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Distribuer et subdiviser le territoire pour l’administrer : des vegaraus aux vics et bailliages en Béarn (XIIe-XIVe siècles)

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La construction d’une principauté, quelle qu’elle soit, induit entre autres processus la structuration de son territoire. Celle-ci semble non seulement une phase préalable à la prise de conscience de la principauté en question comme entité bien identifiée mais aussi un phénomène accompagnant l’élaboration des structures de gouvernement et d’administration, impliquant bien entendu un tissage poussé de son maillage, avec une subdivision de plus en plus précise et fine.

La petite vicomté de Béarn, cœur ensuite d’un ensemble plus vaste, le Foix-Béarn, puis de la principauté des Albret-Navarre, n’échappe pas à la règle. L’avantage de cette étude de cas est de permettre une plongée vers les XIe, XIIe et XIIIe siècles et donc d’examiner plus précisément les diverses étapes de l’élaboration d’une vision territorialisée du pouvoir et de l’évolution de son aire d’exercice. Grosso modo, le Béarn repose sur une vieille organisation d’origine romaine, les cités et vici, mais témoigne surtout d’apports plus spécifiquement médiévaux avec tout d’abord des lieux centraux baronniaux et vicariaux puis des circonscriptions plus ou moins floues, les vegaraus, ensuite de mieux en mieux reconnues et délimitées, les vics du milieu du XIIIe et les bailliages du XIVe siècle.

Cette histoire est bien entendu celle de la construction matérielle du territoire mais aussi celle des représentations liées à un espace de plus en plus finement défini et contrôlé1.

Les sources dont nous disposons sont de trois natures : un dénombrement des feux fiscaux, par bailliage et par communauté, daté de 1385 ; une charte, donnée vers 1252, dite de “délimitation des vics”, ceux-ci étant énumérés sans que soient spécifiées les communautés les composant mais simplement les lieux limites entre eux ; enfin, des chartes vicomtales rédigées un demi-siècle à un siècle avant, donc durant un long XIIe siècle, énumérant, mais pas de façon exhaustive, les châteaux dits “publics” c’est-à-dire sièges d’institutions diverses.

En dépit de toutes les réserves liées à la nature de ces sources, et aux différences fondamentales entre elles, peut-on malgré tout appréhender quelques grandes lignes de la manière dont une seigneurie, une principauté, a organisé son territoire et forgé une, des, image(s) de sa distribution ?

Il nous a semblé plus clair de partir de la charte de 1252 environ, avant de remonter le temps vers ces XIe et XIIe siècles de construction, puis de terminer par la situation bien plus précise du XIVe siècle que présente la cherche fiscale de 1385.

La charte de délimitation des vics, vers 1252, et le large contexte de sa promulgation 

C’est au milieu du XIIIe siècle que le vicomte Gaston VII Moncade (1229-1290) a délimité les vics de Béarn : par ce terme générique, du latin vicus, est désignée ici une circonscription. Cette charte a été ensuite, plus tard, incluse dans le recueil des Fors sous l’intitulé Rubrica et determination deus vicx de Bearn (rubrique de détermination des vics de Béarn), constituant les articles 84 à 100 du For général2. Vingt-six vics sont ainsi nommés et parfois délimités de façon plus ou moins précise. Nous ne disposons en revanche d’aucune indication sur le mode de gouvernance de ces vics. Cependant, et c’est fondamental pour notre propos, les dénominations alors utilisées recouvrent trois systèmes antérieurs bien différents que l’on décèle sous les intitulés (fig. 1).

Le Béarn en 1252. Le Béarn en 1252.
Fig. 1. Le Béarn en 1252. Cartographies réalisées par Mélanie Le Couédic, Ingénieure de recherche en analyse de sources : laboratoire ITEM EA 3002 de l’Université de Pau et des pays de l’Adour.

Le premier transparaît dans la vieille appellation alors reprise de vegarie (begarie) ou vegarau (begarau). C’est le cas de quatre des vingt-six vics que comptait alors le Béarn : “Oloron, le Josbaig et toute la viguerie”, “Lucq et toute la viguerie de Navarrenx”, “Sauveterre et toute la viguerie de Mongaston et la Pène de Mu et Caresse”, “Salies, Cassaber et tout le vegarau”. Le système, résiduel au milieu du XIIIe siècle, a été antérieurement plus étendu. En effet, ont disparu en 1252 des vigueries attestées antérieurement, celles de Pau, Monein, Pardies, Aspe et Larbaig… soit cinq de plus au XIIe siècle3. Notons enfin qu’il est impossible de savoir si les deux termes béarnais de begarau et begarie semble-t-il indifféremment utilisés, sont absolument synonymes. Quoi qu’il en soit, le mot de viguerie fait référence à un ordre carolingien ou post-carolingien. En effet, la vicaria était alors une juridiction administrative et judiciaire, tenue au nom du comte ou d’un autre potens par un personnage qui n’était donc pas le détenteur légal des droits d’origine publique qu’il exerçait, mais le représentant local de ce dernier, ce que signifie exactement le terme de vicarius. Ce système subsiste au milieu du XIIIe siècle dans l’ancienne vicomté d’Oloron, soit à l’ouest du Béarn unifié au cours du XIIe siècle, aux confins des terres basques.

