La notion d’offrande par destination a été formalisée au début des années 1990 par J.-P. Morel. Elle regroupe les offrandes conçues et produites comme telles, appartenant durant toute leur existence d’objets à la sphère du religieux. Elles s’opposent aux offrandes par transformation, objets ordinaires détournés de leur fonction première en étant offerts. Une distinction est ainsi faite entre les objets transformés en offrandes et ceux destinés à l’être.L’apparition et le développement de l’offrande par destination sont attestés dans le monde gréco-romain dès le début de la période archaïque au VIIIe s. a.C. En revanche, ce type d’objet ne s’impose qu’à partir du Ier s. a.C. dans le monde celtique. Ce phénomène a donc été associé en Gaule aux transformations survenues autour de la conquête romaine. Certains auteurs, comme V. Rey-Vodoz ou G. Bataille, se sont plus précisément interrogés sur le lien entre ce phénomène et la romanisation, notion actuellement controversée et qui bénéficie d’une riche historiographie.
L’apparition de ces nouveaux objets, qui occupe ainsi une place clé entre la Protohistoire et l’Histoire, est cependant complexe à analyser. Son examen se heurte souvent à des problèmes d’identification. En effet, aucune des formes potentielles d’offrandes par destination de la fin du Second âge du Fer n’est unanimement identifiée en tant que telle. Qu’il s’agisse d’armes miniatures, de roues et d’outils, d’anneaux, de jetons, de disques perlés ou de rubans torsadés, pour lesquels cette hypothèse a été avancée, le débat reste ouvert. Ces problèmes d’identification résultent des ambiguïtés du vocabulaire choisi pour les qualifier, des lacunes dans la connaissance de leurs caractéristiques morphologiques, et de la difficulté de prouver une absence de fonction dans le monde profane – inhérente à leur statut d’objets conçus uniquement pour être offerts.
Ces objets ont fait l’objet d’une thèse de doctorat, soutenue en 2022. L’un des résultats obtenus a été de pouvoir interpréter les offrandes par destination déposées en Gaule comme le reflet des classes les plus modestes et les plus nombreuses. Ainsi, après avoir rappelé les principales caractéristiques du phénomène des offrandes par destination, cet article propose d’étayer cette identification en mettant en évidence des gradations au sein du corpus d’offrandes, avant de réinscrire les processus observés dans l’évolution des pratiques rituelles au Second âge du Fer et au début de l’époque romaine.
The notion of offering by purpose was formalised in the early 1990s by J.-P. Morel. It groups together offerings conceived and produced as such, belonging during their entire existence as objects to the sphere of religion. They are placed in opposition to offerings by transformation, ordinary objects diverted from their original function by being offered. A distinction is thus made between objects transformed into offerings and those destined to be. The appearance and development of the offering by purpose is attested in the Greco-Roman world from the beginning of the Archaic period in the 8th c. BC. On the other hand, this type of object does not become prevalent until the 1st c. B.C. in the Celtic world. This phenomenon has therefore been associated in Gaul with the transformations occurring around the Roman conquest. Some authors, like V. Rey-Vodoz or G. Bataille, have more precisely questioned the link between this phenomenon and Romanization, a notion that is currently controversial and that benefits from a rich historiography.
The appearance of these new objects, which thus occupies a key place between Protohistory and History, is nevertheless complex to analyse. Its examination often comes up against problems of identification. Indeed, none of the potential forms of destination offerings of the late Second Iron Age is unanimously identified as such. Whether it be miniature weapons, wheels and tools, rings, tokens, beaded discs or twisted ribbons, for which this hypothesis has been put forward, the debate is still open. These problems of identification result from ambiguities in the vocabulary chosen to qualify them, from gaps in the knowledge of their morphological characteristics, and from the difficulty of proving an absence of function in the secular world – inherent to their status as objects designed only to be offered. These objects were the subject of a doctoral thesis, defended in 2022. One of the results obtained was to be able to interpret the offerings by purpose offered in Gaul as a reflection of the most modest and most numerous classes. Thus, after reviewing the main characteristics of the phenomenon of the offerings by purpose, this article proposes to support this identification by highlighting gradations within the corpus of offerings, before reinserting the observed processes into the evolution of ritual practices in the Second Iron Age and the early Roman period.
Second âge du Fer ; conquête romaine ; sanctuaires ; pratiques rituelles ; offrandes ; mobilier métallique ; classes populaires
Les Tables Eugubines – sept tablettes de bronze des IIIe et IIe s. a.C. découvertes à Gubbio (Ombrie, Italie) – témoignent de l’existence, dans la cité, de rites impliquant des offrandes de gâteaux sacrés. Ce terme regroupe divers aliments. Certains, comme la galette levée, sont très simples ; d’autres sont de véritables pâtisseries. Parmi ces offrandes, plusieurs auteurs ont cherché à distinguer ceux que l’on retrouvait à la fois sur les tables de Gubbio et les autels de sanctuaires, de ceux qui appartenaient uniquement à la sphère sacrée (Lacam 2012). Cette distinction rentre en résonnance avec la notion d’offrande par destination, formalisée au début des années 1990 par J.-P. Morel. Elle regroupe les offrandes conçues et produites en tant que telles, “appartenant durant toute leur existence d’objets à la sphère de la religion” (Morel 1992, 221). Elles sont placées en opposition aux offrandes par transformation, des objets ordinaires détournés de leur fonction originelle en étant offerts. Se distinguent ainsi les objets transformés en offrandes et ceux destinés à en être (fig. 1).
L’apparition et le développement de l’offrande par destination sont attestés dans le monde gréco-romain dès le début de l’époque archaïque au VIIIe s. a.C. (Polignac 1984). En revanche, ce type d’objet ne devient prégnant qu’à partir du Ier s. a.C. dans le monde celtique (Kiernan 2009 ; Bataille 2011). Ce phénomène a donc été associé en Gaule aux transformations apparaissant autour de la conquête romaine (Rey-Vodoz 1991, 219 ; Cazanove & Joly 2011, 666 ; Bataille 2011, 659-661).
L’apparition de ces nouveaux objets, qui occupe donc une place clef entre Protohistoire et Histoire, est néanmoins complexe à analyser. Son examen se heurte souvent à des problèmes d’identification (Goussard 2018a). En effet, aucune des potentielles formes d’offrandes par destination de la fin du Second âge du Fer n’est identifiée comme telle de façon unanime. Qu’il s’agisse des miniatures, des rouelles, des anneaux, des jetons, des disques perlés ou des rubans torsadés, pour lesquels cette hypothèse a pu être émise, le débat est toujours présent dans la littérature archéologique Ces problèmes d’identification résultent à la fois d’ambiguïtés dans le vocabulaire choisi pour les qualifier, de lacunes dans la connaissance de leurs caractéristiques morphologiques et de la difficulté à prouver une absence de fonction dans le monde profane – inhérente à leur statut d’objets conçus uniquement pour être offerts.
