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Les agglomérations celtiques en Cisalpine à l’épreuve de la conquête romaine

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On a parfois recherché en Italie des modèles pour les formes urbaines qui se répandent en Gaule. Dans le premier tome de l’Histoire de la France urbaine, sous la direction de Georges Duby, à la question “Y a-t-il une ville protohistorique ?”, Christian Goudineau et Venceslas Kruta répondaient que les Celtes étaient entrés, en Cisalpine, au contact d’une “civilisation urbaine pleinement épanouie” et que la Cisalpine “devient ainsi vraisemblablement le laboratoire où se crée le fondement indispensable pour l’apparition de formations celtiques de type proto-urbain”1. Ils rappelaient toutefois immédiatement après que la situation archéologique de la région était assez peu connue et ne permettait pas de dresser un tableau clair de la question. L’apparition des villes en Italie, en Italie péninsulaire comme en Cisalpine, se place en réalité dans une temporalité beaucoup plus ancienne et suit les rythmes de développement des sociétés méditerranéennes2.

La situation de la Cisalpine gauloise présente des éléments de similitude, mais aussi de grandes différences avec celle des autres régions du monde celtique. Cette région connaît dès la fin de l’âge du Bronze-début de l’âge du Fer un processus de structuration urbaine, couplé à une distinction assez nette entre différentes cultures archéologiques – identifiées à une époque plus récente (à partir du VIe siècle) avec des populations précises : des Ligures dans le sud du Piémont, des populations de la culture de Golasecca, appartenant au niveau linguistique à l’ensemble celtique, des cités vénètes et, au sud du Pô, des villes étrusques, dont la principale est Felsina, à l’emplacement de l’actuelle Bologne. À la différence des régions transalpines toutefois, il n’y a pas, à de rares exceptions près3, de césure entre l’occupation des grandes agglomérations du premier âge du Fer et d’époques orientalisante / archaïque et les agglomérations hellénistiques : la Felsina étrusque devient la ville principale des Boïens, Mediolanum et Brixia de la culture de Golasecca deviennent les capitales des Insubres et des Cénomans etc.

Cette continuité d’occupation du réseau urbain de Cisalpine – les sites urbains antiques sont à l’origine des villes médiévales et du réseau actuel des métropoles de la plaine du Pô (Milan, Bologne, Turin, Bergame, Padoue, Vérone, Ravenne etc.) – entraîne une forte sédimentation archéologique. La connaissance des villes dans leur phase des IIIe-IIe s. est donc essentiellement possible par le biais de l’archéologie urbaine, et les fouilles ont eu lieu en grande partie au XIXe siècle, au moment de l’aménagement des faubourgs (expansion urbaine, aménagement des voies ferrées), comme à Bologne, ou plus ponctuellement, de nos jours, à l’occasion d’opérations préventives. Dans plusieurs cas, en outre, à Milan comme à Bologne, les travaux de réaménagement d’époque augustéenne ont provoqué la disparition des couches sous-jacentes – ce qui fait qu’on trouve les niveaux augustéens directement au contact des couches d’époque golasecchienne ou felsinéenne, et qu’on ne connaît la phase des IVe-IIe s. qu’à travers du matériel sporadique. À Bologne par exemple, les fouilles urbaines conduites via Porta di Castello (1986) et à l’ex-Sala Borsa (1994) ont permis de constater que les niveaux villanoviens étaient directement recouverts par les niveaux romains, notamment des vestiges d’un temple du 2e quart du IIe s. et une basilique civile du début du Ier s. Les phases intermédiaires (IIIe-IIe s.) ne sont documentées que par du matériel résiduel (céramique à vernis noir produite en Étrurie du Nord, céramique commune, fragments d’amphores puniques Maña C, une monnaie des années 211-206)4. La même situation de discontinuité stratigraphique est connue à Milan, notamment à via Moneta, où les niveaux Golasecca III A (Ve siècle) se trouvent immédiatement au contact des couches romaines de la fin IIe-début Ier s., correspondant à une bonification des terrains, avec des remblais de limon argileux et des amphores, qui ont détruit la majeure partie des niveaux du milieu IVe-IIe s.5

Plan de Felsina étrusque (d’après Ortalli 2013).
Fig. 1. Plan de Felsina étrusque (d’après Ortalli 2013).

Cette situation a conduit, paradoxalement, à se tourner vers les sites ruraux ou des situations particulières, comme le petit habitat du Monte Bibele – mais ce dernier, qui s’étendait sur 0,7 ha et abritait 100 ou 200 personnes, tout en se présentant comme un habitat organisé, avec un système de terrasses et une grande citerne publique, ne peut pas être considéré comme un site urbain6 ; il correspond plutôt à un des castella, des petites agglomérations fortifiées et/ou en position éminente, que Tite-Live signale sur le territoire des Boïens7.

Milan, découvertes d’époques Golasecca III, LT B, C et D (d’après Ceresa Mori & Tizzoni 2004).
Fig. 2. Milan, découvertes d’époques Golasecca III, LT B, C et D (d’après Ceresa Mori & Tizzoni 2004).

Villes et pouvoir en Cisalpine

La conquête de la Cisalpine par Rome, entamée dans les années 230, est relativement bien connue : elle est en effet contemporaine des débuts de la tradition historique romaine. L’annalistique romaine, la poésie épique et le théâtre apparaissent tous dans le dernier tiers du IIIe siècle a.C. : le sénateur Quintus Fabius Pictor (vers 254-201) a participé aux guerres contre les Ligures (en 233) et les Gaulois (notamment à la bataille de Télamon en 225), avant de combattre lors de la 2e guerre punique (participant probablement à la bataille de Trasimène en 217) ; il écrivit ensuite des Annales en grec, dont on conserve une trentaine de fragments8. Son contemporain Lucius Cincius Alimentus, préteur en 210, propréteur en Sicile en 209, fut également un protagoniste de la 2e guerre punique9. Le poète Cnaeus Naevius (v. 275-v. 201) avait consacré une pièce, Clastidium, à la guerre conduite par Marcus Claudius Marcellus contre les Insubres en 222. Les connaissances des Romains sur les populations de Cisalpine aux IIIe-IIe s. deviennent donc, pour la première fois, précises, fondées sur une documentation administrative (les données rassemblées en 184 lors de la censure de Caton10) ou sur un témoignage direct, comme celui de Polybe qui a traversé la région au milieu du IIe siècle.

