Brun, P. (2017) : “Le Postmodernisme en archéologie : 25 ans d’une aporie paralysante”, in : Manolakakis, L., Schlanger, N., Coudart, A., dir. : Archéologie européenne, identités et migrations, Hommages à Jean-Paul Demoule, Leiden, 99-112.
Il me faut reconnaitre que l’espoir, exprimé dans ce texte, de voir vite se dissoudre le postmodernisme, était illusoire. Cette nébuleuse idéologique fondée sur le déni de réel continue à influencer l’opinion publique en justifiant les ressentiments victimaires légitimant la violence, voire le terrorisme. Se trouvent ainsi galvanisés l’envie, la cancel culture, c’est-à-dire le lynchage médiatique, l’usage de la post-vérité et les vérités alternatives. En dehors même des sciences humaines, les utilisateurs et les nombreuses personnes ainsi manipulées ne perçoivent d’ailleurs pas la gigantesque ironie de ce paradoxe. Ces ressentiments téléguidés et leurs outrances font ainsi des extrémistes de tous bords les idiots utiles de leurs pires ennemis, tout n’étant qu’une question de point de vue.
I must admit that the hope expressed in this text that postmodernism would soon dissolve was illusory. This ideological nebula based on the denial of reality continues to influence public opinion by justifying victim resentments that legitimize violence and even terrorism. This galvanizes envy, cancel culture (i.e. media lynching), the use of post-truths and alternative truths. Even outside the humanities, users and the many people manipulated in this way fail to perceive the gigantic irony of this paradox. These remote-controlled resentments and their excesses make extremists of all stripes the useful idiots of their worst enemies — even as it’s all a question of point of view.
Introduction
En archéologie, le courant postmoderniste a été qualifié de postprocessual. Il s’agissait pour les tenants de la postmodernité archéologique de clore l’épisode de domination de la New Archaeology, à savoir la pensée “moderniste” avec ses approches méthodologiques et théoriques scientifiquement plus rigoureuses que celles qui les avaient précédées. Au cours des années 1970, la New Archaeology visait à reconstituer les processus de transformation des sociétés dans les différentes régions du monde, afin de saisir le pourquoi de ces changements. Considérée comme “scientiste” et évolutionniste, cette archéologie moderne (dite “processuelle” au cours des années 1980) se devait d’être corrigée (en réalité combattue) par les tenants de la postmodernité pour des raisons essentiellement idéologiques. Nos collègues britanniques et américains se sont engagés dans cette voie, jugée plus novatrice et plus “correcte politiquement”.
Encore agacés par les vives critiques adressées à l’archéologie traditionnelle par la New Archaeology, la plupart des archéologues français n’ont pas mesuré l’importance fondamentale des enjeux en question. Pour eux, cette dernière n’avait été qu’une tentative aux excès vite battus en brèche. Le postmodernisme se situait, à leurs yeux, dans la simple continuité de l’archéologie traditionnelle dont ils partageaient, en majorité, la détestation des approches modélisantes1. Ce courant de pensée, devenu dominant à l’échelle internationale au début des années 1990, a pourtant considérablement freiné le progrès de nos connaissances au niveau interprétatif. Cette parenthèse d’un quart de siècle – qui aura, par conséquent, lourdement pesé sur une bonne partie de la carrière des chercheurs qui approchent aujourd’hui de la retraite – est en train de se fermer. Tous n’ont pas sombré dans ces idées devenues conventionnelles, mais les résistants ont été contraints d’en tenir compte pour ne pas en subir des conséquences négatives dans l’évolution de leur carrière, en France comme en Grande-Bretagne.