Ces objets ont pu être abordés dans le cadre d’une thèse de doctorat, soutenue en 2022 (Goussard 2022). Un des résultats obtenus a été de pouvoir interpréter les offrandes en Gaule comme le reflet des classes les plus modestes et les plus nombreuses. Ainsi, après avoir rappelé les principales caractéristiques du phénomène de l’offrande par destination, cet article propose d’étayer cette identification à travers la mise en évidence de gradations au sein des corpus d’offrandes, et de réinsérer les processus observés dans l’évolution des pratiques rituelles du Second âge du Fer et du début de la période romaine.
Caractériser l’offrande par destination
Trois objectifs ont été fixés à ce travail de thèse : le premier a été de proposer une méthode fiable d’identification des offrandes par destination ; le second d’analyser les caractéristiques et les développements du phénomène sur ces nouvelles bases puis en troisième lieu d’examiner le lien avec la conquête romaine et de caractériser les transformations à l’œuvre.
Ces objectifs ont été abordés à travers une approche fondée sur l’observation des caractéristiques intrinsèques des objets analysés et dépourvue d’a priori interprétatif. Elle a été complétée par l’examen des assemblages qui les contenaient et l’analyse de leur contexte de découverte, afin d’obtenir une restitution des gestes entourant ces offrandes. Cette démarche par ailleurs a été nourrie sur le plan théorique par les réflexions méthodologiques autour de l’archéologie du rite, initiées et formalisée d’abord par J. Scheid, puis reprises et développées par d’autres chercheurs travaillant sur le sujet (Scheid 2000 ; Verger 2000 ; Bataille 2008 ; Kaurin et al. 2015 ; Van Andringa 2017).
L’étude a été donc fondée sur une sélection de sites, pris comme référence et permettant l’établissement de grilles de lecture. Ces dernières ont ensuite été élargies et adaptées à des ensembles aux caractéristiques proches. Ce choix a permis à des corpus massifs d’offrandes modestes de bénéficier d’analyses exhaustives, type d’examen qui avait rarement pu être effectué.
10 383 restes métalliques, provenant de 6 sites (Acy-Romance, Baâlons-Bouvellemont, Les Flaviers à Mouzon dans les Ardennes, La Villeneuve-au-Châtelot dans l’Aube, Baron-sur-Odon dans le Calvados et Les Canebières à Correns dans le Var), ont été analysés afin de construire ces grilles de lecture (fig. 2). Ces corpus ont été sélectionnés en fonction de leur importance au sein de la littérature scientifique – leur donnant de la pertinence comme point de comparaison –, de leur répartition géographique, de leur nature, de la fiabilité de la documentation disponible et de la possibilité d’accéder au mobilier. À travers eux, il a été possible d’aborder les cas des armes miniatures, des rouelles, de jetons et des anneaux. Toutes les catégories d’objets pour lesquels l’hypothèse de l’offrande par destination a été émise dans la littérature archéologique n’ont pas pu être abordées dans cette étude, qui doit être perçue comme une première étape d’analyse et de mise en place d’une méthode.
Ces analyses ont permis d’écarter l’hypothèse de l’offrande par destination pour certaines de ces catégories d’objets, et de l’affirmer pour d’autres (Goussard 2022 ; fig. 3). Il a ainsi été possible d’identifier comme des offrandes par destination les épées et boucliers miniatures sous la forme prise aux Flaviers à Mouzon, une part des rouelles de La Villeneuve-au-Châtelot et des anneaux de Baron-sur-Odon. À l’inverse, les objets qualifiés de “lances miniatures” provenant d’Acy-Romance, de Baâlons-Bouvellemont et des Flaviers à Mouzon ont été interprétés comme des armes de jet. De même, les jetons des Canebières à Correns semblent plutôt correspondre à des jetons de comptage qu’à des objets de type “votif”.
En outre, certaines représentations miniatures d’épées et de boucliers perforés ou comportant des anneaux de suspension, telles que ceux découverts à Baâlons-Bouvellemont, ainsi que certains types de rouelles, semblent plutôt correspondre à des pendeloques (fig. 4).
Cette interprétation en tant que pendeloque résulte de l’identification d’objets de types similaires en contexte funéraire, à partir de La Tène C2b-D1, puis en oppida à partir de La Tène D. Concernant les rouelles, certains types sont déposés de manière récurrente au plus près du corps du défunt, en association avec des objets destinés à être suspendus. C’est le cas, par exemple, de la crémation 314 de la nécropole Wederath-Belginum (Haffner 1971, 69-70, Tafel 80), où une des deux rouelles (de type MR1 de notre typologie) présente des traces de surexposition au feu, indiquant un passage sur le bûcher avec le corps. De même, le relevé en plan de la sépulture 1205 (Haffner 1978, Tafel 305) permet de localiser les 7 rouelles (de sous-type MR4b) à proximité des cendres, en association avec un collier de perles. La crémation 171 de la nécropole de Lexy (Meurthe-et-Moselle) a également livré une rouelle (de type MR1). Cette dernière a été déposée avec les ossements brûlés dans l’urne cinéraire (Maire 2018, 94-97), tout comme une pendeloque en alliage cuivreux, à laquelle elle était associée (Goussard 2018b).
De même, des boucliers et des épées miniatures perforés et montés sur des anneaux apparaissent dans un premier temps en contexte funéraire, puisqu’ils sont signalés dès La Tène D1b dans la nécropole orientale du Titelberg (Luxembourg ; au sein de la sépulture 20 ; Kaurin 2004, 72-74). Le dépôt de telles miniatures est encore attesté au début de la période augustéenne : au sein de la sépulture 126 de la même nécropole (Kaurin 2004).
Ces nouvelles identifications ont été réalisées à partir de sites qui occupent une place particulière dans la littérature. En effet, le site d’Acy-Romance et les espaces rituels de Baâlons-Bouvellemont et des Flaviers à Mouzon sont fréquemment cités comme référence pour l’identification des armes miniatures (par exemple Kiernan 2009, 47-105 ; Squevin 1994 ; Bataille 2011, 657). De même, le site des Canebières à Correns est souvent mis en avant lors de l’évocation des pratiques entourant les jetons en plomb et leur possible valeur rituelle (par exemple Feugère 2002 ; Golosetti 2009 ou Rouzeau 2016, 192-193). La Villeneuve-au-Châtelot fait partie des deux sites – avec Villeneuve-Saint-Germain (Aisne) – les plus souvent évoqués dans la littérature entourant les rouelles (Veillon 1987 ; Peyre 2000 ; Dondin-Payre 2012 ; Guichon 2019). Concernant Baron-sur-Odon, l’impact est plus local. Néanmoins, les découvertes réalisées sur ce site ont alimenté les interprétations proposées pour les anneaux provenant d’Aregenua (Vieux, Calvados), chef-lieu de cité des Viducasses (Vipard 1997). S’agissant pour la plupart de corpus convoqués des exemples quasiment emblématiques au sein de la littérature archéologique, la réinterprétation de ces objets n’est pas anodine. Elle entraîne celle d’ensembles similaires provenant d’autres sites et donc un élargissement des grilles de lecture mises en place.