Les étapes de cette conquête sont de ce fait bien connues : après la fondation de la colonie latine d’Ariminum en 268 et les tentatives des Gaulois de repousser les Romains (avec l’expédition de 225 en Italie centrale notamment), les légions romaines conduisent une série d’offensives qui visent à soumettre dans un premier temps les Insubres entre 224 et 222, puis entre 200 et 194, puis les Boïens entre 197 et 19111. Les Cénomans, un temps alliés des Romains (durant la 2e guerre punique), se révoltent en 200 et sont soumis en 197. Ces conquêtes sont marquées par la confiscation de territoires, pour y fonder des colonies latines (Crémone et Plaisance en 218, Bologne en 189, Aquilée en 181) ou romaines (Modène et Parme en 183), par des déplacements de populations et par le déploiement d’un réseau de voies publiques12. À partir de la fin du IIIe s.-début IIe s. donc, les populations gauloises de Cisalpine sont soit intégrées dans le système politique romain (Bologne) soit placées dans la position d’alliés, par la conclusion d’un foedus (comme les Insubres et les Cénomans, comme le rapporte clairement Cicéron, Pro Balbo, 14.32).

Les sources, connues directement (Polybe) ou reprises par des auteurs postérieurs (Tite-Live, Plutarque), permettent de dresser un tableau assez précis de l’organisation des populations celtiques de Cisalpine, au moment de la conquête13. La plaine est répartie entre une série de populations, dont les auteurs anciens ne mentionnent que les principales : les Insubres en Lombardie, les Oromobiens dans la zone de Côme, les Cénomans plus à l’est et au sud du Pô, les Libiciens, les Anares, les Boïens et les Lingons14.

Les auteurs anciens insistent sur la présence de villes en Cisalpine, même si, comme Polybe, ils affirment par ailleurs que les Gaulois ne connaissent pas l’urbanisation et vivent kata komas, “par bourgades”15. Polybe et Plutarque parlent ainsi de villes à propos d’Acerrae (Plut., Marc., 6.4) chez les Anares, de Clastidium (Plb., 3.69.1) ou encore de Milan (Plb., 2.34.10), considérée comme le centre principal des Insubres. Tite-Live mentionne également Brixia comme la caput gentis des Cénomans (Liv., 32.30.6) ou Felsina comme ville des Boïens (33.37.3-4), tandis que Plutarque fait de Milan la “métropole” des Insubres (Plut., Marc., 7.6). Ces villes, tout en possédant des sanctuaires, comme le hiéron de Minerve dans lequel étaient déposées les enseignes d’or inamovibles des Insubres (Plb. 2.32.6, même si Polybe ne le localise pas explicitement à Milan), n’en sont pas moins considérées dans certains cas comme de simples bourgades, comme le dit Strabon (5.1.6)16. De même, Côme avait été un modeste établissement (katoikia) pour Strabon (ibid.), qui méconnaît complètement la réalité urbaine documentée par l’archéologie. La position strictement idéologique des auteurs anciens (grecs surtout) qui nie aux Gaulois la connaissance des formes urbaines d’organisation sociale, doit bien entendu être relativisée. Les sources romaines de leur côté confirment que des agglomérations, existaient bel et bien. L’organisation territoriale des populations celtiques serait fondée sur un réseau d’urbes/oppida17, et de centres de moindre importance, qualifiés de castella chez les Boïens (Liv., 35.21.10) ou autour de Côme (Liv., 37. 36, 14), pour les sites fortifiés, et de uici pour les sites ouverts (Liv., 21.25.13 ; 30.19.7).

Il semble donc bien qu’aux IIIe-IIe s. les villes de Milan, Bologne, Brescia et dans une moindre mesure Vérone, aient joué un rôle important au sein de leurs populations respectives. Comme l’a montré Christian Peyre, la reddition de Milan en 222 conditionne celle de l’ensemble des Insubres, tandis que la chute de Côme en 196 est suivie de la reddition de vingt-huit castella18. À l’inverse, en 196, la prise de Felsina par les Romains ne provoque pas la deditio des Boïens, qui continuent de combattre à partir des différents castella du territoire. Alors que Marcellus a célébré un triomphe sur les Insubres après la chute de Milan, le consul L. Furius Purpurio, en 195, ne reçoit pas cet honneur après la prise de Felsina, signe que celle-ci n’était pas considérée comme décisive19. De même, chez les Cénomans, en 197, les envoyés romains doivent se rendre non seulement à Brixia, mais également dans l’ensemble des uici20, qui conservent donc probablement un poids politique important. On aurait donc une organisation plutôt centrée sur une grande agglomération chez les Insubres, sur plusieurs villes (Brescia, Vérone) chez les Cénomans et un rôle nettement moindre des centres urbains, au profit des cantons ruraux chez les Boïens (qui étaient, selon Caton, divisés en 112 tributes21).

Organisation urbaine ou polycentrique ?

Si l’existence d’une grande agglomération à Bologne est connue depuis le XIXe s., il faut attendre les années 1980 pour que des découvertes ponctuelles documentent l’existence d’une phase urbaine précoce au nord du Pô, à Milan, Brescia ou Vérone, et confirment en quelque sorte le témoignage de Trogue-Pompée, résumé par Justin, qui attribuait aux Gaulois (du IVe siècle) la fondation de Milan, Côme, Brescia, Vérone, Bergame, Trente et Vicence sur un territoire pris aux Étrusques (Just., 20.5.7-8).

