Brun, P. (1988a) : “L’entité Rhin-Suisse-France orientale : nature et évolution”, in : Brun, P., Mordant, C.,dir. : Le Groupe Rhin-Suisse-France orientale et la notion de Civilisation des Champs d’Urnes, Actes du Colloque international de Nemours, mars 1986, Nemours, 599‑618.
Cet ambitieux et précoce essai d’interprétation reprenait quelques hypothèses stimulantes, mais contestables ; en particulier l’idée que les nombreux dépôts non funéraires aquatiques auraient été un moyen d’éviter une inflation, une dévaluation de biens de prestige lorsqu’ils devenaient trop abondants. Cela supposerait toutefois l’existence d’un véritable marché ; ce qui n’était sans doute pas encore le cas dans les sociétés de l’âge de Bronze en Europe occidentale et transgresserait l’esprit même de l’échange de biens de prestige. Deux autres idées formulées ont été invalidées depuis lors : 1) le fait que la guerre ne mettait alors aux prises que les chefs ; 2) le fait que la plupart des dépôts non funéraires étaient des cachettes temporaires. Et je souhaitais de façon trop optimiste, que la majorité des protohistoriens tendraient à raisonner en fréquence, et non en présence ou d’absence. J’étais tout aussi naïf d’espérer que les courants épistémologiques favorisant la méthode typologique du côté germanique et sociologique du côté britannique se conjuguent, la première s’avérant, tout au contraire, partout dédaignée.
This ambitious and early attempt at interpretation took up some stimulating but questionable hypotheses; in particular, the idea that the numerous non-burial aquatic deposits would have been a means of avoiding inflation, a devaluation of prestige goods when they became too abundant. However, this would presuppose the existence of a real market, which was probably not yet the case in Bronze Age societies in Western Europe and would transgress the very spirit of the exchange of prestige goods. Two other raised ideas have since been invalidated: 1) the fact that warfare at that time involved only chiefs; 2) the fact that most non-burial deposits were temporary hiding places. And I was over-optimistic in hoping that the majority of protohistorians would tend to resonate in frequency, not in presence or absence. I was equally naive in hoping that the epistemological currents favoring the typological method on the Germanic side and the sociological method on the British side would come together, the former proving, on the contrary, to be universally disdained.
Dans cet article, on tente de montrer que l’entité dite “Rhin-Suisse-France orientale” est une culture au sens polythétique du terme, et que cette interprétation permet, pour partie, de proposer un modèle de l’évolution sociale et culturelle, dans l’aile occidentale de la zone nord-alpine.
Cadre chronologique
À l’est
L’hypothèse des vagues de migrations des “peuples des Champs d’Urnes” a généré les périodisations et les terminologies en vigueur aujourd’hui. L’analyse plus systématique des associations met en évidence une localisation différente des ruptures majeures1.
À l’intérieur de la période dite “des Champs d’Urnes” ou du Bronze Final, trois subdivisions principales se distinguent nettement :
- Étape 1 : Bronze Final I-IIa (elle se développe dans la continuité du Bronze moyen).
- Étape 2: Bronze Final IIb-IIIa.
- Étape 3 : Bronze Final IIIb (typologiquement liée au Hallstatt ancien ou C).
Dans cette succession forcément rigide des tiroirs de la chronologie relative, il convient de noter les nuances suivantes :
- la transition entre les deux premières étapes est moins tranchée dans la région du Rhin moyen, ainsi que dans le sud et le sud-ouest de la France ;
- la transition entre la deuxième et la troisième étape est moins tranchée en Suisse occidentale, dans le sud et le sud-ouest de la France.
Ces différences régionales, qui seront traitées dans les chapitres suivants, contribueront à la tentative d’explication du phénomène R.S.F.
À l’ouest
A l’ouest de l’entité R.S.F., la nature de la documentation est très différente ; sépultures et habitats stratifiés y restent trop rares encore. En revanche, les dépôts métalliques y abondent. Ils permettent seuls l’élaboration d’une périodisation. Trois groupes chronologiques ont été clairement mis en évidence2. La validité de cette tripartition s’est peu à peu affirmée sur toute la façade atlantique3.
Des divergences apparaissent lorsqu’il s’agit de raccrocher cette séquence à celle de l’est de la France. Une matrice d’association de dépôts de l’ouest de la France précise la succession des groupes chronologiques (fig. 1). Quelques dépôts du Bassin parisien assurent la transition, non seulement d’une étape à l’autre, mais aussi entre l’ouest et l’est. Ce sont d’une part Chéry4, et d’autre part Cannes-Ecluse5 et Longueville6.
On établit ainsi les correspondances suivantes pour l’ouest :
- Étape 1 : Étape des dépôts du type de Rosnoën.
