelques éléments ont été conservés sans qu’il soit fait mention de leur contexte stratigraphique ou de leur localisation, c’est par exemple le cas de l’éperon maritime de Flamanville “Le Castel” dans la Manche25.
Quelques opérations récentes ont cependant permis de mieux caractériser les occupations incluses dans les systèmes fortifiés. Elles ont facilité la définition de leur attribution chronologique en récoltant un mobilier datant, abondant dans les structures domestiques mais qui fait régulièrement défaut lors de la fouille des systèmes défensifs.
Ainsi, sur le site d’Igé “Le Crochemélier”, deux opérations conduites en 2007 et 2008 ont permis de mieux caractériser l’occupation du Bronze final 2. Trois bâtiments ont ainsi été mis en évidence dans la modeste zone délimitée par le rempart (fig. 5, n°1). Les deux premiers sont matérialisés par la présence de trous de poteau dessinant des emprises grossièrement quadrangulaires avoisinant les dix mètres carrés chacune. Ils sont implantés sur la dalle de calcaire jurassique. Le dernier est quant à lui disposé au centre de l’éperon, dans une zone dont le substrat géologique est composé de sable du Perche. Il est matérialisé au sol par une tranchée de fondation, réceptacle probable d’un système de sablières basses calées par de petits blocs de calcaire rapportés. Cette tranchée possède (au niveau de la zone échantillonnée) une largeur de quarante centimètres pour une profondeur maximale de douze centimètres sous le niveau de décapage. Elle présente un profil évasé relativement régulier. Le bâtiment, partiellement documenté, possède une emprise au sol au moins supérieure à neuf mètres carrés. Il faut noter que le mode architectural des bâtiments évolue en fonction du substrat rencontré lors de leur construction. Ainsi, sur des sols meubles comme les sables du Perche, l’utilisation d’une sablière basse, plus stable, est privilégiée pour arrimer le bâtiment, alors que sur la dalle de calcaire, bien plus dure, les poteaux sont directement fichés dans le substrat qui leur assure une meilleure tenue. Ces trois bâtiments sont associés à quelques fosses détritiques dont la fouille a livré un abondant mobilier céramique. Quelques fragments de restes fauniques ont également été mis en évidence dans le comblement de ces structures.
Il faut également signaler la présence d’une importante terrasse densément occupée se développant sur la dalle de calcaire en arrière de la face interne du rempart. Les diaclases de cette masse rocheuse ont été préalablement comblées par des rejets domestiques (vidanges de foyers, tessons de céramique, faune…) afin d’aménager une surface plane et exploitable. La fonction de cette zone reste pour l’heure encore énigmatique mais sa situation, juste en arrière de la palissade interne du rempart, permet d’envisager son utilisation en tant que voie de circulation, à usage défensif et/ou domestique. Un probable dépôt de fondation a également été mis au jour par le Docteur Jousset, le découvreur du site, entre 1866 et 1871. Lors de travaux agricoles, une section du rempart fut arasée et c’est à cet emplacement qu’il récolta trois objets en bronze, associés à deux fusaïoles et plusieurs fragments de récipients en céramique, dont la partie supérieure d’un gobelet à épaulement. Outre ce dernier élément, ce sont les trois objets en bronze qui permettent véritablement de préciser l’attribution chronologique de l’ensemble au Bronze final 2 et/ou 326. Le premier correspond à la partie distale d’une pointe d’épée, probablement du type à pointe en langue de carpe (longueur 6 cm, largeur maximale 2,3 cm, épaisseur maximale 0.6 cm) ; le second est un poignard à douille sub-rectangulaire (longueur 12,5 cm, largeur maximale 2,7 cm, épaisseur maximale de la lame 0,4 cm) et le dernier est un ciseau à douille de section mixte (longueur 11,4 cm, largeur maximale 1,6 cm, largeur du tranchant 0,8 cm).