L’ambiance intellectuelle des sciences humaines dans les années 1970
Les jeunes archéologues contestataires héritaient, dans les années 1970, de l’influence de travaux divers, issus pour beaucoup des sciences dures, qui avaient irrigué les sciences humaines et sociales2. L’approche écologique avait, dès les années 1950, révélé qu’il était crucial de changer l’échelle d’appréhension des phénomènes sociaux, comme le montrent les travaux de Julian Steward3 et de Leslie White4. Les éthologues avaient, parallèlement, découvert de leur côté que les animaux communiquent d’une manière qui déborde la relation sexuelle et concerne des comportements de soumission, d’intimidation, d’accueil, de rejet, d’élection, d’amitié, ainsi que de régulation démographique, d’aménagement et de protection du territoire. La notion de société (humaine) s’en est trouvée éclairée. La société aménage et défend son territoire. Elle est structurée hiérarchiquement. Cette hiérarchie résulte de compétitions et de conflits qui se résolvent par des rapports provisoires de soumission/domination entre individus. Toutes les sociétés sont et ont été hiérarchisées, d’abord selon des critères d’âge et de sexe, puis de groupes plus arbitraires. Elles se montrent, simplement, plus ou moins hiérarchisées. Mais la société implique aussi des solidarités à l’égard des dangers extérieurs et suscite des activités de coopération bien organisées. Plus les relations sociales sont complexes, plus riches sont les communications sous la forme de signes, de symboles et de rites. La complexité dont il est question ici se situe, bien entendu, au niveau de l’organisation des sociétés. Elle fait référence à des degrés de différenciation sociale verticale – hiérarchisation, stratification – et horizontale – spécialisation des tâches, hétérogénéité ethnique –, mais aussi de densification des relations entre personnes et entre groupes. Cette complexité dépend ainsi de l’interaction de plusieurs facteurs : la taille du territoire occupé, le nombre des habitants et leur répartition dans l’espace, leurs relations de tous ordres et leur histoire individuelle et collective. En ce sens, il ne fait aucun doute que des sociétés sont et ont été plus complexes que d’autres, indépendamment de leurs compétences cognitives, esthétiques ou morales qui, elles, sont universelles. “On se rend compte, écrivait Edgar Morin en 1973, que ni la communication, ni le symbole, ni le rite ne sont des exclusivités humaines, mais qu’ils ont des racines remontant loin dans l’évolution des espèces. De même qu’il est bien évident que l’espèce humaine n’a pas inventé les comportements de cour et de soumission, la structuration hiérarchique du groupe, la notion de territoire, il est non moins évident désormais, que la société n’est pas une invention humaine5”. L’approche évolutionniste et “processualiste” avait retrouvé une position dominante, revendiquée logiquement par la New Archaeology ; une place fondamentale qu’elle n’a plus quittée dans les sciences naturelles… mais pas dans les sciences humaines et sociales.
La nébuleuse postmoderniste
Un nouveau courant théorique, appelé postmodernisme, n’a pas tardé à émerger en sciences humaines, précédant de quelques années sa version archéologique, qualifiée de “postprocessualiste”, en opposition systématique à la New Archaeology6. Il s’agissait, comme à la fin du XIXe et au début du XXe s., de s’opposer à l’essai de dégager des lois générales du changement social mais, de surcroît, à la croyance en des théories vraiment objectives et indépendantes du contexte social. Il convenait au passage de nier tout déterminisme écologique. Il était reproché à ces théories de n’exprimer qu’une posture idéologique, devenue politiquement incorrecte car propre à l’homme blanc occidental, héritier du colonialisme.
Plus qu’un courant structuré, le postmodernisme est une nébuleuse d’idées devenues à la mode au tournant des années 1970-80. Deux principes récurrents se discernent toutefois. Le premier est un doute métaphysique fondamental à propos de l’existence du monde hors de nos sensations : dans la veine de la phénoménologie, la réalité ne serait qu’un produit de notre imagination, de nos représentations, une simple question de point de vue. Le second est un essai de poursuite de la critique marxiste de la société occidentale à partir de nouvelles structures d’oppression : la race, le sexe ou genre, voire l’orientation sexuelle ou religieuse ; l’écriture de l’histoire procéderait des stratégies de pouvoir des groupes dominants ; il n’existerait aucune vérité unique sur le passé et chaque histoire serait “vraie” selon la perspective dans laquelle elle est rédigée7. On discerne plusieurs caractéristiques générales parmi les travaux de ce courant :
- L’investissement dans les études sur le gender ; en particulier, dans un premier temps, le genre féminin : une orientation féministe assez exclusive estimant qu’il serait indispensable d’être femme pour comprendre la condition de la femme dans le passé8.
- Le rejet des grandes théories universalisantes (le marxisme et le structuralisme) et de toute théorie politiquement incorrecte (la dépendance des colonisés, l’existence d’organisations politiques centralisées et hiérarchisées dans les sociétés sans État, par exemple.
- L’accent mis sur les dimensions symboliques et religieuses de la culture. Le privilège accordé aux études locales, microsociales et à la prééminence de l’acteur individuel9.
- Le postulat de la pluralité des sens et du relativisme10.
Une logique binaire s’imposait en somme qui conduisait à minimiser, voire à nier, les autres dimensions possibles des faits sociaux. Dès que l’on croyait tenir le contre-exemple d’une proposition processualiste, on jetait “le bébé avec l’eau du bain” en décrétant le modèle en question invalide, caduque, erroné ; a fortiori s’il pouvait être considéré comme évolutionniste, déterministe ou hiérarchique, autant de notions devenues politiquement incorrectes.