Bologne : L’agglomération de Bologne (Felsina) se forme précocement : entre le IXe et le milieu du VIIIe s., un synœcisme à partir des habitats des alentours conduit à l’apparition d’une vaste agglomération, qui s’étend sur 180 à 200 ha, entre les torrents Aposa et Ravone. L’extension est notamment déterminée par la distribution des nécropoles tout autour de l’habitat (3 000 tombes d’époques villanovienne et orientalisante, un millier de phase felsinéenne), mais de nombreux secteurs de l’habitat, avec des cabanes (plus de 500 connues) et des structures de production22 ont été mis au jour23. Cette agglomération est protégée par une fortification, constituée de trois fossés, devant un agger. Elle se densifie encore au VIIe s., avec l’apparition de maisons sur solins de pierre et d’un sanctuaire extra-urbain à via Fondazza. L’habitat se contracte au VIe s., sur 60 ha, mais il est également réorganisé à cette époque, avec la mise en place d’un maillage orthogonal de voies, doublé d’un réseau de drainage des eaux et la monumentalisation du sanctuaire de Villa Cassarini, au sud. Au même moment, l’emprise de la ville sur le vaste bassin agricole alentour se renforce. La grande cité étrusque de Felsina semble se contracter aux IVe-IIIe s., quand les Boïens s’y installent : les tombes celtiques se trouvent en effet dans le secteur des nécropoles villanoviennes, donc plus proches du centre de l’agglomération par rapport aux nécropoles d’époques orientalisante et archaïque24. On a fouillé environ 120 tombes (contre plus de 5000 pour les époques antérieures), ce qui indique le caractère relativement secondaire de l’agglomération, qui est entourée de centres mineurs, à Casalecchio di Reno (96 tombes de la première moitié IVe-début IIIe s., une petite structure cultuelle, des structures d’habitation à 500 m de distance)25, Arcoveggio (5 sépultures) ou plus au sud, Marzabotto (17 tombes du IIIe s.), Monte Bibele (habitat de 0,7 ha, avec une quarantaine de maisons et environ 170 tombes, une population de Celtes et d’Étrusques mélangés) et Monterenzio Vecchio (environ 50 tombes)26. On conserve peu de traces de la ville des IVe-IIIe s. La fouille du viale Aldini documente toutefois le maintien, dans certaines proportions, de l’occupation de la Felsina boïenne : dans ce secteur périphérique du sanctuaire de Villa Cassarini, on a mis en évidence des structures quadrangulaires du Ve s., avec du matériel votif (céramique attique à figures rouges, petite figurine en bronze)27. Après un épisode de destruction et de spoliation, dans la première moitié du IVe s., la zone est maintenue en fonction et restructurée (et a livré notamment des drachmes padanes), jusqu’à la fin du IIIe s. Après cette date, la création de la colonie de Bononia plus au nord déplace le centre de gravité de l’agglomération et le secteur est abandonné et reboisé.

La conquête romaine marque fortement l’agglomération : s’il est plus que probable qu’existait une agglomération romaine antérieure à la colonie regroupant des mercatores romains et italiens, qui jouxtait la Felsina boïenne et qui s’appelait peut-être déjà Bononia, la colonie elle-même est fondée en 189, avec 30 000 familles. Elle s’étend sur 50 ha environ, dans le même secteur que la ville d’époque impériale, entre les torrents Aposa et Vallescura ; le tracé régulier des rues est encore visible de nos jours (9 decumani et 7 cardines). Plusieurs édifices de la colonie sont connus (un temple sur podium au nord du forum (via Porta di Castello) du 2e quart du IIe s., le capitolium vraisemblablement), mais c’est surtout le tissu urbain plus tardif, postérieur à la réorganisation de la fin IIe-début Ier s. qui a été mis en évidence en plusieurs points du centre-ville (basilique)28.

Milan : la situation de Milan (Mediolanum), qui aurait été fondée, à en croire Tite-Live (5.34), par les Insubres au moment de la fondation de Marseille29, est aussi relativement mal connue, en raison de la surimposition de la ville actuelle sur les niveaux anciens. On identifie au centre de la ville actuelle une zone de 17 ha, surélevée de 5 m par rapport aux terrains environnants, et que l’on interprète comme le noyau initial de l’agglomération30. Du mobilier hors contexte indique que l’occupation remonte au moins au VIe s. (G II B), mais c’est surtout au G III A (Ve s.), que l’on identifie un habitat de maisons sur poteaux porteurs, puis solins de pierres, et des structures de production dans la zone de la via Moneta, de la Biblioteca Ambrosiana et du Palazzo Reale (donc dans l’hyper-centre, non loin de la piazza Duomo). Les découvertes dans tout le centre-ville, même si les niveaux laténiens sont perturbés par les réaménagements d’époque augustéenne, permettent de supposer une extension de l’habitat au LT B (milieu IVe – milieu IIIe s.) et surtout au LT C2 (1ère moitié IIe s.) – D1 (milieu IIe-début Ier s. av. J.-C.) ; l’agglomération atteint alors 80 ha et possède notamment un rempart. La fouille (1986-1991) de la via Moneta, la mieux publiée (et la seule qui a été conduite jusqu’aux niveaux géologiques), a mis au jour notamment un lieu de culte du IIIe s., délimité par un fossé et une palissade, et une séquence de productions céramiques, qui commence avec de la céramique à vernis rouge du Ve s. et du bucchero, de la céramique d’impasto et pour les phases plus tardives (LT C-D) des importations de céramiques ibériques (notamment des kalathoi dits sombreros de copa, produits dans la zone d’Ampurias et qui ont transité par Gênes). Pour la phase LT B1 (v. 400-320), un édifice à plan rectangulaire d’au moins 120 m² a été mis en lumière, ainsi qu’un atelier métallurgique de phase LT B2 & C131.