La transposition de grilles de lecture acquises grâce à l’analyse de ces sites a permis de mettre en évidence l’existence de corpus proches au nord, à l’est et au sud de la Gaule, ainsi que dans le sud de la Grande-Bretagne. L’hypothèse de l’offrande par destination a en effet pu être proposée pour les épées et boucliers miniatures de l’espace rituel de Rothwell Top (Lincolnshire) et du dépôt de Salisbury (Wiltshire), pour une part des rouelles de Nanteuil-sur-Aisne (Ardennes), de Wallendorf (Luxembourg), et pour celles des Auges à Sarry (Marne) et des Hauts du Bois de Piques à Moyencourt (Somme). Pour les anneaux-offrandes par destination de Baron-sur-Odon, le lieu de production a pu être identifié au sein d’un atelier de bronzier d’Aregenua (Vieux, Calvados). Ces anneaux sont par ailleurs à rapprocher avec ceux issus de trois lieux rituels de la Gaule méridionale : l’espace 2 de l’îlot 29 d’Entremont, l’aire 1E11 de l’oppidum de La Cloche, dans les Bouches-du-Rhône, et le Chastelard de Lardiers, dans les Alpes-de-Haute-Provence. En revanche, il a été possible de proposer d’interpréter comme des offrandes par transformation les armatures déposées à La Bauve à Meaux (Seine-et-Marne) et à Rothwell Top, et de rapprocher les jetons de comptage des Canebières à Correns des ceux en céramique et d’un ensemble de jetons en plomb de Rhénanie-Palatinat.
Concernant la caractérisation du phénomène, des modalités de dépôts communes aux différents ensembles d’offrandes par destination ont pu être observées (fig. 5). Cela permet de considérer les processus en cours comme un véritable phénomène à l’échelle de la Gaule et non comme l’addition d’épiphénomènes indépendants les uns des autres.
Parmi les traits communs qui peuvent être soulignés, figure leur inclusion dans des dépôts qui peuvent être qualifiés de “monothématiques”. Il s’agit d’assemblages centrés sur une seule catégorie d’offrandes par destination : miniatures d’armes, rouelles ou anneaux dans les cas ici étudiés.
Au sein de ces ensembles, un type est largement majoritaire. Il correspond à des offrandes “en prêt-à-consacrer”, soit des offrandes issues d’une production importante, voire massive, optimisée, d’objets présentant un faible degré d’élaboration. Sur ces sites, les objets se comptent en centaines, en milliers ou en dizaine de milliers pour La Villeneuve-au-Châtelot. Ces offrandes sont caractérisées par la simplicité de leur forme et correspondent majoritairement à des objets non finis ou sommairement finis. Ce phénomène touche la totalité des rouelles-offrandes par destination de La Villeneuve-au-Châtelot et environ 66 % des anneaux-offrandes par destination de Baron-sur-Odon. De même, les épées et les boucliers des Flaviers à Mouzon sont caractérisés par un aspect schématique et pour ces derniers O. Caumont a pu restituer un processus de fabrication rapide (Caumont 2011, 172-174 et 284). En outre, les analyses métallographiques ont montré que ces miniatures en fer n’avaient pas bénéficié des carburations volontaires attestées sur les armes réelles, simplifiant ainsi le processus de fabrication (Caumont 2011, 172-174 et 284). L’optimisation du processus de production est également bien visible à La Villeneuve-au-Châtelot, où la volonté de produire un maximum de rouelles avec un minimum de matière première a pu être mise en évidence à travers l’analyse des poids moyens : chaque rouelle en plomb pesant en moyenne 0,25 g.
Sur ces objets, les apports de manipulations volontaires sont minoritaires, touchant moins de 5 % des individus. Par ailleurs, ce type majoritaire est associé à une minorité d’offrandes se différenciant des autres : il s’agit soit d’offrandes par destination d’autres morphologies, soit d’offrandes par transformation restant dans le thème du dépôt (par exemple, des fragments d’armes fonctionnelles accompagnant les miniatures d’armes ou des pendeloques en forme de rouelles avec les rouelles produites pour être offertes). Pour les sites où ces objets sont en position primaire, comme aux Flaviers à Mouzon, ces dernières sont rassemblées dans des aires de dépôts, à l’aire libre, correspondant à des dépôts dits en surface-plan (Izri 2011). Enfin, ces dépôts traduisent une volonté d’accumulation, de plusieurs centaines, voire milliers d’exemplaires. La gestion de cette accumulation d’offrandes pouvant amener à un déplacement et une mise au rebut de ces individus, au sein même de l’espace rituel.
Un reflet des classes les plus modestes ?
A la suite de l’identification de ces modalités communes, nous avons cherché à interpréter les faciès des dépôts qui incluent des offrandes par destination. À partir de la mise en évidence d’une gradation entre les objets offerts, nous émettons l’hypothèse qu’ils représentent différentes catégories de dédicants. Nous souhaitons souligner que notre analyse cherche uniquement à déterminer qui est représenté au sein de ces dépôts d’offrandes, mais n’aborde pas la question de qui réalise ces pratiques de dons. Il pourrait autant s’agir d’accumulation de gestes individuels qu’une offrande collective. Néanmoins, dans le cas d’offrandes en surface-plan, où les objets offerts sont disposés dans des aires de dépôt, à l’air libre et non enfouis, le choix des différentes catégories représentées n’est pas un élément anodin.
Au sein des trois corpus de référence qui ont livré des dépôts massifs d’offrandes par destination – La Villeneuve-au-Châtelot (marqué par des dépôts de rouelles), Les Flaviers à Mouzon (avec ses épées et ses boucliers miniatures) et Baron-sur-Odon (où se trouvaient des anneaux-offrandes par destination) – l’analyse des assemblages a montré à chaque fois l’existence d’une gradation dans les degrés d’élaboration des objets déposés.
Concernant les rouelles de La Villeneuve-au-Châtelot, la majorité correspond à des offrandes par destination en prêt-à-consacrer, qui prennent la forme de rouelles en plomb à 4 rayons, sans décor, ni détail, d’un diamètre inférieur à 13 mm (de sous-type MR4a ; fig. 6), et dans la plupart des cas associées en chapelet. Elles représentent plus de 98 % des rouelles étudiées (3596 chapelets et 174 rouelles individualisées dans l’échantillon analysé). Leur degré d’élaboration est très faible : environ 65 % peuvent être assimilés à des objets non finis, dont l’aspect se rapproche des déchets de production.