Ces conceptions, revivifiées au tournant des années 1960-70 par les “French theorists” : les philosophes Michel Foucault11, Jacques Derrida12, Jean Baudrillard13, Jean-François Lyotard14, auxquels on peut ajouter l’historien Paul Veyne15 ont stimulé ce puissant retour de balancier. L’histoire sociale a été de nouveau perçue par la majorité des chercheurs comme aléatoire, discontinue et fragmentée en une multitude de trajectoires microsociales. Même parmi les historiens modernistes d’inspiration souvent marxiste des années 1960 et 1970, beaucoup sont alors revenus à une histoire conçue comme un ensemble de cas particuliers, irréductibles à la comparaison16. Le rejet de l’approche scientifique en sciences humaines s’est ainsi réaffirmé sous des dehors voulus novateurs par souci idéologique, ainsi que d’autopromotion institutionnelle.
Les archéologues les plus en pointe du courant postmoderniste ont souvent été des spécialistes de la période néolithique. Ils ont contesté les explications matérialistes de la “révolution néolithique” et proposé une approche plus spiritualiste. Jacques Cauvin17 est allé très loin dans cette voie en prétendant déceler vers 9500 a.C. le déclenchement d’une “révolution des symboles” dans un contexte économique de chasse et de cueillette encore inchangé. Les représentations de femmes et de taureaux seraient devenues soudain plus abondantes. Pour lui, la néolithisation était devenue possible, du point de vue technique, bien avant son émergence effective. Il pensait que ni l’idée, ni l’envie n’en étaient simplement encore venues aux humains. La domestication n’aurait ainsi été entreprise qu’en réponse à leur désir de domination sur la nature et à l’attrait de l’image démiurgique qu’elle leur renvoyait d’eux-mêmes. La question de savoir pourquoi cette révolution idéologique s’est produite d’abord dans cette région d’Asie à ce moment précis n’était pas jugée pertinente ; ce qui renvoyait de manière implicite au hasard ou à une volonté divine.
Les archéologues traditionnels avaient tellement eu tendance à interpréter les changements sociaux comme résultant de croyances ou de motivations idéologiques, dès lors que des raisons pratiques ne leur sautaient pas aux yeux, que cette approche idéaliste avait été considérée avec une légitime suspicion par la génération de la New Archaeology. Le postmodernisme a pourtant restauré cette approche et l’a érigé en pilier de la posture théorique adoptée pour contrer avec succès la New Archaeology18. Le postmodernisme a triomphé pendant 25 ans, bien que la plupart des spécialistes aient persisté à juger peu probable que les changements environnementaux inaugurant l’Holocène n’aient eu aucune incidence sur la mutation sociale majeure constituée par l’adoption d’une économie agropastorale. Ian Hodder l’avait lui-même admis assez rapidement : les processus symbolico-culturels et économiques se sont nourris l’un l’autre pour que naisse et se diffuse une économie de production19.
En 1968, la révolte de la jeunesse n’avait pas remis en question les seules mœurs et valeurs de la famille traditionnelle, mais aussi l’échec des tentatives révolutionnaires de changer l’Homme et la société de manière radicale ; un échec particulièrement patent après l’écrasement, la même année, du Printemps de Prague par les chars soviétiques. Les grandes synthèses ont ensuite été rejetées, considérées comme des récits totalisants, des utopies et des modèles de la cité idéale aux forts relents totalitaires. Les sciences humaines, dont certaines revendiquaient une réelle scientificité, en ont été déchirées. La connaissance scientifique – qui privilégie l’idéalisation mathématique et géométrique du monde sensible – a en effet été suspectée de diminuer d’autant la part de la vie spirituelle et de la subjectivité. C’est pourquoi la génération montante a choisi, en majorité, de restaurer, croyait-elle, l’humain dans sa qualité, son intensité, son droit à l’imagination et sa singularité. Elle a, de fait, valorisé une culture narcissique de l’instant et du micro-local et un refus de la rigueur et des affirmations de sens.