Le second système concerne vingt-et-un vics et s’appuie sur des dénominations soit plus succinctes, “Aspe”, “Ossau”, “le Montanérès”, “le Larbaig”, soit reprenant le nom du chef-lieu, par exemple “Artix”, soit alliant les deux modes de désignation : “Larreule et tout le Soubestre”, “Bizanos et tout Rivière Ousse”, “Orthez et Rivière Gave” et même, comble de la lourdeur “De Castétis à Lacq et au-dessus de Boumourt en montant, toutes les hauteurs et la seigneurie d’Arthez”… Parfois, c’est le cas du “Vic Bielh” ou de “Lissarre”, les appellations sont très anciennes. Notons enfin que ces appellations sont concentrées dans la vicomté primitive de Béarn, c’est-à-dire les terres relevant de l’ancien évêché de Lescar, avant l’union au XIe siècle avec l’ancienne vicomté d’Oloron. Ce Béarn initial abrite aussi onze des douze baronnies, qui plus est concentrées dans seulement deux vics, Morlàas et surtout le Vic-Bilh, zone d’origine des Centulle et de “départ” de leur pouvoir, depuis Escurrès4.

Enfin, un troisième système est attesté par un seul vic, celui de Morlaàs, qui reprend la vieille dénomination d’honneur désignant, à la fin du premier Moyen âge, la rémunération attribuée à l’officier public : “Morlaàs et l’honneur de Navailles et Gabaston, de Lème et au-dessus, d’Aubin et au-dessus et de Doumy et au-dessus jusqu’à Eslourenties-Darrer”. Il n’est pas anodin de noter que les honneurs ainsi désignés sont certaines des baronnies de Béarn.

Quelle vision du territoire trahissent ces dénominations, parfois très brèves, parfois très longues ?

L’espace béarnais est certes maillé, avec des lieux centraux parfois mais pas toujours désignés, ou bien des lieux limites énumérés. Mais une interrogation effleure : cet espace est-il totalement appréhendé5 ? En clair, quel est le degré d’homogénéité spatiale, de continuité, en ce milieu du XIIIe siècle ? Deux exemples nous permettront d’entrer dans la réflexion, sans pouvoir la conclure.

Le premier, Orthez, se trouve au nord-ouest du Béarn. Le vic est, on l’a vu, simplement nommé en 1252 “Orthez et Rivière-Gave”. Mais Orthez n’est alors béarnaise que depuis une cinquantaine d’années. De fait, cette appellation géographique succincte masque la réelle complexité de ce territoire, objet d’un conflit de deux siècles entre les vicomtes de Dax, dont il dépendait initialement, et de Béarn. La guerre avait éclaté dès le tout début du XIe siècle, quand le vicomte Centulle IV le Vieux avait arraché à Dax le Garenx et le Raveset, sur l’une des grandes routes compostellanes6. Ce même vicomte avait ensuite porté les affrontements plus au nord, vers Caresse, Salies, tenue par les Béarnais à partir des décennies 1030-1040, l’abbaye de Sorde et la Soule avant d’être assassiné, vers 1056-10587. C’est alors probablement que le vicomte Garsie Arnaud de Dax avait lancé une offensive sur Muret, point fort béarnais tout près de Lagor, que les Dacquois occupèrent pour une trentaine d’années probablement, jusque vers 1097, protégeant ainsi Orthez des incursions béarnaises8. C’est peut-être en représailles que Sorde fut incendiée par les Béarnais vers 1059-10619 et que fut fondée, hypothétiquement dans les années 1070, Sauveterre-de-Béarn10. La guerre directe reprit au tout début du XIIe siècle : le vicomte dacquois Navarre trouva la mort en 1101, Gaston IV de Béarn occupant Orthez jusqu’en 1104, puis rendant la ville. Le conflit s’étala encore tout au long du XIIsiècle avant qu’Orthez ne soit définitivement rattachée au Béarn après une nouvelle guerre, de 1070 à 119211. En conséquence, si Sauveterre puis Salies constituèrent très tôt des circonscriptions béarnaises, d’ailleurs qualifiées de vegaraus, de vigueries, Orthez et Rivière-Gave, terres dacquoises jusqu’à la fin du XIIe siècle, constituèrent un vic parmi d’autres, un peu comme si les vicomtes de Béarn avaient voulu gommer et faire oublier sa spécificité. Notons que Gaston VII, à l’époque même où il dessinait la géographe administrative béarnaise, s’installait à Orthez en y faisant édifier le château Moncade, signe que la mainmise sur le territoire était encore fragile.