À côté de cette masse d’offrandes peu élaborées, on distingue d’autres offrandes par destination (de type MR3 et MR5), toujours en plomb et sommairement finies, mais avec un diamètre supérieur et présentant des signes distinctifs : deuxième anneau, décor. Elles sont beaucoup moins répandues, puisqu’elles représentent 0,2 % des chapelets et 3,6 % des rouelles individualisées (7 chapelets et 21 rouelles individualisées au sein de l’échantillon).
Au sein du dépôt, se trouve également une minorité d’offrandes par transformation : il s’agit de rouelles-pendeloques soustraites à leur usage premier pour être offertes. Elles sont quasi-exclusivement représentées par des rouelles individualisées, réalisées soit en alliage cuivreux soit en plomb et elles sont plus abouties. Elles appartiennent aux types MR1, MR2, MR4b et MR4c et représentent 1 % des chapelets de rouelles et 66,3 % des rouelles individualisées (37 chapelets et 384 rouelles individualisées). Au sein de ces pendeloques, on peut proposer une subdivision entre les pendeloques de sous-types MR4b (à 4 rayons, un anneau, sans décor ni détail d’un diamètre supérieur à 13 mm) et MR4c (comportant en plus un globule central), d’aspect plus simple et de dimensions en moyenne inférieure et celles de types MR1 et MR2 (à 8 ou 6 rayons et un anneau), qui présentent les plus grands diamètres et parmi lesquelles la proportion d’individus décorés la plus grande. Les rouelles de sous-type MR4b et MR4c sont plus fréquentes, avec 0,96 % des chapelets et 60,3 % des rouelles individualisées (35 chapelets et 349 rouelles individualisées dans l’échantillon analysé), tandis que celles de type MR1-MR2 sont plus rares (avec 0,04 % des chapelets et 6 % des rouelles individualisées ou 2 chapelets et 35 rouelles individualisées).
Enfin, les offrandes présentant le plus grand degré d’élaboration prennent la forme de rouelles-pendeloques en or ou en argent, comportant des détails morphologiques et/ou des décors. Il s’agit de 37 rouelles individualisées de sous-type MR1a, qui présentent la particularité d’être en grande majorité manipulées (par l’apport d’un ou de plusieurs coups de burin), alors que la proportion d’individus manipulés dans les autres catégories de rouelles est minoritaire. 32 d’entre elles étaient de plus isolées des autres et réunies au sein d’un dépôt en vases, qui comportait également 1250 monnaies.
Nous proposons donc de distinguer 5 échelons au sein des offrandes de La Villeneuve-au-Châtelot (fig. 6) :
- Échelon 1 : les offrandes par destination en prêt à consacrer en plomb de sous-type MR4a, dont certains individus ont un aspect proche de celui du déchet (par leur très faible degré d’élaboration et les manipulations qu’ils ont subis) ;
- Échelon 2 : les offrandes par destination de type MR3 et MR5, plus grandes et présentant de nouveaux détails ;
- Échelon 3 : les offrandes par transformation les plus simples de type MR4b et MR4c, en plomb et en alliage cuivreux ;
- Échelon 4 : les offrandes par transformation en plomb et en alliage cuivreux de type MR1 et MR2, plus abouties et comportant une plus grande proportion d’individus décorés ;
- Échelon 5 : les offrandes par transformation en or et en argent de sous-type MR1a, décorées et manipulées.
Aux Flaviers à Mouzon et à Baron-sur-Odon une gradation est également visible, mais les différents échelons sont moins faciles à mettre en évidence. On distingue surtout un groupe majoritaire d’objets peu élaborés et un ou deux groupes minoritaires d’offrandes. Ainsi, l’ensemble prédominant à Baron-sur-Odon est composé d’anneaux simples de type MA1a (caractérisés par une forme circulaire et une section présentant un volume sur la face interne et une arrête sur la face externe, fig. 7), interprétés comme des offrandes par destination en prêt-à-consacrer. Il représente 73 % des anneaux simples découverts dans cet espace. Parmi eux, 59 % sont non finis ou sommairement finis. S’en distinguent deux ensembles. Le premier est composé d’offrandes par destination présentant d’autres sections ou d’autres formes globales (types MA1d, MA1d, MA2, MA3a, MA4a et MA5). Ils représentent 11 % des anneaux simples et 2 exemplaires d’anneaux doubles. Ils présentent également un faible degré d’élaboration, puisque plus de la moitié d’entre eux sont non finis ou sommairement finis. Leur distinction par rapport aux offrandes majoritaires est principalement morphologique. En revanche, le second ensemble est composé d’anneaux fonctionnels. Ils représentent 16 % des anneaux simples. Une majorité d’entre eux correspond à des objets finis et 3 d’entre eux comportent des décors. On peut ainsi proposer une division en trois échelons (fig. 7) :
- Échelon 1 : les offrandes par destination en prêt-à-consacrer majoritaires de type MA1a ;
- Échelon 2 : les autres offrandes par destination, se singularisant par d’autres formes ;
- Échelon 3 : les anneaux fonctionnels, plus aboutis et parfois décorés.
Aux Flaviers à Mouzon, la majeure partie des offrandes d’épées et de boucliers miniatures correspond également aux exemplaires les moins élaborés. Il s’agit de boucliers plats munis d’un umbo circulaire ou légèrement ovalaire. Cette morphologie correspond selon O. Caumont à “une fabrication allant au plus simple et au plus rapide” (Caumont 2011, 177). Ils sont associés à des épées, également plates, munies d’une représentation de pommeau et généralement d’un décrochement pour figurer la garde (Caumont 2011, 293). Ces offrandes par destination, assimilables à du prêt-à-consacrer, représentent environ 97 % des boucliers et plus de 80 % des épées miniatures. Une minorité des représentations d’épées et de boucliers se différencient des autres par la figuration de détails morphologique : 2,5 % des représentations de boucliers sont équipés d’une représentation de manipule (à l’aide d’une pièce rapportée) et sur 16,7 % des représentations d’épées, une nervure axiale est figurée (pour 3,2 % des deux côtés et 13,5 % d’un seul côté ; Caumont 2011, 177 et 293). Nous proposons donc de diviser ce corpus en deux échelons (fig. 8) :
- Échelon 1 : les offrandes par destination en prêt-à-consacrer majoritaires les plus simples ;
- Échelon 2 : les autres formes d’offrandes par destination, se singularisant par la présence de détails morphologiques.