Le grand format de ces objets en bronze par rapport à ceux usuellement découverts dans les contextes domestiques contemporains (épingles, fragments de tôle ou de jonc en bronze…), ainsi que leur localisation, au niveau du rempart, semblent, de fait étayer, l’hypothèse d’un dépôt de fondation. Cet élément pourrait impliquer une mise en place du système défensif au cours du Bronze final 2 (plutôt la fin de la séquence27), ce qui correspond chronologiquement à l’occupation qui se développe dans la zone circonscrite par ce système défensif.
La structuration même de cette occupation est difficile à caractériser. Seuls trois bâtiments et quelques fosses ont été mis en évidence, ce qui semble impliquer une densité d’occupation très faible malgré la modeste emprise délimitée par le rempart. Cependant, l’arasement des structures archéologiques paraît très important à l’intérieur du site ; il est donc parfaitement envisageable qu’une part significative des aménagements et des bâtiments correspondant à cette occupation ait depuis longtemps disparu.
Un autre bâtiment a également été mis au jour sur le site d’Exmes “Le Bourg”28. Il est constitué de quelques trous de poteau associés à trois fosses (fig. 5, n°2). Le mobilier mis au jour lors de cette intervention est constitué de quelques tessons de céramique, particulièrement ubiquistes, d’un tranchet en bronze, d’un ciseau à soie et de la lame d’un poignard également du même métal. L’ensemble peut être attribué au Bronze final au sens large29.
Plusieurs structures de l’étape moyenne du Bronze final ont également été mises en évidence sur le site de Quièvrecourt “L’Hôpital”. Il s’agit de trois fosses et de plusieurs dizaines de trous de poteau dont ne se dégage aucun plan de bâtiment (fig. 3). Une aire de combustion, matérialisée par la présence d’argile rubéfiée, a également pu être observée sur quatre mètres carrés, scellée par la masse du rempart laténien30. Un abondant mobilier céramique a pu être mis en évidence dans le comblement des structures archéologiques ; il a permis de préciser clairement l’attribution chronologique du site en livrant plusieurs formes influencées par les productions de l’aire culturelle Rhin – Suisse – France orientale. Enfin, de nombreux fragments de moules en terre cuite, dont un correspondant à une épée à lame pistiliforme caractéristique du Bronze final 2, ont également été mis au jour. Ces éléments attestent clairement la présence d’une activité métallurgique dans l’emprise de ce site.
Les autres sites de hauteur fortifiés n’ont pas véritablement livré d’autres éléments permettant de caractériser les occupations du Bronze final qui leur sont associées. Il ne s’agit que de quelques découvertes isolées, comme les deux épingles mises au jour à Basly “La Campagne”, ou les quelques tessons d’influence Rhin-Suisse-France orientale découverts par Bernard Edeine lors de ses investigations archéologiques sur l’éperon maritime de Flamanville “Le Castel”25. Egalement situées sur la côte occidentale du Cotentin, les opérations coordonnées par Cyrille Billard sur le promontoire de Barneville-Carteret “Cap de Carteret” ont permis de documenter deux structures fossoyées respectivement attribuables au Bronze final 1 et 2. Aucun système défensif n’a pour l’heure été associé à cette phase chronologique. Sur le site de Merri “Le Camp de Bierre”, c’est uniquement la présence d’un paléosol scellé sous le rempart du Premier âge du Fer qui a permis d’attester la présence d’une occupation au cours du Bronze final 231. Les fouilles conduites par Bernard Edeine sur l’éperon de Soumont-Saint-Quentin “Le Mont Joly”, dans le Calvados, ont révélé un abondant mobilier céramique et quelques objets métalliques (épingles surtout) qui ont été principalement attribués au Bronze final 3 et au Premier âge du Fer ancien sans que ces occupations ne soient véritablement caractérisées au niveau de leur structuration32.