Le second espace de réflexion est le Montanérès, à l’est du Béarn. Cet espace est parfaitement et précocement identifié : en effet, jusqu’au XIe siècle, il constituait une vicomté distincte du Béarn et de la Bigorre, voisine. Le mariage de la dernière vicomtesse, Talèse, avec Gaston IV de Béarn, vers 1090, eut comme conséquence un fractionnement du territoire. Certaines portions devinrent béarnaises, d’autres intégrèrent la Bigorre, Larreule par exemple, ou bien les cinq communautés qui constituèrent dès lors deux enclaves bigourdanes en Béarn que la création des départements en 1790 respectèrent, cas unique alors. Les contestations territoriales nous sont indirectement connues par le long conflit qui opposa les communautés de Pontacq et d’Ibos sur l’utilisation conjointe des landes de Ger et la paix qui l’éteint provisoirement, en 131112.

De fait, la géographie politique béarnaise qui s’esquisse alors est en trompe l’œil. Hormis les cas d’Orthez et du Montanérès, moins les espaces sont désignés et précisés, plus ils sont parfaitement connus, délimités et structurés : ce sont de petits territoires bien circonscrits, tels par exemple le Larbaig, au sud d’Orthez, mais rive gauche du Gave, béarnais sans conteste, relevant du diocèse de Lescar. Certains vics reposaient sur une identité tellement forte et ancienne qu’il était totalement inutile de les présenter en détail : c’est spécialement le cas des deux vallées d’Aspe et d’Ossau (fig. 2).

Le Béarn en 1252 (précisions).
Fig. 2. Le Béarn en 1252 (précisions).

Ainsi, la réforme de 1252 fut une étape fondamentale dans la prise en main du territoire par la puissance vicomtale : des vegaries ou vegaraus furent encore mentionnées mais ne perdurèrent que dans les appellations, assimilées qu’elles furent aux vics et mises sous contrôle de la puissance vicomtale représentées par des bayles ou baillis à la puissance montante. De fait, nous appréhendons la fin du processus d’uniformisation des structures de contrôle du territoire et des officiers les tenant. Il n’est pas inutile de remarquer le rôle d’outil de normalisation que joua le For de Morlaàs, dont furent dotées de nombreuses communautés entre les XIIIe et XIVe siècles13.

Mais il très difficile de savoir comment, antérieurement au XIIIe siècle, l’espace béarnais était organisé. Seuls de rares indices nous permettent d’entrevoir quelques données.

La situation initiale : la construction d’un espace géopolitique et administratif nouveau au cours d’un XIIe siècle “décalé” et large (vers 1117-vers 1252)

Premier élément : les deux vicomtés initiales, Lescar et Oloron, unies dans des circonstances obscures au début du XIe siècle, correspondent aux territoires des deux cités antiques, devenues sièges d’évêché. Seule la Soule, dépendante religieusement d’Oloron, constitua à une date inconnue, mais avant cette époque de fusion des deux entités béarnaise initiales, une vicomté distincte. Ainsi, le territoire fut maillé autour de cités et de vici dont le terme subsiste de façon assez prégnante dans la toponymie locale.

En outre, au XIe siècle, l’organisation de ces terres de Lescar et d’Oloron se cristallisa autour de vigueries et de “châteaux”. Or, le vocabulaire employé pose question. On a vu que des vigueries assez nombreuses, une dizaine, sont mentionnées par la documentation (fig. 3).

Les vigueries encore attestées au XIIe siècle.
Fig. 3. Les vigueries encore attestées au XIIe siècle.

Elles se situaient plutôt à l’ouest de la vicomté de Béarn, en partie dans l’ancienne vicomté oloronaise mais aussi le long du Gave de Pau, alors que les “châteaux” étaient localisés dans son nord-est, dans le Béarn primitif. Dans ce dernier espace, certaines des vigueries attestées au XIIe siècle, Pau et Muret par exemple, étaient indiscutablement centrées sur deux châteaux vicomtaux importants. 

On peut penser encore, au vu de la très maigre documentation conservée, que la viguerie n’était initialement pas un ressort mais une fonction, qui s’exerçait en un lieu donné, et des revenus qui lui étaient attachés14. Le cas le plus évident est celui de Pau. C’est exactement de cette façon-là qu’il faut comprendre le second terme de “châteaux”. Ceux-ci étaient évidemment d’abord des lieux symboles soit de l’autorité du vicomte, soit des douze barons qui l’entouraient, en même temps que des résidences privées. Mais ils étaient aussi des lieux publics, les barons détenant et exerçant des prérogatives déléguées, dont la basse justice et l’embryon d’administration ; ainsi, l’article 40 du For général précisait que “le seigneur ne doit pas percevoir de redevance sur les terres de ses chevaliers mais sur les vigueries et châteaux naturels”. En outre, ces barons de Béarn, et le vicomte lui-même, constituaient une cour, dite plus tard Cort major : Ils remplissaient donc entre autres aussi une fonction vicariale, dans le sens judiciaire du terme.