La mise en évidence de cette gradation au sein de ces corpus rentre en résonnance avec celle observée en contexte funéraire et nous incite à les interpréter comme le reflet de différents statuts sociaux. Concernant l’analyse des assemblages funéraires, nous nous appuyons sur les travaux de thèse de J. Kaurin, portant sur les assemblages funéraires trévires, entre la fin du IIIe s. a.C. et le troisième quart du Ier s. p.C. (Kaurin 2015). Ils constituent un socle de comparaison à l’est de la Gaule, à la croisée des aires de concentration de rouelles et d’épées et de boucliers miniatures, sur le même intervalle chronologique que celui adopté pour nos travaux. La lecture hiérarchisée des mobiliers que propose l’autrice permet en outre de mettre en évidence une gradation entre les sépultures, correspondant à une hiérarchie fondée sur le corps social représenté par le mobilier funéraire (Kaurin 2015, 251). Au sein de cette hiérarchie, la fonction militaire prévaut sur toutes les autres, indépendamment de la richesse du mobilier, et n’est représentée que par un faible nombre de sépultures. Les objets renvoyant à la sphère guerrière peuvent être associés ou non à d’autres catégories de mobilier, vaisselle, outillage ou parure par exemple. Viennent ensuite les individus pour lesquels le mobilier funéraire est lié à la sphère artisanale ou à la production de richesse, et ne contient aucun objet renvoyant à une fonction militaire. Puis, on trouve les défunts inhumés avec des objets renvoyant aux pratiques de consommations collectives, suivis de ceux dont la sépulture a livré du mobilier évoquant des activités commerciales (et n’ayant livré, dans les deux cas, aucun artéfact se rattachant aux fonctions sociales précédemment citées). La grande majorité de la population est inhumée avec du mobilier qui ne fait référence à aucune fonction sociale spécifique ou sans mobilier. Le statut de ces défunts n’est marqué que par le fait d’avoir accès à la sépulture.
On peut alors émettre l’hypothèse que la gradation identifiée au sein des dépôts de rouelles, d’anneaux, ainsi que d’épées et de boucliers miniatures soit elle aussi en mesure de refléter les différentes classes sociales. Les offrandes en prêt-à-consacrer, dont l’aspect peut aller jusqu’à évoquer les déchets, pourraient représenter la classe la plus nombreuse, correspondant aux couches les plus humbles de la société (échelon 1). Puis, les différentes formes d’offrandes se singularisant par une autre morphologie, la présence d’un décor ou le choix d’un matériau différent figureraient les fonctions sociales intermédiaires (échelons 2 à 4). Enfin, les offrandes les plus élaborées pourraient représenter les individus des corps sociaux les plus valorisés et les moins nombreux (échelon 5).
En outre, au sein de ces différents échelons, il est possible de noter une nouvelle gradation, que l’on pourrait percevoir comme des différences d’investissement dans les offrandes déposées. Cette deuxième hiérarchie est surtout visible au sein des dépôts les plus massifs et en particulier à La Villeneuve-au-Châtelot. En effet, au sein des offrandes qui représentent l’échelon 1 – les rouelles-offrandes par destination en prêt-à-consacrer de sous-type MR4a (fig. 6) – on note par exemple des différences dans le nombre de rouelles qui composent les chapelets. Les plus petits modules sont les mieux représentés : la majorité rassemble 2 ou 3 individus1 . Des chapelets plus grands, composés de 4 à 16 rouelles, ont été recensés, mais ils sont moins fréquents. Plus le nombre de rouelles rassemblées est élevé, plus le module semble rare. Par ailleurs, au sein de cet échelon, seule une minorité d’individus a été volontairement manipulée (seulement 4,6 % des chapelets) et il s’agit souvent des chapelets les plus longs. Ces grands chapelets, bien que restant très modestes, semblent ainsi avoir bénéficié d’un investissement plus grand tant dans la quantité de matériau employés que dans les manipulations subies. Concernant les rouelles de l’échelon 2 – les offrandes par destination de formes différentes, types MR3 ou MR5, cette gradation est perceptible à travers le choix de rassembler une minorité d’individus en chapelet (7 exemplaires). Il s’agit de plus des seuls individus qui ont été manipulés (particularité relevée sur 1 de ces 7 chapelets). Ce type de pratiques ne touche aucune rouelle individualisée de cet échelon. Concernant les échelons 3 à 5, ces variations d’investissement peuvent être perçues à travers le matériau choisi. Une minorité des rouelles-offrandes par transformation de sous-type MR4b et MR4c (échelon 3) et de type MR1 ou MR2 (échelon 4) sont en alliage cuivreux : cela concerne 14,7 % des rouelles individualisées de sous-type MR4b, 20,4 % de celles de sous-type MR4c, et 11,4 % des rouelles de type MR1 et MR2. De même, parmi les 37 rouelles de sous-type MR1a de l’échelon 5, 35 sont en argent et 2 seulement sont en or. Aux Flaviers à Mouzon, cette gradation interne peut être perçue au niveau de l’échelon 1 seulement, à travers une minorité d’individus manipulés. En effet, ces manipulations touchent 2,8 % des boucliers (12 exemplaires) et 3,2 % des épées miniatures (14 individus ; Caumont 2011, 421-422).
La gradation interne aux échelons de La Villeneuve-au-Châtelot, et dans une moindre mesure, des Flaviers à Mouzon, semble à notre sens traduire différentes capacités d’investissement au sein de chaque classe d’individus représentée. Cela pourrait traduire des différences de richesse internes à chacun de ces corps sociaux. Cette hypothèse trouve à nouveau un écho dans les données issues des contextes funéraires. Au sein des différentes catégories d’assemblages funéraires qu’elle a définies, J. Kaurin a noté des variations dans la richesse de ces derniers (Kaurin 2015, 138-140). Par exemple, parmi les assemblages de type militaire, quatre types de dépôt ont été distingués. Ils traduisent une gradation allant d’assemblages relativement simples (composé d’une hache, associée à un seul autre objet, pouvant être un objet personnel ou un élément mobilier) à ceux les plus opulents (rassemblant une épée, un ceinturon, des objets personnels, de la vaisselle et des artéfacts évoquant le transport). L’autrice souligne ainsi l’existence de deux hiérarchies : l’une correspondant au type d’assemblage funéraire et au corps social auquel il renvoie ; la seconde se rapportant à l’expression de la richesse matérielle (par la multiplication des types et du nombre d’objets déposés ; Kaurin 2015, 139 et 251). Cette double hiérarchie pourrait également être reflétée par les dépôts analysés, à travers les différents échelons d’offrandes et leur gradation interne. Ils renverraient l’image d’une société hiérarchisée en différentes classes sociales, au sein desquels existeraient des différences de capacité d’investissement et de richesse. Au sein de ce schéma, la forme de l’offrande par destination, et en particulier de celle du prêt-à-consacrer, semble représenter la classe la plus modeste et la plus nombreuse.