Un écho des écoles historicistes et méthodiques
Les analogies du postmodernisme avec les courants idiographiques qui avaient tenu le haut du pavé entre 1890 et 193020 ne se bornent pas à ce relativisme sans frein. Une fraction importante du milieu de la recherche a alors professé la même démission théorique que celle des écoles méthodiques21. Elle croyait s’inscrire dans une stricte objectivité scientifique en faisant assaut de descriptions détaillées sans limites et de scepticisme vis-à-vis de corpus documentaires toujours jugés insuffisants. On revendiquait de la sorte un attentisme hypercritique qui constituait un allié bien commode pour le postmodernisme ; réplique évidente de la première levée de bouclier contre l’approche évolutionnaire. Ce courant charriait des principes anciens comme le rejet de l’idée de lois universelles du fonctionnement social et des options plus récentes, comme la contestation de l’idéologie impérialiste. Il privilégiait la recherche des différences, des irrégularités, de ce qui échappe à l’uniformité, à la routine, à la précision ; bref, à ce qui est perçu comme les manifestations de l’ennui désespérant d’un inéluctable destin. Option à la fois séduisante et peu contestable, en apparence. Personne, en effet, n’aime s’ennuyer ni ne peut mettre en doute qu’il n’y a pas deux personnes, deux événements, deux développements historiques identiques. La diversité, la variabilité, l’aléatoire sont toujours là d’emblée, omniprésents, irréfutables. Ils préexistent et prolifèrent… au point d’ailleurs qu’il convient de s’interroger sur l’utilité de le démontrer. Ce n’est, à l’évidence, pas selon cette opposition binaire : norme ou adaptation, matérialisme ou idéalisme, système ou structure, société ou individu, général ou particulier, sujet ou objet, que la question se pose.
La recherche de régularités n’implique en aucune manière de croire que l’histoire est irréversible et mécanique. Une recherche de cette nature est à l’inverse mue le plus souvent par l’espoir d’agir sur son cours afin d’améliorer la condition humaine. D’autre part, refuser la recherche de permanences revient tout simplement à priver les sciences humaines du statut de science à part entière. La croyance dans une histoire minimaliste, c’est-à-dire envisagée comme une simple série d’intrigues spécifiques et aléatoires, vide bien entendu l’étude du passé de toute utilité et la ravale au rang d’une distrayante curiosité. Faire le pari contraire ouvre en revanche la possibilité pour les humains de conduire leur existence de manière plus intelligente ; ce à quoi, d’ailleurs, nous sommes dorénavant condamnés à brève échéance par de lourdes menaces socio-environnementales.
La divergence de vue tient à une confusion d’échelle. À court terme et au niveau local, les différences, les particularités, l’imprévisibilité composent l’essentiel de ce que nous percevons. Seule une partie du réel nous est accessible et semble résulter alors de subjectivités croisées, d’événements aléatoires ou bien d’une volonté surnaturelle. C’est le champ de l’ethnologie, dépourvu d’une profondeur temporelle suffisante, mais aussi de l’histoire par les textes, celle des seules sociétés étatiques ; de fait, le recul sur l’Europe ne dépasse guère 2500 ans, car les sources textuelles antérieures restent trop rares et trop peu explicites. L’archéologie pré- et protohistorique permet heureusement de prolonger la perspective. Elle travaille le plus souvent sur les vestiges les plus récurrents : établissements durables ou régulièrement revisités, lieux empreints d’une dimension mémorable (tombes, dépôts non funéraires, constructions monumentales). Des séquences historiques plus longues sont ainsi accessibles et donnent la possibilité de saisir les systèmes sociaux dans leur globalité, par la mise en évidence des réseaux d’établissements interconnectés à travers leurs échanges de biens, de personnes et d’informations dans leurs reconfigurations successives.
Le succès du postmodernisme tient bien sûr à ce qu’il s’est trouvé en phase avec les caractéristiques de la société de consommation et de communication alors en plein développement, avide de nouveautés incessantes, fictives le plus souvent, et de messages simplistes fondés sur des oppositions binaires : égalitaire ou hiérarchisé, bon ou mauvais, nature ou culture, etc. Les idées sont ainsi devenues plus confuses, télescopant des éléments conceptuels d’échelles temporelles et spatiales, ou de niveaux différents. L’évolutionnisme était compris, de manière caricaturale, comme un essai de justification d’une loi du plus apte ; le déterminisme, comme une acceptation de la perte du libre-arbitre humain ; la reconnaissance de très précoces hiérarchies sociales, comme une légitimation des inégalités contemporaines. L’exploitation coloniale, les régimes totalitaires, le capitalisme débridé se sont, certes, appuyés à des degrés divers sur ces outils intellectuels, mais serait-il raisonnable de se passer de tournevis parce qu’il est possible d’en faire usage pour poignarder quelqu’un ? Les instruments, matériels ou conceptuels, sont toujours utilisés par certains de façon maladroite ou détournée.