- Étape 2 : Étape des dépôts du type de Saint-Brieuc-des-Iffs.
- Étape 3 : Étape des dépôts à épées en langue de carpe.

Analyse spatiale
Le groupe Rhin-Suisse de W. Kimmig débute avec l’étape 2. C’est l’étape des “Champs d’Urnes classiques”7, ou bien encore la période ancienne des palafittes8.
Extension du groupe Rhin-Suisse
Selon W. Kimmig, les éléments caractéristiques du groupe Rhin-Suisse sont essentiellement céramiques9. Ils se répartissent très largement en France. Le mince sillon rhénan dévolu initialement à ce groupe s’est tant gonflé vers l’ouest (fig. 2) que le terme de Rheinisch-Schweizerisch-Ostransözisch Gruppe traduit mieux la réalité10. La vaste zone occupée par cette céramique correspond aussi à la zone où la densité est la plus forte pour des types métalliques dont plusieurs sont communs à la zone de la céramique Main-Souabe au sens large. D’autres types métalliques bien connus, couteaux ou rasoirs, se distribuent plus largement. Ils intéressent toute la zone nord-alpine.

Tangent à l’est avec les groupes Main-Souabe, le R.S.F. se démarque nettement à l’ouest de l’entité atlantique. La limite entre ces deux derniers ressort avec une précision de plus en plus surprenante (fig. 3 et 4).


Évolution de l’entité R.S.F.
Toute la zone auparavant occupée par la céramique à cannelures douces est couverte par la céramique R.S.F. On constate quelques débordements, surtout au nord-ouest (fig. 2). Malgré un changement, sans prototypes locaux dans la plupart des régions, du répertoire des formes et des décors de la poterie, cette superposition géographique plaide pour une transformation sur place. La taille de la zone intéressée et la rare homogénéité du nouveau style céramique incitent à rechercher à l’intérieur de cette zone le lieu d’origine et le sens de la diffusion de ce changement. En théorie, on devrait observer (fig. 5) :
a) une présence notable des types qui se généralisent durant l’Étape 2 dès l’Étape 1 dans la zone d’origine.
b) Une coexistence relativement courte (associations peu nombreuses) des types anciens et nouveaux dans la plus grande partie de l’aire considérée.
c) Une persistance notable des types anciens pendant l’Étape 2 en périphérie.

Comme on l’a noté précédemment, la première configuration s’observe dans la région du confluent Main-Rhin et en Sarre11. Le sud12 et le sud-ouest de la France13 illustrent bien la troisième configuration, de même sans doute que certains sites localisés à l’écart des grandes voies de communication naturelles. Ainsi, l’axe majeur de diffusion culturelle suit une trajectoire nord-est/sud-ouest. La composante plus spécifiquement suisse du phénomène semble ne se manifester que plus tardivement. Ce que l’on appelle le Bronze Final IIIa est probablement plus un ensemble de traits culturels propres à la région suisse occidentale et de la Franche-Comté méridionale qu’une étape chronologique stricto-sensu (fig. 6).

Analyse structurelle
Dans l’aire de l’entité R.S.F., on décèle des particularités structurelles qui la distinguent de celles qui l’encadrent dans le temps. On observe aussi des irrégularités dans la répartition des objets.
Caractéristiques structurelles
L’entité R.S.F. se distingue de celles qui la précèdent et la suivent, à la fois dans ses structures funéraires et dans ses structures d’habitat. Le rite funéraire pratiqué est presque exclusivement l’incinération en urne. Les tombes simples, sans aménagement monumental (tumulus et/ou fossé périphérique), représentent la grosse majorité du corpus connu (ici dans le Bassin parisien, fig. 7, Funéraire). Comme durant toutes les périodes de la Protohistoire, les sites ouverts, de plein air, sont logiquement majoritaires. Les sites de hauteur en revanche demeurent exceptionnels durant l’Étape 2 ; ils semblent se localiser préférentiellement aux limites de l’entité R.S.F. Enfin, les grottes ou abris sous roche ne sont jamais autant occupées que durant l’Étape 2, pendant tous les âges des Métaux (ici le quart nord-est de la France, fig. 7, Habitat). Cette entité s’individualise aussi par le faible nombre de ses dépôts de bronzes. Inversement, les découvertes d’objets isolés dans les rivières y sont très abondantes14.