Enfin, le site de Plomeur “La Torche”, dans le Finistère, se signale par l’abondance et la qualité du mobilier mis au jour lors de ramassages de surface33. Ainsi, plusieurs objets en bronze (haches à douille, poignard, rasoir…), ainsi que des perles en verre bleu et des fusaïoles, ont été mis au jour dans l’emprise de la presqu’île. Aucune structure défensive ou d’habitat n’ayant été clairement attestée pour le Bronze final sur ce site, la question d’une fonction autre que celle d’un habitat peut être évoquée.
Discussion
Chronologie
À partir des onze sites composant le corpus étudié, il est possible d’évoquer la chronologie de ces différentes occupations. Ainsi, les éléments de fréquentation les plus précoces correspondent au Bronze final 1. Cette phase chronologique est clairement attestée sur le site de Mauron “La Rochette” où une datation 14C concernant le comblement du fossé couvre cette attribution chronologique. Il en est de même à Basly “La Campagne” où des datations 14C permettent également d’envisager la fondation du système défensif dès cette phase. Enfin, une fosse isolée mise au jour sur le promontoire de Barneville-Carteret “Cap de Carteret” a également livré des éléments céramiques correspondant au Bronze final 1.
La phase suivante voit un important développement des sites fortifiées de hauteur en Bretagne et Normandie. C’est véritablement au cours du Bronze final 2 que ce type d’occupation connaît son acmé. Ainsi les habitats documentés à Igé “Le Crochemélier”, à Quièvrecourt “L’Hôpital” ou à Flamanville “Le Castel” se développent véritablement à cette période. Ces attributions chronologiques sont principalement calées sur la mise au jour de mobiliers céramiques influencés par les productions du complexe culturel Rhin-Suisse-France Orientale, qui marque cette période dans le centre et l’est de la France. Pour l’éperon de Mauron “La Rochette”, des datations 14C obtenues dans les comblements des trous de poteau marquant l’emprise du rempart correspondent à également à cette étape chronologique. Il en est de même pour le site de Merri “Le Camp de Bierre” où les datations obtenues pour les niveaux scellés sous le rempart du Premier âge du Fer donnent la même attribution chronologique, ou à Basly “La Campagne” où une série de datations obtenues sur les trous de poteau matérialisant le rempart couvre le Bronze final 1 et 219.
Le Bronze final 3 semble marquer l’abandon progressif des sites occupés au cours de l’horizon chronologique précédente. Les sites de Merri “Le Camp de Bierre”, Barneville-Carteret “Cap de Carteret”, Flamanville “Le Castel” ou Quièvrecourt “L’Hôpital”16 n’ont livré aucun élément permettant d’attester d’une occupation, même modeste au cours de cette étape chronologique. Les éperons barrés de Basly “La Campagne” et d’Igé “Le Crochemélier” ont livré un mobilier métallique pouvant correspondre au Bronze final 3 (partie distale d’une épée à pointe en langue de carpe ou couteau à douille à Igé, épingle à tête faiblement évasée à Basly). Le seul site ayant permis de mettre en évidence les stigmates d’une occupation significative pour cette étape chronologique est l’éperon de Soumont-Saint-Quentin “Le Mont Joly” dont la fouille partielle par Bernard Edeine a livré un abondant mobilier céramique attribuable au Bronze final 332. Seul ce site va voir son occupation perdurer sans hiatus au cours du Premier âge du Fer. L’étude récente du mobilier céramique a permis d’attester une occupation au cours du premier Fer ancien32. Cependant, l’absence de contexte stratigraphique ne permet de caractériser cette occupation, qui semble cependant significative eu égard à l’importance du corpus céramique qui lui est attribuable.
Il faut également signaler que deux sites ont livré un mobilier céramique ou métallique particulièrement ubiquiste n’ayant pas permis de préciser la chronologie des occupations au delà de l’attribution au Bronze final. Il s’agit de Ploulec’h “Le Yaudet” et d’Exmes “Le Bourg”.