On peut ainsi concevoir que la baronnie du Béarn primitif devait être assez semblable à la viguerie du haut Béarn, oloronais (fig. 4).

La carte du Béarn au XIIe siècle.
Fig. 4. La carte du Béarn au XIIe siècle.

Nous appréhendons ainsi le processus – plus exactement sa fin – d’uniformisation des structures de contrôle du territoire et des officiers les tenant. Mais quelles étaient les fonctions que ces derniers remplirent ?

En ce domaine, il est impossible de remonter plus haut que le XIIsiècle, mais les éléments que l’on peut glaner çà et là sont plutôt intéressants. Les premiers veguers (viguiers) désignés n’ont d’autre fonction que la basse justice. Cependant, dès la fin du XIIe siècle sont mentionnés les premiers bayles (baillis) aux fonctions à la fois plus étendues et plus ou moins territorialisées15. Dans le même temps, au début du XIIIe siècle, viguiers, nombreux, et baillis coexistent : une charte du début du règne de Gaston VII (1229-1290), dont l’application est confiée aux viguiers et à leurs sergents, réorganise la justice vicomtale, aux mains des baillis16.

La charte de 1252 environ marque une évolution décisive : furent généralisés à la fois le système des vics et, dans ces circonscriptions, la présence des bayles, à qui fut probablement confiée dès ce moment-là ou peu après une fonction de police et de basse justice17. Dès le milieu du XIIIe siècle, viguier et bailli se distinguent par la nature de leur charge, monnayable et souvent héréditaire pour le premier, révocable pour le second18.

Enfin, au cours de la seconde moitié du XIVe siècle au moins, les baillis béarnais se virent confier la tâche de percevoir les redevances dues au vicomte et les impositions comme le fouage. Nous y reviendrons plus loin. Mentionnons que des viguiers sont encore attestés au milieu du XIVe siècle, mais l’usage du terme est alors probablement abusif19. Nous avons d’autres exemples de dévoiement du vocabulaire : lorsque par exemple, dans la cherche fiscale de 1385, on relève l’appellation d’une viguerie de Campagne et Usquain qui n’a jamais existé20 ; ou bien en Ossau, quand on distingue, semble-t-il tardivement, au XIVe siècle encore, trois vics, d’en-Haut, d’en-Bas et du Milieu.

Cependant, il est impossible de préciser plus finement à quelle tradition on peut rattacher ces vigueries ni quel était exactement, durant ce long XIIe siècle, le degré de maîtrise de l’espace béarnais. Celui-ci a été profondément bouleversé sous le long règne de Gaston VII (1229-1290) avec un remodelage très important de l’habitat, voire pour une large part un regroupement plus ou moins consenti, et l’apparition de nombreux lieux centraux appelés à un rôle économique et administratif essentiel.

Les bailliages béarnais du XIVe siècle : leurs délimitations, les officiers les administrant et les populations en relevant  

On ne sait pas précisément quand les bailliages furent institués en Béarn, mais il est possible qu’il y ait eu un glissement progressif du système des vics à ces circonscriptions confiées à des bayles, des baillis. Impossible encore de préciser la différence exacte entre les deux termes. La première mention connue mentionnant les bailliages figure dans l’article 126 du For général, hélas non daté mais qu’on peut probablement situer soit de la fin du règne de Gaston VII, soit de celui de sa fille Marguerite Moncade et des premiers Foix-Béarn, c’est-à-dire peu avant 1290 ou dans la décennie qui suivit21.

Les premiers registres notariés conservés, à partir des années 1320, attestent alors de l’existence de bayles et de bailliages et en mentionnent, çà et là22. En 1338, dans un procès-verbal de tenue de la Cort major à Buzy, on trouve une liste indiquant non pas exactement les bailliages mais leurs bayles. On remarque cependant que quinze circonscriptions seulement sont mentionnées, qu’elles n’ont donc vraisemblablement pas toutes été indiquées. En outre, ces quinze-là sont désignées différemment, soit par une appellation, c’est le cas de Rivière-Gave ou du Larbaig, soit par leur chef-lieu23.

On sait que la carte administrative varia : ainsi, par exemple, Pardies et Lagor étaient encore distincts en 134324. En outre, les limites restèrent probablement imprécises dans certains cas, et ce, assez tardivement : pour preuve, en 1376 une prospection fut lancée à Castetarbe pour vérifier les limites des bailliages d’Orthez et de Rivière-Gave25.

Il faut attendre 1385, date de la fameuse cherche, ou révision, des feux fiscaux, pour avoir précisément une liste complète des communautés, par bailliage, et le nom de ceux-ci26.