Irrégularités structurelles
Durant cette étape, le décompte des objets isolés ou en dépôts, par catégories fonctionnelles, aboutit à une prédominance des armes, surtout des épées. La prise en compte des trouvailles de rivières exige quelques précisions. Les concentrations de bronzes dans les rivières ne sont ni aléatoires, ni seulement dues à l’activité d’un individu ou d’une équipe. Ces concentrations ne sont pas attestées n’importe où, mais sur certaines portions des grands fleuves. Ces secteurs se situent soit en des lieux de rupture de charge, la Basse Loire15, le Rhin inférieur16 ou la Basse Tamise17, soit précisément aux limites de l’aire R.S.F., région de Paris18 ou de Mayence19. D’une étape à l’autre, on constate des variations très significatives. En Pays de Loire par exemple, la région de Nantes/Saint-Nazaire20 semble se substituer au Saumurois21. La région parisienne se révèle également assez dense en dépôts ; même durant l’Étape 2 qui en reste bien chiche ailleurs. On a vu de plus que les proportions relatives selon la fonction varient fortement d’une étape à l’autre, pour des conditions identiques de gisement. Je propose d’appeler cette entité, qui s’individualise nettement par ses caractéristiques mobilières et immobilières : la Culture R.S.F., au sens polythétique du terme22 (fig. 8).

Une entité polythétique est constituée d’ensembles (sépultures, dépôts, fosses d’habitat) clos qui renferment des attributs (types) fréquemment associés. Aucun de ces attributs n’est à lui seul, ni nécessaire, ni suffisant pour caractériser cette entité. Ainsi, une culture archéologique est un assemblage polythétique d’éléments plus fréquemment associés à l’intérieur d’une aire géographique limitée qu’à l’extérieur de celle-ci. Autrement dit, une culture est un groupe de communautés humaines qui échangent davantage entre elles qu’avec les autres.
Le terme de groupe culturel devrait être réservé à des entités plus restreintes, à des subdivisions spatiales qui se dessinent déjà à travers les diverses synthèses régionales23
La Culture R.S.F. exprime et subit des phénomènes qui ne lui sont pas spécifiques. En effet, si l’on élargit le champ de vision, la Culture R.S.F. forme avec les groupes de la zone Main-Souabe, le Groupe des Cultures occidentales du Complexe techno-économique nord-alpin (fig. 9). C’est précisément ce que j’appelle le Complexe techno-économique nord-alpin qui était nommé la “Culture des Champs d’Urnes ». Ce complexe techno-économique s’enracine dans le Bronze ancien. Cela signifie qu’une communauté culturelle unit toute cette zone qui, bien avant le Bronze final, est le champ d’échanges privilégiés. Notons au passage l’étonnante permanence de ces entités ; la limite entre les deux parties principales, est et ouest, du Complexe nord-alpin se retrouve presque inchangée au Premier âge du Fer24.

Proposition d’un modèle socio-économique
L’étude typologique permet de localiser les ruptures majeures de l’évolution. L’hypothèse traditionnelle des vagues de migrations avaient amené à situer ces coupures à d’autres moments ; entre le Bronze Moyen et le Bronze final et entre le Bronze final et le Premier âge du Fer pour les principales. De ces hypothèses découlent les subdivisions et les terminologies en vigueur.
On va maintenant tenter l’élaboration d’un modèle socio-économique tenant compte du rythme dorénavant reconnu et d’une appréhension globale des informations disponibles (fig. 10). En travaillant sur la longue durée, dans l’esprit de l’École des Annales Économies-Sociétés-Civilisations, on peut parvenir à surmonter les inévitables lacunes documentaires. Sachant que l’on passe d’une situation A à une situation C, on peut avancer des hypothèses logiques pour caractériser la situation B. Bien que très vite spéculatives, les tentatives de cet ordre sont indispensables aux progrès de toute recherche scientifique. Il convient cependant d’expliciter les hypothèses formulées et les liaisons réalisées pour construire le modèle proposé (fig. 11).


Un tel exercice met crûment en évidence les faiblesses des constructions intellectuelles que nous pouvons tenter. On ne saurait trop inviter nos collègues à y soumettre leurs travaux ; ils débusqueront peut-être mieux ainsi les modèles implicites qu’ils utilisent ; aussi objectives que leur paraissent leurs productions.
La période d’expansion
Durant la Préhistoire récente, les mouvements de populations se révèlent beaucoup plus rares qu’on ne l’a cru. Il ne semble pas toutefois que l’on puisse faire l’économie de migrations autour du XIVe s. a.C. Les causes n’en sont pas totalement élucidées, mais plusieurs résultats concordent pour indiquer une massive surexploitation des terres dans plusieurs régions25. Des sols ont même été définitivement abandonnés alors. Un déplacement de certaines communautés se déclenche à partir de la zone nord alpine. Il s’effectue au détriment d’entités périphériques ; notamment vers l’ouest. Cette expansion ne s’effectue pas uniquement sous la forme de ces probables migrations, mais aussi et surtout par densification. On exploite davantage de terre, de plus en plus intensivement ; en particulier des terres délaissées jusqu’alors. Le caractère fondamentalement expansionniste du système socio-économique pendant l’âge du Bronze a été décrit et développé par J.-M. Rowlands26. En Europe, une croissance continue s’observe globalement durant cette période. Elle s’exprime dans la croissante densité des sites.
