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Clément Artmann de la chaîne Climen (Climen, 2021, 03:31).
Valentine Delattre de la chaîne Science de Comptoir (Science de Comptoir, 2022, 01:20).

Cette interaction peut aussi prendre d’autres formes comme une figure récurrente qui devient une signature, à des fins comiques par exemple, pour fidéliser son public, pour servir son propos.

Rodolphe Meyer de la chaîne Le Réveilleur (Le Réveilleur, 2021, 23:13).
Fiona, la sœur morte jumelle de Valentine, figure récurrente des vidéos de la chaîne (Science de Comptoir, 2022, 01:39).
L’alter ego de Rodolphe, qui lui permet de mener son propos par un dialogue entre deux protagonistes (Le Réveilleur, 2021, 21:11).
Les vidéos de Alessandro Roussel de la chaîne ScienceClic suivent presque toutes le même format : des animations et une voix off. C’est ce qui constitue son identité (ScienceClic, 2021, 08:34).

L’incarnation peut aussi renvoyer à un univers esthétique ou une voix.

Le vidéaste Climen qui se met en scène dans un laboratoire en blouse blanche (Climen, 2016, 00:17).

L’incarnation peut également convoquer d’autres « figures », parfois stéréotypées, comme nous le voyons ici avec l’archétype de la figure scientifique (blouse blanche, microscope, etc.).

  • La réputation professionnelle : Une publication scientifique signée est un écrit professionnel qui donne à voir les qualités et la fiabilité des personnes qui l’ont rédigé. Cela signifie qu’un bon écrit valorise ses auteurs et autrices et les qualifie de bons ou bonnes professionnelles, un mauvais écrit fait le contraire. Personne ne souhaite avoir une mauvaise réputation professionnelle, tout simplement parce que cela a un impact sur l’évolution d’une carrière et la possibilité de trouver un emploi.
  • Le cadre déontologique de la recherche : Les personnes qui font de la recherche ont une déontologie personnelle (un cadre moral et une éthique) et aussi professionnelle, imposée par les organismes de recherche dans lesquels elles travaillent. Lorsqu’une personne en doctorat soutient sa thèse (c’est-à-dire qu’elle présente sa thèse devant un jury pour accéder au grade de docteure de sa discipline) elle doit lire à haute voix et signer une charte de thèse.
  • Le fonctionnement de la recherche : Il est rare que la recherche se fasse en solitaire sans en avoir parlé autour de soi, dans son labo, dans son équipe de recherche. La plupart des résultats de recherches s’inscrivent dans la continuité des travaux antérieurs. Les médias et les arts aiment parfois rendre compte d’une figure solitaire scientifique qui parvient à elle seule à bouleverser tout un pan disciplinaire par une sorte d’illumination quasi-mystique. Ce n’est que de la fiction, une image simpliste qui nourrit un univers romanesque qui n’a aucun ancrage dans la réalité. Aucune recherche sérieuse et impactante n’émerge du néant. Aucun esprit, aussi génial soit-il, parvient à imaginer des théories incroyables à partir d’une simple observation du réel ; tout s’inscrit dans un héritage scientifique intériorisé, plus ou moins consciemment.
  • Les sources et citations : Ce n’est pas l’action de sourcer qui prémunit contre toute tentative de transmettre une mauvaise information, c’est plutôt la fiabilité des sources. Les sources vont permettre de qualifier la pertinence d’une recherche. Si les sources semblent peu fiables, cela en impactera nécessairement l’autorité et en même temps la légitimité de son auteur ou autrice. Donc si sourcer est absolument nécessaire pour montrer le sérieux de la démarche, cela ne se fait pas n’importe comment. Il convient d’agir avec certaines normes et attentes liées aux disciplines et aussi du monde de la recherche. Écrire un article scientifique ne suffit pas à faire référence dans une discipline, tout comme le fait d’empiler des sources douteuses, ne permet pas d’en constituer une seule de solide. Il vaut mieux peu de sources, mais des bonnes, reconnues, qui font autorité, qu’une myriade dont il faut se méfier.
  • 1er indice : Les chaînes YouTube des vidéastes de vulgarisation scientifique sont similaires à une vitrine professionnelle. Si iels ne satisfont pas les exigences liées à une vulgarisation scientifique de qualité, iels n’auront pas une large audience, ne pourront pas faire de collaborations et n’auront pas le soutien d’autres vidéastes iels-mêmes en quête d’une bonne réputation. Le travail en ligne construit une « réputation numérique » et si celle-ci est reconnue, elle facilite l’accès au travail et à des revenus. Un des moyens d’enrichir cette réputation est, par exemple, de mettre en avant ses diplômes. Ils sont des marqueurs de légitimité à parler de science sans avoir à se justifier. Un diplôme, si nous l’avons obtenu, c’est que nous l’avons certainement mérité !
  • 2e indice : Les scripts de vulgarisation scientifiques sont souvent écrits à plusieurs mains, ou encore relus par des spécialistes de la discipline, ce qui limite le risque d’erreur. Ainsi, comme c’est le cas dans le monde de la recherche, la production scientifique est rarement le produit d’une seule personne.
Pierre Kerner, maître de conférences en génétique évolutive du développement à l’Université Paris Denis Diderot et l’Institut Jacques Monod, relit les scripts de la chaîne Scilabus (Scilabus, 2023, 08:34).
  • 4e indice : Enfin, à la manière d’une publication scientifique qui fait apparaître les sources en fin de texte (la bibliographie), les vidéastes glissent des liens vers des sources dans l’espace commentaire de la vidéo. Cet espace a été récupéré de manière à reproduire ce qu’il se passe dans la science comme référence à une culture scientifique.

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Pessac
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EAN html : 9791030012606
ISBN html : 979-10-300-1260-6
ISBN pdf : 979-10-300-1261-3
Volume : 1
ISSN : en cours
Posté le 15/11/2025
24 p.
Code CLIL : 3160; 3157; 3158; 3098
licence CC by SA
Licence ouverte Etalab

Comment citer

Blanchard, Benoist, “La vulgarisation scientifique, une science imparfaite ?”, in : Blanchard, Benoist, La vulgarisation scientifique sur YouTube, la science en émotions, Presses universitaires de Bordeaux, echos l@ collection 1, Pessac, 2025, 35-58 [https://una-editions.fr/la-vulgarisation-scientifique-une-science-imparfaite] [consulté le 01/11/2025].
Illustration de couverture • Design de Carla Maldonado, Pôle production imprimée, Université Bordeaux Montaigne.
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