Ces circonscriptions ont donc été, dans ce laps de temps couvrant les trois premiers quarts du XIVe siècle, de plus en plus finement dessinées et délimitées. Ainsi, en 1385 le Béarn comptait dix-huit bailliages, très inégaux. À ce sujet, plusieurs observations doivent être formulées (fig. 5).

Les bailliages en 1385 dans la cherche des feux de Béarn.
Fig. 5.Les bailliages en 1385 dans la cherche des feux de Béarn.

Il est remarquable, tout d’abord, que les superficies étaient fort diverses. Ainsi, le seul bailliage de Pau, très modeste village encore mais doté d’un important château vicomtal, siège d’institutions, couvrait près d’un cinquième du Béarn alors que cinq bailliages, Morlaàs, Orthez, Salies, Monein et Pontacq, se réduisaient chacun à un bourg. C’est compréhensible pour les deux premiers, les plus peuplés de la vicomté, plus étonnant pour les trois autres : mais Salies et Pontacq tenaient chacune une frontière peu sûre, avec Dax et avec la Bigorre, alors que Monein présentait une configuration très particulière, très vaste espace occupé par douze bourgs et communautés distincts, dénombrés d’ailleurs séparément dans la cherche de 1385 : Lo Cos, Candelop, Arue, Cardesse, Liza et Lo Trolh, Tresserre, Ucha, Marquemale, Cuqueron, Castet, Loupien et Bourg-Neuf, cœur de la communauté moneinchonne, apparu tardivement, au XIIIe siècle.

Les bailliages correspondant aux territoires rattachés depuis le XIe siècle à la vicomté ont profondément remodelé ces derniers. Soit, ils les ont démembrés : Pontacq, par exemple, fut distraite du Montanérès, et Orthez, de Rivière-Gave ; soit, ils les ont reconfigurés, notamment autour de Salies et de Sauveterre.

De plus, les trois grandes vallées béarnaises ont connu un sort différent : si Aspe et Ossau constituèrent, très tôt, des vics puis des bailliages à part entière, Barétous fut semble-t-il dès le départ intégré au vaste vic puis bailliage d’Oloron.

Certaines vieilles entités subsistèrent, mais recentrées sur de nouveaux bourgs : ainsi, le Vic-Bilh (avec l’apparition de Lembeye, à la fin du XIIIe siècle) et Lissarre (polarisé par la bastide de Nay, fondée en 1302 par Marguerite Moncade).

Enfin, certaines entités bien distinctes, dès le XIe siècle déjà, voire avant, conservèrent leur autonomie administrative, au sein de bailliages très modestes, ne comptant qu’une dizaine de villages chacun : c’est le cas du Larbaig, ou celui du Saubestre (Garos), ce dernier ne comptant que huit communautés.

La documentation notariale nous fournit également, à partir des années 1320, un ensemble de renseignements, parfois ténus, sur les fonctions que remplissaient les bayles ainsi que sur leur recrutement.

Les baylies ou bayliatges étaient affermés, comme les autres offices publics, tels les notariats27. On trouva donc à leur tête des notables relatifs, souvent jurats de leur communauté et jouissant d’une petite aisance économique28. Les plus compétents ou les plus remarqués firent parfois carrière, au plus près du vicomte, jusque dans son Conseil : ce fut le cas, par exemple, d’Arnaud Brun de Cucuroo, bourgeois de Morlaàs, notaire de Montaner de 1348 à 1367, bayle en 1346 au moins, et dans l’entourage direct de Gaston III dans les décennies 1370 et 138029. Citons encore le cas du fameux Bernad de Luntz, né dans une famille serve affranchie, d’abord coadjuteur de notaire, à partir de 1342, puis notaire d’Orthez de 1352 à 1387 environ, secrétaire de Gaston III dans la décennie 1360 et notaire général de Béarn entre 1371 et 138730. Beaucoup cumulèrent : ainsi, Goalhardolo d’Oroix notaire de Pau et Nay à partir de 138031 puis bayle de Pau en 138132. Tous étaient responsables devant le vicomte, et au besoin convoqués et punis33.

Les fonctions tenues par les bayles étaient essentiellement de deux natures, à la fois judiciaires et fiscales. Ils furent ainsi chargés de la basse justice34, rendue au nom du vicomte, mais aussi, parfois d’arbitrages35 et même d’affaires qu’on qualifierait de criminelles36. C’est eux qui étaient, en outre, chargés de l’application des jugements rendus en audience privée37, des saisies ou levées de saisies38 et des ventes aux enchères39. Les bayles, plus bassement, répondaient au nom du vicomte aux diverses sollicitations, y compris les plus terre à terre40. Les bayles étaient en second lieu chargés des perceptions diverses, dîmes, tailles et redevances publiques, puis fouage, de même que des arrestations et punitions infligées en cas de non ou mauvais paiement41. Ce sont là des fonctions très classiques. Enfin, ils remplirent aussi d’autres tâches, liées par exemple aux infrastructures et voiries42, aux fortifications43 et aux mises en défense en temps de guerre44.