Aux XIVe et XIIIe s. a.C., la prédominance des haches répond vraisemblablement à une accélération des défrichements. Au même moment commencent aussi de se multiplier les faucilles métalliques. Dans un espace déjà très humanisé, ces mouvements ne se sont probablement pas déroulés sans heurts. On constate en effet une hausse du nombre et de l’efficacité de l’armement. Cette situation se poursuit jusqu’à la transition entre l’Étape 1 et l’Étape 2 (sans doute dans le courant du XIIe s. a.C.).
La période de pression
Cette rupture reconnue dans l’évolution de la culture matérielle n’est que l’une des manifestations de changements plus profonds. Pendant un peu plus de deux siècles, le système continue de fonctionner selon un principe expansionniste. Toutefois, les limites des possibilités de ce système semblent alors atteintes. On peut émettre l’hypothèse suivante : une pression excessive sur les ressources provoquerait la crise du système expansionniste. Cette pression résulterait d’une résistance plus ferme à la colonisation de la part des communautés occidentales, et d’une démographie qui tendrait à excéder les possibilités de production. La résistance occidentale à de nouvelles velléités d’empiétement se lit dans l’affermissement graduel de la limite entre les deux complexes techno-économiques. La croissance démographique s’exprime dans la forte densité des sites ; elle n’apparaît bien évidemment que dans les secteurs intensivement explorés comme la Bassée27 ou les marais de Saint-Gond28 par exemple. L’hypothèse d’une forte pression sur la terre appelle bien sûr des vérifications ; en particulier à l’aide des méthodes d’analyse du paléoenvironnement. Cette pression sur la terre doit s’accompagner d’une forte pression sur les ressources en matières premières.
Par rapport à la période précédente, la rareté du métal déposé dans les sépultures s’accorde avec cette idée.
Aucune innovation technique ne semble venir permettre une hausse des rendements. Cette crise de l’économie de subsistance entraîne une exacerbation de la compétition. Dans ces communautés hiérarchisées, l’épée reste probablement l’apanage des chefs. Elle demeure rare dans les sépultures. Avec l’Étape 2, de nouveaux types se généralisent. Les épées à languette tripartite constituent de plus un réel aboutissement technique. Il s’agit très probablement d’objets de prestige. Englobant la sphère de la subsistance, mais séparée d’elle hermétiquement (fig. 12), l’économie du prestige renforce la contradiction d’une stratégie d’expansion horizontale dans un espace dorénavant plein (fig. 13)29.


L’économie de prestige s’avère curieusement méconnue en France. C’est pourtant M. Mauss, un Français, que l’on trouve à l’origine de cette idée. Dans son célèbre Essai sur le Don, paru dès 1923-192430, il soulignait l’universalité de cette pratique. Il la reconnaissait non seulement chez de nombreuses sociétés de son époque, non encore gagnées à l’économie de marché, mais aussi dans les anciens textes hindous, germaniques ou celtiques. Il dégageait clairement la place capitale du don réciproque dans ces sociétés, en tant que principal instrument du transfert des richesses et surtout du transfert des rôles sociaux. Il ne fait guère de doute que ce système ait présidé aux développements de l’âge du Bronze. Des preuves de la pratique du don entre aristocrates du VIIe s. a.C. ont été détectées en Étrurie31. D’autres preuves émanent des textes antiques32.
Les épées à languette tripartite sont probablement très vite devenues indispensables au prestige des chefs. La région du Rhin moyen fait précisément figure de puissant foyer de production d’épées de ce type. De façon logique dans ce système d’échanges à longues distances, cette région dynamique se situe en limite d’entités culturelles, mais aussi d’entités techno-économiques différentes. Il convient d’insister ici sur l’utilité, sinon sur le caractère indispensable de la reconnaissance de ces entités typologiques. Contrôlant la circulation de tels biens de prestige, les chefs de la zone du Rhin Moyen gagnent un surcroît de prestige. Agents de diffusion de ces armes recherchées, ces chefs deviennent aussi, par conséquent, les promoteurs des expressions stylistiques qu’ils sélectionnent. Se procurant ces armes devenues des canons du prestige, les autres chefs en compétition dans les échanges de dons vont chercher à s’attribuer aussi les autres accessoires de ces chefs plus prestigieux. Ce phénomène joue d’autant plus aisément à l’intérieur d’une aire déjà culturellement homogène. La poterie fine constituerait ainsi l’un de ces accessoires symboles de prestige (fig. 14, 15, 16).