Il semble donc que la genèse de l’occupation des sites fortifiés de hauteur dans la zone concernée par cette étude se place au Bronze final 1. Pour cette phase, les indices sont particulièrement diffus et donc difficilement exploitables. Cependant, cette utilisation des sites fortifiés entre le Bronze moyen 2 et le Bronze final 1 est un phénomène bien attesté dans les contextes plus orientaux. L’exemple le plus proche est le site fortifié de Sorel-Moussel “Le Fort Harrouard”, en Eure-et-Loir, où une importante occupation, caractérisée par la présence de céramique à décors excisés, a été mise en évidence pour cette phase chronologique34. Ce site fait cependant figure d’unicum dans l’Ouest de la France, tant par sa durée d’utilisation que par son statut particulier, marqué, pour ces périodes, par une intense activité métallurgique. Plus à l’est, les sites de hauteur de Wintzenheim “Hohlandsberg”, dans le Haut-Rhin35, et de Belfort “Le Bromont”36 ont également livré des occupations structurées attribuables à un horizon chronologique couvrant le Bronze moyen 2 et le Bronze final 1. Ce phénomène d’occupation ou de fondation des sites fortifiés au cours de cet horizon chronologique n’est donc pas propre à l’Ouest de la France. Il connaît des parallèles dans le domaine nord-alpin et semble marquer les prémices d’un phénomène de fondation des sites fortifiés de hauteur dans le nord et le centre de la France, qui connaîtra sa manifestation la plus spectaculaire au cours de la phase suivante.
Comme en Normandie et en Bretagne, c’est au cours du Bronze final 2 que la majorité des sites de hauteur fortifiés de l’âge du Bronze sont fondés. Dans l’ensemble du territoire national, plusieurs dizaines de sites fortifiés ont livré des indices d’occupation au cours de cette phase chronologique couvrant, en chronologie française, le Bronze final 2b et 3a37. Dans le quart nord-ouest de la France, les exemples les mieux documentés sont les sites de Catenoy “Camp de César”, dans l’Oise38, et de Sorel-Moussel “Le Fort Harrouard” dont l’occupation perdure, tout en conservant le caractère exceptionnel que lui confère l’importance de son activité métallurgique.
De par son ampleur, le phénomène de fondation et d’occupation des sites de hauteur fortifiés au Bronze final 2 transcende les grands domaines culturels définis en France pour la fin de l’âge du Bronze. Ainsi, le domaine atlantique, auquel appartiennent les sites normands et bretons, semble fonctionner de concert, sur cet aspect précis, avec les complexes nord-alpin (Rhin-Suisse-France-Orientale) et méditerranéen.
L’abandon de ces fortifications avant la fin du Bronze final 3 est également un phénomène largement répandu et dans lequel s’insèrent les sites bretons et normands39. Il faut cependant signaler la présence de quelques sites qui sont exclusivement occupés au cours du Bronze final 3, sans fondation préalable, et qui, dans certains cas, émargent au Premier âge du Fer ancien. C’est le cas de l’enceinte alsacienne de Leutenheim “Hexenberg”40, qui est fondée et occupée exclusivement au cours du Bronze final 3. D’autres sites fondés au cours de cette même phase connaissent une occupation qui perdure par la suite au cours du Premier âge du Fer ancien : c’est le cas des fortifications de Saint-Pons-de-Thomières “Le Malvieu”41 dans l’Hérault42, de Choisy-au-Bac “Le Confluent”43 dans l’Oise44, ou de Villiers-sur-Seine “Le Gros Buisson”45 en Seine-et-Marne46, pour les exemples les mieux documentés. L’étude récemment menée sur l’éperon de Soumont-Saint-Quentin “Le Mont Joly”32, qui démontre une occupation sans hiatus du site au cours du Bronze final 3 et du Premier âge du Fer ancien, permet d’associer ce site à cette série.