Les excès contreproductifs du postmodernisme
S’attaquer, de cette manière devenue conventionnelle, à une caricature d’évolutionnisme conforte, de fait, les créationnistes et confine au déni de réalité. Faire du déterminisme une obscénité, c’est en définitive postuler l’impossibilité de remonter tout enchaînement causal pour ce qui touche à l’humain en société, alors que seules ont été mises en échec les recherches de déterminants initiaux et uniques (climatique, démographique, technique, économique, etc.). Réduire, par principe, l’importance des indices d’inégalité, de hiérarchie ou de centralisation ruine, sans coup férir, toute tentative de reconstitution scientifique du passé. Ces options idéologiques, adoptées par désenchantement de la désastreuse expérience soviétique, renouaient avec la phénoménologie qui mettait au premier plan notre perception et notre subjectivité dans la connaissance du monde, jusqu’à mettre en doute son existence même hors de nos sens.
Privilégier à l’excès la fragilité de la vérité, dans la lignée de Michel Foucault22, a très vite engendré des confusions nihilistes entre la réalité et l’idée que s’en font temporairement les humains, d’où la conviction que toutes les conceptions se valent, puisqu’un contexte historique spécifique les a déterminées. C’est ouvrir la porte à une justification des idéologies racistes, des traditions discriminatoires, des pratiques de mutilation sexuelle ou des politiques de “nettoyage ethnique”. Cette conception relativiste, dont on n’a pas tiré toutes les conséquences logiques, fut élaborée contre l’universalisme et son cortège de valeurs (progrès techniques, scientifiques et sociaux, organisation plus démocratique de la vie politique, droits humains, émancipation individuelle), présentées comme autant de particularités instrumentalisées par l’“Occident” pour perpétuer sa domination sur le monde.
Ironie de l’histoire, cette posture autocritique, mise en œuvre par des progressistes désenchantés, fait aujourd’hui le jeu à la fois des idéologies totalitaires et des courants ultralibéraux pour lesquels les structures étatiques brident le dynamisme économique. Il s’agit d’une forme d’auto-flagellation contreproductive, décrétée politiquement correcte et qui confond progrès technique et progrès moral, résultat scientifique et spéculation idéologique, tendance probabiliste et acte de foi. Ses tenants oublient qu’ils doivent leur survie aux progrès médicaux rendus possibles par un certain niveau de développement social et en particulier économique. Ils font mine d’ignorer que les humains n’ont jamais eu autant de chances de construire, voire transcender, leurs conditions sociales et d’échapper aux étouffantes contraintes de la famille, du clan, de la tribu et des obligations clientélistes, enfin qu’ils n’ont jamais eu la possibilité d’accéder aussi nombreux à un capital culturel aussi riche.
Tout progrès engendre, bien entendu, des effets négatifs : erreurs médicales et maladies nosocomiales, risques de rapide déclassement social, affaiblissement des solidarités communautaires, individualisme anxiogène, informations proliférantes et de qualité très inégale. L’innovation technique est toujours à double tranchant.
La plupart des “progressistes” en ont d’ailleurs été conscients, mais ils n’ont pas toujours compris que le “progrès” technique n’entraîne pas forcément le “progrès” social (la démocratie, les syndicats de salariés, l’école gratuite et obligatoire), ni le progrès moral. II s’agit, maintenant, d’une évidence, comme l’ont démontré d’abord les conflits entretenus par les nationalismes européens aboutissant aux deux guerres mondiales, ensuite les monstruosités politiques (massacres et génocides programmés) et militaires (usage d’armes de destruction massive) ou encore les épouvantables expériences totalitaires (camps de concentration ou de rééducation, industrie indifférente à l’environnement et à la santé des populations, impérialisme), enfin l’irresponsable course au profit dans un marché dérégulé (échanges de produits financiers au contenu opaque, indépendance fictive des organes d’évaluation, entretien de paradis fiscaux, gains mirobolants des spéculateurs). Et puis, les pulsions violentes, voire criminelles, tout autant prêtes à s’épancher que par le passé, peuvent, à l’évidence, avoir des conséquences décuplées par les moyens techniques et bureaucratiques dont le développement a été fulgurant durant les deux derniers siècles.