Ce modèle rendrait aussi compte d’un paradoxe : cet étonnant gaspillage apparent d’armes pratiqué si abondamment durant cette étape. Celles-ci étaient jetées dans les rivières alors même que l’on récupérait intensivement le bronze pour une refonte quasi immédiate. Dans la pratique du don33, la sphère du prestige doit rester étanche, nettement séparée de celle de la subsistance, pour se perpétuer. Liée à une compétition de plus en plus débridée entre chefs, la production de biens de prestige tend logiquement à s’emballer. L’inflation menace. Les objets de prestige non échangés selon les règles risqueraient de faire perdre sa valeur symbolique à l’ensemble s’ils devenaient accessibles à tous. Fabriqués en grand nombre, ces objets ne pouvaient pas être récupérés pour la refonte avec des garanties suffisantes contre ces risques d’inflation et de dévaluation. La solution pouvait ainsi consister à jeter le surplus dans les fleuves, lieux inaccessibles ; une signification rituelle venant probablement habiller ces opérations de tabous bien commodes pour le contrôle social. Ces destructions de richesses évoquent aussi irrésistiblement le potlatch Kwakiutl, forme exagérée de la pratique du don causée par les Blancs qui désorganisèrent cette société du nord-ouest américain34.
La nature de l’articulation entre la sphère de la subsistance et les activités de prestige exige la vérification de diverses hypothèses émises à ce sujet35. Les documents dont nous disposons, et l’évolution qu’ils induisent sur le long terme sont compatibles avec l’idée suivante : les chefs des communautés hiérarchisées ont, pendant l’âge du Bronze, à chaque moment de difficulté dans le rapport entre l’expansion démographique et le niveau des techniques de production agricoles, accru leur contrôle sur la terre et les matières premières. La terre devenant une ressource de plus en plus critique, les chefs ont pu s’ériger en allocataires des droits à la terre. En Grande-Bretagne, les systèmes de champs sont bien attestés dès le Bronze ancien36. Dans la stratégie fondamentalement compétitive de l’économie de prestige, les chefs doivent logiquement chercher à étendre leur contrôle sur la métallurgie, pour acquérir les biens nécessaires au maintien ou à l’accroissement de leur statut : armes, parures, services à boisson etc. Autrement dit, ces chefs opèrent vraisemblablement une subordination progressive des activités de subsistance à leur stratégie de prestige. Au total se dégageraient deux causes importantes de l’expansionnisme : la première, fondamentale, serait la continuelle disponibilité en terres supplémentaires ; les nouveautés techniques ayant, jusqu’au XIe s. a.C., permis de remplir toujours plus d’espace (l’araire, l’outillage métallique mais aussi des techniques hypothétiques telles que l’apport de fertilisants ou l’alternance des espèces cultivées). La deuxième, qui a amplifié la précédente, serait la compétition pour le prestige entraînant les chefs à convertir toujours plus de richesses en statut social par la pratique du potlatch.
Le système socio-économique peut conserver un caractère expansionniste tant que l’espace n’est pas complètement occupé. Il semble que dans la plupart des régions européennes cette limite soit atteinte entre le XIe et le IXe s. a.C. Dès lors apparaît une στενοχωρία, une faim de terre. Il faut partir et/ou changer d’organisation. Cette situation transparaît nettement dans les textes antiques pour ce qui concerne la Grèce. Isocrate expliquait en ces termes le vaste mouvement de colonisation du VIIIe s. a.C. :
les Hellènes… “resserrés dans d’étroites limites, faute de terres à cultiver, se faisaient la guerre et périssaient victimes de la misère ou des combats37« .
Pendant ces deux siècles de crise, où la démographie bute au plafond des possibilités de production, le potlatch prend des formes exacerbées. Dans un système en expansion presque continue, le potlatch permet certes d’accroître son statut, mais le pouvoir demeure fragile, instable. Dépendant de réseaux d’échanges à longues distances eux-mêmes fragiles, le pouvoir peut s’acquérir relativement vite, pour se perdre plus rapidement encore. L’apparition assez éphémère de sépultures exceptionnellement riches dans le Wessex38, en Saxe-Thuringe39, en Bohême40 ou en Bavière41 suggèrent cette cascade de velléités tôt avortées. Elle constitue l’une des caractéristiques de ce millénaire appelé l’âge du Bronze. Ainsi pourrait s’expliquer l’absence de hiérarchie nette entre les sites d’habitat de cette période. Dans un tel système en effet, les territoires doivent logiquement rester mouvants, sans limites fermement fixées, donc dépourvus de places centrales sièges du pouvoir.