Dans la seconde moitié du XIVe siècle, la documentation présente cependant la complexité du système qu’on peut, faute de mieux, analyser comme suit.

D’une part, il y eut, c’est certain, différents types d’officiers : bayle et bayle, en quelque sorte, le titre ayant connu semble-t-il un vif succès.  Ce dernier, donné aux officiers vicomtaux depuis le XIIIe siècle, fut porté – abusivement ? – par toutes sortes de personnages remplissant une fonction quelconque, même basse : on distingue ainsi, au XIVe siècle, des bayles seigneuriaux, des bayles communaux, sorte de jurats aux pouvoirs assez indéfinis, des bayles attachés à telle ou telle affaire et ne portant le titre que le temps de son instruction.

D’autre part, on observe une notable survivance des vics comme simple unité divisionnaire des bailliages. C’est le cas, notamment, des trois vics d’Ossau, non attestés au XIIIe mais bien réels au XIVe siècle. En effet, la vallée connut alors une subdivision interne entre le vic d’En-haut (Laruns), le vic du Milieu (Bielle) et le vic d’En-bas (Arudy) que le pouvoir vicomtal ne reconnut qu’à moitié : un notaire était attaché à chacun de ces vics, mais à l’échelle béarnaise, Ossau ne constituait qu’un seul vic, un seul bailliage. L’usage du vieux terme pourrait dénoter un certain conservatisme, à tout le moins lexical.

Que peut-on avancer comme premier – et provisoire – bilan des grands traits de cette évolution géo-administrative ? D’une part, il convient de rappeler que cette construction s’opéra sur un temps long d’au moins deux siècles. Indiscutablement, nous avons confirmation du caractère crucial de la période d’un large XIIe siècle, compris entre 1117 et 1252 environ, puis de l’accélération du processus dans la seconde moitié du XIIIe siècle, en même temps que furent bouleversés l’habitat et l’encadrement politique et social des populations. Quand l’union avec Foix intervint, entre 1290 et 1302, le Béarn présentait déjà un visage bien structuré ; il n’était pourtant encore, au moins dans la titulature, qu’une simple vicomté, aux prétentions cependant déjà en germe45. D’autre part, il apparaît très banalement que la constitution du territoire, sa distribution et sa subdivision, s’accompagna en parallèle, de sa structuration administrative à partir d’un système complexe à la fois vicarial et baronnial, peu à peu publicisé. L’aboutissement, au XIVe siècle, en fut une définition fine des structures et une complexification croissante d’un personnel doté de l’autorité déléguée.

Cette évolution témoigne de la modernisation de plus en plus poussée de l’État béarnais, condition probable à l’affirmation de son statut souverain, au milieu du XIVe siècle, puis ensuite de sa place au cœur de la principauté des Albret.

Sources éditées

  • Lorber, P. éd. (1914) : “Traité de paix entre les communautés d’Ibos et de Pontacq, signé en 1311”, Bulletin de la Société académique des Hautes-Pyrénées, Tarbes.
  • Marca, P., éd. (1912) : Histoire de Béarn, Pau.
  • Martin, J.-F., éd. (1999) : Cartulaire de l’abbaye Saint-Jean de Sorde, Biarritz.
  • Mazure, A. et Hatoulet, J., éd. (1841) : Fors de Béarn. Législation inédite du XIe au XVe siècle, Pau.
  • Ourliac, P. et Gilles, M., éd. (1990) : Les Fors de Béarn, Paris.
  • Pon, G. et Cabanot, J., éd. (2004) : Cartulaire de la cathédrale de Dax. Liber Rubeus (XIe – XIIe siècles), Dax.
  • Ravier, X. et Cursente, B., éd. (2005) : Le cartulaire de Bigorre (XIe-XIIIe siècle), Paris.