Statut
Les occupations concernées par les sites fortifiés de hauteur en Bretagne et Normandie au Bronze final sont particulièrement délicates à caractériser. En effet, peu de sites ont réellement pu être documentés sur des surfaces importantes. Seuls l’éperon d’Igé “Le Crochemélier” et la probable enceinte de Quièvrecourt “L’Hôpital” fournissent des éléments susceptibles d’appréhender l’organisation interne de ces sites. Il faut cependant rester prudent car ces sites, du fait de leur topographie, sont généralement l’objet d’une érosion importante, propre à effacer certains stigmates de leurs occupations (sablières basses, niveaux de sol…). C’est le cas à Basly “La Campagne” et à Mauron “La Rochette”, où les structures incluses dans la zone fortifiée et clairement attribuables au Bronze final sont très peu représentées.
Les sites d’Exmes “Le Bourg” et d’Igé “Le Crochemélier” ont livré des bâtiments (fig. 5). Ils sont généralement de taille modeste (autour de dix mètres carrés d’emprise au sol), comme ceux observés dans les sites picards de Catenoy “Le Camp de César”47, ou de Choisy-au-Bac “Le Confluent” pour ses phases anciennes48. Ils utilisent également les architectures les plus adaptées au substrat présent (sablière basse ou poteaux). Plusieurs concentrations de trous de poteau ont également été observées à Quièvrecourt “L’Hôpital”. Certaines se trouvaient juste en arrière du fossé, ce qui permet d’envisager une occupation spécifique de cette zone, comme cela a été observé à Igé “Le Crochemélier”, avec la plate-forme aménagée sur la dalle de calcaire juste en arrière de la palissade interne du rempart.
Au delà de ces quelques données difficilement exploitables, l’érosion sur les sites a certainement oblitéré une grande partie de la documentation qui aurait permis de comprendre la structuration interne de ces sites. Seule la présence des remparts permet véritablement d’envisager la présence éventuelle d’un habitat regroupé. En effet, il semble peu probable que des systèmes défensifs, associant rempart et fossés, aussi massifs que ceux envisagés sur les sites d’Igé “Le Crochemélier”, de Mauron “La Rochette” ou de Basly “La Campagne”, aient été le fruit d’un travail individuel. L’aménagement de telles structures défensives implique un effort collectif, qu’il soit produit en faveur de cette même collectivité ou d’un corps social à déterminer. Dans le premier cas, l’hypothèse d’un groupement d’habitations avec plusieurs cellules familiales est envisageable. Dans le second cas, ce travail collectif induit un lien de dépendance ou de hiérarchie entre ceux qui fournissent le travail et celui ou ceux qui bénéficient de ces aménagements dans un but ostentatoire et/ou défensif.
Pour le Bronze final, les sites de hauteur ayant permis l’observation de la structuration de l’habitat ont systématiquement révélé la présence d’une trame organisationnelle coïncidant avec un habitat collectif, généralement groupé. C’est le cas à Wintzenheim “Hohlandsberg” et à Catenoy “Le Camp de César” pour le Bronze final 2 ; c’est également valable pour Choisy-au-Bac “Le Confluent” pour les étapes chronologiques suivantes. Il est donc parfaitement envisageable que les sites fortifiés normands et bretons répondent à la même dynamique et probablement au même type d’organisation. De plus, aucun élément révélant la présence d’une élite concentrant certains biens de prestige n’a véritablement été mis au jour en Normandie et en Bretagne. Seul le site de Plomeur “La Torche” a révélé la présence d’objets en bronze ou en verre (perle) tranchant nettement avec ceux mis au jour sur les autres sites. Cependant, l’absence de système défensif observable ainsi que le manque de documentation concernant le contexte stratigraphique des découvertes requièrent une certaine prudence.
D’une manière générale, seules les productions céramiques influencées par le complexe Rhin-Suisse-France-Orientale et mises au jour sur certains sites normands contrastent avec le vaisselier contemporain observé sur les rares sites “de plaine” d’où ils sont généralement absents. Cet élément est à prendre en considération à la lumière de l’étude menée sur le site de Quièvrecourt “L’Hôpital”, qui démontre les particularités locales de ces productions, certes influencées par le vaisselier Rhin-Suisse-France-Orientale, mais s’en démarquant néanmoins par une moins grande variabilité des formes représentées49. Il faut également noter l’absence des formes influencées par le Rhin-Suisse-France-Orientale en Bretagne.