Confronté à une pression indépassable, le système socio-économique connaît de graves soubresauts. Ceux-ci s’expriment dans les deux formes de guerres traditionnelles : la guerre de propriété, selon l’expression utilisée par les Kwakiutls à propos du potlatch42, et la guerre de sang, la guerre par les armes. Dans un système en crise, ces affrontements prennent une tournure paroxysmique. Le potlatch prend une dimension destructrice pour les biens de prestige engagés, car il s’agit de préserver plus que jamais leur valeur symbolique ; pour notre propos, c’est le jet de pièces d’armement dans les rivières (des casques par exemple). La guerre réelle ne met toujours aux prises que les chefs, mais elle se manifeste plus fréquemment et plus cruellement peut-être, par des raids de pillage sur les ressources de base des communautés voisines : troupeaux, stocks de grains ou réserves de métal. Le nombre élevé de sites-refuges43 témoigne avec éloquence de l’insécurité spécifique des réseaux d’échanges. C’est le coup de grâce pour le système expansionniste.
La période de concentration
La rupture typologique du IXe s. a.C. semble bien être l’une des expressions de l’écroulement du système expansionniste. Ne pouvant plus s’étendre, les communautés doivent s’organiser sur un modèle plus stable. Contraintes de “camper” sur leurs positions et de protéger leurs ressources, elles adoptent probablement une stratégie défensive. Elles érigent des fortifications, refuges désormais plus sûrs et permanents. Avec l’Étape 3 en effet, il se produit un véritable “boom” des fortifications (fig. 7, a). Les chefs doivent s’arroger assez aisément une fonction de protection. Parallèlement, ils s’emparent d’un rôle de coordination des activités de production ; organisant peut-être des complémentarités entre les groupes qui composent la communauté territoriale. Cette interprétation se fonde sur la soudaine omniprésence de ces fortifications, et sur la relative régularité de leur implantation. Elles semblent polariser des territoires de 5 à l0 km de rayon44. H. Härke a cru déceler un abandon de nombre de ces fortifications au Hallstatt C45. Il n’en est vraisemblablement rien. La céramique commune du VIIe s. a.C. a provoqué, par sa grande similarité avec celle du Hallstatt B2/3, un tassement des datations sur le VIIIe s. a.C. Les sites fortifiés, qui ont livré une quantité suffisante de tessons permettant une reconstitution des formes, démontrent une persistance durant le VIIe s. a.C.
L’hétérogénéisation des styles céramiques, rompant l’extraordinaire uniformité antérieure, témoigne aussi de ce repli relatif des communautés sur elles-mêmes.
La rapide généralisation de la métallurgie du fer s’inscrit également dans cette perspective46. Elle répond à la désorganisation des réseaux d’échanges à longues distances dont dépend une métallurgie du bronze. Disponible presque partout, contrairement au cuivre et à l’étain, le fer concourt à l’autonomie de communautés sur la défensive. On va pouvoir fabriquer son propre métal sans dépendre d’arrivages devenus hypothétiques. V.G. Childe avait déjà formulé cette interprétation pour expliquer l’apparition du travail du fer en Europe “barbare »47. L’abondance des dépôts d’objets nombreux et variés témoigne des difficultés de circulation du bronze. On relève trois catégories principales de dépôts : les ensembles d’objets brisés ou usagés, les ensembles d’objets entiers, neufs ou utilisables, et les ensembles mixtes. Les premiers constituent probablement des cachettes de métal récupéré pour la refonte. Les dépôts d’objets entiers, situés pour la plupart dans les régions où existent des gisements de matières premières, traduisent vraisemblablement des difficultés d’écoulement de la production. La troisième catégorie enfin doit réunir les stocks de sécurité des artisans regroupant à la fois une réserve de matière première et un lot de produits finis. Quoi qu’il en soit, ces dépôts qui impliquent un usage différé trahissent par leur quantité une période troublée (fig. 17). Durant cette dernière, il importe de dissimuler des biens convoités.
Les programmes d’analyses de la composition des bronzes commencent d’indiquer des tendances qui concordent avec ces hypothèses. Les résultats soulignent tout d’abord avec une fidélité étonnante, non seulement les ruptures majeures d’évolution, mais aussi l’individualité du complexe nord-alpin par rapport à son homologue atlantique. À partir du IXe s. a.C., de plus, on voit les proportions respectives des composants des bronzes pencher plus lourdement au profit des minerais localement disponibles, tandis que, symétriquement, fléchit la part des composants lointains48.
