À la suite de l’article précédent, l’auteur constate le développement des documents égyptisants en Sicile romaine, conjuguant des éléments nouveaux et des éléments de continuité. Contrairement à l’époque préromaine, c’est la zone orientale qui est privilégiée, à partir des populeux centres urbains grecs à caractère portuaire, qui assurent la diffusion, à l’intérieur de l’île, de courants venus d’Alexandrie ou de la mer Égée. Une interpretatio graeca se dessine, dès l’époque hellénistique, avec l’introduction des divinités isiaques (religion à différencier de la simple magie pour l’auteur) ; mais Isis et Sarapis apparaissent, là encore, comme des dieux protecteurs de la fécondité et de l’enfance, tandis que le scarabée garde son efficacité de talisman magique dans le même domaine. Reste à soulever le problème délicat d’une définition de la relation des aegyptiaca et des isiaca. F. D. S. pense que les femmes ont eu un rôle important tant dans l’adoption d’Isis que dans le maintien des superstitions populaires.
L’“Egittizzante siceliota” se subdiviserait en trois filons hétérogènes : le filon gréco-alexandrin dont on a le parallèle en Campanie (coupes syracusaines avec Isis et Sarapis ; terre-cuite d’Isis-Cybèle dans la nécropole de S. Placido) ; le filon gréco-égéen lié à la présence de la figure mineure d’Harpocrate par le biais de Délos et de la Campanie ; le filon hébraïco-alexandrin (il s’agit des gemmes et du matériel magiques). Ces nouveautés n’empêchent pas la persistance de l’égyptisant punico-sicilien. Quelques traditions populaires de relecture chrétienne de la fin du IIe millénaire p.C. pourraient s’expliquer comme survie des documents égyptisants à travers les âges.