Les activités menées par les populations occupant ces sites concernent probablement l’exploitation agricole d’un territoire aux alentours immédiats de la fortification. Plusieurs activités artisanales ont également été mises en évidence, comme le tissage (présence de fusaïoles à Igé “Le Crochemélier” et à Plomeur “La Torche”) ou la métallurgie du bronze. En effet, plusieurs dizaines de fragments de moules en terre cuite ont été mis en évidence à Quièvrecourt “L’Hôpital”, dont un correspondant à une épée pistiliforme. La présence de moules de ce type est relativement répandue sur les sites fortifiés contemporains du nord-ouest de la France. Des éléments similaires sont signalés à Catenoy “Le Camp de César”50 mais également et de manière plus significative à Sorel-Moussel “Le Fort Harrouard”. L’activité métallurgique n’est cependant pas réservée aux seuls sites fortifiés de hauteur au cours du Bronze final 2 ou 3, puisque de nombreux fragments de moules de ce type, dont un ayant servi à couler une épée pistiliforme de type Ewart Park, ont été mis en évidence sur le site d’Ifs “ZAC Object’Ifs Sud”, dans le Calvados51. Ce type de découverte pondère quelque peu le rôle exclusif que l’on a souvent octroyé aux sites de hauteur fortifiés dans la production et la diffusion des objets en bronze au cours du Bronze final.
Au regard de la documentation actuelle, il semble donc difficile d’envisager une fonction aristocratique ou élitiste aux sites fortifiés de Bretagne et de Normandie au cours du Bronze final. Il semble par contre probable qu’ils abritent un habitat groupé propre à faciliter la pérennisation et la mutualisation d’activités artisanales telles que le tissage, la métallurgie du bronze ou la production de céramique, comme l’atteste l’origine locale des dégraissants observés pour les productions céramiques mises au jour à Igé “Le Crochemélier” pour le Bronze final 252.
Formes de l’habitat
Comme cela a déjà été mentionné à l’échelle du territoire national53, il semble que l’habitat tende à s’agglomérer tout au long du Bronze final, et ceci dans l’ensemble des grands contextes culturels. Ainsi, dès le Bronze moyen 2 et au cours du Bronze final 1, des sites fortifiés comme Sorel-Moussel “Le Fort-Harrouard” ou Wintzenheim “Hohlandsberg” (phase ancienne) sont fondés ou réoccupés. Les éléments fournis par la documentation actuelle laissent envisager la présence d’importants habitats groupés. Par la suite, au cours de l’étape moyenne du Bronze final, ce phénomène d’agglomération de l’habitat prend des formes plus variées avec l’apparition des sites palafittiques ou le développement de groupements d’habitats en contexte ouvert, comme à Dampierre-sur-le-Doubs, dans le Doubs54, ou à Osly-Courtil, dans l’Aisne55, pour le Bronze final 3. Comme évoqué précédemment, c’est également une phase d’acmé dans la fondation des sites de hauteur fortifiés pendant l’âge du Bronze. Avant le début du Premier âge du Fer ancien, la majorité de ces sites est abandonnée, que ce soit des sites fortifiés, des habitats ouverts ou des palafittes.
Dans l’aire atlantique, cette agglomération de l’habitat tranche nettement avec les formes qu’il peut prendre entre le Bronze ancien et le Bronze final 1. En effet, pour ces périodes, l’habitat documenté jusqu’à présent possède une structuration beaucoup plus diffuse, s’insérant dans une trame parcellaire, comme sur l’île de Tatihou dans la Manche56 ou avec présentant de petits établissements isolés à la fonction agricole évidente, comme à Nonant “La Bergerie” dans le Calvados57. À partir du Bronze final 2, la Bretagne et la Normandie s’inscrivent pleinement dans cette dynamique globale d’agglomération de l’habitat (peut-être même dès le Bronze final 1 pour certains comme Mauron “La Rochette”, Basly “La Campagne” ou Barneville-Carteret “Cap de Carteret”). Ce phénomène prend des formes variées qui peuvent inclure une fortification, comme pour les sites composant le corpus étudié. Il faut également leur associer des formes d’habitats “ouverts” comme à Malleville-sur-le-Bec “Le Buisson-du-Roui”58, dans l’Eure, où une vingtaine de bâtiments circulaires s’agglomèrent à proximité d’un Ring fort au cours du Bronze final 2 et 3, ou à Cahagnes, dans le Calvados59, où une vingtaine de bâtiments circulaires attribuables au Bronze final 3 et/ou au Premier âge du Fer ancien a été observée sur deux hectares.