Au IXe s. a.C., se déclenche un lent basculement de l’axe des principaux échanges à longues distances. L’axe sud-nord se substitue à l’axe millénaire est-ouest. La reconnaissance de ces profonds changements permet une meilleure compréhension du phénomène des “résidences princières” du VIe s. a.C. La crise du système expansionniste entraîne l’adoption d’une organisation économique et sociale indigène plus stable, centripète, sur laquelle pourra s’exercer la demande des civilisations urbaines de Grèce et d’Italie49 (fig. 18).

Ces changements détectés dans la zone nord-alpine dès le IXe s. a.C. se synchronisent avec la fin des “Âges sombres” en Grèce, et avec l’épanouissement de la culture villanovienne en Italie. Dans le bassin central de la Méditerranée se produit aussi un processus de concentration territoriale autour de centres fortifiés50. Très vite toutefois, ces centres s’engagent dans la voie de l’urbanisation. Autour de ces centres, en cours d’évolution rapide vers la Cité-État, se déploie un vaste système économique européen, structuré en zones concentriques hiérarchisées. C’est la naissance d’une “économie-monde” méditerranéenne telle que la définit F. Braudel51. Dans ce système, le complexe techno-économique nord-alpin, que les textes antiques permettent de qualifier de celtique dès le Ve s. a.C., va remplir un rôle de médiation sur l’arc le plus dynamique du deuxième cercle (fig. 19).

On a tenté la synthèse d’un grand nombre d’informations de diverses natures. On a cherché à les regrouper dans un système cohérent d’explication. S’il mérite quelque crédit, c’est en raison de la longue durée prise en compte. On peut espérer qu’il débusque quelques tendances profondes de l’évolution économique et sociale. Cet essai prétend avant tout susciter des vérifications. Plusieurs s’acharneront pour des raisons variées à le démolir. Il aura atteint son but car, quelles que soient les motivations de ces attaques, il fera avancer la recherche puisqu’il aura suscité des vérifications.
Sur chacun des points particuliers pris en compte, on peut facilement émettre une kyrielle d’hypothèses différentes. Cela s’avère sans intérêt et, à l’expérience, stérile. La manipulation d’un grand nombre de données réduit en revanche très rapidement le “champ des possibles ». C’est même probablement notre seul moyen de découvrir des questions pertinentes, donc des bribes de solution.
Il ne parait pas inutile de souligner que le raisonnement développé ici repose sur une appréhension quantitative des informations disponibles. On ne raisonne pas en présence ou absence, mais en fréquence. Ainsi, les arguments contraires qui viennent à l’esprit de chacun en fonction de ses connaissances spécifiques doivent être envisagés comme des cubes à empiler sur les histogrammes réalisés. Il est, par exemple, tout à fait possible que des inhumations aient été pratiquées dans le Bassin parisien pendant l’étape 2 (fig. 7), le contraire serait même fort étonnant ; on comprendra qu’il en faudrait beaucoup pour contredire la nette prédominance de l’incinération, c’est-à-dire l’un des éléments qui individualisent cette tranche chronologique.
Dans l’élaboration de cette interprétation, on a, bien entendu, continuellement buté contre des lacunes documentaires, sur des écarts importants d’information d’une région à l’autre. On a pris le parti de postuler la représentativité du corpus connu.
Il convient de discuter aussi un problème d’échelle. Selon la taille des entités géographiques prises en compte, les facteurs d’analyse à mobiliser ne sont pas les mêmes. On ne peut appréhender les phénomènes macro-régionaux comme si l’on avait affaire à une micro-région ou à un site. Il s’agit de plans d’investigation superposés. À mesure que l’on gravit ces plans, les détails peu significatifs, les variabilités individuelles disparaissent. Il importe de ne pas télescoper cette hiérarchie. La reconnaissance des niveaux d’intégration socio-économiques en dépend. À partir de l’âge du Bronze en particulier, plusieurs niveaux ont pu s’emboîter tels des poupées gigognes. Toutefois, si l’on peut procéder à des constructions acceptables pour les âges du Fer, il n’en va pas de même pour l’âge du Bronze. On se trouve en effet actuellement devant une absence apparente de sites interprétables comme des places centrales durant cette période. On peut dès lors supposer, à l’âge du Bronze, une mouvance continuelle de l’échelle d’intégration (fig. 20). Cela reste bien sûr à vérifier.

