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Yann Le Bohec, “Isis, Sérapis et l’armée romaine sous le Haut-Empire”, dans L. Bricault (éd.), De Memphis à Rome. Actes du Ier Colloque international sur les études isiaques, Poitiers-Futuroscope, 8-10 avril 1999, RGRW 140, Leyde-Boston-Cologne, 2000, 129-145.

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Le rôle joué par les militaires dans la diffusion des cultes isiaques reste très controversé, les études portant sur les divinités orientales réservant une place paradoxale aux membres de l’armée. D’une part, on considère que les soldats n’ont pas une culture suffisamment développée pour comprendre la richesse des théologies et qu’ils simplifient les doctrines, créant ainsi une version plus rudimentaire des cultes, centrée sur les idées de lutte contre le mal et de puissance invincible de dieux dont ils attendent la victoire et le salut personnel. D’autre part, il est fréquent de considérer les dieux orientaux comme des dieux de militaires et les soldats comme leur clientèle privilégiée ; on accorde ainsi souvent une place importante à ceux qui auraient découvert les nouveaux cultes lors de leurs campagnes vers l’Orient et les auraient propagés en Occident.

En se fondant essentiellement sur la documentation épigraphique, Y. L. B. constate qu’Isis et son parèdre Sarapis, plus encore que Mithra ou Jupiter Dolichenus, apparaissent en fait comme des divinités secondaires dans le panthéon des soldats. Les rares militaires isiaques se recrutèrent surtout parmi les gradés. Du point de vue quantitatif, ils ne sont représentés que dans une trentaine d’inscriptions sur plus de huit cents consacrées aux cultes isiaques (chiffres obtenus à partir de la SIRIS), soit moins de 4 % du total. Ce désintérêt relatif des milieux militaires à l’égard du panthéon isiaque se trouverait conforté par l’identité des divinités traditionnelles révérées dans ces milieux, d’autant que les cultes orientaux ne se sont diffusés dans l’Occident romain qu’à une époque relativement tardive, alors que les modes de recrutement se figeaient, et parmi les élites sociales urbaines, non dans les camps. Pour l’auteur, il faut donc se montrer prudent lorsque nous repérons des sites où coexistent témoignages isiaques et présence de l’armée.

Selon Y. L. B., ces facteurs permettent de comprendre que les soldats n’ont pas dû beaucoup contribuer à diffuser et à honorer Isis et Sarapis, pas plus qu’ils n’ont été intéressés par le Christ, contrairement à ce qu’écrivit Tertullien. Ce qui leur convenait, c’étaient les cultes traditionnels, des cultes collectifs plutôt que des pratiques plus personnelles, des valeurs comme la piété, l’obéissance aux supérieurs, à l’empereur et aux dieux de Rome.

Bricault, Laurent (2008) : “Yann Le Bohec, ‘Isis, Sérapis et l’armée romaine sous le Haut-Empire’, dans L. Bricault (éd.), <i>De Memphis à Rome. Actes du I<sup>er</sup> Colloque international sur les études isiaques, Poitiers-Futuroscope, 8-10 avril 1999</i>, RGRW 140, Leyde-Boston-Cologne, 2000, 129-145”, Ausonius éditions BIS I, [En ligne] https://una-editions.fr/le-bohec-2000/ [consulté le 15 août 2021].

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