La troisième partie de cet ouvrage est consacrée aux sculptures retrouvées dans la zone antique des jardins de Salluste, résidence située entre le Pincio et le Quirinal, devenue propriété impériale sous Tibère. Parmi celles-ci, les sculptures égyptiennes et égyptisantes sont étudiées en quelques pages (p. 130-137, notes p. 189-193). Ainsi, on a découvert, dans la villa Verospi, au début du XVIIIe siècle, un groupe de statues de style égyptien, d’époques diverses et de taille considérable, conservées actuellement au Vatican, dans la collection du Museo Gregoriano Egizio. Les plus connues sont des monuments en granit représentant Touya, mère de Ramsès II, Ptolémée II et Arsinoé, ainsi qu’une copie romaine de cette sculpture de la reine lagide1. D’autres statues en basalte de la même zone sont signalées par Winckelmann : une figure, plusieurs têtes, une statue de Hapy (Vatican), un vase canope (villa Albani), ainsi que des monuments animaliers en “rosso antico”, dont un hippopotame conservé à la Ny Carlsberg Glyptotek.
On peut s’interroger avec l’auteur sur l’empereur qui aurait regroupé ces sculptures : Caligula2 ou Néron ? Est-ce Commode qui les aurait abritées dans un pavillon ? Furent-elles le décor d’un lieu appelé Memphis sous les Sévères ? K. H. pose plus de questions qu’il n’apporte de réponses. L’obélisque trouvé à l’Ouest de la colline et transplanté devant l’église S. Trinità dei Monti appartint à cet ensemble. J.-C. Grenier3 s’était interrogé sur la date de son érection à Rome à l’époque impériale et sur la raison pour laquelle on fit reproduire sur ses flancs les textes hiéroglyphiques de l’obélisque de Ramsès II érigé par Auguste sur la spina du Circus Maximus.s
Pour cet auteur, l’obélisque a pu être rapporté comme trophée par Aurélien de sa campagne militaire en Égypte en 272. On sait en effet que l’empereur séjournait volontiers dans la résidence impériale des “Jardins de Salluste”, où il aimait se consacrer aux exercices équestres dont il était passionné. L’obélisque aurait ainsi pu trouver sa place dans un manège équestre, pour devenir une sorte de doublet de l’obélisque augustéen du Circus Maximus. En conclusion, l’auteur hésite, à bon escient, à attribuer un rôle cultuel à cet ensemble dont le caractère est décoratif.
- Cette nouvelle “Arsinoé” serait une Drusilla, sculptée à la demande de Caligula pour parfaire le parallèle entre Ptolémée II et lui‑même, selon J.-C. Grenier, “Notes isiaques I (1‑6)”, Bollettino dei Musei e gallerie Pontificie IX, 1, 1989, 31-32.
- C’est l’opinion de Grenier, ibid., p. 28-30.
- Ibid., p. 16-20.