Bibliographie

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  • Bidot-Germa, D. (2019a) : “Conflits et paix dans le Béarn du début du XIVe siècle. Autour de Marguerite Moncade (vers 1245-1318) et de Jeanne d’Artois (1283-vers 1351)”, Femmes, paix et réconciliation au Moyen Âge et au début de l’époque moderne. L’espace nord méditerranéen. Colloque international de Perpignan des 2 au 4 avril 2009. Perpignan.
  • Bidot-Germa, D. (2019b) : “Le For de Morlaàs et son usage de statut général dans la vicomté de Béarn (XIIe-XIVe siècle)”, in : Lett, D., Statuts, écritures et pratiques sociales dans les sociétés de la Méditerranée occidentale à la fin du Moyen Âge (XIIe-XVe siècles), Rome.
  • Cursente, B (2007) : Orthez. Pyrénées-Atlantiques, Pessac.
  • Menjot, D. (2010) : “La ‘fabrique’ des territoires : quelques remarques conclusives sur les processus sociaux de territorialisation”, in : Boissellier, S., De l’espace aux territoires. La territorialité des processus sociaux et culturels au Moyen Âge, Turnhout.
  • Rogé, P. (1908) : Les anciens Fors de Béarn. Études sur l’histoire du droit béarnais au Moyen Âge, Paris.
  • Schmitt, J.-C. (2007) : “De l’espace aux lieux : les images médiévales”, in : SHMESP, 2007, 317-347.
  • SHMESP (2007) : Construction de l’espace au Moyen Âge : pratiques et représentations, Paris.
  • Tucoo-Chala, P. (1961) : La vicomté de Béarn et le Problème de sa souveraineté, des origines à 1620, Bordeaux.