Dans l’ambiance à dominante postmoderne du dernier quart de siècle, on a même pu présenter, de l’intérieur même de l’École des hautes études en sciences sociales qu’il a créée, le projet “d’histoire totale” de Fernand Braudel sous l’angle d’une perspective totalitaire, d’un grand récit, d’une réécriture de l’histoire visant à l’autopromotion23, condamnable donc au même titre que les grandes théories idéologiques comme le marxisme. On a pu applaudir à l’éclatement de la discipline en une multitude de courants et le considérer comme un fructueux regain de liberté et de créativité. L’injustice est criante car le projet des “Annales”, tel qu’il a été résumé par Braudel, visait fondamentalement l’ouverture scalaire et disciplinaire des recherches sur le passé. La condamnation des pistes ouvertes par cette “école” dans une perspective globalisante s’est, en réalité, fondée sur le postulat philosophique, devenu dominant dans les années 1980, de l’impossibilité de toute approche synthétique pertinente, hormis la subjectivité des personnes étudiées telle qu’elle pouvait être comprise dans le présent. C’était en particulier Braudel, là encore, qu’il s’agissait de faire apparaître comme celui qui avait gauchi le projet de Febvre. Dans un numéro des Annales. Économies, Sociétés, Civilisations de 1989, l’un des articles les plus significatifs, du tournant critique mis en œuvre, s’intitulait “Pour une approche subjectiviste du social24”. Deux chevaux de bataille braudéliens, la longue durée et l’interdisciplinarité, étaient étrillés :
- “Comment concilier la problématique de la longue durée avec celle du Zusammenhang25” ?
- Ce concept insistait sur le fossé infranchissable séparant, selon Febvre, les époques et sur le lien indissociable entre les différents éléments qui composent le tout26, alors que la longue durée isolait un élément de ce tout et en faisait l’histoire par-delà les différences d’époques.
- Pour ce qui concerne l’interdisciplinarité : “il faut […] voir l’interdisciplinarité plus comme ‘un mythe nécessaire’, un ‘nom glorieux de l’incertitude disciplinaire’ que comme un acquis des sciences sociales aujourd’hui27”.
On mesure, 25 ans plus tard, alors que la transdisciplinarité est activement promue avec profit, en archéologie tout particulièrement, l’infécondité d’une telle conception critique de l’histoire.
Les conséquences du postmodernisme en archéologie
En France – et ce n’est pas une contradiction mineure – les méthodes de l’analyse spatiale, issues de la New Geography et adoptées par la New Archaeology, ont été d’emblée placées sous un éclairage défavorable, sinon négatif, par ceux-là mêmes qui étaient les plus proches de la démarche des New Archaeologists28. Ils ont d’ailleurs été tellement circonspects à leur égard qu’ils ont dédouané la grosse majorité des archéologues de l’impasse qu’ils faisaient sur ces outils théoriques et méthodologiques. Certains sont allés, grâce à ce renfort inespéré, jusqu’à brocarder ce qu’ils ne s’étaient même pas donné la peine de comprendre29. Quelques autres ont – après un premier essai infructueux, parce que maladroit et grossier – abandonné, découragés, ce type d’approche. Leurs échecs étaient visiblement dus, le plus souvent, à de simples télescopages scalaires, chronologiques et/ou spatiaux.
Cette nébuleuse a ainsi touché, de biais en quelque sorte, la majorité du milieu archéologique français. Plusieurs causes, qui d’ailleurs s’enchevêtrent, en sont repérables :
- Une paradoxale autocensure positiviste repoussant, dans le droit fil de “l’école méthodique” de Langlois et Seignobos30, les questions du pourquoi au profit de celles du comment, à propos des techniques de production et des pratiques architecturales et de dépôts.
- Une focalisation trop exclusive sur l’analyse interne des sites.
- Une surévaluation des sources textuelles, jugée – à tort pour les périodes antiques et médiévales – porteuses d’informations plus significatives que les sources matérielles.
Cette tendance à opposer de façon binaire des courants de pensée considérés de manière excessive comme de nouveaux paradigmes a été terriblement nuisible, car l’espace constitue une dimension fondamentale de la vie humaine et n’a pas encore été exploité par l’archéologie dans la totalité de ses potentialités. L’espace a toujours été une contrainte sévère. Il impose, en effet, de fortes dépenses de temps et d’énergie, mais crée aussi de grandes difficultés de communication. Des seuils s’avèrent ainsi difficiles, voire impossibles, à outrepasser de manière durable. Plus fondamentalement encore, c’est la perception de l’espace – avec celle du temps – qui donne un sens à la vie de chaque être humain. Tout individu naît et vit dans des lieux, au sein d’une famille, d’un groupe et pendant une période donnée ; un ensemble de caractéristiques qui constitue rien moins que son identité. C’est aussi d’abord l’étendue de l’espace qu’elle contrôle qui permet à toute personne humaine de mesurer ses capacités, son pouvoir propre, aussi restreint soit-il. Il s’agit bien d’une dimension essentielle.