La représentation des classes modestes : un processus ancré sur le temps long
La représentation du plus grand nombre – entendu comme les classes sociales les plus modestes et les plus nombreuses – peut être une des clés de lecture de l’évolution des offrandes depuis l’apparition des espaces rituels construits laténiens. Pour explorer cette piste, nous repartons des travaux de G. Bataille sur les faciès et les modalités d’agencement des mobiliers des espaces rituels du nord et de l’est de la Gaule (Bataille 2008, 187-205 ; Bataille 2011) et de l’étude menée par M. Demierre, G. Bataille et R. Perruche sur les faciès mobiliers des espaces rituels laténiens du IVe au Ier s. a.C. dans le nord, l’est et le centre de la Gaule (Demierre et al. 2019 ; fig. 9). Leurs analyses permettent d’aborder l’évolution des offrandes sur le temps long et sur les territoires où se trouvent les aires de concentrations de rouelles, d’épées et de boucliers miniatures et d’anneaux au nord de la Gaule. Notre réflexion se place ainsi dans un cadre septentrional, où nos corpus ont permis d’acquérir le plus de données.
Étape 1 : un reflet homogène
Une première étape dans l’évolution des offrandes déposées en espaces rituels peut être située entre la fin du IVe s – début du IIIe s. a.C. – soit au moment de l’apparition des lieux rituels construits – et le début du IIe s. a.C. (La Tène B2-C1 ; fig. 10). Elle est marquée par des mobiliers exclusivement en rapport avec la sphère guerrière : La Villeneuve-au-Châtelot (Aube), Gournay-sur-Aronde (Oise), Bennecourt (Yvelines) ; dit faciès 1 ou modalité MI, (cf. Bataille 2008, 193 ; Demierre et al. 2019, 332 ; fig. 9). Les offrandes prennent la forme d’équipements militaires de qualité, d’armement restitué en panoplie et de fibules en fer que les données funéraires incitent à interpréter comme un des éléments de l’équipement. Ces ensembles d’offrandes paraissent exclusivement représenter les couches guerrières et élevées de la société. Durant cette même étape, d’autres espaces rituels comme Mirebeau-sur-Bèze (Côte-d’Or) et Fesques (Seine-Maritime) du faciès 5 ou modalité MV (Bataille 2008, 199 ; Demierre et al. 2019, 333 ; fig. 9) livrent exclusivement des fibules, notamment de type Dux-Münsingen (Bataille 2011, 656). Comme l’a souligné G. Bataille, il est difficile de comprendre à quelle sphère sociale ou à quel genre (féminin ou masculin) se rattachent ces offrandes (Bataille 2008, 198). On peut cependant souligner qu’à l’instar des panoplies guerrières, ces assemblages semblent renvoyer une image homogène, peut-être celle d’une seule catégorie de la société.
Étape 2 : une diversification des dépôts
La seconde étape paraît avoir lieu au IIe s. a.C. (La Tène C2 à D1a selon les sites ; fig. 10). Elle correspond à des agencements comprenant à la fois des objets appartenant à la sphère guerrière, des éléments de vêtement (fibules) et des parures, dit faciès 3 ou modalité MIII, et reconnu à Mirebeau-sur-Bèze, à Fesques, à Montmartin, à Mathay-Mandeure “Le Clos du Château” (Doubs), et durant l’état 1 de Corent (Puy-de-Dôme) (Bataille 2008, 195-196 ; Demierre et al. 2019, 333 ; fig. 9). Les fibules en bronze et éléments de parures ont été interprétés comme se rapportant à la sphère féminine (par comparaison aux découvertes en contexte funéraire ; Bataille 2008, 196 et 198). La proportion entre ces deux composantes varie selon les espaces rituels : elles sont équivalentes à Mirebeau-sur-Bèze, tandis que les éléments de vêtement et de parures sont majoritaires à Fesques ou à Mathay-Mandeure “Le Clos du Château”. Ces deux catégories principales sont fréquemment accompagnées de pièces d’outillages ou d’ustensiles domestiques présents en faibles proportions et qui semblent correspondre à du mobilier d’accompagnement (liturgique ou servant à l’entretien du lieu) plutôt qu’à des offrandes (Bataille 2008, 196 ; Demierre et al. 2019, 333). Durant cette même étape, d’autres espaces rituels, par exemple à La Villeneuve-au-Châtelot et à Ribemont-sur-Ancre, sont marqués par une diversification des objets découverts, dit faciès 4 ou modalité MIV (Bataille 2008, 196-197 ; Demierre et al. 2019, 333). La catégorie majoritaire est celle des vestiges liés à l’artisanat et à la sphère de la production (demi-produits de fer, socs de charrue), devant l’armement, les éléments de vêtement et la parure, les ustensiles culinaires ou les objets liés au transport. Durant La Tène D1, des monnaies viennent compléter ces ensembles. Ces deux faciès correspondent à une étape de diversification des dépôts, par de nouvelles associations et l’émergence de nouvelles catégories fonctionnelles. Elles pourraient ainsi correspondre à l’introduction d’autres catégories sociales dans l’image que reflètent les dépôts, et notamment les classes représentées par l’artisanat et la sphère productive.
Étape 3 : l’effervescence
La troisième étape se situe entre la seconde moitié du IIe s. et la seconde moitié du Ier s. a.C. (fig. 10). Il s’agit de la dernière étape décrite par G. Bataille dans sa thèse et par M. Demierre et ses co-auteurs en 2019. Elle est marquée par la concomitance de plusieurs faciès d’agencement des mobiliers (faciès 1, 2, 3, 4, 5 et 6 ; Bataille 2008, 199 ; Demierre et al. 2019, 332-333 ; fig. 9). On retrouve tout d’abord des faciès présents aux étapes précédentes. Les faciès 3 (ou modalité MIII, associant mobilier de la sphère guerrière et parure féminine) et 4 (ou modalité MIV, où les vestiges liés à l’artisanat prédominent), apparus à l’étape précédente, disparaissent au cours de La Tène D1. Les faciès 1 et 5, présents à la première étape, sont de nouveaux relevés. Le faciès 5 (ou modalité MV, où les fibules prédominent) est alors caractérisé par des dépôts de fibules en alliage cuivreux (notamment à Mirebeau-sur-Bèze), interprété comme féminines (Bataille 2008, 198). Contrairement aux dépôts de la première étape, des monnaies sont également associées aux dépôts (Demierre et al. 2019, 333). Le faciès 1 (marqué par des dépôts se rapportant à la sphère guerrière) est reconnu à cette période à La Villeneuve-au-Châtelot. Le fourniment déposé est présent en quantité beaucoup moins importante que durant la première étape. Les monnaies prennent en revanche une part prédominante au sein des dépôts (Bataille 2008, 188 ; Demierre et al. 2019, 333). Apparaissent également de nouvelles catégories d’armes : les armes de jets, par l’intermédiaire de fers de javelots (Bataille 2008, 144). Ces faciès semblent donc évoluer vers des dépôts plus diversifiés, suivant la tendance amorcée aux étapes précédentes. En plus de ces faciès déjà présents, apparaissent deux nouvelles catégories d’agencement à cette étape. La première dite faciès 2 (ou modalité MII ; Bataille 2008, 195 ; Demierre et al. 2019, 333) correspond aux assemblages composés de fibules (soit d’éléments vestimentaires) et d’autres parures, parfois associées à quelques outils ou ustensiles domestiques. Il peut s’agir de fibules en alliage cuivreux et de parure en verre (comme à Mathay-Mandeure “Le Clos du Château”) ou encore de bracelets et fibules en alliage cuivreux (comme à Fesques ou Bennecourt). Apparaît également le faciès 6 (Demierre et al. 2019, 333). Il n’a été reconnu que durant la seconde phase de l’espace rituel de Corent (fin La Tène D1b-La Tène D2). Il est caractérisé par la présence de diverses catégories d’objets : de l’armement, des éléments de parure et de vêtement, des vestiges de production, des objets rattachés aux sphères culinaires et aux pratiques de commensalité. La parure est la mieux représentée, sans écraser en proportion les autres catégories. M. Demierre et ses co-auteurs soulignent que la particularité de ce faciès réside dans les nombreux artéfacts se rattachant aux pratiques de commensalité.