Notes

  1. SHMESP 2007 ; notamment Schmitt, 317-347.
  2. Ourliac & Gilles, éd. 1990.
  3. For de Morlaàs, art. 11 : beguerau de Pau ; For général, art. 39 : la beguarie de Pau, la beguarie de Monenh, la beguarie de Pardies ; For d’Aspe : beguer (art. 20), vicari (vicaire, art. 21, 23)
  4. Bidot-Germa 2016, 25-51.
  5. La “fabrique” des territoires est une interrogation classique : Boissellier 2010 ; et, notamment, Menjot, 295-309.
  6. Ces deux ensembles sont constitués de toutes petites communautés, au sud et à l’ouest de la future Sauveterre-de-Béarn.
  7. Pon & Cabanot, éd. 2004.
  8. Il n’est pas impossible que la célèbre motte, dite Moutète d’Orthez, ait été aménagée par les Dacquois au moment de la guerre entre les deux vicomtes : Cursente 2007.
  9. L’épisode est notamment rapporté par La chronique d’Orthe, manuscrit du XVIIe siècle inclus dans le cartulaire de Sorde : Martin, éd. 1999, 42-43 ; le miles incriminé, Garcie Guilhem, apparaît comme témoin dans les actes XIX et XXII du cartulaire.
  10. Pon & Cabanot, éd. 2004, pensent que Sauveterre-de-Béarn n’existe pas au moment où débute la dispute entre l’évêché de Dax et celui d’Oloron et que la sauveté serait une création béarnaise après les années 1068-1070, dates auxquelles le bras armé du vicomte de Béarn, Loup Brasc de Sauveterre, arrache par la violence les paroisses de ces deux quartiers au diocèse de Dax ; ce miles détient-il un lieu de pouvoir déjà existant sur ce territoire avant que ne débutent les hostilités ou bien donne-t-il son nom à la terre que lui concède le vicomte ? Informations transmises par Marie-Pierre Mathieu-Haurou, que nous remercions.
  11. Cursente 2007, 16.
  12. Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques (désormais AD 64) E 283 ; Lorber, éd. 1914.
  13. Bidot-Germa 2019b.
  14. Rogé 1908, 131-132.
  15. Ainsi, en 1176 un certain Sans Aner, bayle du vicomte, donne l’investiture d’un champ aux moines de Sauvelade ; en 1193, un bayle est mentionné à Orthez : Marca, éd. 1912, Livre VI, Chap. XII, 223.
  16. For général, articles 101-104 ; mais cette charte est, initialement, de la fin du XIIe siècle : elle a donc pu laisser subsister des terminologies anciennes.
  17. La charte de délimitation des vics est contemporaine – à quelques années près, donc au milieu du XIIIe siècle – de la charte dite de foec et talh qui introduisit la procédure inquisitoriale en Béarn, sous la double autorité des quatre jurats et d’un curé ; l’instruction faisait intervenir le témoignage mais validait aussi le jurement, le serment et d’archaïques pratiques comme le duel judiciaire, encore permises et attestées. Gaston VII promulgua encore la Carta autenticada per lo senhor, qui précisait l’organisation du greffe de justice sous la responsabilité des bayles.
  18. Rogé 1908, 132-133.
  19. AD 64, E 300, fol. 6, 1343 : beguer en lo loc de Lembeye e en lo beguerau de Vicbielh… Le Vic Bilh n’a jamais été viguerie, on a donc peut-être ici un usage abusif du terme de vegarau.
  20. AD 64, E 306, fol. 12v.
  21. Ourliac & Gilles, éd. 1990, 211-213. Marguerite Moncade, épouse de Roger-Bernard de Foix, succéda à son père en 1290 ; elle exerça par intermittence des régences sous son fils et son petit-fils, Gaston Ier (1302-1315) et Gaston II (1315-1343), jusqu’à sa mort en 1319 : Bidot-Germa 2019a.
  22. Par exemple : les bayles de Navarrenx et de Camptort en 1334 (E 1593, fol. 5, 12v), ceux de Lagor en 1344 (E 1916, fol. 9v), de Montréjeau en 1349 (E 1915, fol. 17, 21v, 25), de Lucq en 1363 (E 1400, fol. 4v)…
  23. Forma de manar la Cort, AD 64, C 677, fol. 73-76 : publiée par Mazure & Hatoulet, éd. 1841, 258-265.
  24. AD 64 E 300, fol. 17.
  25. AD 64 E 302, fol. 138.
  26. AD 64 E 306 ; la cherche fiscale cotée E 307, peut-être antérieure à E 306, est incomplète et présente les listes de maisons contribuables par communauté, mais sans préciser les bailliages.
  27. Par exemple, ferme du bailliage de Pontacq en 1372 : AD 64, E 302, fol. 32.
  28. Mentionnons, pour exemple, Pes d’Erm, voisin d’Orthez, bayle de Montréjeau à partir de 1381 (AD 64 E 304, fol. 65), notaire de Pardies dans la même décennie et qui fut aussi, en 1393, commissaire chargé de la poursuite de sorcières (AD 64 E 1404, fol. 5-5v).
  29. AD 64, III E 805, fol. 14, 70v ; III E 806, fol. 6v, 7, 7v, 21, 21v-22, 29-29v, 65v…
  30. AD 64 E 300 (fol. 9), E 302, E 304, E 355 (pièce), E 366 (pièce), E 392 (fol. 155), E 1400 (fol. 2), E 1596 (fol. 27), E 1599 (fol. 88v), E 1915 (fol. 23v-24), E 1918 (fol. 5)…
  31. AD 64 E 304, fol. 28.
  32. AD 64 E 304, fol. 63.
  33. Ainsi, par exemple, le bayle de Lucq, convoqué devant l’audience vicomtale en 1367 et condamné : E 1400, fol. 17.
  34. Par exemple : AD 64 E 366 (pièce), 1356 ; E 808, fol. 54, 1365 ; E 1918, fol. 43, 1374…
  35. Gaston III ordonna ainsi en 1357 au bayle de Labastide-Villefranche d’arbitrer un conflit entre le seigneur de Came et les villageois de Saint-Dos : E 305 (pièce).
  36. Par exemple lorsqu’en 1349 Gaston III, dit Fébus ordonna au bayle de Morlaàs de juger un homme accusé de meurtre : AD 64 E 808, fol. 87v.
  37. AD 64 E 1593, fol. 55v.
  38. Pour exemple : E 1918, fol. 30, 1374 ; E 1923, fol. 32, 1384….
  39. Par exemple, pour non paiement des tailles : E 1593, fol. 50, 1365.
  40. En 1361 par exemple, Gaston III ordonna au bayle de Navarrenx de veiller à ce qu’un habitant de Dognen ne soit pas privé d’eau pour faire tourner son moulin : AD 64 E 1594 (fol. 77).
  41. Par exemple, AD 64 E 1400 (fol. 27v-28), 1366 ; E 1921 (fol. 19v), 1388…
  42. Par exemple le pont de Navarrenx et la viabilité des chemins, en 1385 : AD 64 E 1594, fol. 41.
  43. Par exemple l’envoi de charpentiers au château de Pau : AD 64 E 1918, fol. 32v, 1374.
  44. Par exemple en 1382 : AD 64 E 1919, fol. 5.
  45. Rappelons simplement les réticences que Gaston VII puis Marguerite mirent à rendre hommage, puis leurs manœuvres dilatoires pour y échapper : Tucoo-Chala 1961.
ISBN html : 978-2-35613-543-8
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Pessac
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EAN html : 9782356135438
ISBN html : 978-2-35613-543-8
ISBN pdf : 978-2-35613-545-2
ISSN : 2741-1818
13 p.
Code CLIL : 3385
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Comment citer

Bidot-Germa, Dominique, “Distribuer et subdiviser le territoire pour l’administrer : des vegaraus aux vics et bailliages en Béarn (XIIe-XIVe siècles)”, in : Bidot-Germa, Dominique, Courroux, Pierre, Lamazou-Duplan, Véronique, dir., Gouverner et administrer les principautés des Alpes aux Pyrénées (XIIIe-début XVIe siècle), Pessac, Ausonius éditions, collection PrimaLun@ 20, 2023, 147-160, [en ligne] https://una-editions.fr/distribuer-et-subdiviser-le-territoire-pour-ladministrer [consulté le 22/12/2023].
doi.org/10.46608/primaluna20.9782356135438.10
Illustration de couverture • Édouard III accorde la Guyenne à son fils Édouard de Woodstock, dit le Prince noir, 1362 (British Library, Londres, ms. latin Cotton Nero D. VI fo 31, fin du XIVe siècle).
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