N’en déplaise aux postmodernistes, foncièrement relativistes, l’espace et le temps sont des dimensions objectives car beaucoup plus vieilles que l’humanité, comme l’attestent la physique, l’astrophysique, la paléontologie et la géologie ; à moins que cette connaissance scientifique ne soit elle-même une vue de l’esprit : hypothèse parfaitement gratuite, relevant d’une mise en abîme insoluble, par définition. Bien sûr, ces deux dimensions essentielles que sont l’espace et le temps ne sont pas seulement objectives. Elles comportent aussi une part de subjectivité. Ce dernier point a, d’ailleurs, été argumenté avec pertinence par Janet Jacobs31 et des figures majeures du postmodernisme, comme Michel Foucault32 ou Edward Soja33. C’est la synthèse de toutes ces conditions – et non leur opposition binaire – qui permet de mieux comprendre un point fondamental de l’histoire humaine : le fait de surmonter les contraintes de l’espace crée les conditions complexes de proximité et d’hétérogénéité qui constituent des forces majeures de développement, d’innovation et de changement dans les sociétés. Cela saute aux yeux dans les villes où différents types de population vivent ensemble et de manière relativement indépendante. C’est une réalité dès que se manifestent les premiers effets de centralité : camps de base, lieux de rassemblement réguliers, sanctuaires collectifs, sièges de pouvoirs territoriaux, etc. L’espace doit ainsi être conçu comme à la fois configurant pour les humains et configuré par eux34. C’est le sens profond de la notion de coévolution des sociétés humaines et de leur environnement.
Outre la critique systématique des modèles gravitaires en analyse spatiale, le postmodernisme a encouragé le rejet des perspectives globales au profit des approches exclusivement locales. Il a fallu l’apparition d’outils informatiques d’analyse de l’espace utilisable sur des ordinateurs personnels, et leur large diffusion au tournant du XXIe s., pour que les archéologues commencent à se réapproprier le traitement de l’espace à diverses échelles. La production de cartes à des échelles inédites a mis en évidence l’existence indubitable de réseaux d’échanges couvrant de très vastes espaces et révélé les conséquences systémiques de ces contacts sur les sociétés touchées. Les progrès réalisés au même moment dans l’identification de l’origine géographique des matériaux puis, plus récemment, des humains ont tout simplement anéanti les postulats réducteurs de sociétés du passé exemptes de toute influence extérieure. Il faut bien en revenir à une histoire globale telle que le préconisait Braudel. Tenter de masquer 25 ans d’aporie en remplaçant le qualificatif de globale par celui de connectée35 ne trompe que les incultes. L’archéologie ne cesse d’accumuler les indices de l’extension d’aires d’approvisionnement de toutes natures dès l’émergence de villes avec la formation de divers types d’économies-mondes. Elle met aussi en évidence des dynamiques systémiques plus ou moins rapides, mais de grande ampleur, dès qu’apparaissent des foyers d’innovations fondamentales comme des techniques vivrières plus productives, des moyens de transport plus performants ou des dispositifs de mémorisation externe et de transmission des informations plus puissants, c’est-à-dire, au moins dès le Néolithique.
Le postmodernisme a produit un effet induit de sa censure à propos des propositions interprétatives sur les processus de changements sociaux : l’enfermement de très nombreux archéologues dans une perspective uniquement descriptive et classificatoire sur des micro-spécialités comme les techniques lithiques, céramiques, métalliques, de construction en bois, en pierre, les pratiques funéraires, etc., elles-mêmes déclinées sans fin en sous-spécialités. La conséquence la plus significative en est une absence de résultats sur les implications de ces classifications en termes sociologiques et historiques. On se borne ainsi, le plus souvent, à invoquer la nécessité de traiter un corpus plus abondant, mieux réparti, mieux conservé, etc., pour pouvoir généraliser et en tirer les implications sociales. On est là pleinement dans la veine de “l’école méthodique” : il convenait d’attendre que la documentation soit suffisante ; elle “parlerait” alors d’elle-même. Vaguement conscient d’une insuffisance, on éprouve, tout de même, le besoin de présenter un acquis ; en général celui d’avoir mis en évidence que les techniques étudiées étaient plus complexes que prévues, comme si cela n’allait pas de soi.