Parmi les dépôts étudiés au cours de notre travail, les dépôts d’armes de jets, de fragments de cottes de maille, de céramiques et de monnaies de Baâlons-Bouvellemont (Ardennes) débutent à cette étape. Ils sont en effet datés entre La Tène D1 et le règne de Tibère (Squevin 1994). Ils correspondent au faciès 1, marqués par des objets de la sphère guerrière associés cette fois-ci à des monnaies. On note dans ce cas l’absence de panoplies. Les armes ne sont représentées que par des fragments de cottes de mailles, des armes d’hast et de jets. De plus, ces individus sont majoritairement de petites dimensions. Les fragments de cottes de mailles (51 restes) ne sont présents que sous la forme de fragments volontairement découpés. Leurs longueurs sont variables, mais ne dépassent pas la dizaine de centimètres. De même, les armes d’hast et de jet déposées sont majoritairement des pointes de flèches de petites dimensions (elles représentent 70,5 % de ces armes). Ces dernières sont de plus particulièrement sommaires. Elles ne sont associées qu’à une minorité d’armes d’hast plus grandes et plus abouties (seulement 3 pointes de javelots ou javelines et 7 fers de lance, qui correspondent aux seuls individus manipulés). Les objets modestes prennent donc une place plus importante au sein de ces dépôts. On note également une modification des modalités de dépôt : à Baâlons-Bouvellemont, les offrandes ont été regroupées au sein de zones de dépôt et réparties sur le sol, sans que des aménagements particuliers (type structure en creux) aient pu être identifiés. Cette disposition a été signalée pour d’autres types d’offrandes durant cette étape et notamment les offrandes monétaires. Ces dépôts sont dits en “surface-plan” (Izri 2011, 645). S. Izri, lors de ses travaux sur les usages rituels de la monnaie dans l’est de la Gaule, les définit comme des dépôts caractérisés par la présence de monnaies répandues en position primaire à même le sol et non déposées au sein de structures en creux. Ils sont reconnus pour les monnaies à partir de La Tène D2a (notamment sur les espaces rituels d’Imphy (Nièvre) et de Nitry (Yonne) ; Izri 2011, 645). R. Perruche propose également d’identifier ce type de dépôt pour les fibules de l’espace rituel du “Champ des Fougères” à Mandeure (Doubs), dès ses premiers états (La Tène D1b-D2b ; Perruche 2017).
Cette troisième étape est ainsi marquée par la poursuite de la diversification des assemblages de mobiliers en espaces rituels et est caractérisée par une certaine effervescence, avec la concomitance de nombreux faciès sur le territoire et le développement de nouvelles modalités de dépôt. La diversification des mobiliers paraît refléter de nouvelles catégories sociales, dont certaines sont représentées par des objets modestes. C’est notamment le cas des offrandes de pointes de flèches peu abouties de Baâlons-Bouvellemont, qui prennent une part prédominante au sein des dépôts d’armes du site.
A partir des observations que nous avons réalisées sur l’évolution des offrandes par destination, nous proposons de rajouter 3 étapes supplémentaires (fig. 10).
Étape 4 : une nouvelle place pour les offrandes modestes
La quatrième étape correspond à une période allant de la seconde moitié du Ier s. a.C. au milieu du Ier s. p.C. (La Tène D2b à la fin de la période Julio-claudienne). C’est au cours de cette étape qu’apparaissent en Gaule les offrandes par destination, sous la forme de dépôts massifs monothématiques. Les premiers dépôts de rouelles-offrandes par destination sont datés du début de cette étape dans les espaces rituels de La Villeneuve-au-Châtelot, Nanteuil-sur-Aisne (Ardennes) et Wallendorf au Luxembourg ainsi que dans les dépôts d’épées et de boucliers des Flaviers à Mouzon qui ont lieu entre le milieu de la période augustéenne et la seconde moitié du Ier s. p.C. Concernant les rouelles, ces premiers dépôts correspondent à La Villeneuve-au-Châtelot, au moment où tous les échelons d’offrandes précédemment définis sont visibles, et notamment ceux plus élevés. Il s’agit de la période où est réalisé le dépôt en vase contenant les monnaies et les rouelles en matériaux précieux correspondant à l’échelon 5 (dépôt VI, dont l’enfouissement est daté en 9-10 p.C). Les échelons les plus bas et en particulier l’échelon 1 sont également les mieux représentés. Ces premiers dépôts par destination paraissent en outre être offerts au sein d’aires de dépôts, en espaces-plans, et n’ont pas été systématiquement enfouis au sein de structures en creux. Ils adoptent donc des modalités de dépôts déjà attestées à l’étape précédente.
En parallèle, d’autres espaces rituels continuent de livrer des ensembles où l’offrande par transformation prédomine. Parmi ces derniers, S. Izri souligne la généralisation et l’intensification des dépôts monétaires en surface-plan à partir de La Tène D2b. Parmi les monnaies déposées, les exemplaires ordinaires et de circulation courante prennent alors une large part des dépôts (Izri 2011, 645) et sont parfois présents sous forme de dépôts massifs (Martin 2015, 166). A partir de la période augustéenne, se développe également la pratique du sol truffé : il s’agit de dépôts modestes de monnaies enfouies dans les sols de circulation, avec ou sans contenant, et parfois associés à des vestiges de faune, comme par exemple au “Champs des Fougères” à Mandeure ou bien à Menestreau (Nièvre) (Izri 2011, 646). La modestie de ces dépôts entre en résonnance avec les observations réalisées par R. Perruche à propos des fibules des “Champs des Fougères” à Mandeure. La majorité des exemplaires est décrite comme ordinaire (Perruche 2017). On retrouve une description similaire pour les fibules contemporaines d’autres espaces rituels, comme celui du Tremblois à Villiers-le-Duc (Côte-d’Or). S. Heitzmann les interprète comme issues “d’une production en série rapide et médiocre” (Heitzmann 2019, 322).