Brescia : À Brixia, l’occupation la plus ancienne, à l’âge du Bronze, se trouve sur le Colle Cidneo et un peu en contrebas, et au VIIIe s. dans la zone du futur forum romain. À partir du Ve s., la colline et son versant sud, où se situe par la suite le Capitolium romain, sont occupés par un habitat de cabanes (dans la zone du Palazzo Martinengo Cesaresco, via Musei, par exemple, ainsi que via Alberto Mario et Collegio Arici). L’occupation se poursuit jusqu’à l’époque romaine : le podium républicain et la terrasse du forum recouvrent ainsi des niveaux des IVe-IIIe s. qui correspondent probablement à un lieu de culte cénoman, tandis qu’une domus à la via Trieste est construite sur un remblai contenant du matériel des IIIe-IIe s. Cet habitat, relativement limité à l’origine (0,75 ha), s’étend donc rapidement en contrebas, jusqu’à atteindre une surface d’environ 15 ha, avec des traces d’habitations et de zones de production métallurgique (vicolo Settentrionale), sans hiatus jusqu’à l’époque romaine. Les inscriptions sur céramique documentent l’existence d’institutions, en particulier celle d’un takos, un “juge”32.

Vérone : Contrairement à la notice de Catulle (67.3433), qui fait de Brescia la “mère de Vérone”, l’occupation est aussi ancienne à Vérone qu’à Brescia. L’occupation de la rive gauche de l’Adige remonte aux IXe-VIIIe s., dans la zone de porta San Giorgio et via Carducci, puis sur l’ensemble de la colline de San Pietro, avec un habitat qui appartient à la culture paléovénète, qui se développe à la même époque à Este et Padoue34.

Aux VIIe-VIe s., un 2e habitat se développe, à 4 km au nord-est, sur la colline de Montorio Veronese, avec une nécropole correspondante (VIIe-VIe s.) au pied de la colline, dans la zone de Ponte Florio. L’occupation se maintient jusqu’au Ve s., avec un réseau de maisons semi-enterrées et un faciès céramique mixte, dans lequel se retrouvent des productions étrusco-padanes, vénètes ou de Golasecca. Les inscriptions sur os révèlent en outre la forte influence rhétique sur l’agglomération.

Il faut attendre la fin du Ve ou le début du IVe s. pour qu’on note une réoccupation du Colle San Pietro, avec également de la céramique étrusco-padane, vénète et de type Magrè (gobelet à parois évasées, tasses à profil en S…). Cette situation de mixité ethnique est renforcée, aux IIIe-IIe s. par l’apparition d’inscriptions celtiques, sur une écuelle à pâte dépurée (crypte de Santo Stefano) du LT D1 (tokra). Mais la présence celtique (cénomane) est surtout visible plus au sud, entre la 2e moitié du IIIe siècle et le milieu du Ier s., avec la présence de grandes nécropoles (Valeggio, Santa Maria di Zevio, Povegliano, Isola Rizza etc.), pour lesquelles on ne connaît pas les habitats correspondants. La zone de Vérone est de fait la seule à avoir livré des vestiges d’habitat et du matériel pour les IIe-Ier s. (remblais de via Redentore, drachmes gauloises à Montorio)35.

Dans tous les cas donc, les centres urbains d’époque gauloise se caractérisent d’une part par la continuité d’occupation depuis le Ve siècle, voire depuis le début de l’âge du Fer, avec parfois un redimensionnement (Bologne) ou un maintien aux IIIe-IIe s. Le IIe siècle marque une rupture (la colonie de Bologne) et, à la fin IIe s. en particulier, on assiste à une forte évolution des centres urbains, marqués par l’influence romaine – et l’obtention du droit latin pour les communautés de Transpadane en 89.

Considérations générales sur l’économie monétaire des agglomérations celtiques cisalpines aux IIIe-IIe s. a.C.

La monnaie est frappée pour la première fois en Gaule Cisalpine à la fin du IVe s. a.C. Les émissions précoces s’inspirent des monnaies exogènes les plus diffusées sur ce territoire depuis le siècle précédent : les monnaies de Marseille36. On rencontre ainsi des frappes uniquement en argent, reprenant soit la drachme massaliète au lion au revers37, soit sa division, l’obole à la roue légendée MA38. Jusqu’au début du Ier s. a.C., la drachme padane est émise dans divers ateliers de l’Italie septentrionale : le motif du lion massaliète perdure, en évoluant stylistiquement selon les régions39. La question des autorités émettrices responsables de ces frappes monétaires est toujours au cœur de la recherche : s’agit-il d’une initiative de chefs locaux, de sanctuaires – comme il en existe des exemples en Gaule chevelue –, d’agglomérations ou de regroupements d’agglomérations40 ? Les changements historiques liés à la progression romaine précédemment évoqués au IIIe et dans la première moitié du IIe s. a.C. modifient-ils l’organisation de la production monétaire locale et la circulation de la monnaie à l’intérieur des villes ? Enfin, quel est le rôle de Rome dans l’approvisionnement en espèces sonnantes et trébuchantes de la Gallia Cisalpina ? Pour comprendre cette évolution, seules les monnaies isolées et les dépôts monétaires découverts en contexte archéologique sont pris en compte. Ce critère réduit considérablement le corpus à disposition, mais il permet de restituer l’image la plus fidèle possible de l’économie du second âge du Fer.