Cette dynamique d’agglomération de l’habitat, observée dès le Bronze final 1 et qui se développe véritablement au cours de son étape moyenne, transcende donc les grands clivages culturels observés à la fin de l’âge du Bronze sur le territoire national. Si les sites fortifiés de hauteur sont moins bien documentés que les sites de plaine, qui font l’objet de fouilles extensives dans le cadre de l’archéologie préventive, il convient cependant de ne pas négliger l’importance qu’ils prennent dans l’évolution de ce phénomène et, notamment, dans sa genèse, comme l’atteste la fondation précoce de sites de hauteur tels que Sorel-Moussel “Le Fort Harrouard”, Wintzenheim “Hohlandsberg”, ou probablement Mauron “La Rochette”, Basly “La Campagne” et Barneville-Carteret “Cap de Carteret” pour le domaine atlantique.
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Notes
- Pour cet article, nous emploierons la terminologie chronologique utilisée pour la Gaule centrale (Delrieu & Milcent 2012, 25).
- Dir. Fabien Delrieu (SRA B-N) et Pierre Giraud (SDAC).
- Delrieu & San Juan 2011.
- Les sites ayant livré uniquement des dépôts d’objets métalliques ont été écartés.
- De nombreux sites qui ont révélé la présence d’une occupation attribuable au Bronze final et celle d’un rempart non daté ont été conservés dans le corpus d’étude.
- Galliou 2009.
- Edeine 1966.
- La stratigraphie du secteur est peu explicite et ne permet pas de statuer définitivement sur l’attribution chronologique de la structure défensive ; Bernard Edeine, cependant, attribue ce rempart au Bronze moyen et/ou final (Edeine 1966, 260-261).
- Edeine 1965.
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- Cunliffe & Galliou 2005.
- Fouille Bernard Edeine.
- Fouille Fabien Delrieu de 2005 à 2007.
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- Fouille Jean-Yves Tinévez de 2003 à 2006.
- Datations obtenues (information Jean-Yves Tinévez) : – Pour le comblement du fossé : Gif-12111 : 3100 ± 55 BP, soit 1496- 1216 a.C. (2 sigma) en âge calibré. – Pour deux trous de poteau associés au rempart : TP.154: Gif-12112: 2860 ± 40 BP, soit 1191- 913 a.C. en âge calibré et TP.167: Gif-12113: 2900 ± 40 BP, soit 1257-955 a.C. en âge calibré.
- Audouze & Buchsenschutz 1989, 112.
- Cunliffe & Galliou 2005, 25.
- Edeine 1967.
- Delrieu et al. 2011, 53.
- Bronze final IIIa en chronologie française.
- Diagnostic de Cyril Marcigny en 2005.
- Marcigny 2005, fig. 24.
- Beurion & Billard 2005, 274-275.
- Attribution chronologique basée sur l’étude du mobilier céramique livré par la fouille du paléosol et par une datation 14C sur charbon de bois. Delrieu & San Juan 2011, 60.
- Van den Bossche 2007.
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- Blanchet 1987.
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- Adam & Lasserre 2001.
- Abandon au cours du Premier âge du Fer ancien a.
- Gorgues 2009.
- Occupation couvrant au moins le Premier âge du Fer ancien et moyen.
- Talon 1987.
- Abandon probable au cours du Premier âge du Fer ancien a.
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