Le problème d’échelle affecte aussi la chronologie. Les sériations typo-chronologiques réalisables confèrent un degré de précision d’environ deux siècles. Cela signifie qu’à l’intérieur de chacune de ces tranches de temps on postule la contemporanéité de tous les sites qui s’y trouvent classés. Aussi ne faut-il pas oublier que nous travaillons sur des approximations. Là réside l’intérêt primordial de la dendrochronologie. Elle fournira une précision infiniment plus grande. Elle seule s’ouvrira à la possibilité de travailler à l’échelle d’une génération. Essayer maintenant d’élaborer des schémas évolutifs à un degré de précision inférieur à deux siècles contraint de se fonder sur une méthode de classement de la céramique confinant à l’expertise d’art. À défaut de datations dendrochronologiques, seuls des calculs de fréquence de types associés permettront de fonder plus solidement ces tentatives au demeurant très intéressantes.
On insistera enfin sur le caractère nuisible de la frontière artificielle qui sépare la recherche préhistorique en deux blocs. Cette séparation arbitraire a engendré deux traditions de recherche (fig. 21). L’une privilégie l’étude typologique et oppose un refus aux spéculations d’ordre sociologique. L’autre s’affranchit trop souvent des fondements typologiques de notre discipline pour s’engager d’emblée dans la réflexion sociologique. Il importe de parcourir la totalité de la démarche. D’une part la typologie n’est pas une fin en soi ; il s’agit d’un outil pour comprendre un passé lointain. D’autre part, négliger les vérifications typologiques n’aboutit qu’à empiler des hypothèses, qu’à bâtir une pyramide renversée ; au mieux on utilise des systèmes préfabriqués par d’autres, se condamnant à en charrier les éventuelles erreurs. Modéliser, par exemple, sur la “période des Champs d’Urnes” comme si elle constituait un bloc monolithique, amène logiquement à ignorer les importants changements qui se produisent au cours de son développement. Exemple plus caricatural encore, celui de ces études prétendant à la reconstitution du climat de l’âge du Bronze, à partir d’une dizaine de données très dispersées sur le paléoenvironnement. Ce faisant, on raisonne sur une tranche de 1000 ans, supposée invariable. On compacte une période durant laquelle l’impact de l’homme sur son environnement s’est très fortement accru. Au même titre que les paléo-sociologues, les chercheurs qui se spécialisent sur le paléoenvironnement ne peuvent s’affranchir d’une bonne connaissance typo-chronologique. Sinon, leurs conclusions demeureront largement plus spéculatives que les constructions qu’ils sont parfois les premiers à décrier.

Sans excès d’optimisme, des indices de progrès semblent se discerner. La séparation évoquée ci-dessus parait s’estomper lentement. Là réside un enjeu capital pour notre discipline.
Annexe
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Notes
- Brun 1984 ; Brun 1986.
- Briard 1965.
- Coffyn 1985 ; Gomez 1980 ; Pautreau 1979.
- Briard et al. 1969.
- Gaucher & Robert 1967.
- Lamarre 1945.
- Kimmig 1940.
- Vogt 1942.
- Kimmig 1940 ; Kimmig 1951 ; Kimmig 1954.
- Kimmig 1982.
- Herrmann 1966; Kolling 1968.
- Vital 1984.
- Gomez 1980.
- Brun & Mordant 1988, fig. 7, pour l’Île-de-France.
- Briard 1965.
- Schauer 1971.
- Burgess 1968.
- Mohen 1977.
- Herrmann 1966.
- Briard 1965.
- Cordier & Gruet 1975.
- Clarke 1968 ; Klejn 1982.
- Cf. les synthèses régionales dans Brun & Mordant 1988b.
- Brun 1991.
- Balkwill 1976 ; Champion et al. 1984 ; Cujanova-Jilkova 1970 ; Grinsell 1959 ; Kristiansen 1981 ; Randsborg 1974.
- Frankenstein & Rowlands 1978 ; Rowlands 1980.
- Brun & Mordant 1988.
- Brisson & Hatt 1966 ; Brisson & Hatt 1967.
- Boserup 1965.
- Mauss 1923.
- Cristofani 1975.
- Hdt. Histoires I.
- Mauss 1923.
- Codere 1950.
- Bradley 1981 ; Champion et al. 1984.
- Barrett & Bradley 1980.
- Isoc. Panegyricus, IV, 34.
- Piggott 1938.
- Otto 1955.
- Točik & Vladar 1971.
- Müller-Karpe 1956.
- Codere 1950.
- Pétrequin et al. 1985.
- Jockenhövel 1974 ; Nicolardot 1975 ; Pétrequin et al. 1985 ; Vuaillat 1982.
- Härke 1979.
- Furmaneck & Horst 1982; Kimmig 1964.
- Childe 1929.
- Briard & Bourhis 1984; Rychner 1986.
- Brun 1991.
- Potter 1979; Snodgrass 1980.
- Braudel 1979.