Les débuts de la monétarisation (LT B2-C1)

Les plus anciennes monnaies découvertes en contexte archéologique remontent à la période La Tène B2 : il s’agit d’une drachme insubre, mise au jour lors des fouilles de la via Moneta à Milan41, et d’une imitation locale de l’obole de Marseille à la roue à légende AM, trouvée en contexte funéraire de la fin du IVe-début du IIIe s. a.C. à Casalecchio di Reno, près de Bologne42. L’étude de la circulation monétaire ne peut se faire sans l’examen des contextes funéraires. Ces derniers, situés à l’extérieur des agglomérations, ont bien souvent été l’objet de fouilles programmées et sont épargnés par les reconstructions successives propres au milieu urbain. Durant LT C1, plus précisément à la fin du IIIe s. a.C., la nécropole de Casalecchio est abandonnée : quatre autres oboles à la roue et une drachme insubre proviennent des niveaux d’abandon et de comblement d’une occupation laténienne, sans doute à vocation artisanale (fig. 3). Le poids et l’iconographie plus schématisée de ces monnaies invitent à dater ce contexte postérieurement à la nécropole, entre la fin du IIIe s. a.C. et le début du IIe s. a.C.43 À Bologne, les premières monnaies en contexte archéologique datent de la même période. Les fouilles du viale Aldini ont livré des monnaies celtiques dans les niveaux attribués à la phase II, datée entre 350 et 200 a.C. Il s’agit de deux imitations d’oboles de Marseille à la roue44 et de deux drachmes padanes légères45. Les archéologues ont émis l’hypothèse que leur présence pourrait être liée à la proximité du lieu de culte de la Villa Cassarini, encore en activité au IVe s. a.C.46 Toujours dans les fouilles du viale Aldini, une monnaie romaine fut découverte dans le remblai d’une fosse de récupération de la fin du IIIe s. a.C. sur la façade nord du dernier édifice de la phase celtique47. Son poids indiquerait que son dépôt fut fait peu avant la fondation de la colonie romaine. Les vestiges du temple construit via Porta di Castello ont également fourni un semis romain en bronze, dans un niveau du premier quart du IIe s. a.C.

Monnaies en contexte archéologique dans les agglomérations celtiques au LT C1 (SIG : É. Paris)
Fig. 3. Monnaies en contexte archéologique dans les agglomérations celtiques au LT C1 (SIG : É. Paris).

Plus au sud, la monnaie romaine est également présente : les découvertes effectuées à Monte Bibele, sur la commune de Monterenzio, se rattachent aux dernières années du IIIe a.C. Elles se composent de monnaies d’argent et de bronze (didrachmes, victoriats et onces). Elles n’ont cependant pas l’exclusivité du faciès monétaire, puisque des monnaies des régions méridionales, comme celles de Naples, de Tarente et de Calès, circulaient sur ce site à la même période48. Des monnaies padanes propres à cette période de transition entre la fin du IIIe et le IIe s. a.C. ont été retrouvées dans l’habitat, associées parfois aux monnaies romaines. Ces frappes en argent seraient des émissions locales attribuables aux Boïens. Cette variété de provenances ne se rencontre pas, dans l’état actuel de la recherche, au sein de la cité de Bologne. En revanche, elles permettent de percevoir un étalon monétaire commun, en particulier pour les émissions en argent. La drachme padane boïenne était donc intégrable aux échanges monétaires en argent d’Italie centrale, bien qu’elle doive être considérée comme une division de ces didrachmes, vraisemblablement au même titre que les victoriats49. L’influence méridionale, des cités de Grande-Grèce et de Rome, se retrouve à Monterenzio, sur le site de Pianella, avec un faciès monétaire similaire, davantage axé sur le bronze. Enfin, concernant le nord de notre zone d’étude, une drachme attribuée aux Cénomans a été découverte à Villanuova sul Clisi dans la région de Brescia. Celle-ci proviendrait d’un lieu de culte, datable du début du IIe s. a.C.50

La circulation monétaire des IIIe-IIe s. a.C. à Brescia est en grande partie un mystère. Les découvertes de monnaies relatives aux siècles précédant l’Empire sont quasi inexistantes et/ou d’une imprécision fâcheuse. On sait ainsi qu’en 1888 des drachmes padanes y ont été trouvées, sans en connaître le type, le nombre ou même le lieu de découverte au sein de la ville : ces dernières seraient présentes en “quantités notables”, puis elles auraient été dispersées51.

Le développement de la drachme padane (LT C2)

Nous savons cependant que des monnaies gauloises circulaient dans la région, grâce aux découvertes faites autour de Brescia. Ainsi, pour la période allant de 175 à 125 a.C. (LT C2) (fig. 4), une autre drachme cénomane a été mise au jour à Villanuova sul Clisi. De même, plus au nord, à Pezzaze, une drachme attribuée à l’atelier de Milan a été trouvée dans un sanctuaire, associée à de la céramique celtique52. Cette monnaie insubre, à légende Toutiopouos, est bien représentée dans le trésor découvert sous la piazza Fontana de Milan, qui contenait au moins 359 drachmes padanes53. Enfin, à la fin de LT C2, le plus important trésor de monnaies padanes fut découvert à Manerbio. Comprenant actuellement 4.194 drachmes des Cénomans, des Insubres et des Libui (ou des Salyens ?), on estime sa taille originelle au double de monnaies54. Il est publié par E. Arslan qui fait l’hypothèse d’une offrande à un sanctuaire fédéral55. G. Facchinetti a récemment proposé d’y voir “une caisse commune” destinée à recueillir le tribut dû par les peuples fédérés à Rome56. Cela n’irait pas contre l’idée de la présence d’un sanctuaire à proximité, car cette caisse pourrait être stockée dans le lieu de culte pour être protégée. Des études de métaux menées par Jacopo Corsi et son équipe ont révélé que la totalité des monnaies présentes dans le trésor de Manerbio ont été frappées à partir du même stock d’argent57. Il y aurait donc, au milieu du IIe s. a.C., une forme d’organisation de la production monétaire, ou à tout le moins, de l’extraction minière à l’échelle d’un regroupement d’agglomérations.