Le succès rencontré dans l’ensemble des sciences humaines par une posture conceptuelle aussi nihiliste reste assez surprenant, car il s’agit d’une conception fermée, limitant la problématique de l’histoire à l’idée que s’en font, au jour le jour, les humains. Il s’agit aussi d’une relativisation des résultats de la recherche qui aboutit à en restreindre radicalement la fiabilité, donc l’utilité et l’intérêt. Or, notre connaissance ne cesse de se préciser sur la séquence et la nature des faits qui se sont déroulés dans le passé, à travers le monde entier. Ces enchaînements, indépendants des préférences idéologiques du présent, réduisent de manière graduelle et inéluctable le champ des explications possibles. Mieux, les interprétations qui peuvent être proposées se trouvent soumises au feu roulant des nouvelles sources textuelles, audiovisuelles et surtout archéologiques. Le postmodernisme a plombé les sciences humaines, donc l’archéologie, bien qu’elle soit transdisciplinaire par nature. Cette aporie a été, apparemment, en partie compensée en archéologie par l’énorme et rapide croissance de la documentation, rendue possible grâce au développement de l’archéologie préventive. Aussi spectaculaires que soient les données factuelles obtenues en changeant l’échelle d’observation sur le terrain, on ne pouvait pourtant les faire “parler” qu’en y injectant des hypothèses interprétatives. C’est précisément ce que le postmodernisme n’a pas su faire, s’efforçant, au contraire, de “déconstruire” les hypothèses de leurs prédécesseurs et de leurs contemporains qui osaient encore en émettre.
Je ne vois guère que deux thèmes féconds, imputables à ce courant de pensée. C’est d’abord celui de la signification des pratiques funéraires en tant que message idéologique d’une société sur elle-même et ne reflétant pas toujours la hiérarchie sociale effective. C’est ensuite celui du “genre”, en tant que manifestation plus ou moins accentuée des fonctions sociales exercées par les deux sexes, avec les manipulations archéologiquement repérables, révélatrices de profonds changements sociaux, car touchant à la structure même des relations de parenté. Il n’est, pourtant, pas sûr que ces deux thématiques n’auraient pas émergé sans le postmodernisme. Laissons-lui-en, quoi qu’il en soit, la paternité, tant il les a nourries sans réserve. Ces thématiques ont enrichi notre compréhension de changements fondamentaux en fournissant des interprétations d’une probabilité supérieure aux précédentes.
Et les données qui se multiplient permettront, comme les autres interprétations de notre passé, d’être confirmées ou non. Elles sont, en effet, falsifiables au sens de Karl Popper, c’est-à-dire qu’elles peuvent être scientifiquement validées ou invalidées, indépendamment des débats idéologiques et des préférences morales dominantes dans le présent. L’archéologie est une science au plein sens du terme.
Il convient de rendre hommage à Jean-Paul Demoule d’avoir suivi ce principe et contribué à donner au plus haut point les moyens d’un indispensable changement d’échelle spatial et temporel à la recherche archéologique sur le terrain, comme conceptuellement36. Le “patronage” du programme des fouilles protohistoriques dans la vallée de l’Aisne et la création de l’Inrap en sont les deux incontestables phares. Fouiller sur des superficies à la mesure des établissements étudiés dans un contexte d’échelle micro-régionale permettait enfin de répondre à des questions aussi fondamentales que la nature des établissements, leur aire d’approvisionnement, la composition de ce “finage”, leur organisation sociale ou leur hiérarchie fonctionnelle, la taille des territoires politiquement autonomes, l’évolution à long terme des modalités d’occupation du sol, etc. La représentativité statistique des données en était démultipliée. Ces entreprises se situaient, de la sorte, dans le droit fil de l’archéologie processuelle.
L’impasse conceptuelle postmoderniste a ainsi été évitée en partie, mais son influence a entretenu les chercheurs dans une autocensure, inconsciente pour la plupart, prudente pour les autres, au niveau de leurs activités d’interprétation sociale des observations. L’absence de propositions réellement novatrices et constructive, hormis les exceptions évoquées plus haut, confirme les effets largement toxiques de cette aporie. Un universitaire britannique, excellent juge dans ce domaine, m’a dit il y a trois ans : “ah ! mais le postprocessualisme, c’est fini, maintenant”. Espérons que, pour une fois, les Français ne mettent pas dix ans à s’en apercevoir.
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Notes
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- Noiriel 2002.
- Noiriel 1989.
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- Courbin 1982 ; Pesez 1997.
- Langlois & Seignobos 1898.
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- Brun 2006.
- Subrahmanyam 2004.
- Demoule 2004 ; Demoule 2007.