En raison de la place nouvelle prise par ces offrandes ordinaires et des offrandes par destination en prêt-à-consacrer les moins abouties, nous proposons d’identifier cette étape comme celle de l’affirmation des catégories plus humbles et plus nombreuses dans l’image que reflètent les dépôts, que ce soit à travers les offrandes par destination ou les offrandes par transformation.
Étape 5 : une certaine standardisation
La cinquième étape s’étend de la seconde moitié du Ier s. au IIe s. p.C. (fig. 10). Elle débute sur une période de déclin pour certaines offrandes et d’essor pour d’autres. C’est à ce moment que les dépôts d’anneaux-offrandes par destination se développent à Baron-sur-Odon (Calvados) et que les dépôts de rouelles-offrandes par destination deviennent les plus exacerbés, que ce soit à travers la massivité des dépôts ou l’optimisation de la production (notamment à La Villeneuve-au-Châtelot, et les “Hauts du Bois de Piques” à Moyencourt (Somme)). Parmi ces dépôts massifs monothématiques d’offrandes par destination, on note de plus une forte standardisation et une diminution du nombre d’échelons représentés : ne restent visibles que les offrandes des échelons 1 à 3 – soit des trois échelons les moins élevés – avec une nette surreprésentation de l’échelon 1.
Les assemblages de mobiliers de cette étape sont donc quasi-exclusivement composés d’offrandes les plus modestes, présentes sous formes parfois massives. Nous proposons donc d’interpréter cette étape comme celle de la quasi-disparition de la représentation des élites au sein des faciès d’offrandes par destination, face à l’ampleur prise par les objets représentant les catégories les plus modestes. C’est également au cours de cette période qu’a été datée l’adoption des offrandes métalliques anatomiques. Elles correspondent à des catégories d’offrandes déjà connues en Italie, où elles se sont répandues dès le IIIe s. a.C., au moment de l’expansion de l’autorité romaine sur ce territoire (Cazanove & Joly 1991, 667 ; Cazanove 2016, 215). En Gaule, ce type n’apparaît pas avant la période augustéenne2, comme l’illustrent notamment les dépôts de Mirebeau-sur-Bèze ou d’Alésia (Barral & Joly 2011, 552-553 ; Cazanove & Joly 2011, 667).
Nous proposons de situer la fin de cette cinquième étape au IIe s. p.C. et de l’assimiler au déclin des dépôts d’offrandes par destination en prêt-à-consacrer de rouelles et d’anneaux (fig. 10). En effet, le recul et l’arrêt des dépôts de rouelles à La Villeneuve-au-Châtelot a été situé au IIe s. p.C. : au début de ce siècle, un dallage semble avoir scellé le dépôt de rouelles de la concentration IV (Bataille 2008 ; Goussard 2022). De même, une date d’interruption au milieu du IIe s. p.C. a été proposée pour la concentration V, par analogie aux datations proposées pour les dépôts de rouelles du même faciès de l’espace rituel des Hauts du Bois de Piques à Moyencourt (Somme), datés de la fin du Ier s. au milieu du IIe s. p.C. (Morel & Dubuis 2018, 198). Concernant les anneaux-offrandes par destination, leur mise au rebut au sein du sanctuaire de Baron-sur-Odon semble avoir été réalisée à une période de réaménagement des galeries du monument, située à la fin du Ier s. ou au IIe s. p.C. (Bertin 1970, 14-15).
Étape 6 : une résurgence
Une dernière et sixième étape peut être identifiée à partir des offrandes de rouelles, bien qu’il s’agisse d’un phénomène marginal (fig. 10) : l’apparition des rouelles inscrites. Elles correspondent vraisemblablement à des offrandes par destination, mais plus abouties que les objets en prêt-à-consacrer, et pourraient témoigner d’une réinterprétation de l’offrande de rouelles. Ces exemplaires inscrits ont été identifiés à Augst (Suisse, insula 17) et Matagne-la-Petite (Belgique ; De Boe 1982 ; Schallmayer 1990, 90 ; Kiernan 2009, 21-22 ; Fauduet 2010, 259). Leurs contextes de découverte ne permettent pas de datation précise. Il est possible d’émettre l’hypothèse que cette période de résurgence advienne au IIIe s. p.C. En effet, la réapparition de rouelles a également été identifiée au sein des sépultures, dans le deuxième quart du IIIe s. p.C. notamment dans la nécropole occidentale d’Annecy (Haute-Savoie) (Bertrandy et al. 1999, 139). Ces deux résurgences pourraient être contemporaines.
Conclusion
L’étude de l’offrande par destination et sa réinsertion dans l’évolution des faciès mobiliers en espaces rituels permet de mettre en évidence une tendance instaurée sur le temps long, dès La Tène C2. Il s’agit de celle de la prise d’importance des offrandes représentant les couches les plus nombreuses et les plus humbles, au détriment de celle représentant les couches élitaires de la société. Ce processus est amorcé depuis l’étape 2 avec l’émergence des classes représentées par l’artisanat et la sphère productive dans l’image renvoyée par les dépôts, et surtout l’étape 3, où les offrandes par transformation modestes et peu abouties prennent une nouvelle place. Les étapes d’apparition et de développement de l’offrande par destination (quatrième et cinquième étapes) sont celles de l’affirmation, puis de l’hégémonie des offrandes modestes, représentant les échelons les plus humbles de la société et amenant à une quasi-invisibilité des élites dans le miroir que constitue ces assemblages d’offrandes (fig. 10). La disparition progressive des élites dans le reflet que renvoient les dépôts massifs d’offrandes par destination, en particulier les plus tardifs, pose plusieurs questions. Il est possible de se demander si les élites n’ont pas choisi d’autres façons de se représenter dans la sphère sacrée. La monumentalisation des espaces rituels à partir du règne de Claude (Van Andringa 2000), pourrait constituer un nouveau témoin de leurs actions et de leur présence. On peut également émettre l’hypothèse que face à l’appropriation par les classes les plus modestes des pratiques d’offrandes, elles se seraient alors tournées vers l’évergétisme, continuant ainsi à se distinguer des autres classes de dédicants.
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Notes
- Dénombrements réalisés sur un échantillon de chapelets comportant des traces de découpe volontaire à leurs deux extrémités (Goussard 2022).
- Les premières apparitions de ces offrandes métalliques anatomiques pourraient avoir lieu dès la période augustéenne, notamment d’après la découverte de représentations en tôle de bronze de l’espace rituel de “La Fontaine de l’Étuvée”, près d’Orléans (Loiret) (Cazanove 2016, 220), tout comme les représentations en bois, qui sont plus précoces (Cazanove 2016, 213-214). L’adoption à plus large échelle des offrandes métalliques anatomiques intervient toutefois à la période flavienne (Cazanove 2016, 220).