 Monnaies en contexte archéologique dans les agglomérations celtiques au LT C2 (SIG : É. Paris).
Fig. 4. Monnaies en contexte archéologique dans les agglomérations celtiques au LT C2 (SIG : É. Paris).

Les découvertes monétaires faites dans la région de Brescia, associées au trésor de Manerbio, nous permettent de saisir le faciès monétaire de cette cité au IIe s. a.C., vraisemblablement dans la seconde moitié de ce siècle. Son absence au sein de l’agglomération ne s’explique que par les remaniements successifs liés à la romanisation précoce de l’architecture urbaine et à la permanence de l’implantation humaine jusqu’à nos jours, rendant difficile l’accès aux niveaux les plus anciens.

Dans la région de Vérone, la monnaie apparaît en contexte archéologique au IIe s. a.C., uniquement dans les nécropoles qui ont fourni un matériel abondant. Il est intéressant de noter que leur faciès monétaire est marqué par l’arrivée de la monnaie romaine vers le milieu du IIe s. a.C., principalement en bronze, sur les sites de Zevio et d’Isola Rizza58. Elle est parfois accompagnée de drachmes padanes au sein des mêmes ensembles funéraires59.

Cette mixité avait déjà été aperçue pour la période précédente au sud de la Gaule Cisalpine, à Bologne et dans ses environs. Ainsi, un quadrans romain provient du comblement des tranchées de fondation du lieu de culte (175-150 a.C.) de la colonie latine de Bononia60. À Monterenzio, les monnaies romaines et padanes ont désormais pris le pas sur les émissions des cités de Grande‑Grèce dans la circulation monétaire. Cela se concrétise à La Tène D1 à Bologne, par l’enfouissement d’un lot de deniers romains via Indipendenza autour de 100 a.C.61

La constitution d’un système monétaire hybride : la conquête de la monnaie romaine (LT D1)

Plus au nord, les découvertes de monnaies datant de la fin de la période républicaine sont nombreuses à Vérone et dans son environnement proche (fig. 5). La fouille du Convento Santa Chiara a concerné un habitat de la fin de la République et a révélé plusieurs niveaux de construction62. Un premier pavage, antérieur au pavement d’une domus de la seconde moitié du Ier s. a.C., a livré deux monnaies : une drachme padane à la légende Rikoi (type XV d’Arslan) et un semis romain anonyme à la proue63. Le niveau d’occupation de ce premier habitat serait compris entre la seconde moitié du IIe s. a.C. et le milieu du siècle suivant. Cette découverte témoigne de la mixité existante dans le circuit monétaire de Vérone. Le numéraire local est encore employé pour les paiements en argent, tandis que Rome est devenue la source d’approvisionnement de monnaies en alliage cuivreux. Les frappes celtiques les plus représentées dans l’agglomération de Vérone sont celles au “lion-scorpion” au revers, traditionnellement attribuées aux Boïens-Cénomans. Viennent ensuite les frappes à la légende Rikoi dont l’atelier se trouverait à Milan64.

Monnaies en contexte archéologique dans les agglomérations celtiques au LT D1 (SIG : É. Paris).
Fig. 5. Monnaies en contexte archéologique dans les agglomérations celtiques au LT D1 (SIG : É. Paris).

Le colle di Castello à Montorio a bénéficié de fouilles et de ramassages de surface systématiques. Les monnaies découvertes en surface témoignent de la dualité précédemment observée de l’économie monétaire de Vérone : trois drachmes celtiques, ainsi que dix-sept monnaies romaines de bronze (principalement des asses, mais aussi quelques semisses) furent ramassées65. Ces émissions prendraient place dans la circulation monétaire de la fin du IIe s.-début du Ier s. a.C.66 La part de monnaies romaines retrouvées marque l’importance de la romanisation de l’approvisionnement à cette époque. Cette donnée est néanmoins à nuancer par le fait qu’il s’agit de monnaies en alliage cuivreux, qui sont plus utilisées dans les échanges à cette époque que les exemplaires d’argent. Il est donc normal que les frappes de bronze soient majoritaires dans ce faciès.

Le site de Seminario Vescovile est hors des murs de l’agglomération, dans le suburbio oriental67. À cet endroit, des campagnes de fouilles de 2004 à 2009 ont révélé une nécropole de la fin de la République dans laquelle 17 % des sépultures possédaient une ou plusieurs monnaies68. Celles-ci sont exclusivement des émissions romaines républicaines et augustéennes. Le bronze y est majoritaire : principalement des asses sextantaires de bon poids.

Dans la région de Vérone, à Fumane, au lieu-dit de Castel Sottosengia, un habitat fortifié sur un éperon rocheux a été fouillé dans les années 1950. Le matériel retrouvé témoigne de la phase d’abandon du site, dans la première moitié du Ier s. a.C.69 Les monnaies sont là encore de deux ordres : une drachme padane au “lion-scorpion” frappée par les Cénomans et deux monnaies romaines en bronze : un as et sa division, un semis70. Les nécropoles entourant Vérone présentent le même faciès monétaire.

À Brescia, à l’ouest, les tranchées de spoliation du premier sanctuaire romain datées du premier quart du Ier s. a.C. ont fourni des fragments de céramiques de tradition tardive celtique et un semis semi-oncial romain à la proue71. De tels éléments confirment la datation du sanctuaire tardo-républicain dans les années immédiatement successives à 89 a.C., qui s’accompagne d’un véritable développement urbain de Brescia.

Enfin, le faciès monétaire de Milan est plus contrasté. Il s’agit encore des découvertes faites via Moneta, mais également à Porta Romana 2 lors des fouilles précédant la construction du métro72. Les recherches menées via Moneta ont montré que la monnaie romaine semble arriver au sein de l’agglomération au début de LT D173. Ici aussi, la monnaie d’argent est fournie par les ateliers locaux, tandis que le bronze provient de l’atelier romain.

La monnaie dans les agglomérations de Gaule Cisalpine a connu un développement qui semble concomitant de l’expansion des agglomérations en Europe celtique et de l’influence de Rome en Méditerranée (LT C1/C2). La diffusion de la monnaie est axée sur les agglomérations, ce dont témoigne sa présence dans les nécropoles environnantes. Les monnaies romaines ont en particulier suivi les axes de communication terrestres : la répartition des trésors romains à l’époque républicaine montre l’importance de la via Aemilia. Ainsi, les monnaies romaines parviennent d’abord dans les colonies latines, comme Bologne, au début du IIe s. a.C. La circulation des monnaies padanes, quant à elle, semble avoir suivi les cours d’eau. La progression et l’installation de Rome dans le nord de l’Italie a pour conséquence la formation d’un système monétaire hybride entre les drachmes padanes et les bronzes romains. En effet, les ateliers cisalpins ne frappent pas le bronze. Il est pour l’instant impossible de savoir s’il s’agit d’un monopole romain, d’un problème d’approvisionnement en cuivre et en étain, ou si l’abondance des bronzes romains en circulation n’a pas justifié leur production par les locaux. À partir du début du Ier s. a.C., les peuples padans ne frappent plus monnaie. On observe alors un faciès monétaire romanisé, avec parfois des drachmes padanes en position résiduelle. Ce faciès perdure jusqu’à la mise en place de l’Empire romain.

La connaissance des villes des IIIe-IIe s. en Cisalpine, une réalité fortement marquée par l’expansion de Rome dans la région, passe par le développement systématique des fouilles urbaines et par l’étude d’indices indirects : les témoignages littéraires et épigraphiques, les nécropoles, les émissions monétaires. L’expérience urbaine est très précoce en Cisalpine : les villes se forment dès le premier âge du Fer et connaissent une occupation continue, le plus souvent jusqu’à nos jours. Ces villes, désignées comme des capitales par les sources antiques, concentrent les fonctions politiques et économiques ; le développement de l’économie monétaire de la région, à partir de la fin du IVe siècle, est clairement centré sur les grandes agglomérations. L’expansion romaine en Cisalpine, à partir des années 220, influe fortement sur l’organisation des agglomérations, qui sont réorganisées dès le début ou dans le courant du IIe siècle a.C., au moment où un système monétaire hybride se structure, associant émissions padanes d’argent et numéraire de bronze romain. En 89, les colonies latines (Bologne, Aquilée) obtiennent la citoyenneté romaine complète, tandis que les populations gauloises reçoivent le droit latin, puis la citoyenneté complète en 49 a.C. L’intégration dans l’Italie romaine provoque l’arrêt des émissions monétaires locales et la réorganisation des villes selon un schéma romain, oblitérant souvent les niveaux d’occupation antérieurs.


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Notes

  1. Goudineau & Kruta 1980, 199-200 et discussion dans Bourdin 2015, Fernández-Götz 2020.
  2. Ces phénomènes sont bien identifiés : émergence de pouvoirs aristocratiques et royaux dans le courant des IXe-VIIIe s., qui accompagnent la concentration des habitats (synœcismes) sur des sites atteignant plusieurs dizaines, voire plusieurs centaines d’hectares ; réorganisation et monumentalisation de ces sites urbains aux VIIe-VIe s. (apparition de fortifications, comme les murailles serviennes à Rome, de temples, de maisons décorées d’antéfixes de terre cuite etc.), en parallèle à la diffusion de l’écriture et à la monétarisation de l’économie (ce dernier phénomène concernant surtout la Grande Grèce dans un premier temps, et ne gagnant véritablement l’Italie centrale qu’au IVe siècle a.C.), cf. Gros & Torelli 2007, 5-198.
  3. Le pôle urbain de Castelletto Ticino / Sesto Calende / Golasecca et dans une certaine mesure Côme font figure d’exception (Piana Agostinetti 2012).
  4. Ortalli 2004 ; Negrelli 2004.
  5. Casini & Tizzoni 2015.
  6. Vitali 2004.
  7. Liv. 33.37.4.
  8. Cornell 2013, 160-178.
  9. Cornell 2013, 179-183.
  10. Heurgon 1974.
  11. Gabba 1990.
  12. La via Aemilia entre Rimini, Bologne et Plaisance en 187 ; la via Postumia entre Gênes, Plaisance, Vérone et Aquilée en 148.
  13. Peyre 1979.
  14. Peyre 1987.
  15. Plb. 2.17.9. Pour le débat sur les formes urbaines dans la Cisalpine gauloise, cf. Vitali 2004, Malnati & Sassatelli 2008, Bourdin 2017.
  16. Strabon (5.1.6) : “Mediolanum, autrefois simple bourgade (komé) – car ils vivaient alors par villages (komédon) – aujourd’hui cité (polis) importante”.
  17. Vrbs de Milan (Liv., 5.34.9 ; 21.6.3), Felsina (33.37.4) et de Victumulae (21.57.13) ; oppidum de Clastidium (Liv., 32.29.7), Côme (33.36.14), Felsina (33.37.3) et Litubium (Liv., 32.29.7).
  18. Liv., 33.36.14-15.
  19. Liv., 33.37.9-12.
  20. Liv., 32.30.6.
  21. Cat., Or., 2.13 C ap. Plin., 3.116.
  22. Cf. dépôt de la piazza San Francesco, avec 15.000 objets de bronze, pesant 1,4 t de métal.
  23. Sassatelli 2005a ; Taglioni 2005.
  24. Vitali 1992.
  25. Ortalli 1995.
  26. Vitali 2005.
  27. Calastri & Desantis 2010.
  28. Brizzi 2005 ; Ortalli 2005.
  29. Une tradition qui remonterait à la phase de romanisation selon Tori 2004.
  30. Ceresa Mori 2004 ; Ceresa Mori & Tizzoni 2004.
  31. Casini & Tizzoni 2014 ; Casini & Tizzoni 2015.
  32. Rossi 1996.
  33. Cat., 67.34 : Brixia Veronae mater amata meae.
  34. Malnati et al. 2004.
  35. Ibid.
  36. Pour un bilan sur la monnaie padane, reprenant la classification établie par E. Arslan en 1990, voir Arslan 2017.
  37. Feugère & Py 2011, DRM-11, 48.
  38. Feugère & Py 2011, OBM-7a, 41.
  39. Cette adoption d’un motif commun n’est pas propre aux Celtes : la drachme padane est par exemple également frappée en territoire vénète. Il s’agit des types XVIII à XX au “lion-loup” dans la typologie établie par E. Arslan : Arslan 1990 et dernièrement Arslan 2017. Toutes les références aux types monétaires dans cette contribution sont issues de ces deux articles, sauf mention contraire.
  40. Pour les questionnements concernant l’organisation de la production monétaire, la place de la monnaie dans les sanctuaires et leur rôle dans l’économie locale, voir Gruel 2005 ; Gruel & Haselgrove 2006. À titre d’exemple, une étude en contexte archéologique des monnaies du sanctuaire de Corent (Puy-de-Dôme) a été menée, révélant une production monétaire associée au sanctuaire, ainsi qu’une probable activité bancaire : Gruel 2015.
  41. Arslan 1994.
  42. Arslan 1998 ; Burnett & Molinari 2015, 36 et 43. Cette monnaie a été trouvée dans la tombe 65 de la nécropole.
  43. Arslan 1999.
  44. L’une est datée entre la fin du IVe s. et le début du IIIe s. a.C., tandis que l’autre semble plus tardive.
  45. Arslan 2012, 793 : la première, frappée au IIIe s. a.C., est de type V ; la seconde, datée de la fin de ce même siècle à cause de son poids plus léger, est de type VII.
  46. Calastri & Desantis 2010, 208.
  47. Ibid., 202-204. Cette monnaie a été trouvée au sein de l’U.S. 217.
  48. Vitali 1995 ; pour la liste des monnaies retrouvées au sein de la maison 8, voir Burnett & Molinari 2015, 44.
  49. Dans la maison 8 de Monte Bibele, les didrachmes retrouvées étaient associées à une “fraction”. Celle-ci s’est révélée être une drachme padane de type VIII, de métrologie visiblement inférieure aux autres monnaies d’argent : Burnett & Molinari 2015, 44.
  50. Piana Agostinetti 1995, 307.
  51. Pautasso 1972.
  52. Arslan 1994, 75 ; Piana Agostinetti 1995, 306 ; Solano 2016, 82.
  53. Pautasso 1966 ; Crawford 1985, 294.
  54. Facchinetti 2019, 228. Concernant les doutes sur l’attribution de la série XVI précédemment donnée aux Libui, voir Arslan 2017.
  55. Arslan & Morandini 2007.
  56. Facchinetti 2019, 228.
  57. Corsi et al. 2018.
  58. Biondani 2014, 490.
  59. C’est le cas par exemple de la tombe 33 à Isola Rizza.
  60. Negrelli 2004, 337-338.
  61. Suite à un nettoyage à l’acide, une trentaine de monnaies de ce lot est devenue illisible : Brizio 1885-1886, 221. Les 92 deniers identifiables ont été publiés dans Backendorf 1998, 258-259, selon les séries monétaires du Roman Republican Coinage (RRC) de M. H. Crawford. La fiabilité de la date d’abandon nous est fournie par une concentration d’émissions monétaires dans ce lot comprises entre les années 115 et 100 a.C.
  62. Rinaldi 2005, 29-32.
  63. Il s’agit d’une drachme padane de type XV et un semis romain de la série RRC 56/3.
  64. Il s’agit respectivement des types VII-VIII et XV.
  65. RMRVe III/1, 3.2.
  66. Biondani et al. 2000, 61-62 et 74. Des monnaies plus tardives, allant du Ier au IVe s. p.C., ont également été trouvées, mais leur nombre reste nettement inférieur aux découvertes plus anciennes et témoignent certainement d’une réoccupation intermittente.
  67. Grassi 2016, 138.
  68. RMRVe III/1, 60.
  69. Salzani 1981, 100-101 : la rareté du matériel retrouvé et l’absence de traces de destruction suggèrent aux archéologues un abandon volontaire de cette localité.
  70. La drachme padane est de type VII. Les monnaies romaines ne sont en revanche pas identifiées plus précisément.
  71. Sacchi 2014, 175. D’après son poids, ce semis est daté postérieurement à la réforme de l’as semi-oncial de 90/89 a.C.
  72. Arslan 1991, 116, n°437. Il s’agit d’un quadrans de type RRC 439/4c émis en 91 a.C.
  73. Arslan 2000, 141-147.
ISBN html : 978-2-35613-528-5
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Chapitre de livre
EAN html : 9782356135285
ISBN html : 978-2-35613-528-5
ISBN pdf : 978-2-35613-530-8
ISSN : en cours
20 p.
Code CLIL : 4117
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Comment citer

Bourdin, Stéphane, Paris, Élodie, “Les agglomérations celtiques en Cisalpine à l’épreuve de la conquête romaine”, in : Hiriart, Eneko, Krausz, Sophie, Alcantara, Aurélien, Filet, Clara, Goláňová, Petra, Hantrais, Juliette, Mathé, Vivien, éd., Les agglomérations dans le monde celtique et ses marges. Nouvelles approches et perspectives de recherche, Pessac, Ausonius Éditions, collection NEMESIS 1, 2023, 343-364, [en ligne] https://una-editions.fr/les-agglomerations-celtiques-en-cisalpine [consulté le 19/01/2024].
10.46608/nemesis1.9782356135285.17
Illustration de couverture • orthophoto, géophysique, lidar
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